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« Tous ceux qui touchèrent la frange de son manteau étaient sauvés. »

10 février 2025

Tout homme veut être heureux ; il n’est personne qui ne le veuille, et si fortement qu’il le désire avant tout. Bien mieux : tout ce qu’il veut en plus de cela, il ne le veut que pour cela. Les hommes suivent des passions différentes, tel celle-ci, tel autre celle-là ; il y a aussi bien des manières de gagner sa vie dans le monde : chacun choisit sa profession et s’y exerce. Mais qu’on s’engage dans tel ou tel genre de vie, tous les hommes agissent en cette vie pour être heureux… Qu’est-ce donc que cette vie capable de rendre heureux que tous souhaitent mais que tous n’ont pas ? Cherchons-la…

Si je demande à quelqu’un : « Veux-tu vivre ? », personne ne sera tenté de me répondre : « Je ne veux pas »… De même si je demande : « Veux-tu vivre en bonne santé ? », personne ne me répondra : « Je ne veux pas ». La santé est un bien précieux aux yeux du riche, et pour le pauvre elle est souvent le seul bien qu’il possède… Tous sont d’accord pour aimer la vie et la santé. Or, lorsque l’homme jouit de la vie et de la santé, peut-il se contenter de cela ?…

Un jeune homme riche a demandé au Seigneur : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » (Mc 10,17) Il craignait de mourir et il était contraint de mourir… Il savait qu’une vie de douleurs et de tourments n’est pas une vie, qu’on devait plutôt lui donner le nom de mort… Seule la vie éternelle peut être heureuse. Santé et vie d’ici bas ne l’assurent pas, vous craignez trop de les perdre : appelez cela « toujours craindre » et non « toujours vivre »… Si notre vie n’est pas éternelle, si elle ne comble pas éternellement nos désirs, elle ne peut pas être heureuse, elle n’est plus même une vie… Lorsque nous serons entrés dans cette vie-là, nous serons certains d’y demeurer toujours. Nous aurons la certitude de posséder éternellement la vraie vie, sans aucune crainte, car nous serons dans ce Royaume dont il est dit : « Et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1,33).

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Il t’appelle par ton nom

9 février 2025

Dieu te regarde, qui que tu sois. Il « t’appelle par ton nom ». Il te voit et il te comprend, lui qui t’a fait. Tout ce qu’il y a en toi, il le sait : tous tes sentiments et tes pensées propres, tes inclinations, tes goûts, ta force et ta faiblesse. Il te voit dans tes jours de joie comme dans tes jours de peine ; il partage tes espoirs et tes tentations ; il prend à cœur toutes tes angoisses et tes souvenirs, tous les élans et tous les découragements de ton esprit ; il a compté tes cheveux… Il t’entoure de ses bras et te soutient ; il t’élève et te repose. Il contemple ton visage, dans le sourire ou les pleurs, dans la santé ou la maladie. Il regarde tes mains et tes pieds avec tendresse, il entend ta voix, le battement de ton cœur et jusqu’à ton souffle…

Tu es un être humain racheté et sanctifié, son enfant adoptif ; il t’a fait le don d’une part de cette gloire et de cette bénédiction qui découlent éternellement du Père sur le Fils unique. Tu as été choisi pour être sien… Qu’est-ce que l’homme, que sommes-nous, que suis-je, pour que le Fils de Dieu ait de moi un si grand souci ? Que suis-je pour qu’il m’ait…élevé à la nature d’un ange, transformé la substance originelle de mon âme, m’ait refait — moi qui suis un pécheur depuis ma jeunesse — et pour qu’il ait fait de mon cœur sa demeure, de moi son temple ?

Saint John Henry Newman (1801-1890)

(Références bibliques : Jn 10,3; Mt 10,30; Ps 8,5; cf Gn 8,21, Ps 50,7; 1Co 3,16)

 

 

 

 

D’abord s’instruire

8 février 2025

Mes enfants, ce n’est pas peu de chose que la Parole de Dieu ! Les premiers mots de notre Seigneur à ses Apôtres furent ceux-ci : « Allez et instruisez » pour nous faire voir que l’instruction passe avant tout. Qu’est-ce qui nous a fait connaître notre religion ? Ce sont les instructions que nous avons entendues. Qu’est-ce qui nous donne l’horreur du péché, nous fait percevoir la beauté de la vertu, nous inspire le désir du ciel ? Les instructions.

Mes enfants pourquoi est-on si aveugle et si ignorant ? Parce qu’on ne fait point cas de la Parole de Dieu. Avec une personne instruite, il y a toujours de la ressource. Elle a beau s’égarer dans toutes sortes de mauvaises voies, on peut toujours espérer qu’elle reviendra au Bon Dieu tôt ou tard, quand ce ne serait qu’à l’heure de la mort. Au lieu qu’une personne qui n’est pas instruite de sa religion est comme un malade à l’agonie ; elle ne connaît ni la grandeur du péché, ni la beauté de son âme, ni le prix de la vertu ; elle se traîne de péché en péché. Une personne instruite a toujours deux guides qui marchent devant elle : le conseil et l’obéissance.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

Jean Baptiste, martyr pour la vérité

7 février 2025

« Il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous » (Rm 8,18). Qui donc ne travaillerait pas de toutes les façons possibles à obtenir une telle gloire pour devenir l’ami de Dieu, se réjouir aussitôt en compagnie de Jésus Christ, et recevoir les récompenses divines après les tourments et les supplices de cette terre ?

Pour les soldats de ce monde, il est glorieux de rentrer triomphalement dans leur patrie après avoir vaincu l’ennemi. N’est-ce pas une gloire bien supérieure de revenir triomphalement, après avoir vaincu le démon, au paradis d’où Adam avait été chassé à cause de son péché ? D’y rapporter le trophée de la victoire après avoir abattu celui qui l’avait trompé ? D’offrir à Dieu comme un butin magnifique une foi intacte, un courage spirituel sans défaillance, un dévouement digne d’éloges ?… De devenir cohéritier du Christ, d’être égalé aux anges, de jouir avec bonheur du royaume céleste avec les patriarches, les apôtres, les prophètes ? Quelle persécution peut vaincre de telles pensées qui peuvent nous aider à surmonter les supplices ?…

La terre nous emprisonne par ses persécutions, mais le ciel reste ouvert… Quel honneur et quelle sécurité de sortir de ce monde avec joie, d’en sortir glorieux en traversant les épreuves et les souffrances ! De fermer un instant les yeux qui voyaient les hommes et le monde, pour les rouvrir aussitôt afin de voir Dieu et le Christ !… Si la persécution assaille un soldat ainsi préparé, elle ne pourra pas vaincre son courage. Même si nous sommes appelés au ciel avant la lutte, la foi qui s’était préparée ainsi ne sera pas sans récompense… Dans la persécution Dieu couronne ses soldats ; dans la paix il couronne la bonne conscience.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

 

« Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais. »

6 février 2025

Nous vivons un moment de crise qui touche différents secteurs de l’existence, non seulement celui de l’économie, de la finance, de la sécurité alimentaire, de l’environnement mais également celui du sens profond de la vie et des valeurs fondamentales qui l’animent. La coexistence humaine est marquée, elle aussi, par des tensions et des conflits qui provoquent insécurité et difficulté à trouver le chemin d’une paix stable. Dans cette situation complexe, où l’horizon du présent et de l’avenir semble caractérisé par des nuages menaçants, il est encore plus urgent de porter avec courage au sein de chaque réalité l’Évangile du Christ qui constitue une annonce d’espérance, de réconciliation, de communion, une annonce de la proximité de Dieu, de sa miséricorde, de son salut, une annonce du fait que la puissance de l’amour de Dieu est capable de l’emporter sur les ténèbres du mal et de conduire sur le chemin du bien. L’homme de notre temps a besoin d’une lumière sûre qui éclaire sa route et que seule la rencontre avec le Christ peut donner. Portons à ce monde, par notre témoignage, avec amour, l’espérance donnée par la foi !

Le caractère missionnaire de l’Église n’est pas un prosélytisme mais un témoignage de vie qui illumine le chemin, qui porte espérance et amour. L’Église — je le répète une fois encore — n’est pas une organisation d’assistance, une entreprise, une ONG mais une communauté de personnes animées par l’action de l’Esprit Saint, qui ont vécu et vivent l’étonnement de la rencontre avec Jésus Christ et désirent partager cette expérience de joie profonde, partager le message de salut que le Seigneur nous a apporté. C’est justement l’Esprit Saint qui conduit l’Église sur ce chemin. Je voudrais vous encourager tous à vous faire porteurs de la Bonne Nouvelle du Christ (…).

Pape François

 

 

 

« D’où cela lui vient-il ?… N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? »

5 février 2025

Le Seigneur Jésus, étant revenu du Temple et de Jérusalem à Nazareth avec ses parents, y demeura avec eux jusqu’à sa trentième année « et il leur était soumis » (Lc 2,51). On ne trouve rien dans les Écritures qu’il ait fait pendant tout ce temps, ce qui paraît bien étonnant. (…) Mais sois attentif et alors tu verras clairement que, ne faisant rien, il a fait des merveilles. Chacun de ses gestes révèle, en effet, son mystère. Et comme il agissait avec puissance, ainsi il s’est tu avec puissance, il est demeuré dans la retraite et dans l’obscurité avec puissance. Le Maître souverain, qui va nous enseigner les chemins de la vie, commence dès sa jeunesse à faire des œuvres de puissance, mais d’une manière étonnante, inconnue et inouïe, en paraissant aux yeux des hommes inutile, ignorant, et en vivant dans l’abjection (…).

Il tenait de plus en plus à cette manière de vivre afin d’être jugé par tous comme un être vil et insignifiant ; cela avait été annoncé par le prophète qui disait en son nom : « Je suis un ver et non un homme » (Ps 21,7). Tu vois donc ce qu’il faisait en ne faisant rien. Il se rendait vil (…). Crois-tu que ce soit là peu de chose ? Certes, ce n’est pas lui qui avait besoin de cela, mais nous. Et je ne connais rien de plus difficile ni de plus grand. Et celui-là me semble être parvenu au plus haut degré qui, de tout cœur et sans feinte, s’est suffisamment possédé pour ne rien chercher d’autre que d’être méprisé, de ne compter pour rien et de vivre dans l’abjection. C’est une plus grande victoire que la prise d’une ville (…).

Saint Bonaventure (1221-1274)

 

 

 

« Je te le dis, lève-toi. »

4 février 2025

Avant de ressusciter une jeune fille morte, c’est pour amener à la foi que Jésus commence par guérir la femme atteinte de pertes de sang. C’est pour t’instruire qu’il a fait arrêter ce saignement et a guéri cette femme alors qu’il se rendait auprès de la fille.

De la même façon, c’est pour croire en notre résurrection éternelle que nous célébrons la résurrection historique du Seigneur qui a suivi sa Passion. (…) « Les serviteurs du chef arrivent et disent : ‘Ne dérange plus le maître’ » : ils ne croient pas encore en la résurrection de Jésus prédite dans la Loi et accomplie dans l’Évangile. C’est pourquoi, en arrivant à la maison, Jésus ne prend avec lui que peu de témoins de la résurrection qui va se produire : ce n’est pas le grand nombre qui a cru tout de suite à la résurrection. Quand Jésus déclare : « L’enfant n’est pas morte, elle dort », la foule « se moque de lui », car ceux qui ne croient pas se moquent. Qu’ils pleurent donc leurs morts, ceux qui les croient morts : quand on a la foi en la résurrection, ce n’est pas une fin que l’on voit dans la mort mais un repos. (…)

Prenant donc la main de l’enfant, Jésus la guérit et il lui fait donner à manger. C’est là une attestation de la vie, afin qu’on ne puisse pas croire à une illusion mais à la réalité. Heureuse celle dont la Sagesse tient ainsi la main ! Plaise à Dieu qu’elle tienne aussi mes actions, que la justice tienne ma main, que le Verbe, la Parole de Dieu, tienne ma main, et qu’il me conduise dans le lieu caché où il demeure. Qu’il détourne mon esprit de l’erreur, qu’il ramène celui qu’il sauve, et qu’il ordonne de me donner à manger, car le Verbe de Dieu c’est le pain du ciel (Jn 6,32). C’est pourquoi cette Sagesse, qui a déposé sur l’autel saint les aliments divins de son Corps et de son Sang, déclare : « Venez manger mon pain, venez boire le vin que je vous ai préparé » (Pr 9,5).

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« Rentre auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. »

3 février 2025

Comme le Fils a été envoyé par le Père, il a lui-même envoyé les apôtres (Jn 20,21) en disant : « Allez donc, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,19s). Ce commandement solennel du Christ d’annoncer la vérité qui sauve, l’Église l’a reçu des apôtres pour qu’elle l’accomplisse « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Dès lors, elle fait siennes les paroles de l’apôtre Paul : « Malheur à moi, si je n’évangélise pas » (1Co 9,16), et elle continue donc sans répit à envoyer des missionnaires jusqu’à ce que les jeunes Églises soient pleinement établies et qu’elles poursuivent à leur tour l’œuvre de l’évangélisation.

En effet l’Esprit Saint la pousse à travailler à la pleine réalisation du dessein de Dieu, qui a établi le Christ comme principe de salut pour le monde entier. En proclamant l’Évangile, l’Église attire à la foi ceux qui l’écoutent, elle les incite à professer cette foi, elle les dispose au baptême, les arrache à l’esclavage de l’erreur et les incorpore au Christ, pour qu’ils grandissent en lui par la charité jusqu’à atteindre la pleine stature. Son activité fait que toute trace de bien, quelle qu’elle soit, présente dans le cœur et la pensée des hommes, dans leurs rites et leurs cultures, non seulement ne périsse pas, mais soit purifiée, élevée et portée à la perfection pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme.

À chacun des disciples du Christ incombe, pour sa part, la charge de jeter la semence de la foi. Mais si tout homme peut baptiser les croyants, il appartient cependant au prêtre de parfaire l’édification du Corps par le sacrifice eucharistique, accomplissant ainsi ce que Dieu a dit par le prophète : « Du levant au couchant du soleil mon nom est grand parmi les nations, et en tout lieu un sacrifice et une offrande pure sont offerts à mon nom » (Ml 1,11). C’est ainsi que l’Église à la fois prie et travaille, afin que le monde tout entier devienne le Peuple de Dieu, le Corps du Seigneur et le Temple de l’Esprit Saint.

Concile Vatican II

 

 

Présentation du Seigneur au Temple, fête

2 février 2025

Le Père des lumières (Jc 1,17) invite les fils de la lumière (Lc 16,18) à célébrer cette fête de lumière : « Approchez-vous de lui et soyez inondés de clarté », dit le psaume (33,6). De fait, « celui qui habite une lumière inaccessible » (1Tm 6,16) a daigné se rendre accessible ; il s’est abaissé dans la nuée de la chair pour que le faible et le petit puissent monter jusqu’à lui. Quelle descente de miséricorde ! « Il a incliné les cieux », c’est-à-dire les sommets de la divinité, « et il est descendu » en devenant présent dans la chair, « et un nuage obscur était sous ses pieds » (Ps 17,10). (…)

Obscurité nécessaire pour nous rendre la lumière ! La lumière véritable s’est cachée sous le nuage de la chair, (cf. Ex 13,21) nuage obscur par sa ressemblance avec « notre condition humaine de pécheurs » (Rm 8,3). (…) Puisque la vraie Lumière a fait de la chair sa cachette, nous qui sommes des êtres de chair, approchons-nous du Verbe fait chair (…) pour apprendre à passer peu à peu de la chair à l’esprit. Approchons-nous maintenant, car aujourd’hui un soleil nouveau brille plus qu’à l’ordinaire. Jusque-là il était enfermé à Bethléem dans l’étroitesse d’une crèche et connu de bien peu de monde, mais aujourd’hui, à Jérusalem, il est présenté devant un grand nombre dans le Temple du Seigneur. (…) Aujourd’hui, le Soleil s’élance pour irradier le monde entier. (…)

Si seulement mon âme pouvait brûler du désir qui enflammait Syméon, pour que je mérite d’être le porteur d’une si grande lumière ! Mais si l’âme n’a pas été d’abord purifiée de ses fautes, elle ne pourra pas aller « à la rencontre du Christ sur les nuées » de la vraie liberté (1Th 4,17). (…) Alors seulement elle pourra jouir avec Syméon de la lumière véritable et, comme lui, partir en paix.

Adam de Perseigne (? -1221)

 

 

 

« Il interpella le vent avec vivacité et dit à la mer : ‘ Silence, tais-toi ‘. »

1 février 2025

Tu es en mer et c’est la tempête. Il ne te reste qu’à crier : « Seigneur, sauve-moi ! » (Mt 14,30) Qu’il te tende la main, celui qui marche sur les flots sans crainte, qu’il soulève ta peur, qu’il fixe en lui-même ton assurance, qu’il parle à ton cœur et qu’il te dise : « Pense à ce que j’ai supporté. Tu as à souffrir d’un mauvais frère, d’un ennemi du dehors ? N’ai-je pas eu les miens ? Au dehors ceux qui grinçaient des dents, au-dedans ce disciple qui me trahissait ».

C’est vrai, la tempête fait rage. Mais le Christ nous sauve « de la petitesse d’âme et de la tempête » (Ps 54,9 LXX). Ton navire est secoué ? C’est peut-être parce qu’en toi le Christ dort. Sur une mer furieuse, la barque où naviguaient les disciples était secouée, et cependant le Christ dormait. Mais le moment est venu enfin où ces hommes ont réalisé qu’ils avaient avec eux le maître et le créateur des vents. Ils se sont approchés du Christ, ils l’ont éveillé : le Christ a commandé aux vents et il s’est fait un grand calme.

Ton cœur se trouble à juste titre, si tu as oublié celui en qui tu as cru ; et ta souffrance devient insupportable si tout ce que le Christ à souffert pour toi reste loin de ton esprit. Si tu ne penses pas au Christ, il dort. Réveille le Christ, fais appel à ta foi. Car le Christ dort en toi si tu as oublié sa Passion ; et si tu te souviens de sa Passion, en toi le Christ veille. Quand tu auras considéré de tout ton cœur ce que le Christ a souffert, ne supporteras-tu pas tes peines à ton tour avec fermeté ? Et avec joie, peut-être, tu te trouveras par la souffrance un peu semblable à ton Roi. Oui, lorsque ces pensées commenceront à te consoler, à te donner de la joie, sache que c’est le Christ qui s’est levé et qui a commandé aux vents ; de là le calme qui s’est fait en toi. « J’attendais, dit un psaume, celui qui me sauverait de la petitesse d’âme et de la tempête. »

Saint Augustin (354-430)