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Archive pour le mot-clef ‘Parole Divine’

« Mon Père l’aimera et nous ferons chez lui une demeure. »

lundi 8 mai 2023

Quand, Paul te dit : « Dieu, qui jadis a dit à la lumière de briller du sein des ténèbres, lui qui a brillé en moi… » (cf. 2 Co 4,6), quel autre Dieu, dis-moi, t’invite-t-il à concevoir sinon celui-là même qui habite la lumière insoutenable et que jamais encore, nul absolument des hommes n’a vu. Car c’est lui qui, suressentiel et incréé auparavant, a pris chair et s’est montré à moi comme créature en me divinisant totalement, moi qu’il a assumé de façon merveilleuse. (…)

Donc ceux qui ont reçu Dieu grâce aux œuvres de la foi et ont mérité le nom de dieux, engendrés par l’Esprit, oui, lui-même, ils le voient, lui leur Père qui ne cesse d’habiter la lumière inaccessible ; ils l’ont en eux-mêmes, habitant à demeure, et eux-mêmes habitent en lui, l’absolument inaccessible.

Voilà la foi véritable, voilà l’œuvre de Dieu, voilà le sceau des chrétiens, voilà la communion avec Dieu, voilà la participation, voilà les arrhes divines, voilà en quoi consiste la vie, voilà le Royaume, voilà le vêtement, la robe du Seigneur que les baptisés revêtent par la foi, et non pas à leur insu, je te le dis, ni inconsciemment, mais grâce à la foi, sciemment et consciemment. (…)

Une fois tout entier devenu tel que je viens de le dire, alors viens et tiens-toi avec nous, ô mon frère, sur la montagne de la connaissance divine, de la contemplation divine, et ensemble nous entendrons la voix du Père !

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? » (Ps 94,7)

vendredi 10 février 2023

Comment pouvons-nous discerner la voix de Dieu parmi les mille voix que nous entendons chaque jour dans notre monde ? Je dirais que Dieu nous parle de très nombreuses façons. Il nous parle au moyen d’autres personnes, à travers nos amis, nos parents, le curé, les prêtres. (…) Il parle à travers les événements de notre vie, dans lesquels nous pouvons discerner un geste de Dieu. Il parle également à travers la nature, la création, et il parle, naturellement et surtout, dans sa parole, dans l’Écriture sainte, lue dans la communion de l’Église et lue de manière personnelle en dialogue avec Dieu.

Il est important de lire l’Écriture sainte d’une façon très personnelle, d’une part, et réellement, comme le dit saint Paul (1Th 2,13), non pas comme la parole d’un homme ou un document du passé, comme si nous lisions Homère, Virgile, mais comme une parole de Dieu qui est toujours actuelle et qui me parle. Il est important d’apprendre à écouter un texte, historiquement du passé mais la parole vivante de Dieu, c’est-à-dire d’entrer en prière, et ainsi de faire de la lecture de l’Écriture sainte un entretien avec Dieu. Saint Augustin, dans ses homélies, dit souvent : « J’ai frappé plusieurs fois à la porte de cette parole, jusqu’à ce que je puisse entendre ce que Dieu me disait ». Il y a d’une part cette lecture très personnelle, cet entretien personnel avec Dieu, dans lequel je cherche ce que le Seigneur me dit. Mais en plus de cette lecture personnelle, il est très important d’effectuer une lecture communautaire, car le sujet vivant de l’Écriture sainte c’est le Peuple de Dieu, c’est l’Église.

Benoît XVI

 

 

 

« Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. »

dimanche 21 août 2022

Faites bien attention, frères très chers : les saintes Écritures nous ont été transmises pour ainsi dire comme des lettres venues de notre patrie. Notre patrie, en effet, c’est le paradis ; nos parents, ce sont les patriarches, les prophètes, les apôtres et les martyrs ; nos concitoyens, les anges ; notre roi, le Christ. Quand Adam a péché, nous avons été pour ainsi dire jetés dans l’exil de ce monde. Mais parce que notre roi est fidèle et miséricordieux plus qu’on ne peut le penser ou le dire, il a daigné nous envoyer, par l’intermédiaire des patriarches et des prophètes, les saintes Écritures, comme des lettres d’invitation par lesquelles il nous invitait dans notre éternelle et première patrie. (…) En raison de son ineffable bonté, il nous a invités à régner avec lui.

Dans ces conditions, quelle idée se font d’eux-mêmes les serviteurs qui (…) ne daignent pas lire les lettres qui nous invitent à la béatitude du Royaume ? (…) « Celui qui ignore sera ignoré » (1Co 14,38). Certainement, celui qui néglige de chercher Dieu dans ce monde par la lecture des textes sacrés, Dieu à son tour refusera de l’admettre dans la béatitude éternelle. Il doit craindre qu’on ne lui ferme les portes, qu’on ne le laisse dehors avec les vierges folles (Mt 25,10) et qu’il ne mérite d’entendre : « Je ne sais pas qui vous êtes ; je ne vous connais pas ; écartez-vous de moi, vous tous qui faites le mal » (…) Celui qui veut être écouté favorablement de Dieu doit commencer par écouter Dieu. Comment aurait-il le front de vouloir que Dieu l’écoute favorablement, s’il en fait si peu de cas qu’il néglige de lire ses préceptes ?

Saint Césaire d’Arles (470-543)

 

 

Le Saint-Esprit n’écrit plus d’évangile que dans les cœurs

samedi 4 juin 2022

Dès l’origine du monde, Jésus Christ vit en nous ; il opère en nous tout le temps de notre vie…; il a commencé en soi-même et il continue dans ses saints une vie qui ne finira jamais… Si « le monde entier n’est pas capable de contenir tout ce que l’on pourrait écrire de Jésus », de ce qu’il a fait, ou dit, et de sa vie en lui-même, si l’Évangile ne nous en crayonne que quelques petits traits, si la première heure est si inconnue et si féconde, combien faudrait-il écrire d’évangiles pour faire l’histoire de tous les moments de cette vie mystique de Jésus Christ, qui multiplie les merveilles à l’infini et les multipliera éternellement, puisque tous les temps, à proprement parler, ne sont que l’histoire de l’action divine ? Le Saint-Esprit a fait marquer en caractères infaillibles et incontestables quelques moments de cette vaste durée ; il a ramassé dans les Écritures quelques gouttes de cette mer ; il a fait voir par quelles manières secrètes et inconnues il a fait paraître Jésus Christ au monde…

Le reste de l’histoire de cette divine action qui consiste dans toute la vie mystique que Jésus mène dans les âmes saintes, jusqu’à la fin des siècles, n’est que l’objet de notre foi… Le Saint-Esprit n’écrit plus d’évangile que dans les cœurs ; toutes les actions, tous les moments des saints sont l’évangile du Saint-Esprit ; les âmes saintes sont le papier, leurs souffrances et leurs actions sont l’encre. Le Saint-Esprit, par la plume de son action, écrit un évangile vivant. Et on ne pourra le lire qu’au jour de la gloire où, après être sorti de la presse de cette vie, on le publiera.

Ô la belle histoire ! le beau livre que l’Esprit Saint écrit présentement ! Il est sous la presse, âmes saintes, il n’y a point de jour qu’on n’en arrange les lettres, que l’on n’y applique l’encre, que l’on n’en imprime les feuilles. Mais nous sommes dans la nuit de la foi : le papier est plus noir que l’encre…; c’est une langue de l’autre monde, on n’y comprend rien ; vous ne pouvez lire cet évangile que dans le ciel.

Jean-Pierre de Caussade (1675-1751)

« Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde. »

lundi 30 mai 2022

Bien que nous aimions tous la paix et que nous ayons au fond du cœur l’espérance que notre action en faveur de la paix ne sera pas inutile, ni vous ni moi ne pouvons éluder les pressions de ce temps. Cela signifie que nous ne pouvons pas nous libérer du doute général que, selon les lois de l’histoire, quelque chose puisse changer : une guerre succède à une autre guerre, et chaque fois, cela porte un coup mortel à la cause de la paix. Nous vivons encore trop sous l’influence de ceux qui affirment que ceux qui veulent la paix doivent s’armer pour vaincre la guerre…

Il est remarquable de constater qu’au cours des siècles, jaillissent constamment des héros de paix, des prédicateurs du message de paix… Nous trouvons ces messagers, ces apôtres de la paix en tout temps et en tout lieu. Et de nos jours, par chance, nous n’en manquons pas. Mais aucun messager de la paix n’a trouvé un écho plus vaste que Celui que nous…appelons le Roi de la paix (Is 9,5). Permettez-moi de vous rappeler qui est ce messager. Le jour de Pâques, il semblait que les apôtres avaient perdu toute espérance depuis la mort du Christ sur la croix. Alors qu’aux yeux du monde la mission du Christ était terminée, avait échoué, était incomprise, il est apparu au milieu de ses apôtres réunis au Cénacle par crainte des ennemis, et, au lieu de déclarations belliqueuses contre leurs adversaires, ils s’entendent dire : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14,27)…

Je voudrais répéter cette parole, la faire résonner dans le monde entier, sans me préoccuper de qui l’entendra. Je voudrais la répéter si souvent que, même si…nous l’avons refusée, nous arrivions à l’écouter jusqu’à ce que nous l’ayons tous entendue et comprise.

Bienheureux Titus Brandsma

 

 

« La foule se divisa à son sujet. »

samedi 2 avril 2022

Dans le mystère pascal sont dépassées les limites du mal multiforme auquel participe l’homme durant son existence terrestre : la croix du Christ, en effet, nous fait comprendre que les racines les plus profondes du mal plongent dans le péché et dans la mort ; ainsi devient-elle un signe eschatologique. C’est seulement à la fin des temps et lors du renouvellement définitif du monde qu’en tous les élus l’amour vaincra le mal en ses sources les plus profondes (…).

Dans l’accomplissement eschatologique, la miséricorde se révélera comme amour, tandis que dans le temps, dans l’histoire humaine qui est aussi une histoire de péché et de mort, l’amour doit se révéler surtout comme miséricorde, et se réaliser sous cette forme. Le programme messianique du Christ, programme de miséricorde, devient celui de son peuple, de l’Église. Au centre même de ce programme se tient toujours la croix, puisqu’en elle la révélation de l’amour miséricordieux atteint son sommet. (…)

Le Christ, le Crucifié, est la Parole qui ne passe pas (Mt 24,35). Il est celui qui se tient à la porte et frappe au cœur de tout homme (Ap 3,20), sans contraindre sa liberté, mais en cherchant à en faire surgir un amour qui soit non seulement acte d’union au Fils de l’homme souffrant, mais aussi une forme de miséricorde manifestée par chacun de nous à l’égard du Fils du Père éternel. Dans ce programme messianique du Christ et la révélation de la miséricorde par la croix, la dignité de l’homme pourrait-elle être plus respectée et plus grande, puisque cet homme, s’il est objet de la miséricorde, est aussi en même temps en un certain sens celui qui exerce la miséricorde ?

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

« L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite. »

lundi 28 mars 2022

« La Parole de Dieu est vivante et efficace, plus affilée qu’un glaive à deux tranchants. » (He 4,12) Par ces mots l’apôtre montre à ceux qui cherchent le Christ — Parole, Force et Sagesse de Dieu — tout ce qu’il y a de force, tout ce qu’il y a de sagesse dans la Parole de Dieu. Cette Parole était au commencement auprès du Père, éternelle avec lui (Jn 1,1). Elle a été révélée en son temps aux apôtres, annoncée par eux et reçue humblement dans la foi par le peuple des croyants.

Il y a donc une Parole dans le Père, une Parole dans la bouche des apôtres, et une Parole dans le cœur des croyants. La Parole dans la bouche est l’expression de la Parole qui est dans le Père ; elle est l’expression aussi de la Parole qui est dans le cœur de l’homme. Lorsque l’on comprend la Parole, ou qu’on la croit, ou qu’on l’aime, la Parole dans le cœur de l’homme devient intelligence de la Parole, ou la foi en la Parole, ou l’amour de la Parole. Lorsque ces trois se rassemblent en un seul cœur, tout à la fois on comprend, on croit et on aime le Christ, Parole de Dieu, Parole du Père. (…) Le Christ habite en cette personne par la foi, et par une admirable condescendance, il descend du cœur du Père dans le cœur de l’homme. (…)

Cette Parole de Dieu (…) est vivante : le Père lui a donné d’avoir la vie en elle-même, comme lui a la vie en lui-même (Jn 5,26). C’est pourquoi elle est non seulement vivante, mais elle est Vie, comme il est écrit : « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie » (Jn 14,6). Et puisqu’elle est Vie, elle est vivante pour être vivifiante, car « tout comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il veut » (Jn 5,21).

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

 

 

 

« Cette parole de l’Écriture…, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. »

dimanche 23 janvier 2022

Quand vous lisez : « Il enseignait dans leurs synagogues et tous célébraient ses louanges », prenez garde de n’estimer heureux que les auditeurs du Christ et de vous juger, vous, privés de son enseignement. Si l’Écriture est la vérité, Dieu n’a pas seulement parlé jadis dans les assemblées juives mais il parle aujourd’hui encore dans notre assemblée. Et non seulement ici, dans la nôtre, mais dans d’autres réunions et dans le monde entier Jésus enseigne et cherche des porte-parole pour transmettre son enseignement. Priez pour qu’il me trouve à la fois disposé et apte à le chanter.

De même que le Dieu tout-puissant, cherchant des prophètes au temps où la prophétie faisait défaut aux hommes, trouve par exemple Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, ainsi Jésus cherche des porte-parole pour transmettre sa parole, pour « enseigner les peuples dans leurs synagogues et être glorifié par tous ». Aujourd’hui Jésus est davantage « glorifié par tous » qu’au temps où il n’était connu que dans une seule province.

Origène (v. 185-253)

 

 

« Au jour du jugement, ma parole se dressera. »

lundi 11 octobre 2021

De ceux qui le désirent, je suis le Pasteur et le Maître ; les autres, en revanche, je suis bien leur Créateur, leur Dieu par nature, mais je ne suis par le Roi, je ne suis pas le Guide, absolument pas, de ceux qui n’ont pas pris leur croix pour me suivre ; c’est de l’Adversaire, en effet, qu’ils sont les enfants, les esclaves, les instruments. Vois ces mystères redoutables, vois leur inconscience, vois et gémis sur eux, si tu le peux, à toute heure. En effet, alors qu’ils sont appelés de l’obscurité à la lumière sans couchant, de la mort à la vie, des enfers aux cieux, du provisoire et du corruptible à la gloire éternelle, ils se mettent en colère, en fureur contre ceux qui les enseignent, et ils ourdissent contre eux toute sorte de ruses, ils aiment mieux mourir que de quitter les ténèbres et les œuvres des ténèbres, afin de me suivre. (…)

Ne les contrains pas à faire ce que tu leur enseignes : répète-leur simplement mes paroles et exhorte-les à les observer, comme ce qui leur procure la vie éternelle, et ces paroles mêmes se dresseront, lorsque je viendrai pour le Jugement, et elles les jugeront tous, un à un, selon leur mérite, tandis que toi, tu resteras sans responsabilité, sans aucune espèce de condamnation, puisque tu n’auras pas dissimulé l’argent de mes paroles mais que, tout ce que tu as reçu, tu l’as prodigué à tous. C’est cela qui me plaît, c’est cela l’œuvre de mes apôtres et de mes disciples, qui ont agi selon mes commandements : me proclamer Dieu dans le monde entier, enseigner mes volontés et mes ordres et les laisser par écrit aux hommes. Lutte donc, toi aussi, pour agir et enseigner comme eux. (…) Efforce-toi de te sauver, toi et ceux qui t’écoutent, au cas où tu trouverais sur la terre un homme qui ait des oreilles pour entendre, et qui écoute tes paroles !

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

Poser ses fondations sur le roc

samedi 11 septembre 2021

La prédication de l’Église présente à tous égards une inébranlable solidité ; elle demeure identique à elle-même et bénéficie du témoignage des prophètes, des apôtres et de tous leurs disciples, témoignage qui englobe « le commencement, le milieu et la fin », la totalité du dessein de Dieu infailliblement ordonnée au salut de l’homme et fondant notre foi. Dès lors, cette foi que nous avons reçue de l’Eglise, nous la gardons avec soin. (…) C’est à l’Église en effet qu’a été confié le « don de Dieu » (Jn 4,10) — comme le souffle avait été confié au premier ouvrage que Dieu avait modelé, Adam (Gn 2,7) — afin que tous les membres de l’Église puissent y avoir part et par là être vivifiés. C’est en elle qu’a été déposée la communion avec le Christ, c’est-à-dire l’Esprit Saint, arrhes du don de l’incorruptibilité, confirmation de notre foi et échelle de notre ascension vers Dieu : « Dans l’Église, écrit saint Paul, Dieu a placé des apôtres, des prophètes, ceux qui sont chargés d’enseigner » et tout le reste, par l’action de l’Esprit (1Co 12,28.11).

Car là où est l’Église, là aussi est l’Esprit de Dieu et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce. Et l’Esprit est Vérité (1Jn 5,6). C’est pourquoi ceux qui s’excluent de lui ne se nourrissent pas non plus aux mamelles de leur Mère pour recevoir la vie et n’ont point part à la source limpide qui coule du corps du Christ (Jn 7,37), mais « ls se creusent des citernes fissurées » (Jr 2,13). (…) Devenus étrangers à la vérité, il est fatal qu’ils roulent dans l’erreur et soient ballottés par elle, qu’ils (…) n’aient jamais de doctrine fermement établie, puisqu’ils veulent être raisonneurs de mots plutôt que disciples de la vérité. Car ils ne sont pas fondés sur le Roc unique, mais sur le sable.

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)