ACCUEIL

Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

« Ils ont donné de leur superflu, mais elle, de son indigence. »

lundi 24 novembre 2025

Il faut donner ce qui vous coûte quelque chose. Il ne suffit pas de donner seulement ce dont vous pouvez vous passer mais aussi ce dont vous ne pouvez ni ne voulez vous passer, des choses auxquelles vous êtes attaché. Votre don devient alors un sacrifice qui aura du prix aux yeux de Dieu… C’est ce que j’appelle l’amour en action. Tous les jours, je vois cet amour, chez des enfants, des hommes et des femmes.

Un jour je descendais la rue ; un mendiant est venu vers moi et m’a dit : « Mère Teresa, tout le monde te fait des dons ; moi aussi, je veux te donner quelque chose. Aujourd’hui, je n’ai reçu que vingt-neuf centimes pour toute la journée et je veux te les donner ». J’ai réfléchi un moment : si je prends ces vingt-neuf centimes, il risque de n’avoir rien à manger ce soir, et si je ne les prends pas, je lui ferai de la peine. Alors j’ai tendu les mains et j’ai pris l’argent. Jamais sur aucun visage, je n’ai vu autant de joie que sur celui de cet homme : lui aussi, un mendiant, il a pu faire un don à Mère Teresa ! C’était un énorme sacrifice pour ce pauvre qui avait mendié toute la journée au soleil et qui n’avait reçu que vingt-neuf centimes. Mais c’était merveilleux aussi : je ne pouvais rien faire avec cette somme, mais puisqu’il y a renoncé et que moi j’ai accepté, ces piécettes devenaient une fortune parce qu’elles étaient données avec tant d’amour.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

Commémoration de tous les fidèles défunts

dimanche 2 novembre 2025

L’amour dont Dieu nous a aimés a délié par sa puissance les liens dans lesquels la mort nous tenait prisonniers. Désormais, celle-ci ne peut retenir qu’un instant ceux qu’il lui est permis de toucher. Car « le Christ est ressuscité, prémices de ceux qui se sont endormis » (1Co 15, 20). Il nous confirme dans la certitude que nous ressusciterons, par le mystère, l’exemple et le témoignage de sa propre résurrection ainsi que par la parole de sa promesse.

Elle est forte, la mort capable de nous enlever le don de la vie ; il est fort, l’amour qui peut nous rendre à une vie meilleure. La mort est forte : sa puissance peut nous dépouiller de notre corps ; l’amour est fort : il a pouvoir d’arracher à la mort son butin et de nous le rendre. Elle est forte, la mort : nul homme ne peut lui résister ; il est fort, l’amour, à tel point qu’il triomphe de la mort, émousse son aiguillon, arrête son ambition, et renverse sa victoire. Elle sera en effet bafouée chaque fois qu’on lui dira : « Mort, où est ta victoire ? Mort, où est ton aiguillon ? » (1 Co 15,55). « L’amour est fort comme la mort » (Ct 8,6), car la mort de la mort c’est l’amour du Christ, comme le suggère cette parole : « Mort, je serai ta mort ; enfer, je serai ta perte » (Os 13,14).

L’amour dont nous aimons le Christ est, lui aussi, puissant comme la mort, car il est une sorte de mort : l’extinction de la vie ancienne, l’abolition des vices, l’abandon des œuvres de la mort. Cet amour que nous avons pour le Christ est comme une réponse à celui qu’il nous porte ; bien qu’il lui soit inégal, il est à son image. Lui nous a aimés le premier, et, par l’exemple d’amour qu’il nous a donné, il est devenu notre modèle et notre sceau. À nous de nous laisser empreindre à son image, de déposer le masque terrestre et de revêtir la figure céleste, à nous d’aimer le Christ comme il nous a aimés.

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

Solennité de la Toussaint

samedi 1 novembre 2025

« Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés » Il s’agit ici des pleurs versés non point sur ceux qui sont morts selon la commune loi de nature, mais sur ceux qui le sont par leurs péchés et leurs vices. (…)

« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice » Il ne suffit pas que nous voulions la justice, si nous n’en éprouvons pas la faim. Cela veut nous faire comprendre que nous ne sommes jamais assez justes, mais que nous devons toujours avoir faim des œuvres de justice.

« Bienheureux les miséricordieux » La miséricorde ne se remarque pas seulement dans les aumônes, mais encore à l’occasion de tout péché de nos frères, si nous portons le fardeau les uns des autres.

« Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » Ceux qui n’ont aucun péché sur leur conscience. Le Pur se laisse voir au cœur pur. Le temple de Dieu ne saurait être souillé.

« Bienheureux les pacifiques » Ceux qui font régner la paix dans leur cœur, puis parmi les frères divisés. Que sert en effet de faire la paix chez les autres s’il y a dans notre cœur la guerre des vices ?

« Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice » Il est spécifié : pour la justice. Beaucoup, en effet, souffrent persécution pour leurs péchés, sans être justes. (…)

« Bienheureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira de vous toute sorte de mal » La malédiction qui doit être méprisée et qui nous vaut la béatitude est celle qui est proférée à faux par la bouche de celui qui maudit (…). Le Christ est-Il en cause, alors il faut souhaiter la malédiction.

« Réjouissez-vous et exultez » Je ne sais qui de nous pourrait réaliser cela : voir sa réputation déchirée par la calomnie et se réjouir dans le Seigneur. Celui qui recherche la vaine gloire ne le peut. Nous devons donc nous réjouir, exulter pour que la récompense nous soit préparée dans les Cieux.

Saint Jérôme (347-420)

Fête des Sts Simon et Jude, Apôtres

mardi 28 octobre 2025

Si Jésus avait choisi, pour en faire les ministres de son enseignement, des hommes savants selon l’opinion publique, capables de saisir et d’exprimer des idées chères aux foules, il aurait été soupçonné d’avoir prêché suivant la méthode des philosophes qui tiennent école, et le caractère divin de sa doctrine n’aurait pas paru dans toute son évidence. Sa doctrine et sa prédication auraient consisté « en discours persuasifs de la sagesse » (1Co 1,17)… ; et notre foi, pareille à celle qu’on accorde aux doctrines des philosophes de ce monde, « reposerait sur la sagesse des hommes et non sur la puissance de Dieu » (1Co 2,5). Mais quand on voit des pêcheurs et des publicains sans instruction assez hardis pour discuter avec les juifs de la foi en Jésus Christ, et pour le prêcher au reste du monde, et y réussir, comment ne pas chercher l’origine de cette puissance de persuasion ? Comment ne pas avouer que la parole de Jésus : « Venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4,19), il l’a réalisée dans ses apôtres par une puissance divine ?

Paul aussi manifeste cette puissance quand il écrit : « Ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, c’était une démonstration de l’Esprit et de la puissance de Dieu » (1Co 2,4)… C’est ce qu’ont dit les prophètes déjà, quand ils ont annoncé par avance la prédication de l’Evangile : « Le Seigneur donnera sa parole aux messagers de la bonne nouvelle avec une grande puissance », afin que « rapide court sa parole » (Ps 67,12 ;147,15). Et de fait, nous voyons que « la voix » des apôtres de Jésus « a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu’aux limites du monde » (Ps 18,5 ;Rm 10,18). Voilà pourquoi ceux qui écoutent la parole de Dieu annoncée avec puissance sont remplis eux-mêmes de puissance ; ils le manifestent par leur conduite et par leur lutte pour la vérité jusqu’à la mort.

Origène (v. 185-253)

Dieu a voulu confier notre âme à un prince de sa cour céleste

jeudi 2 octobre 2025

Notre âme est si noble, ornée de tant de belles qualités, que le bon Dieu n’a voulu la confier qu’à un prince de sa cour céleste.

Notre âme est si précieuse aux yeux de Dieu même, que, dans toute sa sagesse, il n’a point trouvé de nourriture qui fût digne d’elle que son Corps adorable, dont il veut qu’elle fasse son pain de chaque jour ; et pour sa boisson, il n’y avait que son Sang précieux qui fût digne de lui en servir.

Oui, mes frères, si nous avons une âme que Dieu estime tant, que quand elle aurait été seule dans le monde, il n’aurait pas cru en trop faire que de mourir pour elle ; et que, quand le bon Dieu, en la créant, n’aurait point créé de ciel, quoique seule dans le monde, le bon Dieu en aurait créé un pour elle seule.

Ô mon corps, que vous êtes heureux de loger une âme ornée de tant de belles qualités ! Un Dieu, tout infini qu’il est, en fait l’objet de ses complaisances ! Oui, mes frères, notre âme est destinée à aller passer son éternité dans le sein de Dieu même.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

« Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »

mercredi 1 octobre 2025

Rappelle-toi de la gloire du Père Rappelle-toi des divines splendeurs Que tu quittas t’exilant sur la terre Pour racheter tous les pauvres pécheurs Ô Jésus ! t’abaissant vers la Vierge Marie Tu voilas ta grandeur et ta gloire infinie Ah ! du sein maternel Qui fut ton second Ciel Rappelle-toi… Rappelle-toi que sur d’autres rivages Les astres d’or et la lune d’argent Que je contemple en l’azur sans nuages Ont réjoui, charmé tes yeux d’Enfant. De ta petite main qui caressait Marie Tu soutenais le monde et lui donnais la vie. Et tu pensais à moi, Jésus, mon petit Roi Rappelle-toi. Rappelle-toi que dans la solitude Tu travaillais de tes divines mains Vivre oublié fut ta plus douce étude Tu rejetas le savoir des humains Ô Toi ! qui d’un seul mot pouvais charmer le monde Tu te plus à cacher ta sagesse profonde. Tu parus ignorant, Ô Seigneur Tout-Puissant ! Rappelle-toi. Rappelle-toi qu’étranger sur la terre, Tu fus errant, toi le Verbe Éternel, Tu n’avais rien ; non, pas même une pierre Pas un abri, comme l’oiseau du ciel. Ô Jésus ! viens en moi, viens reposer ta Tête, Viens, à te recevoir mon âme est toute prête Mon Bien-Aimé Sauveur Repose dans mon cœur Il est à Toi.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)

Fête des saints Michel, Gabriel et Raphaël, archanges

lundi 29 septembre 2025

Tu as préparé les troupes des anges et les armées divines pour être les demeures accueillantes et les réceptacles vénérables de ta divine splendeur, les spectateurs de ta gloire, debout près de ton trône, exécutant avec force et efficacité ta parole et accomplissant énergiquement tes commandements, Ami de l’homme.

Comme tu voulais, toi qui es bon, manifester l’abîme de ta bonté, Dieu sans commencement, tu as créé d’abord, par ton pouvoir tout-puissant et ton ordre divin, les chœurs des Anges et les cohortes des Puissances ; car il fallait, en vérité, que le bien se répandît et se propageât, de sorte que plus nombreux fussent les bénéficiaires de ta bonté, ô Maître.

Les Séraphins aux six ailes, les Chérubins aux yeux sans nombre, t’entourent avec les Trônes sublimes, participant sans intermédiaire à ta splendeur primordiale ; les Dominations, les Principautés, les Puissances, les Archanges, les Anges et les Vertus divines, en acclamant ta gloire, Ô Tout-Puissant, te supplient en notre faveur.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

« Ma mère et mes frères »

mardi 23 septembre 2025

Malgré l’unité organique réelle de la tête et du corps, l’Église se tient à côté du Christ comme une personne indépendante. En tant que Fils du Père éternel, le Christ vivait avant le commencement des temps et avant toute existence humaine. Ensuite, par l’acte de la création, l’humanité vivait avant que le Christ n’ait pris sa nature et ne se soit intégré à elle. Mais par son Incarnation, il lui a apporté sa vie divine ; par son œuvre de rédemption, il l’a rendu capable de recevoir la grâce si bien qu’il l’a recréé une deuxième fois… L’Église est l’humanité rachetée, nouvellement créée de la substance même du Christ.

La cellule primitive de cette humanité rachetée, c’est Marie ; c’est en elle que s’est accomplie pour la première fois la purification et la sanctification par le Christ, c’est elle la première qui a été remplie de l’Esprit Saint. Avant que le Fils de Dieu soit né de la Sainte Vierge, il a créé cette Vierge pleine de grâce et, en elle et avec elle, l’Église…

Toute âme purifiée par le baptême et élevée à l’état de grâce est, par là même, créée par le Christ et née pour le Christ. Mais elle est créée dans l’Église et elle naît par l’Église… Ainsi l’Église est la mère de tous ceux à qui s’adresse la rédemption. Elle l’est par son union intime avec le Christ, et parce qu’elle se tient à ses côtés en qualité d’Épouse du Christ pour collaborer à son œuvre de rédemption.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)

St Matthieu

dimanche 21 septembre 2025

Matthieu était probablement galiléen de naissance. Il exerçait la profession de publicain ou de receveur des tributs pour les romains, profession très odieuse parmi les juifs. Son nom fut d’abord Lévi. Il était à son bureau, près du lac de Génésareth, où apparemment il recevait le droit de péage, lorsque Jésus-Christ l’aperçut et l’appela. Sa place était avantageuse ; mais aucune considération ne l’arrêta, et il se mit aussitôt à la suite du Sauveur. Celui qui l’appelait par sa parole le touchait en même temps par l’action intérieure de sa grâce.

Lévi, appelé Matthieu après sa conversion, invita Jésus-Christ et ses disciples à manger chez lui ; il appela même au festin ses amis, espérant sans doute que les entretiens de Jésus les attireraient aussi à Lui. C’est à cette occasion que les pharisiens dirent aux disciples du sauveur : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Et Jésus, entendant leurs murmures, répondit ces belles paroles : « Les médecins sont pour les malades et non pour ceux qui sont en bonne santé. Sachez-le donc bien, je veux la miséricorde et non le sacrifice ; car je suis venu appeler non les justes, mais les pécheurs. »

Après l’Ascension, saint Matthieu convertit un grand nombre d’âmes en Judée ; puis il alla prêcher en Orient, où il souffrit le martyre. Il est le premier qui ait écrit l’histoire de Notre-Seigneur et sa doctrine, renfermées dans l’évangile qui porte son nom. On remarque, dans l’évangile de saint Matthieu, qu’il se nomme le publicain, par humilité, aveu touchant, et qui nous montre bien le disciple fidèle de celui qui a dit : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. » On rapporte qu’il évangélisa l’Éthiopie. Là, il se rendit populaire par un miracle : il fit le signe de la croix sur deux dragons très redoutés, les rendit doux comme des agneaux et leur commanda de s’enfuir dans leurs repaires.

Ce fut le signal de la conversion d’un grand nombre. La résurrection du fils du roi, au nom de Jésus-Christ, produisit un effet plus grand encore et fut la cause de la conversion de la maison royale et de tout le pays. On attribue à saint Matthieu l’institution du premier couvent des vierges. C’est en défendant contre les atteintes d’un prince une vierge consacrée au Seigneur, que le saint apôtre reçut le coup de la mort sur les marches de l’autel.

Notre Dame des Douleurs

lundi 15 septembre 2025

Le martyre de la Vierge est suggéré tant par la prophétie de Siméon que par le récit même de la Passion du Seigneur. « Celui-ci, dit le vieillard en parlant de l’enfant Jésus, est posé comme un signe de contradiction, et toi-même, ajoutait-il s’adressant à Marie, un glaive transpercera son âme » (Lc 2, 34-35). Oui, bienheureuse Mère, ton âme, un glaive l’a transpercé, et d’ailleurs, ce n’est qu’en la traversant qu’il pénétra dans la chair de ton Fils. De fait, lorsque ton Jésus ‒ qui est à tous, mais spécialement à toi ‒ eut rendu l’esprit, la lance cruelle n’atteignit pas son âme. Si, ne l’épargnant pas ‒ même mort ‒, elle lui ouvrit le côté, elle ne pouvait plus lui causer de douleur. Mais ton âme, elle l’a transperça : à ce moment, la sienne n’était plus là, mais la tienne ne pouvait absolument pas se détourner de lui. (…)

Peut-être quelqu’un va dire : “Ne savait-elle pas d’avance qu’il devait mourir ?” Oui, indubitablement. “N’espérait-elle pas le voir ressusciter aussitôt ?” Si, en toute confiance. “Après cela, souffrit-elle quand il fut crucifié ?” Certainement, et avec quelle violence ! Alors qui es-tu donc, frère, et d’où te vient pareille sagesse de t’étonner plus de la compassion de Marie que de la passion du Fils de Marie ? Lui, il put mourir de la mort du corps et elle, n’aurait pu mourir avec lui de cœur ? Là, c’est l’œuvre d’un amour que personne ne surpasse ; ici, c’est le résultat d’un amour qui après le premier n’eut jamais son égal.

Saint Bernard (1091-1153)