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Archive pour le mot-clef ‘Dieu’

Notre âme est destinée à Celui qui est si grand

jeudi 2 janvier 2025

Loin de vous ces timidités excessives, où tombent certaines personnes qui les prennent pour de l’humilité ! Non, l’humilité ne consiste pas à refuser une faveur que nous fait le roi ; mais à l’accepter en reconnaissant combien nous en sommes indignes et à nous réjouir de cette faveur. Ce serait vraiment une étrange humilité que celle-là ! Comment ! Le Souverain de la terre et des cieux viendrait en moi pour me combler de ses faveurs et prendre ses délices avec moi, et par humilité je ne voudrais ni lui répondre, ni rester avec lui, ni accepter ce qu’il me donne ! et je le laisserais seul ! et quand il m’invite à lui présenter mes suppliques et qu’il m’en prie, je croirais faire preuve d’humilité en restant dans ma pauvreté ! et je l’obligerais à s’en aller parce que je ne réponds pas à ses avances ? Laissez de côté, mes filles, cette prétendue l’humilité. Traitez avec lui comme avec un Père, un Frère, un Maître, un Époux. Considérez-le tantôt sous un rapport, tantôt sous un autre. Il vous enseignera lui-même ce que vous devez faire pour le contenter.

Dieu est maître tout-puissant. N’a-t-il pas la liberté avec lui ? Or, comme il nous aime, il se met à notre portée. Une âme qui débute serait troublée en se voyant, elle si petite, destinée à renfermer en soi celui qui est si grand. Mais le Seigneur ne se manifeste pas à elle immédiatement : il agrandit peu à peu sa capacité ; il la dispose et la prépare aux dons qu’il veut mettre en elle. J’ai dit qu’il porte avec lui la liberté parce qu’il a le pouvoir d’agrandir ce palais qu’est notre âme.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

« Venez à moi, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,28-29)

mercredi 11 décembre 2024

Dieu est parfait en tout sens. Il est impossible de trouver en lui quelque chose qui ne soit pas infiniment bon. Il est sage, prudent, fidèle, bon, libéral, beau, doux, ne méprisant rien de tout ce qu’il a créé, faisant cas de nous, nous gouvernant avec douceur, et même avec respect, patient, exempt de tous les mouvements déréglés des passions ; il a tout ce que nous aimons dans les créatures ; tout est réuni en lui, et pour toujours, et d’une manière infiniment plus parfaite. Il n’a aucun des défauts qui nous choquent, qui nous rebutent, qui nous dégoûtent des objets créés. D’où vient donc que nous ne l’aimons pas uniquement ? (…)

Dieu est non seulement parfait, mais encore il est la source de toute perfection. Ce n’est qu’en lui qu’on la peut puiser ; et cela se fait en l’étudiant, en la considérant : « Nous lui serons semblable, parce que nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3,2). Ce sera dans le ciel, et, en cette vie, nous approcherons d’autant de cette ressemblance que nous le considérerons davantage. (…) Jésus, autant que je pourrai, je veux me régler par vos exemples et par vos maximes, qui seules peuvent me conduire à vous et me tirer des embarras de l’ignorance, et des erreurs où mes passions pourraient me précipiter.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

Dieu nous invite à sa joie

mardi 3 décembre 2024

Mon Dieu, que vous êtes bon de nous inviter à la joie ; et non seulement de nous y inviter, mais de nous en présenter des motifs tellement forts, tellement puissants, qu’il nous forcent à être dans la joie dans la même mesure que nous vous aimons…

Le motif de joie que vous proposez, c’est votre propre bonheur : plus nous vous aimerons, plus nous voudrons ardemment votre bien, plus nous mettrons en vous plutôt qu’en nous notre joie et notre vie, plus nous jouirons profondément de votre bonheur. Au ciel, votre bonheur est la joie principale des élus : ce bonheur céleste, il dépend de nous d’en jouir dès cette vie, en grande partie, si nous vous aimons assez pour sortir de nous-mêmes et mettre toute notre joie en vous. Si nous mettons toute notre joie en vous, nous serons heureux dès le moment où nous le ferons, sur cette terre même ! Si nous ne mettions toute notre joie en vous, nous ne serions pas pleinement heureux, même au ciel.

Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous appeler dès ce monde à un tel bonheur, à une si haute perfection, à une union si étroite avec vous, et de nous y pousser avec de si ardentes paroles ! Que vous êtes bon ! « Jubilez au Seigneur, terre entière ! Chantez, tressaillez de joie, bénissez ! » (cf. Ps 97,4 LXX)

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »

samedi 23 novembre 2024

La chair est précieuse aux yeux de Dieu, il la préfère entre toutes ses œuvres, donc ce serait normal qu’il la sauve… Ne serait-ce pas absurde que ce qui a été créé avec tant de soin, ce que le Créateur considère comme plus précieux que tout le reste, cela retourne au néant ?

Quand un sculpteur ou un peintre veulent que les images qu’ils ont créées demeurent afin de servir leur gloire, ils les restaurent lorsqu’elles sont abîmées. Et Dieu verrait son bien, son œuvre, retourner au néant, ne plus exister ? Nous appellerions « ouvrier de l’inutile » celui qui bâtirait une maison pour la détruire ensuite ou qui la laisserait s’abîmer quand il peut la remettre debout. De la même façon, n’accuserions-nous pas Dieu de créer la chair inutilement ? Mais non, l’Immortel n’est pas ainsi ; celui qui par nature est l’Esprit de l’univers ne saurait être insensé !… En vérité, Dieu a appelé la chair à renaître et il lui a promis la vie éternelle.

Car là où on annonce la Bonne Nouvelle du salut de l’homme, on l’annonce aussi pour la chair. Qu’est-ce que l’homme en effet, sinon un être vivant doué d’intelligence, composé d’une âme et d’un corps ? L’âme toute seule fait-elle l’homme ? Non, c’est l’âme d’un homme. Appellera-t-on « homme » le corps ? Non, on dit que c’est un corps d’homme. Si donc aucun de ces deux éléments n’est à lui seul l’homme, c’est l’union des deux qu’on appelle « l’homme ». Or c’est l’homme que Dieu a appelé à la vie et à la résurrection : non pas une partie de lui, mais l’homme tout entier, c’est-à-dire l’âme et le corps. Ne serait-ce donc pas absurde, alors que tous deux existent selon et dans la même réalité, que l’un soit sauvé et pas l’autre ?

Saint Justin (v. 100-160)

 

 

 

Se connaître soi-même pour connaître Dieu

samedi 16 novembre 2024

Pour atteindre à l’humilité, on ne peut rien trouver de plus direct ni de mieux adapté que la rencontre de soi-même dans la vérité. Il suffit pour cela de ne rien dissimuler, de chasser l’esprit de tricherie, de se placer face à soi-même sans se laisser détourner.

Se regardant ainsi, à la lumière de la vérité, l’âme ne découvrira-t-elle pas qu’elle est dans « la région de la dissemblance » ? Alors, soupirant tristement, car sa réelle misère ne saurait plus lui demeurer cachée, ne s’écriera-t-elle pas vers le Seigneur, avec le prophète : « Dans ta vérité, tu m’as rendu humble » (Ps 118,75 Vg) ? Et comment ne se sentirait-elle pas pénétrée d’humilité, quand elle se connaît en toute vérité ? Car l’âme se perçoit sous le poids du péché (…) aveugle, repliée sur elle-même, sans force, sujette à de multiples erreurs, exposée à mille dangers, alarmée par mille craintes, anxieuse pour mille problèmes, en butte à mille soupçons, préoccupée par mille besoins, avec un penchant pour le vice et une impuissance pour la vertu.

Pourra-t-elle avoir encore un regard hautain et tenir sa tête haute ? Quand la souffrance se fait perçante comme une épine, n’est-ce pas vers celle-ci que l’âme se tournera ? Je veux dire qu’elle se tournera du côté des larmes, se tournera du côté des pleurs et des gémissements, se tournera vers le Seigneur et criera avec humilité : « Guéris mon âme, car j’ai péché contre toi » (Ps 40,5). À peine se sera-t-elle tournée vers le Seigneur que l’âme recevra la consolation, puisqu’il est, lui, « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation » (2 Co 1,3). (…) Suite à pareille expérience, Dieu se manifeste comme Sauveur. (…)

Aussi, te connaître toi-même sera une étape pour reconnaître Dieu. Par le renouvellement en toi de son image, lui-même deviendra visible. En effet, lorsque, le visage sans masque, tu réfléchiras comme dans un miroir la gloire du Seigneur, tu seras transformé en cette même image, toujours plus nette et claire, comme il convient à l’action de l’Esprit de Dieu (cf. 2 Co 3,18).

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

 

Interroge les mystères invisibles de Dieu !

vendredi 25 octobre 2024

Ciel et terre et tout ce qui est en eux, les voici de partout qui me disent de t’aimer, et ils ne cessent de le dire à tous les hommes, « pour qu’ils soient sans excuse » (Rm 1,20). Mais plus profondément, toi « tu auras pitié de qui tu voudras avoir pitié, et tu accorderas miséricorde à qui tu voudras faire miséricorde » (cf. Rm 9,15), sans quoi c’est à des sourds que le ciel et la terre disent tes louanges. (…)

J’ai dit à tous les êtres qui entourent les portes de ma chair : « Dites-moi sur mon Dieu, puisque vous vous ne l’êtes pas, dites-moi sur lui quelque chose. » Ils se sont écriés d’une voix puissante : « C’est lui-même qui nous a faits » (Ps 99,3). Mon interrogation c’était mon attention ; et leur réponse, leur beauté.

Est-ce qu’à tous ceux qui ont l’intégrité de leurs sens n’apparaît pas cette beauté ? Pourquoi donc ne tient-elle pas à tous le même langage ? Les animaux petits et grands la voient, mais ils ne peuvent interroger ; car il n’y a pas en eux ce juge préposé aux messages des sens qu’est la raison. Les hommes, eux, peuvent interroger afin que « les mystères invisibles » de Dieu « deviennent, par les êtres créés, intelligibles à leurs regards (cf. Rm 1,20).

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. » (Ex 3,6)

mercredi 5 juin 2024

Lorsque Dieu invisible daigna s’adresser à l’homme en lui apparaissant sous une forme visible, lorsque l’Éternel employa un langage temporel et l’Immuable des mots fragiles, lorsqu’il dit : « Je suis celui qui suis » (Ex 3,14) (…), il ajouta au nom de sa substance, le nom de sa miséricorde. (…) C’est comme si Dieu avait dit à Moïse : ‟Cette parole : « Je suis celui qui suis », tu ne la comprendras pas ; ton cœur n’est pas affermi ; tu n’es pas immuable comme moi, et ton esprit ne l’est pas non plus. Tu as entendu ce que je suis. Ecoute ce que tu peux comprendre, écoute ce que tu peux espérer.”

Et Dieu dit encore à Moïse : ‟« Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob » (Ex 3,15). Tu ne peux saisir le nom de ma substance, saisis celui de ma miséricorde. Or ce que je suis est éternel. Abraham, Isaac et Jacob sont donc éternels ; je ne dis pas simplement éternels, mais rendus éternels, mais rendus éternels grâce à Dieu”.

C’est par ces paroles que le Seigneur a confondu les Sadducéens chicaneurs, quand ils niaient la résurrection. Il leur cita alors le témoignage de l’Écriture : « Lisez, leur dit-il, ce que le Seigneur dit à Moïse dans le buisson ardent : “Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants » (Mc 12, 26-27) ; et tous ceux-là vivent.

Quand Dieu dit (…) : « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob », il ajoute : « Voilà mon nom pour l’éternité » (Ex 3,15). C’est comme s’il disait : ‟Pourquoi crains-tu la mort de l’homme ? Pourquoi redouterais-tu de ne plus être après la mort ? Voilà mon nom pour l’éternité. Et ce nom : « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » ne pourrait être éternel si Abraham, Isaac et Jacob ne vivaient éternellement.”

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. » (Gn 1,26)

mardi 4 juin 2024

« Ô abîme de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses décrets sont insondables et incompréhensibles ses voies. Qui en effet a jamais connu la pensée du Seigneur ? Qui en a jamais été le conseiller ? » Tu as compassion, Seigneur, de qui tu veux ; tu as pitié de qui tu veux. Il ne s’agit pas donc de l’homme qui veut ou qui court, mais de toi, notre Dieu, qui fais miséricorde (Rm 11,33s; 9,15s).

Voici que le vase de poterie s’échappe de la main de celui qui l’a pétri (…) ; il s’échappe de la main qui le tient et qui le porte. (…) S’il lui arrivait de tomber de ta main, malheur à lui, parce qu’il se briserait (…) en mille morceaux, se réduirait à rien. Il le sait, et par ta grâce il ne tombe pas. Aie compassion, Seigneur, aie compassion : tu nous as façonnés, et nous sommes glaise (Jr 18,6; Gn 2,7). Jusqu’ici (…) nous restons fermes, jusqu’ici la main de ta force nous porte ; nous sommes suspendus à tes trois doigts, la foi, l’espérance et la charité, par lesquelles tu soutiens la masse de la terre, la solidité de la sainte Église. Aie compassion, tiens-nous ; que ta main ne nous laisse pas tomber. Plonge nos reins et notre cœur dans le feu de ton Esprit Saint (Ps 25,2) ; consolide ce que tu as façonné en nous, afin que nous ne nous désagrégions pas et ne soyons pas réduits à notre glaise, ou à rien du tout.

Pour toi, par toi, nous avons été créés, et vers toi nous sommes tournés. Tu nous as façonnés et formés, nous le reconnaissons ; nous adorons et invoquons ta sagesse à disposer, ta bonté et ta miséricorde à conserver. Parfais-nous, toi qui nous as faits ; parfais-nous jusqu’à la plénitude de ton image et ressemblance, selon laquelle tu nous a formés.

Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148)

 

 

 

La Sagesse nous emporte dans ses desseins d’amour

mardi 14 mai 2024

La Sagesse est Sagesse d’amour. Elle est au service de Dieu qui est amour. Or l’amour est le bien diffusif de soi. Il a besoin de se répandre et trouve sa joie à se donner. Sa joie est à la mesure du don qu’il fait et de sa qualité. Parce qu’elle est tout entière au service de Dieu, la Sagesse va utiliser toutes ses ressources pour diffuser l’amour. Il n’est donc pas étonnant que cette Sagesse d’amour trouve sa joie auprès des enfants des hommes, parce que dans leur âme elle peut répandre le meilleur de ses dons créés, la grâce, qui est une participation à la nature et à la vie de Dieu. (…)

La Sagesse d’amour est essentiellement active. Le mouvement ne lui est pas un état passager : il est constant. Si le bien diffusif de soi qu’est l’amour cessait un instant de se répandre, il ne serait plus amour. L’amour qui s’arrête se transforme en égoïsme. Dieu engendre sans cesse son Fils, du Père et du Fils procède constamment le Saint-Esprit ; c’est pourquoi Dieu est éternel Amour. L’amour qui nous est donné ne saurait s’arrêter en nos âmes. Il a besoin de remonter vers sa source et il veut par nous continuer son mouvement de diffusion de lui-même.

En nous conquérant, la Sagesse d’amour nous fait entrer dans l’intimité divine, mais elle nous emporte vers son but dans la réalisation de ses desseins d’amour. Elle nous transforme immédiatement en canaux de sa grâce et en instruments de ses œuvres. L’amour est essentiellement dynamique et dynamogène. (…) La Sagesse d’amour conquiert les âmes moins pour elles-mêmes que pour son œuvre. Elle n’a qu’un but qui est l’Église. Elle nous choisit comme membres de l’Église, pour que nous y tenions une place et y remplissions une mission.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967)

 

 

 

Ô mon amour, Dieu de ma vie !

jeudi 2 mai 2024

Que suis-je, ô mon Dieu, amour de mon cœur ? Hélas, hélas, que je te suis dissemblable. Voici que moi, je suis comme une infime gouttelette de ta bonté, et toi, tu es l’océan rempli de toute douceur.

Ô amour, amour, ouvre, ouvre sur moi si petite les entrailles de ta bonté ; fais jaillir sur moi toutes les cataractes de ta très bénigne paternité ; fais sourdre sur moi toutes les sources du grand abîme de ton infinie miséricorde. Que m’engloutisse le gouffre de ta charité. Que je sois immergée dans l’abîme et l’océan de ta miséricordieuse bonté. Que je disparaisse dans le déluge de ton vivant amour, comme disparaît une goutte d’eau de la mer, dans la profondeur de son immensité. Que je meure, que je meure dans le torrent de ton immense pitié, comme meurt l’étincelle du feu dans le courant impétueux du fleuve.

Que la rosée de ton amour m’enveloppe. Que la coupe de ton amour m’enlève la vie. Que le secret dessein de ton très sage amour opère et achève en moi la glorieuse mort d’amour, cet amour qui donne la vie. Là, je perdrai ma vie en toi, là où tu vis éternellement, ô mon amour, Dieu de ma vie. Amen.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)