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Fête de saint Jacques (le majeur), apôtre

25 juillet 2025

« C’est en vain que vous vous levez avant le jour » (Ps 126,2). Qu’est-ce à dire ? … Le Christ, notre Jour, s’est levé ; il est bon de vous lever après le Christ et non avant lui. Quels sont ceux qui se lèvent avant le Christ ? … Ceux qui veulent être élevés ici-bas, où lui a été humble. Qu’ils soient donc humbles en ce monde s’ils veulent être élevés là où le Christ est élevé. En effet, il a dit de ceux qui avaient adhéré à lui par la foi — et précisément nous en sommes : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi » (Jn 17,25). Don magnifique, grande grâce, glorieuse promesse… Voulez-vous être là où lui il est élevé ? Soyez humbles là où il a été humble.

« Le disciple n’est pas au-dessus du maître » (Mt 10,24)… Et pourtant, les fils de Zébédée, avant d’avoir subi l’humiliation en conformité avec la Passion du Seigneur, s’étaient déjà choisi leur place, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Ils voulaient « se lever avant le Jour » ; c’est pourquoi ils marchaient en vain. Le Seigneur les a rappelés à l’humilité en leur demandant : « Pouvez-vous boire le calice que je dois boire ? Je suis venu pour être humble, et vous voulez être élevés avant moi ? Suivez-moi, dit-il, dans le chemin où je vais. Car si vous voulez aller par un chemin où ne vais pas, c’est en vain. »

Saint Augustin (354-430)

« Heureux vos yeux parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent. »

24 juillet 2025

Un arbre abattu, coupé même sur le pied, repousse et refleurit ; et un homme abattu ne revivra pas ? Les semences moissonnées reposent, dorment dans les greniers et revivent au printemps ; et l’homme moissonné, jeté dans les greniers de la mort, ne revivra pas ? Un bourgeon de vigne, une branche coupée et transplantée, se ravivent et portent des fruits ; et l’homme pour qui tout a été créé, une fois tombé ne pourra pas se relever ?…

Contemplez donc ce qui se passe autour de vous. Méditez sur le tableau de ce vaste univers. Je sème du blé ou toute autre graine; il tombe et meurt, il pourrit et ne peut plus servir à la nourriture de l’homme. Mais de sa pourriture il renaît, il s’élève, il se multiplie. Or pour qui a-t-il été créé ? N’est-ce pas pour notre usage ? Ce n’est pas pour elles-mêmes que toutes ces semences sont sorties du néant. Donc ce qui a été créé pour nous meurt et renaît, et nous, pour qui ce prodige s’opère tous les jours, notre mort serait sans réveil ?

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

« Qu’ils soient témoins de ma gloire ! »

23 juillet 2025

Dieu ne se contente pas d’être l’objet d’une connaissance et d’un amour naturels de la part des hommes ; mais il nous appelle à partager sa vie même et sa propre béatitude. Par un mouvement d’amour infini à notre égard, Dieu veut être pour nos âmes non seulement le maître souverain de toutes choses, mais un ami, un père. Il veut que nous le connaissions comme il se connaît lui-même, source de toute vérité et de toute beauté, ici-bas dans l’obscurité de la foi, là-haut dans la lumière de la gloire ; – il veut que nous le possédions lui-même, Bien infini et source de toute béatitude, ici-bas et là-haut par l’amour.

À cet effet, vous le savez, il élève notre nature au-dessus d’elle-même, en l’ornant de la grâce sanctifiante, des vertus infuses et des dons de l’Esprit. Dieu veut être lui-même, par la communication de sa vie infinie et éternelle, notre parfaite béatitude. Il ne veut pas que nous trouvions notre bonheur en-dehors de lui-même, plénitude de tous biens ; il ne laisse à aucune créature le pouvoir de rassasier notre cœur : « c’est moi, moi-même, qui serai ta récompense infiniment grande » (Gn 15,1 Vg). Et Notre-Seigneur a confirmé cette promesse au moment où il allait en solder le prix par son sacrifice sanglant : « Là où je suis, je veux, ô Père, que les miens soient aussi, afin qu’ils soient témoins de ma gloire, qu’ils partagent notre joie et que votre amour les remplisse » (Jn 17,24.26). Tel est le but unique et suprême auquel nous devons tendre.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

Fête de sainte Marie-Madeleine, disciple du Seigneur

22 juillet 2025

« Supportez de moi un peu de folie » (2 Co 11,1). J’avoue – et je le dis en toute simplicité ‒ que le Verbe m’a visité, et même très souvent. Mais bien qu’il soit entré fréquemment en moi, je n’ai jamais, en aucun temps, ressenti le moment de sa venue. J’ai senti qu’il était présent ; je me souviens qu’il a été avec moi ; j’ai quelquefois même pu pressentir qu’il viendrait ; mais je n’ai jamais senti sa venue ou son départ. Comment est-il venu ou parti ? Je ne sais.

Ce n’est pas par les yeux qu’il entre, car il n’a ni forme ni couleur que nous puissions discerner ; ce n’est pas par les oreilles, car sa venue ne produit aucun son ; sa présence ne peut-être reconnue non plus par le toucher, car il est insaisissable. Par où est-il donc venu ? Faut-il croire qu’il n’est pas entré du tout puisqu’il ne vient pas du dehors ? Il n’est pas, en effet, du nombre des choses extérieures. Mais d’autre part il ne saurait venir du dedans de moi, puisqu’il est bon et qu’en moi, je le sais, il n’y a rien de bon.

Je suis monté jusqu’à la cime de moi-même, et j’ai vu que le Verbe résidait plus haut encore. Explorant curieux, je suis descendu au plus bas de mon être, et il se trouvait encore plus bas. Lorsque j’ai tourné mes regards vers le dehors ; j’ai découvert qu’il était au-delà de tout ce qui m’est extérieur ; puis je me suis retourné vers le dedans, et il était encore plus à l’intérieur. J’ai reconnu enfin la vérité de ces mots que j’avais lu dans l’Écriture : « En lui nous vivons, en lui nous avons le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Heureux celui en qui est le Verbe, qui vit pour lui et qui est mû par lui !

Saint Bernard (1091-1153)

Le signe de Jonas

21 juillet 2025

Voilà que la fuite du prophète Jonas loin de Dieu (Jon 1,3) se change en image prophétique, et ce qui est présenté comme un naufrage tragique devient le signe de la résurrection du Seigneur. Le texte même de l’histoire de Jonas nous montre bien comment celui-ci réalise pleinement l’image du Sauveur. Il est écrit que Jonas « s’enfuit loin de la face de Dieu ». Pour prendre la condition et le visage de l’homme, le Seigneur n’a-t-il pas lui-même fui la condition et l’aspect de la divinité ? Ainsi le dit l’apôtre Paul : « Lui, qui était de condition divine, n’a pas revendiqué son droit d’être l’égal de Dieu, mais il se dépouilla lui-même, prenant la condition de serviteur » (Ph 2,6-7). Celui qui est Seigneur a revêtu la condition de serviteur ; pour passer inaperçu dans le monde, pour être victorieux du démon, il s’est fui lui-même dans l’homme… Dieu est partout : il est impossible de le fuir ; pour « s’enfuir loin de la face de Dieu », non dans un lieu mais en quelque sorte par l’aspect, le Christ s’est réfugié dans le visage de notre servitude totalement assumée.

Le texte poursuit : « Jonas descendit à Joppé pour s’enfuir à Tarsis. » Celui qui descend, le voici : « Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel » (Jn 3,13). Le Seigneur est descendu du ciel vers la terre, Dieu est descendu vers l’homme, la toute-puissance est descendue vers notre servitude. Mais Jonas qui descendait vers le navire a dû y monter pour voyager ; ainsi le Christ, descendu dans ce monde, est monté, par ses vertus et ses miracles, dans le navire de son Église.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

« Mon Dieu, apprenez-moi à trouver ma joie à Vous louer ! »

20 juillet 2025

Combien la louange fait partie essentielle de l’amour ; combien, par conséquent, elle fait indispensablement partie de nos devoirs envers Dieu : c’est facile à voir… Mais il est une deuxième cause pour laquelle nous devons à Dieu la louange : c’est que, nous permettre de la Lui adresser, c’est de Sa part une incomparable faveur.

Permettre à quelqu’un de nous dire, de nous répéter sous toutes les formes qu’il nous aime, n’est-ce pas la plus grande faveur que nous puissions lui faire ? n’est-ce pas lui dire que son amour nous plaît, nous est agréable, n’est-ce pas lui dire presque que nous l’aimons aussi ?… Dieu nous permet de nous tenir à Ses pieds, murmurant sans fin des paroles d’admiration et d’amour : quelle grâce ! quelle bonté, quel bonheur !… Mais quelle ingratitude si nous méprisions une telle faveur ! Ce serait la mépriser que de n’en pas profiter, et non seulement Dieu nous permet ce bonheur des bonheurs, mais Il nous l’ordonne : Il nous ordonne de Lui dire que nous l’admirons et que nous L’aimons, et nous ne répondons pas à une invitation si précieuse et si douce ? quelle ingratitude ! quelle indignité ! quelle grossièreté ! quelle monstruosité !

Mon Seigneur et mon Dieu, apprenez-moi à trouver toute ma joie à Vous louer, c’est-à-dire à Vous répéter sans fin que Vous êtes infiniment parfait et que je Vous aime infiniment : « Delectare in Domino et dabit tibi petitiones tuas » (Ps 36,4) avez-Vous dit. Apprenez-moi à me délecter en Vous, dans la vue de Vos infinies beautés et le murmure amoureux et incessant, à Vos pieds, de Vos louanges !… Sainte Magdeleine, obtenez-moi la grâce de louer Notre-Seigneur, notre Maître commun, comme Il veut que je le fasse !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

« Voici mon serviteur. »

19 juillet 2025

Le mystère de notre salut est si vaste, si profond, si admirable que les anges eux-mêmes aspirent fortement à le comprendre (1P 1,12)… Comme le Christ était Dieu en sa nature, Verbe véritable de Dieu le Père (Jn 1,1), de même nature que le Père et coéternel avec lui, et qu’il brillait au plus haut de sa gloire « dans la condition et la similitude de Dieu », « il n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais s’est anéanti lui-même, prenant condition de serviteur » et naissant de la sainte Marie. « Et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix » (Ph 2,6-8).

Il s’abaisse lui-même vers notre humilité, lui qui donné à tous les hommes sa propre plénitude. Il s’abaisse pour nous, non par contrainte, mais de son plein gré. Pour nous, il prend la condition d’esclave, lui qui était la liberté en personne. Il devient l’un d’entre nous, lui qui s’élevait au-dessus de toute la création. Il se soumet à la mort, lui qui donne la vie au monde… Il devient comme nous sujet de la Loi (Ga 4,4), lui qui, en tant que Dieu, transcende la Loi. Il devient un homme parmi d’autres, soumis à la naissance. Il prend commencement, lui qui précède tout les siècles et tous les âges : bien plus, lui qui est le créateur et l’origine du temps… Lui qui a pris chair de Marie…est de même nature que nous, est fait de notre propre substance, se chargeant de la descendance d’Abraham. Mais, en même temps, il est, sur le plan divin, de même nature que Dieu son Père.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

18 juillet 2025

Seigneur Dieu, toi qui nous as comblés de tout, donne-nous la paix (Is 26,12), la paix du repos, la paix du sabbat, le sabbat qui n’a pas de soir. Car cet ordre si beau des choses que tu as créées et qui sont « très bonnes » (Gn 1,31) passera lorsqu’il aura atteint le terme de sa destinée. Oui, elles ont eu leur matin, elles auront leur soir. Mais le septième jour n’a pas de soir, pas de couchant, puisque tu l’as sanctifié pour qu’il dure toujours. Au terme de tes œuvres « très bonnes », que tu as faites pourtant dans le repos, tu t’es reposé le septième jour ; c’est pour nous dire par ton livre qu’au terme de nos œuvres, qui sont très bonnes parce que c’est toi qui nous les as données (Is 26,12), nous aussi nous nous reposerons en toi au sabbat de la vie éternelle. Alors tu te reposeras en nous tout comme aujourd’hui tu agis en nous ; ainsi ce repos que nous goûterons sera le tien, tout comme les œuvres que nous faisons sont tiennes.

Toi, Seigneur, tu es à l’œuvre toujours et tu es toujours en repos… Pour nous, vient un moment où nous sommes poussés à agir pour le bien, après que notre cœur l’a conçu de ton Esprit, tandis qu’avant nous étions poussés à faire le mal quand nous t’abandonnions. Toi, Dieu uniquement bon, jamais tu n’as cessé de faire le bien. Quelques-unes de nos œuvres sont bonnes, par ta grâce il est vrai, mais elles ne sont pas éternelles ; après elles, nous espérons nous reposer dans ton ineffable sanctification. Mais toi, Bien qui n’as besoin d’aucun autre bien, tu es toujours en repos, parce que ton repos, c’est toi-même.

Qui parmi les hommes pourra donner l’intelligence de tout cela à l’homme ? Quel ange la donnera aux anges ? Quel ange à l’homme ? C’est à toi qu’il faut la demander, en toi qu’il faut la rechercher, à ta porte qu’il faut frapper. Et ainsi, oui, ainsi on recevra, ainsi on trouvera, ainsi la porte s’ouvrira (Mt 7,8).

Saint Augustin (354-430)

Qu’il vienne à Moi !

17 juillet 2025

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Tous vous avez été appelés, en général et en particulier par ma Vérité, mon Fils, lorsque, dans l’angoisse du désir, il criait dans le temple : « Qui a soif vienne à moi et boive ; Je suis la Source d’eau vive » (cf. Jn 7,37). Il ne dit pas : « Qu’il aille au Père et qu’il boive, il dit : « Qu’il vienne à Moi ».

C’est que la souffrance ne peut m’atteindre, moi le Père, mais bien mon Fils. Et vous aussi, pendant que vous êtes pèlerins et voyageurs en cette vie mortelle, vous ne pouvez avancer sans trouver la peine, parce que le péché fait produire à la terre des épines, ainsi que je t’ai dit. Voilà pourquoi il a dit : « Qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Car en suivant sa doctrine, soit par l’observation des commandements jointe à l’amour des conseils, soit par la pratique réelle et simultanées des préceptes et des conseils, c’est-à-dire par la charité parfaite ou par la charité commune, quelque chemin que vous preniez, vous pouvez aller à lui, il vous donnera à boire et vous goûterez le fruit du Sang par l’union de la nature divine à la nature humaine.

En vous trouvant en lui, vous vous trouverez en moi, l’Océan de paix, puisque je suis une même chose avec lui, comme il est une même chose avec moi. Ainsi vous êtes invités à la source d’eau vive de la grâce.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

« Personne ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »

16 juillet 2025

Le Père est celui de qui vient tout ce qui existe. Lui-même, dans le Christ et par le Christ, est l’origine de tout. En plus, il est en lui-même son être, et il ne reçoit pas d’ailleurs ce qu’il est… Il est infini parce qu’il n’est pas en quelque endroit, mais que tout est en lui… Il est toujours avant le temps, le temps vient de lui. Si ta pensée lui court après et si tu crois atteindre les limites de son être, tu le trouveras toujours, car lorsque tu progresses sans cesse vers lui, le but où tu te diriges est toujours plus loin… Telle est la vérité du mystère de Dieu, telle est l’expression de la nature incompréhensible du Père… Pour l’exprimer, la parole ne peut que se taire ; pour le sonder, la pensée reste inerte ; et pour le saisir, l’intelligence se sent à l’étroit.

Et pourtant, ce nom de Père indique sa nature : il n’est que Père. Car il ne reçoit pas d’ailleurs, à la manière des hommes, le fait d’être Père. Il est l’Éternel Inengendré… Il est connu seulement du Fils, puisque « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils a voulu le révéler », et « personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père. » Tous deux se connaissent l’un l’autre et cette connaissance mutuelle est parfaite. Donc, puisque « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils », n’ayons du Père que la pensée conforme à ce que nous en a révélé le Fils, qui seul est « le témoin fidèle » (Ap 1,5).

Mieux vaut penser à ce qui concerne le Père que d’en parler. Car toute parole est impuissante à traduire ses perfections… Nous ne saurions que reconnaître sa gloire, en avoir une certaine idée et essayer de la préciser par notre imagination. Mais le langage de l’homme ressent son impuissance et les mots n’expliquent pas la réalité telle qu’elle est… Ainsi, on a beau reconnaître Dieu, il faut renoncer à le nommer : quels que soient les mots employés, ils ne pourraient pas exprimer Dieu tel qu’il est, ni traduire sa grandeur… Il nous faut croire en lui, essayer de le comprendre et l’adorer ; ce faisant, nous parlerons de lui.

Saint Hilaire (v. 315-367)