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Archive pour la catégorie ‘Ecritures’

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je Suis. »

mardi 28 mars 2023

Veux-tu savoir quelle force est cachée dans le sang du Christ ? Vois d’où il a commencé à couler et d’où il a pris sa source : il descend de la croix, du côté du Seigneur. Comme Jésus déjà mort, dit l’Évangile, était encore sur la croix, le soldat s’approcha, « lui ouvrit le côté d’un coup de sa lance et il en jaillit de l’eau et du sang » (Jn 19,33-34). Cette eau était le symbole du baptême, et le sang, celui des mystères eucharistiques… C’est donc le soldat qui lui a ouvert le côté ; il a percé la muraille du temple saint ; et moi, j’ai trouvé ce trésor et j’en ai fait ma richesse…

« Et il jaillit de son côté de l’eau et du sang. » Ne passe pas avec indifférence auprès du mystère… J’ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des mystères eucharistiques. Or, l’Église est née de ces deux sacrements : par ce bain de la renaissance et de la rénovation dans l’Esprit, par le baptême donc, et par les mystères. Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent le Christ a formé l’Église à partir de son côté, comme il a formé Ève à partir du côté d’Adam (Gn 2,22).

C’est pourquoi Paul dit : « Nous sommes de sa chair et de ses os » (cf Ac 17,29; Gn 2,23), désignant par là le côté du Seigneur. De même en effet que le Seigneur a pris de la chair dans le côté d’Adam pour former la femme, ainsi le Christ nous a donné le sang et l’eau de son côté pour former l’Église. Et de même qu’alors il a pris de la chair du côté d’Adam pendant l’extase de son sommeil, ainsi maintenant il nous a donné le sang et l’eau après sa mort…, car désormais la mort n’est plus qu’un sommeil. Vous avez vu comment le Christ s’est uni son épouse ? Vous avez vu quel aliment il nous donne à tous ? C’est de ce même aliment que nous sommes nés et que nous sommes nourris. Ainsi que la femme engendre de son propre sang et nourrit de son lait ses enfants, de même le Christ nourrit constamment de son sang ceux qu’il a engendrés.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »

lundi 27 mars 2023

Le Christ est celui qui « sait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2,25), dans l’homme et la femme. Il connaît la dignité de l’homme, sa valeur aux yeux de Dieu. Par son être même, le Christ confirme pour toujours cette valeur. Tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait a son accomplissement définitif dans le mystère pascal de la rédemption. L’attitude de Jésus à l’égard des femmes rencontrées sur son chemin au cours de son ministère messianique est le reflet du dessein éternel de Dieu qui, en créant chacune d’elles, la choisit et l’aime dans le Christ (cf Ep 1,1-5)… Jésus de Nazareth confirme cette dignité, il la rappelle, la renouvelle, en fait une composante du message de l’Évangile et de la rédemption pour lequel il est envoyé dans le monde…

Jésus entre dans la situation historique concrète de ces femmes, situation grevée par l’héritage du péché. Cet héritage se traduit notamment par l’habitude de discriminer la femme à l’avantage de l’homme, et elle en est marquée. A ce point de vue, l’épisode de la femme surprise en adultère paraît d’une éloquence particulière. A la fin, Jésus lui dit : « Ne pèche plus », mais auparavant il éveille la conscience du péché chez les hommes qui l’accusent… Jésus semble dire aux accusateurs : cette femme avec tout son péché ne fait-elle pas apparaître aussi et surtout vos propres transgressions, votre injustice masculine, vos abus ?

Il y a là une vérité qui vaut pour tout le genre humain… Une femme est laissée seule, elle est exposée à l’opinion publique avec « son péché », alors que derrière son péché à elle se cache un homme pécheur, coupable du péché d’autrui, co-responsable de ce péché. Et pourtant, son péché à lui ne retient pas l’attention, il est passé sous silence… Que de fois la femme ne paie-t-elle pas seule de cette façon ? … Que de fois ne demeure-t-elle pas abandonnée avec sa maternité, quand l’homme, le père de l’enfant, ne veut pas en accepter la responsabilité ? Et à côté des nombreuses mères célibataires dans notre société, il faut penser aussi à toutes celles qui, très souvent, sous diverses pressions, même de la part de l’homme coupable, « se libèrent » de l’enfant avant la naissance. Elles « se libèrent », mais à quel prix ?

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Lazare, sors et viens ! » (Jn 11,43)

dimanche 26 mars 2023

Le Seigneur prononce cette seule parole : « Lazare, sors et viens » (Jn 11,43), comme un maître qui appelle son serviteur. Quoi donc ? Le serviteur est sorti pour obéir à son maître ? Il est sorti, il n’a pas tardé. L’Hadès n’a pas attendu, la mort ne s’est pas révoltée, les forces d’en bas n’ont pas différé ; elles ont été frappées de crainte, au contraire. L’Hadès, qui retenait Lazare depuis trois jours déjà dans son propre lieu, fut disloqué de partout comme un navire sans chevilles, jusqu’à obtenir la tranquillité. Les puissances d’en bas ne concevaient pas que Lazare finisse par être arraché des lieux souterrains.

Mais lorsque la voix du Maître tout à coup descendit dans le tombeau avec une grande lumière et commença aussitôt à faire repousser les cheveux sur la tête de Lazare, à remplir à nouveau de moelle ses os creux, et faire couler le sang vif pour emplir les veines, les puissances d’en bas, frappées de crainte, se crièrent les unes aux autres : « Qui est celui qui appelle ? Quel est ce tout-puissant ? Quel est celui qui façonne à nouveau le vase disloqué ? Quel est celui qui réveille un mort comme d’un sommeil ? Quel est celui qui brise les portes de fer ? Quel est celui qui crie : “Lazare, sors et viens” ? Car sa voix est un son humain, mais sa puissance est une puissance divine. Quel est celui qui l’appelle ? Ce n’est pas un homme. Sa forme est celle d’un home, mais sa voix est celle d’un Dieu. Renvoyons Lazare, faisons-le rapidement remonter, de peur que ne descende ici celui qui l’appelle, de peur que ne descende ici, s’il tarde, celui qui l’appelle. »

Les morts commencèrent à tressaillir et à bouger. « Qu’un seul nous fasse tort, disent-ils, afin que nous ne les perdions pas tous ». C’est ainsi que Lazare s’élança hors du sein de l’Hadès, confessant, louant et glorifiant notre Seigneur Jésus Christ.

Homélie attribuée à saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue. »

vendredi 24 mars 2023

Chercher Jésus est souvent un bien, car c’est la même chose que de chercher le Verbe, la vérité et la sagesse. Mais vous allez dire que les mots « chercher Jésus » sont parfois prononcés à propos de ceux qui lui veulent du mal. Par exemple : « Ils cherchaient à le saisir, mais personne ne porta la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue » (…) Il sait de qui il s’éloigne et auprès de qui il reste sans être encore trouvé, afin que si on le cherche on le trouve au temps favorable. L’apôtre Paul dit à ceux qui ne possèdent pas encore ainsi Jésus et ne l’ont pas contemplé : « Ne dis pas en ton cœur : ‘Qui montera au ciel ?’ Entends : pour en faire descendre le Christ. ‘Qui descendra dans l’abîme ?’ Entends : pour faire monter le Christ d’entre les morts. Que dit l’Écriture ? ‘La parole est tout près de toi dans ta bouche et dans ton cœur’ » (Rm 10,6-8).

Dans son amour pour les hommes, quand le Sauveur dit : « Vous me chercherez » (Jn 8,21), il fait entrevoir les choses du Royaume de Dieu, pour que ceux qui le cherchent ne le cherchent pas en dehors d’eux-mêmes en disant : « ‘Voici, il est ici’, ou bien ‘il est là’ ». L’Évangile leur dit : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Lc 17,21). Aussi longtemps que nous gardons la semence de la vérité déposée en notre âme et ses commandements, le Verbe ne s’éloigne pas de nous. Mais si le mal se répand en nous pour nous corrompre, Jésus nous dira : « Je m’en vais et vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché ».

Origène (v. 185-253)

 

 

Rendre témoignage à la vérité !

jeudi 23 mars 2023

Très révérend et très cher Père dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l’esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir aimer sincèrement la douce vérité. (…) C’est dans ce sang que nous connaissons la vérité à la lumière de la très sainte Foi, qui éclaire l’œil de l’intelligence. Alors l’âme s’embrase et se nourrit dans l’amour de cette vérité ; et par amour de la vérité, elle préférerait la mort à l’oubli de la vérité.

Elle ne tait pas la vérité quand il est temps de parler, car elle ne craint pas les hommes du monde ; elle ne craint pas de perdre la vie, puisqu’elle est disposée à la donner par amour de la vérité. Elle craint Dieu seul. La vérité reprend hautement, parce que la vérité a pour compagne la sainte justice, qui est une perle précieuse qui doit briller en toute créature raisonnable (…). La vérité se tait quand il est temps de se taire ; et en se taisant, elle crie par la patience, car elle n’ignore pas, mais elle discerne et elle connaît où se trouve plus l’honneur de Dieu et le salut des âmes. Ô très cher Père, passionnez-vous pour cette vérité. (…)

Je vous demande, par amour pour Jésus crucifié et pour ce doux sang répandu avec tant d’ardeur, de devenir l’époux de la vérité, afin d’accomplir la volonté de Dieu en vous et le désir de mon âme, qui souhaite vous voir mourir pour la vérité. Je finis ; demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 5,30)

mercredi 22 mars 2023

L’obéissance est une vertu qui unit l’homme à Dieu en le soumettant à la volonté divine, manifestée par Dieu lui-même ou ses représentants. On a pu dire de cette vertu qu’elle est presque théologale. En fait, elle se rattache à la vertu de justice qui nous fait rendre à Dieu ce qui lui est dû. Dieu a des droits souverains sur nous qui sommes ses créatures. La soumission à son bon vouloir et l’exécution en tous ses détails de la mission qu’il nous a confiée sont pour nous un devoir que nous impose sa souveraineté absolue.

D’ailleurs le plan à la réalisation duquel il nous demande de travailler est infiniment sage. Il doit procurer à la fois la gloire de Dieu et notre bonheur. Il n’y a rien que de hautement raisonnable, sage et sain en tout ce que Dieu exige de nous : ce Maître absolu n’exerce son pouvoir que pour notre bien et en respectant notre liberté. La sagesse des desseins de Dieu, aussi bien que son souverain pouvoir, fondent donc notre obéissance. (…)

C’est par l’obéissance que l’homme capte cette lumière [pratique qui nous indique la volonté de Dieu] et la fait entrer dans sa vie. L’obéissance marche toujours dans la lumière. Elle n’impose à l’intelligence la soumission qu’afin de lui faire dépasser ses lumières propres, qui ne peuvent être que limitées, pour la faire entrer dans la grande lumière de Dieu. Mystérieusement mais sûrement, elle indique à l’âme les sentiers que lui a tracés la Sagesse et la conduit en ces régions que cette Sagesse lui a fixées comme demeure d’éternité.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967)

 

 

 

« Veux-tu être guéri ? » (Jn 5,6)

mardi 21 mars 2023

L’homme a besoin sans cesse du secours divin : on le montrerait sans peine. L’humaine fragilité ne peut rien accomplir de ce qui regarde le salut, par soi seule et sans l’aide de Dieu. (…) Maintes fois, il arrive que nous souhaitons d’exécuter quelque utile dessein ; rien ne manque à l’ardeur de nos désirs, et la parfaite bonne volonté non plus ne nous fait pas défaut. N’est-il pas vrai pourtant qu’une faiblesse quelconque venant à la traverse, rend inutiles les vœux que nous avons formés et empêche le bon effet de nos résolutions, si le Seigneur, en sa miséricorde, ne nous donne la force de les accomplir ? La multitude est innombrable de ceux qui désirent loyalement se consacrer à la poursuite de la vertu ; mais, si vous comptez ceux qui réussissent à réaliser leur rêve et à persévérer dans leurs efforts, que vous en trouverez peu ! (…)

La protection divine nous suit donc inséparablement. Si grande est la tendresse du Créateur pour sa créature, que sa providence ne serait point satisfaite de nous accompagner ; elle nous précède toujours. Le prophète, qui en avait fait l’expérience, le témoigne ouvertement : « La miséricorde de mon Dieu me préviendra. » (Ps 58,11 Vg) Aperçoit-il en nous quelque commencement de bonne volonté, aussitôt il épanche sur nous sa lumière et sa force, il nous excite au salut, donnant la croissance au germe qu’il a semé lui-même ou qu’il voit sortir de terre par nos efforts. « Avant qu’ils crient vers moi, dit-il, je les entendrai ; ils parleront encore, que je les exaucerai. » (Is 65,24) Il est dit encore : « Au son de tes cris, aussitôt qu’il t’aura entendu, il te répondra. » (Is 30,19) Et non seulement il nous inspire de saints désirs ; mais il nous prépare les occasions de revenir à la vie, les circonstances favorables pour faire de bons fruits ; il montre aux égarés le droit au chemin du salut.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

« J’étais aveugle, et je vois. » (Jn 9,25)

dimanche 19 mars 2023

Telle est l’âme pauvre en esprit. Elle reconnaît ses blessures. Elle reconnaît aussi les ténèbres des passions qui l’entourent. Elle recherche continuellement la rédemption qui vient du Seigneur. Elle porte les peines, et ne se réjouit d’aucun des biens qui sont sur la terre. Elle recherche le seul bon médecin et ne se confie qu’à ses soins.

Comment donc cette âme blessée sera-t-elle belle, gracieuse et apte à vivre avec le Christ ? Comment, sinon en retrouvant son ancienne création et en reconnaissant clairement ses propres blessures et sa pauvreté ? Car si l’âme ne se complaît pas dans les blessures et les meurtrissures des passions, si elle ne couvre pas ses propres fautes, le Seigneur ne lui impute pas la cause du mal, mais il vient la soigner, la guérir et rétablir en elle une beauté impassible et incorruptible.

Seulement, qu’elle ne choisisse pas de rester attachée à ce qu’elle fait, comme il a été dit ; qu’elle ne se complaise pas dans les passions suscitées en elle, mais que de toute sa force elle appelle le Seigneur, afin qu’il lui donne par son Esprit bon d’être délivrée de toutes les passions. Donc une telle âme est bienheureuse.

Mais malheur à celle qui ne sent pas ses blessures et qui, portée par un grand vice et un endurcissement sans mesure, ne croit pas qu’il y a du mal en elle. Cette âme-là, le bon médecin ne la visite ni ne la soigne. Car elle ne le cherche pas, ni ne se soucie de ses blessures, tant elle considère qu’elle se porte bien et qu’elle est saine. Car il est dit : « Ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais ceux qui vont mal » (Mt 9,12).

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

« Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 18,14)

samedi 18 mars 2023

Regardez le Pharisien : c’est un homme convaincu de son importance, rempli et sûr de lui-même ; le « moi » de cet homme s’affiche dans les paroles, dans l’attitude. (…) Le pharisien a le « cœur double », comme dit le Psalmiste (Ps 11,3) ; le mépris qu’il fait du publicain montre qu’il se croit beaucoup plus parfait que lui ; et ainsi c’est à lui-même que réellement il réserve une gloire qu’en apparence il donne à Dieu. Il ne demande rien à Dieu, parce qu’il considère qu’il n’a besoin de rien ; il se suffit à lui-même ; il expose plutôt sa conduite à l’approbation de Dieu. (…) Au fond le personnage est persuadé pratiquement que toute sa perfection vient de lui. (…)

Quant à l’autre acteur de la scène, le publicain, que fait-il ? Il se tient à distance, n’osant même pas lever les yeux, car il se sent misérable. Pense-t-il avoir des titres dont il se puisse prévaloir devant Dieu ? Aucun. Il a conscience de n’apporter que ses péchés (…). Il ne se fie qu’en la miséricorde divine ; il n’attend rien, il n’espère rien que d’elle ; toute sa confiance, toute son espérance, il la place en Dieu. (…)

Or, comment Dieu agit-il avec ces deux hommes ? Bien différemment. « Je vous le dis, prononce le Christ Jésus, le publicain descendit justifié, à l’opposé de l’autre, le pharisien » (Lc 18,14). Le Christ Jésus, en terminant la parabole, établit lui-même la loi fondamentale qui réagit nos relations avec Dieu, il dégage la leçon essentielle que nous devons en apprendre : « Quiconque s’élève sera abaissé ; quiconque s’abaisse sera élevé » (Lc 18,14). Vous voyez à quel point l’orgueil est l’ennemi de l’union de l’âme à Dieu (…). Et comme Dieu est le principe de toute grâce, l’orgueil est pour l’âme le plus terrible de tous les dangers ; tandis qu’il n’y a pas de voie plus sûre pour atteindre la sainteté et pour trouver Dieu que l’humilité.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

« Tu aimeras de tout ton cœur. »

vendredi 17 mars 2023

Nous ne savons pas assez ce que Dieu veut de notre cœur, nous n’avons pas assez appris de Jésus dans l’Évangile que Dieu ne rejette pas le cœur qu’il a créé, que Dieu veut et peut convertir notre cœur, que Dieu veut que nous l’aimions de « tout notre cœur », que la charité déborde et dépasse notre cœur mais c’est dans notre cœur qu’elle « prend chair » en nous. Jésus n’est pas venu pour arracher notre cœur mauvais et faire de nous des hommes sans cœur, mais pour nous donner un cœur nouveau capable de devenir pareil au sien. L’Évangile d’un bout à l’autre nous enseigne, nous montre, nous propose la conversation du cœur.

Pour vivre il faut aimer. Le Sacré-Cœur, le cœur du Christ nous montre comment on est fait quand on est ressuscité du péché et vivant de la vie éternelle. Ce cœur que nous avons à recopier, à reproduire, à continuer sur le vif n’est pas seulement un cœur de juste. Pour lui ressembler, il ne suffit pas de remettre notre cœur à nous dans le bon sens, de le vérifier, de le rectifier, bref de faire un examen de conscience et des exercices de perfection.

Pour être le cœur de l’homme nouveau, il faut que ce cœur soit un cœur d’enfant de Dieu, un cœur qui accepte d’être envahi, dynamisé, possédé par l’amour de Dieu, par Dieu qui est Amour. Et ce cœur nouveau, ce cœur greffé de vie nouvelle, doit accepter filialement, c’est-à-dire librement, que l’amour de Dieu devienne en lui passion d’homme : la passion de donner à Dieu, pour le monde, et sans cesse, et tout entière, la vie qu’à chaque instant lui-même nous donne.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)