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Archive pour le mot-clef ‘carême’

Le mercredi saint

mercredi 16 avril 2025

« N’est-ce pas moi qui vous ai choisi tous les douze ? Et l’un de vous est un démon » (Jn 6,70). Le Seigneur devait dire : « J’en ai choisi onze » ; est-ce qu’il a choisi un démon, un démon est-il parmi les élus ?… Dirons-nous qu’en choisissant Judas, le Sauveur a voulu accomplir par lui, contre sa volonté, sans qu’il le sache, une œuvre si grande et si bonne ? C’est là le propre de Dieu (…) : faire servir au bien les œuvres mauvaises des méchants. (…) Le méchant fait servir au mal toutes les bonnes œuvres de Dieu ; l’homme de bien au contraire fait servir au bien les méfaits des méchants. Et qui est aussi bon que le Dieu unique ? Le Seigneur le dit lui-même : « Personne n’est bon, sinon Dieu seul » (Mc 10,18). (…)

Qui est pire que Judas ? Parmi tous les disciples du Maître, parmi les Douze, c’est lui qui a été choisi pour tenir la bourse et prendre soin des pauvres (Jn 13,19). Mais après un tel bienfait, c’est lui qui perçoit de l’argent pour livrer celui qui est la Vie (Mt 26,15) ; il a persécuté comme ennemi celui qu’il avait suivi comme disciple. (…) Mais le Seigneur a fait servir au bien un si grand crime. Il a accepté d’être trahi pour nous racheter : voilà que le crime de Judas est changé en bien.

Combien de martyrs est-ce que Satan a persécuté ? Mais s’il ne l’avait pas fait, nous ne célébrerions pas aujourd’hui leur triomphe. (…) Le méchant ne peut pas contrarier la bonté de Dieu. Il a beau être artisan du mal, le suprême Artisan ne permettrait pas l’existence du mal s’il ne savait pas s’en servir pour que tout concoure au bien.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Dimanche des Rameaux et de la Passion

dimanche 13 avril 2025

Notre Christ a été mis en croix ; il nous a rachetés par la croix. Telle est, chrétien, la force qui t’a sauvé, telle est la cause de ta liberté, tel est le prix de ta rédemption. Tu étais captif et voilà de quelle manière tu fus racheté. Tu étais esclave, et voilà comment tu fus affranchi. Exilé, tu as été rapatrié ; perdu, tu as été renouvelé ; mort, tu as été ressuscité. Cette vérité, que ton cœur s’en nourrisse, qu’il la rumine, la déguste et s’en imprègne lorsque ta bouche reçoit la chair et le sang de ton Rédempteur. Fais-en durant cette vie ton pain quotidien, ta nourriture et ton viatique ; car c’est par la rédemption, et seulement grâce à elle, que tu demeures dans le Christ, et le Christ en toi, et que dans la vie future ta joie sera complète.

Mais, toi, Seigneur, qui as consenti à la mort pour que je vive, comment me réjouirais-je d’une liberté qui ne m’est venue que grâce à tes liens ? Comment puis-je me féliciter d’un salut que je ne dois qu’à tes souffrances ? Quelle joie trouverais-je en une vie qui ne vient que par la mort ? Vais-je me réjouir de tes tourments et de la cruauté de ceux qui te les ont fait subir, en prétextant que s’ils n’avaient pas agi de la sorte, tu n’aurais pas souffert, et que sans tes souffrances, je n’aurais pas ces biens ? (…) Mais la férocité des hommes n’a certes rien pu faire que tu n’aies librement consenti et tu n’as souffert que parce que tu le voulais dans ta bonté. (…)

Laisse donc, faible créature, la cruauté des hommes au jugement de Dieu et médite sur ce que tu dois à ton Sauveur. Considère ton état intérieur et ce qui t’a été donné ; mesure de quel amour est digne l’auteur de ce bienfait. Regarde ton indigence et sa bonté ; vois quelle action de grâces il faut que tu lui rendes et tout ce que tu dois à son amour.

Saint Anselme

 

 

 

 

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je Suis. »

mardi 8 avril 2025

Le Christ notre Seigneur a été mis en croix pour libérer le genre humain du naufrage de ce monde… Dans l’Ancien Testament Moïse avait dressé, au milieu des mourants, un serpent de bronze attaché à un pieu ; il avait enjoint au peuple d’espérer la guérison à la vue de ce signe (Nb 21,6s). Il en sortait un remède d’une telle puissance contre la morsure des serpents que le blessé, en se tournant vers le serpent en croix, se mettait à espérer et aussitôt recouvrait la santé. Le Seigneur n’a pas manqué de rappeler cet épisode dans l’Évangile quand il dit : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme » (Jn 3,14)…

Le serpent est donc le premier à être crucifié, par Moïse. Ce n’est que justice, puisque le diable le premier a péché sous le regard du Seigneur (Gn 3)… Il est mis en croix sur un bâton, ce qui est justice, puisque l’homme avait été trompé par le biais de l’arbre du désir ; désormais, il est sauvé par un bâton pris à un autre arbre… Après le serpent, c’est l’homme qui est crucifié dans le Sauveur, sans aucun doute pour punir non seulement le responsable, mais aussi le délit. La première croix se venge sur le serpent, la seconde sur son venin… : le venin que sa persuasion avait instillé dans l’homme est rejeté et guéri… Voilà ce qu’a fait le Seigneur par sa nature humaine : lui l’innocent, il souffre ; en lui la désobéissance, provoquée par la fameuse tromperie du diable, est amendée ; et libéré de sa faute, l’homme est libéré de la mort.

Puisque nous avons comme Seigneur, Jésus qui nous a libérés par sa Passion, gardons constamment les yeux fixés sur lui, espérons toujours trouver dans ce signe le remède à nos blessures. Si le venin de l’avarice venait à se répandre en nous, regardons la croix, elle nous délivrera ; si le désir, ce scorpion, nous ronge, implorons-la, elle nous guérira ; si les morsures des pensées d’ici-bas nous lacèrent, prions-la encore et nous vivrons. Voilà les serpents spirituels de nos âmes : pour les fouler aux pieds, le Seigneur est mis en croix. Lui-même nous dit : « Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions, et rien ne pourra vous nuire » (Lc 10,19).

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

Seigneur, tu es lumière !

lundi 7 avril 2025

Qui pourra, Seigneur, parler de toi ? Absolument incompréhensibles et insaisissables sont tes œuvres, ta gloire et ta connaissance. Pourtant, nous avons l’espérance, nous possédons la foi et nous savons l’amour que tu nous as donné, sans limite, indicible, que rien ne peut contenir ; il est lumière, lumière inaccessible, lumière qui agit en tout.

Que ne fait-elle pas, en effet, cette lumière, et que n’est-elle pas ? Elle est charme et joie, douceur et paix, miséricorde sans nombre, abîme de compassion. Invisible, on la voit ; et on la comprend sans pouvoir la contenir. Intouchable, impalpable, elle peut être saisie par mon esprit. Quand je la possède, je ne la remarque pas ; je la vois seulement lorsqu’elle s’en va ; je me précipite pour la saisir, et elle s’envole tout entière. Je ne sais que faire et je me consume. J’apprends à demander et à chercher avec larmes en grande humilité, et à ne pas considérer comme possible ce qui dépasse la nature, ni comme l’effet de ma puissance ou de l’effort humain, ce qui vient de la compassion de Dieu et de sa miséricorde infinie. (…)

La lumière invite au silence et elle enseigne l’humilité toute puissante. Quand donc je l’acquiers et deviens humble, dès ce moment, elle aussi demeure avec moi inséparablement, elle s’unit à moi et m’éclaire ; elle me regarde et je la regarde. Elle est dans mon cœur et elle se trouve au ciel ; elle me révèle les Écritures, m’apporte la connaissance et m’enseigne des mystères que je ne puis exprimer.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

 

 

« C’est lui le Messie ! »

samedi 5 avril 2025

La signification véritable de la miséricorde ne consiste pas seulement dans le regard tourné vers le mal, fût-il chargé de compassion… : la miséricorde se manifeste quand elle… tire le bien de toutes les formes de mal qui existent dans le monde et dans l’homme. Ainsi entendue, elle constitue le contenu fondamental du message messianique du Christ… [Ce] message et l’activité du Christ parmi les hommes s’accomplissent avec la croix et la résurrection… La dimension divine de la rédemption nous dévoile… la profondeur de l’amour qui ne recule pas devant l’extraordinaire sacrifice du Fils pour satisfaire la fidélité du Créateur et Père à l’égard des hommes…

Les événements du Vendredi Saint, et auparavant encore la prière à Gethsémani, introduisent un changement fondamental dans tout le déroulement de la révélation de l’amour et de la miséricorde de Dieu, dans la mission messianique du Christ. Celui qui « est passé en faisant le bien et en rendant la santé », « en guérissant toute maladie et toute langueur » (Ac 10,38; Mt 9,35), semble maintenant être lui-même digne de la plus grande miséricorde, et faire appel à la miséricorde, quand il est arrêté, outragé, condamné, flagellé, couronné d’épines, quand il est cloué à la croix et expire dans des tourments atroces. C’est à ce moment-là qu’il est particulièrement digne de la miséricorde des hommes qu’il a comblés de bienfaits, et il ne la reçoit pas. Même ceux qui lui sont les plus proches ne savent pas le protéger et l’arracher aux mains des oppresseurs. Dans cette étape finale de la fonction messianique, s’accomplissent dans le Christ les paroles des prophètes, et surtout celles d’Isaïe, au sujet du Serviteur du Seigneur : « Dans ses blessures, nous trouvons la guérison » (53,5)…

« Celui qui n’avait pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous », écrira saint Paul (2Co 5,21), résumant en peu de mots toute la profondeur du mystère de la croix et en même temps la dimension divine de la réalité de la rédemption. Or cette rédemption est la révélation ultime et définitive de la sainteté de Dieu, qui est la plénitude absolue de la perfection.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« On cherchait à l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue. »

vendredi 4 avril 2025

Chercher Jésus est souvent un bien, car c’est la même chose que de chercher le Verbe, la vérité et la sagesse. Mais vous allez dire que les mots « chercher Jésus » sont parfois prononcés à propos de ceux qui lui veulent du mal. Par exemple : « Ils cherchaient à le saisir, mais personne ne porta la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue ». « Je sais que vous êtes la descendance d’Abraham ; mais vous cherchez à me tuer parce que ma parole ne pénètre pas en vous » (Jn 8,37). « Maintenant vous cherchez à me tuer, moi un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de mon Père » (Jn 8,40).

Ces paroles… ne s’opposent pas à cette autre parole : « Quiconque cherche trouve » (Mt 7,8). Il existe toujours des différences entre ceux qui cherchent Jésus : tous ne le cherchent pas sincèrement pour leur salut et pour obtenir son aide. Il est des hommes qui le cherchent pour d’innombrables raisons fort éloignées du bien. C’est pourquoi seuls ceux qui l’ont cherché en toute droiture ont trouvé la paix, ceux dont on peut vraiment dire qu’ils cherchent le Verbe qui est auprès de Dieu (Jn 1,1), afin qu’il les amène à son Père…

Il menace de s’en aller s’il n’est pas accueilli : « Je m’en vais et vous me chercherez » (Jn 8,21)… Il sait de qui il s’éloigne et auprès de qui il reste sans être encore trouvé, afin que si on le cherche on le trouve au temps favorable.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« Ton fils est vivant. »

lundi 31 mars 2025

« Si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour être le Seigneur des morts et des vivants » (Rm 14,9). Mais « Dieu n’est pas le Dieu des morts, il est le Dieu des vivants » (Lc 20,38). Donc, puisque ce Seigneur des morts est vivant, les morts ne sont plus des morts mais des vivants : la vie règne en eux, pour qu’ils vivent sans plus craindre la mort. De même que « le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus » (Rm 6,9), de même, relevés et libérés de leur état périssable, ils ne verront plus la mort. Ils participeront à la résurrection du Christ, comme lui-même a pris part à notre mort. En effet, le Christ n’est descendu sur terre que pour « broyer les portes de bronze et briser les verrous de fer » (Ps 106,16) qui étaient fermés depuis toujours, et pour arracher notre vie de son état périssable et nous attirer vers lui, nous appelant de l’esclavage à la liberté.

Si ce plan de salut n’est pas encore accompli, car les hommes meurent encore et leurs corps se dissolvent dans la tombe, que ce ne soit nullement un obstacle pour la foi. Car dès maintenant nous avons reçu les arrhes de tous les biens qui nous sont promis, en la personne de celui qui est notre premier né : par lui nous sommes montés au plus haut des cieux. En effet, nous siégeons auprès de celui qui nous a emportés avec lui dans les hauteurs, comme saint Paul le dit : « Avec lui, Dieu nous a ressuscités et nous a fait asseoir dans les cieux avec le Christ » (Ep 2,6).

Saint Anastase d’Antioche (?-599)

 

 

 

Le Carême conduit à la résurrection du baptême

lundi 24 mars 2025

Naaman était Syrien, il avait la lèpre et ne pouvait être purifié par personne. Alors une jeune captive dit qu’il y avait un prophète en Israël qui pourrait le purifier du fléau de la lèpre… Apprends maintenant qui est cette jeune fille d’entre les captifs : la jeune assemblée d’entre les nations, c’est-à-dire l’Église du Seigneur, humiliée auparavant par la captivité du péché, alors qu’elle ne possédait pas encore la liberté de la grâce. C’est à son conseil que ce vain peuple des nations a écouté la parole des prophètes dont il avait douté longtemps. Ensuite, dès qu’il a cru qu’il fallait obéir, il a été lavé de toute l’infection de ses méfaits. Naaman avait douté avant d’être guéri ; toi, tu es déjà guéri, c’est pourquoi tu ne dois pas douter.

C’est pour cela qu’on t’a déjà dit de ne pas croire seulement ce que tu voyais en t’approchant du baptistère, de peur que tu ne dises : « C’est là ‘le grand mystère que l’œil n’a pas vu ni l’oreille entendu et qui n’est pas monté au cœur de l’homme’ ? (1Co 2,9) Je vois de l’eau, que je voyais tous les jours ; peuvent-elles me purifier, ces eaux dans lesquelles je suis souvent descendu sans être jamais purifié ? » Apprends par là que l’eau ne purifie pas sans l’Esprit. C’est pour cela que tu as lu que « trois témoins au baptême ne font qu’un : l’eau, le sang et l’Esprit » (1Jn 5,7-8). Car si tu en retires un, il n’y a plus de sacrement du baptême. En effet, qu’est-ce que l’eau sans la croix du Christ ? Un élément ordinaire sans aucun effet sacramentel. Et de même, sans eau il n’y a pas de mystère de la régénération. « À moins d’être né de nouveau de l’eau et de l’Esprit, on ne peut pas entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3,5). Le catéchumène croit en la croix du Seigneur Jésus dont il est marqué ; mais s’il n’a pas été baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, il ne peut pas recevoir la rémission de ses péchés ni puiser le don de la grâce spirituelle.

Donc ce Syrien s’est plongé sept fois dans la Loi ; toi, tu as été baptisé au nom de la Trinité. Tu as confessé le Père…, tu as confessé le Fils, tu as confessé l’Esprit Saint… Tu es mort au monde et ressuscité pour Dieu et, en quelque sorte, enseveli en même temps dans cet élément du monde ; mort au péché, tu es ressuscité pour la vie éternelle (Rm 6,4).

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

Évitons de ressembler au « mauvais riche » !

jeudi 20 mars 2025

Prends garde, frère, que le destin du « mauvais riche » ne sois le tien. Si ton histoire a été écrite, c’est bien pour que nous évitions de lui ressembler. Homme, imite donc la terre : comme elle, porte du fruit ; ne te montre pas moins bon qu’elle qui n’a pas d’âme. Ce n’est pas pour en jouir elle-même que la terre nourrit ses fruits, c’est pour ton service. Mais toi, tu as cet avantage que les bénéfices de ta bienveillance reviennent finalement à toi-même ; car c’est aux bienfaiteurs que revient toujours la récompense du bien qu’ils ont fait. (…)

Pourquoi donc te tourmenter à ce point et faire tant d’efforts pour mettre ta richesse à l’abri derrière le mortier et les briques ? (…) Que tu le veuilles ou non, tu devras bien un jour laisser là ton argent ; au contraire, la gloire de tout le bien que tu auras fait, tu l’emporteras avec toi jusque devant le souverain Maître, quand tout un peuple, se pressant pour te défendre auprès du Juge commun, t’appellera des noms qui diront que tu l’as nourri, que tu l’as assisté, que tu as été bon. (…)

Combien tu devrais être reconnaissant, heureux et fier de l’honneur qui t’es fait : ce n’est pas toi qui dois aller importuner les autres à leur porte, ce sont les autres qui se pressent à la tienne. Mais à ce moment tu t’assombris, tu deviens inabordable, tu fuis les rencontres de peur de devoir lâcher un peu de ce que tu gardes si jalousement. Et tu ne connais qu’un seul mot : « Je n’ai rien, je ne vous donnerai rien, car je suis pauvre. » Pauvre, tu l’es en réalité, et pauvre de tout bien : pauvre d’amour, pauvre de bonté, pauvre de confiance en Dieu, pauvre d’espérance éternelle.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

La gloire de la croix

dimanche 16 mars 2025

Le Seigneur révèle sa gloire en présence de témoins choisis : il répand sur son corps, d’ailleurs semblable au nôtre, une lumière si éclatante que son visage devient éblouissant comme le soleil et son vêtement aussi blanc que la neige. En se transfigurant de la sorte, il avait comme but d’abord d’enlever du coeur de ses disciples le scandale de la croix, pour que la honte volontairement subie de sa mort ne trouble pas la foi de ceux qui auraient vu ainsi la grandeur de sa dignité cachée.

Mais il n’avait pas moins en vue de fonder l’espérance de la sainte Église, de sorte que les membres du corps du Christ comprennent quelle transformation se ferait un jour en eux, puisque chacun est appelé à partager un jour la gloire qu’ils ont vu briller par avance dans leur chef…

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé…; écoutez-le. Écoutez-le, lui qui ouvre le chemin du ciel et, par le supplice de la croix, vous prépare des marches pour monter au Royaume. Pourquoi redoutez-vous d’être rachetés ? Pourquoi craignez-vous d’être guéris, vous qui êtes blessés ? Que ma volonté soit faite, comme le veut le Christ. Rejetez les craintes de ce monde et armez-vous de la constance qu’inspire la foi. Car il ne convient pas de redouter dans la Passion du Sauveur ce que, avec son secours, vous ne craindrez plus dans votre propre mort… »

En ces trois apôtres, c’est l’Église entière qui a appris tout ce qu’ils ont vu de leurs yeux et entendu de leurs oreilles (cf 1Jn 1,1). Que donc la foi de tous devienne plus ferme par la prédication du saint Évangile, et que personne ne rougisse de la croix du Christ, par laquelle le monde a été racheté.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)