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Archive pour le mot-clef ‘aimez’

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme. »

jeudi 6 juin 2024

Nous voyons que Dieu nous a créés avec de tels désirs, que rien de créé n’est capable de nous contenter. Présentez à une âme toutes les richesses et tous les trésors du monde, rien de cela ne pourra la contenter ; Dieu l’ayant créée pour lui, il n’y a aussi que lui seul qui soit capable de remplir tous ses vastes désirs. Oui, mes frères, notre âme peut aimer Dieu, ce qui est le plus grand de tous les bonheurs !

En l’aimant, nous avons tous les biens et les plaisirs que nous pouvons désirer sur la terre et dans le ciel (cf. Ps 72,25). Nous pouvons encore le servir : c’est à dire, le glorifier en chaque action de notre vie. Il n’y a pas jusqu’à la moindre chose que nous fassions, que Dieu n’en soit glorifié, si nous le faisons en vue de lui plaire. Notre occupation, pendant que nous sommes sur la terre, n’a rien de différent de celle des anges qui sont dans le ciel : la seule chose qui diffère, c’est que nous ne voyons tous ces biens que des yeux de la foi. (…)

Oui, mes frères, notre âme, pour l’avenir, sera éternelle, ainsi que Dieu lui-même. Non, non, mes frères, n’allons pas plus loin ; l’on se perd dans cet abîme de grandeur.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. » (Mc 12, 30)

vendredi 8 mars 2024

Je ne doute pas, je suis sûr dans ma conscience, Seigneur, que je t’aime.
Tu as frappé mon cœur de ton verbe et je t’ai aimé.

Or, qu’est-ce que j’aime quand je t’aime ?
Ce n’est pas la beauté du corps, ni le charme d’un temps,
ni l’éclat de la lumière, amical à mes yeux d’ici-bas,
ni les douces mélodies des cantilènes de tout mode,
ni la suave odeur des fleurs, des parfums, des aromates,
ni la manne ou le ciel,
ni les membres accueillants aux étreintes de la chair :
ce n’est pas cela que j’aime quand j’aime mon Dieu.

Et pourtant, j’aime certaine lumière et certaines voix,
certain parfum et certain aliment et certaine étreinte
quand j’aime mon Dieu :
lumière, voix, parfum, aliment, étreinte
de l’homme intérieur qui est en moi,
où brille pour mon âme ce que l’espace ne saisit pas,
où résonne ce que le temps ne prend pas,
où s’exhale un parfum que le vent ne disperse pas,
où s’exhale un parfum que le vent ne disperse pas,
où se savoure un mets que la voracité ne réduit pas,
où se noue une étreinte que la satiété ne desserre pas.
C’est cela que j’aime quand j’aime mon Dieu.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même. »

vendredi 25 août 2023

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Je veux que tu saches qu’il n’est point de vertu et pareillement point de défaut qui ne s’exercent par le moyen du prochain. Qui demeure dans l’inimitié vis-à-vis de moi, cause un dommage au prochain et à lui-même qui est son principal prochain. Et il lui fait tort soit en général, soit en particulier. En général, parce que vous êtes tenus d’aimer votre prochain comme vous-mêmes, et cet amour vous fait un devoir de l’assister par la prière, par la parole, par le conseil et de lui procurer tous les secours spirituels ou temporels suivant la mesure de ses besoins. Et si vous ne le pouvez faire réellement, parce que vous n’en avez pas le moyen, tout au moins, devez-vous en avoir le désir.

Mais si l’on ne m’aime pas, l’on n’aime pas non plus le prochain. Ne l’aimant pas, on ne le secourt pas et du même coup l’on se fait tort à soi-même. On se prive de ma grâce, en même temps que l’on frustre le prochain, en ne lui donnant pas les prières et les pieux désirs que l’on doit m’offrir pour lui. Toute assistance prêtée au prochain doit procéder de la dilection que l’on a pour lui pour l’amour de moi.

Pareillement peut-on dire qu’il n’est point de vice qui n’atteigne le prochain ; car si l’on ne m’aime pas, l’on ne saurait être dans la charité qu’on lui doit. Tous les maux proviennent de ce que l’âme est privée de la charité envers moi et envers le prochain. Ne pouvant plus faire le bien, il s’ensuit que l’on fait le mal. Et contre qui fait-on ainsi le mal ? Contre soi-même d’abord et puis contre le prochain. Ce n’est pas à moi que l’on fait du tort, car le mal ne saurait m’atteindre, sinon en tant que je considère comme fait à moi-même ce qui est fait au prochain.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Aimer de tout son cœur dans le cœur de Jésus

jeudi 8 juin 2023

« Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même pour l’amour de Dieu » (cf. Mc 12,31 ; Mt 22,37 ; Lc 10,27). Pour tout homme, tout amour est une affaire de cœur, sans le cœur de l’homme, il n’y a pas d’amour humain. Sans Jésus nous n’aurions pas été capables d’aimer Dieu avec un amour qui soit l’amour de sa créature humaine, parce que notre cœur était perverti, parce que nous ignorions ce qu’est un cœur converti, retourné vers Dieu, tourné vers Dieu, offert à Dieu. Jésus a révélé, en nous l’expliquant et en nous le montrant, comment doit vivre, comment doit agir, l’homme dont le cœur est converti.

Parce que nous avons vu et touché Jésus Dieu fait homme, nous pouvons rencontrer Dieu au niveau de notre cœur. L’amour personnel de Jésus pour nous et de nous pour lui, le cœur à cœur avec lui est notre accès à l’amour de Dieu, aussi sommes-nous incapables et ignorants de pouvoir et de savoir « aimer le Seigneur de tout notre cœur » sans la contemplation et sans l’imitation du cœur même de Jésus-Christ. (…)

Pour savoir ce qu’est un cœur pur et ce qu’est un cœur bon, il faut regarder Jésus. Lui seul le sait, lui seul l’apprend, lui seul le donne. C’est grâce à lui que nous apprenons de quel amour nous pouvons aimer Dieu, que nous connaissons de quel amour Dieu aime les hommes. C’est par un cœur à cœur avec ses compagnons de vie que Jésus leur a révélé l’accès à l’amour de Dieu, et c’est toujours, à travers ce même cœur à cœur que Jésus nous a révélé et nous fait vivre le mystère de l’amour de Dieu. Dans ce cœur, Jésus nous montre son cœur pur et son bon cœur, le cœur qui deviendrait notre cœur converti.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

« Tout…dépend de ces deux commandements. »

vendredi 19 août 2022

[ Il y a une] interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du prochain (…). Si le contact avec Dieu me fait complètement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à reconnaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être « pieux » et accomplir mes « devoirs religieux », alors même ma relation à Dieu se dessèche. Alors, cette relation est seulement « correcte », mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à lui de m’aimer.

Les saints — pensons par exemple à la bienheureuse Teresa de Calcutta — ont puisé dans la rencontre avec le Seigneur dans l’eucharistie leur capacité à aimer le prochain de manière toujours nouvelle, et réciproquement cette rencontre a acquis son réalisme et sa profondeur précisément grâce à leur service des autres.

Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un « commandement » qui nous prescrit l’impossible de l’extérieur, mais au contraire d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit par la suite être partagé à d’autres. L’amour grandit par l’amour. L’amour est « divin » parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu, et, à travers ce processus d’unification, il nous transforme en un Nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit « tout en tous » (1 Co 15, 28).

Benoît XVI

 

 

 

« Quel est le grand commandement ? »

dimanche 25 octobre 2020

Qu’est-ce que tu ordonnes, Seigneur, à tes serviteurs ? « Prenez sur vous mon joug » dis-tu. Et comment est-il, ton joug ? « Mon joug est facile à porter et mon fardeau, léger. » Qui donc ne porterait bien volontiers un joug qui n’accable pas, mais qui encourage ; un fardeau qui n’écrase pas, mais qui réconforte ? Tu as ajouté à juste titre : « Et vous trouverez le repos » (Mt 11,29). Et quel est ton joug qui ne fatigue pas mais donne le repos ? C’est le premier et le plus grand des commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ». Qu’y a-t-il de plus facile, de plus agréable, de plus doux que d’aimer la bonté, la beauté, l’amour que tu es parfaitement, Seigneur mon Dieu ?

En outre, est-ce que tu ne promets pas une récompense à ceux qui observent tes commandements « plus désirables que l’or et plus doux que le miel du rayon » ? (Ps 18,11) Oui, parfaitement, tu promets une récompense et une récompense infinie, comme dit ton apôtre saint Jacques : « Le Seigneur a préparé la couronne de vie pour ceux qu’il aime » (1,12). (…) Et c’est ainsi que parle saint Paul, s’inspirant d’Isaïe : « L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, le cœur de l’homme n’a pas imaginé ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1Co 2,9).

Vraiment, « il y a grand profit à garder tes commandements ». Non seulement le premier et le plus grand des commandements est profitable à celui qui y obéit, non pas à Dieu qui le prescrit : les autres commandements perfectionnent l’homme obéissant, le fortifient, l’éduquent, le mettent en valeur, enfin le rendent bon et bienheureux. Si tu es sage, comprends que tu as été créé pour la gloire de Dieu et ton salut éternel, que là est ta fin, le centre de ton âme, le trésor de ton cœur. Si tu parviens à cette fin, tu seras heureux ; si tu y manques, tu seras malheureux

Saint Robert Bellarmin (1542-1621)

 

 

 

Les deux commandements de l’amour

jeudi 4 juin 2020

C’est Dieu que nous aimons, c’est l’amour de Dieu le premier commandement ; mais le second lui est semblable, c’est-à-dire que c’est seulement à travers les autres que nous pouvons rendre amour pour amour à Dieu.

Le danger, c’est que le deuxième commandement devienne le premier. Mais nous avons une preuve de contrôle, c’est d’aimer chaque homme, c’est d’aimer le Christ, c’est d’aimer Dieu dans chaque homme, sans préférence, sans catégories, sans exception.

Le deuxième danger c’est que nous ne le puissions pas, et nous ne le pourrons pas si nous séparons la charité de la foi et de l’espérance. La foi et l’espérance, c’est la prière qui les donne. Sans prier, nous ne pourrons pas aimer. (…) C’est la foi et c’est l’espérance, dilatées par la prière, qui débarrasseront le chemin de notre amour de son obstacle le plus encombrant : le souci de nous-mêmes.

Le troisième danger sera d’aimer non « comme Jésus nous a aimés », mais à la mode humaine. Et c’est peut-être le plus grand des dangers. (…) Ce n’est pas notre amour que nous avons à donner : c’est l’amour de Dieu. L’amour de Dieu qui est une personne divine, qui est le don de Dieu à nous, mais qui reste un don, qui doit pour ainsi dire nous traverser, nous transpercer pour aller ailleurs, pour aller dans les autres.

Vénérable Madeleine Delbrêl

 

 

 

Imiter Dieu qui nous a tant aimés

vendredi 15 mai 2020

La loi de la grâce enseigne directement ceux qu’elle conduit, à imiter Dieu lui-même, qui nous a tant aimés plus que lui-même, s’il est permis de le dire (et cela alors qu’à cause du péché nous étions ses ennemis), que, sans changer, il est venu vers notre être, lui qui est au-dessus de tous les êtres, qu’il s’est fait homme, qu’il a voulu être comme l’un des hommes, et qu’il n’a pas refusé de faire sienne notre condamnation.

Et autant par économie il s’est fait homme, autant par grâce il nous a déifiés, afin que non seulement nous apprenions à nous attacher naturellement les uns aux autres et à nous aimer spirituellement les uns aux autres comme nous nous aimons nous-mêmes, mais aussi à prendre divinement soin les uns des autres plus que de nous-mêmes, et à faire la preuve de l’amour que nous nous portons les uns aux autres en choisissant de bon cœur, par vertu, de mourir volontairement les uns pour les autres. Car le Christ dit qu’il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour celui qu’on aime (Jn 15,13).

La loi de la grâce est la raison qui, plus haut que la nature, mène à la déification en transformant inflexiblement la nature, en montrant comme en image à la nature des hommes, le modèle qui dépasse l’essence et la nature, et en offrant la permanence de l’être éternellement bienheureux. Considérer le prochain comme soi-même, c’est prendre soin de sa seule vie dans son être : ce qui est le propre de la vie naturelle. Aimer le prochain comme soi-même, c’est par vertu, veiller sur la vie du prochain plus que soi-même, c’est tout à fait le propre de la loi de la grâce.

Saint Maxime le Confesseur (v. 580-662)

 

 

 

 

« Tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. »

jeudi 14 mai 2020

Parmi ses disciples, le Christ en a choisi qu’il s’est attaché plus étroitement pour les envoyer prêcher parmi tous les peuples. L’un d’entre eux s’étant retranché de leur nombre, il a commandé aux onze autres, lors de son retour au Père après sa résurrection, d’aller enseigner les nations afin de les baptiser dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit (Mt 28,19).

Aussitôt, les apôtres – dont le nom signifie « envoyés » – ont choisi par le sort Matthias comme douzième à la place de Judas, selon la prophétie contenue dans un psaume de David (108,8). Ils ont reçu, avec la force promise de l’Esprit Saint, le don des miracles et des langues. D’abord en Judée, ils ont témoigné de la foi en Jésus Christ et y ont institué des églises. De là, ils sont partis à travers le monde pour répandre parmi les nations le même enseignement et la même foi. (…)

Quelle a été la prédication des apôtres ? Quelle révélation le Christ leur a-t-il faite ? Je dirai qu’on ne doit pas chercher à le savoir autrement que par ces mêmes églises que les apôtres ont personnellement fondées en leur prêchant tant de vive voix que par leurs écrits. Si cela est vrai, il est incontestable que toute doctrine qui s’accorde avec ces églises apostoliques, mères et sources de la foi, doit être considérée comme vraie parce qu’elle contient ce que les églises ont reçu des apôtres, les apôtres du Christ, et le Christ de Dieu.

Tertullien (v. 155-v. 220)

 

 

 

Jésus dit : « Tu aimeras. »

vendredi 20 mars 2020

L’amour est ce qui mesure, en dernier ressort, la valeur de tous nos actes, même des plus ordinaires. Aussi Saint Benoît indique-t-il comme tout premier “instrument” l’amour de Dieu : « Avant tout, aimer le Seigneur de toute son âme, de tout son esprit, de tout son cœur ». Autant nous dire : « Placez l’amour dans votre cœur avant toutes choses ; que l’amour vous régisse et vous guide dans toutes vos actions ; c’est l’amour qui doit mettre en vos mains tous les autres instruments des bonnes œuvres ; c’est lui qui donnera aux détails les plus insignifiants de vos journées une haute valeur. Les petites choses, dit S. Augustin, sont petites en elles-mêmes, mais elles deviennent grandes par l’amour fidèle qui les fait accomplir (De doctina christiana, 1. IV, c. 18) ». (…)

L’idéal auquel nous devons viser est (…) l’exactitude de l’amour, non le scrupule ni la préoccupation de ne pas se tromper ni le désir de pouvoir se dire : « Je veux qu’on ne puisse jamais me trouver en défaut » : il y a en cela de l’orgueil. C’est du cœur que jaillit la vie intérieure ; et si vous la possédez, vous chercherez à remplir par amour toutes vos prescriptions, avec la plus grande pureté d’intention et le plus de soin possible. (…)

La vraie valeur d’une chose se trouve dans le degré de l’union que nous lui donnons avec le Christ par la foi et la charité. Il faut tout exécuter, mais par amour pour notre Père des cieux et en union, par la foi, avec Notre-Seigneur. Ne l’oublions jamais : la source même de la valeur de nos œuvres est dans notre union au Christ Jésus par la grâce, dans l’amour avec lequel nous accomplissons nos actions. À cet effet, il faut, comme dit S. Benoît, diriger notre intention vers Dieu avant chaque bonne entreprise, avec une grande intensité de foi et d’amour.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)