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« Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. » (Lc 10, 20)

4 octobre 2024

C’est l’humilité qui est la maîtresse de toutes les vertus, le fondement inébranlable de l’édifice céleste, le don propre et magnifique du Sauveur. Celui-là pourra faire, sans péril d’élèvement, tous les miracles que le Seigneur a opérés, qui cherche à imiter le doux Seigneur, non dans la sublimité de ses prodiges, mais dans la vertu de patience et d’humilité. (…)

Si l’on vient à faire en notre présence quelque prodige, ce n’est pas l’émerveillement des signes qui doit rendre son auteur estimable à nos yeux, mais seulement la beauté de sa vie. Ce n’est pas de savoir si les démons lui sont soumis qu’il faut s’enquérir, mais s’il possède les membres de la charité que l’Apôtre énumère. Aussi bien, est-ce un plus grand miracle d’extirper de sa propre chair le foyer de la luxure, que d’expulser les esprits immondes du corps d’autrui ; un signe plus magnifique, de contenir, par la vertu de patience, les mouvements sauvages de la colère, que de commander aux puissances de l’air. C’est quelque chose de plus, d’exclure de son propre cœur les morsures dévorantes de la tristesse, que de chasser les maladies et les fièvres corporelles des autres. Enfin, c’est, à bien des titres, une plus noble vertu, un progrès plus sublime, de guérir les langueurs de son âme, que celles du corps chez autrui.

Plus l’âme est élevée au-dessus de la chair, plus est préférable son salut ; plus sa substance l’emporte par l’excellence et le prix, plus grave et funeste serait sa ruine. Des guérisons corporelles, il est dit aux bienheureux Apôtres : « Ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous sont soumis. » (Lc 10,20) Ce n’était pas leur puissance qui opérait ces prodiges, mais la vertu du nom qu’ils invoquaient. Et voilà pourquoi ils sont avertis de ne pas revendiquer ni béatitude ni gloire pour ce qui ne s’accomplit que par la puissance et la vertu de Dieu, mais uniquement pour la pureté intime de leur vie et de leur cœur, qui mérite d’avoir leurs noms inscrits dans les cieux.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

Envoyés par le Christ vers le monde entier

3 octobre 2024

« Personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui a été posé, le Christ Jésus » (1Co 3,11). C’est lui seul « que le Père a consacré et envoyé dans ce monde » (Jn 10,36), « splendeur du Père et expression parfaite de son être » (He 1,3), vrai Dieu et vrai homme, sans qui personne ne peut connaître Dieu comme il faut, car « personne n’a connu le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils a voulu le révéler » (Mt 11,27). D’où il suit que « tout restaurer dans le Christ » (Ep 1,10) et ramener les hommes à l’obéissance à Dieu sont une seule et même chose. Et c’est pourquoi le but vers lequel doivent converger tous nos efforts, c’est de ramener le genre humain à la souveraineté du Christ. Cela fait, l’homme se trouvera, par là même, amené à Dieu : non pas un Dieu inerte et insoucieux des réalités humaines, comme certains philosophes l’ont imaginé, mais un Dieu vivant et vrai, en trois personnes dans l’unité de leur nature, créateur du monde, étendant à toute chose sa providence infinie, juste donateur de la Loi qui jugera l’injustice et assurera à la vertu sa récompense.

Or, où est la voie qui nous donne accès auprès de Jésus Christ ? Elle est sous nos yeux : c’est l’Église. Saint Jean Chrysostome nous le dit avec raison : « L’Église est ton espérance, l’Église est ton salut, l’Église est ton refuge. » C’est pour cela que le Christ l’a établie, après l’avoir acquise au prix de son sang. C’est pour cela qu’il lui a confié sa doctrine et les préceptes de sa Loi, lui prodiguant en même temps les trésors de sa grâce pour la sanctification et le salut des hommes. Vous voyez donc, vénérables frères, quelle œuvre nous est confiée… : ne viser rien d’autre que former en tous Jésus Christ… C’est la même mission que Paul attestait avoir reçue : « Mes petits enfants, je vous enfante à nouveau jusqu’à ce que le Christ ait pris forme en vous » (Ga 4,19). Or, comment accomplir un tel devoir sans être d’abord « revêtus du Christ » ? (Ga 3,27) Et revêtus jusqu’à pouvoir dire : « Pour moi, le Christ est ma vie » (Ph 1,21).

Saint Pie X

 

 

 

Fête des Sts Anges Gardiens

2 octobre 2024

Dieu, qui en Toi-même es bonheur et qui n’a nul besoin des créatures pour ce bonheur, car Tu es en Toi-même la plénitude de l’amour, cependant dans Ton infinie miséricorde Tu appelles à l’existence les créatures et Tu leur donnes part à Ton bonheur éternel et à Ta vie divine intérieure, un Seul Dieu en Trois Personnes.

Dans Ton insondable miséricorde, Tu as créé les esprits angéliques et Tu les as admis dans Ton amour, dans Ta divine intimité. Tu les as rendus capables de l’amour éternel ; quoique Tu les aies comblés, Seigneur, si généreusement de l’éclat de la beauté et de l’amour, Ta plénitude n’en pas été diminuée pour autant, ô Dieu, et leur beauté et leur amour ne T’ont en rien complété, car Tu es tout en Toi-même. Et si Tu leur as donné part à Ton bonheur et Tu leur permets d’exister et de T’aimer, c’est uniquement l’abîme de Ta miséricorde. C’est Ta bonté insondable, pour laquelle sans fin ils Te glorifient, se prosternant aux pieds de Ta majesté, ils chantent leurs hymnes éternels : Saint, Saint, Saint…

Sois glorifié, Un dans la Trinité, Dieu miséricordieux,
Insondable, incommensurable, inconcevable.
L’esprit des anges se noyant en Toi, ne peut Te comprendre,
Ainsi, sans fin chantent-il : Saint…

Sois glorifié, notre miséricordieux Créateur et Seigneur,
Tout-Puissant, mais plein de pitié, inconcevable.
T’aimer est la tâche de notre existence,
Chantant notre hymne éternel : Saint…

Sois béni, Dieu miséricordieux, Amour éternel,
Tu es au-dessus des cieux, des zéphirs et des firmaments,
Ainsi Te loue la foule des purs esprits
De son hymne éternel : trois fois Saint.

Sainte Faustine Kowalska (1905-1938)

 

 

 

« Jésus, se retournant, les réprimanda. »

1 octobre 2024

Il est plus facile de se mettre en colère que de supporter, de menacer l’enfant que de le persuader ; je dirais même que notre impatience et notre orgueil se trouvent mieux d’imposer des punitions aux récalcitrants plutôt que de les redresser fermement et de les supporter avec douceur. Pourtant c’est la charité de Paul que je vous recommande, celle qu’il avait pour les convertis de fraîche date, et qui allait jusqu’aux larmes et à la supplication quand il les trouvait trop peu dociles ou inaccessibles à son amour.

Prenez garde d’agir par impulsion. En punissant il est difficile de conserver cette égalité d’âme qui est nécessaire pour qu’on ne croie pas que nous agissons pour faire montre de notre autorité ou pour donner libre cours à notre emportement. Regardons [nos garçons] comme des fils sur lesquels nous avons un pouvoir à exercer. Faisons-nous leurs serviteurs, exactement comme Jésus, qui est venu pour obéir et non pour commander ; n’ayons pas honte de dominer à sa manière à lui, et ne les dominons que pour mieux les servir.

C’est ce que faisait Jésus avec les Apôtres, qui étaient ignorants et grossiers ; bien plus, il les soutenait lorsqu’ils n’étaient pas assez fidèles, et il montrait une bonté et une amitié familières avec les pécheurs, si bien que certains en étaient stupéfaits, d’autres scandalisés, et que d’autres enfin, en venaient à espérer le pardon de Dieu. C’est pourquoi il nous a commandé d’être doux et humbles de cœur.

Saint Jean Bosco

 

 

 

L’Église se maintient humblement dans la vérité

30 septembre 2024

« Oui, même si je suis dans l’ignorance, mon ignorance sera avec moi. » (Jb 19,4 Vg) Le propre des hérétiques est de s’enfler de la vaine arrogance de leur science, de railler souvent la simplicité d’une foi droite et de juger sans mérite la vie des humbles. La sainte Église, au contraire, devant toute vérité qu’atteint sa sagesse véritable, abaisse humblement sa pensée, fuyant la suffisance de la science, la fatuité de la recherche sur les mystères, la présomption de sonder des problèmes qui sont au-delà de ses forces. Il lui est plus utile, en effet, de s’appliquer à ignorer ce qu’elle ne peut pas sonder qu’à définir effrontément ce qu’elle ignore.

D’autre part on dit qu’est avec nous ce qui est pour nous, inversement que n’est pas avec nous ce qui est contre nous. Puisque donc le cœur de l’hérétique s’enfle de sa science et que les fidèles s’humilient dans le sentiment de leur ignorance, le bienheureux Job peut dire en son nom, mais aussi en accord avec l’Église universelle : « Même si j’ai ignoré, mon ignorance sera avec moi. » C’est dire en clair aux hérétiques : Toute votre science n’est pas avec vous, parce qu’elle est contre vous, puisqu’elle vous dresse dans un fol orgueil. Mais mon ignorance est avec moi, parce qu’elle est pour moi, puisque, loin d’avoir l’orgueilleuse audace de faire une enquête sur Dieu, je me maintiens humblement dans la vérité.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Face à la miséricorde de Dieu, reconnaître pleinement notre péché

29 septembre 2024

Dieu lui-même est justice par excellence. Toutes ses œuvres sont justes, ordonnées qu’elles sont de toute éternité par sa haute puissance, sa haute sagesse, sa haute bonté. De même qu’il a tout réglé pour le mieux, de même il œuvre sans cesse et conduit chaque chose à sa fin… La miséricorde est l’œuvre de la bonté de Dieu ; elle continuera à œuvrer aussi longtemps qu’il sera permis au péché de tourmenter les âmes justes. Lorsque cette permission sera retirée…tout sera établi dans la justice, pour y demeurer éternellement.

Dieu permet que nous tombions. Mais par sa puissance et sa sagesse, il nous garde. Par sa miséricorde et sa grâce, il nous élève à une joie infiniment plus grande. Ainsi veut-il être connu et aimé dans la justice et dans la miséricorde, maintenant et à jamais… Moi, je ne ferai rien d’autre que pécher. Mais mon péché n’empêchera pas Dieu d’opérer. La contemplation de son œuvre est joie céleste pour l’âme qui est pénétrée de crainte et qui désire toujours plus amoureusement accomplir la volonté de Dieu avec l’aide de la grâce.

Cette œuvre commencera ici-bas. Elle sera glorieuse pour Dieu et d’un énorme avantage pour tous ceux qui l’aiment sur terre. À notre arrivée au ciel, nous en serons témoins dans une joie merveilleuse. Cette œuvre se poursuivra jusqu’au dernier jour. La gloire et la béatitude qui en découleront subsisteront au ciel, devant Dieu et tous ses saints, à tout jamais… Là sera la plus haute joie : voir que Dieu lui-même en est l’auteur. L’homme, lui, n’est autre que pécheur. Il me semblait que notre bon Seigneur me disait : « Vois donc ! N’y a-t-il pas là matière à humilité ? N’y a-t-il pas là matière à aimer ? N’y a-t-il pas là matière à te connaître toi-même ? N’y a-t-il pas là matière à te réjouir en moi ? Alors, par amour pour moi, réjouis-toi en moi. Rien ne peut me plaire davantage ».

Julienne de Norwich (1342-après 1416)

 

 

 

« Le fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. »

28 septembre 2024

Quand les soldats romains eurent flagellé Jésus, couronné d’épines et revêtu d’un manteau de dérision, ils l’ont ramené à Pilate. Ce militaire au cœur dur a été apparemment bouleversé à la vue de cet homme détruit, brisé. Il l’a présenté à la foule, l’invitant à la pitié, en déclarant : « Idou ho anthropos ; Ecce homo » que nous traduisons habituellement par « Voici l’homme ! » (Jn 19,5) Mais cela veut dire plus exactement en grec : « Voyez, ceci est l’homme ! » Dans la bouche de Pilate, ces mots étaient ceux d’un cynique qui voulait dire : « Nous nous glorifions d’être des hommes, mais maintenant, regardez donc, le voilà, ce ver de terre, c’est l’homme ! Qu’il est méprisable, qu’il est petit ! » Dans ces mots cyniques, l’évangéliste Jean a tout de même reconnu des paroles prophétiques qu’il a transmises à la chrétienté.

Oui, Pilate a raison quand il dit : « Voyez, ceci est l’homme ! » En lui, en Jésus Christ, nous pouvons lire ce qu’est l’homme, le projet de Dieu, et quel traitement nous lui réservons. En Jésus déchiré, nous pouvons voir combien l’homme peut être cruel, petit et mesquin. En lui, nous pouvons lire l’histoire de la haine de l’homme et celle du péché. Mais en lui, en son amour qui souffre pour nous, nous pouvons voir encore davantage la réponse de Dieu : Oui, ceci est l’homme, que Dieu a aimé jusqu’à la poussière, que Dieu a aimé au point de le suivre jusqu’à l’ultime souffrance de la mort. Jusque dans le dernier abaissement, il reste l’appelé de Dieu, le frère de Jésus Christ, appelé à prendre part à l’amour éternel de Dieu.

La question « Qu’est-ce que l’homme ? » trouve sa réponse dans l’imitation de Jésus Christ. En mettant nos pas dans les siens, nous pouvons apprendre jour après jour ce qu’est l’homme, dans la patience de l’amour et de la souffrance avec Jésus Christ, et devenir ainsi des hommes. Ainsi, nous voulons lever les yeux vers celui que Pilate, que l’Église nous présentent. L’homme, c’est Lui. Prions-le afin qu’il nous apprenne à devenir véritablement des hommes, à être des hommes.

Cardinal Joseph Ratzinger

 

 

 

 

 

 

« Il leur défendit vivement de révéler à personne qu’il était le Messie de Dieu. »

27 septembre 2024

« Alors, il enjoignit aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ. » Pourquoi cet ordre ? Pour que, une fois que tout sujet de scandale serait écarté, la croix et sa Passion accomplies, tout obstacle capable de détourner la foule de croire en lui repoussé, la connaissance exacte de qui il était puisse se graver profondément et à tout jamais dans les cœurs. Sa puissance n’avait pas encore brillé d’une façon éclatante. Avant que les apôtres ne la prêchent, il attendait que l’évidence de la vérité et que l’autorité des faits puissent confirmer leur témoignage.

Car c’était une chose de le voir maintenant multiplier les prodiges en Palestine, puis en butte aux persécutions et aux outrages — et la croix allait suivre ces prodiges ; c’en était une autre de le voir adoré, cru par toute la terre, sauvé des mauvais traitements qu’il avait autrefois subis. Voilà pourquoi il leur recommande de ne rien dire à personne… Si les apôtres, qui avaient été témoins des miracles, qui avaient participé à tant de mystères inexprimables, avaient du mal à accepter une seule parole concernant la Passion, et avec eux Pierre lui-même, leur chef à tous (Mt 16,22), qu’aurait pensé le commun des mortels ? Après avoir entendu dire que Jésus était le Fils de Dieu, que penseraient-ils à le voir souillé de crachats et cloué à la croix ? Et cela avant la venue du Saint Esprit, quand on ne connaissait pas encore la raison de ces mystères ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Comme Hérode, nous voulons voir Jésus

26 septembre 2024

L’amour n’admet pas ne pas voir ce qu’il aime. Tous les saints n’ont-ils pas considéré comme peu de chose tout ce qu’ils obtenaient tant qu’ils ne voyaient pas Dieu ?… C’est ainsi que Moïse ose dire : « Si j’ai trouvé grâce devant toi, montre-moi ton visage » (Ex 33,13). Et le psalmiste : « Montre-nous ton visage » (Ps 79,4). N’est-ce pas pour cela que les païens se sont fait des idoles ? Au sein même de l’erreur, ils voyaient de leurs yeux ce qu’ils adoraient.

Dieu savait donc les mortels tourmentés du désir de le voir. Ce qu’il a choisi pour se montrer était grand sur la terre et non le moindre dans le ciel. Car ce que, sur terre, Dieu a fait semblable à lui ne pouvait pas rester sans honneur dans le ciel : « Faisons, dit-il, l’homme à notre image et à notre ressemblance » (Gn 1,26)… Que personne donc ne pense que Dieu a eu tort de venir aux hommes par un homme. Il a pris chair parmi nous pour être vu de nous.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

« Il les envoya proclamer le règne de Dieu. »

25 septembre 2024

Envoyée par Dieu aux peuples pour être « le sacrement universel du salut », l’Église, en vertu des exigences intimes de sa propre catholicité, et obéissant au commandement de son Fondateur (cf Mc 16,15), est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes. Les apôtres eux-mêmes, en effet, sur lesquels l’Église a été fondée, ont suivi les traces du Christ, « prêché la parole de vérité et engendré des églises » (St Augustin). Le devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette œuvre, afin que « la parole de Dieu soit divulguée et glorifiée » (2Th 3,1), le Royaume de Dieu annoncé et instauré dans le monde entier.

Mais, dans l’ordre actuel des choses, dont découlent de nouvelles conditions pour l’humanité, l’Église, sel de la terre et lumière du monde (cf Mt 5,13-14), est appelée de façon plus pressante à sauver et à rénover toute créature, afin que tout soit restauré dans le Christ, et qu’en lui les hommes constituent une seule famille et un seul peuple de Dieu.

Concile Vatican II