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Archive pour le mot-clef ‘Passion’

« Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. »

samedi 30 septembre 2023

« Qui s’élève sera humilié, et qui s’abaisse sera élevé » (Mt 23,12)… Imitons le Seigneur qui est descendu du ciel jusqu’au dernier abaissement, et qui, en retour, a été élevé du dernier rang jusqu’à la hauteur qui lui convenait. Découvrons tout ce que nous enseigne le Seigneur pour nous conduire à l’humilité.

Petit bébé, le voici déjà dans une grotte, couché non dans un berceau, mais dans une mangeoire. Dans la maison d’un artisan et d’une mère sans ressources, il est soumis à sa mère et à son époux. Se laissant enseigner, écoutant ceux dont il n’avait nul besoin, il interrogeait, mais pourtant de telle sorte que par ses interrogations, on s’étonnait de sa sagesse. Il se soumet à Jean, et le Maître reçoit de son serviteur le baptême. Jamais il n’a résisté à ceux qui se dressaient contre lui, et n’a pas fait preuve de sa puissance invincible pour se libérer des mains qui l’enchaînaient, mais il s’est laissé faire, comme impuissant, et dans la mesure où il l’a jugé bon, il a donné prise sur lui à un pouvoir éphémère. Il a comparu devant le grand prêtre en qualité d’accusé ; conduit devant le gouverneur, il s’est soumis à son jugement, et alors qu’il pouvait répondre aux calomniateurs, il a subi en silence leurs calomnies. Couvert de crachats par des esclaves et des servants indignes, il a été enfin livré à la mort, à une mort infamante aux yeux des hommes. Voilà comment s’est déroulé sa vie d’homme depuis sa naissance jusqu’à sa fin. Mais après un tel abaissement, il a fait éclater sa gloire… Imitons-le pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

Notre Dame des Douleurs

vendredi 15 septembre 2023

Il y a deux espèces de martyre : l’un manifeste, l’autre secret ; l’un visible, l’autre caché ; l’un dans la chair, l’autre dans le cœur. (…) Le martyre du cœur dépasse les tourments de la chair.

Aussi la glorieuse Vierge a-t-elle triomphé dans ce genre de souffrance, d’autant plus glorieuse qu’elle était plus proche quand, attachée à la croix adorable de la passion du Seigneur, elle puisa au calice, elle but la passion et, abreuvée au torrent de douleurs, elle put endurer une douleur à jamais sans pareille. Elle court à la suite de Jésus non seulement à l’odeur de ses parfums, mais dans l’abondance de ses douleurs ; non seulement dans la joie des consolations, mais aussi dans le débordement des souffrances. Mère, elle voyait son Fils, le véritable Salomon, avec le diadème dont elle l’avait couronné et, elle-même couronnée d’une couronne d’affliction, elle allait à sa suite.

Elle se tenait debout auprès de la croix (Jn 19,25) pour considérer (…) la tête très douce de son Fils, ointe d’huile de préférence à ses compagnons, frappée avec un roseau et couronnée d’épines. Elle voyait le plus beau des enfants des hommes qui n’avait plus ni éclat ni beauté. Elle voyait méprisé et ravalé au dernier rang celui qui est exalté au-dessus de tous les peuples. Elle voyait le Saint des saints crucifié avec les scélérats et les impies. Elle voyait les yeux de cet homme sublime s’abaisser, et la tête de celui qui soutient l’univers se pencher, inclinée sur ses épaules, la très sereine face de Dieu se flétrir, et s’évanouir la beauté de son visage.

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)

 

 

 

Par sa Passion le Christ a payé pour nous nos dettes

lundi 14 août 2023

Quel homme pourrait se racheter par son propre sang, alors que le Christ a versé son sang pour le rachat de tous ? Y a-t-il un seul homme dont le sang puisse être comparé à celui du Christ (…) qui, à lui seul, a réconcilié le monde avec Dieu par son sang ? Y a-t-il une offrande plus noble, un sacrifice plus noble, un avocat meilleur que celui qui s’est fait supplication pour les péchés de tous et qui a donné sa vie en rédemption pour nous ?

Il n’y a donc pas à chercher une expiation ou une rédemption individuelle, parce que le sang versé en rançon pour tous est celui du Christ. C’est par ce sang que le Seigneur Jésus nous a rachetés, lui qui, seul, nous a réconciliés avec le Père. Et il a accompli son labeur jusqu’au bout, car il a pris sur lui notre labeur, lui qui dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez, et moi je vous soulagerai » (Mt 11,28). (…) L’homme ne donnera donc rien en expiation pour sa rédemption, car il a été lavé une fois pour toutes du péché par le sang du Christ, mais il n’est pas pour autant dispensé de peiner pour observer les préceptes de la vie et pour ne pas s’écarter des commandements du Seigneur. Tant qu’il vivra, il sera dans le labeur et y persévérera pour vivre éternellement, de peur qu’il ne meure de mort alors qu’il a déjà été racheté à la mort.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13)

vendredi 7 avril 2023

L’amour de Dieu pour nous est bien plus grand celui d’un père. C’est ce que prouvent ces paroles du Sauveur dans l’Évangile : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour la vie du monde » (Jn 3,16). Et l’apôtre Paul dit aussi : « Dieu n’a pas épargné son Fils, mais l’a livré pour nous tous. Comment ne nous a-t-il pas donné, avec lui, toutes choses ? » (Rm 8,32) C’est pourquoi Dieu nous aime plus qu’un père n’aime son fils. C’est une chose évidente que Dieu nous chérit au-delà de l’affection paternelle, lui qui, pour nous, n’a pas épargné son Fils –- et quel Fils ! Ce Fils juste, ce Fils unique, ce Fils qui est Dieu. Peut-on dire davantage ? Oui ! C’est pour nous, c’est-à-dire pour des méchants, pour des coupables, qu’il ne l’a pas épargné…

C’est pourquoi l’apôtre Paul, pour nous signifier, dans une certaine mesure, l’immensité de la miséricorde de Dieu, s’exprime ainsi : « Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables — à peine accepterions-nous de mourir pour un homme juste » (Rm 5,6-7). A coup sûr, par ce seul passage il nous montre l’amour de Dieu. Car si c’est à peine que l’on mourrait pour quelqu’un de très juste, le Christ nous a prouvé comme il était meilleur, en mourant pour les coupables que nous sommes. Mais pourquoi le Seigneur a-t-il agi ainsi ? L’apôtre Paul nous l’enseigne aussitôt par ce qui suit : « Dieu nous prouve son amour à notre égard : car si le Christ est mort pour nous quand nous étions pécheurs, combien plus maintenant, justifiés dans son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère ? » (v. 8-9)

La preuve qu’il en donne, c’est qu’il est mort pour les coupables : un bienfait a plus de prix quand on l’accorde à des indignes… Car s’il l’avait accordé à des saints et à des hommes de mérite, il n’aurait pas montré qu’il est celui qui donne ce qu’on ne devrait pas donner, mais il se serait montré comme celui qui ne fait que rendre ce qui est dû. Que lui rendrons-nous donc pour tout cela ?

Salvien de Marseille (v. 400-v. 480)

 

 

 

Le jeudi saint

jeudi 6 avril 2023

Quel amour, quelle charité que celle de Jésus Christ, de choisir la veille du jour où on doit le faire mourir, pour instituer un sacrement par lequel il va rester au milieu de nous, pour être notre Père, notre Consolateur et tout notre bonheur ! Plus heureux encore que ceux qui vivaient pendant sa vie mortelle, où il n’était que dans un lieu, où il fallait se déplacer au loin pour avoir le bonheur de le voir, aujourd’hui nous le trouvons dans tous les lieux du monde, et ce bonheur m’est promis jusqu’à la fin du monde. Ô amour immense d’un Dieu pour ses créatures !

Non, rien ne peut l’arrêter, quand il s’agit de nous montrer la grandeur de son amour. Dans ce moment heureux pour nous, tout Jérusalem est en feu, toute la populace en fureur, tous conspirent sa perte, tous veulent répandre son sang adorable – et c’est précisément dans ce moment qu’il leur prépare, comme à nous, le gage le plus ineffable de son amour.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

Le mercredi saint

mercredi 5 avril 2023

Tu veux sans doute qu’on te démontre que le Christ est venu volontairement à la Passion ? Les autres meurent de mauvais gré, car ils meurent dans le noir, mais lui disait d’avance de sa Passion : « Voici que le Fils de l’homme est livré pour être crucifié » (Mt 26,2). Sais-tu pourquoi ce miséricordieux n’a pas fui la mort ? Pour éviter que le monde entier ne sombre dans ses péchés. « Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l’homme va être livré et crucifié » (cf. Mt 20,18-19) et encore : « Il prit résolument le chemin de Jérusalem » (Lc 9,51).

Tu veux aussi savoir clairement que la croix est pour Jésus une gloire ? Écoute-le te le dire, et non pas moi. Judas, gagné par l’ingratitude envers son hôte, allait le livrer ; il venait de sortir de table et de boire la coupe de bénédiction, et en guise de merci pour cette boisson du salut, il a décidé de verser un sang innocent. Lui qui avait mangé le pain de son Maître, il l’en remerciait de façon éhontée en le faisant tomber… Puis Jésus a dit : « L’heure est venue où le Fils de l’homme va être glorifié » (Jn 12,23). Tu vois comment il sait que la croix est sa gloire ? … Non qu’auparavant il ait été sans gloire puisqu’il avait été glorifié « de la gloire qu’il avait avant la fondation du monde » (Jn 17,5). Mais comme Dieu il était glorifié éternellement, tandis que maintenant, il était glorifié pour avoir mérité la couronne par sa constance dans l’épreuve.

Il n’a pas été obligé de quitter la vie, il n’a pas été immolé de force, il avance librement. Écoute ce qu’il dit : « J’ai le pouvoir de laisser ma vie et j’ai le pouvoir de la reprendre (Jn 10,18) ; c’est de mon plein gré que je cède à mes ennemis, car si je ne voulais pas, rien n’arriverait ». Il est venu donc par choix à la Passion, joyeux de son exploit, souriant à la couronne, heureux de sauver l’humanité.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Dimanche des Rameaux et de la Passion

dimanche 2 avril 2023

Le saint jour des Rameaux (…), Gertrude dit au Seigneur : « (…) Vous Seigneur Dieu, mon bien-aimé, pour mon salut vous marchez vers votre passion ; comment pourrai-je, moi, aller à votre rencontre d’une manière digne de vous honorer ? » Le Seigneur répondit : « Donne-moi une monture pour m’asseoir, une foule venant joyeuse au-devant de moi, une foule pour me suivre en chantant des louanges, et une foule pour m’accompagner et me servir.

Je m’explique : donne-moi une monture dans la contrition de ton cœur, en confessant que souvent tu as négligé de suivre la raison et que, pas plus qu’un animal, tu n’as prêté attention à chacune des choses que ma bonté n’a cessé de faire pour toi en vue de ton salut. (…) Secondement, tu me donneras une foule venant joyeuse au-devant de moi, lorsque tu me recevras avec les sentiments d’affection de tout l’univers, en union avec cet amour qui m’amena aujourd’hui à Jérusalem pour le salut du monde entier, moi le Créateur et le Sauveur de tous. (…) En troisième lieu, donne-moi une foule pour me suivre en chantant des louanges. Pour cela, confesse que tu n’as jamais fait un effort suffisant pour imiter les exemples de ma vie si parfaite, et offre-moi une volonté tellement aimante que si tu pouvais inciter tous les hommes à imiter parfaitement les exemples de ma vie très parfaite et de ma passion, tu y emploierais de grand cœur toutes tes forces pour ma gloire. Et brûlante de désir, demande de recevoir la grâce de m’imiter, autant qu’il est possible à l’homme, en particulier par une authentique humilité, patience et charité, vertus que j’ai pratiquées davantage au temps de ma passion. Quatrièmement, donne-moi une foule pour me suivre et me servir. Pour cela, confesse que jamais tu n’as été à mes côtés avec la fidélité requise lorsqu’il fallait défendre la vérité et la justice.

Et, ajouta le Seigneur, si quelqu’un, au nom de l’univers, se donne à moi de ces quatre manières, sans nul doute, je viendrai à lui avec tant de condescendance qu’il en recevra le fruit de salut éternel. »

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je Suis. »

mardi 28 mars 2023

Veux-tu savoir quelle force est cachée dans le sang du Christ ? Vois d’où il a commencé à couler et d’où il a pris sa source : il descend de la croix, du côté du Seigneur. Comme Jésus déjà mort, dit l’Évangile, était encore sur la croix, le soldat s’approcha, « lui ouvrit le côté d’un coup de sa lance et il en jaillit de l’eau et du sang » (Jn 19,33-34). Cette eau était le symbole du baptême, et le sang, celui des mystères eucharistiques… C’est donc le soldat qui lui a ouvert le côté ; il a percé la muraille du temple saint ; et moi, j’ai trouvé ce trésor et j’en ai fait ma richesse…

« Et il jaillit de son côté de l’eau et du sang. » Ne passe pas avec indifférence auprès du mystère… J’ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des mystères eucharistiques. Or, l’Église est née de ces deux sacrements : par ce bain de la renaissance et de la rénovation dans l’Esprit, par le baptême donc, et par les mystères. Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent le Christ a formé l’Église à partir de son côté, comme il a formé Ève à partir du côté d’Adam (Gn 2,22).

C’est pourquoi Paul dit : « Nous sommes de sa chair et de ses os » (cf Ac 17,29; Gn 2,23), désignant par là le côté du Seigneur. De même en effet que le Seigneur a pris de la chair dans le côté d’Adam pour former la femme, ainsi le Christ nous a donné le sang et l’eau de son côté pour former l’Église. Et de même qu’alors il a pris de la chair du côté d’Adam pendant l’extase de son sommeil, ainsi maintenant il nous a donné le sang et l’eau après sa mort…, car désormais la mort n’est plus qu’un sommeil. Vous avez vu comment le Christ s’est uni son épouse ? Vous avez vu quel aliment il nous donne à tous ? C’est de ce même aliment que nous sommes nés et que nous sommes nourris. Ainsi que la femme engendre de son propre sang et nourrit de son lait ses enfants, de même le Christ nourrit constamment de son sang ceux qu’il a engendrés.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout. » (Jn 19,28)

mercredi 15 mars 2023

« Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir » (…) En ce temps-là, en effet, le Seigneur a exercé son pouvoir pour accomplir en sa personne tous les mystères que la Loi annonçait à son sujet. Car dans sa Passion, il a mené à terme toutes les prophéties. Lorsqu’on lui a offert, selon la prophétie du bienheureux David (Ps 68,22), une éponge imbibée de vinaigre pour calmer sa soif, il l’a accepté en disant : « Tout est accompli ». Puis, inclinant la tête, il a remis l’esprit (Jn 19,30).

Il a non seulement réalisé personnellement tout ce qu’il a dit, mais il nous a encore confié ses commandements, afin que nous les mettions en pratique. Alors que les anciens n’avaient pas pu observer les commandements les plus élémentaires de la Loi (Ac 15,10), il nous a prescrit de garder les plus difficiles, par le moyen de la grâce et de la puissance qui viennent de la croix.

Epiphane de Bénévent (5e – 6e siècle)

 

 

 

Le jeudi après les Cendres

jeudi 23 février 2023

« L’arbre garde l’espérance ; on le coupe, il verdira à nouveau et ses rameaux pulluleront. » (Jb 14,7-10 Vg). (…) Dans l’Écriture sainte, le bois symbolise tantôt la croix, tantôt l’homme, juste ou même injuste, et tantôt la sagesse incarnée de Dieu.

C’est, en effet, la croix que désigne le bois quand il est dit : « Mettons du bois dans son pain. » (Jr 11,19 Vg) Car mettre du bois dans son pain, c’est attacher le bois de la croix au corps du Seigneur. Le mort arbre évoque aussi l’homme, juste ou injuste, quand le Seigneur dit par la bouche du Prophète : « C’est moi, le Seigneur, qui ai humilié l’arbre élevé et relevé l’arbre humilié », car ces paroles sont conformes à celle de la Vérité : « Quiconque s’élève sera humilié et quiconque s’humilie sera élevé. » (Lc 14,11) (…) Et l’arbre figure encore la sagesse de Dieu incarnée, dont l’Écriture dit : « Elle est un arbre de vie pour ceux qui l’ont saisie » (Pr 3,18) et elle le dit elle-même : « Si l’on traite ainsi le bois vert, qu’adviendra-t-il du bois sec ? » (Lc 23,31) (…)

« L’arbre garde l’espérance ; si on le coupe, il verdira à nouveau » (Jb 14,7 Vg). Lorsque dans sa passion le juste est frappé de mort pour la vérité, il recouvre la vie dans la verte fraîcheur de la vie éternelle. Et celui qui en ce monde trouvait sa force dans la foi, trouve sa force là-haut dans la vision béatifique. « Et ses rameaux pulluleront », parce que très souvent devant la passion du juste les fidèles se multiplient dans un élan d’amour pour la patrie céleste et ils connaissent la verte fraîcheur de la vie spirituelle dans leur joie de l’avoir vu œuvrer en ce monde avec une telle force d’âme pour la gloire de Dieu.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)