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Archive pour le mot-clef ‘St Paulin de Nole’

« Elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

lundi 21 novembre 2022

Souvenons-nous de cette veuve qui, par souci des pauvres, s’oubliait elle-même au point de donner tout ce qui lui restait pour vivre en pensant seulement à la vie à venir, comme l’atteste le Seigneur lui-même. Les autres avaient donné de leur superflu. Mais elle, plus pauvre peut-être que beaucoup de pauvres, puisque toute sa fortune se réduisait à deux pièces de monnaie, elle était plus riche dans son cœur que tous les riches.

Elle ne regardait que vers les richesses de la récompense éternelle ; désirant les trésors du ciel, elle a renoncé à tout ce qu’elle possédait, comme à des biens venant de la terre et retournant à la terre (Gn 3,19). Elle a donné ce qu’elle avait pour posséder ce qu’elle ne voyait pas ; elle a donné des biens périssables pour acquérir des biens immortels. Cette petite pauvre n’a pas oublié les moyens prévus et disposés par le Seigneur pour obtenir la récompense future. C’est pourquoi le Seigneur, lui non plus, ne l’a pas oubliée, et déjà le juge du monde a prononcé d’avance sa sentence : il fait l’éloge de celle qu’il doit couronner au jour du jugement

Saint Paulin de Nole (355-431)

 

 

 

 

« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1Co 4,7)

jeudi 11 août 2022

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« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » nous dit saint Paul (1Co 4,7). Ne soyons donc pas avares de nos biens comme s’ils nous appartenaient… On nous en a confié la charge ; nous avons l’usage d’une richesse commune, non la possession éternelle d’un bien propre. Si tu reconnais que ce bien n’est à toi ici-bas que pour un temps, tu pourras acquérir au ciel une possession qui n’aura pas de fin. Rappelle-toi ces serviteurs dans l’Évangile qui avaient reçu des talents de leur maître, et ce que le maître, à son retour, a rendu à chacun d’eux ; tu comprendras alors que déposer son argent sur la table du Seigneur pour le faire fructifier est beaucoup plus profitable que de le conserver avec une fidélité stérile sans qu’il rapporte rien au créancier, au grand dommage du serviteur inutile dont le châtiment sera d’autant plus lourd…

Prêtons donc au Seigneur les biens que nous avons reçus de lui. Nous ne possédons rien en effet qui ne soit un don du Seigneur, et nous n’existons que parce qu’il le veut. Que pourrions-nous considérer comme nôtre, puisque, en vertu d’une dette énorme et privilégiée, nous ne nous appartenons pas ? Car Dieu nous a créés, mais il nous a aussi rachetés. Rendons grâces donc : rachetés à grand prix, au prix du sang du Seigneur, nous ne sommes plus des choses sans valeur… Rendons au Seigneur ce qu’il nous a donné. Donnons à Celui qui reçoit en la personne de chaque pauvre. Donnons avec joie, pour recevoir de lui dans l’allégresse, comme il l’a promis.

Saint Paulin de Nole (355-431), évêque
Lettre 34, 2-4 ; PL 61, 345-346 (trad. Orval et Delhougne, Les Pères commentent, p. 305)

 

 

 

« Qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

vendredi 11 août 2017

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Accomplissant le dessein mystérieux de sa bonté, le Seigneur assume la condition de serviteur et consent à s’abaisser pour nous jusqu’à la mort de la croix (Ph 2,8). Par cet abaissement visible, il réalise notre élévation jusqu’au ciel, qui est intérieure et invisible. Regarde où nous étions tombés dès le commencement ; comprends-le bien, c’est par le dessein de la sagesse et de la bonté de Dieu que nous sommes rendus à la vie. Avec Adam nous étions tombés par orgueil ; c’est pourquoi nous nous abaissons dans le Christ afin d’effacer l’ancienne faute par la pratique de la vertu opposée. Nous avons offensé le Seigneur par orgueil, nous lui plaisons maintenant par notre humilité.

Réjouissons-nous, glorifions-nous dans le Seigneur qui a fait nôtres son combat et sa victoire en nous disant : « Courage, car j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33)… Lui, l’invincible, combattra pour nous et il vaincra en nous. Alors le prince des ténèbres sera jeté dehors (cf Jn 12,31), car s’il n’est pas chassé du monde où il est partout, il est chassé du cœur de l’homme : la foi, lorsqu’elle pénètre en nous, le repousse pour faire place au Christ dont la présence jette le péché dehors…

Que les orateurs gardent leur éloquence, les philosophes leur sagesse, les rois leurs royaumes : pour nous, la gloire, les richesses et le royaume, c’est le Christ ; pour nous la sagesse, c’est la folie de l’Évangile ; pour nous la force, c’est la faiblesse de la chair, et la gloire, c’est le scandale de la croix (1Co 1,18-23).

Saint Paulin de Nole (355-431), évêque
Lettre 38, 3-4.6 ; PL 61, 359 (trad. Orval rev.)