ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘sabbat’

Entrer dans la vraie paix du sabbat

lundi 9 septembre 2024

Lorsque l’homme, s’arrachant au brouhaha extérieur, s’est recueilli au secret de son cœur, qu’il a fermé sa porte à la foule bruyante des vanités…, quand il n’y a plus rien en lui d’agité ni de désordonné, rien qui le tiraille, rien qui le tenaille…, c’est la joyeuse célébration d’un premier sabbat. Mais on peut quitter cette chambre intime pour l’auberge de son cœur…, pour entrer dans le repos joyeux et paisible de la douceur de l’amour fraternel. C’est un deuxième sabbat, celui de la charité fraternelle…

Une fois purifiée dans ces deux formes d’amour [de soi-même et de son prochain], l’âme aspire d’autant plus ardemment aux joies de l’étreinte divine qu’elle est plus assurée. Brûlant d’un désir extrême, elle passe au-delà du voile de la chair et, entrant dans le sanctuaire (He 10,20), où le Christ Jésus est esprit devant sa face, elle est totalement absorbée par une lumière indicible et une douceur inhabituelle. Le silence s’étant fait par rapport à tout ce qui est corporel, sensible, changeant, elle fixe d’un regard pénétrant Ce qui Est, Ce qui est toujours tel, identique à soi-même, Ce qui est Un. Libre pour voir que le Seigneur lui-même est Dieu (Ps 45,11), elle célèbre sans aucun doute le sabbat des sabbats dans les douces étreintes de la Charité elle-même.

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)

 

 

 

Rendre le Christ maître de notre sabbat

samedi 7 septembre 2024

L’Eucharistie fait partie du dimanche. Au matin de Pâques, les femmes en premier, puis les disciples, ont eu la grâce de voir le Seigneur. Depuis lors, ils ont su que désormais le premier jour de la semaine, le dimanche, serait son jour à lui, le jour du Christ. Le jour du commencement de la création devenait le jour du renouvellement de la création. Création et rédemption vont ensemble.

C’est pour cela que le dimanche est tellement important. Il est beau qu’aujourd’hui, dans de nombreuses cultures, le dimanche soit un jour libre ou, qu’avec le samedi, il constitue même ce qu’on appelle le « week-end » libre. Ce temps libre, toutefois, demeure vide si Dieu n’y est pas présent.

Chers amis ! Quelquefois, dans un premier temps, il peut s’avérer plutôt mal commode de devoir prévoir aussi la Messe dans le programme du dimanche. Mais si vous en prenez l’engagement, vous constaterez aussi que c’est précisément ce qui donne le juste centre au temps libre. Ne vous laissez pas dissuader de participer à l’Eucharistie du dimanche et aidez aussi les autres à la découvrir. Parce que la joie dont nous avons besoin se dégage d’elle, nous devons assurément apprendre à en comprendre toujours plus la profondeur, nous devons apprendre à l’aimer. Engageons-nous en ce sens, cela en vaut la peine ! Découvrons la profonde richesse de la liturgie de l’Église et sa vraie grandeur : nous ne faisons pas la fête pour nous, mais c’est au contraire le Dieu vivant lui-même qui prépare une fête pour nous.

Benoît XVI

 

 

 

« Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien…? de sauver une vie ? »

mercredi 17 janvier 2024

Dieu est-t-il à l’œuvre, travaille-t-il, le jour du sabbat ? Certes oui, car autrement le ciel disparaîtrait, la lumière du soleil s’éteindrait, la terre perdrait consistance, tous les fruits manqueraient de sève et la vie des hommes périrait si, à cause du sabbat, la force constitutive de l’univers cessait d’agir. Mais en fait, il n’y a aucune trêve ; aussi bien pendant le sabbat que durant les six autres jours, les éléments de l’univers continuent à remplir leur fonction. À travers eux le Père œuvre donc en tous temps, mais il agit dans le Fils qui est né de lui et par qui tout cela est son œuvre. (…) Par le Fils, l’action du Père se poursuit donc le jour du sabbat. Et par conséquent il n’y a pas de repos en Dieu, puisque aucun jour ne voit cesser l’œuvre de Dieu.

Ainsi en est-il de l’action de Dieu. Mais en quoi consiste son repos ? L’œuvre de Dieu, c’est l’œuvre du Christ. Et le repos de Dieu, c’est Dieu, le Christ, car tout ce qui appartient à Dieu est véritablement dans le Christ à tel point que le Père peut s’en reposer sur lui.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« Le sabbat a été fait pour l’homme. »

mardi 16 janvier 2024

Quand un homme s’est retiré du tumulte extérieur pour rentrer dans le secret de son cœur, qu’il a fermé sa porte à la foule bruyante des vanités et a fait le tour de ses trésors intérieurs, quand il n’a plus rien rencontré en lui d’agité ni de désordonné, rien qui puisse le tourmenter ou le contrarier mais que tout en lui est plein de joie, d’harmonie, de paix, de tranquillité, quand tout le petit monde de ses pensées, paroles et actions lui sourit comme le ferait la maisonnée d’un père de famille dans une demeure où règne l’ordre et la paix — alors se lève soudain une merveilleuse assurance. Et de cette assurance vient une joie extraordinaire et de cette joie jaillit un chant d’allégresse qui éclate en louanges de Dieu. Ces louanges sont d’autant plus ferventes que l’on voit plus clairement combien tout ce qui est bon en soi-même est un don de Dieu.

C’est la joyeuse célébration du sabbat qui doit être précédée de six autres jours, c’est-à-dire de l’achèvement complet des œuvres. Nous transpirons d’abord en faisant des œuvres bonnes, pour nous reposer ensuite dans la paix de notre conscience. À partir des œuvres bonnes naît la pureté de la conscience qui conduit au juste amour de soi-même, qui nous permettra d’aimer notre prochain comme nous-mêmes (Mt 22,39).

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)

 

 

 

« Le sabbat a été fait pour l’homme. » (Mc 2,27)

vendredi 3 novembre 2023

Au terme de toute l’œuvre de la création, le « shabbat », septième jour béni et consacré par Dieu, se relie immédiatement à l’œuvre du sixième jour, où Dieu a fait l’homme « à son image, comme sa ressemblance » (Gn 1,26). Ce lien très étroit entre le « jour de Dieu » et le « jour de l’homme » n’a pas échappé aux Pères quand ils ont médité sur le récit biblique de la création. Ambroise dit à ce sujet : « Je rends grâce au Seigneur notre Dieu, qui a fait une œuvre telle qu’il puisse s’y reposer. Il a fait le ciel, mais je ne lis pas qu’il se soit reposé ; il a fait la terre, mais je ne lis pas qu’il se soit reposé ; il a fait le soleil, la lune et les étoiles, et là non plus, je ne lis pas qu’il se soit reposé, mais je lis qu’il a fait l’homme et qu’alors il se reposa, en ayant quelqu’un à qui il puisse remettre ses péchés ». Ainsi, le « jour de Dieu » sera à jamais directement lié au « jour de l’homme ».

Quand le commandement de Dieu dit : « Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier » (Ex 20,8), la pause ordonnée pour honorer le jour qui lui est consacré n’est nullement un commandement pesant pour l’homme, mais plutôt une aide qui lui permet de reconnaître sa dépendance vitale et libératrice à l’égard du Créateur, ainsi que sa vocation à collaborer à son œuvre et à accueillir sa grâce. En honorant le « repos » de Dieu, l’homme se redécouvre pleinement lui-même ; ainsi le jour du Seigneur se révèle profondément marqué par la bénédiction divine (Gn 2,3) et, grâce à elle, on pourrait le dire doué comme les animaux et les hommes d’une sorte de « fécondité » (Gn 1,22.28). Cette fécondité s’exprime surtout en ce que le sabbat ravive et, en un sens, « multiplie » le temps lui-même, accroissant en l’homme, par la mémoire du Dieu vivant, la joie de vivre et le désir de promouvoir et de donner la vie.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

samedi 9 septembre 2023

Le troisième commandement du Décalogue rappelle la sainteté du sabbat : « Le septième jour est un sabbat ; un repos complet consacré au Seigneur » (Ex 31,15 ; cf. 20,8).

L’Écriture fait à ce propos mémoire de la création : « Car en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, mais il s’est reposé le septième jour. Voilà pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat, il l’a sanctifié » (Ex 20,11).

L’Écriture révèle encore dans le jour du Seigneur un mémorial de la libération d’Israël de la servitude en Égypte : « Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte et que le Seigneur ton Dieu t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu. Voilà pourquoi le Seigneur ton Dieu te commande de pratiquer le jour du sabbat » (Dt 5,15).

Dieu a confié à Israël le sabbat pour qu’il le garde en signe de l’alliance infrangible. Le sabbat est pour le Seigneur, saintement réservé à la louange de Dieu, de son œuvre de création et de ses actions salvifiques en faveur d’Israël…

L’Évangile rapporte de nombreux incidents où Jésus est accusé de violer la loi du sabbat. Mais jamais Jésus ne manque à la sainteté de ce jour. Il en donne avec autorité l’interprétation authentique : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Mc 2,27). Avec compassion, le Christ s’autorise « le jour du sabbat, de faire du bien plutôt que le mal, de sauver une vie plutôt que de la tuer » (Mc 3,4). Le sabbat est le jour du Seigneur des miséricordes et de l’honneur de Dieu. « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

Catéchisme de l’Église catholique

 

 

 

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

vendredi 21 juillet 2023

Nous ne voyons pas que les paroles de la Genèse : « Au jour du sabbat Dieu s’est reposé de ses œuvres » se soient réalisées en ce septième jour de la création, ni même qu’elles se réalisent aujourd’hui. Nous voyons toujours Dieu au travail. Il n’y a pas de sabbat où Dieu cesse de travailler, de jour où il ne « fasse paraître son soleil sur les bons et sur les méchants et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes », où « il ne fasse pousser l’herbe sur les montagnes et les plantes au service des hommes » (…), où « il ne fasse mourir et ne fasse vivre. »

Aussi, le Seigneur répond à ceux qui l’accusaient de travailler et de guérir le jour du sabbat : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi aussi je travaille. » Il montrait par là que, durant le temps de ce monde, il n’y a pas de sabbat où Dieu se repose de veiller à la marche du monde et aux destinées du genre humain. (…) Dans sa sagesse de Créateur il ne cesse d’exercer sur ses créatures sa providence et sa bienveillance « jusqu’à la fin du monde ». Donc le vrai sabbat où Dieu se reposera de tous ses travaux sera le monde futur, quand « douleur, tristesse et gémissements s’enfuiront », et que Dieu sera « tout en tous ».

Origène (v. 185-253)

(Références bibliques : Gn 2,2; Mt 5,45; Ps 146,8; 1Sm 2,6; Jn 5,17; Mt 28,20; Is 35,10 LXX; Col 3,11)

 

 

« Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. »

mardi 17 janvier 2023

Il est particulièrement urgent à notre époque de rappeler que le dimanche, le Jour du Seigneur, est aussi le jour du repos par rapport au travail. Nous souhaitons vivement que cela soit reconnu comme tel par la société civile, de sorte qu’il soit possible d’être libre des activités du travail sans être pour autant pénalisé. En effet, les chrétiens, en relation avec la signification du sabbat dans la tradition juive, ont toujours vu également dans le Jour du Seigneur le jour du repos du labeur quotidien.

Cela a un sens précis, constituant une relativisation du travail, qui est ordonné à l’homme : le travail est pour l’homme et non l’homme pour le travail. Il est facile de comprendre la protection qui en découle pour l’homme lui-même, qui est ainsi émancipé d’une forme possible d’esclavage. Comme j’ai eu l’occasion de l’affirmer, « le travail est de première importance pour la réalisation de l’homme et pour le développement de la société, et c’est pourquoi il convient qu’il soit toujours organisé et accompli dans le plein respect de la dignité humaine et au service du bien commun. En même temps, il est indispensable que l’homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu’il n’en fasse pas une idole, prétendant trouver en lui le sens ultime et définitif de la vie ». C’est dans le jour consacré à Dieu que l’homme comprend le sens de son existence ainsi que de son travail.

Benoît XVI

 

 

 

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

samedi 3 septembre 2022

jesus-champ-ble

« En vertu d’une tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du Christ, l’Église célèbre le mystère pascal chaque huitième jour, qui est nommé à juste titre le jour du Seigneur, ou dominical, dimanche » (Vatican II SC 106). Le jour de la résurrection du Christ est à la fois le « premier jour de la semaine » (Jn 20,1), mémorial du premier jour de la création, et le « huitième jour » où le Christ, après son repos du grand sabbat, inaugure le jour « que fait le Seigneur », le « jour qui ne connaît pas de soir » (Ps 117; liturgie byzantine). Le « repas du Seigneur » (1Co 11,20) est son centre, car c’est ici que toute la communauté des fidèles rencontre le Seigneur ressuscité qui les invite à son banquet (Jn 21,12; Lc 24,30).

« Le jour du Seigneur, le jour de la résurrection, le jour des chrétiens, est notre jour. C’est pour cela qu’il est appelé jour du Seigneur : car c’est ce jour-là que le Seigneur est monté victorieux auprès du Père. Si les païens l’appellent jour du soleil, nous aussi, nous le disons volontiers, car aujourd’hui s’est levée la lumière du monde, aujourd’hui est apparu ‘ le soleil de justice dont les rayons apportent le salut ’ » (S. Jérôme; Ma 3,20).

Le dimanche est le jour par excellence de l’assemblée liturgique, où les fidèles se rassemblent « pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à l’eucharistie, ils fassent mémoire de la Passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, en rendant grâce à Dieu qui les ‘ a fait renaître pour une vivante espérance par la Résurrection de Jésus Christ d’entre les morts ’ » (SC 106; 1P 1,3). « Quand nous méditons, ô Christ, les merveilles qui ont été accomplies en ce jour du dimanche de ta sainte résurrection, nous disons : Béni est le jour du dimanche, car c’est en lui que fut le commencement de la création…, le salut du monde…, le renouvellement du genre humain… C’est en lui que le ciel et la terre se sont réjouis… Béni est le jour du dimanche, car c’est en lui que les portes du paradis ont été ouvertes pour qu’Adam et tous les bannis y entrent sans crainte » (liturgie syriaque d’Antioche).

Catéchisme de l’Église catholique
§1166-1167

 

 

 

 

« Le Fils de l’Homme est maître du sabbat. »

vendredi 15 juillet 2022

Dans la Loi donnée par Moïse…, Dieu ordonnait à tous de se reposer et de ne faire aucun travail le jour du sabbat. Mais celui-ci était « une image et une ombre » (He 8,5) du véritable sabbat, qui est accordé à l’âme par le Seigneur. En effet, l’âme qui a été jugée digne du véritable sabbat cesse de s’adonner à ses préoccupations honteuses et avilies et s’en repose ; elle célèbre le véritable sabbat et jouit du véritable repos, étant délivrée de toutes les œuvres des ténèbres…

Jadis, il était prescrit que même les animaux dénués de raison devaient se reposer le jour du sabbat : le bœuf ne devait pas être soumis au joug, ni l’âne porter de fardeau, car les animaux eux-mêmes se reposaient des travaux pénibles. En venant parmi nous et en nous donnant le sabbat véritable et éternel, le Seigneur a apporté le repos à l’âme qui était chargée et accablée du fardeau du péché, et qui, sous la contrainte, accomplissait des œuvres de l’injustice, assujettie qu’elle était à des maîtres cruels. Il l’a soulagée du poids intolérable des idées vaines et ignobles ; il l’a affranchie du joug amer des œuvres d’injustice, et il lui a donné le repos.

En effet, le Seigneur appelle l’homme au repos en lui disant : « Venez, vous tous qui peinez et êtes accablés, et je vous donnerai le repos » (Mt 11,28). Et toutes les âmes qui lui font confiance et s’approchent de lui…célèbrent un sabbat véritable, délicieux et saint, une fête de l’Esprit, dans une joie et une allégresse inexprimables. Elles rendent à Dieu un culte pur qui lui plaît, procédant d’un cœur pur. C’est là le sabbat véritable et saint.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)