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Archive pour le mot-clef ‘commandements’

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

samedi 9 septembre 2023

Le troisième commandement du Décalogue rappelle la sainteté du sabbat : « Le septième jour est un sabbat ; un repos complet consacré au Seigneur » (Ex 31,15 ; cf. 20,8).

L’Écriture fait à ce propos mémoire de la création : « Car en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, mais il s’est reposé le septième jour. Voilà pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat, il l’a sanctifié » (Ex 20,11).

L’Écriture révèle encore dans le jour du Seigneur un mémorial de la libération d’Israël de la servitude en Égypte : « Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte et que le Seigneur ton Dieu t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu. Voilà pourquoi le Seigneur ton Dieu te commande de pratiquer le jour du sabbat » (Dt 5,15).

Dieu a confié à Israël le sabbat pour qu’il le garde en signe de l’alliance infrangible. Le sabbat est pour le Seigneur, saintement réservé à la louange de Dieu, de son œuvre de création et de ses actions salvifiques en faveur d’Israël…

L’Évangile rapporte de nombreux incidents où Jésus est accusé de violer la loi du sabbat. Mais jamais Jésus ne manque à la sainteté de ce jour. Il en donne avec autorité l’interprétation authentique : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Mc 2,27). Avec compassion, le Christ s’autorise « le jour du sabbat, de faire du bien plutôt que le mal, de sauver une vie plutôt que de la tuer » (Mc 3,4). Le sabbat est le jour du Seigneur des miséricordes et de l’honneur de Dieu. « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

Catéchisme de l’Église catholique

 

 

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même. »

vendredi 25 août 2023

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Je veux que tu saches qu’il n’est point de vertu et pareillement point de défaut qui ne s’exercent par le moyen du prochain. Qui demeure dans l’inimitié vis-à-vis de moi, cause un dommage au prochain et à lui-même qui est son principal prochain. Et il lui fait tort soit en général, soit en particulier. En général, parce que vous êtes tenus d’aimer votre prochain comme vous-mêmes, et cet amour vous fait un devoir de l’assister par la prière, par la parole, par le conseil et de lui procurer tous les secours spirituels ou temporels suivant la mesure de ses besoins. Et si vous ne le pouvez faire réellement, parce que vous n’en avez pas le moyen, tout au moins, devez-vous en avoir le désir.

Mais si l’on ne m’aime pas, l’on n’aime pas non plus le prochain. Ne l’aimant pas, on ne le secourt pas et du même coup l’on se fait tort à soi-même. On se prive de ma grâce, en même temps que l’on frustre le prochain, en ne lui donnant pas les prières et les pieux désirs que l’on doit m’offrir pour lui. Toute assistance prêtée au prochain doit procéder de la dilection que l’on a pour lui pour l’amour de moi.

Pareillement peut-on dire qu’il n’est point de vice qui n’atteigne le prochain ; car si l’on ne m’aime pas, l’on ne saurait être dans la charité qu’on lui doit. Tous les maux proviennent de ce que l’âme est privée de la charité envers moi et envers le prochain. Ne pouvant plus faire le bien, il s’ensuit que l’on fait le mal. Et contre qui fait-on ainsi le mal ? Contre soi-même d’abord et puis contre le prochain. Ce n’est pas à moi que l’on fait du tort, car le mal ne saurait m’atteindre, sinon en tant que je considère comme fait à moi-même ce qui est fait au prochain.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Aimez vos ennemis, afin d’être vraiment des fils

mardi 20 juin 2023

Quiconque est parvenu, par la charité, à l’image et ressemblance divine, se délecte dorénavant au bien lui-même à cause du plaisir qu’il y trouve. Il embrasse avec un égal amour la patience et la douceur. Les manquements des pécheurs n’irritent plus sa colère ; mais plutôt implore-t-il leur pardon, pour la plus grande pitié et compassion qu’il ressent à l’endroit de leurs infirmités.

Ne se souvient-il pas d’avoir éprouvé l’aiguillon de passions semblables, jusqu’au jour qu’il plut à la miséricorde du Seigneur de l’en préserver ? Ce ne sont pas ses propres efforts qui l’ont sauvé de l’insolence de la chair, mais la protection de Dieu. Dès lors, il comprend que ce n’est pas de la colère qu’il faut avoir pour ceux qui s’égarent, mais de la commisération ; et, dans l’absolue tranquillité de son cœur, il chante à Dieu ce verset : « C’est vous qui avez brisé mes chaînes, je vous offrirai un sacrifice de louange » (Ps 115,16-17) ; et encore : « Si le Seigneur n’eût été mon soutien, peu s’en fallait que mon âme n’habitât l’enfer. » (Ps 93,17 LXX)

Puis, cette humilité d’esprit le rend capable d’accomplir le précepte évangélique de la perfection : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient. » (Mt 5,44) C’est par là que nous mériterons d’atteindre à la récompense dont il est parlé aussitôt après, non seulement de porter l’image et ressemblance divine, mais encore de recevoir le titre de fils : « Afin, est-il dit, que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5,45)

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

« Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant. »

lundi 19 juin 2023

« Si quelqu’un observe toute la Loi mais s’il est en faute sur un seul point, le voilà en infraction par rapport à l’ensemble de la Loi » (Jc 2,10). Quel est cet unique précepte, sinon le vrai amour, la charité parfaite ? C’est d’elle que l’apôtre Paul a dit aussi : « Une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Ga 5,14). (…)

Car la vraie charité est patiente dans l’adversité et modérée dans la prospérité. Elle est forte dans les souffrances pénibles, joyeuse dans les bonnes œuvres, parfaitement en sûreté dans la tentation. Elle est très douce entre vrais frères, très patiente parmi les faux. Elle est innocente au milieu des embûches ; elle gémit au milieu des malfaisances ; elle respire dans la vérité. Elle est chaste en Suzanne mariée, en Anne veuve, en Marie vierge (Dn 13,1s; Lc 2,36). Elle est humble dans l’obéissance de Pierre et libre dans l’argumentation de Paul. Elle est humaine dans le témoignage des chrétiens, divine dans le pardon du Christ. Car la vraie charité, frères très chers, est l’âme de toutes les Écritures, la force de la prophétie, la charpente de la connaissance, le fruit de la foi, la richesse des pauvres, la vie des mourants. Gardez-la donc fidèlement ; chérissez-la de tout votre cœur et de toute la force de votre esprit (cf Mc 12,30).

Saint Césaire d’Arles (470-543)

 

 

 

Le Christ, accomplissement de la Loi et des prophètes

mercredi 14 juin 2023

Quand je lis l’Évangile et que j’y vois des témoignages tirés de la Loi ou des prophètes, je ne considère que le Christ. Je n’ai vu Moïse, je n’ai vu les prophètes, qu’avec l’intention de comprendre ce qu’ils disent du Christ. Car enfin quand j’arrive à la splendeur du Christ et que j’aperçois en quelque sorte la lumière resplendissante du soleil éclatant, je ne peux pas voir la lumière d’une lampe. Si on allume une lampe en plein jour, peut-elle éclairer ? Quand le soleil se lève, la lumière de la lampe est invisible. De même, quand le Christ est présent, la Loi et les prophètes disparaissent totalement. Je ne critique pas la Loi et les prophètes ; au contraire, je les loue car ils annoncent le Christ. Mais quand je lis la Loi et les prophètes, mon but n’est pas de m’en tenir à la Loi et aux prophètes, mais, par la Loi et les prophètes, de parvenir jusqu’au Christ.

Saint Jérôme (347-420)

 

 

 

« Tu aimeras de tout ton cœur. »

vendredi 17 mars 2023

Nous ne savons pas assez ce que Dieu veut de notre cœur, nous n’avons pas assez appris de Jésus dans l’Évangile que Dieu ne rejette pas le cœur qu’il a créé, que Dieu veut et peut convertir notre cœur, que Dieu veut que nous l’aimions de « tout notre cœur », que la charité déborde et dépasse notre cœur mais c’est dans notre cœur qu’elle « prend chair » en nous. Jésus n’est pas venu pour arracher notre cœur mauvais et faire de nous des hommes sans cœur, mais pour nous donner un cœur nouveau capable de devenir pareil au sien. L’Évangile d’un bout à l’autre nous enseigne, nous montre, nous propose la conversation du cœur.

Pour vivre il faut aimer. Le Sacré-Cœur, le cœur du Christ nous montre comment on est fait quand on est ressuscité du péché et vivant de la vie éternelle. Ce cœur que nous avons à recopier, à reproduire, à continuer sur le vif n’est pas seulement un cœur de juste. Pour lui ressembler, il ne suffit pas de remettre notre cœur à nous dans le bon sens, de le vérifier, de le rectifier, bref de faire un examen de conscience et des exercices de perfection.

Pour être le cœur de l’homme nouveau, il faut que ce cœur soit un cœur d’enfant de Dieu, un cœur qui accepte d’être envahi, dynamisé, possédé par l’amour de Dieu, par Dieu qui est Amour. Et ce cœur nouveau, ce cœur greffé de vie nouvelle, doit accepter filialement, c’est-à-dire librement, que l’amour de Dieu devienne en lui passion d’homme : la passion de donner à Dieu, pour le monde, et sans cesse, et tout entière, la vie qu’à chaque instant lui-même nous donne.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

« Pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout. » (Jn 19,28)

mercredi 15 mars 2023

« Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir » (…) En ce temps-là, en effet, le Seigneur a exercé son pouvoir pour accomplir en sa personne tous les mystères que la Loi annonçait à son sujet. Car dans sa Passion, il a mené à terme toutes les prophéties. Lorsqu’on lui a offert, selon la prophétie du bienheureux David (Ps 68,22), une éponge imbibée de vinaigre pour calmer sa soif, il l’a accepté en disant : « Tout est accompli ». Puis, inclinant la tête, il a remis l’esprit (Jn 19,30).

Il a non seulement réalisé personnellement tout ce qu’il a dit, mais il nous a encore confié ses commandements, afin que nous les mettions en pratique. Alors que les anciens n’avaient pas pu observer les commandements les plus élémentaires de la Loi (Ac 15,10), il nous a prescrit de garder les plus difficiles, par le moyen de la grâce et de la puissance qui viennent de la croix.

Epiphane de Bénévent (5e – 6e siècle)

 

 

 

La Loi enracinée dans nos cœurs

dimanche 12 février 2023

Il y a des préceptes naturels de la Loi qui donnent déjà la justice ; même avant le don de la Loi à Moïse des hommes observaient ces préceptes, et ils étaient justifiés par leur foi et plaisaient à Dieu. Ces préceptes-là, le Seigneur ne les a pas abolis, mais étendus et accomplis. C’est ce que prouvent ces paroles : « Il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. » Et encore : « Il a été dit : Tu ne tueras pas. Mais moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sans motif en répondra au tribunal » (Mt 5,21s). (…) Et ainsi de suite. Tous ces préceptes n’impliquent ni la contradiction ni l’abolition des précédents, mais leur accomplissement et leur extension. Comme le Seigneur le dit lui-même : « Si votre justice ne dépasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5,20).

En quoi consistait-il, ce dépassement ? D’abord, à croire non plus seulement au Père, mais aussi à son Fils dorénavant manifesté, car c’est lui qui mène l’homme à la communion et à l’union avec Dieu. Ensuite, à ne pas dire seulement, mais à faire — car « ils disaient et ne faisaient pas » (Mt 23,3) — et à se garder non seulement des actes mauvais, mais même de leur désir. En enseignant cela, il ne contredisait pas la Loi, mais il accomplissait la Loi et enracinait en nous les prescriptions de la Loi. (…) Prescrire de s’abstenir non seulement des actes défendus par la Loi, mais même de leur désir, n’est pas le fait de quelqu’un qui contredit et abolit la Loi ; c’est le fait de celui qui l’accomplit et l’étend.

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

« Honore ton père et ta mère. » (Ex 20,12)

mardi 7 février 2023

En honorant le Père céleste, nous honorons aussi nos pères selon la chair : car le Seigneur lui-même l’a clairement ordonné dans la Loi et les Prophètes : « Honore ton père et ta mère, afin d’être heureux et de vivre longtemps sur la terre » (Ex 20,12). Que ce commandement soit entendu en particulier de ceux d’entre vous qui ont père et mère. Les enfants, obéissez à vos parents en toutes choses car c’est une pratique qui plaît au Seigneur.

Le Seigneur en effet n’a pas dit : « Celui qui aime père ou mère n’est pas digne de moi » (Mt 10,37) : que ton ignorance ne te fasse pas mal interpréter cette bonne prescription, mais il a ajouté ceci : « Plus que moi. » Car lorsque les pères d’ici-bas sont d’un avis opposé au Père des cieux, alors il faut obéir à la parole divine. Mais quand ils ne s’opposent en rien à notre pitié, c’est se laisser emporter par l’ingratitude et oublier leurs bienfaits à notre égard que de les mépriser. (…)

La première des vertus des chrétiens est la pitié : honorer les parents, revaloir leurs peines à ceux qui nous ont donné la vie, et selon notre pouvoir leur procurer la paix ; quand bien même en effet nous leur rendrions quantité de leurs bienfaits, pourtant au grand jamais nous ne pourrons à notre tour leur donner la vie. De leur côté, s’ils jouissent grâce à nous de la paix, ils nous fortifieront des bénédictions que le trompeur Jacob arracha par la ruse.

Que le Père des cieux ayant pour agréable notre bonne volonté nous juge dignes de briller comme le soleil en compagnie des justes, dans le royaume de notre Père à qui est la gloire avec le Seul-engendré et Sauveur Jésus Christ, avec le saint et vivificateur Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

« Tout…dépend de ces deux commandements. »

vendredi 19 août 2022

[ Il y a une] interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du prochain (…). Si le contact avec Dieu me fait complètement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à reconnaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être « pieux » et accomplir mes « devoirs religieux », alors même ma relation à Dieu se dessèche. Alors, cette relation est seulement « correcte », mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à lui de m’aimer.

Les saints — pensons par exemple à la bienheureuse Teresa de Calcutta — ont puisé dans la rencontre avec le Seigneur dans l’eucharistie leur capacité à aimer le prochain de manière toujours nouvelle, et réciproquement cette rencontre a acquis son réalisme et sa profondeur précisément grâce à leur service des autres.

Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un « commandement » qui nous prescrit l’impossible de l’extérieur, mais au contraire d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit par la suite être partagé à d’autres. L’amour grandit par l’amour. L’amour est « divin » parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu, et, à travers ce processus d’unification, il nous transforme en un Nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit « tout en tous » (1 Co 15, 28).

Benoît XVI