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Archive pour le mot-clef ‘St Bernard’

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »

mardi 24 décembre 2024

Cieux, prêtez l’oreille ! Terre, écoute avec attention ! Que toute créature, que l’homme surtout soit transporté d’admiration et éclate en louanges : « Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Juda »… Quelle plus douce nouvelle pourrait-on annoncer à la terre ?… A-t-on jamais rien entendu de pareil, le monde a-t-il jamais rien appris de semblable ? « A Bethléem de Juda naît Jésus Christ, le Fils de Dieu. » Quelques petites paroles pour exprimer l’abaissement du Verbe, la Parole de Dieu devenue un tout-petit, mais quelle douceur dans ces paroles !… « Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem. » Naissance d’une sainteté incomparable : honneur du monde entier, réjouissance de tous les hommes à cause du bien immense qu’elle leur apporte, étonnement des anges à cause de la profondeur de ce mystère d’une nouveauté sans pareil (cf Ep 3,10)…

« Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Judée. » Vous qui êtes couchés dans la poussière, réveillez-vous et louez Dieu ! Voici le Seigneur qui vient avec le salut, voici la venue de l’Oint du Seigneur, son Messie, le voici qui vient dans sa gloire… Heureux celui qui se sent attiré par lui et qui « court à l’odeur de ses parfums » (Ct 1,4 LXX) : il verra « la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique » (Jn 1,14).

Vous donc qui êtes perdus, respirez ! Jésus vient sauver ce qui avait péri. Vous les malades, revenez à la santé : le Christ vient étendre le baume de sa miséricorde sur la plaie de vos cœurs. Tressaillez de joie, vous tous qui éprouvez de grands désirs : le Fils de Dieu descend vers vous pour faire de vous des cohéritiers de son Royaume (Rm 8,17). Oui, Seigneur, je t’en prie, guéris-moi et je serai guéri ; sauve-moi et je serai sauvé (Jr 7,14) ; glorifie-moi et je serai vraiment dans la gloire. Oui, « que mon âme bénisse le Seigneur, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom » (Ps 102,1)… Le Fils de Dieu se fait homme pour faire des hommes des enfants de Dieu.

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse. »

mercredi 18 décembre 2024

« Joseph, l’époux de Marie, était juste et ne voulait pas la dénoncer ; il décida donc de la renvoyer secrètement. » (Mt 1,19) Parce qu’il était juste, il ne voulait pas la déshonorer. Il n’aurait pas été juste, ni s’il s’était fait son complice après l’avoir jugée coupable, ni si, reconnaissant son innocence, il l’avait condamnée. C’est pourquoi il prit le parti de la renvoyer secrètement. Mais pourquoi la renvoyer ?… Pour la même raison, disent les Pères, qui incitait Pierre à repousser le Seigneur en disant : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur » (Lc 5,8). De même le centurion lui fermait sa porte en disant : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit » (Mt 8,8) .

Joseph, qui se considérait comme pécheur, se disait qu’il était indigne de garder plus longtemps dans sa maison une femme dont l’excellence et la supériorité lui inspiraient la vénération et la crainte. Il la voyait porter en elle le signe indubitable de la présence divine ; incapable de comprendre le mystère, il voulait la renvoyer. Saint Pierre a craint la toute-puissance divine ; le centurion a été effrayé par la présence de la majesté du Christ. Joseph, en homme qu’il était, a été saisi d’épouvante devant un miracle si neuf et un mystère si impénétrable ; c’est pour cela qu’en secret il méditait de renvoyer Marie. Ne vous étonnez pas de voir Joseph se juger indigne de vivre aux côtés de la Vierge enceinte ; sainte Elisabeth non plus n’a pas pu supporter sa présence sans être saisie de crainte et de respect : « Comment se fait-il que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? » (Lc 1,43)…

Pourquoi la renvoyer en secret ? Pour qu’on ne cherche pas la cause de leur séparation et qu’on ne vienne pas exiger des explications. Qu’aurait pu répondre ce juste à…des gens toujours prêts à contester ? S’il avait dévoilé ses pensées, s’il s’était dit convaincu de la pureté de sa fiancée, ces gens sceptiques l’auraient tourné en dérision, et ils auraient lapidé Marie… Joseph a eu donc raison, lui qui ne voulait ni mentir ni diffamer… Mais l’ange lui dit : « Ne crains pas ! Ce qui est né en elle vient de l’Esprit Saint. »

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Se connaître soi-même pour connaître Dieu

samedi 16 novembre 2024

Pour atteindre à l’humilité, on ne peut rien trouver de plus direct ni de mieux adapté que la rencontre de soi-même dans la vérité. Il suffit pour cela de ne rien dissimuler, de chasser l’esprit de tricherie, de se placer face à soi-même sans se laisser détourner.

Se regardant ainsi, à la lumière de la vérité, l’âme ne découvrira-t-elle pas qu’elle est dans « la région de la dissemblance » ? Alors, soupirant tristement, car sa réelle misère ne saurait plus lui demeurer cachée, ne s’écriera-t-elle pas vers le Seigneur, avec le prophète : « Dans ta vérité, tu m’as rendu humble » (Ps 118,75 Vg) ? Et comment ne se sentirait-elle pas pénétrée d’humilité, quand elle se connaît en toute vérité ? Car l’âme se perçoit sous le poids du péché (…) aveugle, repliée sur elle-même, sans force, sujette à de multiples erreurs, exposée à mille dangers, alarmée par mille craintes, anxieuse pour mille problèmes, en butte à mille soupçons, préoccupée par mille besoins, avec un penchant pour le vice et une impuissance pour la vertu.

Pourra-t-elle avoir encore un regard hautain et tenir sa tête haute ? Quand la souffrance se fait perçante comme une épine, n’est-ce pas vers celle-ci que l’âme se tournera ? Je veux dire qu’elle se tournera du côté des larmes, se tournera du côté des pleurs et des gémissements, se tournera vers le Seigneur et criera avec humilité : « Guéris mon âme, car j’ai péché contre toi » (Ps 40,5). À peine se sera-t-elle tournée vers le Seigneur que l’âme recevra la consolation, puisqu’il est, lui, « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation » (2 Co 1,3). (…) Suite à pareille expérience, Dieu se manifeste comme Sauveur. (…)

Aussi, te connaître toi-même sera une étape pour reconnaître Dieu. Par le renouvellement en toi de son image, lui-même deviendra visible. En effet, lorsque, le visage sans masque, tu réfléchiras comme dans un miroir la gloire du Seigneur, tu seras transformé en cette même image, toujours plus nette et claire, comme il convient à l’action de l’Esprit de Dieu (cf. 2 Co 3,18).

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

 

Fête de sainte Marie-Madeleine, disciple du Seigneur

lundi 22 juillet 2024

Le retour de l’âme, c’est « sa conversion au » Verbe, pour qu’il la reforme et la rende conforme à lui-même. En quoi ? En l’amour (…).

Une telle conformité marie l’âme au Verbe. Déjà semblable à lui par nature, elle se rend aussi semblable à lui par volonté en l’aimant comme il l’aime. Si elle aime parfaitement, son mariage est consommé. Quoi de plus joyeux que cette conformité ? Quoi de plus désirable que cet amour ? (…)

L’amour de l’Époux, ou mieux l’Époux qui est amour, ne demande qu’amour réciproque et fidélité. Qu’il soit donc permis à la bien-aimée d’aimer en retour. Comment n’aimerait-elle pas, elle qui est l’épouse, et l’épouse de l’Amour ? Comment l’Amour ne serait-il pas aimé ?

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Fête de la conversion de saint Paul, apôtre

jeudi 25 janvier 2024

C’est avec raison, frères bien-aimés, que la conversion de « celui qui enseigne les nations » (1Tm 2,7) est une fête que tous les peuples célèbrent aujourd’hui avec joie. En effet nombreux sont les surgeons qui ont poussé de cette racine ; une fois converti, Paul est devenu l’instrument de la conversion du monde entier. Autrefois, lorsqu’il vivait encore dans la chair mais non selon la chair (cf Rm 8,5s), il a converti beaucoup à Dieu par sa prédication ; aujourd’hui encore, alors qu’il vit en Dieu une vie plus heureuse, il ne cesse de travailler à la conversion des hommes par son exemple, sa prière et sa doctrine. (…)

Cette fête est une grande source de biens pour ceux qui la célèbrent. (…) Comment désespérer, quelle que soit l’énormité de nos fautes, quand on entend que « Saul, ne respirant encore que menace et meurtre contre les disciples du Seigneur » a été changé soudainement en « un instrument de choix » ? (Ac 9,1.15) Qui pourrait dire, sous le poids de son péché : « Je ne peux pas me relever pour mener une vie meilleure », alors que, sur la route même où le conduisait son cœur assoiffé de haine, le persécuteur acharné est devenu subitement un prédicateur fidèle ? Cette seule conversion nous montre en un jour magnifique la grandeur de la miséricorde de Dieu et la puissance de sa grâce. (…)

Voilà bien, mes frères, un modèle parfait de conversion : « Mon cœur est prêt, Seigneur, mon cœur est prêt. (…) Que veux-tu que je fasse ? » (Ps 56,8; Ac 9,6) Parole brève, mais combien pleine, vivante, efficace et digne d’être exaucée ! Qu’il se trouve peu de gens dans cette disposition d’obéissance parfaite, qui aient renoncé à leur volonté au point que leur cœur même ne leur appartienne plus. Qu’il se trouve bien peu de gens qui à chaque instant cherchent non pas ce qu’ils veulent eux-mêmes mais ce que Dieu veut et qui lui disent sans cesse : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? »

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

« Votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »

mardi 12 décembre 2023

« Voici que le nom du Seigneur vient de loin » dit le prophète (Is 30,27). Qui pourrait en douter ? Il fallait à l’origine quelque chose de grand pour que la majesté de Dieu daigne descendre de si loin en un séjour si indigne d’elle. Oui, effectivement, il y avait là quelque chose de grand : sa grande miséricorde, son immense compassion, sa charité abondante. En effet, dans quel but croyons-nous que le Christ est venu ? Nous le trouverons sans peine puisque ses propres paroles et ses propres œuvres nous dévoilent clairement la raison de sa venue. Il est venu en toute hâte des montagnes pour chercher la centième brebis égarée.

Il est venu à cause de nous pour que les miséricordes du Seigneur apparaissent avec plus d’évidence, ainsi que ses merveilles à l’égard des enfants des hommes (Ps 106,8). Admirable condescendance de Dieu qui nous cherche, et grande dignité de l’homme ainsi recherché ! Si celui-ci veut s’en glorifier, il peut le faire sans folie, non que de lui-même il puisse être quelque chose, mais parce que celui qui l’a créé l’a fait si grand. En effet, toutes les richesses, toute la gloire de ce monde et tout ce qu’on peut y désirer, tout cela est peu de chose et même n’est rien en comparaison de cette gloire-là. « Qu’est-ce donc que l’homme, Seigneur, pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention ? » (Jb 7,17)

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Fixons-nous sur le roc !

jeudi 7 décembre 2023

Fixons-nous solidement au rempart ; appuyons-nous de toutes nos forces sur le roc inébranlable qu’est le Christ, selon cette parole de l’Écriture : « Il a posé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas » (Ps 39,3). Ainsi établis et réconfortés, mettons-nous à contempler : nous verrons ce qu’il nous dit et ce que nous répondrons à qui nous fait reproche. (…)

Ensuite, lorsque nous aurons progressé quelque peu dans l’ascèse spirituelle en suivant comme guide l’Esprit Saint qui scrute les profondeurs mêmes de Dieu, représentons-nous combien le Seigneur est doux, combien il est bon en lui-même. Demandons avec le prophète de voir la volonté du Seigneur, demandons-lui de nous faire visiter non plus notre cœur mais son temple (cf. Ps 26,4). Et avec lui nous dirons encore : « Mon âme en moi s’est troublée, c’est pourquoi je me souviendrai de toi » (Ps 41,7).

Ces deux choses résument le contenu de toute la vie spirituelle : au spectacle de nous-mêmes nous sommes troublés et contrits pour notre salut, tandis que dans la contemplation de Dieu nous respirons et la joie du Saint-Esprit nous procure la consolation. D’une part, crainte et humilité ; d’autre part, espérance et charité.

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

« Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche. »

vendredi 1 décembre 2023

« En lui nous vivons, en lui nous avons le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Heureux celui qui vit par lui, qui est mû par lui, et en qui il est la vie. Vous me demanderez, puisque les traces de sa venue ne sont pas perceptibles, comment j’ai pu savoir qu’il était présent ? C’est que le Verbe, la Parole de Dieu, est « vivant et efficace » (He 4,12) : à peine était-il en moi qu’il a réveillé mon âme endormie. Il a vivifié, attendri et excité mon cœur qui était assoupi et dur comme une pierre (Ez 36,26). Il a commencé à arracher et à sarcler, à construire et à planter, à arroser ma sécheresse, à éclairer mes ténèbres, à ouvrir ce qui était fermé, à enflammer ma froideur, et aussi à « redresser les sentiers tortueux et aplanir les endroits rugueux » de mon âme (Is 40,4), de sorte qu’elle puisse « bénir le Seigneur et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom » (Ps 102,1).

Le Verbe Époux est venu en moi plus d’une fois, mais sans donner signe de son arrivée imprévue, que ce soit par une voix, une image visuelle ou tout autre approche sensible… C’est au mouvement de mon cœur que j’ai perçu qu’il était là. J’ai reconnu sa force et sa puissance parce que mes penchants mauvais et mes désirs déréglés s’apaisaient. La mise en discussion ou en accusation de mes sentiments obscurs m’a conduit à admirer la profondeur de sa sagesse. J’ai expérimenté sa douceur et sa bonté au léger progrès de ma vie. Et voyant « se renouveler l’homme intérieur » (2Co 4,16), mon esprit au plus profond de moi-même, j’ai découvert un peu de sa beauté. En saisissant enfin tout cela ensemble, j’ai tremblé devant l’immensité de sa grandeur.

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Fête de la Nativité de la Vierge Marie

vendredi 8 septembre 2023

« Le nom de la vierge était Marie » (Lc 1,27). Ce nom signifie, dit-on, « étoile de la mer », et il convient admirablement à la Vierge mère. Rien n’est plus juste que de la comparer à une étoile qui donne ses rayons sans être altérée, comme elle enfante son fils sans dommage à son corps vierge. Elle est bien cette noble « étoile issue de Jacob » (Nb 24,17), dont la splendeur illumine le monde entier, qui brille dans les cieux et pénètre jusqu’aux enfers. (…) Elle est vraiment cette étoile belle et admirable qui devait se lever au-dessus de la mer immense, étincelante de mérites, éclairant par son exemple.

Vous tous, qui que vous soyez, qui vous sentez aujourd’hui en pleine mer, secoués par l’orage et la tempête, loin de la terre ferme, gardez vos yeux sur la lumière de cette étoile, pour éviter le naufrage. Si les vents de la tentation se lèvent, si tu vois approcher l’écueil de l’épreuve, regarde l’étoile, invoque Marie ! Si tu es ballotté par les vagues de l’orgueil, de l’ambition, de la médisance ou de la jalousie, lève les yeux vers l’étoile, invoque Marie. (…) Si tu es troublé par la grandeur de tes péchés, humilié par la honte de ta conscience, épouvanté par la crainte du jugement, si tu es sur le point de sombrer dans le gouffre de la tristesse et du désespoir, pense à Marie. Dans le péril, l’angoisse, le doute, pense à Marie, invoque Marie !

Que son nom ne quitte jamais tes lèvres ni ton cœur. (…) En la suivant, tu ne t’égareras pas ; en la priant, tu désespéreras pas ; en pensant à elle, tu éviteras toute fausse route. Si elle te tient par la main, tu ne sombreras pas ; si elle te protège, tu ne craindras rien ; sous sa conduite, tu ignoreras la fatigue ; sous sa protection, tu arriveras jusqu’au but. Et tu comprendras par ta propre expérience combien sont justes ces paroles : « Le nom de la vierge était Marie ».

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

« Heureuse, celle qui a cru ! »

mercredi 21 décembre 2022

Marie est bienheureuse, comme sa cousine Elisabeth le lui a dit, non seulement parce que Dieu l’a regardée, mais parce qu’elle a cru. Sa foi est le plus beau fruit de la bonté divine. Mais il a fallu l’art ineffable du Saint Esprit survenant en elle pour qu’une telle grandeur d’âme s’unisse à une telle humilité, dans le secret de son cœur virginal. L’humilité et la grandeur d’âme de Marie, comme sa virginité et sa fécondité, sont pareilles à deux étoiles qui s’éclairent mutuellement, car en Marie la profondeur de l’humilité ne nuit en rien à la générosité d’âme et réciproquement. Alors que Marie se jugeait si humblement elle-même, elle n’en a été pas moins généreuse dans sa foi en la promesse qui lui était faite par l’ange. Elle qui se regardait uniquement comme une pauvre petite servante, elle n’a nullement douté qu’elle soit appelée à ce mystère incompréhensible, à cette union prodigieuse, à ce secret insondable. Et elle a cru tout de suite qu’elle allait vraiment devenir la mère de Dieu-fait-homme.

C’est la grâce de Dieu qui produit cette merveille dans le cœur des élus ; l’humilité ne les rend pas craintifs et timorés, pas plus que la générosité de leur âme ne les rend orgueilleux. Au contraire, chez les saints, ces deux vertus se renforcent l’une l’autre. La grandeur d’âme non seulement n’ouvre la porte à aucun orgueil, mais c’est elle surtout qui fait pénétrer plus avant dans le mystère de l’humilité. En effet, les plus généreux au service de Dieu sont aussi les plus pénétrés de la crainte du Seigneur et les plus reconnaissants pour les dons reçus. Réciproquement, quand l’humilité est en jeu, aucune lâcheté ne se glisse dans l’âme. Moins une personne a coutume de présumer de ses propres forces, même dans les plus petites choses, plus elle se confie dans la puissance de Dieu, même dans les plus grandes.

Saint Bernard (1091-1153)