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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

Patience et charité !

lundi 16 juin 2025

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] C’est par le prochain que l’homme expérimente qu’il possède en soi-même la vertu de patience, à l’occasion de l’injure qu’il reçoit de lui. C’est l’orgueilleux qui lui fait prendre conscience de sa propre humilité, comme l’incroyant, de sa foi, le désespéré, de son espérance, l’injuste, de sa justice, le cruel, de sa miséricorde, l’irascible, de sa mansuétude et bénignité. Toutes les vertus s’éprouvent et s’exercent par le prochain comme aussi c’est par lui que les pervers font voir toute leur malice. (…)

Quand il voit l’infidèle, sans espérance en moi, ‒ car celui qui ne m’aime pas ne peut avoir foi ni confiance en moi, il ne croit et n’espère qu’en sa propre sensualité qui lui prend tout son amour ‒ mon serviteur fidèle ne laisse pas cependant de l’aimer fidèlement et avec l’espérance de chercher en moi son salut. Ainsi donc l’infidélité des uns et leur manque d’espérance servent à manifester la foi du croyant.

Non seulement la vertu s’affermit en ceux qui rendent le bien pour le mal, mais, je te le dis, souventes fois l’épreuve fait d’eux des charbons ardents, tout brûlants du feu de la charité dont la flamme consume la haine et les ressentiments jusque dans le cœur et l’esprit du méchant irrité, transformant ainsi l’inimitié en bienveillance. Telle est l’efficacité de la charité et de la parfaite patience en celui qui est en butte à la colère du méchant et subit sans se plaindre ses assauts.

Si tu considères la vertu de force et de persévérance, elle se prouve par le long support des affronts et des médisances des hommes, qui souvent, tantôt par la violence, tantôt par la flatterie cherchent à détourner de la voie et de la doctrine de la Vérité. Elle demeure inébranlable et résiste à toute adversité, si vraiment la vertu de force a été conçue intérieurement ; c’est alors qu’elle se prouve dans ses rapports avec le prochain.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

« Si ton œil est vraiment clair, ton corps tout entier sera dans la lumière. » (Mt 6,22)

vendredi 13 juin 2025

L’homme s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes : la simplicité et la pureté.
La simplicité doit être dans l’intention, et la pureté dans l’affection.
La simplicité cherche Dieu ; la pureté le trouve et le goûte.
Nulle bonne œuvre ne te sera difficile, si tu es libre au dedans de toute affection déréglée.
Si tu ne veux que ce que Dieu veut, et ce qui est utile au prochain, tu jouiras de la liberté intérieure.
Si ton cœur était droit, alors toute créature te serait un miroir de vie et un livre rempli de saintes instructions.
Il n’est point de créature si petite et si vile qui ne présente quelque image de la bonté de Dieu.
Si tu avais en toi assez d’innocence et de pureté, tu verrais tout sans obstacle. Un cœur pur pénètre le ciel et l’enfer.
Chacun juge des choses du dehors selon ce qu’il est au dedans de lui-même.
S’il est quelque joie dans le monde, le cœur pur la possède.

L’Imitation de Jésus Christ

« Va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. »

jeudi 12 juin 2025

C’est l’unique et même Christ qui est présent dans le pain eucharistique en tout lieu de la terre. Cela signifie que nous ne pouvons le rencontrer qu’avec tous les autres. Nous ne pouvons le recevoir que dans l’unité. N’est-ce pas ce que nous a dit l’apôtre Paul ? Écrivant aux Corinthiens, il affirme : « Puisqu’il y a un seul pain, à plusieurs nous sommes un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1Co 10,17). La conséquence est claire : nous ne pouvons pas communier avec le Seigneur, si nous ne communions pas entre nous. Si nous voulons nous présenter à lui, nous devons également nous mettre en mouvement pour aller à la rencontre les uns des autres. C’est pourquoi il faut apprendre la grande leçon du pardon : ne pas laisser notre âme être rongée par le ressentiment, mais ouvrir notre cœur à la magnanimité de l’écoute de l’autre, ouvrir notre cœur à la compréhension à son égard, à l’éventuelle acceptation de ses excuses, au don généreux des nôtres.

L’eucharistie, répétons-le, est le sacrement de l’unité. Mais malheureusement, les chrétiens sont divisés, précisément dans le sacrement de l’unité. Soutenus par l’eucharistie, nous devons d’autant plus nous sentir incités à tendre de toutes nos forces à cette pleine unité que le Christ a ardemment souhaitée au Cénacle (Jn 17,21-22). (…) Je voudrais réaffirmer ma volonté de prendre l’engagement fondamental d’œuvrer avec toute mon énergie à la reconstruction de l’unité pleine et visible de tous les disciples du Christ. Je suis conscient que les manifestations de bons sentiments ne suffisent pas pour cela. Il faut des gestes concrets qui entrent dans les âmes et qui secouent les consciences, sollicitant chacun à cette conversion intérieure qui est le présupposé de tout progrès sur la route de l’œcuménisme.

Benoît XVI

Que brille la lumière de votre charité !

mardi 10 juin 2025

« Que votre lumière brille devant les hommes pour que, voyant vos bonnes œuvres, ils en rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5,16). Qui ne reconnaîtrait la présence de Dieu là où apparaît une authentique vertu ? Car celle-ci, en vérité, n’existe pas sans Dieu, et elle ne peut obtenir ce qui appartient à Dieu sans être fortifiée par l’Esprit créateur.

Le Seigneur a dit à ses disciples : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5) ; ce qui veut dire que l’homme qui fait le bien tient de Dieu la réalisation de son œuvre et le commencement de son vouloir. C’est pourquoi l’Apôtre exhorte inlassablement les croyants par ces mots : « Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement ; car c’est Dieu qui produit en vous la volonté et l’action » (Ph 2,12-13). Voilà de quoi inspirer aux chrétiens la crainte que, dans l’exaltation de leurs bonnes œuvres mêmes, ils se retrouvent privés du secours de la grâce et abandonnés à leur faiblesse naturelle. (…)

Ceux à qui il est dit : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Lc 17,21), ne font rien que par l’Esprit de celui dont la volonté les conduit. Sachant donc, mes frères, que « Dieu est charité » (1 Jn 4,16), lui « qui opère tout en tous » (1 Co 12,6), recherchez la charité afin que les cœurs de tous les croyants s’unissent dans un même sentiment de pur amour.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

Jésus aime celui qui le suit…

samedi 7 juin 2025

L’amour de Jésus pour son fidèle disciple est indiqué dans les paroles : « Se retournant, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait, celui-là même qui, durant le repas, s’était penché sur sa poitrine » (Jn 21,20).

Celui qui suit vraiment le Seigneur désire que tous le suivent ; c’est pourquoi, il se retourne vers son prochain par des attentions, la prière et l’annonce de la parole. Le retournement de Pierre signifie tout cela. Nous trouvons la même pensée dans l’Apocalypse : « L’époux et l’épouse – le Christ et l’Église – disent : “Viens !” Que celui qui entend dise : “Viens !” » (Ap 22,17). Le Christ par l’inspiration intérieure, et l’Eglise par la prédication disent à l’homme : “Viens !” Et celui qui entend ces paroles dit à son prochain : “Viens !”, c’est-à-dire “Suis Jésus !”. Pierre se retournant vit donc marchant à sa suite le disciple que Jésus aimait. Jésus aime celui qui le suit.

Bien que son nom ne soit pas dit, Jean se distingue des autres, non parce que Jésus n’aimait que lui, mais parce qu’il l’aimait plus que les autres. Il aimait tous les autres, mais celui-ci lui était plus familier. (…) C’est lui qui « s’était penché sur sa poitrine durant le repas » (Jn 21,20). Ce fut un grand signe d’amour, le fait que lui seul ait pu se pencher sur la poitrine de Jésus, en qui « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3). (…)

Ainsi, durant la Cène du ciel, nous serons rassasiés pour l’éternité, nous reposerons avec Jean sur la poitrine de Jésus. Le cœur est dans la poitrine, l’amour dans le cœur. Nous reposerons dans son amour parce que nous l’aimerons de tout notre cœur et de toute notre âme, et que nous trouverons en lui tous les trésors de la sagesse et de la science. (…) À lui soit donc la louange et la gloire pour les siècles éternels. Amen.

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231)

Guéris-mes reniements par ton amour !

vendredi 6 juin 2025

Trois fois de suite par la parole de l’amour
En interrogeant après le repas,
La triple négation
De Pierre, Tu l’as guérie.

En moi, même interrogé mille fois,
Des parcelles de bien ne paraissent pas ;
Guéris la plaie de la blessure
Et mets-y profond l’onguent,

Afin que je sois transpercé par ton amour
Et que mon cœur T’embrasse,
Comme le Sage a chanté
L’amour de l’épouse envers l’Époux.

Et veuille me diriger comme lui
Afin de Te suivre au ciel,
Bien qu’une chose pareille soit impossible pour moi,
Mais tout à fait possible pour Toi.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient avec moi. » (Jn 17,24)

jeudi 5 juin 2025

Cette prière se résume en trois points qui constituent la somme du salut et même de la perfection, si bien qu’on ne peut rien y ajouter : à savoir, que les disciples soient gardés du mal, sanctifiés dans la vérité et glorifiés avec lui. « Père, dit-il, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, pour qu’ils contemplent ta gloire » (Jn 17,24).

Heureux ceux pour qui plaide le juge lui-même : il intercède pour eux et doit être adoré avec autant d’honneur que celui à qui il adresse ses prières. Le Père ne lui refusera pas le souhait de ses lèvres, car il partage avec lui une seule volonté et un seul pouvoir, puisqu’il n’y a qu’un Dieu. Tout ce qu’il demande s’accomplira nécessairement, car sa parole est puissante et sa volonté efficace. Pour tout ce qui existe, « il a dit et ce fut fait, il a commandé et ce fut créé » (Ps 32,9). « Je veux, dit-il, que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi ».

Quelle certitude pour les croyants ! pourvu, du moins, qu’ils ne rejettent pas la grâce qu’ils ont reçue. Car cette assurance n’est pas offerte aux seuls apôtres, ou à leurs compagnons, mais à tous ceux qui par leur parole croiront à la Parole de Dieu : « Je ne prie pas pour eux seulement, dit-il, mais pour ceux-là aussi qui grâce à leur parole croiront en moi » (Jn 17,20).

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

« Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. » (Jn 17,19)

mercredi 4 juin 2025

« Ceux qui s’attachent à des vanités inutilement perdront la miséricorde qui leur est offerte »(cf. Jon 2,9 LXX). Dieu par nature est miséricordieux, et prêt à sauver par clémence ceux qu’Il ne peut sauver par justice. Mais nous, par notre vice, nous gâchons et nous perdons la miséricorde préparée et s’offrant d’elle-même. (…) Bien que soit offensée la Miséricorde, c’est-à-dire Dieu Lui-même, car « Dieu est miséricordieux et bon, patient et plein de pitié » (cf. Ps 144,8 LXX) cependant elle n’abandonne pas ceux qui s’attachent à des vanités , elle ne les maudit pas ; mais elle attend qu’ils reviennent, tandis qu’eux abandonnent délibérément la miséricorde qui est là, devant eux. (…)

« Mais moi, avec les accents de la louange et de l’action de grâce, je t’offrirai un sacrifice. Les vœux que j’ai faits, je m’en acquitterai envers Toi, Seigneur, en signe de salut. »(cf. Jon 2,10 LXX) (…) Moi, qui ai été dévoré pour le salut d’une multitude, je t’offrirai un sacrifice aux accents de la louange et de l’action de grâce en m’offrant moi-même. Car « le Christ, notre Pâque, a été immolé »(1 Cor 5,7). Pontife véritable et agneau, il s’est offert pour nous. ― Et je te rendrai grâces, dit-il, comme je t’ai rendu grâces en disant : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre »(cf. Mt 11,25) et je m’acquitte des vœux que j’ai formés pour le salut de tous, afin que « tout ce que tu m’as donné ne périsse pas à jamais »(cf. Jn 6,39).

Nous voyons ce que, dans sa passion, le Seigneur a promis pour notre salut. Ne rendons pas Jésus menteur et soyons purs et détachés de tout péché, pour qu’il nous offre à Dieu à qui il nous a voués.

Saint Jérôme (347-420)

« La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent. » (Jn 17,3)

mardi 3 juin 2025

Il est dit que dans le ciel « nous serons semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3,2). Aussitôt que l’âme bienheureuse voit Dieu, elle s’identifie avec lui dans l’intelligence par la vérité, et dans la volonté par l’amour. Dans la mesure du possible, l’âme sera, – non pas égale évidemment ‒ mais semblable à Dieu : la vision béatifique opère cette transformation, de rendre unie dans l’unité.

Or, qu’est-ce qui, durant cette vie, prélude pour nous à la vision des élus ? L’oraison dans la foi. L’âme en contemplant Dieu par la foi dans l’oraison, voit ses perfections et toute vérité ; elle se livre à cette vérité ; et voyant ainsi en Dieu le Bien souverain, le Bien unique, sa volonté s’unit à cette volonté divine, source pour l’âme de toute béatitude : et plus cette adhésion est puissante, plus l’âme est unie à Dieu. C’est pourquoi l’oraison dans la foi est si précieuse pour l’âme. Nous devons désirer arriver à un haut degré dans cette oraison, c’est-à-dire atteindre à cette union pleine d’amour et très simple à Dieu, qui résulte d’une effusion de la très pure lumière divine. (…)

Dans les conditions ordinaires de sa Providence, Dieu ne se donne à l’âme avec cette plénitude qu’au soir de la vie, quand l’âme a prouvé, par une constante fidélité aux inspirations de la grâce, qu’elle est tout entière à Dieu et qu’en toutes choses elle ne cherche véritablement que lui seul. Nous devons tendre à cet état bienheureux, auquel certainement beaucoup d’âmes religieuses sont appelées. (…) Bienheureux état, dans lequel l’âme, tout à Dieu, prélude à cette éternelle union où elle trouvera la béatitude sans fin !

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

Ton âme est une pierre vivante de l’Église

lundi 2 juin 2025

Il ne faut pas perdre l’élan intérieur de la confiance et de la foi dans un monde qui apostasie. D’une certaine manière, cela doit donner encore plus de valeur à l’élan de foi que chacun de nous peut faire.

Il n’y a qu’une chose qui dépende de vous : c’est votre attitude intérieure. Si vous tenez votre âme dans la lumière de Dieu, vous êtes une pierre vivante de l’Église. La transformation de l’Église que vous pouvez faire, elle est dans votre cœur. Si chacun de nous est une petite pierre de lumière dans le monde actuel, la cité de Jérusalem se construit déjà à l’intérieur de votre cœur. Du petit milieu immédiat dans lequel vous pouvez avoir une influence, il y a un rayon qui part. Alors vous restez là, non sans souffrance – c’est impossible quand on aime Dieu de ne pas souffrir en voyant l’état actuel du monde –, mais dans la paix, une paix profonde, une paix qui est une adoration, et une réponse faite à Dieu aux négations que lui oppose le monde.

Vous lui avez dit « oui » dans votre cœur ; ce « oui » vous a peut-être coûté beaucoup d’arrachements, de déchirements; vous avez essayé d’être fidèle, non pas sans misères, mais ce « oui » que vous avez dit, que vous n’avez pas renié, il est très grand. Et les anges dans le ciel, qui voient le monde tel qu’il est, ne voient pas seulement ce que dit la grande presse et les moyens de communication qui s’agenouillent devant le monde ; ils voient quelque chose de plus mystérieux, de plus profond. Il faut garder la paix.

Cardinal Charles Journet (1891-1975)