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Archive pour le mot-clef ‘St Jean Chrysostome’

« La nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que donne le Fils de l’homme. »

lundi 15 avril 2024

Les juifs mangeaient la Pâque debout, les sandales aux pieds, le bâton à la main, avec empressement (Ex 12,11). À combien plus forte raison dois-tu te tenir en éveil ! Eux s’apprêtaient à partir pour la Terre Promise et se comportaient donc en voyageurs ; toi, tu es en marche vers le ciel. C’est pourquoi il faut que nous restions toujours sur nos gardes… Les ennemis du Christ ont frappé son corps très saint sans savoir ce qu’ils faisaient (Lc 23,34) ; et toi, tu le recevrais dans une âme impure après tant de bienfaits ! Car il ne s’est pas contenté de se faire homme, d’être flagellé et d’être mis à mort : en son amour il a voulu encore s’unir à nous, s’identifier à nous non par la foi seulement, mais réellement par la participation à son propre corps…

Considère quel grand honneur tu reçois, et de quelle table tu es le convive. Celui que les anges ne voient qu’en tremblant, celui qu’ils n’osent pas regarder sans crainte à cause de la splendeur de la gloire qui rayonne de sa face, nous en faisons notre nourriture et nous devenons avec lui un seul corps et une seule chair. « Qui dira les exploits du Seigneur, qui proclamera toutes ses louanges ? » (Ps 105,2) Quel berger a jamais nourri ses brebis de sa propre chair ?… Il arrive souvent que des mères confient à des nourrices leurs enfants. Le Christ n’agit pas de la sorte : il nous nourrit de son propre sang, il nous fait devenir un seul corps avec lui.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Le Christ est venu nous guérir de la lèpre du péché

jeudi 11 janvier 2024

« Jésus descendit de la montagne et de grandes foules se mirent à le suivre. Un lépreux s’approcha de lui en disant « Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier » (Mt 8, 1-2).

Grandes étaient la discrétion et la foi de celui qui s’approchait ainsi. Il se garda d’interrompre l’enseignement de Jésus, il ne traversa pas la foule qui écoutait ; mais il attendit le moment opportun et s’approcha du Seigneur lorsque celui-ci fut descendu. Il ne s’adresse pas à lui de façon banale, mais avec une grande ferveur, en tombant à ses genoux, comme le dit un autre évangéliste, avec une profonde foi et une idée exacte concernant le Christ. Il ne dit pas : « Si tu demandes à Dieu », ni : « Si tu pries » mais : « Si tu veux, tu peux me purifier », Il ne dit pas non plus : « Seigneur, purifie-moi », mais il s’en remet entièrement à lui, il le rend maître de sa guérison et témoigne de sa toute puissance.

Jésus ne répond pas : « Sois purifié », mais : « Je le veux, sois purifié » (Mt 8,3). Il désirait par ces mots affermir tout le peuple ainsi que le lépreux dans la conviction qu’ils avaient de sa puissance ; voilà pourquoi il dit : « Je le veux ». (…)

Pourquoi lorsqu’il lui suffisait de vouloir et de parler pour purifier, touche-t-il de la main ? Il me semble qu’il n’avait d’autre raison que de montrer par là qu’il se situait non pas sous la Loi mais au-dessus, et que devenue impure au contact de la lèpre ; au contraire, le corps du lépreux fut purifié par cette main très sainte. C’est que le Christ n’est pas venu seulement pour guérir les corps, mais pour élever les âmes à la sainteté et nous apprendre que la seule lèpre à craindre est celle du péché.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Nous avons trouvé le Messie. »

jeudi 4 janvier 2024

André, après avoir demeuré auprès de Jésus et avoir beaucoup appris, n’a pas gardé ce trésor pour lui : il se hâte de courir auprès de son frère, pour le faire participer aux biens qu’il a reçus. (…) Remarque combien, dès le début, Pierre a un esprit docile et obéissant (…), car il accourut sans tarder : « André le conduisit à Jésus », dit l’évangéliste. Mais que personne ne l’accuse de légèreté, comme s’il avait accueilli aveuglément l’invitation de son frère. Il est probable que celui-ci lui avait parlé en détail et longuement. Mais les évangélistes suppriment beaucoup de choses par souci de concision. D’ailleurs, on ne dit pas que Pierre a cru aussitôt, mais que son frère « le conduisit à Jésus » pour le lui confier, afin que Pierre soit entièrement instruit par lui.

Lorsque Jean Baptiste a dit : « Voici l’Agneau » et « C’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint », il a confié au Christ le soin d’enseigner lui-même plus clairement cette doctrine. À plus forte raison André a-t-il fait de même, car il ne se jugeait pas capable de tout expliquer. Il a conduit son frère à la source même de la lumière, et avec tant de hâte et de joie qu’il n’a pas hésité un instant de s’y rendre.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

dimanche 31 décembre 2023

Que puis-je dire de ce mystère ? Je vois un ouvrier, une mangeoire, un enfant, des langes, l’enfantement d’une vierge privée de tout le nécessaire, toutes les marques de l’indigence, tout le fardeau de la pauvreté. Avez-vous jamais vu la richesse dans une telle pénurie ? Comment celui qui était riche s’est-il fait pauvre pour nous (2Co 8,9) au point que, privé de berceau et de couvertures, il est couché dans une dure mangeoire ? (…) Ô richesse immense, sous les apparences de la pauvreté ! Il dort dans une mangeoire et il ébranle l’univers. Lui qui est serré dans ses langes, il brise les chaînes du péché. Alors qu’il ne peut pas prononcer un mot, il a instruit les mages pour qu’ils rentrent par un autre chemin. Le mystère dépasse la parole !

Voici le bébé enveloppé de langes, couché dans une mangeoire ; il y a là aussi Marie, à la fois vierge et mère ; il y a encore Joseph qu’on appelle son père. Celui-ci a épousé Marie, mais le Saint-Esprit a couvert Marie de son ombre. C’est pourquoi Joseph était angoissé, ne sachant comment appeler l’enfant. (…) Dans cette anxiété, un message lui a été apporté par un ange : « Ne crains pas, Joseph, l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1,20). (…) Pourquoi le Sauveur est-il né d’une vierge ? Jadis Ève, qui était vierge, s’est laissé séduire et a enfanté la cause de notre mort ; Marie, ayant reçu de l’ange la Bonne Nouvelle, a enfanté le Verbe fait chair qui nous apporte la vie éternelle.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

La lampe sur le lampadaire

lundi 25 septembre 2023

« On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau. » Par ces paroles, Jésus incite ses disciples à mener une vie irréprochable, en leur conseillant de veiller constamment sur eux-mêmes, puisqu’ils sont placés sous les yeux de tous les hommes, comme des athlètes dans un stade vus de tout l’univers (1Co 4,9).

Il leur déclare : « Ne vous dites pas : ‘ Nous pouvons maintenant rester assis tranquilles, nous sommes cachés dans un petit coin du monde ‘, car vous serez visibles à tous les hommes, comme une ville située au sommet d’une montagne (Mt 5,14), comme dans la maison une lumière qu’on a mise sur le lampadaire… Moi, j’ai allumé la lumière de votre flambeau mais c’est à vous de l’entretenir, non seulement pour votre avantage personnel, mais encore dans l’intérêt de tous ceux qui l’apercevront et seront, par elle, conduits à la vérité. Les pires méchancetés ne pourront pas jeter une ombre sur votre lumière, si vous vivez dans la vigilance de ceux qui sont appelés à amener au bien le monde entier. Que votre vie donc réponde à la sainteté de votre ministère, pour que la grâce de Dieu soit partout annoncée. »

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende. »

samedi 23 septembre 2023

Si la semence sèche, ce n’est pas à cause de la chaleur. Jésus n’a pas dit qu’elle a séché à cause de la chaleur, mais « faute de racine ». Si la parole est étouffée, cela ne vient pas des épines, mais de ceux qui les ont laissé pousser en liberté. Avec de la volonté, tu peux les empêcher de pousser, tu peux faire de la richesse un usage convenable. C’est pour cela que le Sauveur parle non du « monde » mais du « souci du monde », non de « la richesse » mais de la « séduction de la richesse ». N’accusons donc pas les choses elles-mêmes, mais la corruption de notre conscience. (…)

Ce n’est pas le cultivateur, tu le vois, ce n’est pas la semence, c’est la terre où elle est reçue qui explique tout, c’est-à-dire les dispositions de notre cœur. Là aussi la bonté de Dieu pour l’homme est immense, puisque, loin d’exiger une même mesure de vertu, il accueille les premiers, ne repousse pas les seconds et donne une place aux troisièmes. (…)

Il faut donc d’abord écouter la Parole avec attention, puis la garder fidèlement en mémoire, puis être plein de courage, puis mépriser la richesse et se délivrer de l’amour de tous les biens du monde. Si Jésus met l’attention pour la Parole au premier rang et avant toutes les autres conditions, c’est qu’elle est la condition nécessaire. « Comment croire sans d’abord l’entendre ? » (Rm 10,14) Et nous aussi, si nous ne faisons pas attention à ce qui nous est dit, nous ne connaîtrons pas les devoirs à remplir. Après seulement viennent le courage et le mépris des biens du monde. Pour mettre à profit ces leçons, fortifions-nous de toute façon : soyons attentifs à la Parole, poussons profondément nos racines et débarrassons-nous de tout le souci du monde.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« M’aimes-tu ?… Sois le pasteur de mes brebis ! »

vendredi 26 mai 2023

Imitons la conduite des apôtres, et nous ne leur serons inférieurs en rien. En effet ce ne sont pas leurs miracles qui les ont fait apôtres, c’est la sainteté de leur vie. C’est à cela qu’on reconnaît un disciple du Christ. Cette marque, le Seigneur lui-même nous l’a clairement donnée : lorsqu’il a voulu tracer le portrait de ses disciples et révéler le signe qui distinguerait ses apôtres, il dit : « Voici à quoi les hommes reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». Quel signe ? Faire des miracles ? Ressusciter les morts ? Pas du tout. Mais à quoi donc ? « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35).

L’amour n’est pas un miracle, mais une œuvre : « L’amour est l’accomplissement parfait de la Loi » (Rm 13,10)… Ayez donc l’amour en vous et vous serez parmi les apôtres, même au premier rang parmi eux. Voulez-vous une autre preuve de cet enseignement ? Voyez comment le Christ s’adresse à Pierre : « Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il n’y a rien qui nous fasse obtenir le Royaume des cieux comme d’aimer le Christ comme il le mérite… Que ferons-nous pour l’aimer plus que les apôtres ?… Écoutons le Christ, celui-là même que nous devons aimer : « Si tu m’aimes plus que ceux-ci, sois le berger de mes brebis »… Le zèle, la compassion, le soin, ce sont des actes, non des miracles.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Le mardi saint

mardi 4 avril 2023

Judas avait exprimé son repentir : « J’ai péché en livrant un sang innocent » (Mt 27,4). Mais le démon, qui avait entendu ces paroles, a compris que Judas était sur la bonne voie et cette transformation l’a effrayé. Puis il a médité : « Son maître est bienveillant, pensait-il ; au moment où il allait être trahi par lui, il a pleuré sur son sort et l’a adjuré de mille façons ; il serait étonnant qu’il ne le reçoive pas au moment où il se repent de toute son âme, qu’il renonce à l’attirer à lui s’il se relève et reconnaît ainsi sa faute. N’est-ce pas pour cela qu’il a été crucifié ? » Après ces réflexions, il a jeté un trouble profond dans l’esprit de Judas ; il a fait monter en lui un immense désespoir, propre à le déconcerter, l’a harcelé jusqu’à ce qu’il parvienne à le pousser au suicide, à lui ravir la vie après l’avoir dépouillé de ses sentiments de repentir.

Il ne fait aucun doute que s’il avait encore vécu, il aurait été sauvé : il n’y a qu’à prendre l’exemple des bourreaux. En effet, si le Christ a sauvé ceux qui l’ont crucifié, si, même sur la croix, il priait encore le Père et intercédait auprès de lui pour le pardon de leur faute (Lc 23,34), comment n’aurait-il pas accueilli le traître avec une bienveillance totale, pourvu qu’il ait prouvé la sincérité de sa conversion ? (…) Pierre s’est rétracté trois fois après avoir participé à la communion des mystères saints ; ses larmes l’ont absous (Mt 26,75; Jn 21,15s). Paul, le persécuteur, le blasphémateur, le présomptueux, Paul qui a persécuté non seulement le Crucifié mais aussi tous ses disciples, est devenu apôtre après s’être converti. Dieu ne nous demande qu’une pénitence légère pour nous consentir la remise de nos péchés.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je Suis. »

mardi 28 mars 2023

Veux-tu savoir quelle force est cachée dans le sang du Christ ? Vois d’où il a commencé à couler et d’où il a pris sa source : il descend de la croix, du côté du Seigneur. Comme Jésus déjà mort, dit l’Évangile, était encore sur la croix, le soldat s’approcha, « lui ouvrit le côté d’un coup de sa lance et il en jaillit de l’eau et du sang » (Jn 19,33-34). Cette eau était le symbole du baptême, et le sang, celui des mystères eucharistiques… C’est donc le soldat qui lui a ouvert le côté ; il a percé la muraille du temple saint ; et moi, j’ai trouvé ce trésor et j’en ai fait ma richesse…

« Et il jaillit de son côté de l’eau et du sang. » Ne passe pas avec indifférence auprès du mystère… J’ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des mystères eucharistiques. Or, l’Église est née de ces deux sacrements : par ce bain de la renaissance et de la rénovation dans l’Esprit, par le baptême donc, et par les mystères. Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent le Christ a formé l’Église à partir de son côté, comme il a formé Ève à partir du côté d’Adam (Gn 2,22).

C’est pourquoi Paul dit : « Nous sommes de sa chair et de ses os » (cf Ac 17,29; Gn 2,23), désignant par là le côté du Seigneur. De même en effet que le Seigneur a pris de la chair dans le côté d’Adam pour former la femme, ainsi le Christ nous a donné le sang et l’eau de son côté pour former l’Église. Et de même qu’alors il a pris de la chair du côté d’Adam pendant l’extase de son sommeil, ainsi maintenant il nous a donné le sang et l’eau après sa mort…, car désormais la mort n’est plus qu’un sommeil. Vous avez vu comment le Christ s’est uni son épouse ? Vous avez vu quel aliment il nous donne à tous ? C’est de ce même aliment que nous sommes nés et que nous sommes nourris. Ainsi que la femme engendre de son propre sang et nourrit de son lait ses enfants, de même le Christ nourrit constamment de son sang ceux qu’il a engendrés.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Lazare, sors et viens ! » (Jn 11,43)

dimanche 26 mars 2023

Le Seigneur prononce cette seule parole : « Lazare, sors et viens » (Jn 11,43), comme un maître qui appelle son serviteur. Quoi donc ? Le serviteur est sorti pour obéir à son maître ? Il est sorti, il n’a pas tardé. L’Hadès n’a pas attendu, la mort ne s’est pas révoltée, les forces d’en bas n’ont pas différé ; elles ont été frappées de crainte, au contraire. L’Hadès, qui retenait Lazare depuis trois jours déjà dans son propre lieu, fut disloqué de partout comme un navire sans chevilles, jusqu’à obtenir la tranquillité. Les puissances d’en bas ne concevaient pas que Lazare finisse par être arraché des lieux souterrains.

Mais lorsque la voix du Maître tout à coup descendit dans le tombeau avec une grande lumière et commença aussitôt à faire repousser les cheveux sur la tête de Lazare, à remplir à nouveau de moelle ses os creux, et faire couler le sang vif pour emplir les veines, les puissances d’en bas, frappées de crainte, se crièrent les unes aux autres : « Qui est celui qui appelle ? Quel est ce tout-puissant ? Quel est celui qui façonne à nouveau le vase disloqué ? Quel est celui qui réveille un mort comme d’un sommeil ? Quel est celui qui brise les portes de fer ? Quel est celui qui crie : “Lazare, sors et viens” ? Car sa voix est un son humain, mais sa puissance est une puissance divine. Quel est celui qui l’appelle ? Ce n’est pas un homme. Sa forme est celle d’un home, mais sa voix est celle d’un Dieu. Renvoyons Lazare, faisons-le rapidement remonter, de peur que ne descende ici celui qui l’appelle, de peur que ne descende ici, s’il tarde, celui qui l’appelle. »

Les morts commencèrent à tressaillir et à bouger. « Qu’un seul nous fasse tort, disent-ils, afin que nous ne les perdions pas tous ». C’est ainsi que Lazare s’élança hors du sein de l’Hadès, confessant, louant et glorifiant notre Seigneur Jésus Christ.

Homélie attribuée à saint Jean Chrysostome (v. 345-407)