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Archive pour la catégorie ‘Ecritures’

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais et elles me suivent. »

mardi 13 mai 2025

La marque distinctive des brebis du Christ, c’est leur aptitude à écouter, à obéir, tandis que les brebis étrangères se distinguent par leur indocilité. Nous comprenons le verbe « écouter » au sens de consentir à ce qui a été dit. Et ceux-là qui l’écoutent sont connus de Dieu, car « être connu » signifie être uni à lui. Il n’y a personne qui soit entièrement ignoré de Dieu. Donc, lorsque le Christ dit : « Je connais mes brebis », il veut dire : « Je les accueillerai et je les unirai à moi d’une façon mystique et permanente ». On peut dire qu’en se faisant homme, il s’est apparenté à tous les hommes en prenant leur nature : nous sommes tous unis au Christ en raison de son incarnation. Mais ceux qui ne gardent pas la ressemblance avec la sainteté du Christ lui sont devenus étrangers…

« Mes brebis me suivent », dit encore le Christ. En effet, par la grâce divine les croyants suivent les pas du Christ. Ils n’obéissent pas aux préceptes de l’ancienne Loi, qui était une préfiguration, mais, en suivant par la grâce les préceptes du Christ, ils s’élèveront jusqu’à sa hauteur, conformément à leur vocation d’enfants de Dieu. Quand le Christ monte au ciel, ils le suivent jusque-là.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

 

 

 

« Il marche à leur tête, et elles le suivent. »

lundi 12 mai 2025

« Voyant les foules, Jésus eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger » (Mt 9,36). (…) Les brebis ont été dispersées parce qu’il n’y avait pas de berger. (…) Ainsi en était-il dans le monde entier quand le Christ est venu dans sa miséricorde infinie « pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). Et si pour un moment ils ont été à nouveau laissés sans guide, lorsque dans sa lutte contre l’ennemi le bon berger a donné sa vie pour ses brebis — selon la prophétie : « Frappez le berger, et les brebis seront dispersées » (Za 13,7) — bientôt cependant, il est ressuscité d’entre les morts pour vivre à jamais, selon cette autre prophétie : « Celui qui a dispersé Israël le rassemblera comme un berger son troupeau » (Jr 31,10).

Comme il le dit lui-même dans la parabole qu’il nous propose, « il appelle ses propres brebis par leur nom et les mène dehors, et il marche devant elles, et les brebis le suivent car elles connaissent sa voix ». Ainsi, le jour de sa résurrection, comme Marie pleurait, il l’a appelée par son nom (Jn 20,16), et elle s’est retournée et a reconnu par l’oreille celui qu’elle n’avait pas reconnu par la vue. De même, il a dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? », et il a ajouté : « Suis-moi » (Jn 21,15.19). Et de même, lui et son ange ont dit aux femmes : « Il vous précède en Galilée » ; « Allez dire à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée, et là ils me verront » (Mt 28,7.10). Depuis ce temps-là le bon pasteur, qui a pris la place de ses brebis et qui est mort pour qu’elles puissent vivre à jamais, les précède et elles « suivent l’Agneau partout où il va » (Ap 14,4).

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

« Je leur donne la vie éternelle. »

dimanche 11 mai 2025

Voici que celui qui est bon, non par un don reçu, mais par nature, dit : « Je suis le bon Pasteur ». Et il poursuit, pour que nous imitions le modèle qu’il nous a donné de sa bonté : « Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). Lui, il a réalisé ce qu’il a enseigné ; il a montré ce qu’il a ordonné. Bon Pasteur, il a donné sa vie pour ses brebis, pour changer son corps et son sang en notre sacrement, et rassasier de l’aliment de sa chair les brebis qu’il avait rachetées. La route à suivre est montrée : c’est le mépris qu’il a fait de la mort. Voici placé devant nous le modèle sur lequel nous avons à nous conformer. D’abord nous dépenser extérieurement avec tendresse pour ses brebis ; mais ensuite, si c’est nécessaire, leur offrir même notre mort.

Il ajoute : « Je connais — c’est-à-dire j’aime — mes brebis et mes brebis me connaissent ». C’est comme s’il disait en clair : « Qui m’aime, me suive ! », car celui qui n’aime pas la vérité ne la connaît pas encore. Voyez, frères très chers, si vous êtes vraiment les brebis du bon Pasteur, voyez si vous le connaissez, voyez si vous percevez la lumière de la vérité. Je parle non de la perception de la foi mais de celle de l’amour ; vous percevez non par votre foi, mais par votre comportement. Car le même évangéliste Jean, de qui vient cette parole, affirme encore : « Celui qui dit qu’il connaît Dieu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur » (1Jn 2,4). C’est pourquoi, dans notre texte, le Seigneur ajoute aussitôt : « De même que le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis », ce qui revient à dire clairement : Le fait que je connais mon Père et que je suis connu de mon Père, consiste en ce que je donne ma vie pour mes brebis. En d’autres termes : Cet amour par lequel je vais jusqu’à mourir pour mes brebis montre combien j’aime le Père.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Tu as les paroles de la vie éternelle. »

samedi 10 mai 2025

Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et, parce qu’elles sont inspirées, elles sont réellement la parole de Dieu ; c’est pourquoi l’étude des Saintes Lettres doit être comme l’âme de la sainte théologie. C’est aussi de la même parole de l’Écriture que le ministère de la parole, autrement dit la prédication pastorale, la catéchèse et toute l’instruction chrétienne…est nourri de façon salutaire et trouve sa vigueur…

Le saint Concile exhorte avec force et de façon spéciale tous les chrétiens…à acquérir par la lecture fréquente des divines Écritures « ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus » (Ph 3,8), car « ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ » (S. Jérôme). Qu’ils abordent donc de tout leur cœur le texte sacré lui-même, soit par la sainte liturgie, qui est remplie des paroles divines, soit par une lecture priante, soit par des cours faits pour cela ou par d’autres méthodes qui, avec l’approbation et le soin qu’en prennent les Pasteurs de l’Église, se répandent de manière louable partout de notre temps. Mais qu’ils se rappellent que la prière doit accompagner la lecture de la Sainte Écriture pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car « c’est à lui que nous nous adressons quand nous prions ; c’est lui que nous écoutons, quand nous lisons les révélations divines » (S. Ambroise)…

Ainsi donc, par la lecture et l’étude des Livres saints, « que la Parole de Dieu accomplisse sa course et soit glorifiée » (2Th 3,1), et que le trésor de la révélation, confié à l’Église, remplisse de plus en plus les cœurs des hommes. La vie de l’Église reçoit son développement de la fréquentation assidue du mystère eucharistique ; de même il est permis d’espérer un nouvel élan de la vie spirituelle à partir d’un respect accru pour la Parole de Dieu, qui « demeure à jamais » (Is 40,8; 1P 1,23).

Concile Vatican II

 

 

 

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. »

vendredi 9 mai 2025

Comme Jésus nous parle avec tendresse lorsqu’il s’offre aux siens dans la sainte communion : « Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment une boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui ». Qu’est-ce que mon Jésus pourrait me donner de plus que sa chair en nourriture ? Non, Dieu ne pourrait pas faire plus, ni me montrer un plus grand amour.

La sainte communion, comme le mot lui-même l’implique, est l’union intime de Jésus avec notre âme et notre corps. Si nous voulons avoir la vie et la posséder de façon plus abondante, nous devons vivre de la chair de notre Seigneur. Les saints l’ont tellement bien compris qu’ils pouvaient passer des heures en préparation et plus encore en action de grâce. Qui pourrait expliquer cela ? « Quelle profondeur de richesse dans la sagesse et la science de Dieu ! Comme ses jugements sont incompréhensibles, s’exclamait Paul, comme ses chemins sont impénétrables, car qui connaît l’esprit du Seigneur ? » (Rm 11,33-34).

Lorsque vous accueillez le Christ dans votre cœur après le partage du Pain Vivant, souvenez-vous de ce que Notre-Dame a dû ressentir alors que le Saint-Esprit l’enveloppait de son ombre et qu’elle, qui était pleine de grâce, a reçu le corps du Christ (Lc 1,26s). L’Esprit était si fort en elle qu’immédiatement « elle se leva en hâte » (v. 39) pour aller et servir.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

 

« Le pain que je donnerai c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »

jeudi 8 mai 2025

Ils sont complètement dans l’erreur, ceux qui rejettent le projet de Dieu pour sa création, nient le salut de la chair et méprisent l’idée de sa régénération en déclarant qu’elle est incapable de recevoir une nature impérissable. S’il n’y a pas de salut pour la chair, alors le Seigneur ne nous a pas non plus rachetés par son sang, la coupe de l’eucharistie n’est pas une communion à son sang, et le pain que nous rompons n’est pas une communion à son corps (1Co 10,16). Car…c’est parce qu’il est devenu vraiment homme que le Verbe de Dieu nous a rachetés par son sang…

Parce que nous sommes ses membres (1Co 6,15) et que nous sommes nourris par sa création…, il a déclaré que la coupe, tirée de la création, est son propre sang par lequel notre sang est fortifié ; et il a confirmé que le pain, tiré de la création, est son propre corps par lequel nos corps grandissent.

Donc, si la coupe que nous avons préparée, et le pain que nous avons confectionné reçoivent la parole de Dieu et deviennent l’eucharistie, c’est-à-dire le sang et le corps du Christ, qui fortifient et affermissent la substance de notre chair, comment peut-on prétendre que la chair est incapable de recevoir le don de Dieu, la vie éternelle ? Notre chair est vraiment nourrie par le sang et le corps du Christ, et elle est membre du corps du Christ, comme l’écrit saint Paul : « Nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os » (Ep 5,30; Gn 2,23). Il ne dit pas cela de je ne sais quel homme spirituel et invisible… : il nous parle de l’organisme authentiquement humain, composé de chair, de nerfs et d’os. C’est cet organisme-là qui est nourri de la coupe qui est le sang du Christ, et fortifié par le pain qui est son corps… Et nos corps qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre…, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe, la Parole de Dieu, leur fera le don de la résurrection, « pour la gloire de Dieu le Père » (Ph 2,11).

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

 

 

« Moi, je suis le pain de vie. »

mercredi 7 mai 2025

Le Christ dit : « Qui vient à moi n’aura plus faim, qui croit en moi n’aura plus soif ! » (…) Et le psalmiste dit : « Le pain raffermit le cœur de l’homme » et « le vin réjouit le cœur de l’homme » (103,15). Pour ceux qui croient en lui, le Christ est nourriture et breuvage, pain et vin. Pain qui fortifie et raffermit (…), breuvage et vin qui réjouit (…). Tout ce qui en nous est fort et solide, joyeux et allègre pour accomplir les commandements de Dieu, supporter la souffrance, exécuter l’obéissance et défendre la justice, tout cela est force de ce pain et joie de ce vin. Bienheureux ceux qui agissent fortement et joyeusement ! Et comme personne ne le peut de lui-même, bienheureux ceux qui désirent avidement pratiquer ce qui est juste et honnête, et être en toutes choses fortifiés et réjouis par celui qui a dit : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice » (Mt 5,6). Si le Christ est le pain et le breuvage qui assurent maintenant la force et la joie des justes, combien plus le sera-t-il au ciel, quand il se donnera aux justes sans mesure ?

Remarquons-le, dans les paroles du Christ (…), cette nourriture qui demeure pour la vie éternelle est appelée pain du ciel, vrai pain, pain de Dieu, pain de vie (…). Pain de Dieu pour le distinguer du pain qui est fait et préparé par le boulanger (…) ; pain de vie, pour le distinguer de ce pain périssable qui n’est pas la vie et ne la donne pas, mais la conserve à peine, difficilement et pour un temps. Celui-là au contraire est la vie, donne la vie, conserve une vie qui ne doit rien à la mort.

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

 

 

 

Aller vers le Pain de Vie

mardi 6 mai 2025

Allez à la sainte communion chaque fois que la bonté de Dieu vous le permet. — Mais je n’y ai point de goût. — Oh ! n’importe, ne manquez pas d’y aller. C’est Dieu qui vous appelle. Il n’y a pas de remède plus efficace contre les maladies de nos âmes. C’est là qu’il faut aller se fortifier ; c’est là qu’il faut aller dire ses peines, car là est le vrai médecin qui sait les remèdes convenables ; c’est là qu’il faut aller étudier l’amour, le support mutuel, la cordialité, l’exemple du prochain et toutes les autres vertus qui nous sont nécessaires.

Allez donc là, mes enfants, quand Jésus Christ vous y appelle, et ne regardez pas si vous y êtes portées par un goût sensible, car votre ennemi essayera de tout son pouvoir de vous empêcher d’en approcher, afin de vous frustrer des grâces que Dieu veut vous y donner pour vous faire entrer dans la pratique des divines vertus de son Fils.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

«— Rabbi, quand es-tu arrivé ici ?… — L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez. »

lundi 5 mai 2025

Le Christ a refusé de rendre témoignage à lui-même, de dire qui il était et d’où il venait ; il a été parmi ses contemporains « comme celui qui sert » (Lc 22,27). Apparemment, ce n’était qu’après sa résurrection, et surtout après son ascension, quand l’Esprit Saint est descendu, que les apôtres ont compris qui avait été avec eux. Quand tout était fini ils l’ont su, mais non sur le moment. Or nous voyons ici, je crois, la manifestation d’un principe général qui se présente à nous souvent, à la fois dans l’Écriture et dans le monde : c’est que nous ne discernons pas la présence de Dieu au moment où elle est avec nous, mais seulement après, quand nous reportons nos regards vers ce qui s’est passé et qui n’est plus…

Des événements nous arrivent, agréables ou pénibles ; nous n’en connaissons pas sur le moment la signification ; nous ne voyons pas en eux la main de Dieu. Si nous avons bien la foi, nous confessons ce que nous ne voyons pas, et nous prenons tout ce qui nous arrive comme venant de lui. Mais, que nous l’acceptions ou non dans un esprit de foi, il n’y a certainement pas d’autre moyen de l’accepter. Nous ne voyons rien. Nous ne voyons pas pourquoi telle chose arrive, ou à quoi elle tend. Un jour, Jacob s’est écrié : « Tout est contre moi ! » (Gn 42,36) ; certainement il semblait bien que ce soit ainsi… Et pourtant tous ses malheurs devaient tourner à bien. Considérez son fils Joseph, vendu par ses frères, emmené en Égypte, emprisonné, les fers entrant même dans son âme, et qui attendait que le Seigneur jette sur lui un regard de bienveillance. Plusieurs fois le texte sacré dit : « Le Seigneur était avec Joseph »… Après coup, il a compris ce qui sur le moment était si mystérieux, et il dit à ses frères : « Dieu m’a envoyé en avant de vous pour sauver vos vies. Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, c’est Dieu » (Gn 45,7).

Merveilleuse providence, si silencieuse et pourtant si efficace, si constante et infaillible ! C’est ce qui déjoue le pouvoir de Satan ; il ne peut pas discerner la main de Dieu à l’œuvre dans le cours des événements.

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

« Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage. »

dimanche 4 mai 2025

Que symbolise la mer, sinon le monde présent, battu par les vagues tumultueuses des affaires et les remous d’une vie caduque ? Et que représente le rivage ferme, sinon la pérennité du repos éternel ? Les disciples peinent donc sur le lac puisqu’ils sont encore pris dans les flots de la vie mortelle, mais notre Rédempteur, après sa résurrection, se tient sur le rivage puisqu’il a déjà dépassé la condition d’une chair fragile. C’est comme s’il avait voulu se servir de ces choses pour parler à ses disciples du mystère de sa résurrection, en leur disant : « Je ne vous apparais plus sur la mer (Mt 14,25), car je ne suis plus parmi vous dans l’agitation des vagues ».

C’est dans le même sens qu’en un autre endroit, il a dit à ces mêmes disciples après sa résurrection : « Je vous ai dit ces choses quand j’étais encore avec vous » (Lc 24,44). Il n’a dit pas cela parce qu’il n’était plus avec eux — son corps était présent et leur apparaissait — mais… sa chair immortelle distançait de loin leurs corps mortels : il disait ne plus être avec eux tout en étant au milieu d’eux. Dans le passage que nous lisons aujourd’hui, par l’emplacement de son corps il leur signifie la même chose : alors que ses disciples naviguent encore, il se montre désormais établi sur le rivage.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)