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Archive pour le mot-clef ‘veillez’

Le samedi saint (Veillée Pascale)

samedi 30 mars 2024

« Prodige effrayant, comment la tombe te retient-elle, mon enfant, toi que les limites du monde ne contiennent pas ? », demandait la Vierge, « la lumière de mes yeux s’obscurcit, je ne comprends pas comment, Soleil sans couchant, je peux te voir disparaître sous la terre ! » (…)

Le soleil se revêtait de ténèbres en te voyant, toi l’Un de la Trinité, cacher tes rayons sous la terre et dépouiller les cavernes de l’Enfer, rachetant de vive force le condamné aux fers et lui remettant sa peine.

Accourez toutes, âmes des fidèles qui vous hâtez vers le tombeau avec des parfums, car voici qu’éclate la bonne nouvelle de la joie et de l’allégresse : le Christ Sauveur est ressuscité avec puissance, délivrant de la corruption tous les enchaînés.

Rejetant toute la tristesse qui nous étreint, allons résolument former des chœurs pour la résurrection du Christ, clamons nous aussi à pleine voix son salut « Réjouissez-vous ! » et prenons-le pour nous-mêmes dans une pensée de foi, car voici qu’il est ressuscité, emplissant l’univers de joie.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

Accueillons et attendons le Seigneur !

jeudi 16 novembre 2023

Le vrai Christ, le Fils unique de Dieu, ne reviendra plus sur la terre. Si quelqu’un vient dans les déserts, comme une apparition, ne sors pas le voir. « Si l’on dit : voici le Christ ici, le voilà là, ne le crois pas » (Mc 13,21). Ne regarde plus désormais en bas et vers la terre. Car le Maître descendra des cieux. Non pas seul comme auparavant, mais avec une nombreuse compagnie, escorté de myriades d’anges ; non pas mystérieusement, comme la pluie sur la toison, mais comme l’éclair qui brille avec éclat. Lui-même dit en effet : « Comme l’éclair sort de l’Orient et brille jusqu’à l’Occident, ainsi en sera-t-il du Fils de l’homme » (Mt 24,27). Et à nouveau : « Ils verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ; et il enverra ses anges avec la grande trompette » (Mt 24, 30.31). (…)

Accueillons et attendons le Seigneur qui vient des cieux sur les nuées. Alors retentiront les trompettes angéliques ; ceux qui reposent dans le Christ ressusciteront les premiers ; parmi les vivants, ceux qui pratiquent la piété seront enlevés dans les nuées et recevront le prix de leurs épreuves, un hommage plus qu’humain puisqu’ils auront supporté des combats surhumains. Ainsi l’écrit l’apôtre Paul en ces mots : « Le Seigneur lui-même, à un signal, à la voix de l’archange et à la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et d’abord, les morts dans le Christ ressusciteront ; ensuite nous, les vivants, les laissés pour compte, nous seront en même temps qu’eux et avec eux enlevés dans les nuées à la rencontre du Seigneur, dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Th 4,16.17).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

« Nos lampes s’éteignent. »

vendredi 1 septembre 2023

Je ne suis pas devenu sage (…),
Comme l’étaient les cinq vierges sages ;
Le bien facile avec le difficile,
Je ne l’ai point acquis.
Mais je suis devenu le dernier des insensés
En ne conservant pas de l’huile pour ma lampe :
C’est-à-dire la miséricorde avec la virginité,
Ou bien encore l’onction de la Fontaine sacrée [du baptême] (…).

C’est pourquoi les portes de la salle des noces
Sont fermées à moi aussi dans ma négligence.
Mais ici-bas, tandis que je suis dans un corps,
Ô Toi, mon Époux, écoute mon âme épouse (…);
Dès maintenant je crie d’une voix pitoyable :
« Ouvre-moi ta porte céleste,
Introduis-moi dans ta chambre nuptiale là-haut,
Rends-moi digne du saint baiser,
De l’étreinte pure et immaculée.
Que je n’entende pas la voix
Qui répond ne pas me connaître.
Mais grâce à ta lumière veuille allumer
Le flambeau éteint de mon esprit, à moi l’aveugle ! »

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

« Veillez car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. »

jeudi 31 août 2023

Le monde visible passera et celui que nous attendons viendra, plus beau que lui ; mais que nul ne se mêle de savoir la date « car il ne nous appartient pas, dit Jésus Christ, de connaître les temps ou moments que le Père a fixés dans sa puissance » (Ac 1,7). N’aie donc ni l’audace de mettre en avant une date pour ces évènements, ni la négligence de te rendormir, car : « Veillez, dit le Christ ; c’est à l’heure où vous ne vous y attendez pas que viendra le Fils de l’homme » (Mt 24,42-44).

Mais il fallait que nous connussions les signes de la fin ; de plus, nous attendons le Christ ; alors, pour nous éviter de mourir déçus et d’être égarés par l’Antichrist menteur, les apôtres, mus par un choix divin, viennent, selon le plan salvifique, trouver le Maître véridique et le questionnent : « Dis-nous quand ces évènements se produiront et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du siècle » (Mt 24, 3). Nous attendons ton retour, mais Satan se transforme en ange de lumière. Fixe-nous donc, pour que nous n’en adorions pas un autre au lieu de toi !

Et lui, ouvrant sa bouche divine et bienheureuse, de dire : « Prenez garde que nul ne vous égare » (Mt 24,4). Et vous, auditeurs, qui des yeux de l’intelligence le voyez en quelque sorte, écoutez-le vous répéter à vous aussi : « Prenez garde que nul ne vous égare ! » (…) « Beaucoup en effet viendront en mon nom, disant : c’est moi qui suis le Christ, et ils en égareront un grand nombre » (Mt 24,4.5). (…) « Veillez donc, dit le Seigneur, parce que vous ne savez pas quel jour le Seigneur viendra » (Mt 24,42).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Le samedi saint (Veillée Pascale)

samedi 8 avril 2023

Toutes les veillées que l’on célèbre en l’honneur du Seigneur sont agréables à Dieu et agréées de lui, mais cette veille-ci est au-dessus de toutes les autres. C’est pourquoi cette nuit porte tout particulièrement le titre de « veillée du Seigneur ». Nous lisons en effet : « C’est la veillée du Seigneur, que tous les fils d’Israël doivent observer » (Ex 12,42). Cette nuit porte bien son titre parce que le Seigneur s’est éveillé vivant afin que nous ne restions pas endormis dans la mort. En effet, il a souffert pour nous le sommeil de la mort par le mystère de sa Passion ; mais ce sommeil du Seigneur est devenu la veillée du monde entier, parce que la mort du Christ a chassé loin de nous le sommeil de la mort éternelle. Il le déclare lui-même par le prophète : « J’ai dormi et je me suis réveillé, et mon sommeil a été doux » (Ps 3,6; Jr 31,26). Ce sommeil du Christ, qui nous a rappelés de l’amertume de la mort à la douceur de la vie, n’a pu être que doux.

Salomon a écrit : « Je dors, mais mon cœur veille » (Ct 5,2). Ces paroles manifestent, de toute évidence, le mystère de la divinité et de la chair du Seigneur. Il a dormi selon la chair, mais sa divinité veillait, car la divinité ne pouvait pas dormir…: « Il ne dort ni ne sommeille celui qui garde Israël » (Ps 120,4)… Il a dormi selon la chair, mais sa divinité visitait les enfers pour en tirer l’homme qui y était retenu captif ; notre Seigneur et Sauveur a voulu visiter tous les lieux pour faire miséricorde à tous. Il est descendu du ciel sur la terre pour visiter le monde ; il est descendu encore de la terre aux enfers pour porter la lumière à ceux qui y étaient captifs, selon la parole du prophète : « Vous qui êtes assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, la lumière s’est levée sur vous » (Is 9,1).

C’est pourquoi, les anges dans le ciel, les hommes sur la terre, et les âmes des fidèles dans le séjour des morts célèbrent cette veillée du Seigneur… Si le repentir d’un seul pécheur, comme on le lit dans l’Évangile, est cause de joie pour les anges dans le ciel (Lc 15,7.10), combien plus la rédemption du monde entier ?… Cette veillée, donc, n’est pas seulement une fête pour les hommes et les anges, mais aussi pour le Père, le Fils et le Saint Esprit, parce que le salut du monde c’est la joie de la Trinité.

Saint Chromace d’Aquilée (?-407)

 

 

 

« C’est à l’heure où vous n’y penserez pas, que le Fils de l’homme viendra. »

dimanche 27 novembre 2022

En vérité, mes frères, c’est dans l’exultation de l’esprit qu’il faut aller à la rencontre du Christ qui vient. (…) Que notre esprit se lève donc dans un transport de joie et s’élance au-devant de son Sauveur (…). Je pense, en effet, que nous sommes invités en tant de passages des Écritures à aller à sa rencontre pas seulement à propos du second avènement, mais même à propos du premier. (…)

Avant même son avènement, donc, que le Seigneur vienne à vous ; avant d’apparaître au monde entier, qu’il vienne vous visiter familièrement, lui qui a dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens vers vous » (Jn 14,18). Car en cette période intermédiaire entre son premier et son dernier avènement il y a un avènement du Seigneur fréquent et familier, selon le mérite et la ferveur de chacun, qui nous forme selon le premier et nous prépare au dernier. (…) Par son avènement actuel il travaille à réformer notre orgueil, à nous rendre semblables à cette humilité qu’il a montrée dans son premier avènement, et à refaçonner « notre corps de misère à l’image de son corps glorieux » (Ph 3,21) qu’il nous montrera quand il reviendra. C’est pourquoi il nous faut désirer de tous nos vœux et demander avec ferveur cet avènement familier, qui nous donne la grâce du premier avènement et nous promet la gloire du dernier. (…)

Le premier avènement a été humble et caché ; le dernier sera manifeste et admirable. Celui dont je parle est caché, mais il est également admirable ; je le dis caché, non qu’il soit ignoré de celui à qui il arrive, mais parce qu’il advient secrètement en lui. (…) Il arrive sans être vu et il s’éloigne sans qu’on s’en aperçoive. Sa seule présence est pour l’âme et l’esprit une lumière qui fait voir l’invisible et connaître l’inconnaissable. (…) Cet avènement du Seigneur jette l’âme de celui qui le contemple dans une douce et heureuse admiration ; de son tréfonds jaillit ce cri : « Seigneur, qui est semblable à toi ? » (Ps 34,10). Ceux qui l’ont éprouvé le savent. Plaise à Dieu que ceux qui ne l’ont pas éprouvé en éprouvent le désir !

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

Prier en tout temps, debout devant le Fils de l’homme

samedi 26 novembre 2022

« Faites ceci en mémoire de moi. Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez ce calice, vous annoncez ma mort, vous confessez ma résurrection. » Nous faisons donc mémoire, Seigneur, des souffrances du Christ qui donnent le salut, de sa croix qui donne la vie, de son ensevelissement pendant trois jours, de sa résurrection d’entre les morts, de son ascension au ciel, de sa présence à ta droite, Père, et de son second avènement, glorieux et redoutable, en t’offrant de ce qui t’appartient ces choses qui sont de toi.

En tout et pour tout, nous te chantons, nous te bénissons, nous te rendons grâce, Seigneur, et nous te prions, notre Dieu. C’est pourquoi, Maître très saint, nous qui avons été jugés dignes de servir à ton très saint autel, non pour notre justice, car nous n’avons rien fait de bon sur la terre, mais à cause de ta bonté et de tes surabondantes miséricordes, nous osons nous approcher de ton autel, nous offrons le sacrement du saint corps et du sang sacré de ton Christ. Nous te prions et nous t’invoquons, ô Saint des Saints : que par ta bonté et ta bienveillance vienne ton Esprit Saint sur nous et sur les dons ici présents, qu’il les bénisse et les sanctifie, qu’il consacre ce pain au précieux corps de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ (Le diacre dit : Amen) et ce calice au précieux sang de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ (Le diacre dit : Amen) répandu pour la vie du monde. (Le diacre dit : Amen).

Que nous tous qui participons à l’unique pain et à l’unique calice, nous soyons unis les uns aux autres dans la communion de l’unique Esprit Saint, et qu’aucun parmi nous ne participe au saint corps et au sang sacré de ton Christ pour son jugement ou sa condamnation, mais que nous trouvions pitié et grâce, avec tous les saints qui depuis le commencement te furent agréables. (…) Et donne-nous de glorifier et d’acclamer d’une seule voix et d’un seul cœur ton nom adorable et merveilleux : Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen

La Divine Liturgie de Saint Basile (4e siècle)

 

 

 

 

« On mangeait, on buvait, on achetait, on vendait. »

vendredi 11 novembre 2022

Le Seigneur a fait à ses disciples de grandes recommandations pour que leur esprit secoue comme une poussière tout ce qui est terrestre dans la nature et s’élève au désir des réalités surnaturelles. C’est qu’il faut, quand on se tourne vers la vie d’en haut, être plus forts que le sommeil et garder toujours l’esprit vigilant. (…) Je parle de cet assoupissement de ceux qui sont enfoncés dans le mensonge de la vie par ces rêves illusoires que sont les honneurs, les richesses, le pouvoir, le faste, la fascination des plaisirs, l’ambition, la soif de jouissance, la vanité et tout ce que l’imagination entraîne les hommes superficiels à poursuivre follement. Toutes ces choses s’écoulent avec la nature éphémère du temps ; elles sont du domaine du paraître (…) ; à peine ont-elles paru exister, elles disparaissent comme les vagues sur la mer. (…)

C’est pour que notre esprit soit dégagé de ces illusions que le Verbe, la Parole de Dieu, nous invite à secouer des yeux de l’âme ce sommeil profond, afin que nous ne glissions pas loin des réalités véritables en nous attachant à ce qui n’a pas de consistance. C’est pourquoi il nous propose la vigilance, en nous disant : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées » (Lc 12,35). Car la lumière, en brillant devant les yeux, chasse le sommeil, et les reins serrés par la ceinture empêchent le corps d’y succomber. (…) Celui qui est ceint par la tempérance vit dans la lumière d’une conscience pure ; la confiance filiale illumine sa vie comme une lampe. (…) Si nous vivons comme cela, nous entrerons dans une vie semblable à celle des anges.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

« Comme vous n’êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur. » (1Th 5,4)

mercredi 19 octobre 2022

« Israël, sois prêt à marcher à la rencontre du Seigneur, car il vient » (cf Am 4,12). Et vous aussi, mes frères, « soyez prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas ». Rien de plus sûr que sa venue, mais rien de plus incertain que le moment de cette venue. En effet, il nous appartient si peu de connaître les temps ou les moments que le Père, en sa puissance, a fixés, qu’il n’est même pas donné aux anges qui l’entourent d’en savoir le jour ni l’heure (Ac 1,7; Mt 24,36).

Notre dernier jour aussi viendra, c’est chose très certaine ; mais quand, où et comment, cela nous est très incertain ; nous savons seulement, comme on l’a dit avant nous, que « vis-à-vis des vieillards il se tient sur le seuil, tandis que vis-à-vis des jeunes gens il se tient à l’affût » (S. Bernard)… Il ne faudrait pas que ce jour nous saisisse à l’improviste, non préparés, comme un voleur pendant la nuit… Que la crainte, demeurant en éveil, nous rende toujours prêts, jusqu’à ce que la sécurité succède à la crainte, et non la crainte à la sécurité. « Je serai vigilant, dit le Sage, afin de me préserver du péché » (Ps 17,24), ne pouvant pas me préserver de la mort. Il sait, en effet, que « le juste, surpris par la mort, trouvera le repos » (Sg 4,7) ; bien plus, ils triomphent de la mort, ceux qui n’ont pas été esclaves du péché pendant leur vie. Que c’est beau, mes frères, quel bonheur, non seulement d’être en sécurité devant la mort, mais encore d’en triompher avec gloire, fort du témoignage de sa conscience.

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

« Cette nuit même, on te redemande ta vie. »

lundi 17 octobre 2022

Seigneur, rends-moi digne de mépriser ma vie pour la vie qui est en toi. La vie dans ce monde est semblable à ceux qui se servent des lettres pour former des mots. Lorsqu’on le veut, on ajoute, on retranche, on change les lettres. Mais la vie du monde à venir est semblable à ce qui est écrit sans la moindre faute dans des livres scellés du sceau royal, où il n’y a rien à ajouter et où rien ne manque. Donc tant que nous sommes au milieu du changement, soyons attentifs à nous-mêmes. Tant que nous avons pouvoir sur le manuscrit de notre vie, sur ce que nous avons écrit de nos mains, efforçons-nous d’y ajouter ce que nous faisons de bien et effaçons les défauts de notre première conduite. Tant que nous sommes en ce monde, Dieu n’appose le sceau ni sur le bien ni sur le mal. Il ne le fait qu’à l’heure de notre exode, quand s’achève notre œuvre, au moment où nous allons partir.

Comme l’a dit saint Ephrem, il nous faut considérer que notre âme est semblable à un navire prêt au voyage mais qui ne sait pas quand va venir le vent, ou encore qu’elle est semblable à une armée qui ne sait pas quand va sonner la trompette qui annonce le combat. S’il dit cela du navire et de l’armée qui attendent une chose qui peut-être n’arrivera pas, combien faut-il que nous nous préparions avant que vienne ce jour brusquement, que soit jeté le pont et soit ouverte la porte du monde nouveau ? Puisse le Christ, le médiateur de notre vie, nous donner d’être prêts.

Isaac le Syrien (7e siècle)