« Le Verbe, la Parole de Dieu, s’est fait chair et il a habité parmi nous »… Dans le sein de la Vierge, la Sagesse de Dieu a commencé à se bâtir la demeure d’un corps comme la nôtre…; sans la coopération d’un homme, elle a pris du corps de la Vierge la chair destinée à notre rédemption. C’est donc depuis ce jour que « le Seigneur des armées est avec nous », que le Dieu de Jacob est notre soutien, puisque le Seigneur prend notre condition humaine « pour que la gloire habite sur notre terre ».
Oui, Seigneur, tu as « béni ta terre », la terre « bénie entre toutes les femmes ». Tu as répandu la grâce de l’Esprit Saint pour que « notre terre donne le fruit béni de ses entrailles », et que, de la rosée descendue du ciel dans un sein virginal, germe le Sauveur. Cette terre avait été maudite à cause du Menteur : même quand on la travaillait, des ronces et des épines germaient d’elle pour les héritiers de la malédiction. À présent, la terre est bénie du fait du Rédempteur ; elle produit pour tous la rémission des péchés et le fruit de vie ; elle efface pour les fils d’Adam la tare de la malédiction originelle.
Oui, elle est bénie, cette terre absolument vierge qui sans avoir été touchée, ni bêchée, ni ensemencée, fait germer le Sauveur de la seule rosée du ciel et procure aux mortels le pain des anges, aliment de vie éternelle. Cette terre non cultivée semblait être dénudée, alors qu’elle tenait cachée en elle une récolte abondante ; elle semblait être un désert inhabité, alors qu’elle était un paradis de délices. Oui, ce lieu solitaire était le jardin où Dieu trouvait toute sa joie.
Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)
(Références bibliques : Jn 1,14; 1Co 1,24; Pr 9,1; Ps 45,8; Ps 84,10.2; Lc 1,28; Ps 84,13 et Lc 1,42; Is 45,8; Gn 3,17-18; Jn 8,44; Ps 77,25)