ACCUEIL

« L’été est déjà proche. »

28 novembre 2025

« Fais-moi connaître, Seigneur, ma fin, et quel est le nombre de mes jours pour que je sache ce qui me manque. » (Ps 38,5) Si tu me faisais connaître ma fin, dit le psalmiste, et si tu me faisais connaître quel est le nombre de mes jours, je pourrai par là-même savoir ce qui me manque. Ou peut-être, par ces mots, il semble encore indiquer ceci : tout métier a une fin ; par exemple la fin d’une entreprise de construction, c’est de faire une maison ; la fComme notre organisme corporel, petit et réduit au début de sa naissance, pousse pourtant et tend au terme de sa grandeur en croissant en âge, et encore comme notre âme (…) reçoit un langage d’abord balbutiant, puis dans la suite plus clair, pour arriver enfin à une manière de s’exprimer parfaite et correcte, de cette façon aussi toute notre vie commence à présent, certes, comme balbutiante parmi les hommes sur la terre, mais elle est achevée et parvient à son sommet dans les cieux près de Dieu.

Comme notre organisme corporel, petit et réduit au début de sa naissance, pousse pourtant et tend au terme de sa grandeur en croissant en âge, et encore comme notre âme (…) reçoit un langage d’abord balbutiant, puis dans la suite plus clair, pour arriver enfin à une manière de s’exprimer parfaite et correcte, de cette façon aussi toute notre vie commence à présent, certes, comme balbutiante parmi les hommes sur la terre, mais elle est achevée et parvient à son sommet dans les cieux près de Dieu.

Pour ce motif, le prophète désire donc connaître la fin pour laquelle il a été fait, pour qu’en regardant la fin, en examinant ses jours et en considérant sa perfection, il voie ce qui lui manque par rapport à cette fin où il tend. (…) C’est comme si ceux qui sont sortis d’Égypte avaient dit : « Fais-moi connaître, Seigneur, ma fin » qui est une terre bonne et une terre sainte, « et le nombre de mes jours » où je marche, « pour que je sache ce qui me manque », combien il m’en reste jusqu’à ce que je parvienne à la terre sainte qui m’est promise.

Origène (v. 185-253)

« Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »

27 novembre 2025

 « Les puissances des cieux seront ébranlées. » Qui le Seigneur appelle-t-il puissances des cieux, sinon les anges, les archanges, les Trônes, les Dominations, les Principautés et les Puissances ? (Col 1,16) Ils apparaîtront visiblement lors de la venue du Juge… « Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec une grande puissance et une grande majesté. » C’est comme si on disait clairement : « Ils verront dans la puissance et la majesté celui qu’ils n’ont pas voulu écouter lorsqu’il se présentait dans l’humilité ». (…) Cela est dit à l’intention des réprouvés. Les paroles qui suivent sont adressées aux élus pour les consoler : « Quand cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » C’est comme si la Vérité avertissait clairement ses élus en disant : « Au moment où les malheurs du monde se multiplient (…), réjouissez-vous en vos cœurs. Tandis que finit le monde, dont vous n’êtes pas les amis, la rédemption que vous avez désirée approche. »

Ceux qui aiment Dieu sont invités à se réjouir de voir approcher la fin du monde, parce qu’ils trouveront bientôt le monde qu’ils aiment, lorsqu’aura passé celui auquel ils ne sont pas attachés. Que le fidèle désirant voir Dieu se garde bien de pleurer sur les malheurs qui frappent le monde, puisqu’il sait que ces malheurs mêmes amènent sa fin. Il est écrit en effet : « Celui qui veut être l’ami des choses de ce monde se rend ennemi de Dieu » (Jc 4,4). Celui qui ne se réjouit donc pas de voir approcher la fin de ce monde, celui-là montre qu’il est son ami, et par là il donne des preuves d’être l’ennemi de Dieu.

Mais qu’il n’en soit pas ainsi du cœur des fidèles, de ceux qui croient qu’il existe une autre vie et qui, par leurs actes, prouvent qu’ils l’aiment. (…) En effet, qu’est-ce que cette vie mortelle sinon un chemin ? Or, quelle folie, mes frères, que de s’épuiser sur cette route, tout en ne voulant pas en atteindre la fin ! (…) Ainsi, mes frères, n’aimez pas les choses de ce monde, qui, comme nous le voyons d’après les événements qui se produisent autour de nous, ne pourra pas subsister longtemps.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

Au milieu des épreuves, chantons l’alléluia !

26 novembre 2025

Chantons dès ici-bas l’Alléluia au milieu de nos soucis, afin de pouvoir un jour le chanter là-haut dans la paix. Quels soucis, demandes-tu, avons-nous ici-bas ? Mais comment me voudrais-tu sans soucis, quand je lis : « La vie humaine n’est-elle pas une épreuve sur la terre » (Jb 7,1) Comment me voudrais-tu sans soucis, en ce lieu où l’épreuve est si forte que la prière même qui nous est prescrite nous fait dire : « Ne nous soumets pas à la tentation » ? Comment le peuple serait-il dans le bien être, alors qu’il s’écrie avec moi : « Délivre-nous du mal » (Mt 6,13) ? Et pourtant, mes frères, au milieu même de ce mal, chantons l’alléluia à Dieu qui, dans sa bonté, nous délivre du mal.

Même parmi les dangers et parmi les épreuves, que l’Alléluia soit chanté par nous comme par les autres ; « car Dieu est fidèle, dit l’Apôtre, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ». Donc, même ici-bas, chantons l’alléluia. L’homme est encore pécheur, mais Dieu est fidèle. L’Apôtre n’a pas dit : Il ne permettra pas que vous soyez tentés, mais : « Il ne permettra que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; avec l’épreuve, il vous donnera le moyen de la supporter et d’en sortir » (1 Co 10,13). Tu es entré dans la tentation ? Dieu te donnera aussi d’en sortir, pour que tu ne périsses pas dans l’épreuve. Ainsi, comme le vase du potier, tu es façonné par la prédication et cuit par l’épreuve. Aussi quand tu entres dans l’épreuve, pense à la sortie : « Dieu est fidèle, et « le Seigneur gardera ton entrée et ta sortie » (Ps 120,8).

Saint Augustin (354-430)

« Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas. »

25 novembre 2025

Les saints nous montrent la route pour devenir heureux ; ils nous montrent comment on réussit à être des personnes vraiment humaines. Dans les vicissitudes de l’histoire, ce sont eux qui ont été les véritables réformateurs qui, bien souvent, ont fait sortir l’histoire des vallées obscures dans lesquelles elle court toujours le risque de s’enfoncer à nouveau. (…) C’est seulement des saints, c’est seulement de Dieu que vient la véritable révolution, le changement décisif du monde.

Au cours du siècle qui vient de s’écouler, nous avons vécu les révolutions dont le programme commun était de ne plus rien attendre de Dieu, mais de prendre totalement dans ses mains le destin du monde. Et nous avons vu que, ce faisant, un point de vue humain et partial était toujours pris comme la mesure absolue des orientations. L’absolutisation de ce qui n’est pas absolu mais relatif s’appelle totalitarisme. Cela ne libère pas l’homme, mais lui ôte sa dignité et le rend esclave. Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde, mais seulement le fait de se tourner vers le Dieu vivant, qui est notre créateur, le garant de notre liberté, le garant de ce qui est véritablement bon et vrai. La révolution véritable consiste uniquement dans le fait de se tourner sans réserve vers Dieu, qui est la mesure de ce qui est juste et qui est, en même temps, l’amour éternel. Qu’est-ce qui pourrait bien nous sauver sinon l’amour ? (…)

Ceux qui parlent de Dieu sont nombreux ; au nom de Dieu on prêche aussi la haine et on exerce la violence. Il est donc important de découvrir le vrai visage de Dieu. (…) « Celui qui l’a vu a vu le Père », disait Jésus à Philippe (Jn 14,9). En Jésus Christ, qui, pour nous, a permis que son cœur soit transpercé, en lui, est manifesté le vrai visage de Dieu. Nous le suivrons avec la grande foule de ceux qui nous ont précédés. Alors nous cheminerons sur le juste chemin.

Benoît XVI

« Ils ont donné de leur superflu, mais elle, de son indigence. »

24 novembre 2025

Il faut donner ce qui vous coûte quelque chose. Il ne suffit pas de donner seulement ce dont vous pouvez vous passer mais aussi ce dont vous ne pouvez ni ne voulez vous passer, des choses auxquelles vous êtes attaché. Votre don devient alors un sacrifice qui aura du prix aux yeux de Dieu… C’est ce que j’appelle l’amour en action. Tous les jours, je vois cet amour, chez des enfants, des hommes et des femmes.

Un jour je descendais la rue ; un mendiant est venu vers moi et m’a dit : « Mère Teresa, tout le monde te fait des dons ; moi aussi, je veux te donner quelque chose. Aujourd’hui, je n’ai reçu que vingt-neuf centimes pour toute la journée et je veux te les donner ». J’ai réfléchi un moment : si je prends ces vingt-neuf centimes, il risque de n’avoir rien à manger ce soir, et si je ne les prends pas, je lui ferai de la peine. Alors j’ai tendu les mains et j’ai pris l’argent. Jamais sur aucun visage, je n’ai vu autant de joie que sur celui de cet homme : lui aussi, un mendiant, il a pu faire un don à Mère Teresa ! C’était un énorme sacrifice pour ce pauvre qui avait mendié toute la journée au soleil et qui n’avait reçu que vingt-neuf centimes. Mais c’était merveilleux aussi : je ne pouvais rien faire avec cette somme, mais puisqu’il y a renoncé et que moi j’ai accepté, ces piécettes devenaient une fortune parce qu’elles étaient données avec tant d’amour.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

Bulletin n°147

23 novembre 2025
Télécharger le bulletin au format PDF

Solennité du Christ, Roi de l’Univers

23 novembre 2025

Si les hommes venaient à reconnaître l’autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables — une juste liberté, l’ordre et la tranquillité, la concorde et la paix — se répandraient infailliblement sur la société tout entière. (…) Si les princes et les gouvernants légitimement choisis étaient persuadés qu’ils commandent bien moins en leur propre nom qu’au nom et à la place du divin Roi, il est évident qu’ils useraient de leur autorité avec toute la vertu et la sagesse possibles. Dans l’élaboration et l’application des lois, quelle attention ne donneraient-ils pas au bien commun et à la dignité humaine de leurs subordonnés ! (…)

Alors les peuples goûteraient les bienfaits de la concorde et de la paix. Plus loin s’étend un royaume, plus il embrasse l’universalité du genre humain, plus aussi — c’est incontestable — les hommes prennent conscience du lien mutuel qui les unit. Cette conscience préviendrait et empêcherait la plupart des conflits ; en tout cas, elle adoucirait et atténuerait leur violence. Pourquoi donc, si le royaume du Christ s’étendait de fait comme il s’étend en droit à tous les hommes, pourquoi désespérer de cette paix que le Roi pacifique est venu apporter sur la terre ? Il est venu « tout réconcilier » (Col 1,20) ; « il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Mt 20,28). « Maître de toutes créatures » (Ep 1,10), il a donné lui-même l’exemple de l’humilité et a fait de l’humilité, jointe au précepte de la charité, sa loi principale. Il a dit encore : « Mon joug est doux à porter et le poids de mon autorité léger » (Mt 11,30).

Pie XI

L’espérance de la résurrection

22 novembre 2025

Recherchons minutieusement dans les paroles du bienheureux Job si la résurrection sera véritable et si le corps sera véritable dans la résurrection. Voici, en effet, que nous ne pouvons plus mettre en doute son espérance de la résurrection puisqu’il dit : « Et je ressusciterai de la terre au dernier jour. » (Jb 19,25 Vg) Quant à l’hésitation sur la restauration véritable du corps, il l’a aussi écartée dans ces paroles : « Et je serai à nouveau revêtu de ma peau. » (Jb 19,26 Vg) Et pour écarter toute ambiguïté de notre pensée, il ajoute : « Et de ma chair je verrai Dieu. » (Ibid.) La résurrection, la peau et la chair, les voilà affirmées en termes exprès. Que reste-t-il donc qui puisse plonger notre esprit dans le doute ? (…)

Nous, qui suivons la foi du bienheureux Job et qui croyons qu’après la résurrection le corps de notre Rédempteur était véritablement palpable, nous confessons que notre chair après la résurrection sera à la fois la même et différente, la même par sa nature et différente par sa gloire, la même en sa vérité et différente en sa puissance. Elle sera donc subtile, parce qu’elle sera aussi incorruptible. Elle sera palpable, parce qu’elle ne perdra pas l’essence de sa véritable nature.

Mais avec quelle espérance le saint garde-t-il cette confiance en la résurrection, avec quelle certitude l’attend-il ? C’est ce qu’expriment ces paroles : « Cette espérance est en moi, serrée au fond de mon cœur » (Jb 19,27 Vg) Rien au monde n’est pour nous d’une fois plus sûre que ce que nous avons serré au fond de notre cœur. C’est donc au fond de son cœur que Job a tenu serrée son espérance en la résurrection.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

« L’Écriture dit :  » Ma maison s’appellera maison de prière pour toutes les nations.  » Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. »

21 novembre 2025

Notre Seigneur est entré dans le Temple et il a mis dehors tous ceux qui achetaient et vendaient, en disant : « Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands ». Quel est ce temple devenu une caverne de brigands ? C’est l’âme et le corps de l’homme, qui sont bien plus réellement le temple de Dieu que tous les temples jamais édifiés (1Co 3,17 ;6,19).

Quand Notre Seigneur veut venir dans ce temple-là, il le trouve changé en un repaire de brigands et un bazar de marchands. Qu’est-ce qu’un marchand ? Ce sont ceux qui donnent ce qu’ils ont – leur libre arbitre – pour ce qu’ils n’ont pas – les choses de ce monde. Le monde entier est plein de tels marchands ! Il y en a parmi les prêtres et les laïcs, parmi les religieux, les moines et les moniales… Tant de gens si pleins de leur propre volonté… ; tant de gens qui cherchent en tout leur propre intérêt. Si seulement, au contraire, ils voulaient faire un marché avec Dieu, en lui donnant leur volonté, quel heureux marché ils feraient !

 L’homme doit vouloir, doit poursuivre, doit chercher Dieu dans tout ce qu’il fait ; et quand il a fait tout cela – boire, dormir, manger, parler, écouter – qu’il laisse alors complètement les images des choses et fasse en sorte que son temple reste vide. Une fois le temple vidé, une fois que tu en auras chassé cette troupe de vendeurs, les imaginations qui l’encombrent, tu pourras être une maison de Dieu (Ep 2,19). Tu auras alors la paix et la joie du cœur, et plus rien ne te troublera, rien de ce qui maintenant t’inquiète et te déprime et te fait souffrir.

Jean Tauler (v. 1300-1361)

« Si toi aussi, tu avais reconnu ce qui peut te donner la paix ! »

20 novembre 2025

« Que la paix règne en tes murs » (Ps 121,7). Ô Jérusalem, « cité bâtie comme une ville dont tous les habitants communient dans l’unité » (v. 3), paix en ta force, paix en ton amour ! Car ta force c’est ton amour. Ecoute le Cantique des cantiques : « L’amour est fort comme la mort » (8,6). Quelle parole admirable, frères ! … Qui résiste à la mort ? On résiste aux flammes, aux flots, au fer, on résiste aux tyrans et aux rois ; vienne la mort, qui peut lui résister ? Rien n’est plus fort qu’elle. L’amour seul peut se mesurer à sa force ; on peut dire que l’amour est fort comme la mort. Parce que l’amour tue ce que nous étions pour nous faire être ce que nous n’étions pas encore, il accomplit en nous une œuvre de mort. Saint Paul est mort de cette mort, lui qui disait : « Le monde est crucifié pour moi et je le suis pour le monde » (Ga 6,14), et de cette mort étaient morts ceux à qui il disait : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3).

 L’amour est fort comme la mort… Que la paix soit donc dans ta force, Jérusalem ; que la paix soit dans ton amour. Et par cette force, par cet amour, par cette paix, « que l’abondance soit dans tes tours » (Ps 121,7), c’est-à-dire sur tes hauteurs… Profusion de délices, richesses sans nombre, voilà Dieu, lui qui est un ; voilà celui auquel communient tous les habitants de cette cité. C’est lui qui sera notre abondance en la ville de Jérusalem.

Saint Augustin (354-430)