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Archive pour le mot-clef ‘St Jean’

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

mercredi 27 décembre 2023

Le Seigneur est venu lui-même, docteur de la charité, rempli de charité. (…) Réfléchissez avec moi, frères, à la nature de ces deux préceptes. Ils doivent vous être très connus, et non seulement vous venir à l’esprit, quand nous les rappelons, mais ne jamais s’effacer de nos cœurs : tel est notre devoir.

Pensez sans cesse qu’il faut aimer Dieu et son prochain. Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même. (…) L’amour de Dieu est le premier dans l’ordre du précepte, mais l’amour du prochain est le premier dans l’ordre de l’exécution. Et en effet, celui qui te commandait cet amour en deux préceptes, ne pouvait te commander d’aimer d’abord ton prochain et Dieu ensuite ; mais Dieu et le prochain.

Seulement, parce que tu ne vois pas encore Dieu, c’est en aimant le prochain que tu mérites de le voir ; en aimant le prochain, tu purifies ton œil pour voir Dieu. C’est pour Jean une évidence : « Si tu n’aimes pas ton frère que tu vois, comment pourra-tu aimer Dieu que tu ne vois pas ? » (1Jn 4,20) On te dit : Aime Dieu. Si tu me dis : Montre-moi celui que je dois aimer ; que répondrai-je, sinon ce que Jean dit lui-même : « Dieu, personne ne l’a jamais vu » (Jn1,18). Et pourtant ne te crois pas tout à fait étranger à la vision de Dieu : « Dieu, dit Jean, est Amour » ; et « quiconque demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1Jn 4,16).

Aime donc le prochain ; et considère en toi la source de cet amour du prochain ; là, autant, qu’il est possible, tu verras Dieu. (…) « Alors ta lumière poindra, comme la lumière du matin » (Is 58,8). Ta lumière, c’est ton Dieu, pour toi, lumière du matin, car elle succédera à la nuit de ce siècle : lui, en effet, il ne se lève ni ne se couche, car il demeure éternellement.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

mardi 27 décembre 2022

« Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, et que nos mains ont touché, c’est le Verbe de la vie » (1Jn 1,1). Y a-t-il quelqu’un qui touche de ses mains le Verbe de la vie, sinon parce que « le Verbe s’est fait chair et qu’il a établi sa demeure parmi nous » ? (Jn 1,14) Or, ce Verbe qui s’est fait chair pour être touché de nos mains a commencé d’être chair dans le sein de la Vierge Marie. Mais il n’a pas alors commencé d’être le Verbe, car il était « depuis le commencement », dit saint Jean. Voyez comme sa lettre confirme son évangile, où vous avez entendu lire : « Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était avec Dieu. »

Peut-être que certains comprennent le « Verbe de la vie » comme une formule quelconque pour désigner le Christ, et non pas précisément le corps du Christ, que les mains ont touché. Mais voyez la suite : « Oui, la vie s’est manifestée. » Le Christ est donc le Verbe de la vie. Et comment cette vie s’est-elle manifestée ? Car, même si elle était dès le commencement, elle ne s’était pas manifestée aux hommes : elle s’était manifestée aux anges, qui la voyaient et qui s’en nourrissaient comme de leur pain. C’est ce que dit l’Écriture : « L’homme a mangé le pain des anges » (Ps 77,25).

Donc, la Vie elle-même s’est manifestée dans la chair : elle a été placée en pleine manifestation afin qu’une réalité visible seulement par le cœur puisse être visible aussi aux yeux, afin de guérir les cœurs. Car seul le cœur voit le Verbe, la chair ne le voit pas. Nous étions capables de voir la chair mais pas le Verbe. Le Verbe s’est fait chair (…) pour guérir en nous ce qui nous rend capables de voir le Verbe (…) « Nous portons témoignage, dit saint Jean, nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous » (1Jn 1,2).

Saint Augustin (354-430)

 

 

« Venez à moi. »

mercredi 7 décembre 2022

Dans la plénitude où Jésus porte la foi, le Christ n’est pas seulement celui en qui nous croyons — la manifestation la plus grande de l’amour de Dieu — mais aussi celui auquel nous nous unissons pour pouvoir croire. La foi non seulement regarde vers Jésus, mais regarde du point de vue de Jésus, avec ses yeux ; elle est une participation à sa façon de voir. Dans de nombreux domaines de la vie, nous faisons confiance à d’autres personnes qui ont des meilleures connaissances que nous. Nous avons confiance dans l’architecte qui construit notre maison, dans le pharmacien qui nous présente le médicament pour la guérison, dans l’avocat qui nous défend au tribunal. Nous avons également besoin de quelqu’un qui soit digne de confiance et expert dans les choses de Dieu. Jésus, son Fils, se présente comme celui qui nous explique Dieu (Jn 1,18). La vie du Christ, sa façon de connaître le Père, de vivre totalement en relation avec lui, ouvre un nouvel espace à l’expérience humaine et nous pouvons y entrer.

Saint Jean a exprimé l’importance de la relation personnelle avec Jésus pour notre foi à travers divers usages du verbe « croire ». Avec le « croire que » ce que Jésus nous dit est vrai (14,10; 20,31), Jean utilise aussi les locutions « croire à » Jésus et « croire en » Jésus. « Nous croyons à » Jésus, quand nous acceptons sa Parole, son témoignage, parce qu’il est véridique (6,30). « Nous croyons en » Jésus, quand nous l’accueillons personnellement dans notre vie et nous nous en remettons à lui, adhérant à lui dans l’amour et le suivant au long du chemin (2,11; 6,47; 12,44).

Pour nous permettre de le connaître, de l’accueillir et de le suivre, le Fils de Dieu a pris notre chair, et ainsi sa vision du Père a eu lieu aussi de façon humaine, à travers une marche et un parcours dans le temps. (…) La foi dans le Fils de Dieu, fait homme en Jésus de Nazareth, ne nous sépare pas de la réalité, mais nous permet d’accueillir son sens le plus profond, de découvrir combien Dieu aime ce monde et l’oriente sans cesse vers lui ; et cela amène le chrétien à s’engager, à vivre de manière encore plus intense sa marche sur la terre.

Pape François

 

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

lundi 27 décembre 2021

En proportion de la grâce qui faisait que Jésus l’aimait et qui l’a fait reposer sur la poitrine de Jésus à la Cène (Jn 13,23), Jean a reçu avec abondance [les dons de l’Esprit] l’intelligence et la sagesse (Is 11,2) — l’intelligence pour comprendre les Écritures ; la sagesse pour rédiger ses propres livres avec un art admirable. À vrai dire, il n’a pas reçu ce don dès le moment où il a reposé sur la poitrine du Seigneur, même si par la suite il a pu puiser dans ce cœur « où sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3). Lorsqu’il dit qu’en entrant dans le tombeau « il vit et il crut », il reconnaît « qu’ils ne connaissaient pas encore les Écritures, et qu’il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20,9). Comme les autres apôtres, Jean a reçu sa pleine mesure lorsque l’Esprit Saint est venu [à la Pentecôte], lorsque la grâce a été donnée à chacun « selon la mesure du don du Christ » (Ep 4,7). (…)

Le Seigneur Jésus a aimé ce disciple plus que les autres (…), et il lui a ouvert les secrets du ciel (…) pour faire de lui l’écrivain du mystère profond dont l’homme ne peut rien dire par lui-même : le mystère du Verbe, la Parole de Dieu, du Verbe qui s’est fait chair. C’est le fruit de cet amour. Mais, même s’il l’aimait, ce n’est pas à lui que Jésus a dit : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16,18). (…) Tout en aimant tous ses disciples et surtout Pierre d’un amour de l’esprit et de l’âme, notre Seigneur a aimé Jean d’un amour du cœur. (…) Dans l’ordre de l’apostolat, Simon Pierre a reçu la première place et « les clés du Royaume des cieux » (Mt 16,19) ; Jean, lui, a obtenu un autre héritage : l’esprit d’intelligence, « un trésor de joie et d’allégresse » (Si 15,6).

Rupert de Deutz (v. 1075-1130)

 

 

Le désir de voir le Christ

jeudi 23 septembre 2021

Saint Jean écrit : « Nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons » (1 Jn 1, 2-3). Soyez bien attentifs : « Nous vous annonçons ce que nous avons vu et entendu ». Eux, ils ont vu le Seigneur lui-même présent dans la chair, ils ont entendu de la bouche du Seigneur ses paroles et ils nous les ont annoncées. Et nous, sans doute avons-nous entendu, mais nous n’avons pas vu. Sommes-nous donc moins heureux que ceux qui ont vu et entendu ? Pourquoi alors est-ce que Saint Jean ajoute : « Nous vous l’annonçons à vous aussi pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous » ? Eux, ils ont vu ; nous, nous n’avons pas vu, et cependant nous sommes en communion avec eux, car nous avons la même foi.

Au disciple qui a demandé à toucher pour croire (…) le Seigneur a dit, pour nous consoler, nous qui ne pouvons pas toucher mais qui pouvons atteindre le Christ par la foi : « Heureux ceux qui ne voient pas et qui croient » (Jn 20,29). C’est de nous dont il parle, c’est nous qu’il désigne. Que s’accomplisse donc en nous cette béatitude que le Seigneur a promise ! Tenons fermement à ce que nous ne voyons pas ; ceux qui ont vu nous l’annoncent pour que nous soyons en communion avec eux et que nous ayons « la plénitude de la joie » (v. 4).

Saint Augustin (354-430)

 

 

Pierre et Jean : l’unité dans la diversité

samedi 22 mai 2021

Certaines personnes à qui l’on ne peut pas accorder une promotion en déduisent qu’on ne les aime pas ; si on ne les implique pas dans les affaires et les fonctions, elles se plaignent d’être laissées pour compte. C’est la source de graves discordes entre des gens qui passaient pour être des amis, nous le savons bien ; au comble de l’indignation, ces gens se séparent et en arrivent à se maudire…

Que personne n’aille se dire laissé pour compte parce qu’on ne lui a pas accordé de promotion. À ce sujet, le Seigneur Jésus a préféré Pierre à Jean. Toutefois, en conférant la primauté à Pierre, il n’en a pas pour autant retiré son affection à Jean. Il a confié son Église à Pierre ; il a remis à Jean sa mère tendrement aimée (Jn 19,27). Il a donné à Pierre les clés de son royaume (Mt 16,19) ; il a découvert à Jean les secrets de son cœur (Jn 13,25). Pierre occupe donc un poste élevé, mais la place de Jean est plus sûre. Pierre a beau avoir reçu le pouvoir, quand Jésus dit : « L’un de vous me livrera » (Jn 13,21), il tremble et s’affole avec les autres ; Jean, enhardi par sa proximité du Seigneur, l’interroge, à l’instigation de Pierre, pour savoir de qui il parle. Pierre doit se livrer à l’action ; Jean est mis à part pour témoigner son affection, selon la parole : « Je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne ». Il nous a donné l’exemple afin que nous aussi fassions de même.

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)

 

 

Le vendredi de Pâques

vendredi 9 avril 2021

« Le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : ‘C’est le Seigneur !’ » Celui qui est aimé voit le premier ; l’amour porte sur toutes choses un regard plus aigu ; celui qui aime sent toujours avec plus de vivacité. (…) Quelle difficulté rend l’esprit de Pierre si lent et l’empêche de reconnaître Jésus le premier, comme il l’avait déjà fait ? Où est ce témoignage singulier qui lui faisait s’écrier : « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant » ? (Mt 16,16) Où est-il ? Pierre était entré chez Caïphe, le grand prêtre, où il avait entendu sans peine le chuchotement d’une servante, mais il tarde à reconnaître son Seigneur.

« Quand il entendit que c’était le Seigneur, il mit sa tunique, car il n’avait rien sur lui. » Que c’est étrange, mes frères ! (…) Pierre entre sans vêtement dans la barque, et se jette tout habillé dans la mer ! (…) Le coupable se voile toujours pour se dissimuler. Ainsi, comme Adam, aujourd’hui Pierre désire cacher sa nudité après sa faute ; tous deux, avant de pécher, n’étaient vêtus que d’une nudité sainte. « Il mit sa tunique et se jeta à la mer. » Il espérait que la mer laverait ce vêtement sordide qu’était la trahison. Il s’est jeté à la mer car il voulait revenir le premier, lui à qui les plus grandes responsabilités avait été confiées (Mt 16,18s). Il s’est ceint de sa tunique, car il devait se ceindre du combat du martyre, selon les paroles du Seigneur : « Un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas » (Jn 21,18). (…)

Les autres viennent avec la barque, en traînant leur filet plein de poissons. Avec beaucoup de peine ils ramènent avec eux l’Église jetée dans les vents du monde. C’est elle que ces hommes emportent dans le filet de l’Évangile vers la lumière du ciel et qu’ils arrachent aux abîmes pour la conduire auprès du Seigneur.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

Jésus aime celui qui le suit

samedi 30 mai 2020

L’amour de Jésus pour son fidèle disciple est indiqué dans les paroles : « Se retournant, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait, celui-là même qui, durant le repas, s’était penché sur sa poitrine » (Jn 21,20).

Celui qui suit vraiment le Seigneur désire que tous le suivent ; c’est pourquoi, il se retourne vers son prochain par des attentions, la prière et l’annonce de la parole. Le retournement de Pierre signifie tout cela. Nous trouvons la même pensée dans l’Apocalypse : « L’époux et l’épouse – le Christ et l’Église – disent : “Viens !” Que celui qui entend dise : “Viens !” » (Ap 22,17). Le Christ par l’inspiration intérieure, et l’Eglise par la prédication disent à l’homme : “Viens !” Et celui qui entend ces paroles dit à son prochain : “Viens !”, c’est-à-dire “Suis Jésus !”. Pierre se retournant vit donc marchant à sa suite le disciple que Jésus aimait. Jésus aime celui qui le suit.

Bien que son nom ne soit pas dit, Jean se distingue des autres, non parce que Jésus n’aimait que lui, mais parce qu’il l’aimait plus que les autres. Il aimait tous les autres, mais celui-ci lui était plus familier. (…) C’est lui qui « s’était penché sur sa poitrine durant le repas » (Jn 21,20). Ce fut un grand signe d’amour, le fait que lui seul ait pu se pencher sur la poitrine de Jésus, en qui « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3). (…)

Ainsi, durant la Cène du ciel, nous serons rassasiés pour l’éternité, nous reposerons avec Jean sur la poitrine de Jésus. Le cœur est dans la poitrine, l’amour dans le cœur. Nous reposerons dans son amour parce que nous l’aimerons de tout notre cœur et de toute notre âme, et que nous trouverons en lui tous les trésors de la sagesse et de la science. (…) À lui soit donc la louange et la gloire pour les siècles éternels.

Amen.

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231)

 

 

 

« Jésus s’écria d’une voix forte : Lazare, viens dehors ! » (Jn 11,43)

dimanche 29 mars 2020

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Parmi tous les miracles faits par notre Seigneur Jésus Christ, la résurrection de Lazare est particulièrement impressionnante. Mais si nous considérons celui qui l’a accomplie, notre joie doit dépasser notre étonnement. Celui qui a ressuscité cet homme a aussi créé l’homme, car il est le Fils unique du Père et par lui, vous le savez, tout a été fait (Jn 1,3). Si donc tout a été fait par lui, quoi d’étonnant qu’un homme soit ressuscité par lui alors que, chaque jour, il en fait naître un si grand nombre…

Tu as entendu que le Seigneur Jésus a ressuscité un mort ; cela te suffit pour apprendre que, s’il l’avait voulu, il aurait ressuscité tous les morts. Et c’est précisément ce qu’il s’est réservé pour la fin du monde. Car si vous avez entendu que Jésus a fait sortir du tombeau un mort de quatre jours par un grand miracle, « l’heure viendra, comme il le dit lui-même, où les morts entendront sa voix et ceux qui l’auront entendue vivront ». Il a ressuscité un homme déjà atteint de la pourriture du tombeau, mais ce corps avait gardé sa forme humaine ; au dernier jour d’un mot il rendra la vie à nos cendres pour reprendre leur première forme. Il fallait qu’en son temps le Christ accomplisse quelques actions nous donnant signe de sa puissance pour que nous croyions et que nous nous préparions à cette résurrection qui sera pour la vie et non pour la condamnation. Car « l’heure vient où tous ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de sa voix ; ceux qui ont fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal, pour la condamnation »…

Mais considérons les œuvres encore plus admirables du Christ : tout homme qui a la foi est un ressuscité ; et si nous sommes attentifs nous comprendrons qu’il y a des morts plus affreuses que celle de Lazare : tout homme qui pèche meurt. La mort corporelle, tout homme la craint ; mais il en est peu qui craignent la mort de l’âme. Ah, si nous pouvions réveiller les hommes de leur apathie et nous réveiller avec eux pour aimer la vie éternelle avec autant d’ardeur qu’ils aiment cette vie fugitive !

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean, n°49, 1-3 ; CCL 36, 419-421 (trad. Orval rev.)

 

 

 

 

 

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

vendredi 27 décembre 2019

Près de sa crèche, le Sauveur désire également la présence de celui qui lui était particulièrement cher pendant sa vie : Jean, le disciple que Jésus aimait (Jn 13,23). Nous le connaissons bien comme figure de la pureté virginale. Parce qu’il était pur, il a plu au Seigneur. Il a pu reposer sur le Cœur de Jésus et y être initié aux mystères du Cœur divin (Jn 13,25). Comme le Père céleste a rendu témoignage à son Fils en proclamant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Mc 9,7), de même l’Enfant divin semble aussi nous désigner son disciple bien-aimé et nous dire : « Nul encens ne m’est plus agréable qu’un cœur pur qui se donne avec amour. Écoutez celui qui a pu voir Dieu parce qu’il avait un cœur pur » (Mt 5,8).

Nul n’a pu plonger plus profondément que lui dans la contemplation des abîmes cachés de la vie divine. C’est pourquoi il nous annonce le mystère de l’engendrement éternel du Verbe divin. (…) Il a partagé les combats de son Seigneur comme seule peut le faire une âme qui aime d’un amour sponsal. (…) Il nous a fidèlement conservé et transmis les témoignages que le Sauveur rendait lui-même à sa propre divinité devant ses amis et ses ennemis. (…) Par lui nous savons à quelle participation à la vie du Christ et à la vie du Dieu-Trinité nous sommes destinés. (…)

La présence de Jean à la crèche du Seigneur nous dit : voyez ce qui est préparé pour ceux qui s’offrent à Dieu d’un cœur pur. Toute la plénitude inépuisable de la vie à la fois humaine et divine de Jésus leur est royalement accordée en échange. Venez et buvez aux sources de l’eau de la vie, que le Seigneur fait couler pour les assoiffés et qui jaillissent en vie éternelle (Jn 7,37; 4,14). Le Verbe est devenu chair et il est couché devant nous sous l’aspect d’un enfant nouveau-né.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)