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Archive pour le mot-clef ‘Esprit Saint’

Fête du Baptême de Notre Seigneur

dimanche 12 janvier 2025

Jésus a sanctifié le baptême en se faisant baptiser lui-même. Si le Fils de Dieu a été baptisé, quel homme pieux mépriserait le baptême ? Or il a été baptisé non pas pour recevoir le pardon de péchés quelconques – car il était sans péché – mais il a été baptisé sans péché pour conférer une grâce et une dignité divines aux baptisés. Voici comment : « puisque les enfants avaient en partage une nature de chair et de sang » (He 2,14) pour que, participants désormais de sa présence corporelle, nous devenions aussi participants de sa grâce divine : de la même façon, Jésus fut baptisé afin qu’une participation de plus nous conférât à la fois l’honneur et le salut. (…)

Tu descends dans l’eau chargé de tes péchés, mais l’invocation de la grâce appose son sceau sur ton âme et ne permet pas que tu sois avalé par le terrible dragon. Descendu mort dans le péché, tu remontes vivifié dans la justice. Si en effet tu as été greffé sur la ressemblance de la mort du Sauveur, tu sera aussi jugé digne de la résurrection. Comme Jésus, en effet, a souffert pour avoir pris sur lui les fautes de la terre entière, pour qu’ayant mis le péché à mort, il te ressuscitât dans la justice, de même, descendu toi aussi dans l’eau, et, d’une certaine manière, enseveli dans les eaux comme lui dans le rocher, tu ressuscites « marchant dans une vie renouvelée » (Rm 6,2).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

« L’Esprit du Seigneur est sur moi. »

jeudi 9 janvier 2025

« Aujourd’hui s’accomplit cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre : ‘ L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ‘ » (Is 61,1). C’est comme si le Christ disait : Parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction, j’ai dit, oui, j’ai vraiment dit, et je le dis encore maintenant : L’Esprit du Seigneur est sur moi. Où donc, à quel moment le Seigneur m’a t-il donné l’onction ? Il me l’a donnée quand j’ai été conçu, ou mieux, il me l’a donnée afin que je sois conçu dans le sein de ma mère. Car ce n’est pas de la semence d’un homme qu’une femme m’a conçu, mais une vierge m’a conçu de l’onction de l’Esprit Saint. C’est alors que le Seigneur m’a marqué de l’onction royale ; il m’a consacré roi par l’onction et, au même moment, il m’a consacré prêtre. Une deuxième fois, dans le Jourdain, le Seigneur m’a consacré par ce même Esprit…

Et pourquoi l’Esprit du Seigneur est-il sur moi ? … « Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, panser les cœurs gémissants et meurtris » (Is 61,1). Il ne m’a pas envoyé pour les fiers et « les bien portants », mais comme « un médecin, pour les malades » et les cœurs meurtris. Il ne m’a pas envoyé « pour les justes » mais « pour les pécheurs » (Mc 2,17). Il a fait de moi « un homme de douleurs, un homme ayant l’expérience de la faiblesse » (Is 53,3), un homme « doux et humble de cœur » (Mt 11,29). « Il m’a envoyé annoncer aux prisonniers la délivrance, aux captifs la liberté »… A quels prisonniers ou plutôt de quelle prison dois-je annoncer la délivrance ? A quels captifs annoncer la liberté ? Depuis que « par un seul homme, le péché est entré dans le monde et, par le péché, la mort » (Rm 5,12) tous les hommes sont prisonniers du péché, tous les hommes sont captifs de la mort… « J’ai été envoyé pour consoler tous les affligés de Sion, tous ceux qui s’affligent d’avoir été, à cause de leurs péchés, sevrés et séparés de leur mère, la Sion d’en haut (Ga 4,26)… Oui, je les consolerai en leur donnant « un diadème de gloire au lieu des cendres » de la pénitence, « l’huile de joie », c’est-à-dire la consolation de l’Esprit Saint « au lieu de la douleur » de se trouver orphelin et exilé, et « un habit de fête », c’est-à-dire « au lieu du désespoir », la gloire de la résurrection (Is 61,3).

Rupert de Deutz (v. 1075-1130)

 

 

 

« Il sera rempli du Saint Esprit dès le sein de sa mère. »

jeudi 19 décembre 2024

La naissance de Jean est pleine de miracles. Un archange a annoncé l’avènement de notre Seigneur et Sauveur ; de même, un archange annonce la naissance de Jean. « Il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. » Le peuple ne reconnaissait pas notre Seigneur qui accomplissait « des miracles et des prodiges » et guérissait leurs maladies, mais Jean, encore dans le sein maternel, exulte de joie. À l’arrivée de la mère de Jésus, on ne peut pas le retenir et il essaie d’aller à sa rencontre. « Dès l’instant que ta salutation a frappé mes oreilles, dit Élisabeth, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein » (Lc 1,44). Encore dans le sein de sa mère, Jean avait déjà reçu le Saint-Esprit…

L’Écriture dit ensuite « qu’il ramènera de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu ». Jean en ramena « un grand nombre » ; le Seigneur, non pas un grand nombre, mais tous. En effet, c’était son œuvre de ramener le monde entier à Dieu le Père.

« Et il marchera le premier en présence du Seigneur dans l’esprit et la puissance d’Élie »… Comme en tous les prophètes, il y avait en Élie puissance et esprit… L’Esprit, qui avait reposé sur Élie, est venu sur Jean et la puissance qui habitait Élie est apparue en lui. L’un a été transporté au ciel (2R 2,11) mais l’autre a été le précurseur du Seigneur, et il est mort avant lui pour descendre au séjour des morts annoncer son avènement.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« S’il retient les eaux, tout sera desséché, s’il les lâche, elles retourneront la terre. » (Jb 12,15)

dimanche 7 juillet 2024

« S’il retient les eaux, tout sera desséché, s’il les lâche, elles retourneront la terre. » (Jb 12,15 Vg) Entendons par eau la science de la prédication, ainsi qu’il est écrit : « Une eau profonde, telle est la parole qui sort de la bouche de l’homme (sage), un torrent débordant, telle est la source de la sagesse » ; l’eau est-elle retenue, tout se dessèche : oui, ôtez la science des prédicateurs et les cœurs qui pouvaient verdoyer dans l’espérance de l’éternité, se flétrissent aussitôt, en sorte qu’ils demeurent dans la sécheresse du désespoir, en chérissant l’éphémère, en ignorant l’espérance de ce qui subsistera.

Et si nous désignons par eau la grâce du Saint Esprit, comme le dit dans l’Évangile la parole de la Vérité : « Celui qui croit en moi, selon le mot de l’Écriture, de son sein couleront des fleuves d’eau vive », ‒ et l’Évangéliste ajoute aussitôt : « Il a ainsi parlé de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jn 7,38-39), ‒ cette interprétation s’accorde clairement avec ces paroles de Job : « S’il retient les eaux, tout se desséchera », car, si la grâce du Saint Esprit est ravie à l’esprit de celui qui écoute la Parole, aussitôt se flétrit son intelligence qu’on voyait déjà verdoyante d’espérance quand il écoutait. Et ne pas parler d’eau, mais d’eaux, au pluriel, c’est revenir à la grâce des sept dons spirituels car autant de dons qui emplissent chacun de nous, autant d’eaux qui se répandent dans nos cœurs.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Pentecôte

dimanche 19 mai 2024

L’œuvre divine de sanctification de l’Église et des âmes est attribuée à l’Esprit Saint parce que c’est par excellence une œuvre d’amour et que l’Esprit Saint est la spiration d’amour du Père et du Fils. (…)

L’Esprit Saint descend sur les apôtres au jour de la Pentecôte et il prend possession de l’âme comme d’un temple au jour du baptême pour réaliser cette œuvre de l’incarnation de la vie divine. Nous savons le plan qui lui est fixé, ce dessein éternel de Dieu qui fait l’unité de l’action de l’Esprit Saint dans l’Église et dans les âmes. « C’est dans le Christ que Dieu nous a choisis dès avant la création du monde qu’il nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs par Jésus-Christ, suivant le bon plaisir de sa volonté, pour faire éclater la gloire de la grâce qu’il nous a départie par son Fils bien-aimé. » (Ep 1,4-6)

L’action de l’Esprit Saint est tout orientée vers cette réalisation effective de l’adoption divine en nous et vers cette expansion du Christ Jésus en nos âmes par la diffusion de sa grâce. L’Esprit, en chaque âme et dans l’Église, construit la plénitude du Christ, le Christ total qui est l’Église. De fait, la grâce qu’il répand dans les âmes est une grâce filiale qui nous apparente étroitement au Verbe en nous faisant fils d’adoption comme lui-même est fils par nature. « Vous avez reçu, dit l’Apôtre, l’esprit des fils d’adoption qui nous fait crier : Abba, Père. » (Rm 8,15) Cette grâce qui proclame ainsi son nom, nous donne la ressemblance du Verbe quand nous la faisons nôtre par cette contemplation dans laquelle intervient encore l’Esprit Saint. (…)

La vie divine en nous est la vie du Christ ; elle procède de Lui et nous unit à Lui pour constituer avec Lui une réalité nouvelle, la vigne entière, le Christ total fait du Christ et de ses membres.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967)

 

 

 

Écoute, Seigneur mon Dieu, cette prière pour ton peuple !

mercredi 15 mai 2024

Dieu de miséricorde, écoute la prière que je fais pour ton peuple. Ma fonction m’y oblige, mon cœur m’y incline et la considération de ta bonté m’y porte. Tu sais, doux Seigneur, combien je les aime, comment mon cœur leur est donné et à quel point ma tendresse leur est acquise. tu sais, mon Seigneur, que c’est sans dureté ni esprit de domination que je leur commande et combien je désire davantage leur être utile dans la charité que d’être le premier parmi eux, leur être soumis dans l’humilité et uni dans l’affection, tout comme l’un d’entre eux.

Aussi écoute-moi, Seigneur mon Dieu : écoute-moi, et que tes yeux soient ouverts sur eux jour et nuit. Étends tes ailes et protège-les, Seigneur très bon ; étends ta droite sainte et bénis-les ; répands dans leurs cœurs ton Esprit Saint, et qu’il les garde dans l’unité d’esprit et le lien de la paix, dans la chasteté de la chair et l’humilité de l’âme. (…)

Que sous l’action de ton Esprit, doux Seigneur, ils aient la paix en eux-mêmes, entre eux et avec moi ; qu’ils soient modestes, bienveillants ; qu’ils s’obéissent, s’entraident et se supportent mutuellement. Qu’ils aient la ferveur de l’esprit, la joie de l’espérance, une patience inlassable dans la pauvreté, l’abstinence, les travaux et les veilles, le silence et le recueillement. Sois au milieu d’eux selon ta ferme promesse. Et puisque tu sais ce dont chacun a besoin, je t’en prie, raffermis en eux ce qu’il y a de faible, (…), guéris ce qui est malade, apaise leurs chagrins, ranime les tièdes, rassure les instables, que tous se sentent aidés de ta grâce dans leurs besoins et leurs tentations.

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)

 

 

 

Si tu l’imites, tu lui seras semblable

samedi 11 mai 2024

Quand tu connaîtras Dieu tel qu’il est, tu auras un corps immortel et incorruptible comme l’âme et tu détiendras le Royaume des cieux. Puisque, pendant ta vie sur terre, tu as reconnu le roi céleste, tu seras le familier de Dieu et le cohéritier du Christ, et non plus l’esclave des convoitises, des passions et des maladies, car tu seras devenu Dieu.

Les souffrances que tu as endurées en tant qu’homme, Dieu te les as données parce que tu es un homme ; mais tout ce qui appartient à Dieu, Dieu promet de te l’accorder lorsque tu seras divinisé et devenu immortel. « Connais-toi toi-même » en reconnaissant Dieu qui t’a fait. Il convient à celui que Dieu appelle de le reconnaître et d’être reconnu de lui. (…)

« Le Christ est Dieu au-dessus de tout » (Rm 9,5) et il a ordonné que le péché des hommes soit lavé, pour recréer à neuf le vieil homme qu’il avait nommé son image dès le commencement, et te témoigner par là sa tendresse. Si tu obéis à ses commandements et si, par ta bonté, tu imites celui qui est bon, tu lui seras semblable et il t’honorera ; car Dieu n’est pas dans l’indigence, et il te fera Dieu pour sa gloire.

Saint Hippolyte de Rome (?-v. 235)

 

 

 

L’Esprit conduira nos pas

mercredi 8 mai 2024

La puissance divine contient l’intégralité de la sainteté. Elle conforte de tous côtés l’esprit intérieur de l’homme qui s’unit à Dieu. C’est elle qui fait goûter les dons mystiques de l’Esprit Saint à celui qui est sur le point de sombrer dans la torpeur. L’homme s’arrache alors à cette torpeur, se réveille et tend de toutes ses forces vers la justice. Souvent cette opération est un combat pénible pour l’esprit car le corps, même contraint à l’obéissance par la volonté divine, est à peine capable de mener le bien. Trop souvent, il cède aux désirs de la chair, cette chair qui est sa demeure : ainsi l’exhalaison des dons de Dieu se heurte à la résistance de la volonté humaine.

Dieu qui m’a créé, qui est Seigneur et qui a tout pouvoir sur moi, est ma force. Sans lui, je suis incapable de quelque bien que ce soit, car c’est lui qui me communique l’esprit de vie, source de ma propre vie, du mouvement qui m’anime, et c’est lui qui m’oriente sur les chemins que je prends : lorsque je l’invoque en vérité, tel un cerf qui désire l’eau vive, lui, Dieu et Seigneur, conduit mes pas avec hâte dans ses commandements. Il me conduira vers les sommets que ses préceptes m’enseignent, il soumettra mes désirs terrestres par sa force victorieuse et, dans la béatitude céleste, je chanterai sans fin ses louanges.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

 

« Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure. »

jeudi 11 avril 2024

Ô Seigneur mon Dieu, lumière des aveugles et force des faibles, mais en même temps lumière des voyants et force des forts, sois attentif à mon âme, entends-la crier du fond de l’abîme (Ps 129,1). Car si tu n’es pas à l’écoute même dans l’abîme, où irons-nous ? Où adresserons-nous nos cris ?

« À toi est le jour, à toi aussi la nuit » (Ps 73,16). Un signe de toi et les instants s’envolent. Donne désormais largement à nos pensées le temps de fouiller les retraites cachées de ta loi et n’en ferme pas la porte à ceux qui y frappent (Mt 7,7). Ce n’est pas sans raison que tu as voulu faire écrire tant de pages pleines d’ombre et de mystère. Ces belles forêts n’ont-elles pas leurs cerfs (Ps 28,9) qui viennent là se réfugier et se ressaisir, se promener et pâturer, se coucher et ruminer ? Ô Seigneur, conduis-moi au terme et révèle-moi leurs secrets.

Ta parole est toute ma joie, ta parole plus douce qu’un torrent de voluptés. Donne-moi ce que j’aime, car j’aime et cet amour est un don de toi. N’abandonne pas tes dons, ne dédaigne pas ton brin d’herbe assoiffé. Que je proclame tout ce que je découvrirai dans tes livres ; fais que « j’entende la voix de ta louange » (Ps 25,7). Puissé-je boire ta parole et considérer les merveilles de ta loi (Ps 118,18) depuis le premier instant où tu as créé le ciel et la terre jusqu’au règne éternel avec toi dans la sainte cité.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. »

mardi 9 avril 2024

Qui es-tu, douce lumière qui me combles
et illumines les ténèbres de mon cœur ?
Tu me guides comme la main d’une mère,
et si tu me lâchais,
je ne pourrais plus faire un seul pas.

Tu es l’espace
qui enveloppe mon être et l’abrite en toi.
Abandonné de toi, il sombrerait dans le gouffre du néant
d’où tu l’as tiré pour l’élever vers la lumière.
Toi, plus proche de moi
que je ne le suis de moi-même,
plus intime que le tréfonds de mon âme,
et cependant insaisissable et ineffable,
au-delà de tout nom,
Esprit Saint, Amour éternel !

N’es-tu pas la douce manne
qui du cœur du Fils
déborde dans le mien,
la nourriture des anges et des bienheureux ?
Lui qui s’est relevé de la mort à la vie
m’a éveillée moi aussi du sommeil de la mort à une vie nouvelle.
Et jour après jour
il continue de me donner une nouvelle vie,
dont un jour la plénitude m’inondera tout entière,
vie issue de ta vie, oui, toi-même,
Esprit Saint, Vie éternelle !

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)