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Archive pour le mot-clef ‘richesses’

Le bon usage des richesses

vendredi 7 novembre 2025

Ô Jésus, je le sais, l’amour ne se paie que par l’amour, aussi j’ai cherché, j’ai trouvé le moyen de soulager mon cœur en te rendant Amour pour Amour. « Employez les richesses qui rendent injustes à vous faire des amis qui vous reçoivent dans les tabernacles éternels » (Lc 16,9). Voilà, Seigneur, le conseil que tu donnes à tes disciples après leur avoir dit que « les enfants de ténèbres sont plus habiles dans leurs affaires que les enfants de lumière ». Enfant de lumière, j’ai compris que mes désirs d’être tout, d’embrasser toutes les vocations, étaient des richesses qui pourraient bien me rendre injuste, alors je m’en suis servie à me faire des amis. Me souvenant de la prière d’Élisée à son père Élie lorsqu’il osa lui demander son « double esprit » (2R 2,9), je me suis présentée devant les anges et les saints, et je leur ai dit : « Je suis la plus petite des créatures, je connais ma misère et ma faiblesse, mais je sais aussi combien les cœurs nobles et généreux aiment à faire du bien, je vous supplie donc, ô bienheureux habitants du Ciel, je vous supplie de m’adopter pour enfant. À vous seuls sera la gloire que vous me ferez acquérir, mais daignez exaucer ma prière ; elle est téméraire, je le sais, cependant j’ose vous demander de m’obtenir votre double Amour. »

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)

User des biens sans en abuser

lundi 20 octobre 2025

La miséricorde et la bienfaisance sont les amies de Dieu. Et si elles viennent s’établir au cœur d’un homme, elles le divinisent et le modèlent à la ressemblance du souverain Bien afin qu’il soit l’image de l’essence première et sans mélange qui surpasse toute connaissance.

Vous donc, créatures raisonnables et douées de l’intelligence qui interprète et qui enseigne les choses divines, ne vous laissez pas séduire par les choses temporelles. Tâchez plutôt de gagner celui qui possède ce qui rend éternel. Limitez-vous dans l’usage des biens de la vie. Tout ne vous appartient pas ; qu’une part aussi soit laissée pour les pauvres qui sont aimés de Dieu. Car tout est à Dieu, notre Père commun, et nous sommes des frères, l’idéal le plus juste serait que chacun jouît d’une part égale de l’héritage. Mais à défaut de cela, si certains s’attribuent le plus gros de cet héritage, que tous les autres en obtiennent au moins une partie. Et si quelqu’un veut le posséder tout entier à l’exclusion de ses nombreux frères, celui-là est un impitoyable tyran, un barbare sans cœur, une bête insatiable.

Use donc des biens de la terre, mais n’en abuse pas.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

« Heureux, vous les pauvres… »

mercredi 10 septembre 2025

Comme presque tous les hommes sont naturellement portés à l’orgueil, le Seigneur commence les Béatitudes en écartant le mal originel de la suffisance et en conseillant d’imiter le vrai Pauvre volontaire qui est vraiment bienheureux — de manière à lui ressembler par une pauvreté volontaire, selon notre pouvoir, pour avoir part à sa béatitude, à son bonheur. « Ayez en vous les sentiments qui ont été ceux du Christ Jésus. Quoique de condition divine, il ne s’est pas prévalu de son égalité avec Dieu, mais il s’est anéanti lui-même et a pris la condition d’esclave » (Ph 2,5-7).

Qu’est-ce qu’il y a de plus misérable pour Dieu que de prendre la condition d’esclave ? Quoi de plus infime pour le Roi de l’univers que de partager notre nature humaine ? Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, le Juge de l’univers paie des impôts à César (1Tm 6,17 ;He 12,23;Mc 12,17). Le Maître de la création embrasse ce monde, entre dans une grotte, ne trouve pas de place dans une hôtellerie et prend refuge dans une étable, en compagnie d’animaux sans raison. Celui qui est pur et immaculé prend sur lui les souillures de la nature humaine, et après avoir partagé toute notre misère, il va jusqu’à faire l’expérience de la mort. Considère la démesure de sa pauvreté volontaire ! La Vie goûte la mort, le Juge est traîné devant le tribunal, le Maître de la vie de tous se soumet à un magistrat, le Roi des puissances célestes ne se soustrait pas aux mains des bourreaux. À cet exemple, dit l’apôtre Paul, se mesure son humilité (Ph 2,5-7).

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

Évitons de ressembler au « mauvais riche » !

jeudi 20 mars 2025

Prends garde, frère, que le destin du « mauvais riche » ne sois le tien. Si ton histoire a été écrite, c’est bien pour que nous évitions de lui ressembler. Homme, imite donc la terre : comme elle, porte du fruit ; ne te montre pas moins bon qu’elle qui n’a pas d’âme. Ce n’est pas pour en jouir elle-même que la terre nourrit ses fruits, c’est pour ton service. Mais toi, tu as cet avantage que les bénéfices de ta bienveillance reviennent finalement à toi-même ; car c’est aux bienfaiteurs que revient toujours la récompense du bien qu’ils ont fait. (…)

Pourquoi donc te tourmenter à ce point et faire tant d’efforts pour mettre ta richesse à l’abri derrière le mortier et les briques ? (…) Que tu le veuilles ou non, tu devras bien un jour laisser là ton argent ; au contraire, la gloire de tout le bien que tu auras fait, tu l’emporteras avec toi jusque devant le souverain Maître, quand tout un peuple, se pressant pour te défendre auprès du Juge commun, t’appellera des noms qui diront que tu l’as nourri, que tu l’as assisté, que tu as été bon. (…)

Combien tu devrais être reconnaissant, heureux et fier de l’honneur qui t’es fait : ce n’est pas toi qui dois aller importuner les autres à leur porte, ce sont les autres qui se pressent à la tienne. Mais à ce moment tu t’assombris, tu deviens inabordable, tu fuis les rencontres de peur de devoir lâcher un peu de ce que tu gardes si jalousement. Et tu ne connais qu’un seul mot : « Je n’ai rien, je ne vous donnerai rien, car je suis pauvre. » Pauvre, tu l’es en réalité, et pauvre de tout bien : pauvre d’amour, pauvre de bonté, pauvre de confiance en Dieu, pauvre d’espérance éternelle.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

Les biens temporels ou l’éternelle richesse ?

mardi 20 août 2024

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Hélas ! ma très chère fille, vois donc quelle honte pour ces hommes si misérablement avides des biens de ce monde, et qui ne suivent même pas les indications de la lumière naturelle, pour l’acquisition du bien suprême et éternel ! Ils ne font même pas ce que faisaient ces philosophes, par amour de la science. Dès qu’ils avaient compris que les richesses étaient un obstacle pour eux, ceux-ci s’en dépouillaient, et ceux-là de leurs richesses veulent se faire un dieu, ni plus ni moins ! N’est-il pas évident qu’ils ont plus de douleur de la perte de ces biens temporels, que de me perdre, moi, le bien suprême, l’éternelle richesse. À y regarder de près, tu découvriras que c’est dans ce désir désordonné, dans cette volonté déréglée de devenir riche, qu’est la source de tous les maux. (…)

Dans le saint Évangile, ma Vérité vous a dit qu’il était plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans la vie éternelle ! Ces riches, ce sont ceux qui, par un attachement déréglé pour les biens de ce monde, possèdent ou convoitent les richesses. Nombreux sont ceux comme je t’ai dit, qui, pauvres en réalité, par leur attachement désordonné n’en possèdent pas moins le monde entier avec la volonté, s’ils pouvaient, de s’en rendre maîtres. Impossible à ceux-là de passer par la porte qui est étroite et basse ; à moins qu’ils ne jettent leur charge, en retirant leur cœur de l’amour du monde, et qu’ils ne courbent la tête par humilité. Or, c’est par cette porte qu’il faut passer : il n’y en a pas d’autre qui donne accès dans la vie. Il y a bien une grande porte ; mais c’est sur l’éternelle damnation qu’elle s’ouvre ! Et c’est par elle, que ces aveugles vont passer, sans voir la ruine où ils s’engagent.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« En ce temps déjà, le centuple… et dans le monde à venir, la vie éternelle. »

mardi 30 mai 2023

Ces doctrines [sociales de l’Église] pourraient diminuer la distance que l’orgueil se plaît à maintenir entre riches et pauvres, mais la simple amitié c’est encore trop peu : si l’on obéit aux préceptes du christianisme, c’est dans l’amour fraternel que s’opérera l’union. De part et d’autre, on saura et l’on comprendra que les hommes sont tous absolument issus de Dieu, leur Père commun ; que Dieu est leur unique et commune fin, et que lui seul est capable de communiquer aux anges et aux hommes une félicité parfaite et absolue ; que tous ils ont été également rachetés par Jésus-Christ et rétablis par lui dans leur dignité d’enfants de Dieu, et qu’ainsi un véritable lien de fraternité les unit, soit entre eux, soit au Christ leur Seigneur qui est le « premier-né parmi un grand nombre de frères » (Rm 8,29). Ils sauront enfin que tous les biens de la nature, tous les trésors de la grâce appartiennent en commun et indistinctement à tout le genre humain, et qu’il n’y a que les indignes qui soient déshérités des biens célestes. « Si vous êtes fils, vous êtes aussi héritiers : héritiers de Dieu, cohéritiers de Jésus-Christ » (Rm 8,17).

Léon XIII

 

 

 

 

« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1Co 4,7)

jeudi 11 août 2022

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« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » nous dit saint Paul (1Co 4,7). Ne soyons donc pas avares de nos biens comme s’ils nous appartenaient… On nous en a confié la charge ; nous avons l’usage d’une richesse commune, non la possession éternelle d’un bien propre. Si tu reconnais que ce bien n’est à toi ici-bas que pour un temps, tu pourras acquérir au ciel une possession qui n’aura pas de fin. Rappelle-toi ces serviteurs dans l’Évangile qui avaient reçu des talents de leur maître, et ce que le maître, à son retour, a rendu à chacun d’eux ; tu comprendras alors que déposer son argent sur la table du Seigneur pour le faire fructifier est beaucoup plus profitable que de le conserver avec une fidélité stérile sans qu’il rapporte rien au créancier, au grand dommage du serviteur inutile dont le châtiment sera d’autant plus lourd…

Prêtons donc au Seigneur les biens que nous avons reçus de lui. Nous ne possédons rien en effet qui ne soit un don du Seigneur, et nous n’existons que parce qu’il le veut. Que pourrions-nous considérer comme nôtre, puisque, en vertu d’une dette énorme et privilégiée, nous ne nous appartenons pas ? Car Dieu nous a créés, mais il nous a aussi rachetés. Rendons grâces donc : rachetés à grand prix, au prix du sang du Seigneur, nous ne sommes plus des choses sans valeur… Rendons au Seigneur ce qu’il nous a donné. Donnons à Celui qui reçoit en la personne de chaque pauvre. Donnons avec joie, pour recevoir de lui dans l’allégresse, comme il l’a promis.

Saint Paulin de Nole (355-431), évêque
Lettre 34, 2-4 ; PL 61, 345-346 (trad. Orval et Delhougne, Les Pères commentent, p. 305)

 

 

 

« Venez à moi, vous tous qui peinez. »

jeudi 15 juillet 2021

Venez à moi, et je vous soulagerai. (…) Vous avez goûté le chemin du monde : goûtez maintenant le mien, et s’il ne vous plaît pas, vous le fuirez. Vous avez porté les fardeaux pesants du monde, et vous avez senti combien ils sont lourds : laissez-vous persuader et prenez sur vous mon joug ; vous apprendrez par l’expérience combien il est doux et léger. Je ne ferai pas de vous ces riches qui ont besoin de beaucoup de choses, mais des riches véritables qui n’ont besoin de rien ; car le riche n’est pas celui qui possède beaucoup, mais celui à qui rien ne manque. Chez moi, si vous renoncez à tout, vous serez riches. (…) Mais si vous cherchez à rassasier votre cupidité, elle augmentera votre faim. La faim vient en mangeant : plus le riche s’enrichit, plus il est pauvre ; plus on amasse de l’argent, plus on veut amasser ; plus on acquiert, plus on veut acquérir. (…)

Venez donc à moi, vous tous qui êtes fatigués par la richesse, et reposez-vous dans la pauvreté ; venez, les maîtres de biens et de possessions, et prenez plaisir au renoncement. Venez, les amis du monde qui n’a qu’un temps, et découvrez le goût du monde éternel. Vous avez fait l’expérience de votre monde : venez faire l’expérience du mien. Vous avez fait l’épreuve de votre richesse : venez essayer ma pauvreté. Votre richesse est une richesse ; ma pauvreté est la richesse. Ce n’est pas une grande chose que la richesse soit appelée une richesse, mais ce qui est admirable et grand, c’est que la pauvreté est la richesse, et que l’humilité est la grandeur.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523)

 

 

« Heureux les pauvres en esprit » (Mt 5,3)

lundi 17 août 2020

Il ne faut pas rejeter les biens susceptibles d’aider notre prochain. La nature des possessions est d’être possédées ; celle des biens est de répandre le bien ; Dieu les a destinés au bien-être des hommes. Les biens sont entre nos mains comme des outils, des instruments dont on tire un bon emploi si on sait les manier. (…) La nature a fait de la richesse une servante, non une maîtresse. Il ne faut donc pas la décrier, puisqu’elle n’est en soi ni bonne ni mauvaise, mais parfaitement innocente. De nous seuls dépend l’usage, bon ou mauvais, que nous en ferons : notre esprit, notre conscience sont entièrement libérés de disposer à leur guise des biens qui leur ont été confiés. Détruisons donc, non pas nos biens, mais les passions qui en pervertissent l’usage. Lorsque nous serons devenus honnêtes, nous saurons alors user honnêtement de notre fortune. Ces biens dont on nous dit de nous défaire, comprenons bien que ce sont les passions de l’âme. (…) Vous ne gagnez rien à vous appauvrir de votre argent, si vous demeurez riches de passions. (…)

Voilà comment le Seigneur conçoit l’usage des biens extérieurs : nous devons nous défaire non pas d’un argent qui nous fait vivre, mais des forces qui nous en font mal user, c’est-à-dire les maladies de l’âme, les passions. (…) Il faut purifier notre âme c’est-à-dire la rendre pauvre et nue et écouter en cet état l’appel du Sauveur : « Viens, suis-moi ». Il est la voie où marche celui qui a le cœur pur. (…) Celui-ci considère sa fortune, son or, son argent, ses maisons comme des grâces de Dieu, et lui témoigne sa reconnaissance en secourant les pauvres de ses propres fonds. Il sait qu’il possède ces biens plus pour ses frères que pour lui-même ; il reste plus fort que ses richesses, bien loin d’en devenir l’esclave ; il ne les enferme pas en son âme (…). Et si un jour son argent vient à disparaître, il accepte sa ruine d’un cœur aussi joyeux qu’aux plus beaux jours. Cet homme, dis-je, Dieu le déclare bienheureux et l’appelle « pauvre en esprit » (Mt 5,3), héritier assuré du Royaume des cieux qui sera fermé à ceux qui n’auront pu se passer de leur opulence

Saint Clément d’Alexandrie (150-v. 215)

 

 

 

Reconnaître aujourd’hui les biens éternels

vendredi 25 octobre 2019

À côté du bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société : le bien commun. C’est le bien du « nous-tous », constitué d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui forment une communauté sociale. Ce n’est pas un bien recherché pour lui-même, mais pour les personnes qui font partie de la communauté sociale… C’est une exigence de la justice et de la charité que de vouloir le bien commun et de le rechercher…

Tout chrétien est appelé à vivre cette charité, selon sa vocation et selon ses possibilités d’influence au service de la pólis, de la cité. C’est là la voie institutionnelle — politique peut-on dire aussi — de la charité, qui n’est pas moins qualifiée et déterminante que la charité qui est directement en rapport avec le prochain, hors des médiations institutionnelles de la cité. L’engagement pour le bien commun, quand la charité l’anime, a une valeur supérieure à celle de l’engagement purement séculier et politique. Comme tout engagement en faveur de la justice, il s’inscrit dans le témoignage de la charité divine qui, agissant dans le temps, prépare l’éternité.

Quand elle est inspirée et animée par la charité, l’action de l’homme contribue à l’édification de cette cité de Dieu universelle vers laquelle avance l’histoire de la famille humaine. Dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et l’engagement en sa faveur ne peuvent pas ne pas assumer les dimensions de la famille humaine tout entière, c’est-à-dire de la communauté des peuples et des nations, au point de donner forme d’unité et de paix à la cité des hommes, et d’en faire, en quelque sorte, la préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu.

Benoît XVI