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Bulletin n°144

13 décembre 2024

bulletin 144

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Laissez faire le Maître !

13 décembre 2024

Dieu ne conduit pas toutes les âmes par le même chemin ; celui qui se croit le plus vil est peut-être le plus élevé devant Dieu. Pour moi, je suis restée plus de quatorze ans sans pouvoir même méditer, si ce n’est à l’aide d’un livre, et sans doute beaucoup de personnes sont dans ce cas. (…) Lorsque les personnes sont humbles, elles ne sont pas plus mal partagées à la fin que celles qui auront été comblées de consolation ; elles recevront tout autant. Elles auront marché en quelque sorte avec plus de sécurité. Soyez sans crainte ; vous pouvez arriver à la perfection comme les plus hauts contemplatifs.

Laissez faire le Maître de la maison. Sage et puissant comme il est, il sait ce qui vous convient et qui lui convient à lui-même. Faites ce qui est en votre pouvoir, disposez-vous à la contemplation, et il ne manquera pas, à mon avis, de vous accorder ce don si vous avez vraiment du détachement et de l’humilité. S’il ne vous l’accorde pas, c’est qu’il vous réserve cette joie tout entière pour le ciel.

Il vous traite comme des âmes fortes. Il vous donne ici-bas la Croix, comme il l’a lui-même toujours portée. Quelle meilleure preuve d’amitié peut-il vous montrer que de vouloir pour nous ce qu’il a voulu pour lui ? Et peut-être aurions-nous moins de mérite si nous étions élevées à la contemplation. Ce sont là des jugements dont il se réserve le secret ; nous n’avons point à les pénétrer. C’est très heureux que le choix de notre voie ne dépende pas de nous ; sans quoi, comme celle de la contemplation semble renfermer plus de paix, nous voudrions tous être de grands contemplatifs.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

« Le Royaume des cieux subit la violence ; des violents s’en emparent. »

12 décembre 2024

Jean Baptiste nous recommande d’accomplir de grandes choses : « Produisez des fruits dignes du repentir » et encore : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même » (Lc 3,8.11). N’est-ce pas donner à comprendre clairement ce qu’affirme celui qui est la Vérité : « Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent, le Royaume des cieux se prend de force ; ce sont les violents qui s’en emparent » ? Ces paroles nous viennent d’en haut ; nous devons les méditer avec une grande attention. Il faut rechercher comment le Royaume des cieux peut se prendre de force. Qui peut faire violence au ciel ? Et s’il est vrai que le Royaume des cieux se prend de force, pourquoi cela n’est-il vrai que depuis le temps de Jean Baptiste et non auparavant ?

L’ancienne Loi…frappait les pécheurs par des peines rigoureuses, mais sans les ramener à la vie par la pénitence. Mais Jean Baptiste, annonçant la grâce du Rédempteur, prêche la pénitence afin que le pécheur, mort par suite de son péché, vive par l’effet de sa conversion : c’est donc vraiment depuis lors que le Royaume des cieux s’est ouvert à ceux qui le prennent de force. Qu’est-ce que le Royaume des cieux, sinon le séjour des justes ? … Ce sont les humbles, les chastes, les doux, les miséricordieux qui parviennent aux joies d’en haut. Mais quand les pécheurs…reviennent de leurs fautes par la pénitence, eux aussi obtiennent la vie éternelle et entrent dans ce pays qui leur était étranger. Ainsi…, en enjoignant la pénitence aux pécheurs, Jean leur a appris à faire violence au Royaume des cieux.

Frères bien-aimés, réfléchissons donc nous aussi à tout le mal que nous avons fait et pleurons. Emparons-nous de l’héritage des justes par la pénitence. Le Tout-Puissant veut accepter cette violence de notre part ; il veut que nous ravissions par nos larmes le Royaume qui ne nous était pas dû selon nos mérites.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Venez à moi, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,28-29)

11 décembre 2024

Dieu est parfait en tout sens. Il est impossible de trouver en lui quelque chose qui ne soit pas infiniment bon. Il est sage, prudent, fidèle, bon, libéral, beau, doux, ne méprisant rien de tout ce qu’il a créé, faisant cas de nous, nous gouvernant avec douceur, et même avec respect, patient, exempt de tous les mouvements déréglés des passions ; il a tout ce que nous aimons dans les créatures ; tout est réuni en lui, et pour toujours, et d’une manière infiniment plus parfaite. Il n’a aucun des défauts qui nous choquent, qui nous rebutent, qui nous dégoûtent des objets créés. D’où vient donc que nous ne l’aimons pas uniquement ? (…)

Dieu est non seulement parfait, mais encore il est la source de toute perfection. Ce n’est qu’en lui qu’on la peut puiser ; et cela se fait en l’étudiant, en la considérant : « Nous lui serons semblable, parce que nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3,2). Ce sera dans le ciel, et, en cette vie, nous approcherons d’autant de cette ressemblance que nous le considérerons davantage. (…) Jésus, autant que je pourrai, je veux me régler par vos exemples et par vos maximes, qui seules peuvent me conduire à vous et me tirer des embarras de l’ignorance, et des erreurs où mes passions pourraient me précipiter.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

« Ne laissera-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? »

10 décembre 2024

L’âme dans l’attente de la venue du Seigneur :

Je ne sais pas, Seigneur, à quelle heure tu viendras,
Je veille donc sans cesse et je tends l’oreille,
Moi ta bien-aimée que tu as choisie,
Car je sais que tu aimes venir inaperçu.
Cependant le cœur pur, Seigneur, te pressent de loin.

Je t’attends, Seigneur, dans le calme et le silence,
Avec une grande nostalgie en mon cœur
Et un désir inassouvi.
Je sens que mon amour pour toi se change en brasier
Et comme une flamme s’élèvera dans le ciel, à la fin de mes jours :
Alors tous mes vœux se réaliseront.

Viens donc enfin — mon très doux Seigneur,
Et emporte mon cœur assoiffé
Là-bas chez toi, dans les hautes contrées des cieux
Où règne éternellement ta vie.

Car la vie sur terre n’est qu’une agonie,
Car mon cœur sent qu’il est créé pour les hauteurs
Et rien ne l’intéresse des plaines de cette vie.
Ma patrie, c’est le ciel ; je crois en cela invinciblement.

Sainte Faustine Kowalska (1905-1938)

 

 

 

Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie

9 décembre 2024

Ô Gemme éclatante, qui resplendis du clair éclat du soleil !
Source jaillissante du cœur du Père !
Son Fils unique par qui il a créé la matière du monde qu’un jour Ève souilla,
Ce Verbe éternel, le Père en a fait, par toi, un homme.
Tu es donc la matière cristalline en laquelle le Verbe fait jaillir toutes ses vertus,
Comme il a fait surgir de la matière originelle toutes ses créatures.

Très suave rameau issu de la racine de Jessé, qu’elle est grande ta puissance !
Oui, la Divinité même l’a contemplée dans sa splendide enfant,
Et comme l’aigle plonge son regard jusque dans le soleil,
Le Père céleste a remarqué de loin l’éclat de la Vierge.
Il a désiré que son Fils s’incarnât en elle.
Alors mystiquement, l’esprit de la Vierge fut éclairé du divin mystère,
Et une Fleur resplendissante, ô merveille, s’est épanouie en elle.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Souviens-toi de nous, saint Précurseur !

8 décembre 2024

Je t’ai invoqué, Précurseur, le jour et la nuit : sois-moi secourable, ô divin Baptiste, à moi qui en ta personne ai gagné un avocat auprès du Créateur, que je sois arraché au châtiment.

Toi le plus beau nourrisson du désert, Précurseur, et l’authentique ami du Créateur, Ô Sage, délivre-moi par tes prières de toute amitié nuisible (…).

Jean, toi qui as baptisé le Seigneur, corrige grâce à ton intercession l’incorrigible que je suis, et arrache-moi (…) au feu qui brûle éternellement. (…)

Jeune Pousse qui réjouis le désert, Précurseur du Christ, arrache jusqu’aux racines la négligence qui sans cesse repousse en moi, et daigne me faire produire des fruits de pénitence.

C’est un sein stérile qui te porte, Fruit très illustre, toi qui as rendu féconds les cœurs jadis sans fruits ; mais avec foi je crie vers toi : « Ô Baptiste, arrache mes pensées infructueuses ! »

Ange de Dieu, d’une façon divine un ange annonce d’avance à ton père ta naissance : avec lui, souviens-toi de nous au jour du Jugement, que nous trouvions alors miséricorde, saint Précurseur.

Dans sa ruse, l’ennemi mauvais, sans trêve, me pourchasse ; arrache-moi, ô Toute Immaculée, à ses embûches, et guide-moi pour faire la divine volonté du Maître, Mère de Dieu.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

 

« Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant (…), proclamant l’Évangile du Royaume. »

7 décembre 2024

Dans l’exercice de leur charge d’enseigner, que les évêques annoncent aux hommes l’Évangile du Christ, – cette charge l’emporte sur les autres, si importantes soient-elles – et, dans la force de l’Esprit, qu’ils les appellent à la foi ou les confirment dans la foi vivante ; qu’ils leur proposent le mystère intégral du Christ, c’est-à-dire ces vérités qu’on ne peut ignorer sans ignorer le Christ lui-même, et qu’ils leur montrent de même la voie divinement révélée pour rendre gloire à Dieu et par là même obtenir le bonheur éternel.

Les évêques doivent en outre montrer aux hommes que, selon le dessein de Dieu Créateur, les réalités terrestres elles-mêmes et les institutions humaines sont également ordonnées au salut des hommes, et qu’en conséquence elles peuvent contribuer d’une façon non négligeable à l’édification du Corps du Christ.

Ils enseigneront donc, selon la doctrine de l’Église, combien il faut estimer la personne humaine, sa liberté et sa vie corporelle elle-même ; la famille, son unité et sa stabilité, la procréation et l’éducation des enfants ; la société civile avec ses lois et ses professions ; le travail et le loisir, les arts et les inventions techniques ; la pauvreté et la richesse. Ils exposeront enfin comment résoudre les très graves questions concernant la possession des biens matériels, leur accroissement et leur juste distribution, la paix et la guerre, la communauté fraternelle de tous les peuples.

Concile Vatican II

 

 

 

« Aie pitié de nous, fils de David ! »

6 décembre 2024

Jésus béni, mon espoir, mon attente, mon amour, j’ai quelque chose à te dire, quelque chose sur toi, un propos plein de douleur et de misère. Toi qui es le Verbe, unique engendré du Père inengendré, devenu chair pour moi, Parole sortie du cœur du Père, Parole que Dieu a proférée une seule fois (cf. He 9,26), Parole par laquelle « dans les derniers jours » (He 1,2) ton Père céleste m’a parlé, daigne écouter, toi, Parole de Dieu, la parole que des désirs abondants font sortir de mon cœur. Écoute et vois : mon âme est triste et toute troublée quand on me dit chaque jour : « Où est ton Dieu ? » (Ps 41,4). Je n’ai rien à répondre, je crains que tu ne sois pas là, je ne sens pas ta présence.

Mon cœur brûle, je désire voir mon Seigneur. Où sont, en effet, ma patience et ma constance ? C’est toi, Seigneur mon Dieu, et que vais-je faire ? Je te cherche et je ne te trouve pas ; je te désire et je ne te vois pas ; je te poursuis, et je ne te saisis pas. Quelle est ma force, pour que je puisse tenir ? Jusqu’où puis-je endurer ? Quoi de plus triste que mon âme ? Quoi de plus misérable ? Quoi de plus éprouvé ? Crois-tu, mon amour, que ma tristesse se changera en joie lorsque je te verrai ? (Jn 16,20) (…) « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1S 3,9). Que je puisse écouter ce que tu dis en moi, Seigneur mon Dieu. Dis à mon âme : Je suis ton salut ! (Ps 84,9 ;34,3) Dis davantage, Seigneur, et parle de manière à ce que j’entende : « Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi » (Lc 15,31). Ah ! Verbe de Dieu le Père, c’est cela que j’ai voulu entendre.

Hildebrand

 

 

 

Élevés par l’humilité

5 décembre 2024

Plus nous voulons nous approcher de Dieu, plus nous devons nous ancrer profondément dans l’humilité.

S. Augustin nous le montre très bien dans une comparaison familière. « Le but, dit-il, que nous poursuivons est très grand ; car c’est Dieu que nous cherchons, que nous voulons atteindre, parce qu’en lui seul se trouve notre béatitude éternelle. Or, à ce but très élevé nous ne pouvons parvenir que par l’humilité. Désires-tu t’élever ? Commence par t’abaisser. Tu rêves de construire un édifice qui s’élance vers les cieux ? Prends garde d’abord d’en établir le fondement par l’humilité ». Et plus la construction doit être élevée, ajoute le S. Docteur, plus profondément doivent être enfouies les fondations : d’autant plus que le sol de notre pauvre nature est singulièrement mouvant et instable. Or, jusqu’à quelle hauteur ambitionne de monter cet édifice spirituel ? Jusqu’à la vision de Dieu. Voyez donc, s’écrie-t-il, à quelle sublimité doit s’élever cet édifice, quel but sublime nous devons atteindre ; mais n’oubliez pas que vous n’y arriverez que par l’humilité (Sermon 10, Verbis Domini).

On comprend dès lors aisément pourquoi S. Benoît, qui ne nous assigne d’autre but que de « trouver Dieu » fonde notre vie spirituelle sur l’humilité.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)