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Archive pour la catégorie ‘Ecritures’

« Celui qui m’a vu, a vu le Père. » (Jn 7,9)

samedi 27 avril 2024

Ils auront part à la vie ceux qui voient Dieu, car elle est vivifiante la splendeur de Dieu. Tel est le motif pour lequel celui qui est insaisissable, incompréhensible et invisible s’offre à être vu, compris et saisi par les hommes : c’est afin de vivifier ceux qui le saisissent et qui le voient. Car, si sa grandeur est inscrutable, sa bonté aussi est inexprimable, et c’est grâce à elle qu’il se fait voir et qu’il donne la vie à ceux qui le voient. Il est impossible de vivre sans la vie, et il n’y a de vie que par la participation à Dieu, participation qui consiste à voir Dieu et à jouir de sa bonté.

Ainsi donc, les hommes verront Dieu afin de vivre, devenant immortels par cette vue et atteignant jusqu’à Dieu. C’est là ce qui était annoncé d’une manière figurative par les prophètes, à savoir que Dieu serait vu par les hommes qui portent son Esprit et attendent sans cesse sa venue, selon ce que Moïse dit dans le Deutéronome : « En ce jour-là nous verrons, parce que Dieu parlera à l’homme et qu’il vivra » (cf. Dt 5,24). (…)

Celui qui opère tout en tous est invisible et inexprimable, quant à sa puissance et à sa grandeur, pour tous les êtres faits par lui ; toutefois il ne leur est nullement inconnu pour autant, car tous apprennent par son Verbe qu’il n’y a qu’un seul Dieu Père, qui contient toutes choses et donne l’existence à toutes, selon ce que dit aussi le Seigneur : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a révélé. » (Jn 1,18)

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

 

« Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. »

vendredi 26 avril 2024

La souveraine Bonté se manifeste de diverses manières, et le Christ béni a dit : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père » (Jn 14,2). Qui pourrait dire la diversité des moyens, des visites, des dons et des grâces de Dieu, non seulement dans les créatures, mais dans une seule âme ?

Car comme les vertus sont différentes, quoiqu’elles soient toutes marquées du signe de la charité, la conduite et les œuvres des serviteurs de Dieu sont aussi très différente ; non pas que celui qui a parfaitement la vertu de charité n’ait pas aussi toutes les autres, mais chacun en a une particulière qui domine toutes les autres. De là les différences de vie. Celui qui a surtout la charité met tout son bonheur à l’exercer à l’égard du prochain ; celui qui a l’humilité recherche avec passion la solitude. L’un aime la justice, l’autre la liberté que donne une foi vive, qui semble ne rien craindre. D’autres aiment la pénitence, et se livrent tout entiers à la mortification de leurs corps ; d’autres s’appliquent à tuer leur volonté propre par une véritable et parfaite obéissance. Ainsi les moyens sont différents, quoique tous courent dans la voie de la charité.

Les saints qui jouissent de la vie éternelle l’ont tous suivie, mais de diverses manières ; car l’un ne ressemble pas à l’autre. Il y a la même différence parmi les anges, qui ne sont pas tous égaux. Aussi une des joies de l’âme dans la vie éternelle, c’est de voir la grandeur de Dieu dans la variété des récompenses qu’il donne à ses saints.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Fête de saint Marc, évangéliste

jeudi 25 avril 2024

Après que notre Seigneur a été ressuscité d’entre les morts et que les apôtres ont été revêtus de la force d’en haut par la venue de l’Esprit Saint (Lc 24,49), ils ont été remplis de certitude au sujet de tout et ont eu la connaissance parfaite. Alors ils s’en allèrent jusqu’aux extrémités de la terre (Ps 18,5), proclamant la bonne nouvelle qui nous vient de Dieu, et annonçant aux hommes la paix du ciel, eux qui possédaient tous également et chacun en particulier l’Évangile de Dieu.

Ainsi Matthieu, chez les Hébreux, dans leur propre langue, a publié une forme écrite d’Évangile alors que Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Église. Après leur mort, Marc, le disciple de Pierre et son interprète (1P 5,13), nous a transmis lui aussi par écrit la prédication de Pierre. De son côté Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l’Évangile prêché par celui-ci. Enfin, Jean le disciple du Seigneur, le même qui avait reposé sur sa poitrine, a publié lui aussi l’Évangile, pendant son séjour à Éphèse…

Marc, interprète et compagnon de Pierre, a présenté ainsi le début de sa rédaction de l’Évangile : « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu. Selon qu’il est écrit dans les prophètes : Voici que j’envoie mon messager devant toi pour préparer ton chemin »… On le voit, Marc fait des paroles des saints prophètes le commencement de l’Évangile, et celui que les prophètes ont proclamé Dieu et Seigneur, Marc le met en tête comme Père de notre Seigneur Jésus Christ… À la fin de son Évangile, Marc dit : « Et le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé aux cieux et s’assit à la droite de Dieu ». C’est la confirmation de la parole du prophète : « Oracle du Seigneur à mon maître : Siège à ma droite, tes ennemis j’en ferai ton marchepied » (Ps 109,1).

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

 

« Je suis le bon pasteur. » (Jn 10,11)

lundi 22 avril 2024

Jésus a dit : « Je suis le bon pasteur » (Jn 10,11). Il est évident que le titre de pasteur convient au Christ. Car de même qu’un berger mène paître son troupeau, ainsi le Christ restaure les fidèles par une nourriture spirituelle, son propre corps et son propre sang.

Pour se différencier du mauvais pasteur et du voleur, Jésus précise qu’il est le bon pasteur. Bon, parce qu’il défend son troupeau avec le dévouement d’un bon soldat pour sa patrie. D’autre part, le Christ a dit que le pasteur entre par la porte et qu’il est lui-même cette porte (cf. Jn 10,7). Quand donc il se déclare ici le pasteur, il faut comprendre que c’est lui qui entre, et par lui-même. C’est bien vrai, car il manifeste qu’il connaît le Père par lui-même, tandis que nous, nous entrons par lui, et c’est lui qui nous donne la béatitude. Remarquons bien que personne d’autre que lui n’est la porte, car personne d’autre n’est la lumière, sinon par participation. Jean-Baptiste « n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière » (Jn 1,8). Le Christ, lui, « était la lumière qui éclaire tout homme » (v. 9). Personne ne peut donc se dire la porte, car le Christ s’est réservé ce titre.

Mais le titre de pasteur, il l’a communiqué à d’autres, il l’a donné à certains de ses membres. En effet, Pierre le fut aussi, et les autres apôtres, ainsi que tous les évêques. « Je vous donnerai. dit Jérémie, des pasteurs selon mon cœur » (3,15). Bien que les chefs de l’Église – qui sont des fils de celle-ci – soient tous des pasteurs, le Christ dit : « Je suis le bon pasteur », pour montrer la force unique de son amour. Aucun pasteur n’est bon s’il n’est uni au Christ par la charité, devenant ainsi membre du pasteur véritable.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

 

 

 

« Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jn 11, 16)

dimanche 21 avril 2024

Par l’Esprit Saint il est né d’une mère vierge et, par le même Esprit, il féconde son Église toute pure, afin que, par l’enfantement du baptême, une innombrable multitude d’enfants soit engendrée à Dieu. Il est dit de ceux-ci qu’ « ils ne sont pas nés du sang, ni du vouloir de la chair, ni du vouloir de l’homme, mais de Dieu » (Jn 1,13). C’est en lui que la descendance d’Abraham est bénie par l’adoption du monde entier, et que le patriarche devient père des nations lorsque naissent de la foi et non de la chair les fils de la promesse.

Sans faire exception d’aucun peuple, il forme de toutes les nations qui sont sous le ciel un seul troupeau de brebis saintes. Chaque jour il accomplit ce qu’il avait promis : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de ce bercail ; celles-là aussi il faut que je les mène, elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur » (Jn 10,16).

En effet, bien que ce soit surtout à Pierre qu’il a dit : « Paie mes brebis » » (Jn 21,17), c’est néanmoins par le seul Seigneur que tous les pasteurs sont pris en charge ; et ceux qui viennent au Rocher, le Christ, il les nourrit dans les pâturages si gras et si bien arrosés, que d’innombrables brebis fortifiées par l’abondance de son amour n’hésitent pas à mourir pour le nom de leur Pasteur, de même que le bon Pasteur a daigné donner sa vie pour ses brebis.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

Que la foi te rassure, tu reçois un pain céleste et une coupe de salut !

vendredi 19 avril 2024

Autrefois, le Christ disait : « Si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang, vous n’avez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Mais ils n’écoutèrent pas spirituellement ces paroles et ils allèrent scandalisés, pensant que le Seigneur les invitait à un repas ordinaire.

Déjà dans l’Ancien Testament il y avait les pains de proposition. Mais il n’y a plus lieu maintenant d’offrir ces pains de l’Ancienne Alliance. Dans l’Alliance Nouvelle, il y a un pain céleste et une coupe de salut (cf. Ps 115,13) qui sanctifient l’âme et le corps. De même, en effet, que le pain s’accorde avec le corps, ainsi le Verbe s’harmonise avec l’âme.

Ne t’arrête donc pas au pain et au vin comme s’il s’agissait d’eux seuls, car selon l’affirmation du Maître, il s’agit de corps et de sang. Quoi que te suggère la perception des sens, que la foi te rassure. Ne juge pas la réalité d’après le goût mais d’après la foi. (…)

Ce que tu appris te donne cette certitude : ce qui paraît du pain n’est pas du pain, bien qu’il en ait le goût, mais le corps du Christ ; et ce qui paraît du vin n’est pas du vin, bien que le goût le veuille, mais le sang du Christ.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Celui qui reçoit le Christ devient le corps du Ressuscité

jeudi 18 avril 2024

La nature humaine a été assumée par le Fils de Dieu si intimement que non seulement en cet homme qui est « le premier-né de toute créature » (Col 1,15), mais aussi dans tous les saints, il n’y a qu’un seul et même Christ. Et comme la tête ne peut se séparer des membres, ainsi les membres ne peuvent être séparés de la tête. (…)

C’est avec lui que souffre non seulement le courage glorieux des martyrs, mais aussi la foi de tous ceux qui renaissent au bain de la régénération. Lorsqu’en effet on renonce au diable pour croire en Dieu, lorsqu’on passe de la vétusté au renouveau, lorsqu’on dépose l’image de l’homme terrestre pour revêtir la forme céleste, il se produit comme une sorte de mort et comme une espèce de résurrection ; si bien que celui qui est reçu par le Christ et qui reçoit le Christ n’est plus, après le bain du baptême, ce qu’il était avant, mais le corps du régénéré devient la chair du Crucifié.

C’est pourquoi la Pâques du Seigneur est célébrée comme il convient « avec des azymes de pureté et de vérité » (1Co 5,8), lorsque, une fois rejeté le ferment de l’ancienne malice, la nouvelle créature s’enivre et se nourrit du Seigneur lui-même. Car la participation au corps et au sang du Christ n’a d’autre action que de nous faire porter partout, en notre esprit et notre chair, celui en qui et avec qui nous sommes morts, ensevelis et ressuscités.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

« Je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim. »

mercredi 17 avril 2024

Où rencontrez-vous la joie d’aimer ? Dans l’eucharistie, la sainte communion. Jésus s’est fait lui-même « pain de la vie » pour nous donner la vie. Nuit et jour il est là. Si vous voulez réellement grandir dans l’amour, revenez à l’eucharistie, revenez à cette adoration. Dans notre congrégation, nous avions l’habitude d’avoir l’adoration une fois par semaine pendant une heure ; puis, en 1973, nous avons décidé d’avoir l’adoration chaque jour durant une heure. Nous avons beaucoup de travail ; partout nos maisons pour les malades et les mourants indigents sont remplies. Mais à partir du moment où nous avons commencé l’adoration chaque jour, notre amour pour Jésus est devenu plus intime, notre amour pour chacun plus bienveillant, notre amour pour les pauvres plus compatissant. (…)

Regardez le tabernacle et voyez ce que signifie maintenant cet amour. En ai-je conscience ? Mon cœur est-il assez pur pour que j’y voie Jésus ? Afin que pour vous et pour moi il soit plus facile de voir Jésus, il s’est fait lui-même « pain de la vie » ; afin que nous puissions recevoir la vie, une vie de paix, une vie de joie. Trouvez Jésus et vous trouverez la paix.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

 

 

« La nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que donne le Fils de l’homme. »

lundi 15 avril 2024

Les juifs mangeaient la Pâque debout, les sandales aux pieds, le bâton à la main, avec empressement (Ex 12,11). À combien plus forte raison dois-tu te tenir en éveil ! Eux s’apprêtaient à partir pour la Terre Promise et se comportaient donc en voyageurs ; toi, tu es en marche vers le ciel. C’est pourquoi il faut que nous restions toujours sur nos gardes… Les ennemis du Christ ont frappé son corps très saint sans savoir ce qu’ils faisaient (Lc 23,34) ; et toi, tu le recevrais dans une âme impure après tant de bienfaits ! Car il ne s’est pas contenté de se faire homme, d’être flagellé et d’être mis à mort : en son amour il a voulu encore s’unir à nous, s’identifier à nous non par la foi seulement, mais réellement par la participation à son propre corps…

Considère quel grand honneur tu reçois, et de quelle table tu es le convive. Celui que les anges ne voient qu’en tremblant, celui qu’ils n’osent pas regarder sans crainte à cause de la splendeur de la gloire qui rayonne de sa face, nous en faisons notre nourriture et nous devenons avec lui un seul corps et une seule chair. « Qui dira les exploits du Seigneur, qui proclamera toutes ses louanges ? » (Ps 105,2) Quel berger a jamais nourri ses brebis de sa propre chair ?… Il arrive souvent que des mères confient à des nourrices leurs enfants. Le Christ n’agit pas de la sorte : il nous nourrit de son propre sang, il nous fait devenir un seul corps avec lui.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Touchez-moi, regardez. »

dimanche 14 avril 2024

Après la résurrection, comme le Seigneur était entré toutes portes closes (Jn 20,19), les disciples ne croyaient pas qu’il avait retrouvé la réalité de son corps, mais supposaient que son âme seule était revenue sous une apparence corporelle, comme les images qui se présentent à ceux qui rêvent dans leur sommeil. « Ils croyaient voir un esprit »…

« Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi des pensées inquiètes s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds. » Voyez, c’est-à-dire : soyez attentifs. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas un songe que vous voyez. Voyez mes mains et mes pieds, puisque, avec vos yeux accablés, vous ne pouvez pas encore regarder mon visage. Voyez les blessures de ma chair, puisque vous ne voyez pas encore les œuvres de Dieu. Contemplez les marques faites par mes ennemis, puisque vous ne percevez pas encore les manifestations de Dieu. Touchez-moi, pour que votre main vous donne la preuve, puisque vos yeux sont à ce point aveuglés… Découvrez les trous de mes mains, fouillez mon côté, rouvrez mes blessures, car je ne peux pas refuser à mes disciples en vue de la foi ce que je n’ai pas refusé à mes ennemis pour mon supplice. Touchez, touchez…, cherchez jusqu’aux os, pour confirmer la réalité de la chair, et que ces blessures encore ouvertes attestent que c’est bien moi…

Pourquoi ne croyez-vous pas que je suis ressuscité, moi qui ai rappelé à la vie plusieurs morts sous vos yeux ?… Quand j’étais pendu à la croix, on m’insultait en disant : « Lui qui a sauvé les autres, il ne peut pas se sauver lui-même. Qu’il descende de la croix et nous croirons » (Mt 27,40). Qu’est-ce qui est le plus difficile, descendre de la croix en arrachant les clous ou remonter des enfers en foulant aux pieds la mort ? Voilà que je me suis sauvé moi-même, et brisant les chaînes de l’enfer, je suis remonté vers le monde d’en haut.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)