Qui pourra, Seigneur, parler de toi ? Absolument incompréhensibles et insaisissables sont tes œuvres, ta gloire et ta connaissance. Pourtant, nous avons l’espérance, nous possédons la foi et nous savons l’amour que tu nous as donné, sans limite, indicible, que rien ne peut contenir ; il est lumière, lumière inaccessible, lumière qui agit en tout.
Que ne fait-elle pas, en effet, cette lumière, et que n’est-elle pas ? Elle est charme et joie, douceur et paix, miséricorde sans nombre, abîme de compassion. Invisible, on la voit ; et on la comprend sans pouvoir la contenir. Intouchable, impalpable, elle peut être saisie par mon esprit. Quand je la possède, je ne la remarque pas ; je la vois seulement lorsqu’elle s’en va ; je me précipite pour la saisir, et elle s’envole tout entière. Je ne sais que faire et je me consume. J’apprends à demander et à chercher avec larmes en grande humilité, et à ne pas considérer comme possible ce qui dépasse la nature, ni comme l’effet de ma puissance ou de l’effort humain, ce qui vient de la compassion de Dieu et de sa miséricorde infinie. (…)
La lumière invite au silence et elle enseigne l’humilité toute puissante. Quand donc je l’acquiers et deviens humble, dès ce moment, elle aussi demeure avec moi inséparablement, elle s’unit à moi et m’éclaire ; elle me regarde et je la regarde. Elle est dans mon cœur et elle se trouve au ciel ; elle me révèle les Écritures, m’apporte la connaissance et m’enseigne des mystères que je ne puis exprimer.
Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)