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Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France

15 août 2022

Ô Vierge, Temple de la Trinité, le Dieu de bonté a vu ton humilité ; il t’envoie un messager pour t’apprendre qu’il veut naître de toi. L’ange t’apporte la salutation de la grâce (…), il t’explique, et tu consens, et aussitôt le Roi de gloire s’incarne en toi. Par cette joie, nous t’en prions, rends-nous favorable ce grand Roi. (…)

Ta seconde joie : quand tu as enfanté le Soleil, toi l’étoile (…), cet enfantement ne produit en toi ni changement ni peine. Comme la fleur ne perd pas son éclat en donnant son parfum, ta virginité ne peut rien perdre quand le Créateur daigne naître de toi. Marie, mère de bonté, sois pour nous la voie droite qui nous conduit à ton Fils. (…)

Une étoile t’annonce la troisième joie : celle que tu vois s’arrêter au-dessus de ton fils, pour que les mages l’adorent et lui offrent les richesses variées de la terre (…) Marie, étoile du monde, purifie-nous du péché !

La quatrième joie t’est donnée lorsque le Christ ressuscite d’entre les morts (…) : l’espérance renaît, la mort est chassée. Quelle part tu as à ces merveilles, ô pleine de grâce ! (Lc 1,28) L’ennemi est vaincu (…), l’homme est libéré et il s’élève jusqu’aux cieux. Mère du Créateur, daigne prier assidûment : que par cette joie pascale, après le labeur de cette vie, nous soyons admis aux chœurs du ciel !

Ta cinquième joie : quand tu as vu ton fils monter au ciel, la gloire dont il était entouré te révélait plus que jamais celui dont tu étais la mère, ton propre Créateur. Montant aux cieux, il montrait la voie par où l’homme s’élève aux palais célestes. (…) Par cette nouvelle joie, Marie, fais-nous monter au ciel pour jouir avec toi et ton fils du bonheur éternel ! (…)

C’est le divin Paraclet qui, sous la forme de langues de feu, fortifiant (…)et enflammant les apôtres, t’apporte encore la sixième joie : pour guérir l’homme que la langue avait perdu et purifier son âme du péché. Par la joie de cette visite, prie ton fils, Vierge Marie, d’effacer en nous toute tache pour le jour du jugement.

Le Christ t’a conviée à la septième joie lorsqu’il t’a appelée de ce monde à son séjour céleste, lorsqu’il t’a élevée sur le trône où tu reçois des honneurs incomparables. Une gloire t’entoure plus qu’aucun autre habitant du ciel. (…) Ô Vierge, mère de bonté, fais-nous sentir les effets de ta tendresse. (…) Par ta joie, purifie-nous, conduis-nous à l’allégresse éternelle ! Emmène-nous avec toi dans la joie du paradis. Amen.

Liturgie latine

 

 

 

Allumer dans les cœurs des hommes le feu de l’amour de Dieu

14 août 2022

« Je suis venu apporter un feu sur la terre » : je suis descendu du haut du ciel et, par le mystère de mon incarnation, je me suis manifesté aux hommes pour allumer dans les cœurs humains le feu de l’amour divin. « Et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé » — c’est-à-dire qu’il prenne et devienne une flamme activée par l’Esprit Saint et qu’il fasse jaillir des actes de bonté !

Le Christ annonce ensuite qu’il subira la mort sur la croix avant que le feu de cet amour n’enflamme l’humanité. C’est, en effet, la très sainte Passion du Christ qui a valu à l’humanité un don aussi grand, et c’est avant tout le souvenir de sa Passion qui allume une flamme dans les cœurs fidèles. « Je dois recevoir un baptême », autrement dit : Il m’incombe et il m’est réservé par une disposition de Dieu de recevoir un baptême de sang, de me baigner et de me plonger comme dans l’eau, dans mon sang répandu sur la croix pour racheter le monde entier. « Et quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit accompli », en d’autres termes jusqu’à ce que ma Passion soit achevée, et que je puisse dire : « Tout est accompli ! » (Jn 19,30)

Denys le Chartreux (1402-1471)

 

 

 

« Laissez les enfants venir à moi, car le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent. »

13 août 2022

Quel grand et admirable don Dieu nous fait, mes frères ! En la pâque, jour du salut, le Seigneur ressuscite et donne la résurrection au monde entier. (…) Nous (…) sommes le corps du Christ et ses membres (cf. 1Co 12,27), (…). À la résurrection du Christ, tous ses membres ont ressuscité avec lui…, il nous fait passer de la mort à la vie. « Pâque » en hébreu veut dire passage (…). Et quel passage ! Du péché à la justice, du vice à la vertu, de la vieillesse à l’enfance. (…) Hier la décrépitude du péché nous mettait sur notre déclin, mais la résurrection du Christ nous fait renaître dans l’innocence des tout-petits.

La simplicité chrétienne fait sienne l’enfance. L’enfant est sans rancœur, il ne connaît pas la fraude, il n’ose pas frapper. Ainsi cet enfant qu’est le chrétien ne s’emporte pas si on l’insulte, il ne se défend pas si on le dépouille, il ne rend pas les coups si on le frappe. Le Seigneur exige même qu’il prie pour ses ennemis, qu’il abandonne tunique et manteau aux voleurs, et qu’il présente l’autre joue à ceux qui le giflent (Mt 5,39s). L’enfance du Christ dépasse l’enfance des hommes. (…)

Aux apôtres déjà mûrs et âgés le Seigneur dit : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 18,3). Il les renvoie à la source même de leur vie, et les incite à retrouver l’enfance, afin que ces hommes dont les forces déclinent déjà, renaissent à l’innocence du cœur.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

Louange

12 août 2022

 

 

 

 

« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1Co 4,7)

11 août 2022

toute-grace-excellente

« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » nous dit saint Paul (1Co 4,7). Ne soyons donc pas avares de nos biens comme s’ils nous appartenaient… On nous en a confié la charge ; nous avons l’usage d’une richesse commune, non la possession éternelle d’un bien propre. Si tu reconnais que ce bien n’est à toi ici-bas que pour un temps, tu pourras acquérir au ciel une possession qui n’aura pas de fin. Rappelle-toi ces serviteurs dans l’Évangile qui avaient reçu des talents de leur maître, et ce que le maître, à son retour, a rendu à chacun d’eux ; tu comprendras alors que déposer son argent sur la table du Seigneur pour le faire fructifier est beaucoup plus profitable que de le conserver avec une fidélité stérile sans qu’il rapporte rien au créancier, au grand dommage du serviteur inutile dont le châtiment sera d’autant plus lourd…

Prêtons donc au Seigneur les biens que nous avons reçus de lui. Nous ne possédons rien en effet qui ne soit un don du Seigneur, et nous n’existons que parce qu’il le veut. Que pourrions-nous considérer comme nôtre, puisque, en vertu d’une dette énorme et privilégiée, nous ne nous appartenons pas ? Car Dieu nous a créés, mais il nous a aussi rachetés. Rendons grâces donc : rachetés à grand prix, au prix du sang du Seigneur, nous ne sommes plus des choses sans valeur… Rendons au Seigneur ce qu’il nous a donné. Donnons à Celui qui reçoit en la personne de chaque pauvre. Donnons avec joie, pour recevoir de lui dans l’allégresse, comme il l’a promis.

Saint Paulin de Nole (355-431), évêque
Lettre 34, 2-4 ; PL 61, 345-346 (trad. Orval et Delhougne, Les Pères commentent, p. 305)

 

 

 

Saint Laurent, comme un grain jeté en terre

10 août 2022

De prime abord, un grain de moutarde a l’air petit, commun et méprisable ; il n’a pas de goût, n’exhale pas de senteur, ne laisse pas présumer de douceur. Mais quand il a été broyé, il répand son odeur, il montre sa vigueur, il a un goût de flamme et il brûle d’une telle ardeur que l’on s’étonne de trouver un si grand feu lové en un si petit grain. (…) De même, la foi chrétienne semble à première vue petite, commune et faible ; elle ne montre pas sa puissance, elle ne fait pas étalage de son influence. Mais quand elle a été broyée par différentes épreuves, elle montre sa vigueur, fait éclater son énergie, exhale la flamme de sa foi dans le Seigneur. Le feu divin la fait vibrer d’une telle ardeur que, tout en brûlant elle-même, elle réchauffe ceux qui la partagent, comme l’ont dit Cléophas et son compagnon dans le saint Évangile, tandis que le Seigneur s’entretenait avec eux après sa Passion : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24,32). (…)

Nous pouvons comparer le saint martyr Laurent au grain de moutarde ; broyé par de multiples tortures, il a mérité devant la terre entière la grâce d’un martyre éclatant. Alors qu’il habitait encore son corps, il était humble, ignoré et commun ; après avoir été torturé, déchiré et brûlé, il a répandu sur tous les fidèles à travers le monde la bonne odeur de sa noblesse d’âme. (…) Vu de l’extérieur, ce martyr brûlait dans les flammes d’un tyran cruel ; mais une plus grande flamme, celle de l’amour du Christ, le consumait à l’intérieur. Un roi impie a beau rajouter du bois et allumer des feux plus grands, saint Laurent, dans l’ardeur de sa foi, ne sent plus ces flammes. (…) Aucune souffrance sur terre n’a plus prise sur lui : son âme demeure déjà au ciel.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein), vierge et martyre, copatronne de l’Europe

9 août 2022

L’amour du Christ a été le feu qui a embrasé la vie de Thérèse Bénédicte de la Croix. Avant même de s’en rendre compte, elle en a été totalement consumée. Au début, son idéal a été la liberté. Pendant longtemps, Édith Stein a vécu l’expérience de la recherche. Son esprit ne se lassait pas de chercher et son cœur d’espérer. Elle a parcouru le chemin difficile de la philosophie avec une ardeur passionnée et, à la fin, elle a été récompensée : elle a conquis la vérité, ou plutôt, elle a été conquise. En effet, elle a découvert que la vérité portait un nom : Jésus Christ. À partir de ce moment, le Verbe incarné a été tout pour elle. Considérant cette période de sa vie d’un point de vue de carmélite, elle écrivait à une bénédictine : « Consciemment ou inconsciemment, qui cherche la vérité cherche Dieu ».

Bien qu’elle ait été élevée dans la religion juive de sa mère, Édith Stein, à quatorze ans, « avait librement décidé d’abandonner la prière ». Elle ne voulait compter que sur elle-même, soucieuse d’affirmer sa propre liberté dans ses choix de vie. À la fin d’un long chemin, il lui a été donné de parvenir à une constatation surprenante : seul celui qui se lie à l’amour du Christ devient vraiment libre. L’expérience de cette femme, qui a affronté les défis d’un siècle tourmenté comme le nôtre, représente un exemple pour nous : le monde moderne invite à franchir la porte attrayante de la permissivité, ignorant la porte étroite du discernement et du renoncement. C’est pourquoi je m’adresse spécialement à vous, jeunes chrétiens (…) : méfiez-vous, gardez-vous de concevoir votre vie comme une porte ouverte à tous les choix ! Écoutez la voix de votre cœur ! Ne soyez pas superficiels, mais allez au fond des choses. Et lorsque le moment sera venu, ayez le courage de vous décider. Le Seigneur attend que vous placiez votre liberté entre ses mains miséricordieuses.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Libérés par le Fils de l’homme qui se livre aux mains des hommes

8 août 2022

Tous les peuples ont été libérés des puissances qui les tenaient captifs par notre Seigneur Jésus Christ. (…) C’est lui, c’est lui qui nous a rachetés. Comme dit l’apôtre Paul : « Il nous a pardonné tous nos péchés, il a supprimé le billet attestant notre désobéissance, il l’a annulé en le clouant à la croix. En se dépouillant lui-même, il a traîné les puissances du mal dans le cortège de son triomphe » (Col 2,13-15). Il a délivré les enchaînés et il a brisé nos liens, comme David l’avait dit : « Le Seigneur redresse les opprimés, le Seigneur délie les enchaînés, le Seigneur ouvre les yeux des aveugles ». Et encore : « Tu as brisé mes chaînes, je t’offrirai le sacrifice de louange » (Ps 145,7-8; 115,16-17).

Oui, nous sommes délivrés de nos chaînes, nous qui avons été rassemblés à l’appel du Seigneur par le sacrement du baptême ; (…) nous avons été libérés par le sang du Christ et l’invocation de son nom. Donc, mes bien-aimés, une fois pour toutes nous sommes baptisés, une fois pour toutes nous sommes libérés, une fois pour toutes nous sommes accueillis dans le Royaume immortel. Une fois pour toutes, « heureux ceux dont les crimes sont pardonnés, dont les péchés sont couverts » (Ps 31,1; Rm 4,7). Maintenez énergiquement ce que vous avez reçu, conservez-le pour votre bonheur, ne péchez plus. Désormais, gardez-vous purs et irréprochables pour le jour du Seigneur.

Saint Pacien de Barcelone (?-v. 390)

 

 

 

« Tenez-vous prêts ! »

7 août 2022

C’est à notre temps que songeait le Seigneur quand il a dit : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Lc 18,8) Nous voyons cette prophétie se réaliser. La crainte de Dieu, la loi de la justice, la charité, les bonnes œuvres, on n’y croit plus. (…) Tout ce que craindrait notre conscience, si elle y croyait, elle ne le craint pas, parce qu’elle n’y croit pas. Car si elle y croyait, elle serait vigilante ; et si elle était vigilante, elle se sauverait.

Réveillons-nous donc, frères très chers, autant que nous en sommes capables. Secouons le sommeil de notre inertie. Veillons à observer et à pratiquer les préceptes du Seigneur. Soyons tels qu’il nous a prescrit d’être, quand il a dit : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ».

Oui, restons en tenue de service, de peur que, quand viendra le jour du départ, il ne nous trouve embarrassés et empêtrés. Que notre lumière brille et rayonne de bonnes œuvres, qu’elle nous achemine de la nuit de ce monde à la lumière et à la charité éternelles. Attendons avec soin et prudence l’arrivée soudaine du Seigneur, afin que, lorsqu’il frappera à la porte, notre foi soit en éveil pour recevoir du Seigneur la récompense de sa vigilance. Si nous observons ces commandements, si nous retenons ces avertissements et ces préceptes, les ruses trompeuses de l’Accusateur ne pourront pas nous accabler pendant notre sommeil. Mais reconnus serviteurs vigilants, nous régnerons avec le Christ triomphant.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

6 août 2022

« Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère » et, les ayant amenés sur une haute montagne, il leur manifesta l’éclat de sa gloire. Car, même s’ils avaient compris que la majesté de Dieu résidait en lui, ils ignoraient que son corps, qui voilait sa divinité, avait part à la puissance de Dieu. Voilà pourquoi le Seigneur avait promis expressément, peu de jours auparavant, que parmi ses disciples « quelques-uns ici présents ne goûteront pas la mort avant de voir le Fils de l’homme venir dans son Royaume » (Mt 16,28), c’est-à-dire dans l’éclat royal…qui convenait spécialement à la nature humaine qu’il avait prise…

Cette transfiguration avait d’abord pour but d’enlever du cœur des disciples le scandale de la croix, pour que l’humilité de la Passion volontairement subie ne trouble pas la foi de ceux qui auraient vu la grandeur de la dignité cachée. Mais, par une même prévoyance, la transfiguration établissait dans l’Église de Jésus l’espérance destinée à la soutenir, en sorte que les membres du Corps du Christ comprennent quel changement s’opérerait un jour en eux, puisqu’ils étaient appelés à participer à la gloire qu’ils avaient vu resplendir dans leur Chef, dans leur tête.

À ce sujet, le Seigneur lui-même avait dit, parlant de la majesté de son avènement : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père » (Mt 13,43). Et l’apôtre Paul affirme la même chose quand il dit : « J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer avec la gloire qui doit se révéler en nous » (Rm 8,18). Et dans un autre passage : « Car vous êtes morts et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu ; quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire » (Col 3,3-4).

Saint Léon le Grand (?-v. 461)