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Archive pour avril 2018

« Dieu sépara la lumière et les ténèbres. » (Gn 1,4)

mercredi 11 avril 2018

Pendant que les anges, dans l’étonnement, n’osaient rien demander, l’ordre de Dieu a retenti : « Que la lumière soit ! » (Gn 1,3) Et la lumière a chassé les ténèbres… Ce fut le dimanche, le premier des jours, le premier-né d’entre ses frères, le jour porteur de mystères et de symboles. Dieu avait créé deux jumeaux qui ne se ressemblaient en rien : la nuit tout obscure, et le jour si clair. La nuit était l’aînée, mais le jour l’a chassée et a pris sa place.

Ce premier jour, ce fondement de la création, ne s’est pas écoulé heure après heure ; la lumière ne s’est pas levée à l’Orient, pour se coucher à l’Occident… Elle n’a subi aucun changement, mais elle fut, selon ce qui est écrit : « Et la lumière fut ». Un jour est né ainsi, formé de nuit et de lumière ; le soir et le matin se sont succédés… Alors Dieu a retiré le premier jour et il a appelé le deuxième. Il a placé les soirs et les matins sur leurs gonds pour que tourne le grand portail qui, chaque jour, s’ouvre et se ferme.

Saint Jacques de Saroug (v. 449-521), moine et évêque syrien
Hexaméron : Homélies pour le premier et le deuxième jour (trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, Médiaspaul 1988, vol.1, p.14)

 

 

 

 

 

« Tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. »

mardi 10 avril 2018

Qui es-tu, douce lumière qui me combles
et illumines les ténèbres de mon cœur ?
Tu me guides comme la main d’une mère,
et si tu me lâchais,
je ne pourrais plus faire un seul pas.

Tu es l’espace
qui enveloppe mon être et l’abrite en toi.
Abandonné de toi, il sombrerait dans le gouffre du néant
d’où tu l’as tiré pour l’élever vers la lumière.
Toi, plus proche de moi
que je ne le suis de moi-même,
plus intime que le tréfonds de mon âme,
et cependant insaisissable et ineffable,
au-delà de tout nom,
Esprit Saint, Amour éternel !

N’es-tu pas la douce manne
qui du cœur du Fils
déborde dans le mien,
la nourriture des anges et des bienheureux ?
Lui qui s’est relevé de la mort à la vie
m’a éveillée moi aussi du sommeil de la mort à une vie nouvelle.
Et jour après jour
il continue de me donner une nouvelle vie,
dont un jour la plénitude m’inondera tout entière,
vie issue de ta vie, oui, toi-même,
Esprit Saint, Vie éternelle !

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l’Europe
Poésie Pentecôte 1942 (trad. Malgré la nuit, Ad solem 2002, p. 121)

 

 

Solennité de l’Annonciation du Seigneur

lundi 9 avril 2018

[En réponse aux] aspirations de l’esprit humain en recherche de Dieu… la « plénitude du temps » met en relief la réponse de Dieu lui-même… L’envoi de son Fils, consubstantiel au Père, comme homme « né d’une femme » (Ga 4,4), constitue l’étape culminante et définitive de la révélation que Dieu fait de lui-même à l’humanité… La femme se trouve au cœur de cet événement salvifique. La révélation que Dieu fait de lui-même, à savoir l’unité insondable de la Trinité, est contenue pour l’essentiel dans l’Annonciation de Nazareth. « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. —Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? —L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu… Car rien n’est impossible à Dieu. »

Il est facile de comprendre cet événement dans la perspective de l’histoire d’Israël, le peuple élu dont Marie est la fille, mais il est facile aussi de le comprendre dans la perspective de tous les chemins sur lesquels l’humanité cherche depuis toujours une réponse aux questions fondamentales et en même temps définitives qui l’obsèdent le plus. Ne trouve-t-on pas dans l’Annonciation de Nazareth le début de la réponse définitive par laquelle Dieu lui-même va au-devant de l’inquiétude du cœur humain ? Il ne s’agit pas seulement ici de paroles de Dieu révélées par les prophètes, mais, au moment de cette réponse, le Verbe se fait réellement chair (Jn 1,14). Marie atteint ainsi une telle union à Dieu qu’elle dépasse toutes les attentes de l’esprit humain. Elle dépasse même les attentes de tout Israël et, en particulier, des filles de ce peuple élu, qui, en vertu de la promesse, pouvaient espérer que l’une d’entre elles deviendrait un jour la mère du Messie. Qui parmi elles, toutefois, pouvait supposer que le Messie promis serait le « Fils du Très-Haut » ? À partir de la foi monothéiste au temps de l’Ancien Testament c’était difficilement envisageable. Ce n’est que par la force de l’Esprit Saint « venu sur elle » que Marie pouvait accepter ce qui est « impossible aux hommes mais possible à Dieu » (Mc 10,27).

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Lettre apostolique « Mulieris dignatatem », § 3 (trad. copyright © Libreria Editrice Vaticana)

 

 

Dimanche de la Miséricorde divine

dimanche 8 avril 2018

La première Fête de la Divine Miséricorde pour toute l’Eglise – instituée par Jean-Paul II le 30 avril 2000 à l’occasion de la canonisation de Sœur Faustine – a été célébrée le Dimanche 22 avril 2001. Elle est depuis célébrée tous les ans, conformément aux demandes du Seigneur, le premier Dimanche après Pâques.

 » Ma fille, parle au monde entier de mon inconcevable Miséricorde. Je désire que la Fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma Miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma miséricorde ; toute âme qui se confessera (dans les huit jours qui précèdent ou suivent ce Dimanche de la Miséricorde) et communiera, recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur peine ; en ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s’écoulent les grâces ; qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de moi, même si ses péchés sont comme l’écarlate. […] La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de ma Miséricorde.  » (Petit Journal, § 699).

 

 

 

 

 

« Proclamez la bonne nouvelle à toute la création. »

samedi 7 avril 2018

« Une fois pour toutes je dis à mes saints : allez dans le monde entier, et des nations et des royaumes faites des disciples. Car tout m’a été remis par Celui qui m’a engendré (Mt 28,18-19), le monde d’en haut comme celui d’en bas, dont j’étais le maître même avant d’avoir pris chair. Maintenant j’ai pris possession de ma royauté sur tout l’univers, et en vous j’ai un conseil des ministres sacré, moi qui seul connais le fond des cœurs.

« Allez vers toutes les nations. Ayant jeté en terre le grain du repentir, arrosez-le de vos enseignements. » En écoutant ces mots, les apôtres se regardaient les uns les autres en hochant la tête : « D’où nous viendront la voix et la langue pour parler à tous ? Qui nous donnera la force de lutter avec les peuples et les nations comme tu en as donné l’ordre, nous qui n’avons ni lettres ni culture, humbles pêcheurs que nous sommes, toi qui seul connais le fond des cœurs ? »

« Ne vous tourmentez plus dans vos cœurs, que l’Ennemi ne trouble pas votre esprit. Ne pensez plus comme de petits enfants… Je ne veux pas vaincre par la force, c’est par les faibles que moi je l’emporte. Je ne recherche pas ceux qui philosophent : j’ai choisi ‘ce qu’il y a de fou dans le monde’ (1Co 1,27), moi qui seul connais le fond des cœurs.

« Allez donc vers toute la création. Arrosez de vos enseignements le grain du repentir que vous avez semé. Veillez à ce que nulle âme repentante ne reste hors de votre filet. Je me complais en ceux qui reviennent à moi, comme vous le savez, vous aussi. Ah, si même celui qui m’a trahi était revenu à moi après m’avoir vendu ! Effaçant son péché, je l’aurais réuni avec vous, moi qui seul connais le fond des cœurs…

« Dites que je suis Dieu et que moi, l’Inexprimable, j’ai pris la condition d’esclave (Ph 2,7). Montrez comment j’ai fait miennes les blessures de la chair… Enterré parce que j’avais été condamné, j’ai pillé l’enfer parce que je suis Seigneur… » Affermis par ces paroles, les apôtres disaient au Créateur : « Tu es le Dieu qui étais avant les siècles, et tu n’auras pas de fin… Nous te proclamerons comme tu l’as ordonné. Sois avec nous, sois notre défenseur, toi qui seul connais le fond des cœurs ».

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes
Hymne « La Mission des apôtres » , 13s ; SC 283 (trad. SC p. 107s rev.)

 

 

 

 

 

 

Le vendredi de Pâques

vendredi 6 avril 2018

Nous sommes lents à nous rendre compte de cette grande et sublime vérité que le Christ marche encore, en quelque sorte, au milieu de nous, et de sa main, de son regard ou de sa voix, nous fait signe de le suivre. Nous ne comprenons pas que cet appel du Christ est une chose qui se réalise tous les jours, aujourd’hui comme autrefois. Nous en sommes à croire que c’était bon au temps des apôtres, mais aujourd’hui nous n’y croyons plus à notre égard, nous ne sommes pas attentifs à le rechercher à notre sujet. Nous n’avons plus des yeux pour voir le Maître — bien différents en cela de l’apôtre bien-aimé qui a reconnu le Christ, même quand tous les autres disciples ne le reconnaissaient pas. Il était là, cependant, debout sur le rivage ; c’était après sa résurrection, quand il ordonnait de jeter le filet dans la mer ; c’est alors que le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! »

Ce que je veux dire, c’est que les hommes qui mènent une vie de croyant aperçoivent de temps en temps des vérités qu’ils n’avaient pas encore vues, ou sur lesquelles leur attention n’avait jamais été appelée. Et tout d’un coup, elles se dressent devant eux comme un appel irrésistible. Or, il s’agit de vérités qui engagent notre devoir, qui prennent la valeur de préceptes, et qui demandent l’obéissance. C’est de cette façon, ou par d’autres encore, que le Christ nous appelle maintenant. Il n’y a rien de miraculeux ou d’extraordinaire dans cette façon de faire. Il agit par l’intermédiaire de nos facultés naturelles et au moyen des circonstances mêmes de la vie.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
PPS vol. 8, n°2 (trad. Saleilles, 1906, p. 97-98 rev)

 

 

Le jeudi de Pâques

jeudi 5 avril 2018

Les apôtres et les disciples de notre Seigneur, comme des enfants sans père et des soldats sans capitaine, s’étant retirés dans une maison tout craintifs, le Sauveur leur est apparu pour les consoler en leur affliction, et il leur dit : « Paix à vous ». Comme s’il voulait dire : « Pourquoi êtes-vous si craintifs et affligés ? Si c’est le doute que ce que je vous ai promis concernant ma résurrection n’arrive pas, paix à vous, demeurez en paix, la paix soit faite en vous, car je suis ressuscité. Voyez mes mains, touchez mes blessures ; je suis bien moi-même, ne craignez plus, la paix soit en vous »…

Comme s’il voulait dire : « Qu’avez-vous? Je vois bien, mes apôtres, que vous êtes tout craintifs et peureux ; mais désormais vous n’en avez plus aucun sujet, car je vous ai acquis la paix que je vous donne. Non seulement mon Père me la doit parce que je suis son Fils, mais encore parce que je l’ai achetée au prix de mon sang et de ces plaies que je vous montre. Désormais ne soyez plus lâches ni peureux, car la guerre est finie. Vous avez eu des raisons de craindre ces jours passés quand vous m’avez vu fouetté…, battu, couronné d’épines, blessé de la tête jusqu’aux pieds et attaché à la croix. J’ai souffert toutes sortes d’opprobres, de dérélictions et d’ignominies… Mais maintenant ne craignez plus, la paix soit en vos cœurs, car je suis victorieux et j’ai terrassé tous mes adversaires : j’ai vaincu le diable, le monde et la chair… Jusqu’à cette heure je vous ai donné diverses fois ma paix ; maintenant je vous montre comme je vous l’ai acquise… Tout ce que je donne à mes plus chers, c’est la paix ; c’est pourquoi, paix à vous, et à tous ceux qui croiront en moi. »

Saint François de Sales (1567-1622), évêque de Genève et docteur de l’Église
OC, t. 9, p. 290s (in Desjardins,  Livre des quatre amours, p. 247 ; français modernisé, rev.)

 

 

Le mercredi de Pâques

mercredi 4 avril 2018

Les jours qui se sont écoulés entre la résurrection du Seigneur et son ascension n’ont pas été dépourvus d’événements : de grands mystères y ont reçu leur confirmation, de grandes vérités y ont été révélées. C’est alors que la crainte d’une mort amère est abolie et que l’immortalité, non seulement de l’âme mais aussi de la chair, est manifestée…

En ces jours-là, le Seigneur se joint à deux disciples et les accompagne en chemin ; et, afin de dissiper en nous toutes les ténèbres du doute, il reproche à ces hommes apeurés leur lenteur à comprendre. Les cœurs qu’il éclaire voient s’allumer en eux la flamme de la foi ; ils étaient tièdes, et ils deviennent brûlants lorsque le Seigneur leur fait comprendre les Écritures. À la fraction du pain s’ouvrent les yeux de ceux qui sont à table avec lui : ils voient la glorification de leur nature humaine et ils ont un bonheur bien plus grand que nos premiers parents dont les yeux se sont ouverts sur la honte de leur désobéissance (Gn 3,7).

Parmi ces merveilles et d’autres encore, comme les disciples demeuraient dans l’inquiétude, le Seigneur est apparu au milieu d’eux et leur a dit : « La paix soit avec vous » (Lc 24,36; Jn 20,26). Pour qu’ils ne restent pas dans ces pensées qui les troublaient… il a dévoilé à leurs yeux hésitants les traces de la croix sur ses mains et ses pieds… Ainsi ce ne serait pas d’une foi hésitante, mais d’une conviction certaine qu’ils maintiendraient que le corps qui allait siéger sur le trône de Dieu le Père était bien celui qui avait reposé dans le tombeau. Voilà ce que la bonté de Dieu a enseigné avec tant de soin pendant tout ce temps entre la résurrection et l’ascension, voilà ce qu’elle a montré aux yeux et au cœur de ses amis : le Seigneur Jésus Christ, qui était vraiment né, avait vraiment souffert et est vraiment mort, est vraiment ressuscité.

Saint Léon le Grand (?-v. 461), pape et docteur de l’Église
1er sermon pour l’Ascension ; SC 74 bis (trad. cf SC p. 271)

 

 

 

Le mardi de Pâques

mardi 3 avril 2018

Marie, en pleurs, se penche et regarde dans le tombeau. Elle avait pourtant déjà vu qu’il était vide, et elle avait annoncé la disparition du Seigneur. Pourquoi se penche-t-elle encore ; pourquoi désire-t-elle encore voir ? Parce que l’amour ne se contente pas d’un seul regard ; l’amour est une quête toujours plus ardente. Elle l’a déjà cherché, mais en vain ; elle s’obstine et finit par le découvrir… Dans le Cantique des cantiques, l’Église disait du même Époux : « Sur ma couche, la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime. Je l’ai cherché mais ne l’ai pas trouvé. Je me lèverai et parcourrai la ville ; dans les rues et sur les places, avez-vous vu celui que mon cœur aime ? » (Ct 3,1-2) Deux fois, elle exprime sa déception : « Je l’ai cherché mais ne l’ai pas trouvé ! » Mais le succès vient enfin couronner l’effort : « Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville. Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? À peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon cœur aime. » (Ct 3,3-4)

Et nous, quand est-ce que, sur nos couches, nous cherchons l’Aimé ? Pendant les brefs repos de cette vie, lorsque nous soupirons en l’absence de notre Rédempteur. Nous le cherchons la nuit, car même si notre esprit veille déjà sur lui, nos yeux ne voient encore que son ombre. Mais puisque nous n’y trouvons pas l’Aimé, levons-nous ; parcourons la ville, c’est-à-dire la sainte assemblée des élus. Cherchons-le de tout notre cœur ; regardons dans les rues et sur les places, c’est-à-dire dans les passages escarpés de la vie ou dans ses voies spacieuses ; ouvrons l’œil, cherchons-y les pas de notre Bien-aimé… Ce désir faisait dire à David : « Mon âme a soif du Dieu de vie. Quand irai-je voir la face de Dieu ? Sans relâche, poursuivez sa face. » (Ps 42,3)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélie 25 sur l’Evangile ; PL 76, 1188 (trad. Quéré, coll. Icthus, vol. 10, p. 292)

 

 

 

 

 

 

 

Le lundi de Pâques

lundi 2 avril 2018

Beaucoup de gens croient en la résurrection du Christ, mais peu en ont la claire vision. Et comment ceux qui ne l’ont pas vue peuvent-ils adorer le Christ Jésus comme Saint et comme Seigneur ? En effet, il est écrit : « Personne ne peut dire ‘Jésus est le Seigneur’ sinon dans l’Esprit Saint » (1Co 12,3), et aussi : « Dieu est Esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité » (Jn 4,24)… Comment donc l’Esprit Saint nous pousse-t-il à dire aujourd’hui [à la liturgie] : « Nous avons vu la résurrection du Christ. Adorons le Saint, le Seigneur Jésus, le seul sans péché ». Comment nous invite-t-il à l’affirmer comme si nous l’avions vu ? Le Christ est ressuscité une seule fois, il y a mille ans, et même alors personne ne l’a vu ressusciter. Est-ce que la divine Écriture veut nous faire mentir ?

Jamais de la vie ! Au contraire, elle nous exhorte à attester la vérité, cette vérité qu’en chacun de nous, ses fidèles, se reproduit la résurrection du Christ, et cela non pas une fois mais quand, à chaque heure pour ainsi dire, le Maître en personne, le Christ, ressuscite en nous, tout vêtu de blanc et fulgurant des éclairs de l’incorruptibilité et de la divinité. Car le lumineux avènement de l’Esprit nous fait entrevoir, comme en son matin, la résurrection du Maître, ou plutôt nous fait la faveur de le voir lui-même, lui le ressuscité. C’est pourquoi nous chantons : « Le Seigneur est Dieu, et il nous est apparu » (Ps 117,27), et par allusion à son second avènement, nous ajoutons : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (v. 26)… C’est bien spirituellement, pour leur regard spirituel, qu’il se montre et se fait voir. Et lorsque cela se produit en nous par l’Esprit Saint, il nous ressuscite des morts, il nous vivifie et il se donne à voir lui-même, tout entier, vivant en nous, lui l’immortel et l’impérissable. Il nous fait la grâce de le connaître clairement, lui qui nous ressuscite avec lui et nous fait entrer avec lui dans sa gloire.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec
Catéchèse 13 (trad. cf SC 104, p. 199)