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Archive pour août 2022

« Or, la belle-mère de Simon était oppressée par une forte fièvre. »

mercredi 31 août 2022

Si Dieu le Père tout-puissant, créateur du monde ordonné et bon, prend soin de toutes ses créatures, pourquoi le mal existe-t-il ? À cette question aussi pressante qu’inévitable, aussi douloureuse que mystérieuse, aucune réponse rapide ne suffira. C’est l’ensemble de la foi chrétienne qui constitue la réponse à cette question : la bonté de la création, le drame du péché, l’amour patient de Dieu qui vient au-devant de l’homme par ses alliances, par l’Incarnation rédemptrice de son Fils, par le don de l’Esprit, par le rassemblement de l’Église, par la force des sacrements, par l’appel à une vie bienheureuse à laquelle les créatures libres sont invitées d’avance à consentir, mais à laquelle elles peuvent aussi d’avance, par un mystère terrible, se dérober. Il n’y a pas un trait du message chrétien qui ne soit pour une part une réponse à la question du mal.

Pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé un monde aussi parfait qu’aucun mal ne puisse y exister ? Selon sa puissance infinie, Dieu pourrait toujours créer quelque chose de meilleur (S. Thomas d’Aquin). Cependant dans sa sagesse et sa bonté infinies, Dieu a voulu librement créer un monde « en état de cheminement » vers sa perfection ultime. Dans le dessein de Dieu, ce devenir comporte avec l’apparition de certains êtres aussi la disparition d’autres, avec le plus parfait aussi le moins parfait, avec les constructions de la nature aussi les destructions. Avec le bien physique existe donc aussi le mal physique, aussi longtemps que la création n’a pas atteint sa perfection.

Catéchisme de l’Église catholique

 

 

 

« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? »

mardi 30 août 2022

Ce n’est pas un tissu d’étrangetés inouïes que je vous présente, mais cela même qui a été écrit d’avance dans l’Ancien Testament par les prophètes. N’avez-vous pas entendu le cri de Moïse : « Le Seigneur vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi » ? (Dt 18,18) N’avez-vous pas entendu Isaïe proclamer : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils » ? (7,14)… N’avez-vous pas entendu David clamer : « Il descendra comme la pluie sur la toison » ? (Ps 71,6)… Croyez donc les prophètes, comprenez la réalité qu’ils annoncent, et vous trouverez Jésus le Nazaréen (Mt 2,23). Regardez, je vous ai montré le chemin ; que celui qui le veut le suive. Voilà, j’ai allumé le flambeau ; sortez des ténèbres.

Jésus le Nazaréen : je dis son nom et sa patrie… Je ne dis pas : Jésus qui a déployé la voûte du ciel, qui a allumé les rayons du soleil, qui a dessiné les constellations dans le ciel, qui allume la lampe de la lune, qui a fixé son temps au jour, qui a attribué son cours à la nuit, qui a établi la terre ferme sur les eaux, qui a mis un frein à la mer par sa parole… Jésus le Nazaréen : celui de qui Nathanaël s’est écrié dans son doute : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1,46) Celui devant qui la troupe des démons a tremblé en disant : « Que veux-tu, Jésus de Nazareth ? » « Jésus le Nazaréen, dit l’apôtre Pierre, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes »… Oui, « Jésus le Nazaréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous » (Ac 2,22).

Une homélie grecque du 4e siècle

 

 

 

 

Martyre de Saint Jean-Baptiste (m)

lundi 29 août 2022

Le Jourdain, effrayé par ta venue dans la chair, ô Christ, remonta son cours en tremblant ; accomplissant son office spirituel, Jean se fit tout petit dans sa crainte. L’armée des anges était saisie de stupeur en te voyant dans le fleuve, baptisé selon la chair ; quant à ceux des ténèbres, ils ont été éclairés, et nous te chantons, Seigneur, toi qui te manifestes et qui illumines l’univers.

La mémoire du juste doit être exaltée, mais à toi, Jean le Précurseur, le témoignage du Seigneur suffit. En vérité, tu es le plus vénérable de tous les prophètes, car tu as été trouvé digne de baptiser dans les eaux celui que les autres prophètes avaient seulement annoncé. C’est pourquoi, après avoir lutté pour la vérité, tu es allé annoncer jusque dans le domaine des morts Dieu apparu dans la chair, celui qui enlève le péché du monde (Jn 1,29) et qui nous donne sa grande pitié.

Le glorieux martyre du Précurseur a été une étape dans l’œuvre du salut, puisque même au séjour des morts il a annoncé la venue du Sauveur. Qu’Hérodiade gémisse à présent, elle qui réclame ce meurtre impie, car ce n’est pas la loi de Dieu ni la vie éternelle qu’elle a aimé, mais les illusions qui ne durent qu’un moment.

Liturgie byzantine

 

 

« Voilà, mon banquet est prêt…, tout est prêt : venez au repas de noces. » (Mt 22,4)

dimanche 28 août 2022

Le Seigneur avait été invité à un banquet de noces. En observant les convives, il a remarqué que tous choisissaient les premières places (…), chacun désirant se placer avant tous les autres et s’élever au-dessus de tous. Il leur a raconté une parabole (Lc 14,16s) qui, même prise en son sens littéral, est bien utile et nécessaire à tous ceux qui aiment jouir de la considération des gens et qui ont peur d’être rabaissés. (…)

Mais comme cette histoire est une parabole, elle renferme une signification qui dépasse le sens littéral. Voyons donc quelles sont ces noces et qui sont les invités aux noces. Celles-ci s’accomplissent quotidiennement dans l’Église. Chaque jour le Seigneur célèbre des noces, car chaque jour il s’unit les âmes fidèles lors de leur baptême ou de leur passage de ce monde-ci au Royaume céleste. Et nous qui avons reçu la foi en Jésus Christ et le sceau du baptême, nous sommes tous invités à ces noces. Une table y est dressée pour nous, dont l’Écriture dit : « Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis » (Ps 22,5). Nous y trouvons les pains de l’offrande, le veau gras, l’Agneau qui enlève les péchés du monde (Ex 25,30; Lc 15,23; Jn 1,29). Ici nous sont offerts le pain vivant descendu du ciel et la coupe de l’Alliance nouvelle (Jn 6,51; 1Co 11,25). Ici nous sont présentés les évangiles et les épîtres des apôtres, les livres de Moïse et des prophètes, qui sont comme des mets extrêmement délicieux.

Que pourrions-nous donc désirer de plus ? Pourquoi choisirions-nous les premières places ? Quelle que soit la place que nous occupons, nous avons tout en abondance et nous ne manquons de rien.

Saint Bruno de Segni (v. 1045-1123)

 

 

« Longtemps après, leur maître revient. »

samedi 27 août 2022

« Mes frères, nous n’avons encore rien fait jusqu’à maintenant : commençons donc dès aujourd’hui. » C’est à lui-même que saint François adressait cette exhortation ; humblement faisons-la nôtre. C’est vrai, nous n’avons encore rien fait ou si peu ! Les années se sont succédé sans que nous nous demandions ce que nous avons pu en faire ; n’y avait-il donc rien à changer, à ajouter ou à retrancher dans notre conduite ? Nous avons vécu avec insouciance, comme si le jour ne devait jamais venir où le Juge éternel nous rappellera à lui, et où nous devrons rendre compte de nos actions et de ce que nous aurons fait de notre temps.

Ne perdons pas notre temps. Il ne faut pas remettre au lendemain ce que l’on peut faire aujourd’hui : les tombeaux débordent de bonnes intentions ; et d’ailleurs, qui pourrait dire si nous serons encore en vie demain ? Écoutons la voix de notre conscience ; c’est la voix du prophète : « Aujourd’hui écouterez-vous la parole du Seigneur ? Ne fermez pas votre cœur » (Ps 94,7s).

Nous ne possédons que l’instant présent : veillons donc, et vivons-le comme un trésor qui nous est confié. Le temps ne nous appartient pas ; ne le gaspillons pas.

Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968)

 

 

 

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

vendredi 26 août 2022

Le Seigneur nous a dit : « Cette heure-là, personne ne la connaît, ni les anges, ni le Fils », pour empêcher toute question sur le moment de son avènement : « ce n’est pas votre affaire de connaître les jours et les temps » (Mt 24,36; Ac 1,7). Il nous a caché cela pour que nous veillions, et que chacun d’entre nous puisse penser que cet avènement se produira pendant sa vie. (…)

Veillez, car lorsque le corps sommeille, c’est la nature qui nous domine, et notre action est alors dirigée non par notre volonté, mais par la force de la nature. Et lorsque règne sur l’âme une lourde torpeur de faiblesse et de tristesse, c’est l’ennemi qui la domine et la mène contre son propre gré. (…) C’est pourquoi notre Seigneur a parlé de la vigilance de l’âme et de celle du corps, afin que le corps ne sombre pas dans un lourd sommeil ni l’âme dans l’engourdissement. Comme le dit l’Écriture : « Réveillez-vous dans la droiture » (1Co 15,34) et « Je m’éveille et je suis avec toi » (Ps 138,18) et « Ne faiblissez pas » (cf Ep 3,13). (…)

« Cinq d’entre elles, dit le Seigneur, étaient insensées et cinq étaient sages. » Ce n’est pas leur virginité qu’il a qualifiée de sagesse, puisqu’elles étaient toutes vierges, mais bien leurs bonnes œuvres. Si ta chasteté égale la sainteté des anges, remarque que la sainteté des anges est pure de l’envie et de tout autre mal. Si donc tu ne seras pas réprimandé pour l’impureté, veille à ne pas l’être non plus pour l’emportement et la colère. (…) « Que vos ceintures soient serrées autour de vos reins », pour que la chasteté nous allège. « Et vos lampes allumées » (Lc 12,35), parce que le monde est comme la nuit : il a besoin de la lumière des justes. « Que votre lumière brille devant les hommes, pour qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5,16).

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

 

Au milieu de la nuit

jeudi 25 août 2022

Quand le Sauveur est-il venu ? Il n’est pas venu au commencement du temps, ni au milieu, mais à la fin. Et cela, il ne l’a pas fait sans raison. Mais très sagement, la Sagesse divine, qui n’ignorait pas que les fils d’Adam sont portés à l’ingratitude, a disposé qu’elle ne leur apporterait ses premiers secours que lorsqu’ils seraient dans le plus grand besoin.

Déjà, en vérité, « le soir tombait et le jour baissait », « le soleil de la justice » avait à peu près disparu (Lc 24,29; Ml 3,20) ; il ne répandait plus sur terre qu’une lueur incertaine et une faible chaleur. De fait, la lumière de la connaissance de Dieu s’était bien amoindrie et la chaleur de la charité refroidie, par suite de l’iniquité croissante (Mt 24,12). Il n’y avait plus d’apparition d’anges, plus d’oracles de prophètes ; ils avaient pris fin, comme vaincus par le désespoir devant l’extrême endurcissement des hommes et leur obstination. C’est alors que le Fils affirma : « Maintenant je dis : Voici que je viens » (Ps 39,8). Oui, à l’heure où tout reposait en silence et que la nuit était au milieu de sa course, ta Parole toute-puissante, Seigneur, est descendue du ciel, de son trône royal (Sg 18,14). Comme le dit l’apôtre Paul : « Quand est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils » (Ga 4,4).

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Fête de saint Barthélémy, apôtre

mercredi 24 août 2022

Les apôtres sont ces perles précieuses que saint Jean nous dit avoir contemplées dans l’Apocalypse et dont les portes de la Jérusalem céleste sont construites (Ap 21,21). (…) En effet, lorsque par des signes ou des miracles les apôtres rayonnent la lumière divine, ils ouvrent l’accès de la gloire céleste de Jérusalem aux peuples convertis à la foi chrétienne. Et quiconque est sauvé grâce à eux entre dans la vie, comme un voyageur franchissant une porte. (…) C’est d’eux encore que le prophète dit : « Qui sont ceux-là, qui volent ainsi que des nuages ? » (Is 60,8) Ces nuages se condensent en eau lorsqu’ils arrosent la terre de notre cœur avec la pluie de leur enseignement pour la rendre fertile et porteuse des germes de bonnes œuvres.

Barthélemy, dont c’est la fête aujourd’hui, veut précisément dire en araméen : fils de celui qui porte l’eau. Il est le fils de ce Dieu qui élève l’esprit de ses prédicateurs à la contemplation des vérités d’en haut de sorte qu’ils puissent répandre avec efficacité et en abondance la pluie de la parole de Dieu dans nos cœurs. C’est ainsi qu’ils boivent l’eau à la source pour nous la donner à boire à notre tour.

Saint Pierre Damien (1007-1072)

 

 

Le Christ nous appelle tous à la conversion

mardi 23 août 2022

Nous n’avons pas de vertu, pas parce que c’est difficile, mais parce que nous ne voulons pas. Nous n’avons pas de patience, parce que nous ne voulons pas. Nous n’avons pas de tempérance, parce que nous ne voulons pas. Nous n’avons pas de chasteté, pour la même raison. Si nous le voulions, nous serions saints, et c’est beaucoup plus difficile d’être ingénieur que d’être saint. Si nous avions la foi !…

Vie intérieure, vie de l’esprit, vie d’oraison : mon Dieu, que ça doit être difficile ! Pas du tout. Enlève de ton cœur ce qui gêne, et tu y trouveras Dieu. Avec ça, le travail est fait. Très souvent nous cherchons ce qu’il n’y a pas, et, par contre, nous passons à côté d’un trésor que nous ne voyons pas. C’est pareil avec Dieu, que nous cherchons (…) dans un maquis de choses, qui plus elles sont compliquées et plus elles nous semblent meilleures. Et pourtant, Dieu nous le portons en dedans, et, là, nous ne le cherchons pas ! Recueille-toi au-dedans de toi-même ; regarde ton néant ; regarde le néant du monde ; mets-toi au pied d’une croix et, si tu es simple, tu verras Dieu. (…)

Si Dieu n’est pas en notre âme, c’est parce que nous ne voulons pas. Nous avons un tel amoncellement d’attentions, de distractions, de penchants, de désirs, de vanités, de présomptions, nous avons tellement de monde en nous, que Dieu s’éloigne. Dès qu’on le veut, Dieu remplit l’âme de telle manière qu’il faut être aveugle pour ne pas le voir. Une âme veut-elle vivre selon Dieu ? Qu’elle enlève tout ce qui n’est pas lui, et c’est fait. C’est relativement facile. Si nous le voulions, si nous le demandions à Dieu avec simplicité, nous ferions de grands progrès dans la vie de l’esprit. Si nous le voulions, nous serions des saints, mais nous sommes si bêtes que nous ne voulons pas ; nous préférons perdre le temps en de stupides vanités.

Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938)

 

 

Venir à Dieu dans le vrai repentir

lundi 22 août 2022

Le sentiment de la présence de Dieu n’est pas seulement le fondement de la paix dans une bonne conscience ; il est aussi le fondement de la paix dans le repentir. À première vue, il peut paraître étrange que le repentir du pécheur puisse comporter réconfort et paix. Certes l’Évangile promet de tourner toute peine en joie ; il nous faut nous réjouir jusque dans la douleur, la faiblesse et le mépris. « Nous nous glorifions dans nos tribulations, dit l’apôtre Paul, car l’amour a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5,3). Mais s’il y a une peine qui puisse paraître un malheur absolu, s’il reste un malheur sous le règne de l’Évangile, c’est bien — pourrait-on croire — la conscience d’avoir malmené l’Évangile. S’il y a un moment où la présence du Très-Haut puisse sembler intolérable, ce serait le moment où nous prenons subitement conscience d’avoir été ingrats et rebelles par rapport à lui.

Et cependant, il n’existe pas de repentir vrai sans la pensée de Dieu. L’homme repentant a au cœur la pensée de Dieu parce qu’il le cherche ; et il le cherche parce qu’il est poussé par l’amour. C’est pourquoi la douleur même d’avoir offensé Dieu doit comporter en elle une vraie douceur, celle de l’amour. Qu’est-ce que le repentir, sinon l’élan du cœur qui nous porte à nous livrer à Dieu, pour le pardon comme pour la correction, à aimer sa présence pour elle-même, à trouver la correction qui vient de lui meilleure que le repos et la paix que le monde pourrait nous offrir sans lui ? Tant que l’enfant prodigue restait aux champs avec les porcs, il ressentait la douleur, mais pas le repentir, le remords seulement. Mais quand il a commencé à éprouver un vrai repentir, cela l’a amené à se lever, à aller vers son père, et à lui confesser son péché, et son cœur a été délivré de sa misère. Le remords, ce que l’apôtre Paul appelle « le chagrin de ce monde » produit la mort (2Co 7,10). Au lieu de venir à la source de toute vie, au Dieu de toute consolation, ceux qui sont pleins de remords ne font que ressasser leurs propres idées ; ils ne peuvent confier leur douleur à personne. (…) Nous avons besoin d’un soulagement pour notre cœur, afin qu’il sorte de ses ténèbres et de sa morosité. (…) Rien de moins que la présence de Dieu est notre vrai refuge.

Saint John Henry Newman (1801-1890)