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Archive pour le mot-clef ‘serviteur’

« Des serviteurs quelconques »

dimanche 5 octobre 2025

La juste manière de servir rend humble celui qui agit. Il n’assume pas une position de supériorité face à l’autre, même si la situation de ce dernier peut à ce moment-là être misérable. Le Christ a pris la dernière place dans le monde –- la croix –- et, précisément par cette humilité radicale, il nous a rachetés et il nous aide constamment. Celui qui peut aider reconnaît que c’est justement de cette manière qu’il est aidé lui aussi. Le fait de pouvoir aider n’est ni son mérite ni un titre d’orgueil. Cette tâche est une grâce.

Plus une personne œuvre pour les autres, plus elle comprendra et fera sienne la parole du Christ : « Nous sommes des serviteurs quelconques ». En effet, elle reconnaît qu’elle agit non pas en fonction d’une supériorité ou d’une plus grande efficacité personnelle, mais parce que le Seigneur lui en fait don. Parfois, le surcroît des besoins et les limites de sa propre action pourront l’exposer à la tentation du découragement. Mais c’est alors justement que l’aidera le fait de savoir qu’elle n’est, en définitive, qu’un instrument entre les mains du Seigneur ; elle se libérera ainsi de la prétention de devoir réaliser, personnellement et seule, l’amélioration nécessaire du monde. Humblement, elle fera ce qui lui est possible de faire et, humblement, elle confiera le reste au Seigneur.

C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Nous, nous lui offrons uniquement nos services, pour autant que nous le puissions, et tant qu’il nous en donne la force. Faire cependant ce qui nous est possible, avec la force dont nous disposons, telle est la tâche qui maintient le bon serviteur de Jésus Christ toujours en mouvement : « L’amour du Christ nous pousse » (2Co 5,14).

Benoît XVI

« Heureux ce serviteur… » (Lc 12,43)

dimanche 10 août 2025

Hâtez-vous d’autant que le temps presse (cf. 1 Co 7,29). Semez les vertus dans vos cœurs, afin de récolter un fruit de justice (cf. Ph 1,11). Que nul ne se laisse abattre, de peur de s’entendre dire par l’auteur des Proverbes : « Observe, paresseux, la fourmi et l’abeille industrieuse » (Pr 6,6).

Que nul ne soit trompeur, ni déloyal, en se conduisant d’une façon et en parlant d’une autre, de peur d’être repoussé, selon les paroles du saint psalmiste David : « Le Seigneur exterminera toute lèvre trompeuse, toute langue orgueilleuse » (Ps 11,4). Que nul ne soit oisif, relâché et dissolu d’âme et de corps, de peur que ne lui soit infligé de la part du divin Paul ce blâme : « Quant au paresseux qu’il ne mange pas non plus » (2 Th 3,10). Que nul ne soit orgueilleux, de peur d’être visé par ces paroles du divin Jacques : « Le Seigneur résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles » (Jc 4,6 ; 1 P 5,5).

Mais tous, marchons bien réveillés dans le Seigneur, accomplissons ses commandements, apportons à ce qui est en quelque sorte le trésor (cf. Mc 41-44) commun de notre vie la contribution qui est en notre pouvoir (…). Que personne absolument n’apparaisse aux regards du Dieu vivant les mains vides (cf. Mc 12,41-44) ! Car il accepte non seulement l’offrande des lourds emplois, mais encore celle des plus petits (…) , comme il a accepté les deux sous de la veuve ; Dieu, en effet, mesure les intentions et c’est sur elles qu’il juge les actions.

Puisque donc, mes enfants, nous avons un Dieu bon et plein de miséricorde et qui désire plus que nous notre salut, marchons sur son droit chemin et nous trouverons le repos pour nos âmes (cf. Mt 11,29 ; Jr 6,16).

Saint Théodore le Studite (759-826)

« Voici mon serviteur. »

samedi 19 juillet 2025

Le mystère de notre salut est si vaste, si profond, si admirable que les anges eux-mêmes aspirent fortement à le comprendre (1P 1,12)… Comme le Christ était Dieu en sa nature, Verbe véritable de Dieu le Père (Jn 1,1), de même nature que le Père et coéternel avec lui, et qu’il brillait au plus haut de sa gloire « dans la condition et la similitude de Dieu », « il n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais s’est anéanti lui-même, prenant condition de serviteur » et naissant de la sainte Marie. « Et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix » (Ph 2,6-8).

Il s’abaisse lui-même vers notre humilité, lui qui donné à tous les hommes sa propre plénitude. Il s’abaisse pour nous, non par contrainte, mais de son plein gré. Pour nous, il prend la condition d’esclave, lui qui était la liberté en personne. Il devient l’un d’entre nous, lui qui s’élevait au-dessus de toute la création. Il se soumet à la mort, lui qui donne la vie au monde… Il devient comme nous sujet de la Loi (Ga 4,4), lui qui, en tant que Dieu, transcende la Loi. Il devient un homme parmi d’autres, soumis à la naissance. Il prend commencement, lui qui précède tout les siècles et tous les âges : bien plus, lui qui est le créateur et l’origine du temps… Lui qui a pris chair de Marie…est de même nature que nous, est fait de notre propre substance, se chargeant de la descendance d’Abraham. Mais, en même temps, il est, sur le plan divin, de même nature que Dieu son Père.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

« Le messager n’est pas plus grand que celui qui l’envoie. »

jeudi 15 mai 2025

L’Église « en sortie » est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui portent des fruits et qui fêtent. (…) La communauté évangélisatrice fait l’expérience que le Seigneur a pris l’initiative, il l’a précédée dans l’amour (1Jn 4,19). Et en raison de cela, elle sait aller de l’avant, elle sait prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux croisées des chemins pour inviter les exclus (Lc 14,23). Pour avoir fait l’expérience de la miséricorde du Père et sa force de diffusion, elle vit un désir inépuisable d’offrir la miséricorde. Osons un peu plus prendre l’initiative !

En conséquence, l’Église sait « s’impliquer ». Jésus a lavé les pieds de ses disciples. Le Seigneur s’implique et implique les siens, en se mettant à genoux devant les autres pour les laver. Mais tout de suite après il dit à ses disciples : « Heureux êtes-vous, si vous le mettez en pratique. » La communauté évangélisatrice, par ses œuvres et ses gestes, se met dans la vie quotidienne des autres, elle raccourcit les distances, elle s’abaisse jusqu’à l’humiliation si c’est nécessaire, et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans le peuple. Les évangélisateurs ont ainsi « l’odeur des brebis » et les brebis écoutent leur voix (Jn 10,3).

Pape François

 

 

 

L’évêque, comme tout chrétien, « serviteur de tous »

mardi 25 février 2025

Celui qui est à la tête du peuple doit d’abord comprendre qu’il est le serviteur de tous. Qu’il ne dédaigne pas ce service…, puisque le Seigneur des seigneurs (1Tm 6,15) n’a pas dédaigné de se mettre à notre service.

C’est l’impureté de la chair qui avait insinué chez les disciples du Christ comme un désir de grandeur ; la fumée de l’orgueil leur montait aux yeux. Nous lisons en effet : « Une dispute s’éleva entre eux pour savoir qui était le plus grand » (Lc 22,24). Mais le Seigneur médecin était là ; il a réprimé leur enflure… Il leur a montré dans un enfant l’exemple de l’humilité… Car c’est un grand mal que l’orgueil, le premier mal, l’origine de tout péché…

C’est pourquoi l’apôtre Paul recommande, parmi les autres vertus des responsables de l’Église, l’humilité (cf 1Tm 3,6)… Quand le Seigneur parlait à ses apôtres pour les affermir dans l’humilité, il leur dit, en leur proposant l’exemple de l’enfant : « Qui veut être le plus grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur » (Mt 20,26)… C’est en évêque que je vous parle et mes avertissements me font craindre moi-même… Le Christ est venu « non pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10,45). Voilà comment il a servi, voilà quels serviteurs il nous ordonne d’être. Il a donné sa vie, il nous a rachetés. Qui de nous peut racheter quelqu’un ? Nous avons été rachetés de la mort par sa mort, par son sang. Nous qui étions étendus à terre, nous avons été relevés par son humilité. Mais nous aussi, nous devons apporter notre petite part pour ses membres, puisque nous avons été faits ses membres. Il est la tête, nous sommes le corps (Ep 1,22). Et l’apôtre Jean nous exhorte à l’imiter : « Le Christ a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères » (1Jn 3,16).

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Nous sommes des serviteurs quelconques. »

mardi 12 novembre 2024

Que personne ne se glorifie de ce qu’il fait, puisque c’est en simple justice que nous devons notre service au Seigneur. (…) Tant que nous vivons, nous devons toujours travailler pour notre Seigneur. Reconnais donc que tu es un serviteur tenu à un grand nombre de services. Ne te rengorge pas d’être appelé « enfant de Dieu » (1Jn 3,1) : reconnaissons cette grâce, mais n’oublions pas notre nature. Ne te vante pas si tu as bien servi, car tu as fait ce que tu devais faire. Le soleil remplit son rôle, la lune obéit, les anges font leur service. Saint Paul, « l’instrument choisi par le Seigneur pour les païens » (Ac 9,15), écrit : « Je ne mérite pas le nom d’apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu » (1Co 15,9). Et si ailleurs il montre qu’il n’a conscience d’aucune faute, il ajoute ensuite : « Mais je n’en suis pas justifié pour autant » (1Co 4,4). Nous non plus, ne prétendons pas être loués pour nous-mêmes, ne devançons pas le jugement de Dieu.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« Voici mon serviteur… »

samedi 20 juillet 2024

Au cours d’un repas, Jésus se lève de table et se dépouille de ses vêtements, prenant l’apparence d’un esclave, comme le montrent ces paroles : « Il prend un linge qu’il se noue à la ceinture », pour ne pas être complètement nu et pour essuyer les pieds de ses disciples avec son propre linge (Jn 13,2-5). Voyez à quel point s’abaisse la grandeur et la gloire du Verbe fait chair, pour laver les pieds de ses disciples : « Il verse de l’eau dans un bassin. »

« Abraham leva les yeux et vit des hommes debout devant lui. De la porte de sa tente, il courut à leur rencontre et se prosterna à terre en disant : ‘ Seigneur, si j’ai trouvé grâce devant toi, ne passe pas sans t’arrêter chez ton serviteur ‘ » (Gn 18,2-3). Mais Abraham ne prend pas lui-même de l’eau et ne déclare pas qu’il va laver les pieds des étrangers, parce qu’ils sont venus chez lui, mais il dit : « Qu’on apporte de l’eau et qu’on vous lave les pieds. » Joseph lui non plus n’a pas apporté d’eau pour laver les pieds de ses onze frères, mais c’était son intendant qui « leur apporta de l’eau pour se laver les pieds » (Gn 43,24).

Mais celui qui a déclaré : « Je suis venu non pour être servi mais pour servir » (Mt 20,28), et a dit à juste titre : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29), verse lui-même l’eau dans le bassin. Il savait que personne, sauf lui, ne pouvait laver les pieds des disciples pour que cette purification leur permette d’avoir part avec lui. L’eau, je pense, était une parole capable de laver les pieds des disciples, quand ils s’approchaient du bassin placé là pour eux par Jésus.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. »

mercredi 29 mai 2024

L’homme avait été créé pour servir son Créateur. Quoi de plus juste, en effet, que de servir celui qui vous a mis au monde, sans qui vous ne pouvez pas exister ? Et quoi de plus heureux que de le servir, puisque le servir, c’est régner ? Mais l’homme a dit à son Créateur : « Je ne servirai pas » (Jr 2,20). « Moi donc, je te servirai, dit le Créateur à l’homme. Assieds-toi, je te servirai, je te laverai les pieds ». (…)

Oui, Christ « serviteur bon et fidèle » (Mt 25,21), tu as vraiment servi, tu as servi en toute foi et toute vérité, en toute patience et toute constance. Sans tiédeur, tu t’es élancé comme un géant pour courir dans la voie de l’obéissance (Ps 18,6) ; sans feinte, tu nous as donné par surcroît, après tant de si grandes fatigues, ta propre vie ; sans murmure, flagellé et innocent, tu n’as pas ouvert la bouche (Is 53,7). Il est écrit et c’est juste : « Le serviteur qui connaît la volonté de son maître et ne la fait pas sera frappé de nombreux coups » (Lc 12,47). Mais ce serviteur-ci, je vous le demande, quelles actions dignes n’a-t-il pas accomplies ? Qu’a-t-il omis de ce qu’il devait faire ? « Il a bien fait toutes choses », s’écrient ceux qui observaient sa conduite ; « il a fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7,37). Il a accompli toutes sortes d’actions dignes de récompense, alors comment a-t-il souffert tant d’indignités ? Il a présenté son dos aux fouets, il a reçu une quantité surprenante de coups atroces, son sang ruisselle de partout. Il a été interrogé au milieu des opprobres et des tourments, comme un esclave ou un malfaiteur qu’on soumet à la question pour lui arracher l’aveu d’un crime. Ô détestable orgueil de l’homme dédaigneux de servir, et qui ne pouvait pas être humilié par d’autre exemple que celui d’une telle servitude de son Dieu ! (…)

Oui, mon Seigneur, tu as beaucoup peiné à me servir ; il serait juste et équitable que dorénavant tu prennes du repos, et que ton serviteur, à son tour, se mette à te servir ; son tour est venu. (…) Tu as vaincu, Seigneur, ce serviteur rebelle ; je tends la main pour recevoir tes liens, je courbe la tête pour recevoir ton joug. Permets que je te serve. Reçois-moi comme ton serviteur pour toujours, bien que serviteur inutile si ta grâce n’est pas avec moi et ne travaille sans cesse à mes côtés (Sg 9,10).

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

« Dites : “Nous sommes de simples serviteurs.” » (Lc 17,10)

mardi 14 novembre 2023

Tu es serviteur inutile : tu dois faire de toutes tes forces, avec tout le soin et l’ardeur possibles non seulement tout ce qu’Il commande, mais tout ce qu’Il te conseille si légèrement que ce soit, tout ce qu’Il incline, si peu que ce soit à te voir faire : par amour, par obéissance, par imitation : c’est ainsi qu’Il obéissait à la moindre indication de son Père, c’est là l’obéissance que tu Lui dois, c’est ainsi qu’on obéit quand on aime : une telle obéissance est inséparable de l’amour.

Mais autant il est certain que tu dois obéir ainsi et travailler, de toutes tes forces, tous les instants de ta vie à l’œuvre, aux œuvres que Dieu te donne à faire : autant il est certain que tu es un serviteur inutile : que ce que tu fais, Dieu pourrait le faire par d’autres, ou sans aucun autre, en tout cas sans toi : tu es un serviteur inutile. Jésus n’a vécu que trente trois ans, s’est tu trente ans et ta vie, ta santé, tes paroles seraient utiles à Dieu ?

Tu es un serviteur inutile : travaille de toutes tes forces : c’est un devoir d’imitation, d’obéissance, d’amour : c’est ainsi qu’on travaille quand on aime : ce travail est inséparable de l’amour, mais ton travail, Dieu n’en a pas besoin, tu es un serviteur inutile !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Un serviteur n’est pas plus grand que son maître. » (Jn 13,16)

jeudi 4 mai 2023

Rappelez-vous ses merveilles, celles qu’il a faites (cf. Ps 104,5) pour nous dans le passé et celles qu’il accomplit encore. (…) En échange de ce qu’il fait pour nous, faisons encore davantage et rendons-lui ce que nous lui devons, mes très vénérés frères. Et ce qu’il veut de nous, qu’est-ce, sinon que nous le craignions, l’aimions de tout notre cœur et de toute notre intelligence (cf. Mt 22,37) et imitions autant qu’il nous est possible sa manière de vivre dans la chair ?

Celui-là s’est fait étranger en quittant le ciel pour la terre, afin que, nous aussi, nous devenions étrangers aux pensées qui viennent des volontés propres. Lui-même a obéi à son père afin que, vous aussi, obéissiez sans hésitation (…). Celui-là s’est humilié lui-même jusqu’à la mort (cf. Ph 2,8), afin que vous aussi soyez dans ce sentiment, vous abaissant et vous humiliant dans vos pensées, vos actes, vos paroles et vos gestes. Quelle est-elle la gloire divine et véritable, si ce n’est d’être sans gloire parmi les hommes à cause de Dieu ? (…) Ce qui est tout petit et que l’on méprise, voilà ce qu’il a choisi, mon Sauveur et Dieu qui a revêtu notre chair, pour confondre (cf. 1 Co 1,27-28) ce qui est célébrité et richesse des hommes.

C’est pourquoi il vient au monde dans une grotte, il est couché dans une mangeoire, on le nomme fils du charpentier, on le nomme nazaréen, il est revêtu d’une seule petite tunique et d’un seul manteau, il va à pied, il peine, il est lapidé (cf. Jn 10,31) par les Juifs, insulté, arrêté, crucifié, percé avec une lance, mis au tombeau, après quoi il ressuscite, ainsi veut-il nous persuader, mes frères, de choisir devant ses anges (cf. Lc 12,8 ; 15,10) les mêmes choses que lui, pour que nous soyons couronnés dans le royaume des cieux, dans le Christ lui-même notre Seigneur à qui appartiennent la gloire et la puissance avec le Père et le Saint-Esprit maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

Saint Théodore le Studite (759-826)