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Archive pour le mot-clef ‘âmes’

« Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »

mardi 2 avril 2013

« Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Saints anges, vous connaissez pourtant bien celui qu’elle pleure et qu’elle cherche. Pourquoi donc raviver ses larmes en le rappelant à sa mémoire ? Mais Marie peut donner libre cours à toute sa peine et à ses pleurs, car la joie d’une consolation inespérée approche. « Elle se retourne et voit Jésus debout, mais ne le reconnaît pas. » Scène remplie de charme et de bonté, où celui qui est désiré et cherché se montre et pourtant se cache. Il se cache pour être cherché avec plus d’ardeur, trouvé avec plus de joie, retenu avec plus de soin, jusqu’à ce qu’il soit introduit, pour y rester, dans la demeure de l’amour (cf Ct 3,4). Voilà comment la Sagesse « mène son jeu sur la surface de la terre, elle qui se plaît chez les enfants des hommes » (Pr 8,31).

« Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Tu as celui que tu cherches, et tu l’ignores ? Tu as la vraie joie éternelle, et tu pleures ? Tu l’as en toi, celui que tu cherches dehors. Vraiment tu te tiens dehors tout en larmes près d’une tombe. Ma tombe, c’est ton cœur ; je n’y suis pas mort, mais j’y repose, vivant pour l’éternité. Ton âme est mon jardin. Tu avais raison de penser que je suis jardinier. Nouvel Adam, je cultive mon paradis et je le garde. Tes larmes, ton amour et ton désir sont mon ouvrage. Tu me possèdes en toi sans le savoir : voilà pourquoi tu me cherches au dehors. Je vais donc t’apparaître là aussi pour te faire rentrer en toi-même afin que tu trouves à l’intérieur celui que tu cherches dehors.

Homélie monastique anonyme du 13e siècle
Méditation sur la Passion et la Résurrection du Christ, 38 ; PL 184, 766 (trad. Orval)

Par la confiance et l’amour

samedi 9 mars 2013

Voici ma prière : je demande à Jésus de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement à lui, qu’il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l’amour embrasera mon cœur, plus je dirai : « Attirez-moi », plus aussi les âmes qui s’approcheront de moi (pauvre petit débris de fer inutile, si je m’éloignais du brasier divin), plus ces âmes « courront avec vitesse à l’odeur des parfums » de leur Bien-Aimé (Ct 1,4 LXX)…

Ma Mère chérie, maintenant je voudrais vous dire ce que j’entends par l’odeur des parfums du Bien-Aimé. Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées, mais que ces traces sont lumineuses, qu’elles sont embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir. Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance ; au lieu de m’avancer avec le pharisien, je répète, remplie de confiance, l’humble prière du publicain. Mais surtout j’imite la conduite de Marie Madeleine ; son étonnante ou plutôt son amoureuse audace, qui charme le cœur de Jésus, séduit le mien.

Oui, je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais le cœur brisé de repentir me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien il chérit l’enfant prodigue qui revient à lui (cf Lc 15,11s). Ce n’est pas parce que le bon Dieu, dans sa prévenante miséricorde, a préservé mon âme du péché mortel que je m’élève à lui par la confiance et l’amour.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique C, 36r°-v°

 

 

 

« Abandonnant tout, l’homme se leva et se mit à le suivre. »

samedi 16 février 2013

 

Il y a des jours où des avions traversent le ciel à des vitesses prodigieuses, survolant le monastère. Le bruit de leurs moteurs effraye les petits oiseaux qui nichent dans les cyprès de notre cimetière. En face du couvent, traversant les champs, il y a une route goudronnée où circulent à toute heure des camions et des voitures de tourisme qui ne s’intéressent pas à la vue du monastère. Une des principales voies ferrées de l’Espagne traverse aussi les terres du monastère… On dit que tout cela est liberté… Mais l’homme qui médite un peu verra comme le monde se trompe, au milieu de ce qu’il appelle liberté…
Où se trouve donc la liberté ? Elle se trouve dans le cœur de l’homme qui n’aime que Dieu. Elle est dans l’homme dont l’âme n’est attachée ni à l’esprit ni à la matière, mais seulement à Dieu. Elle est dans cette âme qui n’est pas soumise au moi égoïste ; dans l’âme qui s’envole au-dessus de ses propres pensées, de ses propres sentiments, de son propre souffrir et jouir. La liberté est dans cette âme-là dont la seule raison d’exister est Dieu ; dont la vie est Dieu et rien de plus que Dieu.

L’esprit humain est petit, il est réduit, il est sujet à mille variations, des hauts et des bas, des dépressions, des déceptions, etc., et le corps, avec une telle faiblesse. La liberté est donc en Dieu. L’âme qui passant vraiment par-dessus tout fonde sa vie en lui, on peut dire qu’elle jouit de la liberté, dans la mesure du possible pour celui qui est encore dans ce monde.

Saint Raphaël Arnaiz Baron (1911-1938), moine trappiste espagnol
Écrits spirituels, 15/12/1936 (trad. Cerf 2008, p. 268)

 

 

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

mardi 12 février 2013

Parfois, nous ne nous apercevons pas combien nous sommes aveugles. Nous agissons mal et nous donnons les pires excuses. Nous sommes fréquemment mus par la passion, et nous essayons de faire passer cela pour du zèle. Nous relevons de petites fautes chez les autres, et nous nous en permettons de plus grandes. Nous sommes prompts à déceler et à condamner les travers d’autrui, mais nous ne prenons pas garde à ce que nous leur faisons supporter. Celui qui se jugerait équitablement lui-même n’aurait plus le courage de juger sévèrement les autres.

Un chrétien prend soin de sa propre vie avant toute chose, et celui qui se surveille attentivement se garde bien ensuite de critiquer la conduite des autres. Tu ne seras jamais une personne vraiment intérieure si tu ne t’efforces pas de te taire au sujet de ton prochain pour t’occuper principalement de toi-même… Celui qui aime Dieu compte pour peu de chose tout ce qui est au-dessous de Dieu, car Dieu seul, éternel, immense, qui comble tout, est le réconfort de l’âme et la vraie joie du cœur…

Ton repos sera tranquille si ton cœur ne te reproche rien ; ne cherche d’autre joie que celle d’avoir fait le bien. Les méchants ne connaîtront jamais la véritable joie ; ils ne posséderont pas la paix intérieure, car « il n’y a pas de paix pour les impies » (Is 57,21)… Ceux qui ont la conscience pure seront facilement calmes et heureux. Tu ne deviendras pas plus saint parce qu’on te louera, ni plus ignoble parce qu’on te blâmera. Tu resteras ce que tu es ; tout ce qu’on pourra dire de toi ne te fera pas paraître plus grand aux yeux de Dieu. Si tu prêtes seulement attention à ce que tu es véritablement, tu t’inquiéteras peu de l’opinion des hommes à ton sujet. « L’homme voit le visage, mais Dieu voit le cœur » (1S 16,7).

Imitation de Jésus Christ, traité spirituel du 15ème siècle
Livre II, ch 5-6 (trad. Ravinaud, Médiaspaul 1989, p. 73)

 

 

Lettre aux Hébreux 13,15-17.20-21.

samedi 9 février 2013

Frères, en toute circonstance, offrons à Dieu, par Jésus, un sacrifice de louange, c’est-à-dire l’acte de foi qui sort de nos lèvres en l’honneur de son nom.
Ne manquez pas d’être généreux et de partager. C’est cela qu’il faut offrir à Dieu pour lui plaire.
Faites confiance à ceux qui vous dirigent et soyez-leur soumis ; en effet, ils sont là pour veiller sur vos âmes, et ils auront à rendre des comptes. Ainsi, ils accompliront leur tâche avec joie, sans avoir à se plaindre, ce qui ne vous serait d’aucun profit.
Que le Dieu de la paix, lui qui a fait remonter d’entre les morts le berger des brebis, Pasteur par excellence, grâce au sang de l’Alliance éternelle, notre Seigneur Jésus,
que ce Dieu vous munisse de tout ce qui est bon pour accomplir sa volonté, qu’il réalise en nous ce qui plaît à ses yeux, par Jésus Christ, à qui appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

 

 

 

« Silence ! Sors de cet homme ! »

mardi 15 janvier 2013

« Jésus menaça le démon en disant :       ‘ Tais-toi, et sors de cet homme. ‘ » La Vérité n’a nul besoin du témoignage du Menteur. « Je ne suis pas venu me faire confirmer par ton témoignage mais t’expulser de celui que j’ai créé…; je n’ai pas besoin de la reconnaissance de celui que je voue au déchirement. Tais-toi ! Que ton silence soit ma louange. Je ne veux pas être loué par ta voix, mais tes tourments ; ton châtiment c’est ma louange… Tais-toi, et sors de l’homme ! » C’est comme si il disait : « Sors de chez moi ; que fais-tu dans ma demeure ? Moi, je désire entrer : alors, tais-toi, et sors de l’homme, cet être doué de raison. Sors de l’homme ! Quitte cette demeure qui a été préparée pour moi ! Le Seigneur veut sa maison, sors de cet homme »…

Voyez à quel point l’âme de l’homme est précieuse. Cela va à l’encontre de ceux qui pensent que nous, les hommes, et les animaux avons une âme identique et que nous sommes animés d’un même esprit. À un autre moment, le démon est expulsé d’un seul homme et il est envoyé dans deux mille porcs (Mt 8,32) : ce qui est précieux est sauvé, ce qui est vil est perdu. « Sors de l’homme, va-t’en chez les porcs…, va où tu veux, va-t’en aux abîmes. Laisse l’homme, ma propriété privée… Je ne te laisserai pas posséder l’homme, car ce serait un outrage pour moi si tu t’installais en lui à ma place. J’ai assumé un corps humain, j’habite dans l’homme : cette chair que tu possèdes fait partie de ma chair, sors de cet homme ! »

Saint Jérôme (347-420), prêtre, traducteur de la Bible, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Marc, n°2 ; PLS 2, 125s ; SC 494 (trad. SC p. 111 rev.)

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Dans le silence…

jeudi 6 décembre 2012

Tous nous devons consacrer du temps au silence et à la contemplation, surtout si nous vivons dans de grandes villes comme Londres et New York, où tout n’est qu’agitation. Voilà pourquoi j’ai décidé d’ouvrir notre première maison de sœurs contemplatives, dont la vocation est de prier pendant la plus grande partie de la journée, à New York plutôt que sur l’Himalaya, car je sentais que ce sont les grandes villes qui avaient le plus besoin de silence et de contemplation.

Je commence toujours ma prière par le silence, car c’est dans le silence du cœur que Dieu parle. Dieu est l’ami du silence : nous devons écouter Dieu, parce que ce ne sont pas nos paroles qui comptent, mais ce que lui nous dit et ce qu’il dit à travers nous. La prière nourrit l’âme : ce que le sang est au corps, la prière l’est à l’âme. Elle nous rapproche de Dieu ; elle nous donne un cœur purifié et net. Un cœur pur peut voir Dieu (Mt 5,8), lui parler et voir son amour en la personne de chacun de nos frères humains. Si votre cœur est pur, vous êtes transparent devant Dieu, vous ne lui dissimulez rien, et alors il peut enlever de votre cœur ce qu’il veut.

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
A Simple Path, p. 7

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La prière

samedi 17 novembre 2012

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Ce n’est que par l’oraison et la lecture spirituelle que l’on peut cultiver le don de la prière. L’oraison mentale grandit en même temps que la simplicité, c’est-à-dire dans l’oubli de soi, le dépassement du corps et des sens, et le renouvellement des aspirations qui nourrissent notre prière. Il s’agit, ainsi que le dit saint Jean Vianney, de « fermer nos yeux, fermer notre bouche et ouvrir notre cœur ». Dans la prière vocale, nous parlons à Dieu ; dans l’oraison, il nous parle. C’est à ce moment-là qu’il se déverse en nous.

Nos prières devraient être faites de mots brûlants, jaillissant de la fournaise de nos cœurs remplis d’amour. Dans tes prières, adresse-toi à Dieu avec grande vénération et grande confiance. Ne traîne pas, ne te précipite pas ; ne crie pas, ne t’abandonne pas au mutisme ; mais avec dévotion, avec une grande douceur, en toute simplicité, sans aucune affectation, offre ta louange à Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme.

Une fois enfin, laisse l’amour de Dieu prendre entièrement et absolument possession de ton cœur, et laisse cet amour devenir dans ton cœur sa seconde nature ; ne permets pas à ton cœur que rien de contraire à cela ne pénètre en lui ; laisse-le s’appliquer continuellement à la croissance de cet amour en cherchant à plaire à Dieu en toute chose, en ne lui refusant rien ; laisse-le accepter tout ce qui lui arrive comme venant de la main de Dieu ; fais qu’il soit fermement déterminé à ne jamais commettre volontairement ou consciemment aucune faute –- ou, s’il y échoue, laisse-le s’humilier et apprendre à se relever dans l’instant. Alors, un tel cœur priera continuellement.

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
No Greater Love, ch. 1

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« David lui-même le nomme Seigneur. »

jeudi 21 juin 2012

Qui est semblable à toi, mon Seigneur Jésus Christ, mon doux amour, très haut et immense, et qui regarde les choses les plus humbles ? Qui est semblable à toi parmi les puissants, Seigneur, toi qui choisis les choses les plus faibles dans le monde ? Qui est tel que toi, qui as formé le ciel et la terre…, et qui veux trouver tes délices avec les enfants des hommes ? Quelle est ta grandeur, ô Roi des rois et Seigneur des seigneurs ? Toi qui commandes aux astres et qui approches ton cœur de l’homme ? Qui es-tu, toi qui tiens dans ta droite les richesses et la gloire ?… Ô amour, jusqu’où inclines-tu ta majesté ? Amour, où conduis-tu la source de la sagesse ? Assurément jusqu’à l’abîme de la misère…

« Venez, venez, venez » : je viens, je viens, je viens à toi, Jésus très aimant, toi que j’ai aimé, que j’ai recherché, que j’ai désiré. A cause de ta douceur, de ta compassion et de ta charité, t’aimant de tout mon cœur, de toute mon âme, de toute ma force, je me rends à ton appel.

(Références bibliques : Ps 112,6; Ex 15,11; 1Co 1,27;  Pr 8,31; 1Tm 6,15; Jb 7,17; Pr 3,16; 18,4; Lc 10,27)

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301), moniale bénédictine
Les Exercices, n°3 ; SC 129 (trad. SC p. 99 rev.)

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur.»

jeudi 7 juin 2012

Aimons tous le Seigneur de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de tout notre pouvoir et courage, de toute notre intelligence, de toutes nos forces, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs, de toutes nos volontés. Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l’âme et la vie ; il nous a créés et rachetés ; il nous sauvera par sa seule miséricorde. Malgré nos faiblesses et nos misères, notre corruption et notre honte, notre ingratitude et notre méchanceté, il ne nous a fait et ne nous fait que du bien.
N’ayons donc d’autre désir, d’autre volonté, d’autre plaisir et d’autre joie que notre Créateur, Rédempteur et Sauveur : le seul vrai Dieu, qui est le bien plénier, entier, total, vrai et souverain. Lui seul est bon, miséricordieux et aimable, suave et doux ; lui seul est saint, juste, vrai et droit ; lui seul est bienveillant, innocent et pur…

Désormais donc, plus d’obstacle, plus de barrière, plus d’écran ! Partout, en tout lieu, à toute heure et en tout temps, chaque jour et sans discontinuer, tous, croyons d’une foi humble et vraie, gardons dans notre cœur, sachons aimer, honorer, adorer, servir, louer et bénir, glorifier et célébrer, magnifier et remercier le très haut souverain Dieu éternel : Trinité et unité ; Père, Fils et Saint Esprit ; Créateur de toutes choses, Sauveur de tous ceux qui mettent en lui leur foi, leur espérance et leur amour ; lui qui est sans commencement ni fin ; immuable, invisible, inexprimable…, béni, louable, glorieux et célébré…, doux, aimable, délectable, et désirable plus que tout autre bien dans ce monde et dans le monde à venir. Amen.

Saint François d’Assise (1182-1226), fondateur des Frères mineurs
Première règle, § 23 (trad. Desbonnets et Vorreux, Documents, p. 80)

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