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Archive pour le mot-clef ‘charité’

« La charité couvre une multitude de péchés. » (1 P 4,8)

jeudi 11 septembre 2025

Si nous avions la charité accompagnée de compassion et de peine, nous ne prendrions pas garde aux défauts du prochain, selon cette parole : « La charité couvre une multitude de péchés » (1 P 4,8) et encore : « La charité ne s’arrête pas au mal, elle excuse tout » (1 Co 13,5-7). Si donc nous avions la charité, la charité elle-même couvrirait toute faute, et nous serions comme les saints quand ils voient les défauts des hommes.

Les saints sont-ils donc aveugles qu’ils ne voient pas les péchés ? Mais qui déteste le péché autant que les saints ? Et pourtant, ils ne haïssent pas le pécheur, ils ne le jugent pas, ils ne le fuient pas. Au contraire, ils compatissent, l’exhortent, le consolent, le soignent comme un membre malade ; ils font tout pour le sauver. Lorsqu’une mère a un enfant difforme, elle ne se détourne pas de lui avec horreur, elle prend plaisir à le parer et fait tout pour le rendre gracieux. C’est ainsi que les saints protègent toujours le pécheur, le disposent et le prennent en charge pour le corriger au moment opportun, pour l’empêcher de nuire à un autre, et aussi pour progresser eux-mêmes davantage dans la charité du Christ.

Acquérons donc, nous aussi, la charité ; acquérons la miséricorde à l’égard du prochain, pour nous garder de la terrible médisance, du jugement et du mépris. Portons-nous secours les uns aux autres, comme à nos propres membres. Car « nous sommes membres les uns des autres, dit l’Apôtre (Rm 12,5) ; un membre souffre-t-il, tous les membres souffrent avec lui (1 Co 12,27). En un mot, ayez soin, chacun selon son pouvoir, d’être unis les uns aux autres. Car plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu.

Dorothée de Gaza (v. 500-?)

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

samedi 6 septembre 2025

Chaque jour de la création est grand, admirable, mais nul ne peut se comparer au septième : alors ce n’est pas la création de l’un ou l’autre élément naturel qui est proposée à notre contemplation, mais le repos de Dieu lui-même et la perfection de toutes les créatures. Car nous lisons : « Le septième jour, Dieu acheva son œuvre qu’il avait faite, et il se reposa de toute l’œuvre qu’il avait créée » (Gn 2,2). Grand est ce jour, insondable ce repos, magnifique ce sabbat ! Ah, si tu pouvais comprendre ! Ce jour n’est pas tracé par la course du soleil visible, ne commence pas à son lever, ne finit pas à son couchant ; il n’a ni matin ni soir (cf Gn 1,5)…

Écoutons celui qui nous invite au repos : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau ; je restaurerai vos forces » (Mt 11,28). C’est la préparation du sabbat. Quant au sabbat lui-même, écoutons encore : « Prenez sur vous mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; alors vous trouverez le repos » (v. 29). Voilà le repos, la tranquillité, voilà le vrai sabbat….

Car ce joug ne pèse pas, il unit ; ce fardeau a des ailes, non du poids. Ce joug, c’est la charité ; ce fardeau, c’est l’amour fraternel. C’est là où on trouve le repos ; là, on célèbre le sabbat ; là, on est délivré de tout travail d’esclave… Même s’il arrive que quelque péché s’y glisse, à cause de notre faiblesse, la célébration de ce sabbat n’est pas interrompue, car « la charité couvre une multitude de péchés » (1P 4,8). Il est donc juste que cette libération soit réservée pour le septième jour car « la charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5).

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)

Veillons sur notre prochain !

dimanche 13 juillet 2025

Veillons à la santé de notre prochain avec autant de soin qu’à la nôtre, qu’il soit bien-portant ou épuisé par la maladie. Car « nous sommes tous un dans le Seigneur » (Rm 12,5) : riches ou pauvres, esclaves ou hommes libres, bien-portants ou malades. Pour tous, il n’y a qu’une seule tête, principe de tout : le Christ.

Ce que sont les membres du corps les uns pour les autres, chacun de nous l’est pour chacun de ses frères, et tous le sont pour tous. Il ne faut donc ni négliger ni abandonner ceux qui sont tombés avant nous dans un état de faiblesse qui nous guette tous. Plutôt que de nous réjouir d’être en bonne santé, mieux vaut compatir aux malheurs de nos frères. Ils sont à l’image de Dieu comme nous et, malgré leur apparente déchéance, ils ont gardé mieux que nous la fidélité de cette image. En eux, l’homme intérieur a revêtu le même Christ et ils ont reçu les mêmes « arrhes de l’Esprit » (2 Co 5,5). Ils ont les mêmes lois, les mêmes commandements, les mêmes alliances, les mêmes assemblées, les mêmes mystères, la même espérance. Le Christ est mort pour eux également, « lui qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Ils ont part à l’héritage de la vie céleste, eux qui furent privés de beaucoup de biens ici-bas. Ils sont les compagnons des souffrances du Christ, ils le seront de sa gloire.

La nature humaine nous fait une loi d’avoir pitié les uns des autres. En nous enseignant la solidarité dans la faiblesse, elle nous inculque le respect et l’amour des hommes.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

Patience et charité !

lundi 16 juin 2025

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] C’est par le prochain que l’homme expérimente qu’il possède en soi-même la vertu de patience, à l’occasion de l’injure qu’il reçoit de lui. C’est l’orgueilleux qui lui fait prendre conscience de sa propre humilité, comme l’incroyant, de sa foi, le désespéré, de son espérance, l’injuste, de sa justice, le cruel, de sa miséricorde, l’irascible, de sa mansuétude et bénignité. Toutes les vertus s’éprouvent et s’exercent par le prochain comme aussi c’est par lui que les pervers font voir toute leur malice. (…)

Quand il voit l’infidèle, sans espérance en moi, ‒ car celui qui ne m’aime pas ne peut avoir foi ni confiance en moi, il ne croit et n’espère qu’en sa propre sensualité qui lui prend tout son amour ‒ mon serviteur fidèle ne laisse pas cependant de l’aimer fidèlement et avec l’espérance de chercher en moi son salut. Ainsi donc l’infidélité des uns et leur manque d’espérance servent à manifester la foi du croyant.

Non seulement la vertu s’affermit en ceux qui rendent le bien pour le mal, mais, je te le dis, souventes fois l’épreuve fait d’eux des charbons ardents, tout brûlants du feu de la charité dont la flamme consume la haine et les ressentiments jusque dans le cœur et l’esprit du méchant irrité, transformant ainsi l’inimitié en bienveillance. Telle est l’efficacité de la charité et de la parfaite patience en celui qui est en butte à la colère du méchant et subit sans se plaindre ses assauts.

Si tu considères la vertu de force et de persévérance, elle se prouve par le long support des affronts et des médisances des hommes, qui souvent, tantôt par la violence, tantôt par la flatterie cherchent à détourner de la voie et de la doctrine de la Vérité. Elle demeure inébranlable et résiste à toute adversité, si vraiment la vertu de force a été conçue intérieurement ; c’est alors qu’elle se prouve dans ses rapports avec le prochain.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

La charité : principe et fin de toute chose

samedi 15 mars 2025

Pourquoi sommes-nous si peu soucieux de chercher des occasions de salut les uns pour les autres, de façon à nous secourir davantage entre nous, là où nous voyons que ce serait plus nécessaire, et à porter mutuellement les fardeaux de nos frères ? L’Apôtre nous y exhorte lorsqu’il dit : « Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la loi du Christ » (Ga 6,2). Et ailleurs : « Supportez-vous les uns les autres avec charité » (Ep 4,2). C’est bien la loi même du Christ.

Lorsqu’en mon frère je perçois quelque chose d’incorrigible, par suite de difficultés ou d’infirmités physiques ou morales, pourquoi ne pas le supporter avec patience, pourquoi ne pas l’en consoler de tout cœur, selon la parole de l’Écriture : « Leurs enfants seront portés sur les bras et consolés sur les genoux » (Is 66,12) ? Serait-ce qu’elle me manque cette charité qui supporte tout, qui est patiente pour soutenir, indulgente pour aimer ? (cf. 1 Co 13,7). Telle est en tous cas la loi du Christ. Dans sa Passion, il a « vraiment pris sur lui nos souffrances », et, dans sa miséricorde, « s’est chargé de nos douleurs » (Is 53,4), aimant ceux qu’il portait, portant ceux qu’il aimait. (…)

Tout genre de vie, qui permet de s’adonner plus sincèrement à l’amour de Dieu et, pour lui, à l’amour du prochain – quels que soient l’habit ou les observances –, est aussi plus agréable à Dieu. La charité : c’est pour elle que tout doit se faire ou ne pas se faire, changer ou ne pas changer. La charité : c’est le principe par lequel et la fin vers laquelle il convient que tout soit dirigé. Il n’y a aucune faute dans ce qui, en toute vérité, se fait pour elle et selon son esprit. Daigne nous l’accorder Celui à qui sans elle nous ne pouvons plaire et sans qui nous ne pouvons rien, lui qui vit et règne, car il est Dieu, pour les siècles sans fin. Amen.

Isaac de l’Étoile (?-v. 1171)

 

 

 

Vides pour être remplis de Dieu !

dimanche 16 février 2025

« Malheur à vous qui êtes des rassasiés ! » (Lc 6, 25) Ne cherchons pas notre rassasiement dans les choses de ce monde, ni dans les biens matériels, ni dans les biens spirituels, en aucune créature enfin, en rien de ce qui n’est pas Dieu. Plus nous serons vides de tout ce qui n’est pas Dieu, plus nous serons capables d’être remplis de Dieu, et rassasiés par Lui…

N’usons des choses de ce monde que dans la mesure où c’est nécessaire pour remplir nos devoirs envers Dieu, que dans la mesure où Il nous l’ordonne, qu’en vue de Lui seul, en restant absolument vides de toute attache à aucun d’eux… Loin de nous en rassasier, vidons-nous-en matériellement (…), et vidons-en notre cœur complètement, radicalement ; que notre cœur soit radicalement vide, afin que Dieu le remplisse tout entier.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas aimer les hommes, loin de là, mais il ne faut les aimer ni pour nous ni pour eux, mais en vue de Dieu seul : ils sont bien dans notre cœur, mais non pas placés par nous, placés par Dieu ; nous ne les aimons pas en nous, en quelque sorte nous les aimons dans le Cœur de Dieu. Nous aimons Dieu seul : à Lui seul tout notre cœur. Nous aimons aussi les hommes, mais parce qu’ils sont en Lui, parce que nous les trouvons dans son Cœur, parce qu’ils sont quelque chose de Lui.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Aimer le Christ dans son Corps

dimanche 10 novembre 2024

Étends ta charité sur le monde entier, si tu veux aimer le Christ ; parce que les membres du Christ sont étendus sur le monde. Si tu n’aimes qu’une partie, tu es séparé ; si tu t’es séparé, tu n’es pas dans le corps ; si tu n’es pas dans le corps, tu n’es pas sous la tête.

À quoi bon croire et blasphémer ? Tu l’adores dans la tête ; tu le blasphème en son corps. Il aime, lui, son corps. Si, toi, tu te sépares de son corps, la tête, elle, ne se sépare pas de son corps. C’est en vain que tu m’honores, te crie-t-elle du ciel, c’est en vain que tu m’honores. Comme si quelqu’un voulait te baiser le visage, mais en t’écrasant les pieds. Le voilà qui, de ses souliers ferrés, te broie les pieds, voulant saisir ta tête et la baiser ; n’interromprais-tu pas sa démonstration de respect en criant : « Que fais-tu, homme, tu m’écrases ! »

Ainsi notre Seigneur Jésus Christ, avant de monter au ciel, nous a-t-il recommandé son corps, par lequel il allait demeurer sur la terre. Il voyait que beaucoup l’honoreraient dans sa gloire, mais il voyait que leurs honneurs seraient vains, parce qu’ils mépriseraient ses membres sur terre.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

« En agissant ainsi, tu as appris à ton peuple que le juste doit être ami des hommes. » (Sg 12,19)

lundi 4 novembre 2024

Le premier des commandements et le plus grand, le fondement de la Loi et des prophètes (Mt 22,40) c’est l’amour qui, il me semble, donne sa plus grande preuve dans l’amour des pauvres, dans la tendresse et la compassion pour le prochain. Rien ne fait honneur à Dieu comme la miséricorde, car rien ne lui ressemble plus. « La miséricorde et la vérité marchent devant sa face » (Ps 88,15), et il préfère la miséricorde au jugement (Os 6,6). Rien autant que la bienveillance envers les hommes n’attire la bienveillance de l’Ami des hommes (Sg 1,6) ; sa récompense est juste, il pèse et mesure la miséricorde.

Il faut ouvrir notre cœur à tous les pauvres, et à tous les malheureux, quelles que soient leurs souffrances. C’est le sens du commandement qui nous demande de « nous réjouir avec ceux qui sont dans la joie et de pleurer avec ceux qui pleurent » (Rm 12,15). Étant, nous aussi, des hommes, ne convient-il pas d’être bienveillants à l’égard de nos semblables ?

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

 

Dieu prend soin de ceux qui prennent soin des pauvres

lundi 15 juillet 2024

Un autre moyen de rester fidèle, mes filles, c’est un détachement parfait de père, de mère, des parents et des amis, de sorte que vous ne soyez qu’à Dieu seul. Et pour avoir ce grand bien, il faut se dépouiller de tout et n’avoir rien en propre. Les apôtres avaient ce détachement. Pour un écu, vous en aurez cent ; autant de dames, autant de mères ; de sorte, mes filles, que la Providence jamais ne vous manquera. N’auriez-vous point le courage de vous donner à Dieu, qui pense tant à vous ? Ne prétendez point vous réserver quelque chose pour votre subsistance ; fiez-vous toujours en la Providence. Les riches peuvent tomber en nécessité par les accidents qui arrivent souvent, mais jamais ceux qui veulent dépendre entièrement de Dieu ne seront en pauvreté.

N’est-il pas bon de vivre ainsi, mes filles ? Qu’y a-t-il à craindre ? Car Dieu a promis que les personnes qui auront soin des pauvres ne manqueront jamais de rien. Mes filles, n’aimeriez-vous pas mieux les promesses de Dieu que les tromperies du monde ? Dieu s’est obligé à pourvoir à tous nos besoins.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

La mission de l’Amour

dimanche 14 juillet 2024

Malgré ma petitesse je sens le besoin, le désir d’accomplir pour toi, Jésus, toutes les œuvres les plus héroïques. Je voudrais parcourir la terre, prêcher ton nom et planter sur le sol infidèle ta Croix glorieuse, mais ô mon Bien-Aimé, une seule mission ne me suffirait pas, je voudrais en même temps annoncer l’Évangile dans les cinq parties du monde et jusque dans les îles les plus reculées. Je voudrais être missionnaire non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l’avoir été depuis la création du monde et l’être jusqu’à la consommation des siècles. Ô mon Jésus ! à toutes mes folies que vas-tu répondre ? Y a-t-il une âme plus petite, plus impuissante que la mienne ! Cependant à cause même de ma faiblesse, tu t’es plu, Seigneur, à combler mes petits désirs enfantins, et tu veux aujourd’hui, combler d’autres désirs plus grands que l’univers. (…)

La charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un cœur, et que ce cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’amour venait à s’éteindre, les apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les martyrs refuseraient de verser leur sang. Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux ; en un mot, qu’il était éternel. Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : “Ô Jésus, mon amour ; ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour. Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Église et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée. Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’amour ; ainsi je serai tout, ainsi mon rêve sera réalisé”.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)