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Archive pour le mot-clef ‘Europe’

Saint Benoît, patron de l’Europe

mardi 11 juillet 2023

Messager de paix, artisan d’unité, maître de civilisation, et, avant tout, héraut de la religion du Christ et fondateur de la vie monastique en Occident, tels sont les titres qui justifient la renommée de saint Benoît, abbé. Alors que s’écroulait l’Empire romain désormais à son terme, que des régions de l’Europe s’enfonçaient dans les ténèbres et que d’autres ne connaissaient pas encore la civilisation et les valeurs spirituelles, c’était lui qui, par son effort constant et assidu, a fait se lever sur ce continent l’aurore d’une ère nouvelle. C’est principalement lui et ses fils qui, avec la croix, le livre et la charrue, apporteront le progrès chrétien aux populations s’étendant de la Méditerranée à la Scandinavie, de l’Irlande aux plaines de la Pologne.

Avec la croix, c’est-à-dire avec la loi du Christ, il a affermi et a développé l’organisation de la vie publique et privée. Il convient de rappeler qu’il a enseigné aux hommes la primauté du culte divin avec l’Office divin, c’est-à-dire la prière liturgique et assidue. (…) Avec le livre, ensuite, c’est-à-dire avec la culture : au moment où le patrimoine humaniste allait se perdre, saint Benoît, en donnant renom et autorité à tant de monastères, a sauvé la tradition classique des anciens avec une sollicitude providentielle, en la transmettant intacte à la postérité et en restaurant l’amour du savoir.

Et enfin avec la charrue, c’est-à-dire avec l’agriculture et d’autres initiatives analogues, il a réussi à transformer des terres désertiques et incultes en champs très fertiles et en jardins gracieux. En unissant la prière au travail matériel, selon son mot célèbre : « Ora et labora » (Prie et travaille), il a ennobli et a élevé le travail de l’homme. C’est pourquoi le pape Pie XII a salué à juste titre dans saint Benoît le « père de l’Europe » (…).

Saint Paul VI

 

 

 

Fête des saints Cyrille, moine, et Méthode, évêque, patrons de l’Europe

mardi 14 février 2023

Depuis le début de l’ère apostolique, qui a semé l’Évangile sur cette terre d’Europe et l’a irriguée par le sang des martyrs, s’est développé ce processus pluri-séculaire, continu et fécond, qui a imprégné l’Europe de la sève chrétienne. Les saints patrons de l’Europe, saint Benoît et les saints Cyrille et Méthode sont, de manière particulière, des témoins de ce processus. Le charisme propre de leur œuvre évangélisatrice consiste dans le fait qu’ils ont posé des germes, qu’ils ont fait naître des formes et des styles d’incarnation de l’Évangile dans le tissu culturel et social et dans l’esprit des peuples européens qui étaient en train de se former. (…) Ces saint patrons (…) restent aussi un modèle et une inspiration actuels pour nous, parce que l’œuvre d’évangélisation, dans la situation particulière où l’Europe se trouve aujourd’hui, est appelée à proposer une nouvelle synthèse créatrice entre Évangile et vie.

Il faut être conscient de l’importance de greffer l’évangélisation renouvelée sur ces racines communes de l’Europe. (…) Ces racines chrétiennes sont particulièrement riches et inspiratrices, parce qu’elles s’appuient sur la même foi, se réfèrent à la même Église indivise. (…) D’autre part, nous devons aussi considérer que ces racines communes sont doubles. Car elles ont pris la forme de deux courants de traditions chrétiennes théologiques, liturgiques, ascétiques, et de deux modèles de culture, divers, non pas opposés mais au contraire complémentaires et qui s’enrichissent mutuellement. Benoît a imprégné la tradition chrétienne et culturelle de l’Occident de l’esprit de la latinité, plus logique et rationnel ; Cyrille et Méthode sont les représentants de l’antique culture grecque, plus intuitive et mystique, et sont vénérés comme les pères de la tradition des peuples slaves.

Il nous appartient de recueillir l’héritage de cette pensée riche et complémentaire et de trouver les moyens et les méthodes appropriés pour son actualisation et une communication spirituelle plus intense entre l’Orient et l’Occident.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein), vierge et martyre, copatronne de l’Europe

mardi 9 août 2022

L’amour du Christ a été le feu qui a embrasé la vie de Thérèse Bénédicte de la Croix. Avant même de s’en rendre compte, elle en a été totalement consumée. Au début, son idéal a été la liberté. Pendant longtemps, Édith Stein a vécu l’expérience de la recherche. Son esprit ne se lassait pas de chercher et son cœur d’espérer. Elle a parcouru le chemin difficile de la philosophie avec une ardeur passionnée et, à la fin, elle a été récompensée : elle a conquis la vérité, ou plutôt, elle a été conquise. En effet, elle a découvert que la vérité portait un nom : Jésus Christ. À partir de ce moment, le Verbe incarné a été tout pour elle. Considérant cette période de sa vie d’un point de vue de carmélite, elle écrivait à une bénédictine : « Consciemment ou inconsciemment, qui cherche la vérité cherche Dieu ».

Bien qu’elle ait été élevée dans la religion juive de sa mère, Édith Stein, à quatorze ans, « avait librement décidé d’abandonner la prière ». Elle ne voulait compter que sur elle-même, soucieuse d’affirmer sa propre liberté dans ses choix de vie. À la fin d’un long chemin, il lui a été donné de parvenir à une constatation surprenante : seul celui qui se lie à l’amour du Christ devient vraiment libre. L’expérience de cette femme, qui a affronté les défis d’un siècle tourmenté comme le nôtre, représente un exemple pour nous : le monde moderne invite à franchir la porte attrayante de la permissivité, ignorant la porte étroite du discernement et du renoncement. C’est pourquoi je m’adresse spécialement à vous, jeunes chrétiens (…) : méfiez-vous, gardez-vous de concevoir votre vie comme une porte ouverte à tous les choix ! Écoutez la voix de votre cœur ! Ne soyez pas superficiels, mais allez au fond des choses. Et lorsque le moment sera venu, ayez le courage de vous décider. Le Seigneur attend que vous placiez votre liberté entre ses mains miséricordieuses.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Sainte Brigitte, femme de prière pour l’Église de son temps

samedi 23 juillet 2022

Devenue veuve, Brigitte commença la deuxième période de sa vie. Elle renonça à contracter un autre mariage pour approfondir l’union avec le Seigneur à travers la prière, la pénitence et les œuvres de charité. Les veuves chrétiennes peuvent donc trouver elles aussi chez cette sainte un modèle à suivre. En effet, à la mort de son mari, Brigitte, après avoir distribué ses biens aux pauvres, tout en ne choisissant jamais la consécration religieuse, s’installa au monastère cistercien d’Alvastra. C’est là que commencèrent les révélations divines qui l’accompagnèrent pendant tout le reste de sa vie. (…)

En lisant ces révélations, nous sommes interpellés sur des thèmes importants. Par exemple, on retrouve fréquemment la description, avec des détails très réalistes, de la Passion du Christ, pour laquelle Brigitte eut toujours une dévotion privilégiée, contemplant dans celle-ci l’amour infini de Dieu pour les hommes. Sur les lèvres du Seigneur qui lui parle, elle place avec audace ces paroles émouvantes : « Ô mes amis, j’aime si tendrement mes brebis, que, s’il était possible, j’aimerais mieux mourir autant de fois pour chacune d’elles de la mort que je souffris pour la rédemption de toutes, que d’en être privé » (1, 59). La maternité douloureuse de Marie, qui en fit la Médiatrice et la Mère de miséricorde, est aussi un thème qui revient souvent dans les Révélations.

En recevant ces charismes, Brigitte était consciente d’être la destinataire d’un don de grande prédilection de la part du Seigneur : « Or, vous, ma fille (…), que j’ai choisie pour moi […], aimez-moi de tout votre cœur […], mais plus que tout ce qui est au monde » (1, 1). Du reste, Brigitte savait bien, et elle en était fermement convaincue, que chaque charisme est destiné à édifier l’Église. C’est précisément pour ce motif qu’un grand nombre de ses révélations étaient adressées, sous formes d’avertissements parfois sévères, aux croyants de son temps, y compris les autorités politiques et religieuses, pour qu’elles vivent de façon cohérente leur vie chrétienne ; mais elle faisait toujours cela avec une attitude de respect et en pleine fidélité au Magistère de l’Église, en particulier au Successeur de l’apôtre Pierre.

Benoît XVI

 

 

 

 

Saint Benoît, patron de l’Europe

lundi 11 juillet 2022

Je voudrais parler aujourd’hui de saint Benoît, fondateur du monachisme occidental et aussi patron de mon pontificat. Je commence par une parole de saint Grégoire le Grand, qui écrit à propos de saint Benoît : « L’homme de Dieu qui brilla sur cette terre par de si nombreux miracles, ne brilla pas moins par l’éloquence avec laquelle il sut exposer sa doctrine » (Dial. II, 36). Telles sont les paroles que ce grand pape a écrit en l’an 592 ; le saint moine était mort à peine cinquante ans auparavant et il était encore vivant dans la mémoire des personnes et en particulier dans l’ordre religieux florissant qu’il avait fondé. Saint Benoît de Nursie, par sa vie et par son œuvre, a exercé une influence fondamentale sur le développement de la civilisation et de la culture européenne. (…)

Entre le cinquième et le sixième siècle, le monde était bouleversé par une terrible crise des valeurs et des institutions, causée par la chute de l’Empire romain, par l’invasion des nouveaux peuples et par la décadence des mœurs. En présentant saint Benoît comme un « astre lumineux », Grégoire voulait indiquer dans cette situation terrible, précisément ici dans cette ville de Rome, l’issue de la « nuit obscure de l’histoire » (Jean-Paul II). De fait, l’œuvre du saint et en particulier sa Règle se sont révélées porteuses d’un authentique ferment spirituel qui a transformé le visage de l’Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de sa patrie et de son temps, suscitant après la chute de l’unité politique créée par l’empire romain une nouvelle unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent. C’est précisément ainsi qu’est née la réalité que nous appelons « Europe ».

Benoît XVI

 

 

 

Saint Benoît, un modèle pour aujourd’hui

samedi 11 juillet 2020

[Selon la Règle de saint Benoît], pour être en mesure de décider de manière responsable, l’abbé du monastère doit être une personne qui écoute « les avis de ses frères », car « souvent Dieu révèle à un frère plus jeune ce qui est le mieux » (ch. 3). Cette disposition rend étonnamment moderne une Règle écrite il y a presque quinze siècles ! Un homme de responsabilité publique, même à une petite échelle, doit toujours être également un homme qui sait écouter et qui sait apprendre de ce qu’il écoute. (…)

Cette Règle propose des indications utiles non seulement aux moines, mais également à tous ceux qui cherchent un guide sur leur chemin vers Dieu. Par sa modération, son humanité et son sobre discernement entre ce qui est essentiel et ce qui est secondaire dans la vie spirituelle, elle a pu conserver sa force illuminatrice jusqu’à aujourd’hui. Le pape Paul VI, en proclamant Benoît saint patron de l’Europe (…), voulut reconnaître l’œuvre merveilleuse accomplie par le saint à travers la Règle pour la formation de la civilisation et de la culture européenne.

Aujourd’hui, l’Europe — à peine sortie d’un siècle profondément blessé par deux guerres mondiales et après l’effondrement des grandes idéologies qui se sont révélées de tragiques utopies — est à la recherche de son identité. Pour créer une unité nouvelle et durable, les instruments politiques, économiques et juridiques sont assurément importants, mais il faut également susciter un renouveau éthique et spirituel qui puise aux racines chrétiennes du continent. Autrement l’Europe ne pourra pas se reconstruire. Sans cette sève vitale, l’homme reste exposé au danger de succomber à sa vieille tentation de vouloir se racheter tout seul. C’est là une utopie qui, de diverses façons, a causé dans l’Europe du vingtième siècle, comme l’a remarqué le pape Jean-Paul II, « un régression sans précédent dans l’histoire tourmentée de l’humanité ». En recherchant le vrai progrès, écoutons encore aujourd’hui la Règle de saint Benoît comme une lumière pour notre chemin. Le grand moine demeure un véritable maître, et à son école nous pouvons apprendre l’art de vivre le véritable humanisme

Fête de saint Benoît, abbé, patron de l’Europe

 

Fête de sainte Brigitte de Suède, copatronne de l’Europe

mardi 23 juillet 2019

La conversion opérée par l’Évangile a donné comme fruit la sainteté de beaucoup d’hommes et de femmes de notre temps. Non seulement de ceux qui ont été proclamés officiellement comme tels par l’Église, mais aussi de ceux qui, avec simplicité et dans la vie quotidienne, ont donné le témoignage de leur fidélité au Christ. Comment ne pas penser aux innombrables fils et filles de l’Église qui, tout au long de l’histoire du continent européen, ont vécu une généreuse et authentique sainteté dans le secret de la vie familiale, professionnelle et sociale ?

Tous ensemble, tels des « pierres vivantes » adhérant au Christ, la « pierre angulaire » (1P 2,5-6; Ep 2,20), ils ont construit l’Europe comme édifice spirituel et moral, en laissant à la postérité l’héritage le plus précieux. Le Seigneur Jésus l’avait promis : « Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père » (Jn 14,12). Les saints sont la preuve vivante de l’accomplissement de cette promesse et ils encouragent à croire que cela est possible, même dans les heures les plus difficiles de l’histoire.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

Fête de saint Benoît, abbé, patron de l’Europe

jeudi 11 juillet 2019

Tandis que le monde s’était vieilli dans le vice, que l’Italie et l’Europe offraient l’affreux spectacle d’un champ de bataille pour les peuples en conflit, et que les institutions monastiques, elles-mêmes, souillées par la poussière de ce monde, étaient moins fortes qu’il n’aurait fallu pour résister aux attraits de la corruption et les repousser, Benoît, par son action éclatante et sa sainteté, témoigna de l’éternelle jeunesse de l’Église. Il restaura par la parole et par l’exemple la discipline des mœurs, et il entoura la vie religieuse cloîtrée d’un rempart de lois plus efficaces et plus sanctifiantes. Plus encore : par lui-même et par ses disciples, il fit passer les peuples barbares d’un genre de vie sauvage à une culture humaine et chrétienne. Les convertissant à la vertu, au travail, aux occupations pacifiques des arts et des lettres, il les unit entre eux par les liens des relations sociales et de la charité fraternelle. (…)

Du Mont Cassin une lumière nouvelle a resplendi ; alimentée par les enseignements et la civilisation des anciens et surtout réchauffée par la doctrine chrétienne, elle a éclairé les peuples et les nations qui erraient à l’aventure, les rappelant et les dirigeant vers la vérité et le droit chemin. (…)

C’est là que Benoît a porté l’institution monastique à ce genre de perfection, auquel depuis longtemps il s’était efforcé par ses prières, ses méditations et ses expériences. Tel semble bien être, en effet, le rôle spécial et essentiel à lui confié par la divine Providence : non pas tant apporter de l’Orient en Occident l’idéal de la vie monastique, que l’harmoniser et l’adapter avec bonheur au tempérament, aux besoins et aux habitudes des peuples de l’Italie et de toute l’Europe. Par ses soins donc, à la sereine doctrine ascétique qui florissait dans les monastères de l’Orient, se joignit la pratique d’une incessante activité, permettant de « communiquer à autrui les vérités contemplées », et, non seulement de rendre fertiles des terres incultes, mais de produire par les fatigues de l’apostolat des fruits spirituels.

Vénérable Pie XII

 

 

 

Trois saintes, co-patronnes de l’Europe

jeudi 9 août 2018

L’Europe est déjà placée sous la protection céleste de trois grands saints : celle de Benoît de Nursie, père a du monachisme occidental, ainsi que celle des deux frères Cyrille et Méthode, apôtres des Slaves. À ces témoins éminents du Christ, j’ai également voulu associer trois autres figures féminines, afin de souligner le grand rôle que les femmes ont joué et continuent à jouer dans l’histoire ecclésiale et civile du continent, jusqu’à nos jours. Depuis ses tout débuts et bien que conditionnée par les cultures dans lesquelles elle était insérée, l’Église a toujours reconnu la pleine dignité spirituelle de la femme, à commencer par la vocation et la mission personnelle de Marie, Mère du Rédempteur. Dès le début, les chrétiens se sont adressés à ces femmes, telles que Félicité, Perpétue, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile et Anastasie — comme l’atteste le Canon romain — avec une ferveur non moins grande que celle qu’ils réservaient aux hommes saints. Les trois saintes, choisies comme co-patronnes d’Europe, ont toutes un lien spécial avec l’histoire du continent. Ainsi, Edith Stein, qui provenait d’une famille juive ; elle quitta sa brillante carrière de chercheuse pour devenir religieuse carmélite, sous le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix, et mourut dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Elle est le symbole des drames de l’Europe de ce siècle. Quant à Brigitte de Suède et Catherine de Sienne, qui ont toutes deux vécu au XIVe siècle, elles travaillèrent inlassablement pour l’Église et se préoccupèrent de son sort au niveau européen… Toutes les trois expriment admirablement la synthèse entre la contemplation et l’action. Leurs vies et leurs œuvres témoignent, avec une grande éloquence, de la force du Christ ressuscité, vivant dans son Église : la force d’un amour généreux pour Dieu et pour l’homme, la force d’un authentique renouveau moral et civil. Dans ces nouvelles patronnes, si riches de dons que ce soit au plan surnaturel ou humain, les chrétiens et les communautés ecclésiales de toute confession peuvent trouver leur inspiration, ainsi que les citoyens et les États européens, pourvu qu’ils soient sincèrement engagés dans la recherche de la vérité et du bien commun.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape

 

 

Sainte Brigitte de Suède, co-patronne de l’Europe

samedi 23 juillet 2016

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La foi chrétienne a façonné la culture du continent européen et a été mêlée de façon inextricable à son histoire, au point que celle-ci serait incompréhensible sans référence aux événements qui ont caractérisé d’abord la grande période de l’évangélisation, puis les longs siècles au cours desquels le christianisme, malgré la douloureuse division entre l’Orient et l’Occident, s’est affirmé comme la religion des Européens eux-mêmes…

La route vers l’avenir ne peut pas ne pas tenir compte de ce fait ; les chrétiens sont appelés à en prendre une conscience renouvelée afin d’en montrer les potentialités permanentes. Ils ont le devoir d’apporter à la construction de l’Europe une contribution spécifique, qui aura d’autant plus de valeur et d’efficacité qu’ils sauront se renouveler à la lumière de l’Évangile. Ils se feront alors les continuateurs de cette longue histoire de sainteté qui a traversé les diverses régions de l’Europe au cours de ces deux millénaires, où les saints officiellement reconnus ne sont que les sommets proposés comme modèles pour tous. Il y a en effet d’innombrables chrétiens qui, par leur vie droite et honnête, animée par l’amour de Dieu et du prochain, ont atteint, dans les vocations consacrées et laïques les plus diverses, une sainteté véritable et largement diffusée, même si elle était cachée. L’Église ne doute pas que ce trésor de sainteté soit précisément le secret de son passé et l’espérance de son avenir…

C’est pourquoi, complétant ce que j’ai fait quand j’ai déclaré co-patrons de l’Europe, aux côtés de saint Benoît, deux saints du premier millénaire, les frères Cyrille et Méthode, pionniers de l’évangélisation de l’Orient, j’ai pensé compléter le cortège des patrons célestes par trois figures également emblématiques de moments cruciaux du deuxième millénaire qui touche à sa fin : sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix. Trois grandes saintes, trois femmes qui, à des époques différentes –- deux au cœur du Moyen Âge et une en notre siècle –- se sont signalées par l’amour actif de l’Église du Christ et le témoignage rendu à sa croix.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Motu proprio « Spes aedificandi » 01/10/1999 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)