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Archive pour la catégorie ‘Enseignement’

« Guérissant toute maladie et toute infirmité »

samedi 6 décembre 2025

Frères, vous connaissez celui qui vient ; considérez maintenant d’où il vient et où il va. Il vient du cœur de Dieu le Père dans le sein d’une Vierge Mère. Il vient des hauteurs du ciel dans les régions inférieures de la terre. Quoi donc ? Ne nous faut-il pas vivre sur cette terre ? Oui, s’il y demeure lui-même ; car où serons-nous bien sans lui ? « Qu’y a-t-il pour moi au ciel, qu’ai-je voulu sur la terre, sinon toi, le Dieu de mon cœur, mon partage à jamais ? » (Ps 72,25-26)…

Mais il fallait qu’un grand intérêt soit en cause pour qu’une majesté si haute daigne descendre de si loin en un séjour si indigne d’elle. Oui, il y avait là un grand intérêt en jeu, puisque là, la miséricorde, la bonté, la charité se sont manifestées dans une large et abondante mesure. Pourquoi en effet Jésus Christ est-il venu ? … Ses paroles et ses œuvres nous le montrent clairement : il est venu en toute hâte des montagnes pour chercher la centième brebis, celle qui était perdue, pour faire éclater sa miséricorde à l’égard des enfants des hommes.

 Il est venu pour nous. Admirable condescendance du Dieu qui cherche ! Admirable dignité de l’homme ainsi cherché ! L’homme peut s’en glorifier sans folie : non que de lui-même il soit quelque chose, mais celui qui l’a fait l’a estimé à un si haut prix ! En comparaison de cette gloire, les richesses et la gloire du monde et tout ce que l’on peut y ambitionner ne sont rien. Qu’est-ce que l’homme, Seigneur, pour que tu l’élèves ainsi et que tu y attaches ton cœur ?

C’était à nous à aller vers Jésus Christ… Or un double obstacle nous arrêtait : nos yeux étaient bien malades, et Dieu habite la lumière inaccessible (1Tm 6,16). Paralytiques gisant sur notre grabat, nous étions incapables d’atteindre la demeure si élevée de Dieu. C’est pourquoi le très bon Sauveur et doux médecin des âmes est descendu de là-haut où il habite. Il a adouci pour nos yeux malades l’éclat de sa lumière.

Saint Bernard (1091-1153)

« Leurs yeux s’ouvrirent. »

vendredi 5 décembre 2025

 « Notre Dieu viendra manifestement, et il ne se taira pas » (Ps 49,3 Vulg). En effet, le Seigneur Christ, notre Dieu, le Fils de Dieu, est venu de façon cachée dans son premier avènement ; il viendra de façon manifeste dans son second. Quand il est venu caché, il n’a été connu que de ses serviteurs ; quand il viendra manifestement, il sera connu des bons et des mauvais. Quand il est venu caché, c’était pour être jugé ; quand il viendra manifestement, ce sera pour être le juge. Autrefois, il était jugé, il s’est tu, et le prophète avait prédit ce silence : « Comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche » (Is 53,7), mais « notre Dieu viendra manifestement, et il ne se taira pas »…

Maintenant ce qu’on appelle bonheur de ce monde, les méchants le possèdent aussi ; et ce qu’on appelle le malheur de ce monde les bons le possèdent aussi. Si des hommes ne croient qu’aux réalités présentes et ne croient pas aux réalités futures, c’est parce qu’ils observent que les biens et les maux de ce monde présent appartiennent indistinctement aux bons et aux mauvais. S’ils ambitionnent les richesses, ils voient qu’elles appartiennent aux pires des hommes aussi bien qu’aux bons. S’ils ont horreur de la pauvreté et des misères de cette vie, ils voient qu’elles font souffrir non seulement les mauvais, mais aussi les bons, et ils disent dans leur cœur : « Dieu ne voit pas » (Ps 93,7), il ne dirige pas les affaires humaines. Il nous laisse totalement rouler au hasard dans l’abîme profond de ce monde, et il ne nous montre en rien sa providence. Et s’ils méprisent les préceptes de Dieu, c’est parce qu’ils ne voient pas son jugement se manifester…

Saint Augustin (354-430)

Entrer dans le Royaume en faisant la volonté du Père

jeudi 4 décembre 2025

Un jour où Gertrude priait pour [la santé de leur Mère] avec le désir de connaître dans quelle situation elle se trouvait, le Seigneur répondit : « C’est avec une joie incomparable que j’ai attendu ce jour pour conduire dans la solitude celle que je me suis choisie, afin de lui parler au cœur (cf. Os 2,16). Je n’ai pas été déçu dans mon attente (cf. Ps 77,30) : elle répond toujours selon mon parfait bon plaisir et m’obéit en tout pour ma plus douce joie. » Ce qui signifie : la maladie est cette solitude où le Seigneur parle au cœur et non à l’oreille de sa bien-aimée. (…)

Ces paroles que le Seigneur dit à son élue sont les épreuves et les préoccupations de son cœur : la malade songe qu’elle est inutile, qu’elle perd son temps sans résultat, que les autres travaillent pour elle, et cela en pure perte puisque le bien de la santé ne s’ensuivra peut-être jamais. A tout cela elle répond d’une manière conforme au bon plaisir divin, gardant la patience en son cœur, désirant que la volonté de Dieu s’accomplisse parfaitement en elle. (…)

Et le Seigneur ajouta : « Mon élue se soumet à moi pour ma plus grande joie lorsqu’elle ne cherche pas à se soustraire aux incommodités de la maladie. (…) Or, plus je fais peser sur elle l’infirmité et la fatigue, plus aussi elle m’est docile en acceptant patiemment et avec discrétion pour le plaisir de mon très doux de mon Cœur, les soulagements et ménagements nécessaires à son corps. Et ceci est une pierre de plus à sa couronne, car parfois elle ne le fait pas sans peine. Qu’elle reprenne courage cependant en se rappelant que grâce à ma bienveillance et à ma tendresse « tout coopère au bien de ceux qui aiment » (cf. Rm 8,28)

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

Notre pain dans le désert : l’eucharistie, gage de la gloire à venir

mercredi 3 décembre 2025

Si l’eucharistie est le mémorial de la Pâque du Seigneur, si par notre communion à l’autel nous sommes « comblés de toute bénédiction céleste et grâce » (Canon romain), l’eucharistie est aussi l’anticipation de la gloire céleste. Lors de la dernière Cène, le Seigneur a lui-même tourné le regard de ses disciples vers l’accomplissement de la Pâque dans le Royaume de Dieu : « Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je boirai avec vous le vin nouveau dans le Royaume de mon Père » (Mt 26,29). Chaque fois que l’Eglise célèbre l’eucharistie, elle se souvient de cette promesse et son regard se tourne vers « Celui qui vient » (Ap 1,4). Dans sa prière, elle appelle sa venue : « Marana tha » (1Co 16,22), « Viens, Seigneur Jésus » (Ap 22,20). « Que ta grâce vienne et que ce monde passe ! » (Didaché)

L’Eglise sait que, dès maintenant, le Seigneur vient dans son eucharistie et qu’il est là au milieu de nous ; cependant, cette présence est voilée. C’est pour cela que nous célébrons l’eucharistie en « attendant la bienheureuse espérance et l’avènement de notre Sauveur Jésus Christ » (Tt 2,13), en demandant « d’être comblés de ta gloire, dans ton Royaume, tous ensemble et pour l’éternité, quand tu essuieras toute larme de nos yeux ; en te voyant, toi notre Dieu, tel que tu es, nous te serons semblables éternellement, et sans fin nous chanterons ta louange, par le Christ, notre Seigneur » (Prière eucharistique 3).

De cette grande espérance, celle des cieux nouveaux et de la terre nouvelle en lesquels habitera la justice (2P 3,13), nous n’avons pas de gage plus sûr, de signe plus manifeste que l’eucharistie. En effet, chaque fois qu’est célébré ce mystère, « l’œuvre de notre rédemption s’opère » (LG 3) et nous « rompons un même pain qui est remède d’immortalité, antidote pour ne pas mourir, mais pour vivre en Jésus Christ pour toujours » (St Ignace d’Antioche).

Catéchisme de l’Église catholique

Dieu nous a tout offert en son Fils

mardi 2 décembre 2025

Avec bonté et douceur, comme un roi qui enverrait le roi, son fils, Dieu a envoyé Dieu, le Verbe, parmi les hommes. Il l’a envoyé pour les sauver par la persuasion, et non par la violence, car il n’y a pas de violence en Dieu. Il l’a envoyé pour appeler, et non pour accuser ; il l’a envoyé pour aimer, et non pour juger. (…)

Nul d’entre les hommes ne l’a vu ni connu ; c’est lui-même qui s’est manifesté. Et il s’est manifesté par la foi à qui seule est accordée la vision de Dieu. Le Maître et le Créateur de l’univers, Dieu, qui a fait toutes choses et les a disposées avec ordre, s’est montré non seulement plein d’amour pour les hommes, mais patient. Lui, il a toujours été, il est et il restera le même : secourable, bon, doux, véridique ; et lui seul est bon.

Pourtant lorsqu’il eut conçu son grand et ineffable dessein, il n’en fit part qu’à son Fils unique. Tant qu’il maintenait dans le mystère et réservait le plan de sa sagesse, il semblait nous négliger et ne pas se soucier de nous. Mais quand il eut révélé par son Fils bien-aimé et manifesté ce qu’il avait préparé depuis le commencement, il nous offrit tout en même temps : et la participation à ses bienfaits, et la vision, et l’intelligence. Qui de nous aurait jamais pu s’y attendre ?

La Lettre à Diognète (v. 200)

La terre entière sera remplie de la majesté de Dieu

lundi 1 décembre 2025

Un jour le Sauveur doit venir pour refaire la force de notre corps, comme le dit l’apôtre Paul : « Nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Ph 3,20-21)…

 Le Dieu Sabaoth, le Seigneur des puissances, le Roi de gloire, viendra du ciel transformer lui-même nos corps, pour les rendre semblables à son corps glorieux. Quelle gloire, quelle joie quand le Créateur de l’univers, qui s’était caché sous une apparence tout humble quand il est venu nous racheter, apparaîtra dans toute sa gloire et sa majesté…, à tous les regards, pour glorifier nos corps de misère ! Qui se rappellera alors l’humilité de son premier avènement, quand on le verra descendre dans la lumière, précédé des anges qui tireront notre corps de la poussière, au son de la trompette, pour l’enlever ensuite au-devant du Christ ? (1Th 4,16s)…

Que notre âme se réjouisse donc et que notre corps repose dans l’espérance en attendant notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ qui le transformera pour le rendre semblable à son corps de gloire. Un prophète écrit : « Si mon âme a soif de toi, combien plus mon corps ne te désire aussi ! » (Ps 62,2 Vulg) L’âme de ce prophète appelait de tous ses vœux le premier avènement du Sauveur qui devait le racheter ; mais sa chair appelait encore plus vivement le dernier avènement où elle doit être glorifiée. C’est alors que tous nos vœux seront comblés : la terre entière sera remplie de la majesté de Dieu. Puisse la miséricorde de Dieu nous conduire à cette gloire, à ce bonheur, à cette paix qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer (Ph 4,7) et que notre Seigneur Jésus Christ ne permette pas que notre attente ardente de notre Sauveur soit déçue.

Saint Bernard (1091-1153)

« Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »

jeudi 27 novembre 2025

 « Les puissances des cieux seront ébranlées. » Qui le Seigneur appelle-t-il puissances des cieux, sinon les anges, les archanges, les Trônes, les Dominations, les Principautés et les Puissances ? (Col 1,16) Ils apparaîtront visiblement lors de la venue du Juge… « Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec une grande puissance et une grande majesté. » C’est comme si on disait clairement : « Ils verront dans la puissance et la majesté celui qu’ils n’ont pas voulu écouter lorsqu’il se présentait dans l’humilité ». (…) Cela est dit à l’intention des réprouvés. Les paroles qui suivent sont adressées aux élus pour les consoler : « Quand cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » C’est comme si la Vérité avertissait clairement ses élus en disant : « Au moment où les malheurs du monde se multiplient (…), réjouissez-vous en vos cœurs. Tandis que finit le monde, dont vous n’êtes pas les amis, la rédemption que vous avez désirée approche. »

Ceux qui aiment Dieu sont invités à se réjouir de voir approcher la fin du monde, parce qu’ils trouveront bientôt le monde qu’ils aiment, lorsqu’aura passé celui auquel ils ne sont pas attachés. Que le fidèle désirant voir Dieu se garde bien de pleurer sur les malheurs qui frappent le monde, puisqu’il sait que ces malheurs mêmes amènent sa fin. Il est écrit en effet : « Celui qui veut être l’ami des choses de ce monde se rend ennemi de Dieu » (Jc 4,4). Celui qui ne se réjouit donc pas de voir approcher la fin de ce monde, celui-là montre qu’il est son ami, et par là il donne des preuves d’être l’ennemi de Dieu.

Mais qu’il n’en soit pas ainsi du cœur des fidèles, de ceux qui croient qu’il existe une autre vie et qui, par leurs actes, prouvent qu’ils l’aiment. (…) En effet, qu’est-ce que cette vie mortelle sinon un chemin ? Or, quelle folie, mes frères, que de s’épuiser sur cette route, tout en ne voulant pas en atteindre la fin ! (…) Ainsi, mes frères, n’aimez pas les choses de ce monde, qui, comme nous le voyons d’après les événements qui se produisent autour de nous, ne pourra pas subsister longtemps.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

Au milieu des épreuves, chantons l’alléluia !

mercredi 26 novembre 2025

Chantons dès ici-bas l’Alléluia au milieu de nos soucis, afin de pouvoir un jour le chanter là-haut dans la paix. Quels soucis, demandes-tu, avons-nous ici-bas ? Mais comment me voudrais-tu sans soucis, quand je lis : « La vie humaine n’est-elle pas une épreuve sur la terre » (Jb 7,1) Comment me voudrais-tu sans soucis, en ce lieu où l’épreuve est si forte que la prière même qui nous est prescrite nous fait dire : « Ne nous soumets pas à la tentation » ? Comment le peuple serait-il dans le bien être, alors qu’il s’écrie avec moi : « Délivre-nous du mal » (Mt 6,13) ? Et pourtant, mes frères, au milieu même de ce mal, chantons l’alléluia à Dieu qui, dans sa bonté, nous délivre du mal.

Même parmi les dangers et parmi les épreuves, que l’Alléluia soit chanté par nous comme par les autres ; « car Dieu est fidèle, dit l’Apôtre, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ». Donc, même ici-bas, chantons l’alléluia. L’homme est encore pécheur, mais Dieu est fidèle. L’Apôtre n’a pas dit : Il ne permettra pas que vous soyez tentés, mais : « Il ne permettra que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; avec l’épreuve, il vous donnera le moyen de la supporter et d’en sortir » (1 Co 10,13). Tu es entré dans la tentation ? Dieu te donnera aussi d’en sortir, pour que tu ne périsses pas dans l’épreuve. Ainsi, comme le vase du potier, tu es façonné par la prédication et cuit par l’épreuve. Aussi quand tu entres dans l’épreuve, pense à la sortie : « Dieu est fidèle, et « le Seigneur gardera ton entrée et ta sortie » (Ps 120,8).

Saint Augustin (354-430)

« Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas. »

mardi 25 novembre 2025

Les saints nous montrent la route pour devenir heureux ; ils nous montrent comment on réussit à être des personnes vraiment humaines. Dans les vicissitudes de l’histoire, ce sont eux qui ont été les véritables réformateurs qui, bien souvent, ont fait sortir l’histoire des vallées obscures dans lesquelles elle court toujours le risque de s’enfoncer à nouveau. (…) C’est seulement des saints, c’est seulement de Dieu que vient la véritable révolution, le changement décisif du monde.

Au cours du siècle qui vient de s’écouler, nous avons vécu les révolutions dont le programme commun était de ne plus rien attendre de Dieu, mais de prendre totalement dans ses mains le destin du monde. Et nous avons vu que, ce faisant, un point de vue humain et partial était toujours pris comme la mesure absolue des orientations. L’absolutisation de ce qui n’est pas absolu mais relatif s’appelle totalitarisme. Cela ne libère pas l’homme, mais lui ôte sa dignité et le rend esclave. Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde, mais seulement le fait de se tourner vers le Dieu vivant, qui est notre créateur, le garant de notre liberté, le garant de ce qui est véritablement bon et vrai. La révolution véritable consiste uniquement dans le fait de se tourner sans réserve vers Dieu, qui est la mesure de ce qui est juste et qui est, en même temps, l’amour éternel. Qu’est-ce qui pourrait bien nous sauver sinon l’amour ? (…)

Ceux qui parlent de Dieu sont nombreux ; au nom de Dieu on prêche aussi la haine et on exerce la violence. Il est donc important de découvrir le vrai visage de Dieu. (…) « Celui qui l’a vu a vu le Père », disait Jésus à Philippe (Jn 14,9). En Jésus Christ, qui, pour nous, a permis que son cœur soit transpercé, en lui, est manifesté le vrai visage de Dieu. Nous le suivrons avec la grande foule de ceux qui nous ont précédés. Alors nous cheminerons sur le juste chemin.

Benoît XVI

L’espérance de la résurrection

samedi 22 novembre 2025

Recherchons minutieusement dans les paroles du bienheureux Job si la résurrection sera véritable et si le corps sera véritable dans la résurrection. Voici, en effet, que nous ne pouvons plus mettre en doute son espérance de la résurrection puisqu’il dit : « Et je ressusciterai de la terre au dernier jour. » (Jb 19,25 Vg) Quant à l’hésitation sur la restauration véritable du corps, il l’a aussi écartée dans ces paroles : « Et je serai à nouveau revêtu de ma peau. » (Jb 19,26 Vg) Et pour écarter toute ambiguïté de notre pensée, il ajoute : « Et de ma chair je verrai Dieu. » (Ibid.) La résurrection, la peau et la chair, les voilà affirmées en termes exprès. Que reste-t-il donc qui puisse plonger notre esprit dans le doute ? (…)

Nous, qui suivons la foi du bienheureux Job et qui croyons qu’après la résurrection le corps de notre Rédempteur était véritablement palpable, nous confessons que notre chair après la résurrection sera à la fois la même et différente, la même par sa nature et différente par sa gloire, la même en sa vérité et différente en sa puissance. Elle sera donc subtile, parce qu’elle sera aussi incorruptible. Elle sera palpable, parce qu’elle ne perdra pas l’essence de sa véritable nature.

Mais avec quelle espérance le saint garde-t-il cette confiance en la résurrection, avec quelle certitude l’attend-il ? C’est ce qu’expriment ces paroles : « Cette espérance est en moi, serrée au fond de mon cœur » (Jb 19,27 Vg) Rien au monde n’est pour nous d’une fois plus sûre que ce que nous avons serré au fond de notre cœur. C’est donc au fond de son cœur que Job a tenu serrée son espérance en la résurrection.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)