Mon âme, princesse royale,
Lorsque je suis entré dans le monde par elle,
Contre les conquérants des ténèbres
Entra en une guerre farouche.
Au prime abord, elle ne pensa pas en son esprit
qu’avec dix mille,
− Elle-même et les sens de son corps, −
Elle ne pourrait pas mener le combat. (…)
Et les témoins me louaient
Comme une personne qui connaîtrait sa capacité
Pour entrer en lutte contre un faible adversaire
Et non point contre un Antagoniste qui me surpassait.
Mais lorsque mon Ange a envoyé,
Avant que d’entrer en guerre,
La volonté de mon libre arbitre
Pour qu’elle fasse la paix selon la loi,
Je n’ai point cependant prêté l’oreille au conseil
De ton commandement donné sous forme de parabole ;
C’est pourquoi, je suis tombé dans le combat,
Percé de mille traits inguérissables.
J’ai vu les autres ayant un corps pareil au mien
Remporter la victoire dans l’arène ;
Et j’ai cru que moi aussi comme eux
Je vaincrais dans le combat singulier.
Mais lorsque les tentations sont survenues,
Elles ont révélé mes relâchements ;
Elles m’ont séparé du groupe des vertueux
Et m’ont laissé dans celui ces scélérats.
Mais Toi, ô mon Roi céleste,
Fils unique du Père tout-puissant,
Sois le compagnon d’armes de mon âme faible
Dans le combat spirituel.
Frappe les mille qui sont à ma gauche,
Eux qui manifestement luttent avec méchanceté,
Et les dix mille qui sont à ma droite,
Eux qui prennent aussi les apparences du bien.
Fortifie-moi contre leur épée
Avec l’arme de ta vérité ;
Et garde ma tête, membre sublime,
Grâce au casque de ton Signe.
Saint Nersès Snorhali (1102-1173)