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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

Tu es ressuscité d’entre les morts et tu as sauvé le monde !

dimanche 20 avril 2025

Tu as été élevé sur la croix, tu as eu le côté percé d’une lance en ta chair par les impies : c’était à cause d’Adam égaré. car tu voulais l’arracher à la haine de l’Ennemi, Sauveur, et par ta résurrection sauver l’être façonné par tes mains de l’antique malédiction. Chantons donc au Christ notre Dieu, parce qu’il s’est couvert de gloire !

Tu es ressuscité d’entre les morts et tu as sauvé le monde de la corruption, toi le Tout-Puissant, par ta puissance divine ; tu t’es fait voir aux Porteuses de parfum, Seigneur notre bienfaiteur, avec ce mot : « Réjouissez-vous ! », les envoyant annoncer la divine résurrection. Chantons donc au Christ notre Dieu, parce qu’il s’est couvert de gloire !

Deux anges se sont fait voir dans le tombeau, Sauveur, annonçant aux femmes ta résurrection d’entre les morts, et ils les ont envoyées vers Sion proclamer aux disciples ta divine et radieuse résurrection en s’écriant d’une voix éclatante : « Le Seigneur crucifié s’est relevé de la tombe le troisième jour ! » (…)

Du sépulcre, au bout de trois jours, toi seul, Sauveur, tu t’es relevé, réveillant, ô Bienfaiteur, les captifs de l’Hadès et les soustrayant à la condamnation jadis encourue à cause du serpent, car c’est toi qui est la Vie et la Résurrection.

Applaudissez des deux mains, toutes les nations, le Christ ressuscité, car Dieu régnera pour l’éternité, après avoir brisé l’empire de la Mort et nous avoir tous arrachés à la condamnation à mort.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

Le samedi saint (Veillée Pascale)

samedi 19 avril 2025

« Ciel, exulte ! Et toi, terre, réjouis-toi ! » (cf Ps 95,11) Ce jour a resplendi pour nous de l’éclat du tombeau, plus qu’il n’a brillé des rayons du soleil. Que les enfers acclament, car ils ont désormais une issue ; qu’ils se réjouissent, car c’est pour eux le jour de la visite ; qu’ils exultent, car ils ont vu, après des siècles et des siècles, une lumière qu’ils ne connaissaient pas, et dans l’obscurité de leur nuit profonde ils ont enfin respiré ! O belle lumière que l’on a vue poindre du sommet du ciel blanchissant…, tu as revêtu de ta clarté soudaine « ceux qui étaient assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort » (Lc 1,79). Car, à la descente du Christ, l’éternelle nuit des enfers a resplendi aussitôt et les cris des affligés ont cessé ; les liens des condamnés se sont rompus et sont tombés ; les esprits malfaisants ont été saisis de stupeur, comme frappés d’un coup de tonnerre…

Dès que le Christ descend, les sombres portiers, aveugles dans leur noir silence et courbant le dos sous la crainte, murmurent entre eux : « Qui est ce redoutable, éblouissant de blancheur ? Jamais notre enfer n’en a reçu de pareil ; jamais le monde n’en a rejeté de pareil dans notre gouffre… S’il était coupable, il n’aurait pas cette audace. Si quelque délit le noircissait, il ne pourrait jamais dissiper nos ténèbres par son éclat. Mais s’il est Dieu, que fait-il au tombeau ? S’il est homme, comment ose-t-il ? S’il est Dieu, pourquoi vient-il ? S’il est homme, comment délivre-t-il les captifs ? … Oh, cette croix qui déjoue nos plaisirs et qui enfante notre malheur ! Le bois nous avait enrichis et le bois nous ruine. Cette grande puissance, toujours redoutée des peuples, a péri ! »

Eusèbe le Gallican (5e siècle)

 

 

 

Le jeudi saint

jeudi 17 avril 2025

Le mystère salvifique de la Croix,
Tu l’as révélé et montré le soir ;
Et ton corps, source de vie,
Tu l’as distribué et donné comme la Coupe.

Daigne avec la sainte Assemblée
Me rendre moi aussi participant à la Table,
À ton Pain de Vie dont je suis affamé,
Et à ton Breuvage dont je suis altéré.

Tu as lavé dans le bassin
Avec tes mains pures leurs pieds,
Et Tu as enseigné l’humilité
D’abord en parole, à cette heure-là en acte.

Lave aussi la fange de mes méchancetés
Par les supplications de la sainte Compagnie
Et dirige la marche de mes pieds
Par la voie de l’humilité vers le Ciel.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

 

Solennité de l’Annonciation du Seigneur

mardi 25 mars 2025

Pourquoi le Fils de Dieu est-il né d’une Vierge ?… Il fallait un mode tout nouveau de naissance à celui qui allait consacrer un nouvel ordre de naissance. Isaïe avait prophétisé que le Seigneur annoncerait cette merveille par un signe. Quel signe ? « Voici qu’une vierge va concevoir et enfanter un fils. » Oui, la Vierge a conçu et enfanté l’Emmanuel, Dieu-avec-nous (Is 7,14; Mt 1,23). Le voilà, ce nouvel ordre de naissance : l’homme naît en Dieu parce que Dieu naît en l’homme ; Dieu se fait chair pour régénérer la chair par la semence nouvelle de l’Esprit et laver toutes ses souillures passées.

Tout cet ordre nouveau a été préfiguré dans l’Ancien Testament, car dans le dessein divin le premier homme est né pour Dieu par l’intermédiaire d’une vierge. En effet, la terre était encore vierge, le travail de l’homme ne l’avait pas touchée, la semence n’y avait pas été jetée, quand Dieu l’a prise pour en façonner l’homme et en faire « un être vivant » (Gn 2,5.7). Si donc le premier Adam a été formé de la terre, il est juste que le second, celui que l’apôtre Paul appelle « le nouvel Adam » soit lui aussi tiré par Dieu d’une terre vierge, c’est-à-dire d’une chair dont la virginité demeurait inviolée, pour devenir « Esprit qui donne la vie » (1Co 15,45). (…)

Quand il a voulu recouvrer « son image et sa ressemblance » (Gn 1,26) tombée au pouvoir du démon, Dieu a agi de la même façon qu’au moment où il l’avait créée. Ève était encore vierge quand elle a accueilli la parole qui allait produire la mort ; c’était donc aussi dans une vierge que devait descendre la Parole de Dieu qui allait élever l’édifice de la Vie (…). Ève avait donné sa foi au serpent ; Marie a eu foi en Gabriel. Le péché qu’Ève avait commis en croyant, c’est en croyant que Marie l’a effacé (…). La Parole du diable a été pour Ève la semence de son humiliation et de ses douleurs dans l’enfantement (Gn 3,16), et elle a mis au monde le meurtrier de son frère (4,8). Au contraire, Marie a mis au monde un fils qui devait sauver Israël, son frère.

Tertullien (v. 155-v. 220)

 

 

 

 

Le mercredi des Cendres

mercredi 5 mars 2025

Mes frères, nous commençons aujourd’hui le grand voyage du Carême. Emportons donc dans notre navire toute notre provision de nourriture et de boisson, en plaçant sur la caisse la miséricorde abondante dont nous aurons besoin. Car notre jeûne a faim, notre jeûne a soif, s’il ne se nourrit pas de bonté, s’il ne se désaltère pas de miséricorde. Notre jeûne a froid, notre jeûne défaille, si la toison de l’aumône ne le couvre pas, si le vêtement de la compassion ne l’enveloppe pas.

Frères, ce que le printemps est pour les terres, la miséricorde l’est pour le jeûne : le vent doux printanier fait fleurir tous les bourgeons des plaines ; la miséricorde du jeûne fait pousser toutes nos semences jusqu’à la floraison, leur fait porter fruit jusqu’à la récolte céleste. Ce que l’huile est pour la lampe, la bonté l’est pour le jeûne. Comme la matière grasse de l’huile allume la lumière de la lampe et, avec une aussi faible nourriture, la fait luire pour le réconfort de toute une nuit, ainsi la bonté fait resplendir le jeûne : il jette des rayons jusqu’à atteindre le plein éclat de la continence. Ce que le soleil est au jour, l’aumône l’est pour le jeûne : la splendeur du soleil accroît l’éclat du jour, dissipe l’obscurité des nuées ; l’aumône accompagnant le jeûne en sanctifie la sainteté et, grâce à la lumière de la bonté, chasse de nos désirs tout ce qui pourrait être mortifère. Bref, ce que le corps est pour l’âme, la générosité en tient lieu pour le jeûne : quand l’âme se retire du corps, elle lui apporte la mort ; si la générosité s’éloigne du jeûne, c’est sa mort.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

 

Chaire de saint Pierre, apôtre, fête

samedi 22 février 2025

Tu as reçu la charge du sacerdoce. Assis à la poupe de l’Église, tu pilotes le navire au milieu des flots. Tiens le gouvernail de la foi afin de ne point chavirer parmi les graves tempêtes de ce siècle. La mer est grande et vaste, mais ne crains pas ; car c’est le Seigneur qui a établi la terre sur les mers et l’a fondée sur les fleuves (cf. Ps 23,2). Il est donc normal qu’au milieu d’un monde si agité, l’Église du Seigneur, bâtie sur la pierre des apôtres, demeure stable et tienne bon sur sa base inébranlable contre les assauts furieux de la mer (cf. Mt 16,18). Elle est entourée par les flots mais n’en est pas ébranlée ; et, bien que les éléments de ce monde retentissent d’une immense clameur, elle offre cependant à ceux qui peinent la grande sécurité d’un havre de salut.

Même lorsqu’elle est un esquif balloté sur la mer, elle demeure l’Église dont les eaux courent dans les fleuves, ces grands fleuves dont il est dit : « Les fleuves ont élevé leurs voix » (Ps 92,3). Des fleuves, en effet, jaillissent du sein de l’Église abreuvée par le Christ et réceptacle de l’Esprit de Dieu (cf. Jn 7,38). Ces fleuves, lorsqu’ils demeurent de grâce spirituelle, élèvent leur voix. Il y a un fleuve qui s’écoule dans les hommes de Dieu comme un torrent (cf. Is 66,12), fleuve dont l’impétuosité réjouit l’âme pacifique et tranquille. Celui qui reçoit de l’abondance de ce fleuve, comme Jean l’évangéliste, ou come Pierre et Paul, celui-là élève sa voix ; et de même que les apôtres ont répandu, par leur prédication, la parole évangélique jusqu’au bout du monde, celui-là aussi se met à prêcher l’évangile du Seigneur Jésus.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

Présentation du Seigneur au Temple, fête

dimanche 2 février 2025

Le Père des lumières (Jc 1,17) invite les fils de la lumière (Lc 16,18) à célébrer cette fête de lumière : « Approchez-vous de lui et soyez inondés de clarté », dit le psaume (33,6). De fait, « celui qui habite une lumière inaccessible » (1Tm 6,16) a daigné se rendre accessible ; il s’est abaissé dans la nuée de la chair pour que le faible et le petit puissent monter jusqu’à lui. Quelle descente de miséricorde ! « Il a incliné les cieux », c’est-à-dire les sommets de la divinité, « et il est descendu » en devenant présent dans la chair, « et un nuage obscur était sous ses pieds » (Ps 17,10). (…)

Obscurité nécessaire pour nous rendre la lumière ! La lumière véritable s’est cachée sous le nuage de la chair, (cf. Ex 13,21) nuage obscur par sa ressemblance avec « notre condition humaine de pécheurs » (Rm 8,3). (…) Puisque la vraie Lumière a fait de la chair sa cachette, nous qui sommes des êtres de chair, approchons-nous du Verbe fait chair (…) pour apprendre à passer peu à peu de la chair à l’esprit. Approchons-nous maintenant, car aujourd’hui un soleil nouveau brille plus qu’à l’ordinaire. Jusque-là il était enfermé à Bethléem dans l’étroitesse d’une crèche et connu de bien peu de monde, mais aujourd’hui, à Jérusalem, il est présenté devant un grand nombre dans le Temple du Seigneur. (…) Aujourd’hui, le Soleil s’élance pour irradier le monde entier. (…)

Si seulement mon âme pouvait brûler du désir qui enflammait Syméon, pour que je mérite d’être le porteur d’une si grande lumière ! Mais si l’âme n’a pas été d’abord purifiée de ses fautes, elle ne pourra pas aller « à la rencontre du Christ sur les nuées » de la vraie liberté (1Th 4,17). (…) Alors seulement elle pourra jouir avec Syméon de la lumière véritable et, comme lui, partir en paix.

Adam de Perseigne (? -1221)

 

 

 

Fête du Baptême de Notre Seigneur

dimanche 12 janvier 2025

Jésus a sanctifié le baptême en se faisant baptiser lui-même. Si le Fils de Dieu a été baptisé, quel homme pieux mépriserait le baptême ? Or il a été baptisé non pas pour recevoir le pardon de péchés quelconques – car il était sans péché – mais il a été baptisé sans péché pour conférer une grâce et une dignité divines aux baptisés. Voici comment : « puisque les enfants avaient en partage une nature de chair et de sang » (He 2,14) pour que, participants désormais de sa présence corporelle, nous devenions aussi participants de sa grâce divine : de la même façon, Jésus fut baptisé afin qu’une participation de plus nous conférât à la fois l’honneur et le salut. (…)

Tu descends dans l’eau chargé de tes péchés, mais l’invocation de la grâce appose son sceau sur ton âme et ne permet pas que tu sois avalé par le terrible dragon. Descendu mort dans le péché, tu remontes vivifié dans la justice. Si en effet tu as été greffé sur la ressemblance de la mort du Sauveur, tu sera aussi jugé digne de la résurrection. Comme Jésus, en effet, a souffert pour avoir pris sur lui les fautes de la terre entière, pour qu’ayant mis le péché à mort, il te ressuscitât dans la justice, de même, descendu toi aussi dans l’eau, et, d’une certaine manière, enseveli dans les eaux comme lui dans le rocher, tu ressuscites « marchant dans une vie renouvelée » (Rm 6,2).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Épiphanie du Seigneur, Solennité

dimanche 5 janvier 2025

Levons-nous, à l’exemple des mages. Laissons tout le monde se troubler ; mais nous, courons avec joie à la demeure de l’enfant. Si les rois ou les peuples s’efforcent de nous barrer le chemin, peu importe, ne ralentissons pas notre ferveur, repoussons tous les maux qui nous menacent. S’ils n’avaient pas vu l’enfant, les mages n’auraient pas échappé au danger qu’ils couraient de la part du roi Hérode. Avant d’avoir eu le bonheur de le contempler, ils étaient assiégés par la crainte, entourés de périls, plongés dans le trouble ; après qu’ils l’ont adoré, le calme et la sécurité se sont établis dans leur cœur…

Laissons donc là, nous aussi, une ville en désordre, un despote assoiffé de sang, toutes les richesses de ce monde, et venons à Bethléem, la « maison du pain » spirituel. Si tu es berger, viens seulement, et tu verras l’enfant dans l’étable. Si tu es roi, tes vêtements fastueux, tout l’éclat de ta dignité, ne te serviront de rien si tu ne viens pas. Si tu es homme de science comme les mages, toutes tes connaissances ne te sauveront pas si tu ne viens pas montrer ton respect. Si tu es un étranger ou même un barbare, tu seras admis à la cour de ce roi… Il suffit de venir avec frayeur et avec joie, ces deux sentiments qui habitent un cœur vraiment chrétien…

Avant d’adorer cet enfant, décharge-toi de tout ce qui t’encombre. Si tu es riche, dépose ton or à ses pieds, c’est-à-dire, donne-le aux pauvres. Ces étrangers sont venus de si loin pour contempler ce nouveau-né ; comment pourrais-tu…refuser de faire quelques pas pour visiter un malade ou un prisonnier ?… Les mages ont offert leurs trésors à Jésus, et toi, tu n’as même pas un morceau de pain à lui donner ? (Mt 25,35s) Quand ils ont vu l’étoile, leur cœur a été rempli de joie ; tu vois le Christ dans les pauvres, manquant de tout, et tu passes outre, tu n’es pas ému ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

mercredi 1 janvier 2025

Commet parler dignement de celle qui a engendré mon Seigneur et mon Dieu ? Par sa fécondité, j’ai été délivré de ma captivité ; par son enfantement, je suis racheté de la mort éternelle ; par son Fils, j’ai été relevé de ma ruine et ramené du malheur à la patrie bienheureuse. Ô bénie entre les femmes, c’est le fruit béni de ton sein (Lc 1,42) qui m’a donné tout cela par la régénération du baptême. Il me l’a donné en réalité ou en espérance, bien que je me sois moi-même privé de tout cela par mon propre péché, au point d’être sans rien et au bord du désespoir. Quoi donc ? Si mes fautes sont pardonnées, serai-je ingrat envers celle par qui tant de biens me sont venus gratuitement ? Dieu me garde d’ajouter cette injustice à mes iniquités !

Dieu a donné son Fils, fruit de son cœur, qui était son égal et qu’il aimait comme lui-même : il l’a donné à Marie et, du sein de Marie, il en a fait son Fils, non pas quelqu’un d’autre, mais le même en personne, de sorte qu’il est par sa nature le même Fils unique de Dieu et de Marie. Toute la création est l’œuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie ! Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu ! Dieu qui a tout formé s’est formé lui-même du sein de Marie, et ainsi il a refait tout ce qu’il avait fait. Lui qui a pu tout faire de rien n’a pas voulu refaire sa création détruite sans devenir d’abord fils de Marie. Dieu est donc le Père de toutes les choses créées, et Marie la mère de toutes les choses recréées. Dieu est le Père de la création universelle, et Marie la mère de la rédemption universelle. Car Dieu a engendré celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté celui par qui tout a été sauvé.

Saint Anselme (1033-1109)