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Archive pour le mot-clef ‘création’

Le Mystère de la paternité

mercredi 2 avril 2025

Qu’est-ce que la paternité ? Être Père, c’est communiquer l’être ; bien plus, c’est mettre dans cet être le mystérieux rayon de la vie.

Dieu est Père de l’univers : « Pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père de qui viennent toutes choses » (1Co 8,6). Dieu est le Père, le Créateur du ciel, du soleil, des étoiles qui brillent en sa présence et chantent sa gloire (…) ; toute cette vie immense et variée est fille de l’amour de Dieu, dirigée, soutenue, enveloppée dans sa croissance et dans son développement par la paternelle Providence divine. (…)

Or la paternité s’élève plus haut : avec l’être, avec la vie végétale et animale, elle communique encore une vie supérieure, la vie d’intelligence et d’amour. (…) L’ange et l’homme sont enfants de Dieu et le manifestent par l’image et la ressemblance que, dans l’ordre naturel, ils ont reçues de Lui.

Enfin Dieu possède une paternité plus sublime encore, qui engendre des fils d’adoption et de grâce en un ordre supérieur aux natures de l’homme et des anges, et qui les rend participants de la vie divine elle-même : elle les appelle à partager sa propre béatitude dans la vision de son Essence, dans l’inaccessible lumière où il se révèle, lui et l’intime secret de son incomparable paternité, avec le Fils et l’Esprit-Saint.

Vénérable Pie XII

 

 

 

Le doigt de Dieu

jeudi 27 mars 2025

« Que ta main intervienne pour me secourir ! » (Ps 118,173) C’est le Fils unique du Père qu’on appelle la main de Dieu, lui par qui Dieu a tout créé. Cette main est intervenue quand elle a pris notre chair, non seulement en ne causant aucune blessure à sa mère, mais encore, selon le témoignage du prophète, en prenant sur elle nos maladies, en se chargeant de nos souffrances (Is 53,4).

Oui vraiment, cette main toute pleine de remèdes et de médicaments a guéri toute maladie. Elle a écarté tout ce qui conduit à la mort ; elle a ressuscité des morts ; elle a brisé les portes de l’enfer ; elle a enchaîné le fort et l’a dépouillé de ses armes ; elle a ouvert le ciel ; elle a répandu l’Esprit d’amour dans le cœur des siens. Cette main délivre les prisonniers et éclaire les aveugles ; elle relève ceux qui sont tombés ; elle aime les justes et garde les étrangers ; elle accueille l’orphelin et la veuve. Elle arrache à la tentation ceux qui sont menacés d’y succomber ; elle restaure par son réconfort ceux qui souffrent ; elle redonne la joie aux affligés ; elle abrite sous son ombre ceux qui peinent ; elle écrit pour ceux qui veulent méditer sa Loi ; elle touche et bénit le cœur de ceux qui prient ; elle les affermit dans l’amour par son contact ; elle les fait progresser et persévérer dans leurs œuvres. Enfin, elle les conduit à la patrie ; elle les ramène au Père.

Car si elle s’est faite chair, c’est pour attirer l’homme par un homme, unissant notre chair à sa chair, pour ramener dans son amour la brebis errante à Dieu, le Père tout-puissant et invisible. Puisque cette brebis, pour avoir quitté Dieu, était tombée dans la chair, il était nécessaire que le mystère de l’Incarnation de cette main la conduise, pour la soulever et pour la ramener au Père (Lc 15,4s).

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)

 

 

 

« Voyez le figuier … »

vendredi 29 novembre 2024

La terre que nous voyons ne nous satisfait pas. Ce n’est qu’un commencement ; ce n’est qu’une promesse d’un au-delà ; même dans sa plus grande joie, quand elle se couvre de toutes ses fleurs, et qu’elle montre tous ses trésors cachés de la manière la plus attirante, même alors, cela ne nous suffit pas. Nous savons qu’il y a en elle beaucoup plus de choses que nous n’en voyons. Un monde de saints et d’anges, un monde glorieux, le palais de Dieu, la montagne du Seigneur Sabaoth, la Jérusalem céleste, le trône de Dieu et du Christ : toutes ces merveilles éternelles, très précieuses, mystérieuses et incompréhensibles, se cachent derrière ce que nous voyons. Ce que nous voyons n’est que l’écorce extérieure d’un royaume éternel, et c’est sur ce royaume que nous fixons les yeux de notre foi.

Montre-toi, Seigneur, comme au temps de ta Nativité, où les anges ont visité les bergers ; que ta gloire s’épanouisse comme les fleurs et le feuillage s’épanouissent sur les arbres. Par ta grande puissance, transforme le monde visible en ce monde plus divin que nous ne voyons pas encore. Que ce que nous voyons soit transformé en ce que nous croyons. Si brillants que soient le soleil, le ciel, et les nuages, si verdoyants que soient les feuilles et les champs, si doux que soit le chant des oiseaux, nous savons que tout n’est pas là, et que nous ne voulons pas prendre la partie pour le tout. Ces choses procèdent d’un centre d’amour et de bonté qui est Dieu lui-même, mais elles ne sont pas sa plénitude. Elles parlent du ciel, mais elles ne sont pas le ciel. Elles ne sont en quelque sorte que des rayons égarés, un faible reflet de son image ; elles ne sont que des miettes qui tombent de la table.

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

« Au commencement, le Créateur les fit homme et femme. »

mardi 13 août 2024

Selon son dessein dès l’origine, Dieu a créé l’homme et la femme à son image. L’Écriture dit : « À l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1,27). Il est donc important de comprendre, dans le livre de la Genèse, cette grande vérité : l’image de lui-même que Dieu a placée dans l’homme passe aussi à travers la complémentarité des sexes. L’homme et la femme, qui s’unissent dans le mariage, reflètent l’image de Dieu et sont en quelque sorte la révélation de son amour. Non seulement de l’amour que Dieu nourrit pour l’être humain, mais aussi de la mystérieuse communion qui caractérise la vie intime des trois Personnes divines.

En outre, on peut considérer comme image de Dieu l’engendrement lui-même, qui fait de la famille un sanctuaire de la vie. L’apôtre Paul dit que « toute parenté tire son nom de Dieu » (Ep 3,14-15). C’est lui qui est la source ultime de la vie. On peut donc affirmer que la généalogie de toute personne plonge ses racines dans l’éternel. En engendrant un enfant, les parents agissent comme collaborateurs de Dieu. Mission vraiment sublime ! Par conséquent, il n’est pas étonnant que Jésus ait voulu élever le mariage à la dignité de sacrement, et que saint Paul en parle comme d’un « grand mystère », le mettant en relation avec l’union du Christ et son Église (Ep 5,32).

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. » (Gn 1,26)

mardi 4 juin 2024

« Ô abîme de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses décrets sont insondables et incompréhensibles ses voies. Qui en effet a jamais connu la pensée du Seigneur ? Qui en a jamais été le conseiller ? » Tu as compassion, Seigneur, de qui tu veux ; tu as pitié de qui tu veux. Il ne s’agit pas donc de l’homme qui veut ou qui court, mais de toi, notre Dieu, qui fais miséricorde (Rm 11,33s; 9,15s).

Voici que le vase de poterie s’échappe de la main de celui qui l’a pétri (…) ; il s’échappe de la main qui le tient et qui le porte. (…) S’il lui arrivait de tomber de ta main, malheur à lui, parce qu’il se briserait (…) en mille morceaux, se réduirait à rien. Il le sait, et par ta grâce il ne tombe pas. Aie compassion, Seigneur, aie compassion : tu nous as façonnés, et nous sommes glaise (Jr 18,6; Gn 2,7). Jusqu’ici (…) nous restons fermes, jusqu’ici la main de ta force nous porte ; nous sommes suspendus à tes trois doigts, la foi, l’espérance et la charité, par lesquelles tu soutiens la masse de la terre, la solidité de la sainte Église. Aie compassion, tiens-nous ; que ta main ne nous laisse pas tomber. Plonge nos reins et notre cœur dans le feu de ton Esprit Saint (Ps 25,2) ; consolide ce que tu as façonné en nous, afin que nous ne nous désagrégions pas et ne soyons pas réduits à notre glaise, ou à rien du tout.

Pour toi, par toi, nous avons été créés, et vers toi nous sommes tournés. Tu nous as façonnés et formés, nous le reconnaissons ; nous adorons et invoquons ta sagesse à disposer, ta bonté et ta miséricorde à conserver. Parfais-nous, toi qui nous as faits ; parfais-nous jusqu’à la plénitude de ton image et ressemblance, selon laquelle tu nous a formés.

Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148)

 

 

 

Glorifier le Père dans le Fils

mardi 5 décembre 2023

Les cieux, l’air, la terre, les mers, sont revêtus de splendeur, et le cosmos tout entier doit son nom à sa magnifique harmonie. Nous apprécions cette beauté des choses d’instinct, naturellement, mais la parole qui l’exprime est toujours inférieure à ce que notre intelligence a saisi. À plus forte raison le Seigneur de la beauté est-il au-dessus de toute beauté ; et si notre intelligence ne peut concevoir sa splendeur éternelle, elle garde pourtant l’idée de splendeur. Nous devons donc confesser un Dieu d’une beauté inconcevable pour notre esprit, mais que nous ne pouvons atteindre en dehors de lui.

Telle est la vérité du mystère de Dieu, de la nature impénétrable du Père. Dieu est invisible, ineffable, infini. La parole la plus éloquente ne peut que se taire ; l’intelligence qui veut pénétrer ce mystère se sent tout engourdie, elle éprouve son étroitesse. C’est dans le nom de Père, cependant, comme nous l’avons dit, que nous avons sa vraie nature : car il est Père ; mais non pas comme les hommes le sont, car lui est incréé, éternel, et il demeure lui-même, toujours, et pour toujours. Seul le Fils est connu, car « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27 ; Lc 10,22). Ils se connaissent mutuellement et la science qu’ils ont l’un de l’autre est parfaite. Et parce que personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, c’est avec le Fils, seul témoin fidèle, qu’il nous faut apprendre à connaître le Père.

Mais il m’est plus facile de penser cela du Père que de le dire et je sens bien comme toute parole est impuissante à exprimer ce qu’il est. (…) La parfaite connaissance de Dieu à notre échelle humaine consiste donc à savoir que Dieu existe, qu’il ne peut être ignoré, mais qu’il reste malgré tout inexprimable et indicible. Croyons en lui, essayons de le comprendre, efforçons-nous de l’adorer ; une telle louange, voilà de notre part le témoignage que nous pouvons lui rendre.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« Fais lever sur nous la lumière de ta face. » (Ps 4,7)

dimanche 22 octobre 2023

De même que cette pièce d’argent porte l’image de César, ainsi notre âme est à l’image de la Sainte Trinité, selon ce qui est dit dans un psaume : « La lumière de ta face est empreinte en nous, Seigneur » (4,7 Vulg). (…) Seigneur, la lumière de ta face, c’est-à-dire la lumière de ta grâce qui établit en nous ton image et nous rend semblables à toi, est empreinte en nous, c’est-à-dire imprimée dans notre raison, qui est la plus haute puissance de notre âme et qui reçoit cette lumière comme la cire reçoit la marque d’un sceau. La face de Dieu, c’est notre raison ; car de même qu’on connaît quelqu’un à son visage, ainsi Dieu nous est connu par le miroir de la raison. Mais cette raison a été déformée par le péché de l’homme, car le péché rend l’homme opposé à Dieu. La grâce du Christ a réparé notre raison. C’est pourquoi l’apôtre Paul dit aux Éphésiens : « Renouvelez votre esprit » (4,23). La lumière dont il est question dans ce psaume c’est donc la grâce, qui restaure l’image de Dieu empreinte en notre nature. (…)

Toute la Trinité a marqué l’homme à sa ressemblance. Par la mémoire, il ressemble au Père ; par l’intelligence, il ressemble au Fils ; par l’amour, il ressemble au Saint-Esprit. (…) Lors de la création, l’homme a été fait « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,26). Image dans la connaissance de la vérité ; ressemblance dans l’amour de la vertu. La lumière de la face de Dieu c’est donc la grâce qui nous justifie et qui révèle de nouveau l’image créée. Cette lumière constitue tout le bien de l’homme, son vrai bien ; elle le marque, comme l’image de l’empereur marque la pièce d’argent. C’est pourquoi le Seigneur ajoute : « Rendez à César ce qui est à César. » Comme s’il disait : De même que vous rendez à César son image, ainsi rendez à Dieu votre âme, ornée et marquée de la lumière de sa face.

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231)

 

 

 

« C’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! » (Mt 21,42)

dimanche 8 octobre 2023

Dieu créa l’homme. Il tira son corps de la matière qu’il avait produite et il l’anima de son propre souffle que l’Écriture appelle âme pensante et image de Dieu. (…) Il plaça l’homme sur la terre pour veiller sur la création visible, être initié au mystère spirituel, régner sur les choses de la terre et être soumis au Royaume d’en haut. (…) Mais l’homme négligea d’obéir et fut dès lors, à cause de son péché, séparé de l’arbre de vie, du paradis et de Dieu. Son état réclamait le plus puissant secours, et il lui fut accordé. (…)

Quelle est cette abondance de bonté ? Quel est ce mystère qui me concerne ? J’avais reçu l’image et je ne l’ai pas gardée ; et Lui reçoit ma chair pour sauver cette image et rendre la chair immortelle. Il offre un second partage beaucoup plus étonnant que le premier. Alors il avait partagé ce qu’il avait de plus haut, maintenant il vient prendre part à ce qu’il y a de plus faible. Ce dernier geste est encore plus divin que le premier, encore plus sublime pour ceux qui en ont l’intelligence.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

 

La Providence ne manque jamais à ceux qui espèrent

samedi 10 juin 2023

L’éternelle Vérité a daigné répondre à la demande de mon ardent désir. Elle me disait : Ma fille, la Providence ne manquera jamais à qui voudra la recevoir, c’est-à-dire à ceux qui espèrent parfaitement en moi. Ceux-là m’appellent en vérité, non seulement par la parole, mais par l’amour et avec la lumière de la très sainte Foi.

Ils ne me goûtent pas dans ma providence, ceux qui me crient seulement : Seigneur, Seigneur ; et s’ils ne me demandent pas d’une manière plus sainte, je ne les reconnaîtrai pas et je ne les regarderai pas dans ma miséricorde, mais dans ma justice. Ainsi, je t’assure que ma providence ne leur manquera pas s’ils espèrent en moi ; mais je veux que tu voies avec quelle patience il faut que je supporte ces créatures, que j’ai créées à mon image et ressemblance avec un si tendre amour.

Et alors, ouvrant l’œil et l’intelligence pour obéir au commandement divin, cette âme vit comment l’éternelle et souveraine Bonté avait créé uniquement par amour, et avait racheté avec le sang de son Fils toutes les créatures raisonnables, et comment aussi c’était le même amour qui leur donnait les épreuves et les consolations.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

En constatant son humanité, il dédaignait de croire le Créateur !

lundi 13 février 2023

« Les fous aussi me méprisaient. » (Jb 19,18 Vg) Les sages tombaient en perdant la foi en la vérité, mais on est en droit de le dire aussi des fous, puisque, Pharisiens et Docteurs de la Loi méprisant le Seigneur, la foule du peuple aussi a suivi leur incrédulité : c’est l’homme qu’elle a vu en lui, et elle a méprisé les leçons du Rédempteur du monde.

Souvent, en effet, le terme de fous désigne dans le peuple, les pauvres. (…) Or, laissant les sages et les riches de ce monde, notre Rédempteur était venu chercher les pauvres et les fous. Aussi dit-il maintenant, comme pour accroître sa douleur : « Les fous aussi me méprisaient. » C’est-à-dire : j’ai été méprisé par ceux-là mêmes que j’ai voulu guérir en assumant la folie de ma prédication. L’Écriture dit, en effet : « Puisque le monde avec sa sagesse n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c’est par la folie de sa prédication qu’il a plu à Dieu de sauver les croyants. » (1Co 1,21) Le Verbe, en effet, c’est la sagesse de Dieu, et ce qu’on appelé folie de cette sagesse, c’est la chair du Verbe : devant l’impuissance des hommes charnels à atteindre par la prudence de leur chair la sagesse de Dieu, c’est, par la folie de sa prédication, c’est-à-dire par la chair du Verbe, qu’il a voulu les guérir. Il déclare donc : « Les fous aussi me méprisaient. »

C’était dire ouvertement : Je suis méprisé par ceux-là mêmes que j’ai voulu sauver sans craindre de passer pour un fou. Or le peuple des Juifs, en observant les miracles de notre Rédempteur, devant ces signes l’honoraient en disant : « Voici le Christ », mais, en constatant la faiblesse de son humanité, il dédaignait de le croire son créateur en disant : « Non, mais il séduit les foules » (Jn 7,12) ; aussi peut-il ajouter : « Et quand je m’étais éloigné d’eux, ils me décriaient. » (Jb 19,18 Vg)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)