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Archive pour le mot-clef ‘St Jean Chrysostome’

Des chemins pour entrer dans la vie éternelle

jeudi 27 février 2025

Voulez-vous que je vous indique les chemins de la conversion ? Ils sont nombreux, variés et différents, mais tous conduisent au ciel. Le premier chemin de la conversion, c’est la condamnation de nos fautes. « Commence toi-même par dire tes fautes, pour être justifié » (Is 43,26). Et c’est pourquoi le prophète disait : « J’ai dit : Je veux confesser au Seigneur les iniquités que j’ai commises ; et toi, tu as pardonné le péché de mon cœur » (Ps 31,5). Condamne donc toi-même les fautes que tu as commises, et cela suffira pour que le Maître t’exauce. Celui qui condamne ses fautes, en effet, craindra davantage d’y retomber…

Il y en a un deuxième, qui n’est pas inférieur à celui-là, c’est de ne pas garder rancune à nos ennemis, de dominer notre colère pour pardonner les offenses de nos compagnons de service, car c’est ainsi que nous obtiendrons le pardon de celles que nous avons commises contre le Maître ; c’est la deuxième manière d’obtenir la purification de nos fautes. « Si vous pardonnez à vos débiteurs, dit le Seigneur, mon Père qui est aux cieux vous pardonnera aussi » (Mt 6,14).

Tu veux connaître le troisième chemin de la conversion ? C’est la prière fervente et attentive que tu feras du fond du cœur… Le quatrième chemin, c’est l’aumône ; elle a une puissance considérable et indicible… Ensuite, la modestie et l’humilité ne sont pas des moyens inférieurs pour détruire les péchés à la racine. Nous en avons pour témoin le publicain qui ne pouvait pas proclamer ses bonnes actions, mais qui les a toutes remplacées par l’offrande de son humilité et a déposé ainsi le lourd fardeau de ses fautes (Lc 18,9s).

Nous venons d’indiquer cinq chemins de la conversion… Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins. Ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

jeudi 20 février 2025

Pierre considère les souffrances et la mort du Christ d’un point de vue purement naturel et humain, et cette mort lui paraît indigne de Dieu, honteuse pour sa gloire. Le Christ le reprend et semble lui dire : « Mais non, la souffrance et la mort ne sont pas indignes de moi. Des idées terre à terre troublent et égarent ton jugement. Écarte toute idée humaine ; écoute mes paroles du point de vue des desseins de mon Père, et tu comprendras que cette mort est la seule qui convienne à ma gloire. Tu crois que c’est une honte pour moi de souffrir ? Sache que c’est la volonté du diable que je n’accomplisse pas ainsi le plan du salut »…

Que personne donc ne rougisse des signes de notre salut, qui sont si dignes de vénération et d’adoration ; la croix du Christ est la source de tout bien. C’est par elle que nous vivons, que nous sommes régénérés et sauvés. Portons donc la croix comme une couronne de gloire. Elle met son sceau à tout ce qui nous conduit au salut : quand nous sommes régénérés par les eaux du baptême, la croix est là ; quand nous nous approchons de la table sainte pour y recevoir le Corps et le Sang du Sauveur, elle est là ; quand nous imposons les mains sur les élus du Seigneur, elle est là. Quoi que nous fassions, elle se dresse là, signe de victoire pour nous. C’est pourquoi nous la mettons dans nos maisons, sur nos murs, sur nos portes ; nous la traçons sur notre front et notre poitrine ; nous la portons dans notre cœur. Car elle est le symbole de notre rédemption et de notre libération et de la miséricorde infinie de notre Seigneur.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Notre berger se donne lui-même en nourriture

samedi 15 février 2025

« Qui dira les prouesses du Seigneur ? Qui fera retentir toute sa louange ? » (Ps 106,2) Quel berger a jamais nourri ses brebis de son propre corps ? Mais que dis-je, un berger ? Souvent des mères confient leurs enfants à des nourrices dès la naissance. Mais Jésus Christ ne peut pas accepter cela pour ses brebis ; il nous nourrit lui-même de son propre sang, et ainsi nous fait devenir un seul corps avec lui.

Considérez, mes frères, que le Christ est né de notre propre substance humaine. Mais, direz-vous, qu’importe ? Cela ne regarde pas tous les hommes. Pardon, mon frère, c’est pour eux tous un grand avantage. S’il s’est fait homme, s’il est venu prendre notre nature humaine, cela concerne le salut de tous les hommes. Et s’il est venu pour tous, il est aussi venu pour chacun en particulier. Vous direz peut-être : Pourquoi donc est-ce que tous les hommes n’ont pas reçu le fruit qu’ils devaient obtenir de cette venue ? N’en accusez pas Jésus qui a choisi ce moyen pour le salut de tous ; la faute est à ceux qui repoussent ce bienfait. Car dans l’eucharistie Jésus Christ s’unit à chacun de ses fidèles ; il les fait renaître, les nourrit de lui-même, ne les abandonne pas à autrui et ainsi il les convainc une fois de plus qu’il a vraiment pris notre chair.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

Fête de la conversion de saint Paul, apôtre

samedi 25 janvier 2025

Qu’est-ce que l’homme, quelle est la noblesse de sa nature, et de quel courage est capable ce vivant, l’apôtre Paul l’a montré plus que tout autre.

Chaque jour il donnait toute sa mesure, et au milieu des dangers qui le harcelaient, il avait une audace toujours neuve, comme en témoignent ses propres paroles : « Oubliant le chemin que j’ai derrière moi, je suis tendu vers ce qui est en avant » (Ph 3,13). Lorsqu’il sent venir la mort, il invite à partager sa joie en disant : « Réjouissez-vous, oui, réjouissez-vous avec moi » (Ph 2,18). Parmi les dangers, les injures et tous les opprobres, il exulte et il écrit aux Corinthiens : « Je me complais dans les infirmités, les injures et les persécutions » (2 Co 12,10). Pour Paul, une seule chose était à craindre et à fuir : offenser Dieu. De même, rien d’autre ne l’attirait que de plaire à Dieu, rien, même pas les biens du ciel ; ce qui montre l’ardeur de son amour pour le Christ. (…)

Telles étaient ses dispositions lorsqu’il demanda d’être exclu de la gloire du ciel pour sauver les Juifs qui avaient manqué leur salut (cf. Rm 9,3). Ce qui prouve à quel point leur perte lui était pénible. Si elle ne lui avait pas été si douloureuse, il n’aurait pas fait une telle demande, considérant son choix comme plus tolérable et plus consolant. Et ce n’était pas une simple déclaration d’intention mais un véritable cri du cœur : « Ce m’est une grande tristesse, et une douleur continuelle en mon cœur » (Rm 9,2). À qui pourrait-on comparer cet homme qui s’afflige pour le monde entier ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »

vendredi 17 janvier 2025

« Des gens lui amènent un paralytique. » Les évangélistes racontent qu’après avoir percé le toit ils ont descendu le malade et l’ont déposé devant le Christ, sans rien demander, laissant faire Jésus. Au début de son ministère, dans toute la Judée, c’est lui qui faisait les premiers pas et n’exigeait pas une si grande foi ; ici ce sont eux qui sont venus vers lui et une foi courageuse et vive leur a été demandée : « Jésus, voyant leur foi », dit l’Évangile, c’est-à-dire la foi de ceux qui avaient porté le paralytique… Le malade aussi avait une grande foi, car il ne se serait pas laissé transporter s’il n’avait pas eu confiance en Jésus.

Devant tant de foi, Jésus montre sa puissance et, avec une autorité divine, pardonne les péchés du malade, donnant ainsi une preuve de son égalité avec son Père. Il avait déjà montré cette égalité quand il a guéri le lépreux en disant « Je le veux, sois guéri », quand il a calmé la mer déchaînée et quand il a chassé les démons qui ont reconnu en lui leur souverain et leur juge… Ici il la montre d’abord sans éclat : il ne s’est pas pressé de guérir extérieurement celui qu’on lui présentait. Il a commencé par un miracle invisible ; il a d’abord guéri l’âme de cet homme en lui pardonnant ses péchés. Certes, cette guérison était infiniment plus avantageuse à cet homme, mais cela apportait peu de gloire au Christ. Alors certains, poussés par leur méchanceté, ont voulu lui nuire ; mais ils ont, malgré eux, rendu le miracle plus éclatant.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Épiphanie du Seigneur, Solennité

dimanche 5 janvier 2025

Levons-nous, à l’exemple des mages. Laissons tout le monde se troubler ; mais nous, courons avec joie à la demeure de l’enfant. Si les rois ou les peuples s’efforcent de nous barrer le chemin, peu importe, ne ralentissons pas notre ferveur, repoussons tous les maux qui nous menacent. S’ils n’avaient pas vu l’enfant, les mages n’auraient pas échappé au danger qu’ils couraient de la part du roi Hérode. Avant d’avoir eu le bonheur de le contempler, ils étaient assiégés par la crainte, entourés de périls, plongés dans le trouble ; après qu’ils l’ont adoré, le calme et la sécurité se sont établis dans leur cœur…

Laissons donc là, nous aussi, une ville en désordre, un despote assoiffé de sang, toutes les richesses de ce monde, et venons à Bethléem, la « maison du pain » spirituel. Si tu es berger, viens seulement, et tu verras l’enfant dans l’étable. Si tu es roi, tes vêtements fastueux, tout l’éclat de ta dignité, ne te serviront de rien si tu ne viens pas. Si tu es homme de science comme les mages, toutes tes connaissances ne te sauveront pas si tu ne viens pas montrer ton respect. Si tu es un étranger ou même un barbare, tu seras admis à la cour de ce roi… Il suffit de venir avec frayeur et avec joie, ces deux sentiments qui habitent un cœur vraiment chrétien…

Avant d’adorer cet enfant, décharge-toi de tout ce qui t’encombre. Si tu es riche, dépose ton or à ses pieds, c’est-à-dire, donne-le aux pauvres. Ces étrangers sont venus de si loin pour contempler ce nouveau-né ; comment pourrais-tu…refuser de faire quelques pas pour visiter un malade ou un prisonnier ?… Les mages ont offert leurs trésors à Jésus, et toi, tu n’as même pas un morceau de pain à lui donner ? (Mt 25,35s) Quand ils ont vu l’étoile, leur cœur a été rempli de joie ; tu vois le Christ dans les pauvres, manquant de tout, et tu passes outre, tu n’es pas ému ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »

lundi 18 novembre 2024

Regardons ces aveugles de Jéricho dans l’évangile de Matthieu : ils valent mieux que beaucoup de ceux qui y voient clair. Ils n’avaient personne pour les guider, ils ne pouvaient voir Jésus s’approcher ; et pourtant ils s’efforçaient d’arriver jusqu’à lui. Ils se mirent à crier à haute voix ; on cherchait à les faire taire : ils criaient plus fort. Ainsi en est-il de l’âme énergique ; ceux qui veulent l’arrêter redoublent son élan.

Le Christ permet qu’on cherche à les faire taire, pour que leur ferveur se montre mieux et pour t’apprendre qu’ils étaient bien dignes d’être guéris. C’est pourquoi il ne leur demande pas s’ils ont la foi, comme il le faisait souvent : leurs cris et leurs efforts pour s’approcher de lui suffisaient pour montrer leur foi. Apprends par là, mon cher ami, que, malgré notre bassesse et notre misère, si nous allons à Dieu de tout cœur, nous pourrons obtenir par nous-mêmes ce que nous demandons. En tout cas, regarde ces deux aveugles ; ils n’avaient qu’un disciple pour les protéger, beaucoup leur imposaient silence ; et pourtant ils ont réussi à triompher des empêchements et à parvenir jusqu’à Jésus. L’évangéliste ne signale en eux aucune qualité exceptionnelle de vie : leur ferveur a tout remplacé.

Imitons-les, nous aussi. Même si Dieu ne nous accorde pas tout de suite ce que nous demandons, même si bien des gens cherchent à nous détourner de la prière, ne cessons pas de l’implorer. Car c’est ainsi que nous attirerons le mieux les faveurs de Dieu.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie. »

dimanche 20 octobre 2024

En convoitant les premières places, les plus hautes charges et les honneurs les plus élevés, les deux frères Jacques et Jean voulaient, à mon avis, avoir autorité sur les autres. C’est pourquoi Jésus s’oppose à leur prétention. Il met à nu leurs pensées secrètes en leur disant : « Celui qui veut être le premier sera le serviteur de tous ». Autrement dit : « Si vous ambitionnez le premier rang et les plus grands honneurs, recherchez le dernier rang, appliquez-vous à devenir les plus simples, les plus humbles et les plus petits de tous. Mettez-vous après les autres. Telle est la vertu qui vous procurera l’honneur auquel vous aspirez. Vous en avez près de vous un exemple éclatant, ‘puisque le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude’ (Mc 10,45). Voilà comment vous obtiendrez gloire et célébrité. Voyez ce qui m’arrive : je ne recherche ni honneur ni gloire, et pourtant le bien que je réalise ainsi est infini ».

Nous le savons : avant l’incarnation du Christ et son abaissement, tout était perdu, tout était corrompu ; mais, après qu’il se soit humilié, il a tout relevé. Il a aboli la malédiction, détruit la mort, ouvert le paradis, mis à mort le péché, déverrouillé les portes du ciel pour y ramener les prémices de notre humanité. Il a propagé la foi partout dans le monde. Il a chassé l’erreur et rétabli la vérité. Il a fait monter sur un trône royal les prémices de notre nature. Le Christ est l’auteur de biens infiniment nombreux, que ni ma parole, ni aucune parole humaine ne saurait décrire. Avant son abaissement, il n’était connu que des anges, mais, depuis qu’il s’est humilié, la race humaine tout entière l’a reconnu.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Fête de saint Luc, évangéliste

vendredi 18 octobre 2024

La lecture des saintes Écritures est un pré spirituel et un paradis de délices, bien plus agréable que le paradis d’autrefois. Ce paradis, Dieu ne l’a pas planté sur la terre, mais dans les âmes des fidèles. Il ne l’a pas placé dans l’Éden, ni en Orient dans un lieu précis (Gn 2,8), mais il l’a étendu partout sur la terre et l’a déployé jusqu’aux extrémités de la terre habitée. Et puisque tu comprends qu’il a étendu les saintes Écritures sur toute la terre habitée, écoute le prophète qui dit : « Leur voix a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde » (Ps 18,5; Rm 10,18)…

Ce paradis a aussi une source comme celui d’autrefois (Gn 2,6.10), source d’où naissent d’innombrables fleuves… Qui le dit ? Dieu lui-même qui nous a fait le don de tous ces fleuves : « Celui qui croit en moi, dit-il, selon le mot de l’Écriture, de son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,38)… Cette source est incomparable non seulement par son abondance, mais encore par sa nature. En effet ce ne sont pas des rivières d’eau, mais les dons de l’Esprit. Cette source se partage entre toutes les âmes des fidèles, mais elle n’en est pas diminuée. Elle est divisée, mais elle n’est pas épuisée… Tout entière chez tous et tout entière en chacun : tels sont en effet les dons de l’Esprit.

Veux-tu savoir quelle est l’abondance de ces rivières ? Veux-tu savoir la nature de ces eaux ? En quoi elles sont différentes des eaux d’ici-bas, parce qu’elles sont meilleures et plus magnifiques ? Écoute à nouveau le Christ parlant à la Samaritaine pour comprendre l’abondance de la source : « L’eau que je donnerai à celui qui croit, dit-il, deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jn 4,14)… Veux-tu aussi connaître sa nature ? Fais-en usage ! Elle n’est pas utile en effet pour la vie d’ici-bas, mais pour la vie éternelle. Passons donc notre temps dans ce paradis : soyons invités à boire à cette source.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

« Il leur défendit vivement de révéler à personne qu’il était le Messie de Dieu. »

vendredi 27 septembre 2024

« Alors, il enjoignit aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ. » Pourquoi cet ordre ? Pour que, une fois que tout sujet de scandale serait écarté, la croix et sa Passion accomplies, tout obstacle capable de détourner la foule de croire en lui repoussé, la connaissance exacte de qui il était puisse se graver profondément et à tout jamais dans les cœurs. Sa puissance n’avait pas encore brillé d’une façon éclatante. Avant que les apôtres ne la prêchent, il attendait que l’évidence de la vérité et que l’autorité des faits puissent confirmer leur témoignage.

Car c’était une chose de le voir maintenant multiplier les prodiges en Palestine, puis en butte aux persécutions et aux outrages — et la croix allait suivre ces prodiges ; c’en était une autre de le voir adoré, cru par toute la terre, sauvé des mauvais traitements qu’il avait autrefois subis. Voilà pourquoi il leur recommande de ne rien dire à personne… Si les apôtres, qui avaient été témoins des miracles, qui avaient participé à tant de mystères inexprimables, avaient du mal à accepter une seule parole concernant la Passion, et avec eux Pierre lui-même, leur chef à tous (Mt 16,22), qu’aurait pensé le commun des mortels ? Après avoir entendu dire que Jésus était le Fils de Dieu, que penseraient-ils à le voir souillé de crachats et cloué à la croix ? Et cela avant la venue du Saint Esprit, quand on ne connaissait pas encore la raison de ces mystères ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)