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Archive pour le mot-clef ‘liberté’

« Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libre. »

mercredi 6 avril 2022

« Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir de la terre d’Égypte, de la maison de servitude. » (Ex 20,2) Ces paroles ne s’adressent pas seulement à ceux qui jadis sont sortis d’Égypte ; elles s’adressent plus encore à toi qui les écoutes maintenant, si toutefois tu sors d’Égypte. (…) Réfléchis : les affaires de ce monde et les actions de la chair ne seraient-elles pas cette maison de servitude et, à l’opposé, la fuite des choses de ce monde et la vie selon Dieu ne seraient-elles pas la maison de la liberté, selon ce que dit le Seigneur dans l’Évangile : « Si vous demeurez dans ma parole, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres » ?

Oui, l’Égypte est la maison de servitude ; Jérusalem et la Judée, la maison de liberté. Écoute l’apôtre Paul déclarer à ce sujet (…) : « La Jérusalem d’en haut est libre ; elle est notre mère à tous » (Ga 4,26). Et, de même que l’Égypte, cette province terrestre, est appelée « maison de servitude » pour les enfants d’Israël en regard de Jérusalem et de la Judée, qui deviennent pour eux maison de liberté, de même, en face de la Jérusalem céleste qui est, peut-on dire, la mère de la liberté, le monde entier avec tout ce qu’il contient est une maison de servitude. Il y avait eu autrefois, en châtiment du péché, passage du paradis de liberté à la servitude de ce monde(…) ; c’est pourquoi la première parole qui ouvre les commandements de Dieu concerne la liberté : « Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir de la terre d’Égypte, de la maison de servitude ».

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« Si vous demeurez fidèles à ma parole…, la vérité vous rendra libres. »

mercredi 24 mars 2021

 

« Le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté » (2Co 3,17). (…) Comment pourrons-nous trouver cette liberté, nous qui sommes les esclaves du monde, les esclaves de l’argent, les esclaves des désirs de la chair ? Certes, je m’efforce de me corriger, je me juge moi-même, je condamne mes fautes. Que mes auditeurs examinent de leur côté ce qu’ils pensent de leur propre cœur. Mais, je le dis en passant, tant que je suis lié par l’une de ces attaches, je ne suis pas converti au Seigneur, je n’ai pas atteint la vraie liberté, puisque de telles affaires, de tels soucis sont encore capables de me retenir. (…)

Il est écrit, nous le savons : « Chacun est esclave de ce qui le domine » (2P 2,19). Même si je ne suis pas dominé par l’amour de l’argent, même si je ne suis pas lié par le souci des biens et des richesses, je suis cependant avide de louange et désireux de gloire humaine, quand je tiens compte du visage que me montrent les hommes et des paroles qu’ils disent de moi, quand je me soucie de savoir ce qu’un tel pense de moi, comment tel autre m’estime, quand je crains de déplaire à l’un et désire plaire à l’autre. Tant que j’ai ces préoccupations, je suis leur esclave. Mais je voudrais faire effort pour me libérer, tâcher de me dégager du joug de cet esclavage honteux et de parvenir à cette liberté dont nous parle l’apôtre Paul : « Vous avez été appelés à la liberté ; ne vous rendez pas esclaves des hommes » (Ga 5,13 ;1Co 7,23). Mais qui me procurera cette liberté ? Qui me délivrera de cet esclavage honteux, sinon celui qui a dit : « Si c’est le Fils qui vous rend libres, alors vous serez vraiment libres. » (…) Servons donc fidèlement, « aimons de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces le Seigneur notre Dieu » (Mc 12,30) pour mériter de recevoir du Christ Jésus notre Seigneur le don de la liberté.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« La loi parfaite, celle de la liberté » (Jc 1,25)

lundi 15 juin 2020

« A qui prend ta tunique, dit le Christ, donne aussi ton manteau ; à qui prend ton bien, ne réclame pas ; et ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux » (Mt 5,40 ;Lc 6,30-31). De la sorte, nous ne nous attristerons pas comme des gens qu’on aurait dépossédés contre leur gré, mais au contraire nous nous réjouirons comme des gens qui auraient donné de bon cœur, puisque nous ferons un don gratuit au prochain plus que nous ne céderons à la contrainte. « Et, dit-il, si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en avec lui deux mille ». De la sorte nous ne le suivons pas comme un esclave, mais nous le précédons comme un homme libre. En toutes choses donc le Christ t’invite à te rendre utile à ton prochain, ne considérant pas sa méchanceté, mais mettant le comble à ta bonté. Il nous invite ainsi à nous rendre semblable à notre Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45).

Tout cela n’est pas le fait de quelqu’un qui abolit la Loi, mais de quelqu’un qui l’accomplit et qui l’étend pour nous (Mt 5,17). Le service de la liberté est un plus grand service ; notre libérateur nous propose une soumission et une dévotion plus profondes à son égard. Car il ne nous a pas libérés des contraintes de la Loi ancienne pour que nous nous détachions de lui…mais pour que, ayant reçu plus abondamment sa grâce, nous l’aimions davantage et que, l’ayant aimé davantage, nous recevions de lui une gloire d’autant plus grande quand nous serons pour toujours en présence de son Père

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

 

 

La liberté de l’homme

lundi 29 octobre 2018

La liberté de l’homme : Dieu a créé l’homme raisonnable en lui conférant la dignité d’une personne douée de l’initiative et de la maîtrise de ses actes. « Dieu a ‘laissé l’homme à son propre conseil’ (Si 15,14) pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, parvenir à la pleine et bienheureuse perfection » ; « L’homme est raisonnable, et par là semblable à Dieu, créé libre et maître de ses actes » (saint Irénée)…

La liberté de l’homme est finie et faillible. De fait, l’homme a failli. Librement, il a péché. En refusant le projet d’amour de Dieu, il s’est trompé lui-même ; il est devenu esclave du péché. Cette aliénation première en a engendré une multitude d’autres. L’histoire de l’humanité, depuis ses origines, témoigne des malheurs et des oppressions nés du cœur de l’homme, par suite d’un mauvais usage de la liberté… En s’écartant de la loi morale, l’homme porte atteinte à sa propre liberté, il s’enchaîne à lui-même, rompt la fraternité de ses semblables et se rebelle contre la vérité divine.

Par sa croix glorieuse, le Christ a obtenu le salut de tous les hommes. Il les a rachetés du péché qui les détenait en esclavage. « C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés » (Ga 5,1). En lui, nous communions à « la vérité qui nous rend libres » (Jn 8,32). L’Esprit Saint nous a été donné et, comme l’enseigne l’apôtre Paul, « là où est l’Esprit, là est la liberté » (2Co 3,17). Dès maintenant, nous nous glorifions de la « liberté des enfants de Dieu » (Rm 8,21).

La grâce du Christ ne se pose nullement en concurrente de notre liberté, quand celle-ci correspond au sens de la vérité et du bien que Dieu a placé dans le cœur de l’homme. Au contraire, comme l’expérience chrétienne en témoigne notamment dans la prière, plus nous sommes dociles aux impulsions de la grâce, plus s’accroissent notre liberté intime et notre assurance dans les épreuves, comme devant les pressions et les contraintes du monde extérieur. Par le travail de la grâce, l’Esprit Saint nous éduque à la liberté spirituelle pour faire de nous de libres collaborateurs de son œuvre dans l’Église et dans le monde.

Catéchisme de l’Église catholique

 

Bonne semaine … Bon lundi …. Dans la communion de tous les Saints !

 

 

 

« Alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »

mercredi 21 mars 2018

« L’esclave ne demeure pas toujours dans la maison. » Cette maison, c’est l’Église, et l’esclave, c’est le pécheur. Les pécheurs entrent en grand nombre dans l’Église. Le Seigneur ne dit donc pas : l’esclave « n’est pas » mais « ne demeure pas dans la maison pour toujours »… Lorsque le roi de toute justice sera assis sur son trône, comme le dit l’Écriture (Mt 25,31), qui pourra se glorifier d’avoir un cœur pur ? Qui pourra se glorifier de ne pas être souillé par le péché ?… Où est donc notre espérance, à nous qui ne sommes pas sans péché ?

Écoute ton espérance : « Mais le Fils y demeure pour toujours ; si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres »… Nous étions esclaves de notre égoïsme ; libérés, nous serons les serviteurs de l’amour. C’est ce que dit l’apôtre Paul : « Vous, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres » (Ga 5,13). Un chrétien ne peut pas dire : « Je suis libre, j’ai été appelé à la liberté ; j’étais esclave, mais j’ai été racheté et suis donc sans entraves et je peux faire ce que je veux. Que personne ne s’oppose à ma volonté, je suis libre ! » Non, si tu te sers de cette volonté pour commettre le péché, tu deviens esclave du péché. N’abuse donc pas de ta liberté…; au contraire, sers-toi d’elle pour éviter le péché. Tu seras libre si tu deviens serviteur, affranchi du péché si tu deviens serviteur de la droiture.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean,  n°41, 8

 

 

« Si c’est le Fils qui vous rend libres, vous serez vraiment libres. »

mercredi 16 mars 2016

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Frères, nous avons une nouvelle naissance par le baptême… « Si nous avons mis notre espoir en ce monde seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1Co 15,19). La vie en ce monde, comme vous le voyez, peut être aussi longue pour les animaux, les bêtes sauvages et les oiseaux que pour nous, ou même plus longue. Mais ce qui est propre à l’homme, c’est ce que le Christ nous a donné par son Esprit — la vie sans fin — mais à condition de ne plus pécher… « Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

Mes petits enfants, retenez avant tout ceci : autrefois les nations étaient livrées aux puissances des ténèbres ; maintenant nous avons été libérés, grâce à la victoire de Jésus Christ notre Seigneur. C’est lui qui nous a rachetés…. Il a délivré les enchaînés, et il a brisé nos liens, comme David l’avait dit : « Le Seigneur redresse les opprimés, le Seigneur délie les enchaînés, le Seigneur ouvre les yeux des aveugles » (Ps 145,7). Et encore : « Tu as brisé mes chaînes, je t’offrirai le sacrifice de louange » (Ps 115,16). Oui, nous sommes délivrés de nos chaînes, rassemblés à l’appel du Seigneur par le sacrement du baptême…, libérés par le sang du Christ et l’invocation de son nom…

Donc, mes bien-aimés, une fois pour toutes nous sommes baptisés, une fois pour toutes nous sommes libérés, une fois pour toutes nous sommes accueillis dans le Royaume immortel. Une fois pour toutes, « heureux ceux dont les crimes sont pardonnés, dont les péchés sont couverts » (Ps 31,1). Tenez fermement ce que vous avez reçu, conservez-le pour votre joie, ne péchez plus. Désormais, gardez-vous purs et irréprochables pour le jour du Seigneur.

Saint Pacien de Barcelone (?-v. 390), évêque
Homélie sur le baptême, 6-7, PL 13, 1093-94 (trad. bréviaire 19e samedi alt.)

 

 

 

« Il y a ici bien plus que Jonas. »

lundi 20 juillet 2015

jonah_st.james_haworthC’est Jonas qui décide lui-même d’être jeté hors du navire : « Prenez-moi et jetez-moi à la mer », dit-il (Jon 1,12), ce qui désigne la Passion volontaire du Seigneur Jésus. Pourquoi en effet les matelots ont-ils attendu d’en recevoir l’ordre… ? C’est que, lorsque le salut de tous requiert la mort d’un seul, on remet sa mort à la libre décision de celui-ci… Ainsi dans cette histoire où celle du Seigneur est totalement préfigurée, on attend la volonté de celui qui doit mourir, pour que sa mort ne soit pas une nécessité subie, mais un acte de liberté : « J’ai le pouvoir de donner ma vie, et j’ai le pouvoir de la reprendre ; personne ne me l’enlève », dit le Seigneur (Jn 10,18). Car si le Christ a rendu l’esprit (Jn 19,30), ce n’est pas parce que sa vie lui échappe. Celui qui tient en sa main l’âme de tous les hommes ne pouvait pas perdre la sienne. « Je tiens toujours mon âme entre mes mains » dit le prophète (Ps 118,109), et ailleurs : « En tes mains je remets mon esprit » (Ps 30,6 ; Lc 23,46).

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l’Église
Sermon 3 ; PL 52, 303-306 (trad. Thèmes et figures, DDB 1984, p. 118)

 

 

« Es-tu venu pour nous perdre ? »

mardi 2 septembre 2014

le-ciel-derri--re-la-Terre--groupe-de-discussion-sur-Yahoo--La-Cit---Jardin-

Les anges et les hommes, créatures intelligentes et libres, doivent cheminer vers leur destinée ultime par choix libre et amour de préférence. Ils peuvent donc se dévoyer. En fait, ils ont péché. C’est ainsi que le mal moral est entré dans le monde, sans commune mesure plus grave que le mal physique. Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral. Il le permet cependant, respectant la liberté de sa créature, et, mystérieusement, il sait en tirer le bien… Du mal moral le plus grand qui ait jamais été commis, le rejet et le meurtre du Fils de Dieu, causé par les péchés de tous les hommes, Dieu, par la surabondance de sa grâce (cf Rm 5,20), a tiré le plus grand des biens : la glorification du Christ et notre rédemption. Le mal n’en devient pas pour autant un bien.

« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28). Le témoignage des saints ne cesse de confirmer cette vérité. Ainsi, sainte Catherine de Sienne dit à « ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive » : « Tout procède de l’amour, tout est ordonné au salut de l’homme, Dieu ne fait rien que dans ce but »… Et Lady Julian of Norwich : « J’appris donc, par la grâce de Dieu, qu’il fallait m’en tenir fermement à la foi, et croire avec non moins de fermeté que toutes choses seront bonnes… Et tu verras que toutes choses seront bonnes. » « Thou shalt see thyself that all manner of thing shall be well. »

Nous croyons fermement que Dieu est le Maître du monde et de l’histoire. Mais les chemins de sa providence nous sont souvent inconnus. Ce n’est qu’au terme, lorsque prendra fin notre connaissance partielle, lorsque nous verrons Dieu « face à face » (1Co 13,12), que les voies nous seront pleinement connues, par lesquelles, même à travers les drames du mal et du péché, Dieu aura conduit sa création jusqu’au repos de ce sabbat définitif, en vue duquel il a créé le ciel et la terre.

Catéchisme de l’Église catholique
§ 311-314

 

 

La liberté humaine : « Les gens le supplièrent de partir de leur région. »

mercredi 2 juillet 2014

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Établi par Dieu dans un état de justice, l’homme, séduit par le Malin, a abusé de sa liberté dès le début de l’histoire en se dressant contre Dieu et en désirant parvenir à sa fin en dehors de Dieu. Alors qu’ils avaient connu Dieu, « ils ne lui ont pas rendu la gloire qui convient à un Dieu…, mais les ténèbres ont rempli leur cœur sans intelligence », et « ils ont servi la créature plutôt que le Créateur » (Rm 1,21s). Notre propre expérience confirme ce que la Révélation divine nous fait connaître ainsi. Car l’homme, s’il examine son cœur, se découvre enclin aussi au mal et emmêlé dans des maux multiples qui ne peuvent pas venir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son origine, l’homme a, par le fait même, brisé l’ordre juste qui l’orientait à sa fin ultime, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, par rapport à lui-même, par rapport aux autres hommes et par rapport à toute la création.

C’est donc en lui-même que l’homme est divisé. C’est pourquoi toute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte, combien dramatique, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. Bien plus, l’homme se découvre incapable par lui-même de vaincre les assauts du mal de façon efficace ; et ainsi chacun se sent comme chargé de chaînes. Mais le Seigneur en personne est venu pour restaurer l’homme dans sa liberté et sa force, le rénovant intérieurement, et jetant dehors « le prince de ce monde » (Jn 12,31), qui le retenait dans l’esclavage du péché. Quant au péché, il amoindrit l’homme lui-même en l’empêchant d’atteindre sa plénitude.

La vocation sublime de l’homme, comme sa profonde misère, dont tous font l’expérience, trouvent leur signification ultime à la lumière de cette Révélation.

Concile Vatican II
Constitution sur l’Église dans le monde de ce temps « Gaudium et spes », § 13

 

 

 

« Abandonnant tout, l’homme se leva et se mit à le suivre. »

samedi 16 février 2013

 

Il y a des jours où des avions traversent le ciel à des vitesses prodigieuses, survolant le monastère. Le bruit de leurs moteurs effraye les petits oiseaux qui nichent dans les cyprès de notre cimetière. En face du couvent, traversant les champs, il y a une route goudronnée où circulent à toute heure des camions et des voitures de tourisme qui ne s’intéressent pas à la vue du monastère. Une des principales voies ferrées de l’Espagne traverse aussi les terres du monastère… On dit que tout cela est liberté… Mais l’homme qui médite un peu verra comme le monde se trompe, au milieu de ce qu’il appelle liberté…
Où se trouve donc la liberté ? Elle se trouve dans le cœur de l’homme qui n’aime que Dieu. Elle est dans l’homme dont l’âme n’est attachée ni à l’esprit ni à la matière, mais seulement à Dieu. Elle est dans cette âme qui n’est pas soumise au moi égoïste ; dans l’âme qui s’envole au-dessus de ses propres pensées, de ses propres sentiments, de son propre souffrir et jouir. La liberté est dans cette âme-là dont la seule raison d’exister est Dieu ; dont la vie est Dieu et rien de plus que Dieu.

L’esprit humain est petit, il est réduit, il est sujet à mille variations, des hauts et des bas, des dépressions, des déceptions, etc., et le corps, avec une telle faiblesse. La liberté est donc en Dieu. L’âme qui passant vraiment par-dessus tout fonde sa vie en lui, on peut dire qu’elle jouit de la liberté, dans la mesure du possible pour celui qui est encore dans ce monde.

Saint Raphaël Arnaiz Baron (1911-1938), moine trappiste espagnol
Écrits spirituels, 15/12/1936 (trad. Cerf 2008, p. 268)