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L’illumination du cœur

20 juin 2025

La sobriété et la vigilance illuminent et purifient d’abord la conscience. Puis, quand la conscience a été purifiée, comme une lumière occultée qui éclate soudain, elle chasse les grandes ténèbres. Et quand les ténèbres ont été chassées par une continuelle et véritable vigilance, la conscience révèle de nouveau ce qui était caché.

Par la sobriété et la vigilance, elle enseigne la lutte invisible de l’intelligence et le combat de la raison. Elle montre comme l’intelligence doit jeter des lances dans ce combat singulier pour le Christ, la lumière désirée, face aux ténèbres malfaisantes, comment, avec des flèches, frapper les pensées et n’être pas frappée. Celui qui a goûté à cette lumière comprend ce que je dis. Goûter à la lumière donne plutôt faim à l’âme, qui est nourrie mais n’est jamais rassasiée : plus elle mange, plus elle a encore faim. Cette lumière qui attire l’intelligence comme le soleil attire les yeux, cette lumière inexplicable qu’explique non la parole, mais l’expérience de celui qui en a été blessé, elle m’ordonne de me taire. (…)

Les yeux ont du mal à supporter la fumée du bois qui brûle. Mais cette fumée leur montre ensuite la lumière et réjouit ceux qu’elle avait d’abord incommodés. De même, l’attention, qui nous force à veiller sans relâche, finit par nous peser. Mais si aussitôt tu l’appelles dans ta prière, Jésus illumine ton cœur. Car son souvenir t’apporte, avec l’illumination, le meilleur des biens.

Philothée le Sinaïte

La rosée de l’oraison

19 juin 2025

Si vous me demandez ce qui vous peut maintenir, mes chères sœurs, chacune en particulier, je vous dirai que c’est l’oraison, car c’est la manne journalière qui descend du ciel. Car voyez-vous, mes chères sœurs, comme les jardiniers prennent leur temps deux fois le jour pour arroser les plantes de leur jardin, qui, sans ce secours, mourraient durant les grandes chaleurs, et qui, au contraire, grâce à cette humidité, tirent leur nourriture de la terre, car une certaine humeur, née de cet arrosement, monte par la racine, s’écoule le long de la tige, donne la vie aux branches et aux feuilles, et la saveur aux fruits ; ainsi, mes chères sœurs, nous sommes comme ces pauvres jardins dans lesquels la sécheresse fait mourir toutes les plantes, si le soin et l’industrie des jardiniers n’y pourvoient ; et pour cela vous avez le saint usage de l’oraison, qui, comme une douce rosée, va tous les matins humectant votre âme par la grâce de Dieu qu’elle attire sur vous.

Êtes-vous fatiguées des rencontres et des peines, vous avez encore, le soir, ce salutaire rafraîchissement, qui va donnant vigueur à toutes vos actions. Oh ! que la Fille de la Charité fera de fruit en peu de temps, si elle est soigneuse de se rafraîchir par cet arrosement sacré ! Vous la verrez croître tous les jours de vertu en vertu, comme ce jardinier qui tous les jours voit ses plantes grandir, et en peu de temps elle avancera comme la belle aurore qui se lève le matin et va toujours croissant jusqu’au midi. Ainsi, mes filles, ira-t-elle jusqu’à ce qu’elle ait atteint le soleil de justice, qui est la lumière du monde, et se soit abîmée en lui, comme l’aurore se va perdre dans le soleil.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

« Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison. »

18 juin 2025

L’âme demande à l’Époux : « Où t’es-tu caché ? » (…) Répondons à sa question en lui montrant le lieu précis où il se cache, le lieu où elle le trouvera d’une manière certaine, et avec autant de perfection et de douceur possibles en cette vie. Dès lors, elle n’errera plus en vain sur les traces des étrangers (cf. Ct 3,2).

Sachons-le bien, le Verbe, Fils de Dieu, réside par essence et par présence, en compagnie du Père et de l’Esprit Saint, dans l’essence même de l’âme, et il y est caché. L’âme qui aspire à le trouver doit donc sortir (…) de tout le créé ; elle doit entrer en elle-même et s’y tenir dans un recueillement si profond que toutes les créatures soient pour elle comme si elles n’étaient pas. « Seigneur, disait saint Augustin en s’adressant à Dieu dans ses Soliloques, je ne te trouvais pas au-dehors de moi, parce que je te cherchais mal : je te cherchais au-dehors, et tu étais au-dedans. » Dieu est donc caché dans notre âme, et c’est là que le vrai contemplatif doit le chercher, en disant : « Où t’es-tu caché ? »

Eh bien donc, ô âme, la plus belle d’entre les créatures de Dieu, toi qui désires si ardemment savoir où se trouve ton Bien-Aimé afin de le chercher et de t’unir à lui, voici qu’on te le dit : tu es toi-même la demeure où il habite, la retraite où il se cache. Quelle joie, quelle consolation pour toi ! Ton trésor, l’objet de ton espérance, est si proche de toi qu’il est en toi-même, ou, pour mieux dire, tu ne pourrais pas exister sans lui. Écoute l’Époux lui-même te le dire : « Voici que le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Lc 17,21). Et l’apôtre saint Paul, son serviteur, nous dit de son côté : « Vous êtes le temple de Dieu » (2Co 6,16).

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Il fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons. »

17 juin 2025

Tout tournera en bien : la plénitude de la joie, c’est de voir Dieu en tout. Par la même puissance, sagesse et amour bénis avec lesquels il a créé toute chose, il conduit tout continuellement au même but et il ramènera tout à lui. Quand le temps sera venu, nous verrons cela. (…) Tout ce que fait notre Seigneur est juste ; tout ce qu’il permet contribue à son dessein — le bien et le mal. Car tout ce qui est bon, c’est l’œuvre de notre Seigneur ; ce qui est mal, il le permet. Je ne dis pas que le mal est valable ; mais je dis que ce que permet notre Seigneur contribue à son dessein. Ainsi, sa bonté sera connue à tout jamais, ainsi que les merveilles de son humilité et de sa douceur, dans cette œuvre de miséricorde et de grâce. (…)

Dieu lui-même est droiture par excellence ; toutes ses œuvres sont justes, ordonnées qu’elles sont de toute éternité par sa haute puissance, sa haute sagesse, sa haute bonté. De même qu’il a tout établi pour le mieux, de même il œuvre sans cesse avec droiture et conduit chaque chose à sa fin. (…) Nous sommes gardés merveilleusement et à jamais dans cette droiture, plus que toute autre créature.

Et la miséricorde est une œuvre qui provient de la bonté de Dieu ; elle continuera aussi longtemps qu’il sera permis au péché de tourmenter les âmes justes. (…) Dieu permet que nous tombions ; mais il nous garde par sa puissance et sa sagesse. Par sa miséricorde et sa grâce, il nous élève à une joie infiniment plus grande. Ainsi veut-il être connu et aimé dans la droiture et dans la miséricorde, maintenant et à jamais.

Julienne de Norwich (1342-après 1416)

Patience et charité !

16 juin 2025

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] C’est par le prochain que l’homme expérimente qu’il possède en soi-même la vertu de patience, à l’occasion de l’injure qu’il reçoit de lui. C’est l’orgueilleux qui lui fait prendre conscience de sa propre humilité, comme l’incroyant, de sa foi, le désespéré, de son espérance, l’injuste, de sa justice, le cruel, de sa miséricorde, l’irascible, de sa mansuétude et bénignité. Toutes les vertus s’éprouvent et s’exercent par le prochain comme aussi c’est par lui que les pervers font voir toute leur malice. (…)

Quand il voit l’infidèle, sans espérance en moi, ‒ car celui qui ne m’aime pas ne peut avoir foi ni confiance en moi, il ne croit et n’espère qu’en sa propre sensualité qui lui prend tout son amour ‒ mon serviteur fidèle ne laisse pas cependant de l’aimer fidèlement et avec l’espérance de chercher en moi son salut. Ainsi donc l’infidélité des uns et leur manque d’espérance servent à manifester la foi du croyant.

Non seulement la vertu s’affermit en ceux qui rendent le bien pour le mal, mais, je te le dis, souventes fois l’épreuve fait d’eux des charbons ardents, tout brûlants du feu de la charité dont la flamme consume la haine et les ressentiments jusque dans le cœur et l’esprit du méchant irrité, transformant ainsi l’inimitié en bienveillance. Telle est l’efficacité de la charité et de la parfaite patience en celui qui est en butte à la colère du méchant et subit sans se plaindre ses assauts.

Si tu considères la vertu de force et de persévérance, elle se prouve par le long support des affronts et des médisances des hommes, qui souvent, tantôt par la violence, tantôt par la flatterie cherchent à détourner de la voie et de la doctrine de la Vérité. Elle demeure inébranlable et résiste à toute adversité, si vraiment la vertu de force a été conçue intérieurement ; c’est alors qu’elle se prouve dans ses rapports avec le prochain.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

Sainte Trinité, solennité

15 juin 2025

Qui donc est Dieu ? Père, Fils et Esprit Saint, Dieu est un. Ne te demande rien de plus au sujet de Dieu. Que ceux qui veulent savoir le fond des choses concernant Dieu commencent par considérer l’ordre naturel. La science de la Trinité est en effet justement comparée à la profondeur de la mer, dont la Sagesse a dit : « Le fond des mers est invisible aux regards des hommes, ainsi la divine Trinité demeure insaisissable à la compréhension humaine. C’est pourquoi, si quelqu’un veut comprendre ce qu’il doit croire, qu’il ne s’imagine pas pouvoir le faire davantage par des raisonnements que par la foi ; car la sagesse divine ainsi recherchée se retirera plus loin encore.

Recherche donc la suprême connaissance non en discutant mais en menant une vie parfaite, non par la langue mais par la foi qui jaillit d’un cœur simple et n’est pas le résultat de savantes conjectures. Si tu cherches l’ineffable par des raisonnements, il s’éloignera davantage de toi ; si c’est par la foi, la sagesse se tiendra où elle demeure : à ta porte (cf. Prov 1,21) ; et où elle se tient elle peut être vue, ne fût-ce qu’en partie. En toute vérité, elle est atteinte dès l’instant où l’on croit à l’invisible sans pour autant le comprendre. Puisque Dieu est l’invisible, nous devons croire en lui ; et cependant Dieu peut être vu en quelque manière par le cœur pur.

Saint Colomban (563-615)

Accorde-moi de toujours parler avec ton verbe !

14 juin 2025

Jour après jour, ton ordre
Je l’entends par mon ouïe corporelle,
De ne pas jurer du tout,
Ni par les choses de la terre, ni par le ciel.

Quant à moi, bouchant les oreilles de mon âme,
Je ne laisse pas y entrer la Parole ;
Mais je me conduis d’une manière opposée,
Et je désobéis au Commandement. (…)

Mais Toi qui as donné comme outil de la parole
La pensée et la langue, souffle éthéré,
Ouvre ma bouche par ton Esprit,
Remplis-la de la bénédiction spirituelle,

Pour que je parle de la Loi divine,
De la Bonne Nouvelle du Nouveau Testament,
De la sagesse de la théorie
Et du mystère de la pratique.

Éloigne de moi la parole qui divise,
Le blasphème irrémissible,
Et la plainte avec la calomnie,
Le murmure avec la détraction.

La tromperie envers le prochain,
Et la trahison du perfide,
Le serment du parjure,
Le mensonge qui est le propre du Mauvais ; (…)

La loquacité diabolique,
Et la jactance du présomptueux ;
Et en général tous les flots de paroles
Qui, une fois prononcées, sont regrettées.

Et accorde-moi le verbe, ô Toi, Verbe incarné,
Pour parler toujours avec ton verbe,
Pour le donner comme grâce à mon auditeur,
Pour l’édification de l’âme démolie.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

« Si ton œil est vraiment clair, ton corps tout entier sera dans la lumière. » (Mt 6,22)

13 juin 2025

L’homme s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes : la simplicité et la pureté.
La simplicité doit être dans l’intention, et la pureté dans l’affection.
La simplicité cherche Dieu ; la pureté le trouve et le goûte.
Nulle bonne œuvre ne te sera difficile, si tu es libre au dedans de toute affection déréglée.
Si tu ne veux que ce que Dieu veut, et ce qui est utile au prochain, tu jouiras de la liberté intérieure.
Si ton cœur était droit, alors toute créature te serait un miroir de vie et un livre rempli de saintes instructions.
Il n’est point de créature si petite et si vile qui ne présente quelque image de la bonté de Dieu.
Si tu avais en toi assez d’innocence et de pureté, tu verrais tout sans obstacle. Un cœur pur pénètre le ciel et l’enfer.
Chacun juge des choses du dehors selon ce qu’il est au dedans de lui-même.
S’il est quelque joie dans le monde, le cœur pur la possède.

L’Imitation de Jésus Christ

« Va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. »

12 juin 2025

C’est l’unique et même Christ qui est présent dans le pain eucharistique en tout lieu de la terre. Cela signifie que nous ne pouvons le rencontrer qu’avec tous les autres. Nous ne pouvons le recevoir que dans l’unité. N’est-ce pas ce que nous a dit l’apôtre Paul ? Écrivant aux Corinthiens, il affirme : « Puisqu’il y a un seul pain, à plusieurs nous sommes un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1Co 10,17). La conséquence est claire : nous ne pouvons pas communier avec le Seigneur, si nous ne communions pas entre nous. Si nous voulons nous présenter à lui, nous devons également nous mettre en mouvement pour aller à la rencontre les uns des autres. C’est pourquoi il faut apprendre la grande leçon du pardon : ne pas laisser notre âme être rongée par le ressentiment, mais ouvrir notre cœur à la magnanimité de l’écoute de l’autre, ouvrir notre cœur à la compréhension à son égard, à l’éventuelle acceptation de ses excuses, au don généreux des nôtres.

L’eucharistie, répétons-le, est le sacrement de l’unité. Mais malheureusement, les chrétiens sont divisés, précisément dans le sacrement de l’unité. Soutenus par l’eucharistie, nous devons d’autant plus nous sentir incités à tendre de toutes nos forces à cette pleine unité que le Christ a ardemment souhaitée au Cénacle (Jn 17,21-22). (…) Je voudrais réaffirmer ma volonté de prendre l’engagement fondamental d’œuvrer avec toute mon énergie à la reconstruction de l’unité pleine et visible de tous les disciples du Christ. Je suis conscient que les manifestations de bons sentiments ne suffisent pas pour cela. Il faut des gestes concrets qui entrent dans les âmes et qui secouent les consciences, sollicitant chacun à cette conversion intérieure qui est le présupposé de tout progrès sur la route de l’œcuménisme.

Benoît XVI

Saint Barnabé, apôtre, mémoire

11 juin 2025

Vous pouvez, vous aussi, si vous le voulez, mériter ce beau nom de messager de Dieu. En effet, si chacun de vous, selon ses possibilités, dans la mesure où il en a reçu l’inspiration du ciel, détourne son prochain du mal, s’il prend soin de l’amener au bien, s’il rappelle à l’égaré le Royaume ou le châtiment qui l’attendent dans l’éternité, il est évidemment un messager des saintes paroles de Jésus. Et que personne ne vienne dire : Je suis incapable d’instruire les autres, de les exhorter. Faites du moins votre possible, pour qu’un jour on ne vous demande pas compte du talent reçu et malheureusement conservé. Car celui qui a préféré cacher son talent plutôt que de le faire valoir n’avait pas reçu plus d’un talent, lui non plus (Mt 25,14s)…

Entraînez les autres avec vous ; qu’ils soient vos compagnons sur la route qui mène à Dieu. Quand, en allant sur la place ou aux bains publics, vous rencontrez quelque désœuvré, invitez-le donc à vous accompagner. Car vos actions quotidiennes elles-mêmes servent à vous unir aux autres. Vous alliez à Dieu ? Essayez de ne pas y arriver seuls. Que celui qui, dans son cœur, a déjà entendu l’appel de l’amour divin en tire pour son prochain une parole d’encouragement.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)