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Archive pour le mot-clef ‘miséricorde’

« Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »

vendredi 17 janvier 2025

« Des gens lui amènent un paralytique. » Les évangélistes racontent qu’après avoir percé le toit ils ont descendu le malade et l’ont déposé devant le Christ, sans rien demander, laissant faire Jésus. Au début de son ministère, dans toute la Judée, c’est lui qui faisait les premiers pas et n’exigeait pas une si grande foi ; ici ce sont eux qui sont venus vers lui et une foi courageuse et vive leur a été demandée : « Jésus, voyant leur foi », dit l’Évangile, c’est-à-dire la foi de ceux qui avaient porté le paralytique… Le malade aussi avait une grande foi, car il ne se serait pas laissé transporter s’il n’avait pas eu confiance en Jésus.

Devant tant de foi, Jésus montre sa puissance et, avec une autorité divine, pardonne les péchés du malade, donnant ainsi une preuve de son égalité avec son Père. Il avait déjà montré cette égalité quand il a guéri le lépreux en disant « Je le veux, sois guéri », quand il a calmé la mer déchaînée et quand il a chassé les démons qui ont reconnu en lui leur souverain et leur juge… Ici il la montre d’abord sans éclat : il ne s’est pas pressé de guérir extérieurement celui qu’on lui présentait. Il a commencé par un miracle invisible ; il a d’abord guéri l’âme de cet homme en lui pardonnant ses péchés. Certes, cette guérison était infiniment plus avantageuse à cet homme, mais cela apportait peu de gloire au Christ. Alors certains, poussés par leur méchanceté, ont voulu lui nuire ; mais ils ont, malgré eux, rendu le miracle plus éclatant.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Face à la miséricorde de Dieu, reconnaître pleinement notre péché

dimanche 29 septembre 2024

Dieu lui-même est justice par excellence. Toutes ses œuvres sont justes, ordonnées qu’elles sont de toute éternité par sa haute puissance, sa haute sagesse, sa haute bonté. De même qu’il a tout réglé pour le mieux, de même il œuvre sans cesse et conduit chaque chose à sa fin… La miséricorde est l’œuvre de la bonté de Dieu ; elle continuera à œuvrer aussi longtemps qu’il sera permis au péché de tourmenter les âmes justes. Lorsque cette permission sera retirée…tout sera établi dans la justice, pour y demeurer éternellement.

Dieu permet que nous tombions. Mais par sa puissance et sa sagesse, il nous garde. Par sa miséricorde et sa grâce, il nous élève à une joie infiniment plus grande. Ainsi veut-il être connu et aimé dans la justice et dans la miséricorde, maintenant et à jamais… Moi, je ne ferai rien d’autre que pécher. Mais mon péché n’empêchera pas Dieu d’opérer. La contemplation de son œuvre est joie céleste pour l’âme qui est pénétrée de crainte et qui désire toujours plus amoureusement accomplir la volonté de Dieu avec l’aide de la grâce.

Cette œuvre commencera ici-bas. Elle sera glorieuse pour Dieu et d’un énorme avantage pour tous ceux qui l’aiment sur terre. À notre arrivée au ciel, nous en serons témoins dans une joie merveilleuse. Cette œuvre se poursuivra jusqu’au dernier jour. La gloire et la béatitude qui en découleront subsisteront au ciel, devant Dieu et tous ses saints, à tout jamais… Là sera la plus haute joie : voir que Dieu lui-même en est l’auteur. L’homme, lui, n’est autre que pécheur. Il me semblait que notre bon Seigneur me disait : « Vois donc ! N’y a-t-il pas là matière à humilité ? N’y a-t-il pas là matière à aimer ? N’y a-t-il pas là matière à te connaître toi-même ? N’y a-t-il pas là matière à te réjouir en moi ? Alors, par amour pour moi, réjouis-toi en moi. Rien ne peut me plaire davantage ».

Julienne de Norwich (1342-après 1416)

 

 

 

Le mercredi saint

mercredi 27 mars 2024

Voyez de quelle compassion le Christ a fait preuve à l’égard de Judas, l’homme qui a reçu tant d’amour et pourtant a trahi son propre Maître, ce Maître qui a gardé un silence sacré sans le trahir auprès de ses compagnons. Jésus, en effet, aurait pu facilement parler ouvertement et dire aux autres les intentions cachées de Judas et ses agissements ; mais non. Il a préféré faire preuve de miséricorde et de charité ; au lieu de le condamner, il l’a appelé ami (Mt 26,50). Si seulement Judas avait regardé Jésus dans les yeux comme Pierre l’a fait (Lc 22,61), Judas aurait été l’ami de la miséricorde de Dieu. Jésus a toujours éprouvé de la miséricorde.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

 

 

« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »

lundi 18 mars 2024

« Nul n’a jamais vu Dieu », écrit saint Jean pour donner plus de relief à la vérité selon laquelle « le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a révélé » (Jn 1,18)… Telle qu’elle est révélée dans le Christ, la vérité sur Dieu « Père des miséricordes » (2Co 1,3) nous permet de le voir particulièrement proche de l’homme, surtout quand il souffre, quand il est menacé dans le fondement même de son existence et de sa dignité. Et c’est pourquoi, dans la situation actuelle de l’Église et du monde, bien des hommes et bien des milieux, guidés par un sens aigu de la foi, s’adressent, je dirais quasi spontanément, à la miséricorde de Dieu. Ils y sont certainement poussés par le Christ, dont l’Esprit est à l’œuvre au fond des cœurs. En effet, dans le contexte des menaces actuelles contre l’homme, le mystère de Dieu comme « Père des miséricordes » que le Christ nous a révélé devient un appel particulier adressé à l’Église.

Je voudrais…répondre à cet appel ; je voudrais reprendre le langage éternel — et en même temps incomparable de simplicité et de profondeur — de la révélation et de la foi pour exprimer encore une fois, en face de Dieu et des hommes, les grandes angoisses de notre temps. En effet, la révélation et la foi nous apprennent moins à méditer sur le mystère de Dieu comme « Père des miséricordes » de manière abstraite qu’à recourir à cette miséricorde au nom du Christ et en union avec lui. Le Christ ne nous a-t-il pas enseigné que notre Père, « qui voit dans le secret » (Mt 6,4), attend continuellement que nous recourions à lui dans tous nos besoins et que nous scrutions toujours son mystère, le mystère du Père et de son amour ? Je désire donc que mes réflexions rendent ce mystère plus proche pour tous, et qu’elles soient en même temps un vibrant appel de l’Église à la miséricorde dont l’homme et le monde contemporain ont un si grand besoin. Car ils en ont besoin, même si souvent ils ne le savent pas.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Pardonner jusqu’à soixante-dix fois sept fois !

mardi 5 mars 2024

Lorsque le Roc t’a interrogé
Combien de fois il devait pardonner à son frère,
Tu n’as pas dit : « Sept fois »,
Mais « Quatre cent quatre-vingt-dix fois* » !

En ce nombre sont contenues les années de notre vie ici-bas,
Des sept périodes de notre vie éphémère :
Durant tout le temps que nous sommes en ce corps
Il faut pardonner au repentant.

Et, bien que je fusse le dernier
À ne pas pardonner au débiteur,
À cause de la nature maladive de mon âme,
Et à être imparfait dans le bien,

Cependant qu’en moi s’accomplisse par Toi
La parole de ton commandement, à moi imposé ;
Veuille pardonner mes fautes, dettes envers Toi,
Qui sont plus nombreuses que le sable de la mer.

Que la loi des Septante fois,
Ne soit pas seulement à ma mesure, à moi pauvre,
Mais que davantage encore se renforce ta loi,
Selon ta miséricorde qui ne se compte pas.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

* Par “490 fois” l’auteur signifie “70 fois 7 fois”

 

 

 

Préparons un sacrifice de miséricorde

samedi 17 février 2024

Pour traduire en actes ce bien de la charité, mes frères, il est vrai que tous les temps sont bons ; et pourtant, les jours que nous vivons nous y exhortent particulièrement. Ceux qui désirent accueillir la Pâque du Seigneur avec la sainteté de l’esprit et du corps doivent s’efforcer avant tout d’acquérir cette grâce qui contient la somme des vertus et « couvre une multitude de péchés » (1 P 4,8).

Sur le point donc de célébrer le plus grand de tous les mystères, celui où le sang de Jésus Christ a effacé nos iniquités, préparons tout d’abord le sacrifice de la miséricorde. Ce que la bonté de Dieu nous a donné, nous le rendons ainsi à ceux qui nous ont offensés. Que les injures soient jetées dans l’oubli, que les fautes ignorent désormais la torture et que toutes les offenses soient libérées de la peur de la vengeance ! (…) Ainsi lorsque nous dirons, selon l’enseignement du Seigneur : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6,12), nous ne douterons pas, en formulant notre prière, d’obtenir le pardon de Dieu.

Nous devons aussi montrer une bonté plus généreuse envers les pauvres et ceux qui souffrent de diverses faiblesses, pour que des voix plus nombreuses puissent rendre grâces à Dieu et que nos jeûnes contribuent au soulagement de ceux qui sont dans le besoin. Aucun dévouement des croyants n’est plus agréable au Seigneur que celui dont ses pauvres bénéficient : là où Dieu trouve le souci de la miséricorde, il reconnaît l’image de sa bonté.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

 

Le Christ et son épouse remettent les péchés

dimanche 11 février 2024

Il y a deux choses qui reviennent à Dieu seul : l’honneur de recevoir la confession et attendre de lui la rémission. À Dieu seul il appartient, en effet, de remettre les péchés ; c’est donc à lui seul qu’il faut les confesser.

Mais le Tout-Puissant et le Très-Haut, ayant pris une épouse faible et insignifiante, fit de cette servante une reine. (…) Et de même que tout ce qui est au Père est au Fils et tout ce qui est au Fils est au Père de par leur unité de nature, de même l’Époux a donné tous ses biens à l’épouse et il a pris en charge tout ce qui appartient à l’épouse qu’il a unie à lui-même et aussi à son père. (…)

Aussi l’Époux, qui est un avec le Père et un avec l’épouse, a enlevé en celle-ci tout ce qu’il a trouvé chez elle d’étranger, le fixant à la croix où il a porté ses péchés sur le bois et les a détruits par le bois. Ce qui est naturel et propre à l’épouse, il l’a assumé et revêtu ; ce qui lui est propre et divin, il l’a donné. (…)

Il partage la faiblesse de l’épouse ainsi que son gémissement, et tout est commun à l’Époux et à l’épouse : l’honneur de recevoir la confession et le pouvoir de la rémission. C’est la raison de cette parole : « Va te montrer au prêtre » (Mt 8,4).

Isaac de l’Étoile (?-v. 1171)

 

 

 

« En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux. »

samedi 3 février 2024

« Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7). Le mot de miséricorde est doux, mes frères. Si le mot est doux, combien plus la chose ? (…) Puisque nous voulons tous la miséricorde, prenons-la comme protectrice en ce monde afin qu’elle nous libère dans le monde à venir. En effet il y a une miséricorde dans le ciel, à laquelle on parvient par des actes de miséricorde sur la terre. L’Écriture dit bien : « Seigneur, ta miséricorde est dans le ciel » (Ps 35,6 Vulg).

Il y a donc une miséricorde sur la terre et une autre dans le ciel, c’est-à-dire l’une humaine et l’autre divine. Quelle est la miséricorde humaine ? C’est que tu te penches sur la misère des pauvres. Et quelle est la miséricorde divine ? Sans aucun doute c’est celle qui accorde le pardon des péchés. Tout ce que la miséricorde humaine donne sur le chemin de cette vie, la miséricorde divine le rend dans la patrie. Car c’est Dieu qui, en ce monde, souffre du froid et de la faim en tous les pauvres, comme il l’a dit lui-même : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). Dieu qui, du haut du ciel, veut donner, sur la terre, veut recevoir.

Saint Césaire d’Arles (470-543)

 

 

 

Appelés à la gloire !

lundi 11 décembre 2023

« Tu m’appelleras et je te répondrai. » (Jb 14,15 Vg) (…), Job est en droit d’ajouter « Tu tendras ta main droite à l’œuvre de tes mains. » (…) La créature humaine, en effet, par cela même qu’elle est créature, porte en elle la possibilité de sombrer au-dessous d’elle-même, mais l’homme a reçu de Celui qui l’a formé la faveur d’être emporté au-dessus de lui-même par la contemplation, et d’être maintenu en lui-même par son incorruption. Pour ne pas sombrer au-dessous d’elle-même, et pour subsister dans l’incorruption, c’est donc par la main droite de Celui qui donne la vie que la créature est élevée jusqu’à l’état d’immutabilité.

La main droite de Dieu peut aussi désigner le Fils, parce que « tout a été fait par lui. » (Jn 1,3) Dieu tout-puissant a donc tendu sa main droite à l’œuvre de ses mains, parce que c’est pour élever jusqu’au monde d’en haut le genre humain abattu et gisant dans l’abîme qu’il a envoyé son fils unique incarné. Et c’est son incarnation qui nous a permis, après être tombés par notre volonté dans la corruption, de pouvoir répondre à Dieu qui nous appelle un jour à la gloire de l’incorruptibilité.

Qui pourrait alors mesurer la largesse de la miséricorde divine quand elle conduit à cette merveilleuse gloire l’homme après sa faute ? Dieu mesure le mal que nous faisons et cependant par la grâce de sa bonté, miséricordieusement il nous pardonne.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Que nous grandissions en miséricorde !

jeudi 17 août 2023

Le Seigneur a dit : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Mt 9,13). Il n’est donc permis à aucun chrétien de haïr qui que ce soit : personne ne peut être sauvé si ce n’est dans le pardon des péchés et, ceux que la sagesse du monde méprise, nous ne savons à quel point la grâce de l’Esprit peut leur donner du prix.

Que le peuple de Dieu soit saint et qu’il soit bon : saint pour se détourner de ce qui est défendu, bon pour agir selon les commandements. Bien qu’il soit grand d’avoir une foi droite et une saine doctrine, et que soient dignes de louanges la sobriété, la douceur et la pureté, toutes ces vertus demeurent pourtant vaines sans la charité. Et on ne peut pas dire qu’une conduite excellente soit féconde si elle n’est pas engendrée par l’amour. (…)

Que les croyants fassent donc la critique de leur propre état d’esprit et qu’ils examinent attentivement les sentiments intimes de leur cœur. S’ils trouvent au fond de leur conscience quelque fruit de la charité, qu’ils ne doutent pas que Dieu est en eux. Et pour devenir de plus en plus capables d’accueillir un hôte si grand, qu’ils persévèrent et grandissent dans la miséricorde par des actes. Si en effet l’amour est Dieu, la charité ne doit connaître nulle borne, car aucune limite ne peut enfermer la divinité.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)