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Archive pour le mot-clef ‘Transfiguration’

Fête de la Transfiguration du Seigneur

samedi 6 août 2022

« Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère » et, les ayant amenés sur une haute montagne, il leur manifesta l’éclat de sa gloire. Car, même s’ils avaient compris que la majesté de Dieu résidait en lui, ils ignoraient que son corps, qui voilait sa divinité, avait part à la puissance de Dieu. Voilà pourquoi le Seigneur avait promis expressément, peu de jours auparavant, que parmi ses disciples « quelques-uns ici présents ne goûteront pas la mort avant de voir le Fils de l’homme venir dans son Royaume » (Mt 16,28), c’est-à-dire dans l’éclat royal…qui convenait spécialement à la nature humaine qu’il avait prise…

Cette transfiguration avait d’abord pour but d’enlever du cœur des disciples le scandale de la croix, pour que l’humilité de la Passion volontairement subie ne trouble pas la foi de ceux qui auraient vu la grandeur de la dignité cachée. Mais, par une même prévoyance, la transfiguration établissait dans l’Église de Jésus l’espérance destinée à la soutenir, en sorte que les membres du Corps du Christ comprennent quel changement s’opérerait un jour en eux, puisqu’ils étaient appelés à participer à la gloire qu’ils avaient vu resplendir dans leur Chef, dans leur tête.

À ce sujet, le Seigneur lui-même avait dit, parlant de la majesté de son avènement : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père » (Mt 13,43). Et l’apôtre Paul affirme la même chose quand il dit : « J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer avec la gloire qui doit se révéler en nous » (Rm 8,18). Et dans un autre passage : « Car vous êtes morts et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu ; quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire » (Col 3,3-4).

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

« Il est bon d’être ici. »

dimanche 13 mars 2022

Les Apôtres virent donc alors la face du Seigneur plus reluisante et éclatante que le soleil, et cette clarté, cette gloire, s’épancha jusque sur ses vêtements pour nous montrer qu’il n’en était pas si chiche qu’il n’en fit part à ses habits mêmes et à ce qui était autour de lui. Il nous fit voir un petit échantillon du bonheur éternel et une goutte de cet océan et de cette mer d’incomparable félicité pour nous la faire désirer tout entière ; si bien que le bon Saint Pierre, qui parlait pour tous, comme devant être leur chef, s’écria tout ému de joie et de consolation : « Ô qu’il est bon d’être ici », j’ai vu, voulait-il dire, beaucoup de choses, mais il n’y a rien de si désirable que d’être en ce lieu.

Les trois disciples virent encore Moïse et Élie qu’ils n’avaient jamais vus et qu’ils reconnurent cependant très bien (…). Tous deux s’entretenaient avec notre divin Maître de son départ qui devait arriver en Jérusalem (Lc 9,31), départ qui n’est autre que la mort qu’il devait souffrir par amour ; puis soudain, après cet entretien, les Apôtres entendirent la voix du Père éternel disant : « C’est ici mon Fils bien aimé, écoutez-le. »

Je remarque premièrement qu’en la félicité éternelle nous nous connaîtrons tous les uns les autres, puisqu’en ce petit échantillon que le Sauveur donna à ses Apôtres il voulut qu’ils reconnussent Moïse et Élie qu’ils n’avaient jamais vus. Si cela est ainsi, ô mon Dieu, quel contentement recevrons-nous en voyant ceux que nous avons si chèrement aimés en cette vie ! (…) Les amitiés qui auront été bonnes dès cette vie se continueront éternellement en l’autre. Nous aimerons des personnes particulièrement, mais ces amitiés particulières n’engendreront point de partialités, car toutes nos affections prendront leur force de la charité de Dieu qui, les conduisant toutes, fera que nous aimerons chacun des Bienheureux de cet amour éternel dont nous aurons été aimés de la divine Majesté. (…)

Mais, en la Jérusalem céleste, de quel sujet parlerons-nous ? (…) Celui des miséricordes que le Seigneur nous a faites ici-bas, par lesquelles il nous a rendus capables d’entrer en la jouissance d’un bonheur tel que, seul, il nous suffit. Je dis seul, parce qu’en ce mot de félicité sont compris toutes sortes de biens, lesquels ne sont pourtant qu’un unique bien, qui est celui de la jouissance de Dieu en la félicité éternelle.

Saint François de Sales (1567-1622)

 

 

Contempler et suivre le Transfiguré

samedi 19 février 2022

Sans cesse, le Christ appelle à lui de nouveaux disciples, hommes et femmes, pour leur communiquer, grâce à l’effusion de l’Esprit (cf Rm 5,5), l’agapê divine, sa façon d’aimer, et pour les pousser ainsi à servir les autres dans l’humble don d’eux-mêmes, loin des calculs intéressés. Pierre qui, en extase devant la lumière de la Transfiguration, s’écrie : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici » (Mt 17,4), est invité à revenir sur les routes du monde, pour continuer à servir le Royaume de Dieu.

« Descends, Pierre ! Tu voulais te reposer sur la montagne : descends, ‘proclame la Parole, interviens à temps et à contre-temps, reproche, exhorte, encourage avec grande bonté et par toute sorte d’enseignement’ (2Tm 4,2). Travaille, prends de la peine, souffre des tortures, pour posséder ce que signifient les vêtements blancs du Seigneur, par la blancheur et par la beauté de ton action droite inspirée par la charité » (saint Augustin. Sermon 78).

S’il garde son regard fixé sur le visage du Seigneur, l’apôtre n’en diminue pas pour autant son engagement en faveur de l’homme ; au contraire, il le renforce, en lui donnant une nouvelle capacité d’agir sur l’histoire, pour la libérer de ce qui la corrompt.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

vendredi 6 août 2021

Quoi d’étonnant que le visage de Jésus soit devenu comme le soleil, puisqu’il était lui-même le soleil ? Il était le soleil, mais caché derrière un nuage. Maintenant le nuage s’écarte, et il resplendit pour un instant. Quel est ce nuage qui s’écarte ? Ce n’est pas la chair elle-même, mais la faiblesse de la chair qui disparaît un moment.

Ce nuage, c’est celui dont parle le prophète : « Voici que le Seigneur montera sur une nuée légère » (Is 19,1) : nuée de la chair qui couvre la divinité, légère car cette chair ne porte en elle-même rien de mal ; nuée qui dissimule la splendeur divine, légère car elle doit s’élever jusqu’à la splendeur éternelle. C’est le nuage dont il est dit dans le Cantique des Cantiques : « Je me suis assise à l’ombre de celui que je désire » (Ct 2,3). Nuage léger car cette chair est celle de « l’Agneau qui enlève les péchés du monde » (Jn 1,29) ; et une fois ceux-ci enlevés, le monde est élevé dans les hauteurs des cieux, délesté du poids de tous ses péchés.

Le soleil voilé par cette chair n’est pas « celui qui se lève pour les bons et les méchants » (Mt 5,45), mais « le Soleil de justice » (Ml 3,20) qui se lève seulement pour ceux qui craignent Dieu. Habituellement voilée par le nuage de la chair, cette « lumière qui éclaire tous les hommes » (Jn 1,9) brille aujourd’hui de tout son éclat. Aujourd’hui elle glorifie cette même chair ; elle la montre déifiée aux apôtres, pour que les apôtres la révèlent au monde.

Pierre le Vénérable (1092-1156)

 

 

« Il fut transfiguré devant eux ; ses vêtements devinrent resplendissants. »

dimanche 28 février 2021

Trois sont choisis pour gravir la montagne, deux pour apparaître avec le Seigneur (…) Pierre monte, lui qui a reçu les clés du Royaume des cieux, et Jean à qui sera confiée la Mère de Jésus, et Jacques qui montera le premier à la dignité d’évêque. Puis apparaissent Moïse et Élie, la Loi et la prophétie, avec le Verbe. (…) Nous aussi, gravissons la montagne, implorons le Verbe de Dieu pour qu’il nous apparaisse dans sa « splendeur et sa beauté », qu’il « soit fort, s’avance en majesté et règne » (Ps 99,4). (…)

Car si tu ne gravis pas la cime d’un savoir plus élevé, la Sagesse ne t’apparaît pas, la connaissance des mystères ne t’apparaît pas. Il ne t’apparaît pas quelle splendeur, quelle beauté est contenue dans le Verbe de Dieu, mais le Verbe de Dieu t’apparaît comme dans un corps « sans grâce ni beauté » (Is 53,2). Il t’apparaît comme un homme meurtri, capable de souffrir nos infirmités (v.5) ; il t’apparaît comme une parole née de l’homme, couverte du voile de la lettre, ne resplendissant pas de la force de l’Esprit (cf 2Co 3,6-17) (…)

Ses vêtements sont autres en bas de la montagne, autres là-haut. Peut-être que les vêtements du Verbe sont les paroles des Écritures, habillant pour ainsi dire la pensée divine , et comme il est apparu à Pierre, Jacques et Jean sous un autre aspect, son vêtement resplendissant de blancheur, de même, aux yeux de ton esprit, s’éclaire déjà le sens des divines Écritures. Les paroles divines deviennent donc comme neige, les vêtements du Verbe « d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir. » (…)

Une nuée survint et les prit sous son ombre. Cette ombre est celle de l’Esprit divin ; elle ne voile pas le cœur des hommes, mais révèle ce qui est caché (…) Tu le vois : non seulement pour les commençants, mais aussi pour les parfaits et même pour les habitants des cieux, la foi parfaite c’est de connaître le Fils de Dieu.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

jeudi 6 août 2020

« Il fut transfiguré devant eux » (Mt 17,2) Moule-toi, comme de la cire molle, sur cette figure, afin d’y imprimer l’image du Christ dont il est dit : « Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. » Dans ce passage, il faut considérer quatre choses : le visage, le soleil, les vêtements et la neige. Dans la partie antérieure de la tête qui s’appelle le visage de l’homme, il y a trois sens, ordonnés et disposés d’une manière admirable. Ce sont la vue, l’odorat, le goût. D’une manière analogue, dans le visage de notre âme, il y a la vision de la foi, l’odorat de la discrétion et le goût de la contemplation. (…)

Dans le soleil, il y a la clarté, la blancheur et la chaleur. La clarté du soleil convient parfaitement à la vision de la foi qui, avec la clarté de sa lumière perçoit et croit les réalités invisibles. Que le visage de notre âme resplendisse comme le soleil. Que ce que nous voyons par la foi brille dans nos œuvres ; que le bien que nous apercevons par nos yeux intérieurs se réalise au dehors dans la pureté de nos actions ; que ce que nous goûtons de Dieu dans la contemplation se transforme en chaleur dans l’amour du prochain. Ainsi comme celui de Jésus, notre visage « resplendira comme le soleil »

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231)

 

 

 

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé… : écoutez-le ! »

dimanche 8 mars 2020

Les apôtres, qui devaient être affermis dans leur foi, ont reçu dans le prodige de la Transfiguration un enseignement propre à les amener à la connaissance de toutes choses. En effet, Moïse et Élie, c’est-à-dire la Loi et les prophètes, sont apparus en conversation avec le Seigneur… Comme le dit saint Jean : « La Loi a été communiquée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (1,17).

L’apôtre Pierre était pour ainsi dire ravi en extase par le désir des biens éternels ; rempli de joie par une telle vision, il souhaitait habiter avec Jésus en un lieu où sa gloire ainsi manifestée le comblait de joie. Il dit donc : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ; si tu le veux, je vais faire ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » Mais le Seigneur n’a pas répondu à cette proposition, voulant montrer non certes que ce désir était mauvais, mais qu’il était déplacé. Car le monde ne pouvait être sauvé que par la mort du Christ, et l’exemple du Seigneur invitait la foi des croyants à comprendre que, sans qu’il nous soit permis de douter du bonheur promis, nous devions pourtant, au milieu des tentations de cette vie, demander la patience plutôt que la gloire, car le bonheur du Royaume ne peut pas précéder le temps de la souffrance.

C’est pourquoi, comme il parlait encore une nuée lumineuse les a enveloppés, et voici que de la nuée une voix a proclamé : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le »… « Celui-ci est mon Fils, par qui tout a été fait et sans qui rien n’a été fait (Jn 1,3). Tout ce que je fais, il le fait pareillement ; tout ce que j’opère, il l’opère avec moi inséparablement, sans différence (Jn 5,17-19)… Celui-ci est mon Fils, qui n’a pas retenu jalousement cette égalité qu’il avait avec moi, n’a pas revendiqué son droit, mais tout en demeurant dans ma gloire divine, s’est abaissé jusqu’à la condition de serviteur (Ph 2,6s), pour mettre en œuvre notre dessein commun de la restauration du genre humain. Écoutez sans hésitation donc celui-ci, qui a toute ma faveur, dont l’enseignement me manifeste, dont l’humilité me glorifie, car il est la Vérité et la Vie (Jn 14,6). Il est ma puissance et ma sagesse (1Co 1,24). Écoutez-le, lui qui rachète le monde par son sang…, lui qui ouvre le chemin du ciel par le supplice de sa croix. »

Saint Léon le Grand

 

 

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

mardi 6 août 2019

Jésus gravit la montagne avec les trois disciples qu’il a choisis. Puis, il est transfiguré par une lumière éclatante et divine, au point que son vêtement semblait briller comme la lumière. Ensuite, Moïse et Élie, encadrant Jésus, parlaient entre eux de son départ qui devait s’accomplir à Jérusalem, c’est-à-dire du mystère de son incarnation et de sa Passion salvatrice, qui devait se réaliser sur la croix. Car il est vrai que la loi de Moïse et la prédication des prophètes avaient montré à l’avance le mystère du Christ… Cette présence de Moïse et d’Élie et leur entretien avaient pour but de montrer que la Loi et les prophètes formaient comme l’escorte de notre Seigneur Jésus Christ, le Seigneur qu’ils avaient montré… Après être apparus, ils ne se taisaient pas, mais ils parlaient de la gloire dont le Seigneur allait être comblé à Jérusalem par sa Passion et sa croix, et surtout par sa résurrection.

Peut-être le bienheureux Pierre, ayant cru que l’avènement du règne de Dieu était arrivé, a-t-il désiré demeurer sur la montagne, car il a dit qu’il fallait « dresser trois tentes, ne sachant pas ce qu’il disait ». Car ce n’était pas le temps de la fin du monde, et ce n’est pas dans le temps présent que les saints jouiront de l’espérance qui leur a été promise. Car saint Paul affirme : « Il transfigurera nos pauvres corps à l’image de son corps de gloire » (Ph 3,21).

Puisque le plan de salut n’était pas encore achevé, n’étant qu’à son commencement, il n’était pas possible que le Christ, venu par amour dans le monde, renonce à vouloir souffrir pour lui. Car il a gardé la nature humaine pour subir la mort dans sa chair, et la détruire par sa résurrection d’entre les morts.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

 

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

dimanche 17 mars 2019

 

Aujourd’hui le Seigneur est vraiment apparu sur la montagne. Aujourd’hui la nature humaine, créée autrefois semblable à Dieu mais obscurcie par les figures informes des idoles, a été transfigurée en l’ancienne beauté de l’homme créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,26)… Aujourd’hui sur la montagne, l’homme, qui était vêtu de tuniques de peau sombres et tristes (Gn 3,21), a endossé le vêtement divin, « drapé de lumière comme d’un manteau » (Ps 103,2)…

Moïse contemple de nouveau le feu qui ne consumait pas le buisson (Ex 3,2), mais qui donne la vie à toute chair…, et il dit : « Maintenant je te vois, toi qui es vraiment et pour toujours, toi qui es avec le Père et qui m’as dit : ‘ Je suis Celui qui est ’ (v. 14)… Maintenant je te vois, toi que je désirais voir autrefois en disant : ‘ Laisse-moi contempler ta gloire ’ (Ex 33,18). Je te vois non plus de dos, caché dans le creux du rocher (v. 23), mais je te vois, Dieu plein d’amour pour les hommes, caché dans une forme humaine. Tu ne m’abrites plus de ta droite (v. 22), mais tu es la Droite du Très-Haut révélée au monde. Tu es le médiateur à la fois de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, Dieu ancien et homme nouveau…

« Toi qui m’as dit sur le Sinaï : ‘ Un être humain ne peut pas me voir et rester en vie ’ (v. 20), comment peut-on te contempler maintenant face à face sur la terre, dans la chair ? Comment habites-tu parmi les hommes ? Toi qui es la vie et qui donnes la vie, comment te hâtes-tu vers la mort ? Toi qui demeures parmi les êtres au plus haut des cieux, comment avances-tu plus bas que les êtres les plus délaissés, vers ceux qui sont morts ?… Car tu veux apparaître aussi à ceux qui se sont endormis depuis des siècles, visiter les patriarches dans le séjour des morts, descendre délivrer Adam de ses douleurs »… Car c’est ainsi que « resplendiront les justes lors de la résurrection » (Mt 13,43) ; c’est ainsi qu’ils seront glorifiés, ainsi qu’ils seront transfigurés.

Anastase du Sinaï (?-après 700), moine
Homélie pour la fête de la Transfiguration

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

lundi 6 août 2018

Jadis, sur le mont Sinaï, la fumée, la tempête, l’obscurité et le feu (Ex 19,16s) révélaient la condescendance extrême de Dieu, annonçant que celui qui donnait la Loi était inaccessible… et que le créateur se faisait connaître par ses œuvres. Mais maintenant tout est rempli de lumière et de splendeur. Car l’artisan et le Seigneur de toutes choses est venu du sein du Père. Il n’a pas quitté sa propre demeure, c’est-à-dire son siège dans le sein du Père, mais il est descendu pour être avec les esclaves. Il a pris la condition de serviteur, et il est devenu un homme en sa nature et en son comportement (Ph 2,7), pour que Dieu, qui est incompréhensible pour les hommes, soit compris. Par lui-même et en lui-même, il montre la splendeur de la nature divine. Autrefois Dieu avait établi l’homme en union avec sa propre grâce. Quand il a insufflé l’esprit de vie au nouvel homme formé de terre, quand il lui a communiqué ce qu’il avait de meilleur, il l’a honoré de sa propre image et ressemblance (Gn 1,27). Il lui a donné l’Eden comme demeure et a fait de lui le frère intime des anges. Mais puisque nous avions obscurci et fait disparaître l’image divine sous la boue de nos désirs déréglés, le Compatissant est entré dans une seconde communion avec nous, beaucoup plus sûre et plus extraordinaire que la première. Tout en demeurant dans l’élévation de sa divinité, il accepte aussi ce qui est en dessous de lui, créant en lui-même l’humain ; il mêle l’archétype à l’image, et aujourd’hui il montre en elle sa propre beauté. Son visage resplendit comme le soleil, car dans sa divinité il est identifié avec la lumière immatérielle ; c’est pour cela qu’il est devenu le Soleil de justice (Ml 3,20). Mais ses vêtements deviennent blancs comme la neige, car ils reçoivent la gloire par revêtement et non par union, par relation et non par nature. Et « une nuée de lumière les couvrit de son ombre », rendant sensible le resplendissement de l’Esprit.

Saint Jean de Damas (v. 675-749), moine, théologien, docteur de l’Église