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Archive pour le mot-clef ‘St François d’Assise’

« Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. »

jeudi 10 juillet 2025

[Le jeune] François assistait dévotement à la messe en l’honneur des apôtres ; l’évangile était celui où le Christ envoie ses disciples prêcher et leur enseigne la façon évangélique de vivre : « ni or ni argent, pas de monnaie dans la ceinture, pas de sac de voyage, pas de tunique de réserve, pas de chaussures, pas de bâton ». Dès qu’il eut compris et retenu ce texte, le voilà amoureux de cette pauvreté des apôtres et il s’écrie, transporté de joie : « Voilà ce que je veux ! Voilà ce que toute mon âme désire ! » Et sans attendre il ôte ses chaussures, laisse tomber son bâton de marche, abandonne besace et argent comme objets d’horreur, ne garde qu’une tunique, jette sa ceinture qu’il remplace par une corde : il met tout son cœur à réaliser ce qu’il vient d’entendre et à se conformer en tout à ce code de perfection donné aux apôtres.

Un élan communiqué par Dieu le pousse dès lors à la conquête de la perfection évangélique et à une campagne de pénitence. Quand il parlait (…), ses paroles étaient tout imprégnées de la force de l’Esprit Saint : elles pénétraient jusqu’au plus profond des cœurs et plongeaient ses auditeurs dans la stupéfaction. Toute sa prédication était une annonce de paix, et il commençait chacun de ses sermons par cette salutation au peuple : « Que le Seigneur vous donne la paix ! » C’est une révélation du Seigneur, déclara-t-il plus tard, qui lui avait appris cette formule. (…)

On parlait de plus en plus de l’homme de Dieu, de son enseignement si simple, de sa vie, et quelques-uns, à son exemple, étaient saisis par cet esprit de pénitence puis se sont joints à lui, quittant tout, et habillés comme lui, ont commencé à partager sa vie.

Saint Bonaventure (1221-1274)

« Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9)

jeudi 22 mai 2025

Du début de sa conversion jusqu’au jour de sa mort, le bienheureux François a toujours été très rude pour son corps. Mais son principal et suprême souci a été de posséder et de conserver toujours au-dedans et au-dehors la joie spirituelle. Il affirmait que si le serviteur de Dieu s’efforçait de posséder et de conserver la joie spirituelle intérieure et extérieure qui procède de la pureté du cœur, les démons ne pourraient lui faire aucun mal, contraints de reconnaître : « Puisque ce serviteur de Dieu conserve sa joie dans la tribulation comme dans la prospérité, nous ne pouvons trouver aucun accès pour nuire à son âme. »

Un jour, il a repris un de ses compagnons qui avait l’air triste et le visage chagrin : « Pourquoi manifester ainsi la tristesse et la douleur que tu ressens de tes péchés ? C’est affaire entre Dieu et toi. Prie-le de te rendre, par sa bonté, la joie du salut (Ps 50,14). Devant moi et devant les autres, tâche de te montrer toujours joyeux, car il ne convient pas qu’un serviteur de Dieu paraisse devant les frères ou les autres hommes avec un visage triste et renfrogné ».

Vie de saint François d’Assise dite « Anonyme de Pérouse » (13e s.)

 

« Revenir pour rendre grâce à Dieu »

mercredi 13 novembre 2024

Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu,
Père saint et juste, Seigneur, roi du ciel et de la terre,
nous te rendons grâces à cause de toi-même,
parce que, par ta sainte volonté,
et par ton Fils unique avec le Saint-Esprit,
tu as créé toutes choses, spirituelles et corporelles.
Tu nous as faits à ton image et ressemblance,
tu nous as placés dans le paradis ;
et nous, par notre faute, nous sommes tombés.

Nous te rendons grâces parce que,
de même que tu nous as créés par ton Fils,
de même, par le saint amour dont tu nous as aimés,
tu as fait naître ton Fils, vrai Dieu et vrai homme,
de la glorieuse Vierge sainte Marie,
et, par sa croix, son sang et sa mort,
tu as voulu nous racheter de notre captivité.

Et nous te rendons grâce parce que ce même Fils
reviendra dans la gloire de sa majesté,
pour envoyer au feu éternel les maudits
qui ont refusé de se convertir et de te reconnaître
et pour dire à tous ceux qui t’auront reconnu,
adoré et servi dans la pénitence :
« Venez, les bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde » (Mt 25,34).

Indigents et pécheurs que nous sommes tous,
nous ne sommes pas dignes de te nommer ;
accepte donc, nous t’en prions,
que notre Seigneur Jésus Christ,
ton Fils bien-aimé en qui tu te complais,
avec le Saint-Esprit Paraclet,
te rende grâces lui-même pour tout,
comme il te plaît et comme il lui plaît,
lui qui toujours te suffit en tout,
lui par qui tu as tant fait pour nous. Alleluia !

Saint François d’Assise (1182-1226)

 

 

 

« Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant. »

samedi 24 février 2024

« Aimez vos ennemis », dit le Seigneur. Aimer vraiment son ennemi, c’est d’abord ne pas se chagriner des torts qu’on a subis soi-même. C’est ressentir douloureusement le péché que l’autre a commis comme une offense à l’amour de Dieu, et c’est prouver à ce dernier, par des actes, qu’on l’aime toujours.

« Ai-je commis un péché ? C’est la faute au démon ! Ai-je subi une injustice ? C’est la faute au prochain ! » Telle est l’attitude de beaucoup de chrétiens. Mais ce n’est pas sur autrui qu’il faut rejeter la faute : l’ennemi, chacun le tient entre ses mains ; l’ennemi c’est l’égoïsme qui fait tomber dans le péché. Heureux dès lors le serviteur qui gardera toujours enchaîné cet ennemi livré entre ses mains et saura s’armer sagement contre lui ; tant qu’il agira de la sorte, aucun autre ennemi, visible ou invisible, ne pourra lui faire du mal.

Saint François d’Assise (1182-1226)

 

 

 

 

« Pour la première fois, il les envoie deux par deux. »

jeudi 1 février 2024

Une nouvelle recrue de qualité est entré dans l’Ordre, et leur nombre a été porté ainsi à huit. Alors le bienheureux François les a réunis tous et leur a parlé longuement du Royaume de Dieu, du mépris du monde, du renoncement à la volonté propre et de la docilité à exiger du corps. Puis il les a divisés en quatre groupes de deux et leur a dit : « Allez, mes bien-aimés, parcourez deux à deux les diverses régions du monde, annoncez la paix aux hommes et prêchez-leur la pénitence qui obtient le pardon des péchés. Soyez patients dans l’épreuve, sûrs que Dieu accomplira ce qu’il a décidé et qu’il tiendra ses promesses. Répondez humblement à ceux qui vous interrogent, bénissez ceux qui vous persécutent, remerciez ceux qui vous insultent et vous calomnient : à ce prix, le Royaume des cieux est à vous ! » (Mt 5,10-11)

Ils ont reçu avec joie la mission que leur confiait la sainte obéissance et se sont prosternés aux pieds de saint François qui a embrassé chacun tendrement en lui disant avec foi : « Abandonne au Seigneur tout souci, et il prendra soin de toi ! » (1P 5,7) C’était sa phrase habituelle quand il envoyait un frère en mission.

Thomas de Celano (v. 1190-v. 1260)

 

 

 

« Nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. » (1Jn 3,18)

jeudi 15 juin 2023

Tous les frères auront soin de ne calomnier personne, d’éviter les paroles de dispute. Qu’ils essaient plutôt de garder le silence autant que Dieu leur en donnera la grâce. Ils ne se disputeront pas entre eux ni avec d’autres, mais ils s’efforceront de répondre humblement : « Nous ne sommes que des serviteurs inutiles » (Lc 17,10). Ils ne s’irriteront pas, « car celui qui se met en colère contre son frère sera passible du jugement ; celui qui dit : ‘Imbécile !’ sera passible du tribunal ; celui qui dira : ‘Fou !’ sera passible de la géhenne du feu ». Ils s’aimeront les uns les autres, conformément à la parole du Seigneur : « Mon commandement est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Par des actes ils témoigneront de l’amour mutuel qu’ils doivent se porter, conformément à la parole de l’apôtre Jean : « Aimons non pas avec des paroles et des discours, mais véritablement et par des actes » (1Jn 3,18).

Ils « n’outrageront personne » ; ils ne diffameront, ils ne dénigreront personne ; car il est écrit : Le Seigneur hait « les rapporteurs et les médisants » ; ils seront modestes, « animés de la plus grande douceur envers tous les hommes » (Tt 3,2; Rm 1,29-30). Ils ne doivent ni juger ni condamner, comme dit le Seigneur (Lc 6,37). Ils n’examineront pas les moindres péchés des autres, mais ils réfléchiront à leurs propres péchés dans l’amertume de leur cœur (cf Is 38,15). Ils « s’efforceront d’entrer par la porte étroite », car, dit le Seigneur, « étroite est la porte et resserrée la route qui conduit à la vie, et il en est peu qui la trouvent » (Lc 13,24; Mt 7,13-14).

Saint François d’Assise (1182-1226)

 

 

 

 

« Comment peux-tu dire : ‘ Montre-nous le Père ? ’ »

samedi 6 mai 2023

MONTRE-NOUS LE PERE…

Le Seigneur Jésus dit à ses disciples : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ; personne ne va au Père que par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; dorénavant vous le connaîtrez, et d’ailleurs vous l’avez déjà vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Jésus lui répondit : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas encore ? Philippe, qui me voit voit aussi mon Père. » Le Père « habite une lumière inaccessible », « Dieu est esprit », « personne n’a jamais vu Dieu » : puisque Dieu est esprit, on ne peut donc le voir que par l’Esprit, car « c’est l’esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien » (1Tm 6,16; Jn 4,24; Jn 1,18; 6,63). Il en va de même pour le Fils : en tant qu’il est égal au Père, on ne peut le voir autrement que par le Père, autrement que par l’Esprit…

« Fils d’hommes, combien de temps encore aurez-vous le cœur si dur ? » (Ps 4,3 Vulg). Pourquoi ne pas reconnaître la vérité ? Pourquoi ne pas croire au Fils de Dieu ? Regardez : chaque jour il s’abaisse, exactement comme à l’heure où, quittant son palais royal (Sg 18,15), il s’est incarné dans le sein de la Vierge ; chaque jour c’est lui-même qui vient à nous, et sous les apparences les plus humbles ; chaque jour il descend du sein du Père sur l’autel entre les mains du prêtre. Et de même qu’autrefois il se présentait aux saints apôtres dans une chair bien réelle, de même il se montre à nos yeux maintenant dans le pain consacré.

Les apôtres, lorsqu’ils le regardaient de leurs yeux de chair, ne voyaient que sa chair, mais ils le contemplaient avec les yeux de l’esprit, et croyaient qu’il était Dieu. Nous aussi, lorsque, de nos yeux de chair, nous voyons du pain et du vin, sachons voir et croire fermement que c’est là, réels et vivants, le Corps et le Sang très saints du Seigneur. Tel est en effet le moyen qu’il a choisi de rester toujours avec ceux qui croient en lui, comme il l’a dit lui-même : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).

Saint François d’Assise (1182-1226)

 

 

 

« Va te mettre à la dernière place. »

samedi 29 octobre 2022

Frères, gardons-nous de tout orgueil et de toute vaine gloire. Gardons-nous de la sagesse de ce monde et de la prudence égoïste. Car celui qui est esclave de ses tendances égoïstes met beaucoup de volonté et d’application à tenir des discours, mais beaucoup moins à passer aux actes : au lieu de rechercher la religion et la sainteté intérieures de l’esprit, il veut et il désire une religion et une sainteté extérieures bien visibles aux yeux des hommes. C’est d’eux que le Seigneur dit : « Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense » (Mt 6,5). Celui, au contraire, qui est docile à l’esprit du Seigneur veut mortifier et humilier cette chair égoïste. (…) Il s’applique à l’humilité et à la patience, à la pure simplicité et à la paix véritable de l’esprit ; ce qu’il désire toujours et par-dessus tout, c’est la crainte de Dieu, la sagesse de Dieu, et l’amour de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

Tous les biens, rendons-les au Seigneur Dieu très-haut et souverain ; reconnaissons que tous les biens lui appartiennent ; rendons-lui grâces pour tout, puisque c’est de lui que procèdent tous les biens. Lui, le Dieu très-haut et souverain, le seul vrai Dieu, qu’il obtienne, qu’on lui rende, qu’il reçoive tous honneurs et respects, toutes louanges et bénédictions, toute reconnaissance et toute gloire : car tout bien est à lui, qui seul est bon.

Saint François d’Assise (1182-1226)

 

 

 

« Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »

mercredi 28 septembre 2022

Ô Dame Pauvreté, le fils du Père souverain « est devenu amoureux de ta beauté » (Sg 8,2)…, sachant que tu serais sa plus fidèle compagne. Avant qu’il ne descende de sa patrie lumineuse, c’est toi qui lui a préparé un endroit convenable, un trône où s’asseoir, un lit où se reposer : la Vierge très pauvre, de qui il est né. Dès sa naissance tu as été à son chevet ; on l’a déposé « dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place à l’hôtellerie » (Lc 2,7). Et tu l’as accompagné toujours, tant qu’il était sur terre : « Les renards avaient leurs tanières, les oiseaux leurs nids, mais lui n’a pas eu de lieu où reposer sa tête ». Quand il s’est mis à enseigner lui-même, après avoir laissé les prophètes parler en son nom, c’est de toi la première qu’il a fait la louange : « Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux ! » (Mt 5,3)

Puis, lorsqu’il s’est choisi quelques amis comme ses témoins pour le salut de l’humanité, il n’a pas appelé de riches commerçants, mais des pêcheurs modestes, afin de montrer à tous combien l’estime qu’il te portait à toi, Dame Pauvreté, devait engendrer de l’amour pour toi. Finalement, comme s’il fallait une preuve éclatante et définitive de ta valeur, de ta noblesse, de ton courage, de ta prééminence sur les autres vertus, tu as été la seule à rester attachée au Roi de gloire alors que les amis qu’il s’était choisis l’avaient abandonné.

Toi sa fidèle compagne, sa tendre amante, tu ne l’as pas quitté un instant ; tu t’es attachée même d’autant plus à lui que tu le voyais davantage et plus universellement méprisé… Toi seule, tu le consolais. Tu ne l’as pas quitté « jusqu’à la mort, à la mort sur une croix » (Ph 2,8), nu, les bras étendus, mains et pieds cloués…, si bien qu’il ne lui restait plus rien à montrer de sa gloire que toi.

Un compagnon de saint François d’Assise (13e siècle)

 

 

« Je ne suis pas digne de te recevoir. »

lundi 12 septembre 2022

Dans l’amour qu’est Dieu, je supplie tous mes frères — ceux qui prêchent, ceux qui prient, ceux qui travaillent manuellement, clercs et laïcs — de s’appliquer à l’humilité en tout : de ne pas se glorifier, trouver sa joie ou s’enorgueillir intérieurement des bonnes paroles et des bonnes actions que Dieu dit ou accomplit parfois en eux ou par eux. Selon la parole du Seigneur : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits mauvais vous sont soumis » (Lc 10,20). Soyons-en fermement convaincus : nous n’avons à nous que les fautes et les péchés. Réjouissons-nous plutôt dans les épreuves lorsque nous avons à supporter, dans notre âme et dans notre corps, toutes sortes d’angoisses et de tribulations en ce monde pour la vie éternelle.

Frères, gardons-nous donc de tout orgueil et de toute vaine gloire ; gardons-nous de la sagesse de ce monde et de la prudence égoïste. Celui qui est esclave de ses tendances égoïstes met beaucoup d’application à tenir des discours, mais beaucoup moins à passer aux actes. Au lieu de rechercher la religion et la sainteté intérieures de l’esprit, il désire une religion et une sainteté extérieures bien visibles aux yeux des hommes. C’est d’eux que le Seigneur dit : « Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense » (Mt 6,2). Celui, au contraire, qui est docile à l’esprit du Seigneur veut mortifier et humilier ce qui est égoïste, vil et abject dans cette chair. Il s’applique à l’humilité et à la patience, à la pure simplicité et à la paix véritable de l’esprit ; ce qu’il désire toujours et par-dessus tout, c’est la crainte filiale de Dieu, la sagesse de Dieu, et l’amour de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit.

Saint François d’Assise (1182-1226)