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Archive pour le mot-clef ‘St Grégoire de Nysse’

Jésus lui dit : Toi, suis-moi.

samedi 27 mai 2023

[« Lève-toi, viens, ma bien-aimée, ma belle, ma colombe » (Ct 2, 10 ».] La nature divine entraîne l’âme humaine à participer à elle, elle transcende toujours celle-ci d’une façon égale par son éminence dans le bien. L’âme grandit toujours dans sa participation au transcendant et ne cesse jamais de croître ; mais le bien auquel elle participe demeure le même, se manifestant toujours aussi transcendant à l’âme qui y participe toujours davantage.

Nous voyons ainsi le Verbe guider l’Épouse vers les sommets, par les ascensions de la vertu, comme dans la montée d’une échelle. Il lui envoie d’abord un rayon de lumière par les fenêtres des prophètes et les treillis des commandements de la Loi et lui ordonne de s’approcher de la lumière et de devenir belle en prenant dans la lumière la forme de la colombe. Ensuite, quand elle a eu part à ces biens dans toute la mesure où elle peut les contenir, il l’attire à nouveau, comme si elle n’avait encore aucune part aux biens, à la participation de la beauté transcendante. Ainsi au fur et à mesure qu’elle progresse vers ce qui surgit toujours en avant d’elle, son désir augmente, lui aussi, et l’excès des biens qui se manifestent toujours dans leur transcendance lui fait croire qu’elle en est toujours au début de son ascension.

C’est pourquoi le Verbe dit à nouveau : « Lève-toi » (Ct 2, 13) à celle qui est déjà levée, et : « Viens » à celle qui est déjà venue. Celui qui se lève ainsi en effet ne finira jamais de se lever, et celui qui court vers le Seigneur n’épuisera jamais le large espace pour la course divine. Il faut donc toujours se lever et ne jamais cesser de s’approcher dans sa course ; car chaque fois que le Verbe dit : « Lève-toi » et : « Viens », il nous donne la force de monter plus haut.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

 

« Je vous laisse la paix. Que votre cœur ne soit pas effrayé. »

mardi 9 mai 2023

[« Viens du Liban, mon Épouse, viens du Liban, tu viendras, tu parviendras à partir des commencements de la foi, des cimes de Sanir et de l’Hermon » (Ct 4,8 trad. LXX utilisé par G. de Nysse).] C’est à juste titre que le Verbe fait mention des lions et des léopards, afin de rendre plus douce, par comparaison avec des choses déplaisantes, la jouissance de ce qui charme. (…) L’homme, ayant perdu autrefois la ressemblance de Dieu, a été changé en bête sauvage à l’imitation de la nature animale et est devenu léopard et lion par sa vie de péché. (…)

La vie dans la paix devient plus douce après une guerre, et les sombres récits la rendent délicieuse. La santé est un bien plus doux aux sens de notre corps quand, au sortir des horreurs de la maladie, notre nature se rétablit. De même le divin Époux, pour faire croître dans l’âme qui monte vers lui l’intensité et la plénitude de la joie que lui donnent les biens, ne se contente pas de montrer à son Épouse sa propre beauté, mais il lui rappelle l’horrible forme des bêtes, afin qu’elle fasse davantage ses délices des beautés présentes, en faisant la comparaison avec ce contre quoi elle les a échangées.

Peut-être aussi le Verbe prépare-t-il providentiellement quelque autre grâce pour son Épouse. Il veut en effet que, bien que par nature sujets au changement, nous ne glissions pas vers le mal par la faute de notre nature changeante, mais que par un progrès continuel vers la perfection nous nous aidions de cette disposition au changement pour monter vers les biens supérieurs et qu’ainsi le caractère changeant de notre nature nous rende impossible le changement en mal. C’est pourquoi le Verbe, en pédagogue et en gardien, pour nous éloigner du mal, nous rappelle les bêtes qui nous ont un jour dominés, afin que, nous détournant du mal, nous réalisions notre stabilité et notre immobilité dans le bien et, ne cessant de changer en bien, nous ne changions pas en mal.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

Le lundi saint

lundi 3 avril 2023

Un mélange savant et harmonieux d’aromates nombreux et divers qui ont chacun leur odeur particulière constitue une essence parfumée dont la composition prend le nom de nard, nom que l’on tire d’une des herbes odorantes qui entrent dans sa préparation ; l’odeur répandue par l’union de tous ces aromates particuliers est perçue par la sensibilité purifiée comme la bonne odeur même de l’Époux. (…)

Et si le nard de l’Évangile a quelque parenté avec le parfum de l’Épouse [du Cantique des Cantiques], on peut, si on le désire, déduire de ce que nous avons écrit quel était ce « vrai nard, très coûteux » (Jn 12,3), qui fut versé sur la tête du Seigneur et emplit toute la maison de sa bonne odeur. Peut-être en effet ce parfum n’est-il pas étranger à celui qui donne à l’Épouse l’odeur de l’Époux. Dans l’Évangile, il est versé sur le Seigneur et emplit de la bonne odeur la maison dans laquelle avait lieu le repas. Ici aussi, me semble-t-il, la femme avait par ce parfum signifié à l’avance, par quelque inspiration prophétique, le mystère de la mort du Seigneur, comme en témoigne celui-ci, quand il dit : « Elle a pourvu à l’avance à mon ensevelissement. » Et il nous enseigne que la maison remplie de la bonne odeur signifie le monde entier et toute la terre, quand il dit que « partout où sera proclamée cette bonne nouvelle dans le monde entier, l’odeur du parfum sera répandue avec l’annonce de l’Évangile » et que « l’Évangile gardera sa mémoire » (cf. Mt 26, 12 ; Mc 14,8).

De même que dans le Cantique des Cantiques le nard donne à l’Épouse l’odeur de l’Époux, de même dans l’Évangile la bonne odeur du Christ se communique à tout le corps de l’Église, sur toute la terre et dans le monde entier, elle qui alors avait rempli la maison.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

« L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »

dimanche 12 mars 2023

Quand la sainte Écriture nous instruit de la réalité vivifiante, qu’elle nous parle par une prophétie émanant de Dieu : « Ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive » (Jr 2,13), ou dans les paroles du Seigneur à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, peut-être est-ce toi qui le lui demanderais, et il te donnerait l’eau vive » (Jn 4,10), ou encore : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive » car : « Celui qui croit en jailliront de son sein. Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui » (Jn 7,37.39), partout la divine nature est désignée sous le nom d’eau vive.

Le témoignage sans mensonge du Verbe atteste que l’Épouse [du Cantique (Ct 4,15)] est un puits d’eau vive, dont le courant descend du Liban. Y a-t-il rien de plus paradoxal ? Alors, en effet, que tous les puits contiennent une eau dormante, seule l’Épouse a en elle une eau courante, en sorte qu’elle a la profondeur du puits et en même temps la mobilité du fleuve. Qui pourrait exprimer convenablement les merveilles indiquées par cette comparaison ? Il semble qu’elle ne puisse s’élever plus haut, puisqu’elle est semblable en tout à la Beauté archétype. Elle imite parfaitement par son jaillissement le jaillissement, par sa vie la vie, par son eau l’eau.

Vivant est le Verbe de Dieu, vivante aussi l’âme qui a reçu le Verbe. Cette eau découle de Dieu, selon ce que dit la Source : « Je suis sorti de Dieu, et je suis venu » (Jn 8,42). Et elle-même contient ce qui coule dans le puits de l’âme, et par là elle est le réservoir de cette eau vive qui coule, ou mieux qui ruisselle du Liban (cf. Ct 4,15).

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

« Que votre lumière brille ! »

dimanche 5 février 2023

C’est une création du monde que la fondation de l’Église : en elle, selon l’expression du prophète (cf. Is 65,17), un ciel nouveau est créé ─ qui est « la solidité de la foi au Christ » (Col 2,5), comme le dit Paul ─ , une terre nouvelle est fondée « qui boit la pluie descendue sur elle » (He 6,7), un autre homme est façonné qui est renouvelé par la naissance d’en haut, à l’image de son Créateur ; la nature des astres devient tout autre, eux dont il est dit : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,14) et : « Là où vous brillez comme les lumières du monde » (Ph 2,15), et comme des astres nombreux qui montent dans le firmament de la foi.

Il n’est pas étonnant qu’il y ait dans ce monde nouveau une multitude d’astres dénombrée et dénommée par Dieu. Et le Créateur de pareils astres dit que leur nom est écrit dans les cieux ─ c’est ainsi que je comprends la parole du démiurge de cette nouvelle création : « Vos noms sont écrits dans les cieux » (Lc 10,20). La multitude des astres que le Verbe y crée n’est pas le seul paradoxe de cette nouvelle création : il y a encore le nombre de soleils créés qui éclairent toute la terre habitée des rayons de leurs bonnes œuvres, comme le dit l’Auteur de ces soleils : « Que votre lumière brille à la face des hommes » (Mt 5,14), et : « Alors les justes brilleront comme le soleil » (Mt 13,43).

De même que l’homme qui observe le monde sensible et qui a connu la sagesse manifestée par la beauté de ses réalités, en déduit, à partir de ce qu’il voit, la beauté invisible et la source de cette sagesse dont l’écoulement établit la nature des êtres, de même celui qui porte ses regards sur ce monde nouveau de la création de l’Église voit dans ce monde Celui qui est et devient tout en tous, et il conduit, par le chemin des réalités finies et compréhensibles, sa connaissance jusqu’à l’incompréhensible.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

Fête des saints Innocents, martyrs

mercredi 28 décembre 2022

« A la nouvelle de la naissance du Sauveur, Hérode devint soucieux, et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,3)… C’est le mystère de la Passion que préfigurait déjà la myrrhe des mages ; on fait massacrer sans pitié des nouveau-nés… Que signifie cette tuerie d’enfants ? Pourquoi oser un crime si horrible ? « C’est que, disent Hérode et ses conseillers, un signe étrange a paru dans le ciel ; il annonce aux mages la venue d’un autre roi. » Comprends-tu, Hérode, ce que sont ces signes avant-coureurs ?… Si Jésus est maître des astres, n’est-il pas à l’abri de tes attaques ? Tu crois avoir le pouvoir de faire vivre ou mourir, mais tu n’as rien à craindre de quelqu’un de si doux. Dieu le soumet à ta puissance ; pourquoi conspirer contre lui ?…

Mais laissons là le deuil, « la plainte amère de Rachel qui pleure ses enfants » — car aujourd’hui le Soleil de justice (Ml 3,20) dissipe les ténèbres du mal et répand sa lumière sur toute la nature, lui qui assume notre nature humaine… En cette fête de la Nativité « les portes de la mort sont fracassées, les barres de fer sont brisées » ; aujourd’hui, « s’ouvrent les portes de la justice » (Ps 107,16; 118,19)… Car par un homme, Adam, est venue la mort ; aujourd’hui par un homme vient le salut (Rm 5,18)… Après l’arbre du péché se dresse l’arbre de la bonté, la croix… Aujourd’hui commence le mystère de la Passion.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

« On mangeait, on buvait, on achetait, on vendait. »

vendredi 11 novembre 2022

Le Seigneur a fait à ses disciples de grandes recommandations pour que leur esprit secoue comme une poussière tout ce qui est terrestre dans la nature et s’élève au désir des réalités surnaturelles. C’est qu’il faut, quand on se tourne vers la vie d’en haut, être plus forts que le sommeil et garder toujours l’esprit vigilant. (…) Je parle de cet assoupissement de ceux qui sont enfoncés dans le mensonge de la vie par ces rêves illusoires que sont les honneurs, les richesses, le pouvoir, le faste, la fascination des plaisirs, l’ambition, la soif de jouissance, la vanité et tout ce que l’imagination entraîne les hommes superficiels à poursuivre follement. Toutes ces choses s’écoulent avec la nature éphémère du temps ; elles sont du domaine du paraître (…) ; à peine ont-elles paru exister, elles disparaissent comme les vagues sur la mer. (…)

C’est pour que notre esprit soit dégagé de ces illusions que le Verbe, la Parole de Dieu, nous invite à secouer des yeux de l’âme ce sommeil profond, afin que nous ne glissions pas loin des réalités véritables en nous attachant à ce qui n’a pas de consistance. C’est pourquoi il nous propose la vigilance, en nous disant : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées » (Lc 12,35). Car la lumière, en brillant devant les yeux, chasse le sommeil, et les reins serrés par la ceinture empêchent le corps d’y succomber. (…) Celui qui est ceint par la tempérance vit dans la lumière d’une conscience pure ; la confiance filiale illumine sa vie comme une lampe. (…) Si nous vivons comme cela, nous entrerons dans une vie semblable à celle des anges.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

Donner du fruit en Celui qui en a donné à la plénitude du temps

vendredi 18 mars 2022

« Mon bien-aimé est une grappe de raisin de Chypre, dans la vigne d’En-Gaddi » (Ct 1,14). (…) Cette grappe divine se couvre de fleurs avant la Passion et verse son vin dans la Passion. (…) Sur la vigne, la grappe ne montre pas toujours la même forme, elle change avec le temps : elle fleurit, elle gonfle, elle est achevée, puis, parfaitement mûre, elle va se transformer en vin. La vigne promet donc par son fruit : il n’est pas encore mûr et à point pour donner du vin, mais il attend la plénitude des temps. Toutefois, il n’est pas absolument incapable de nous réjouir. En effet, avant le goût, il charme l’odorat, dans l’attente des biens futurs, et il séduit les sens de l’âme par les parfums de l’espérance. Car l’assurance ferme de la grâce espérée devient jouissance déjà pour ceux qui attendent avec constance. Il en est ainsi du raisin de Chypre qui promet du vin avant de le devenir : par sa fleur — sa fleur c’est l’espérance — il nous donne l’assurance de la grâce future. (…)

Celui dont la volonté est en harmonie avec celle du Seigneur, parce qu’ « il la médite jour et nuit », devient « un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt » (Ps 1,1-3). C’est pourquoi la vigne de l’Époux, qui a pris racine dans la terre fertile de Gaddi, c’est-à-dire dans le fond de l’âme, qui est arrosée et enrichie par les enseignements divins, produit cette grappe fleurissante et épanouie dans laquelle elle peut contempler son propre jardinier et son vigneron. Bienheureuse cette terre cultivée dont la fleur reproduit la beauté de l’Époux ! Puisque celui-ci est la lumière véritable, la vraie vie et la vraie justice (…) et bien d’autres vertus encore, si quelqu’un, par ses œuvres, devient pareil à l’Époux, lorsqu’il regarde la grappe de sa propre conscience, il y voit l’Époux lui-même, car il reflète la lumière de la vérité dans une vie lumineuse et sans tache. C’est pourquoi cette vigne féconde dit : « Ma grappe fleurit et bourgeonne » (cf Ct 7,13). L’Époux est en personne cette vraie grappe qui se montre attachée au bois, dont le sang devient une boisson de salut pour ceux qui exultent dans leur salut.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

« Quel est donc celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ? »

samedi 29 janvier 2022

« Voici que l’hiver est passé, dit [l’Époux], la pluie s’en est allée, elle a disparu d’elle-même » (Ct 2,11). Le mal porte plusieurs noms selon la diversité de ses effets. Il est hiver, pluie et averse, et chacun de ces noms symbolise respectivement une tentation différente. On l’appelle hiver pour symboliser la multitude des formes du mal. (…) Que dire des tempêtes qui surviennent en mer en hiver ? Soulevée des abîmes, la mer se gonfle et imite les rochers et les montagnes en dressant au-dessus de l’eau ses sommets. Elle s’élance contre la terre comme une ennemie, se précipitant sur les côtes et les ébranlant des coups successifs de ses flots, comme d’autant d’attaques de machines de guerre.

Mais interprétons ces maux de l’hiver et tous ceux qu’on pourrait y ajouter, en les transposant dans leur sens symbolique. (…) Qu’est-ce que cette mer aux flots grondeurs ? Qu’est-ce encore que cette pluie, et que sont ces averses de pluie ? Et comment la pluie cesse-t-elle d’elle-même ? Le sens profond de toutes ces énigmes de l’hiver est en rapport avec quelque chose d’humain et qui concerne la liberté de notre volonté. (…) La nature humaine au commencement fleurissait (…) mais l’hiver de la désobéissance ayant desséché la racine, la fleur tomba et fut dissoute dans la terre ; l’homme fut dépouillé de la beauté immortelle et l’herbe des vertus fut desséchée, l’amour de Dieu s’étant refroidi, tandis que l’iniquité croissait ; des passions sans nombre furent soulevées en nous par les souffles hostiles et entraînèrent les naufragés funestes des âmes.

Mais lorsque vient celui qui apporte le printemps à nos âmes, lui qui, lorsqu’un vent mauvais réveille la mer, menace le vent et dit à la mer : « Silence ! Calme-toi ! » (Mc 4,39), aussitôt tout revient au calme et à la sérénité, et notre nature se remet à verdir et à se parer de ses propres fleurs. Les fleurs de notre vie sont les vertus, qui maintenant fleurissent et produisent leurs fruits « en leur saison » (Ps 1,3). C’est pourquoi le Verbe dit : « Voici que l’hiver est passé ».

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

« Faites attention à ce que vous entendez ! »

jeudi 27 janvier 2022

Le livre des Proverbes demande au disciple de la Sagesse de se mettre à l’école de l’abeille, en disant aux amants de la Sagesse : Va vers l’abeille et vois comme elle est laborieuse et quel respect elle apporte à son travail ; rois et sujets pour leur santé usent de ses produits. Il ajoute qu’elle est recherchée et estimée de tous, qu’elle est démunie de force mais a aimé la sagesse, et qu’à cause de cela elle est proposée en exemple de vie aux gens vertueux. « Elle a été respectée, dit en effet le texte, parce qu’elle a aimé la Sagesse » (Pr 6,8 LXX).

Ce texte conseille donc de ne négliger aucun des enseignements divins, mais de survoler la prairie des paroles inspirées, butinant quelque chose dans chacune en vue de l’acquisition de la Sagesse, et de modeler en soi-même des cellules de cire, afin de déposer dans son cœur comme une ruche le produit du travail, ayant construit dans la mémoire, comme des alvéoles dans la cire, des coffrets étanches pour amasser les diverses sortes d’enseignements. Ainsi, à l’imitation de la sage abeille dont la cire est douce et dont le nard ne blesse pas, nous nous appliquerons sans relâche au travail auguste des vertus. Car c’est bien un travail que de gagner par les peines d’ici-bas les biens éternels et de dépenser ses propres peines pour les rois et les sujets en vue de la santé de leur âme. Une telle âme est recherchée par son Époux et estimée par les anges ; elle réalise la force dans la faiblesse, en aimant la Sagesse.

Ce sont donc des exemples de science et d’amour du travail que nous apporte ce qu’on dit de l’industrieuse abeille. Par ailleurs la répartition des divins charismes spirituels se fait en proportion du zèle apporté au travail.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)