« Le disciple n’est pas au-dessus de son maître. » (…) Pourquoi juges-tu, alors que le Maître ne juge pas encore ? Car il n’est pas venu juger le monde, mais lui faire grâce (Jn 12,47). Entendue dans ce sens, la parole du Christ devient : « Si je ne juge pas, ne juge pas non plus, toi qui es mon disciple. Il se peut que tu sois coupable de fautes plus graves que celui que tu juges. Quelle ne sera pas ta honte quand tu en prendras conscience ! »
Le Seigneur nous donne le même enseignement dans la parabole où il dit : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère ? » Il nous convainc par des arguments irréfutables de ne pas vouloir juger les autres, et de scruter plutôt nos cœurs. Ensuite il nous demande de chercher à nous libérer des désirs déréglés qui y sont installés, en demandant cette grâce à Dieu. C’est lui, en effet, qui guérit ceux qui ont le cœur brisé et nous délivre de nos maladies spirituelles. Car si les péchés qui t’accablent sont plus grands et plus graves que ceux des autres, pourquoi leur fais-tu des reproches sans te soucier des tiens ?
Tous ceux qui veulent vivre avec dévotion, et surtout ceux qui ont la charge d’instruire les autres, tireront nécessairement profit de ce précepte. S’ils sont vertueux et sobres, donnant par leurs actions l’exemple de la vie vécue selon l’Évangile, ils reprendront avec douceur ceux qui ne sont pas encore résolus à agir de même.
Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)