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Archive pour le mot-clef ‘humilité’

« Qui s’abaissera sera élevé. »

mardi 27 février 2024

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Tu demandes à me connaître et à m’aimer, moi, la Vérité suprême. Voici la voie pour quiconque veut arriver à me connaître parfaitement et me goûter, moi la Vérité éternelle : ne sors jamais de la connaissance de toi-même et, abaissée que tu seras dans la vallée de l’humilité, c’est en toi-même que tu me connaîtras. C’est dans cette connaissance que tu puiseras tout ce qui te manque, tout ce qui t’est nécessaire. Aucune vertu n’a de vie en elle-même à moins de la tirer de la charité ; or l’humilité est la nourrice et la gouvernante de la charité. Dans la connaissance de toi-même tu deviendras humble, puisque tu y verras que tu n’es rien par toi-même et que ton être vient de moi puisque je vous ai aimés avant que vous ayez existé. A cause de cet amour inexprimable que j’ai eu pour vous, voulant vous créer de nouveau par la grâce, je vous ai lavés et re-créés dans le sang répandu par mon Fils unique avec un si grand feu d’amour.

Seul ce sang, lui seul, fait connaître la vérité à celui qui a dissipé le brouillard de l’amour-propre par cette connaissance de soi-même. C’est alors que, me connaissant moi-même, l’âme s’embrase d’un amour inexprimable, et c’est à cause de cet amour qu’elle éprouve une douleur continuelle. Non pas une douleur qui l’afflige ou la dessèche (loin de là, puisqu’au contraire elle la féconde) mais parce qu’ayant connu ma vérité, et ses propres fautes, son ingratitude et son aveuglement envers le prochain, elle en ressent une douleur intolérable. Mais si elle en souffre, c’est parce qu’elle m’aime, car si elle ne m’aimait pas elle ne s’en affligerait pas.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

La beauté incomparable d’une vie cachée en Dieu

samedi 30 décembre 2023

[Notre-Seigneur :] « Après Ma présentation et après Ma fuite en Égypte, Je me retire à Nazareth… ; là, Je passe les années de Mon enfance, de Ma jeunesse, jusqu’à trente ans… » C’est encore pour vous, pour votre amour que J’y suis… Quelle est cette vie ?

« C’est pour votre instruction que Je la mène : pendant ces trente ans, Je ne cesse de vous instruire, non par des paroles, mais par Mon silence et Mes exemples. Qu’est-ce que Je vous apprends ? Je vous apprends d’abord qu’on peut faire du bien aux hommes, beaucoup de bien, un bien infini, un bien divin, sans paroles, sans sermon, sans bruit, dans le silence et en donnant le bon exemple… Quel exemple ?… Celui de la pitié, des devoirs envers Dieu amoureusement remplis, de la bonté envers tous les hommes, de la tendresse envers ceux qui nous entourent, des devoirs domestiques saintement accomplis ; de la pauvreté, du travail, de l’abjection, du recueillement, de la retraite, de l’obscurité d’une vie cachée en Dieu, d’une vie de prières, de pénitence, de retraite, toute perdue et abîmée en Dieu. Je vous apprends à vivre du travail de vos mains pour n’être à charge à personne et avoir de quoi donner aux pauvres, et Je donne à ce genre de vie une beauté incomparable…, celle de Mon imitation…

Tous ceux qui veulent être parfaits doivent vivre pauvrement, dans l’imitation la plus fidèle de ma pauvreté de Nazareth… Combien Je prêche à Nazareth l’humilité, en passant trente ans dans ces obscurs travaux ; l’obscurité en restant trente ans si inconnu, Moi, la lumière du monde ; l’obéissance, Moi qui ai été soumis pendant trente ans à Mes parents, saints sans doute, mais hommes, et Je suis Dieu !… »

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Il s’est penché sur son humble servante. »

vendredi 22 décembre 2023

Marie a été très cachée dans sa vie ; c’est pourquoi elle est appelée par le Saint Esprit et l’Église « Alma Mater » : Mère cachée et secrète. Son humilité a été si profonde qu’elle n’a point eu sur la terre d’attrait plus puissant et plus continuel que de se cacher à elle-même et à toute créature, pour n’être connue que de Dieu seul.

Dieu, pour l’exaucer dans les demandes qu’elle lui fit de la cacher, appauvrir et humilier, a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans sa résurrection et assomption, à l’égard de presque toute créature humaine. Ses parents même ne la connaissaient pas ; et les anges se demandaient souvent les uns aux autres : « Quae est ista ? Qui est celle-là ? » (Ct 6,10) parce que le Très-Haut la leur cachait ; ou, s’il leur en découvrait quelque chose, il leur en cachait infiniment davantage…

Que de choses grandes et cachées ce Dieu puissant a faites en cette créature admirable, comme elle est elle-même obligée de le dire, malgré son humilité profonde : « Le Puissant fit pour moi des merveilles ». Le monde ne les connaît pas, parce qu’il en est incapable et indigne.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716)

 

 

 

Imitez l’humilité du Christ

mercredi 13 décembre 2023

Quelqu’un veut-il et désire-t-il se bien porter ? Qu’il se tienne à distance de l’orgueil et qu’il recouvre par une obéissance sans réserve la très haute humilité ; et allégresse et joie seront sur sa tête (cf. Is 35,10). En effet, que ne proviendra-t-il pas de cette bonne racine ? Toute joie, paix, bonté et piété, toute docilité et équilibre, toute douceur et mansuétude (cf. Ga 5,22), tout ce qu’il y a de beau, d’agréable et de désirable, bref, tout ce qui caractérise celui qui est vraiment homme de Dieu. (…)

Levez vos regards vers le Christ notre Seigneur et Dieu, maître de toutes choses, lui qui est le véritable riche, le fils unique du Père, soyez attirés par ce qui est humble (cf. Rm 12,6) et imitez ce qu’il a fait. Il était simple d’apparence ; il était soumis à ses parents jusqu’à ce que le temps fût venu ; il cheminait souvent sur les routes et s’asseyait lorsqu’il était fatigué (cf. Jn 4,6) ; insulté, il ne rendait pas l’insulte ; maltraité, il ne menaçait pas (cf. 1 P 2,22) ; il tendait la joue à celui qui le frappait ; il n’avait pas de nombreux vêtements et se contentait d’une petite tunique et d’un manteau ; il n’emportait pas avec lui de molles couvertures ; il n’allait pas à cheval ou monté sur des mules ; il ne se nourrissait que de pain et buvait l’eau des ruisseaux.

Et si nous qui avons beaucoup plus nous pensons encore être dans la gêne et nous tourmentons, comment nous établirons-nous dans l’imitation du Seigneur ? C’est pourquoi supportons tout avec patience et façonnons notre vie sur le divin modèle !

Saint Théodore le Studite (759-826)

 

 

 

« Le principe de tout péché, c’est l’orgueil. » (Si 10,15)

dimanche 5 novembre 2023

« Que la mort aînée dévore la beauté de sa peau et qu’elle consume ses bras. » (Jb 18,13 Vg) La beauté de la peau désigne la gloire temporelle, qui est désirée extérieurement et qui est retenue comme une brillante apparence sur la peau. Quand au mot de bras, il s’applique avec justesse à nos œuvres, le travail corporel étant accompli par les bras. Et que peut être la mort, sinon le péché, qui sépare l’âme de la vie intérieure et la tue ? (…) Si donc le péché est la mort, on peut entendre avec justesse par mort aînée l’orgueil, puisqu’il est écrit : « Le principe de tout péché, c’est l’orgueil. » (Si 10,15 Vg)

La beauté de sa peau et ses bras sont donc dévorés par la mort aînée, car gloire et activité de l’injuste sont jetés à terre par l’orgueil. Il aurait pu, en cette vie même, se maintenir dans sa gloire sans péché s’il n’avait pas été orgueilleux ; il aurait pu se recommander au jugement de son créateur par certaines de ses œuvres si sous les yeux de son juge ces œuvres mêmes n’étaient pas jetées à terre par sa fierté. Souvent, nous voyons des riches qui auraient pu garder puissance et gloire sans péché, s’ils avaient voulu les garder avec humilité.

Mais ils se rengorgent au milieu de leurs biens, ils plastronnent dans les honneurs, ils ne sont que dédain pour le reste du monde et ils mettent toute la confiance de leur vie dans l’abondance des biens. C’est ainsi que parlait un riche : « Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années, repose-toi, mange, bois, fais bonne chère. » (Lc 12,19) Mais quand le juge d’en-haut voit ainsi leurs pensées, il arrache ces hommes à leur confiance même.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Quand quelqu’un t’invite, ne va pas t’installer à la première place… » (Lc 14,8)

samedi 4 novembre 2023

Dieu, selon son projet originel, a établi tous les biens en plénitude et arrangé l’édifice des vertus, de telle sorte qu’on n’y trouve aucune lacune. Il combat jusqu’au bout ses ennemis dont le cœur n’est qu’orgueil, qui essayent de monter avant d’avoir une échelle, qui s’asseyent avant qu’on place un siège et dont l’œuvre est une opinion : quand elle est mise en défaut, elle disparaît.

C’est de lui que procèdent tous les êtres vivants, mais lui n’a pas de commencement, lui seul est permanent. Il vit en lui-même, il peut par lui-même, il sait de lui-même. Celui qui seul vit, peut et sait, est Dieu : en ces trois pouvoirs, toutes les œuvres de Dieu sont distinctes et accomplies, et c’est en lui que ses œuvres ont pouvoir d’agir. (…)

Quand l’homme, dans ses projets, se donne sa propre loi, c’est comme s’il était son propre Dieu. Alors, Seigneur, tu te montres à lui par tes justes jugements pour qu’il sache qu’il ne peut rien contre toi. Mais quand un homme en arrive à mépriser tes enseignements au point d’adorer des images à ta place, alors, par une juste décision, tu combats ton ennemi…

Dieu est la vie qui n’est obscurcie par aucun commencement et qui n’a pas de fin. Il est notre Dieu qui, étant la Vie, donne la vie éternelle aux siens. (…) Qui peut faire cela, sinon Dieu ? Tout ce que Dieu a rangé selon son propre ordre, il l’a parachevé et ce n’est pas vain comme les pensées des hommes. Car les hommes font dans leurs pensées beaucoup d’entreprises qu’ils ne peuvent mener à bien.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

« Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. »

samedi 30 septembre 2023

« Qui s’élève sera humilié, et qui s’abaisse sera élevé » (Mt 23,12)… Imitons le Seigneur qui est descendu du ciel jusqu’au dernier abaissement, et qui, en retour, a été élevé du dernier rang jusqu’à la hauteur qui lui convenait. Découvrons tout ce que nous enseigne le Seigneur pour nous conduire à l’humilité.

Petit bébé, le voici déjà dans une grotte, couché non dans un berceau, mais dans une mangeoire. Dans la maison d’un artisan et d’une mère sans ressources, il est soumis à sa mère et à son époux. Se laissant enseigner, écoutant ceux dont il n’avait nul besoin, il interrogeait, mais pourtant de telle sorte que par ses interrogations, on s’étonnait de sa sagesse. Il se soumet à Jean, et le Maître reçoit de son serviteur le baptême. Jamais il n’a résisté à ceux qui se dressaient contre lui, et n’a pas fait preuve de sa puissance invincible pour se libérer des mains qui l’enchaînaient, mais il s’est laissé faire, comme impuissant, et dans la mesure où il l’a jugé bon, il a donné prise sur lui à un pouvoir éphémère. Il a comparu devant le grand prêtre en qualité d’accusé ; conduit devant le gouverneur, il s’est soumis à son jugement, et alors qu’il pouvait répondre aux calomniateurs, il a subi en silence leurs calomnies. Couvert de crachats par des esclaves et des servants indignes, il a été enfin livré à la mort, à une mort infamante aux yeux des hommes. Voilà comment s’est déroulé sa vie d’homme depuis sa naissance jusqu’à sa fin. Mais après un tel abaissement, il a fait éclater sa gloire… Imitons-le pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

Hérode cherchait à voir Jésus

jeudi 28 septembre 2023

Comment les êtres créés pouvaient-ils contempler Dieu ? La vision de Dieu est si terrible que Moïse lui-même dit qu’il craint et tremble. En effet, quand la gloire de Dieu est apparue sur le mont Sinaï (Ex 20), la montagne fumait et tremblait de peur sous le coup de la révélation ; les bêtes qui approchaient ses pentes mouraient. Les fils d’Israël se sont préparés ; ils se sont purifiés pendant trois jours suivant l’ordre de Moïse, afin d’être dignes d’entendre la voix de Dieu et de voir sa révélation. Or quand le temps est venu, ils n’ont pu ni assumer la vision de sa lumière, ni recevoir la force de sa voix de tonnerre.

Mais maintenant qu’il a déversé sa grâce sur le monde par son avènement, ce n’est pas dans un tremblement de terre, ni dans le feu, ni en s’annonçant d’une voix terrible et forte qu’il est descendu, mais comme la rosée sur la toison (Jg 6,37), comme une goutte qui tombe doucement sur la terre. C’est sous une autre forme qu’il est venu parmi nous. Il a en effet recouvert sa grandeur du voile de la chair. Il a fait de celle-ci un trésor ; il a vécu parmi nous dans cette chair que sa volonté s’était formée dans le sein de la Vierge Marie, la Mère de Dieu, pour que le voyant de notre race et vivant parmi nous, nous ne soyons pas troublés par la peur en le contemplant. C’est pourquoi ceux qui se sont entourés du vêtement dans lequel le Créateur est apparu, en ce corps dont il s’est couvert, ont revêtu le Christ lui-même (Ga 3,27). Car ils ont désiré porter dans leur homme intérieur (Ep 3,16) la même humilité avec laquelle le Christ s’est révélé à sa création et a vécu en elle, comme il se révèle maintenant à ses serviteurs. Au lieu du vêtement de l’honneur et de la gloire extérieurs, ils se sont parés de cette humilité.

Isaac le Syrien (7e siècle)

 

 

Les parfums du Christ

jeudi 20 juillet 2023

L’humilité fervente est le fruit de la lumière de Dieu sur l’âme. Il serait donc vain de prétendre l’acquérir par ses propres efforts. (…) Il est nécessaire de demander la lumière d’humilité. Il n’importe pas moins de la bien recevoir. (…)

« Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » proclame Jésus. L’humilité et la douceur sont ses vertus caractéristiques, le parfum personnel de son âme, celui qu’il laisse sur son passage et qui indique les lieux où il règne. L’humilité du Christ Jésus, humilité fervente par excellence, procède de la lumière du Verbe qui habite corporellement en lui et l’écrase de sa transcendance. Car entre la nature divine et la nature humaine du Christ Jésus, unies par les liens de l’union hypostatique, subsiste la distance de l’Infini… Cet Infini écrase l’humanité et la plonge en des abîmes d’adoration et d’humilité où nul autre ne saurait le suivre, car nul autre n’a contemplé de si près et si profondément l’Infini. Mais cet infini est amour qui se donne, onction qui se répand. Aussi l’écrasement qu’il produit est-il suave, paisible et béatifiant. Le Christ Jésus est aussi doux qu’il est humble.

Humilité et douceur, force et suavité, parfum du Christ et aussi parfum de l’humilité fervente, c’est le signe authentique de contacts divins et un appel discret mais pressant à de nouvelles visites de la Miséricorde de Dieu.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967)

 

 

 

« Ils ont reconnu que tout vient de toi. » (Jn 17,7)

mardi 23 mai 2023

Ô Dieu éternel, ô Lumière au-dessus de toute lumière et foyer de toute lumière ! Ô Feu au-dessus de tout autre feu, Feu qui seul brûle sans se consumer ! Feu qui consume dans l’âme tout péché et tout amour-propre, Feu qui ne consume pas l’âme, mais la nourrit d’un amour insatiable, puisqu’en la rassasiant, vous ne la rassasiez pas, elle vous désire toujours ; et plus elle vous désire plus elle vous possède, plus elle vous cherche et plus elle vous trouve, plus elle vous goûte, Ô Feu souverain, Feu éternel, abîme de Charité !

Ô Bien suprême et éternel, qui vous a donc porté, vous le Dieu infini, à m’éclairer de la lumière de votre Vérité, moi votre petite créature ? Nul autre que vous-même, Ô Feu d’amour ! L’Amour, toujours, l’Amour seul, vous a poussé et vous pousse encore à créer à votre image et ressemblance vos créatures raisonnables, et à leur faire miséricorde, en les comblant de grâces infinies et de dons sans mesure.

Ô Bonté au-dessus de toute bonté, vous seul êtes souverainement bon ! Et, cependant, vous nous avez donné le Verbe, votre Fils unique, pour qu’il vécût avec nous, en contact avec notre être de corruption et nos ténèbres ! De ce don quelle fut la cause ? L’amour car vous nous avez aimés avant que nous ne fussions. Ô Grandeur éternelle ! ô ! grandeur de Bonté. Vous vous êtes abaissée, vous vous êtes faite petite, pour faire l’homme grand. De quelque côté que je me tourne, je ne trouve qu’abîme et feu de votre Charité.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)