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Archive pour août 2022

« Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. »

dimanche 21 août 2022

Faites bien attention, frères très chers : les saintes Écritures nous ont été transmises pour ainsi dire comme des lettres venues de notre patrie. Notre patrie, en effet, c’est le paradis ; nos parents, ce sont les patriarches, les prophètes, les apôtres et les martyrs ; nos concitoyens, les anges ; notre roi, le Christ. Quand Adam a péché, nous avons été pour ainsi dire jetés dans l’exil de ce monde. Mais parce que notre roi est fidèle et miséricordieux plus qu’on ne peut le penser ou le dire, il a daigné nous envoyer, par l’intermédiaire des patriarches et des prophètes, les saintes Écritures, comme des lettres d’invitation par lesquelles il nous invitait dans notre éternelle et première patrie. (…) En raison de son ineffable bonté, il nous a invités à régner avec lui.

Dans ces conditions, quelle idée se font d’eux-mêmes les serviteurs qui (…) ne daignent pas lire les lettres qui nous invitent à la béatitude du Royaume ? (…) « Celui qui ignore sera ignoré » (1Co 14,38). Certainement, celui qui néglige de chercher Dieu dans ce monde par la lecture des textes sacrés, Dieu à son tour refusera de l’admettre dans la béatitude éternelle. Il doit craindre qu’on ne lui ferme les portes, qu’on ne le laisse dehors avec les vierges folles (Mt 25,10) et qu’il ne mérite d’entendre : « Je ne sais pas qui vous êtes ; je ne vous connais pas ; écartez-vous de moi, vous tous qui faites le mal » (…) Celui qui veut être écouté favorablement de Dieu doit commencer par écouter Dieu. Comment aurait-il le front de vouloir que Dieu l’écoute favorablement, s’il en fait si peu de cas qu’il néglige de lire ses préceptes ?

Saint Césaire d’Arles (470-543)

 

 

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. »

samedi 20 août 2022

Frères, la divine Écriture nous crie : « Tout homme qui s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé ». En disant cela, elle nous montre donc que tout élèvement est une forme d’orgueil. Le psalmiste témoigne qu’il s’en préserve quand il dit : « Seigneur, mon cœur n’est pas hautain ni mon regard altier ; je n’ai marché ni dans le faste, ni dans les splendeurs qui me dépassent » (Ps 130,1). (…) Il s’ensuit, frères, que si nous voulons atteindre le sommet de l’humilité suprême et si nous voulons parvenir rapidement à cette hauteur céleste où l’on monte par l’humilité de la vie présente, il nous faut dresser et gravir par nos actes cette échelle qui apparut en songe à Jacob, où il vit « des anges descendre et monter » (Gn 28,12). Sans nul doute, cette descente et cette montée ne signifient rien d’autre pour nous sinon qu’on descend par l’élèvement et qu’on monte par l’humilité. Or cette échelle dressée, c’est notre vie en ce monde que le Seigneur élève jusqu’au ciel quand notre cœur s’humilie. (…)

Le premier degré de l’humilité consiste à garder toujours présent à l’esprit la crainte de Dieu et à éviter de jamais l’oublier. On se souviendra toujours de tout ce que Dieu a commandé (…). Pour être vigilant sur la malignité de ses pensées, le frère vraiment humble répètera sans cesse en son cœur : « Je serai sans tache devant Dieu si je me garde de mon péché » (Ps 17,24). Quant à faire notre volonté propre, l’Écriture nous l’interdit quand elle nous dit : « Détourne-toi de tes volontés » (Si 18,30). De même nous demandons à Dieu dans le Notre Père que sa volonté soit faite en nous. (…) « Les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants ; le Seigneur jette constamment du haut du ciel ses regards sur les fils des hommes pour voir s’il en est un de sensé qui cherche Dieu » (Pr 15,3; Ps 13,2). (…)

Ayant gravi tous les degrés de l’humilité, le moine parviendra donc bientôt à cet amour de Dieu, qui, devenu parfait, chasse la crainte (1Jn 4,18). Grâce à cet amour, tout ce qu’auparavant il observait non sans frayeur, il commencera à l’observer sans aucune peine, comme naturellement et par habitude (…), par amour du Christ, par habitude du bien et par goût de la vertu. Voilà ce que, dès lors, le Seigneur daignera manifester par l’Esprit Saint en son ouvrier.

Saint Benoît (480-547)

 

 

 

« Tout…dépend de ces deux commandements. »

vendredi 19 août 2022

[ Il y a une] interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du prochain (…). Si le contact avec Dieu me fait complètement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à reconnaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être « pieux » et accomplir mes « devoirs religieux », alors même ma relation à Dieu se dessèche. Alors, cette relation est seulement « correcte », mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à lui de m’aimer.

Les saints — pensons par exemple à la bienheureuse Teresa de Calcutta — ont puisé dans la rencontre avec le Seigneur dans l’eucharistie leur capacité à aimer le prochain de manière toujours nouvelle, et réciproquement cette rencontre a acquis son réalisme et sa profondeur précisément grâce à leur service des autres.

Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un « commandement » qui nous prescrit l’impossible de l’extérieur, mais au contraire d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit par la suite être partagé à d’autres. L’amour grandit par l’amour. L’amour est « divin » parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu, et, à travers ce processus d’unification, il nous transforme en un Nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit « tout en tous » (1 Co 15, 28).

Benoît XVI

 

 

 

« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. »

jeudi 18 août 2022

Dans ses desseins mystérieux, le Père avait préparé une Épouse pour son Fils unique et il la lui avait présentée sous les images de la prophétie. (…) Moïse a écrit dans son livre que « l’homme quitterait son père et sa mère pour s’attacher à sa femme de sorte que les deux ne fassent réellement plus qu’un » (Gn 2,24). Le prophète Moïse nous a parlé en ces termes de l’homme et de la femme pour annoncer le Christ et son Église. Avec l’œil perçant du prophète, il a contemplé le Christ devenant un avec l’Église grâce au mystère de l’eau : il a vu le Christ attirer à lui l’Église dès le sein virginal, et l’Église attirer à elle le Christ dans l’eau du baptême. L’Époux et l’Épouse ont été ainsi totalement unis d’une manière mystique ; voilà pourquoi Moïse, le visage voilé (Ex 34,33), a contemplé le Christ et l’Église ; il a appelé l’un « homme » et l’autre « femme », pour éviter de montrer aux Hébreux la réalité dans toute sa clarté. (…) Le voile devait encore recouvrir ce mystère pour un temps ; personne ne connaissait la signification de cette grande image ; on ignorait ce qu’elle représentait.

Après la célébration de leurs noces, Paul est venu. Il a vu le voile étendu sur leur splendeur, et l’a soulevé pour révéler le Christ et son Épouse au monde entier. Il a montré que c’était bien eux que Moïse avait décrits dans sa vision prophétique. Exultant d’une joie divine, l’apôtre a proclamé : « Ce mystère est grand » (Ep 5,32). Il a révélé ce que représentait cette image voilée que le prophète appelait l’homme et la femme : « Je le sais, dit-il, c’est le Christ et son Église qui ne sont plus deux mais un seul » (Ep 5,31 ).

Saint Jacques de Saroug (v. 449-521)

 

 

 

Les ouvriers de la vigne du Seigneur

mercredi 17 août 2022

Le Royaume des cieux est comparé à un père de famille qui embauche des ouvriers pour cultiver sa vigne. Or qui peut être plus justement comparé à ce père de famille que notre Créateur, qui gouverne ceux qu’il a créés, et exerce en ce monde le droit de propriété sur ses élus comme un maître sur les serviteurs qu’il a chez lui ? Il possède une vigne, l’Église universelle, qui a poussé, pour ainsi dire, autant de sarments qu’elle a produit de saints, depuis Abel le juste jusqu’au dernier élu qui naîtra à la fin du monde.

Ce Père de famille embauche des ouvriers pour cultiver sa vigne, dès le point du jour, à la troisième heure, à la sixième, à la neuvième et à la onzième heure, puisqu’il n’a pas cessé, du commencement du monde jusqu’à la fin, de réunir des prédicateurs pour instruire la foule des fidèles. Le point du jour, pour le monde, c’était d’Adam à Noé ; la troisième heure, de Noé à Abraham ; la sixième, d’Abraham à Moïse ; la neuvième, de Moïse jusqu’à la venue du Seigneur ; et la onzième heure, de la venue du Seigneur jusqu’à la fin du monde. Les saints apôtres ont été envoyés pour prêcher en cette dernière heure, et bien que tard venus, ils ont reçu un plein salaire.

Le Seigneur ne cesse donc en aucun temps d’envoyer des ouvriers pour cultiver sa vigne, c’est-à-dire pour enseigner son peuple. Car tandis qu’il faisait fructifier les bonnes mœurs de son peuple par les patriarches, puis par les docteurs de la Loi et les prophètes, enfin par les apôtres, il travaillait, en quelque sorte, à cultiver sa vigne par l’entremise de ses ouvriers. Tous ceux qui, à une foi droite, ont joint les bonnes œuvres ont été les ouvriers de cette vigne.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Recevoir le centuple dès maintenant, au temps présent. » (Mc 10,30)

mardi 16 août 2022

Il faut que nous vivions détachés de nos possessions et de notre volonté propre, si nous voulons suivre celui qui n’avait « pas d’endroit où reposer la tête » (Lc 9,58) et qui est venu « non pour faire sa volonté, mais pour faire la volonté de celui qui l’a envoyé » (Jn 6,38). (…) Aussitôt nous connaîtrons par expérience ce que la Vérité promet à quiconque abandonne tout et marche à sa suite : « Il recevra le centuple (…), et il aura en héritage la vie éternelle » (Mc 10,30). En effet, le don du centuple nous est un réconfort pour la marche, et la possession de la vie éternelle fera notre bonheur pour toujours dans la patrie céleste.

Mais quel est ce centuple ? Simplement, les consolations de l’Esprit doux comme le miel, ses visites et ses premiers fruits. C’est le témoignage de notre conscience, c’est l’heureuse et très joyeuse attente des justes, c’est la mémoire de la bonté surabondante de Dieu, c’est aussi, en vérité, l’immensité de sa douceur. Ceux qui ont fait l’expérience de ces dons n’ont pas besoin qu’on leur en parle, et qui pourrait les décrire avec de simples mots à ceux qui ne l’ont pas faite ?

Saint Pierre Damien (1007-1072)

 

 

Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France

lundi 15 août 2022

Ô Vierge, Temple de la Trinité, le Dieu de bonté a vu ton humilité ; il t’envoie un messager pour t’apprendre qu’il veut naître de toi. L’ange t’apporte la salutation de la grâce (…), il t’explique, et tu consens, et aussitôt le Roi de gloire s’incarne en toi. Par cette joie, nous t’en prions, rends-nous favorable ce grand Roi. (…)

Ta seconde joie : quand tu as enfanté le Soleil, toi l’étoile (…), cet enfantement ne produit en toi ni changement ni peine. Comme la fleur ne perd pas son éclat en donnant son parfum, ta virginité ne peut rien perdre quand le Créateur daigne naître de toi. Marie, mère de bonté, sois pour nous la voie droite qui nous conduit à ton Fils. (…)

Une étoile t’annonce la troisième joie : celle que tu vois s’arrêter au-dessus de ton fils, pour que les mages l’adorent et lui offrent les richesses variées de la terre (…) Marie, étoile du monde, purifie-nous du péché !

La quatrième joie t’est donnée lorsque le Christ ressuscite d’entre les morts (…) : l’espérance renaît, la mort est chassée. Quelle part tu as à ces merveilles, ô pleine de grâce ! (Lc 1,28) L’ennemi est vaincu (…), l’homme est libéré et il s’élève jusqu’aux cieux. Mère du Créateur, daigne prier assidûment : que par cette joie pascale, après le labeur de cette vie, nous soyons admis aux chœurs du ciel !

Ta cinquième joie : quand tu as vu ton fils monter au ciel, la gloire dont il était entouré te révélait plus que jamais celui dont tu étais la mère, ton propre Créateur. Montant aux cieux, il montrait la voie par où l’homme s’élève aux palais célestes. (…) Par cette nouvelle joie, Marie, fais-nous monter au ciel pour jouir avec toi et ton fils du bonheur éternel ! (…)

C’est le divin Paraclet qui, sous la forme de langues de feu, fortifiant (…)et enflammant les apôtres, t’apporte encore la sixième joie : pour guérir l’homme que la langue avait perdu et purifier son âme du péché. Par la joie de cette visite, prie ton fils, Vierge Marie, d’effacer en nous toute tache pour le jour du jugement.

Le Christ t’a conviée à la septième joie lorsqu’il t’a appelée de ce monde à son séjour céleste, lorsqu’il t’a élevée sur le trône où tu reçois des honneurs incomparables. Une gloire t’entoure plus qu’aucun autre habitant du ciel. (…) Ô Vierge, mère de bonté, fais-nous sentir les effets de ta tendresse. (…) Par ta joie, purifie-nous, conduis-nous à l’allégresse éternelle ! Emmène-nous avec toi dans la joie du paradis. Amen.

Liturgie latine

 

 

 

Allumer dans les cœurs des hommes le feu de l’amour de Dieu

dimanche 14 août 2022

« Je suis venu apporter un feu sur la terre » : je suis descendu du haut du ciel et, par le mystère de mon incarnation, je me suis manifesté aux hommes pour allumer dans les cœurs humains le feu de l’amour divin. « Et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé » — c’est-à-dire qu’il prenne et devienne une flamme activée par l’Esprit Saint et qu’il fasse jaillir des actes de bonté !

Le Christ annonce ensuite qu’il subira la mort sur la croix avant que le feu de cet amour n’enflamme l’humanité. C’est, en effet, la très sainte Passion du Christ qui a valu à l’humanité un don aussi grand, et c’est avant tout le souvenir de sa Passion qui allume une flamme dans les cœurs fidèles. « Je dois recevoir un baptême », autrement dit : Il m’incombe et il m’est réservé par une disposition de Dieu de recevoir un baptême de sang, de me baigner et de me plonger comme dans l’eau, dans mon sang répandu sur la croix pour racheter le monde entier. « Et quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit accompli », en d’autres termes jusqu’à ce que ma Passion soit achevée, et que je puisse dire : « Tout est accompli ! » (Jn 19,30)

Denys le Chartreux (1402-1471)

 

 

 

« Laissez les enfants venir à moi, car le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent. »

samedi 13 août 2022

Quel grand et admirable don Dieu nous fait, mes frères ! En la pâque, jour du salut, le Seigneur ressuscite et donne la résurrection au monde entier. (…) Nous (…) sommes le corps du Christ et ses membres (cf. 1Co 12,27), (…). À la résurrection du Christ, tous ses membres ont ressuscité avec lui…, il nous fait passer de la mort à la vie. « Pâque » en hébreu veut dire passage (…). Et quel passage ! Du péché à la justice, du vice à la vertu, de la vieillesse à l’enfance. (…) Hier la décrépitude du péché nous mettait sur notre déclin, mais la résurrection du Christ nous fait renaître dans l’innocence des tout-petits.

La simplicité chrétienne fait sienne l’enfance. L’enfant est sans rancœur, il ne connaît pas la fraude, il n’ose pas frapper. Ainsi cet enfant qu’est le chrétien ne s’emporte pas si on l’insulte, il ne se défend pas si on le dépouille, il ne rend pas les coups si on le frappe. Le Seigneur exige même qu’il prie pour ses ennemis, qu’il abandonne tunique et manteau aux voleurs, et qu’il présente l’autre joue à ceux qui le giflent (Mt 5,39s). L’enfance du Christ dépasse l’enfance des hommes. (…)

Aux apôtres déjà mûrs et âgés le Seigneur dit : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 18,3). Il les renvoie à la source même de leur vie, et les incite à retrouver l’enfance, afin que ces hommes dont les forces déclinent déjà, renaissent à l’innocence du cœur.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

Louange

vendredi 12 août 2022