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Archive pour le mot-clef ‘St Jean Baptiste’

Martyre de Saint Jean-Baptiste (m)

mardi 29 août 2023

Parmi les titres de gloire du saint et bienheureux Jean Baptiste, dont nous célébrons la fête aujourd’hui, je ne sais auquel donner la préférence : à sa naissance miraculeuse ou à sa mort plus miraculeuse encore. Sa naissance a apporté une prophétie (Lc 1,67s), sa mort la vérité ; sa naissance a annoncé l’arrivée du Sauveur, sa mort a condamné l’inceste d’Hérode. Cet homme saint (…) a mérité aux yeux de Dieu de ne pas disparaître de la même façon que les autres hommes de ce monde : il a quitté ce corps reçu du Seigneur en le confessant. Jean a accompli en tout la volonté de Dieu, puisque sa vie comme sa mort correspondent à ses desseins. (…)

Il est encore au creux du ventre de sa mère quand déjà il célèbre l’arrivée du Seigneur, par ses mouvements de joie, puisqu’il ne pouvait pas le faire par la voix. Élisabeth dit à la sainte Marie : « Dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein » (Lc 1,44). Jean exulte donc avant de naître, et avant que ses yeux ne reconnaissent à quoi ressemble le monde, son esprit reconnaît déjà celui qui en est le maître. Je pense que c’est là le sens de la phrase du prophète : « Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu ; avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré » (Jr 1,5). Ne nous étonnons donc pas si, enfermé dans la prison où l’avait fait mettre Hérode, il a continué à prêcher le Christ par l’intermédiaire de ses disciples (Mt 11,2), puisque, enfermé qu’il était dans le sein de sa mère, il annonçait déjà de ses tressaillements la venue du Seigneur.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

Précurseur par sa vie et par sa mort

samedi 5 août 2023

Précurseur du Christ, Jean l’a été par sa naissance, par sa prédication, par son baptême et par sa mort. (…) Peut-on trouver une seule vertu, un seul genre de sainteté, que le Précurseur n’ait possédé au plus haut degré ? Parmi les saints ermites, lequel s’est jamais imposé cette règle de n’avoir pour nourriture que du miel sauvage ou ce mets immangeable : des sauterelles ! Certains renoncent au monde et fuient les hommes pour vivre saintement, mais Jean n’est encore qu’un enfant. (…) quand il s’enfonce dans le désert et choisit résolument d’habiter dans la solitude. Il a renoncé à succéder à son père dans la charge de prêtre, afin de pouvoir annoncer en toute liberté le Prêtre véritable et souverain. Les prophètes ont prédit à l’avance la venue du Sauveur, les apôtres et les autres enseignants de l’Église attestent que cette venue a réellement eu lieu, mais Jean le montre présent parmi les hommes. Beaucoup ont gardé la virginité et n’ont pas souillé la blancheur de leur vêtement (cf Ap 14,4), mais Jean renonce à toute compagnie humaine afin d’arracher les convoitises de la chair jusqu’à leurs racines, et, plein de ferveur spirituelle, il habite parmi les bêtes sauvages.

Jean préside même au sein du chœur écarlate des martyrs, comme leur maître à tous : il a combattu vaillamment pour la vérité, et il est mort pour elle. Il est devenu le chef de tous ceux qui combattent pour le Christ, et, le premier de tous, il est allé planter au ciel l’étendard triomphal du martyre.

Saint Pierre Damien (1007-1072)

 

 

 

Nativité de saint Jean Baptiste, solennité

samedi 24 juin 2023

Le plus grand des hommes a été envoyé pour rendre témoignage à Celui qui était plus qu’un homme. En effet, quand celui qui est « le plus grand d’entre les enfants des femmes » (Mt 11,11) dit : « Je ne suis pas le Christ » (Jn 1,20) et s’humilie devant le Christ, il nous faut comprendre qu’il y a dans le Christ plus qu’un homme… « De sa plénitude nous avons tous reçu » (Jn 1,16). Qu’est-ce à dire, « nous tous »? C’est-à-dire que les patriarches, les prophètes et les saints apôtres, ceux qui ont précédé l’Incarnation ou qui ont été envoyés depuis par le Verbe incarné lui-même, « nous avons tous reçu de sa plénitude ». Nous sommes des vases, il est la source. Donc…, Jean est homme, le Christ est Dieu : il faut que l’homme s’humilie, pour que Dieu soit exalté.

C’est pour apprendre à l’homme à s’humilier que Jean est né le jour à partir duquel les jours commencent à décroître ; pour nous montrer que Dieu doit être exalté, Jésus Christ est né le jour où les jours commencent à croître. Il y a ici un enseignement profondément mystérieux. Nous célébrons la nativité de Jean comme celle du Christ, parce que cette nativité est pleine de mystère. De quel mystère ? Du mystère de notre grandeur. Diminuons en nous-mêmes, pour croître en Dieu ; humilions-nous dans notre bassesse, pour être exaltés dans sa grandeur.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

Jean Baptiste, témoin du Christ par toute sa vie

vendredi 3 février 2023

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire,
de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu,
à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant.

Nous chantons les merveilles que tu as accomplies
pour le plus grand des enfants des hommes,
Jean Baptiste, le Précurseur :
Avant même de naître,
il tressaillit d’allégresse à l’approche du Sauveur ;
en venant au monde il apportait une grande joie ;
il fut, de tous les prophètes, celui qui désigna le Messie,
l’Agneau de Dieu ;
Dans les eaux qui devaient en être sanctifiées
il baptisa l’auteur du baptême ;
enfin, il rendit au Christ le plus beau témoignage,
le témoignage du martyre.

C’est pourquoi, avec les puissances du ciel,
nous pouvons te bénir sur la terre
et t’adorer en chantant : Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers !

Le Missel romain

(Références bibliques : Mt 11,11; Lc 1,41.14; Jn 1,29)

 

 

Fête du Baptême de Notre Seigneur

lundi 9 janvier 2023

Je ne peux contenir ma joie, mon esprit exulte et tressaille. Je me sens presque emporté par l’ardeur de Jean pour annoncer la bonne nouvelle. C’est vrai que je ne suis pas Précurseur, mais comme lui je viens du désert. Le Christ est illuminé, resplendissons avec lui. Le Christ est baptisé, descendons avec lui pour pouvoir avec lui remonter nous aussi.

Jean baptiste, Jésus s’avance : il vient sanctifier le Baptiste. Il vient noyer dans les eaux le vieil Adam tout entier et, avant cela, – et pour cela – sanctifier les eaux du Jourdain. Le Baptiste refuse et Jésus insiste. La lampe dit au Ciel, la voix au Verbe, l’ami à l’Époux : C’est moi qui devrais être baptisé par toi. Jésus répond : laisse donc. Ceci s’accomplit pour réaliser en toute sagesse le dessein de Dieu.

Jésus remonte de l’eau entraînant et élevant le monde avec lui et il voit les cieux ouverts, ces cieux qu’autrefois Adam avait fermés pour lui et pour les siens, et ce paradis qui était comme scellé par un glaive de feu. Et l’Esprit témoigne de sa divinité ; il accourt vers son semblable, et une voix descend du ciel, car c’est du ciel que vient celui à qui on rend témoignage.

Nous entourons d’honneur aujourd’hui le baptême du Christ et nous sommes en fête pour le célébrer. Purifions-nous. Rien n’est plus agréable à Dieu que le salut des hommes et leur retour, c’est la clef de tout enseignement et de tous les mystères. Il en sera ainsi si vous êtes comme une lumière dans le monde, comme une force vitale pour les autres hommes, et comme de petites lumières autour du Christ la grande lumière, reflétant sur vos traits sa splendeur céleste.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

« Ta femme te donnera un fils… Tu seras dans la joie et l’allégresse, beaucoup d’hommes se réjouiront de sa naissance. » (Lc 1,13-14)

vendredi 23 décembre 2022

D’avance Dieu avait destiné Jean Baptiste à venir proclamer la joie des hommes et l’allégresse des cieux. De sa bouche, le monde a entendu tomber les paroles admirables qui annonçaient la présence de notre Rédempteur, l’Agneau de Dieu (Jn 1,29). Alors que ses parents avaient perdu tout espoir d’obtenir une descendance, l’ange, messager d’un si grand mystère, l’a envoyé pour servir de témoin au Seigneur avant même de naître (Lc 1,41). (…)

Il a rempli d’une joie éternelle le sein de sa mère, quand elle le portait en elle. (…) En effet, dans l’Évangile, on lit ces paroles qu’Élisabeth dit à Marie : « Lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1,43-44) (…) Tandis que, dans sa vieillesse, elle s’affligeait de ne pas avoir donné d’enfant à son mari, soudain elle a mis au monde un fils qui était aussi le messager du salut éternel pour le monde entier. Et un messager tel que, dès avant sa naissance, il a exercé le privilège de son ministère futur quand il a répandu son esprit prophétique par les paroles de sa mère.

Puis, par la puissance du nom que l’ange lui avait donné d’avance, il a ouvert la bouche de son père fermée par l’incrédulité (Lc 1,13.20). Lorsqu’en effet Zacharie était devenu muet, ce n’était pas pour le rester mais pour recouvrer divinement l’usage de la parole et confirmer par un signe venu du ciel que son fils était un prophète. Or, l’Évangile dit de Jean : « Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage pour que tous croient par lui » (Jn 1,7-8). Il n’était certes pas la Lumière, mais il était tout entier dans la lumière, celui qui a mérité de rendre témoignage à la Lumière véritable.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

Le silence de Zacharie

lundi 19 décembre 2022

La naissance de Jean rencontre l’incrédulité et son père devient muet ; Marie croit à celle du Christ et elle le conçoit par la foi. (…) Si nous ne sommes pas capables de scruter les profondeurs d’un si grand mystère, faute de capacité ou de temps, vous serez mieux instruits par celui qui parle en vous, même en mon absence, celui à qui vous pensez avec affection, celui que vous avez accueilli dans votre cœur, celui dont vous êtes devenus les temples (cf 1Co 3,16).

Zacharie se tait et perd la parole jusqu’à la naissance de Jean, précurseur du Seigneur, qui lui rend la parole. La parole lui est rendue à cause de la naissance de celui qui est la voix. Car on demandait à Jean qui annonçait déjà le Seigneur : « Qui es-tu ? » Et il a répondu : « Je suis la voix qui crie dans le désert » (Jn 1,23). La voix, c’est Jean, tandis que le Seigneur est la Parole : « Au commencement était le Verbe » (Jn 1,1). Jean, c’est la voix pour un temps ; le Christ c’est le Verbe au commencement, c’est le Verbe éternel.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« J’ai apprêté une lampe pour mon Christ. » (Ps 131,17)

vendredi 16 décembre 2022

Alors que l’univers entier était écrasé par les ténèbres du diable et que l’obscurité du péché régnait sur le monde, un soleil nouveau, le Christ notre Seigneur, a bien voulu, à ces derniers temps, à la nuit déjà avancée, répandre les premiers rayons d’un jour naissant. Avant que paraisse cette lumière, c’est-à-dire avant que se manifeste « le soleil de justice » (Ml 3,20), Dieu avait déjà annoncé par ses prophètes, comme une aurore : « J’envoyais mes prophètes avant la lumière » (Jr 7,25 Vulg). Plus tard, le Christ a lui-même jeté ses rayons, c’est-à-dire ses apôtres, pour faire resplendir sa lumière et remplir l’univers de sa vérité, afin que personne ne se perde dans les ténèbres. (…)

Nous les hommes, pour accomplir les tâches indispensables avant que le soleil de ce monde ne se lève, nous anticipons sur la lumière avec une lampe. Or le soleil du Christ, lui aussi, a sa lampe qui a précédé sa venue, comme dit le prophète : « J’ai apprêté une lampe pour mon Christ » (Ps 131,17). Le Seigneur indique quelle est cette lampe, en disant au sujet de Jean Baptiste : « Celui-là est la lampe qui brûle et qui luit ». Et Jean lui-même dit, comme s’il était la faible lueur d’une lanterne que l’on porte devant soi : « Mais vient celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Lc 3,16). En même temps, comprenant que sa lumière devait être éclipsée par les rayons du soleil, il a prédit : « Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3,30). En effet, de même que la lueur d’une lanterne s’éteint à l’arrivée du soleil, de même le baptême de repentir proclamé par Jean a perdu sa valeur à l’arrivée de la grâce du Christ.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? »

jeudi 15 décembre 2022

Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu ; c’est là qu’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul. Les Hébreux ont passé par le désert, Moïse y a vécu avant de recevoir sa mission, saint Paul, saint Jean Chrysostome se sont aussi préparés au désert. (…) C’est un temps de grâce, c’est une période par laquelle toute âme qui veut porter des fruits doit nécessairement passer. Il lui faut ce silence, ce recueillement, cet oubli de tout le créé, au milieu desquels Dieu établit son règne et forme en elle l’esprit intérieur : la vie intime avec Dieu, la conversation de l’âme avec Dieu dans la foi, l’espérance et la charité. Plus tard l’âme produira des fruits exactement dans la mesure où l’homme intérieur se sera formé en elle (Ep 3,16). (…)

On ne donne que ce qu’on a et c’est dans la solitude, dans cette vie seul avec Dieu seul, dans ce recueillement profond de l’âme qui oublie tout pour vivre seule en union avec Dieu, que Dieu se donne tout entier à celui qui se donne ainsi tout entier à lui. Donnez-vous tout entier à lui seul (…) et il se donnera tout entier à vous. (…) Regardez saint Paul, saint Benoît, saint Patrice, saint Grégoire le Grand, tant d’autres : quel long temps de recueillement et de silence ! Montez plus haut : regardez saint Jean Baptiste, regardez notre Seigneur. Notre Seigneur n’en avait pas besoin, mais il a voulu nous donner l’exemple.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

« Jean a rendu témoignage à la vérité…; il était la lampe qui brûle et qui éclaire. » (Jn 5,35)

mardi 13 décembre 2022

Cette lampe destinée à éclairer le monde m’apporte une joie nouvelle, car c’est grâce à elle que j’ai reconnu la vraie Lumière qui luit dans les ténèbres, mais que les ténèbres n’ont pas reçue (Jn 1,5). (…) Nous pouvons t’admirer, Jean, toi le plus grand de tous les saints ; mais imiter ta sainteté, cela nous est impossible. Puisque tu te hâtes de préparer un peuple parfait pour le Seigneur avec des publicains et des pécheurs, il est de toute urgence que tu leur parles d’une façon plus à leur portée que par ta vie. Propose-leur un modèle de perfection qui soit non pas selon ta manière de vivre, mais adapté à la faiblesse des forces humaines.

« Produisez, dit-il, de dignes fruits de pénitence » (Mt 3,8). Mais nous, frères, nous nous glorifions de parler mieux que nous vivons. Jean lui, dont la vie est plus sublime que ce que les hommes peuvent comprendre, met cependant son langage à la portée de leur intelligence : « Faites, dit-il, de dignes fruits de pénitence ! » « Je vous parle de manière humaine, en raison de la faiblesse de la chair. Si vous ne pouvez pas encore faire le bien en plénitude, que se trouve en vous au moins un vrai repentir de ce qui est mal. Si vous ne pouvez pas encore produire les fruits d’une justice parfaite, que pour le moment votre perfection consiste à produire de dignes fruits de pénitence. »

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)