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Archive pour le mot-clef ‘St Romanos le Mélode’

« Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »

lundi 10 juillet 2023

Comme la femme souffrant d’hémorragie je me prosterne devant toi, Seigneur, pour que tu me délivres de la souffrance, ami des hommes, et que tu m’accordes le pardon de mes fautes, afin qu’avec componction de cœur je te crie : « Sauveur, sauve-moi ». (…)

En se cachant, Sauveur, elle allait à toi, car elle te prenait pour un simple humain ; mais sa guérison lui enseigna que tu étais Dieu et homme tout ensemble. Secrètement elle toucha ta frange, (…), craignant dans son âme (…). Elle se disait en elle-même : « Comment me ferai-je voir de celui qui observe tout, moi qui porte la honte de mes fautes ? Si le Tout-Pur voit le flux de sang, il s’écartera de moi comme impure, et ce sera pour moi plus terrible que ma plaie, s’il se détourne de moi malgré mon cri : Sauveur, sauve-moi.

« En me voyant, tout le monde me bouscule : ‘Où vas-tu ? Prends conscience de ta honte, femme, sache qui tu es, et de qui tu voudrais t’approcher maintenant ! Toi, l’impure, approcher le Tout-Pur ! Va-t’en te purifier, et quand tu auras essuyé la tache que tu portes, alors tu iras vers lui en criant : Sauveur, sauve-moi.’

« — Vous cherchez à me causer plus de peine que mon propre mal ? Je sais que lui il est pur, et c’est bien pour cela que j’irai à lui, pour être délivrée de l’opprobre et de l’infamie. Ne m’empêchez donc pas (…) de crier : Sauveur, sauve-moi.

« La source épanche ses flots pour tous : de quel droit la bouchez-vous ? (…) Vous êtes témoins de ses guérisons. (…) Tous les jours il nous encourage en disant : ‘Venez à moi, vous que les maux accablent ; moi, je pourrai vous soulager’ (Mt 11,28). Il aime faire le don de la santé à tous. Et vous, pourquoi me rudoyez-vous en m’empêchant de lui crier (…) : Sauveur, sauve-moi ? » (…)

Celui qui sait toutes choses (…) se retourne et dit à ses disciples : « Qui vient de toucher ma frange ? (Mc 5,30) (…) Pourquoi me dis-tu, Pierre, qu’une grande foule me presse ? Ils ne touchent pas ma divinité, mais cette femme, en touchant mon vêtement visible, a saisi ma nature divine, et elle a acquis la santé en me criant : Seigneur, sauve-moi. (…)

« Prends courage à présent, femme. (…) Sois donc désormais en bonne santé (…) Ceci n’est pas l’ouvrage de ma main, mais l’œuvre de ta foi. Car beaucoup ont touché ma frange, mais sans obtenir la force, parce qu’ils n’apportaient pas de foi. Toi, tu m’as touché avec beaucoup de foi, tu as reçu la santé, c’est pourquoi je t’ai amenée maintenant devant tous, pour que tu dises : Sauveur, sauve-moi. »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

Ascension du Seigneur, solennité

jeudi 18 mai 2023

Celui qui est descendu sur la terre — lui seul sait comment — au moment d’en repartir — comment ? lui seul le sait — a pris ceux qu’il aimait et les a menés sur une montagne…pour leur élever la tête et l’esprit… Le Seigneur, étendant les bras comme des ailes, a couvert ainsi qu’un aigle le nid qu’il soignait tendrement (Dt 32,11) et a dit à ses petits : « Je vous ai protégés de mon ombre contre tous les maux (Ps 90,1) : comme je vous ai aimés, aimez-moi. Je ne me sépare pas de vous : je suis avec vous, et personne ne tiendra contre vous » (cf Mt 28,20; Rm 8,31)…

Par ces mots, le Sauveur a fait à ses apôtres une grande peine. Peut-être même pleuraient-ils et disaient… : « Tu nous quittes, tu te sépares de ceux qui t’aiment ?… Cela nous angoisse, parce que notre désir est d’être avec toi. Nous cherchons ton visage…; il n’y a pas d’autre Dieu que toi (Ps 26,8; Is 45,5). Ne t’éloigne pas de ceux qui t’aiment, reste auprès de nous et dis-nous : ‘ Je ne me sépare pas de vous : je suis avec vous, et personne ne tiendra contre vous… ‘ »

Le Seigneur, voyant les plaintes de ceux qui l’aimaient, les a soutenus comme un père ses fils… : « Ne pleurez pas, amis, car ce n’est pas le temps des larmes… C’est l’heure de ma joie : pour aller vers mon Père ‘ je prends les ailes, et je me reposerai ‘ dans ma tente (Ps 138,9). Car du firmament du ciel j’ai fait une tente…, comme le dit Isaïe : ‘ Dieu a dressé le ciel comme une voûte et comme une tente où l’on habite ‘ (Is 40,22), Dieu qui dit aux siens : ‘ Je ne me sépare pas de vous : je suis avec vous, et personne ne tiendra contre vous. ‘ »

« Soyez donc maintenant gais et radieux, prenez un air joyeux, ‘ chantez un chant nouveau ‘ (Ps 97,1), car tout ce qui va arriver arrive pour vous. Par amour pour vous je suis descendu ici-bas et je suis allé partout, afin de vous plaire et d’être accueilli par vous. C’est encore par amour pour vous que je remonte aux cieux, afin de disposer le lieu où je dois être avec vous : car « il y a beaucoup de demeures là-haut chez mon Père » (Jn 14,2)… Je vais donc préparer une demeure pour vous et vous y prendre, et je ne me sépare pas de vous : je suis avec vous, et personne ne tiendra contre vous. »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

Marie Madeleine, apôtre auprès des apôtres

vendredi 22 juillet 2022

Les femmes porteuses d’aromates envoyèrent en avant Marie Madeleine au sépulcre, selon le récit de saint Jean le Théologien. Il faisait noir, mais l’amour l’éclairait : aussi aperçu-t-elle la grande pierre roulée de devant la porte du tombeau et elle retourna dire : « Disciples, sachez ce que j’ai vu (…) : la pierre ne recouvre plus le tombeau. Auraient-ils enlevé mon Seigneur ? Pas de gardes en vue, ils ont fui. Serait-il ressuscité, celui qui offre aux hommes déchus la résurrection ? » (…)

Celui qui voit tout, voyant Marie-Madeleine vaincue par les sanglots, accablée de tristesse, en eut le cœur touché (…). Celui qui sonde les reins et les cœurs (Ps 7,10), sachant que Marie reconnaîtrait sa voix, appela sa brebis, lui, le vrai pasteur : « Marie », dit-il. Aussitôt elle le reconnut : « C’est bien mon bon pasteur qui m’appelle pour me compter désormais avec les quatre-vingt-dix-neuf brebis. (…) Je sais bien qui il est, celui qui m’appelle : je l’avais dit, c’est mon Seigneur, c’est celui qui offre aux hommes déchus la résurrection. » (…)

Le Seigneur lui dit : « Femme, que ta bouche désormais proclame ces merveilles et les explique aux fils du Royaume qui attendent que je m’éveille, moi le Vivant. Va vite, Marie, rassemble mes disciples (…) ; éveille-les tous comme d’un sommeil afin qu’ils viennent à ma rencontre avec des flambeaux allumés. Va dire : l’Époux s’est éveillé, il sort de son tombeau (…). Apôtres, chassez votre tristesse mortelle, car il s’est réveillé celui qui offre aux hommes déchus la résurrection. » (…)

« —Mon deuil s’est soudain transformé en liesse, tout m’est devenu joie et allégresse. Je n’hésite pas à le dire : j’ai reçu la même gloire que Moïse ; j’ai vu, oui, j’ai vu, non sur la montagne mais dans le sépulcre, non voilé par une nuée mais dans son corps, j’ai vu le Maître des êtres incorporels et des nuées, celui qui est, qui était et qui vient. C’est lui qui m’a dit : Hâte-toi, Marie, va révéler à ceux qui m’aiment que je suis ressuscité. Aux descendants de Noé apporte cette bonne nouvelle comme la colombe leur a apporté le rameau d’olivier (Gn 8,11). Dis-leur que la mort est détruite et qu’il s’est levé du tombeau, celui qui offre aux hommes déchus la résurrection. »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

« Alors ils jeûneront. »

vendredi 4 mars 2022

Livre-toi, mon âme, au repentir ; unis-toi au Christ par la pensée ; crie en gémissant : « Accorde-moi le pardon de mes actions mauvaises, afin que je reçoive de toi, qui seul es bon (Mc 10,18), l’absolution et la vie éternelle ». (…)

Moïse et Élie, ces tours de feu, étaient grands dans leurs œuvres. (…) Ils sont les premiers parmi les prophètes, ils parlaient librement à Dieu, ils se plaisaient à s’approcher de lui pour le prier et s’entretenir avec lui face à face (Ex 34,5; 1R 19,13) — chose étonnante et incroyable. Néanmoins, ils avaient soin de recourir au jeûne, qui les menait à Dieu (Ex 34,28; 1R 19,8). Le jeûne, avec les œuvres, procure donc la vie éternelle.

Par le jeûne, les démons sont repoussés comme par une épée, car ils n’en supportent pas les joies ; ce qu’ils aiment, c’est le jouisseur et l’ivrogne. Mais s’ils regardent le visage du jeûne, ils ne peuvent pas tenir ; ils s’enfuient bien loin, comme nous l’enseigne le Christ notre Dieu en disant : « C’est par le jeûne et la prière qu’on vient à bout de la race des démons » (cf Mc 9,29). Voilà pourquoi on nous enseigne que le jeûne donne aux hommes la vie éternelle. (…)

Le jeûne rend à ceux qui le pratiquent la maison paternelle d’où Adam fut expulsé. (…) C’est Dieu lui-même, l’ami des hommes (Sg 1,6), qui avait d’abord confié au jeûne l’homme qu’il avait créé, comme à une mère aimante, comme à un maître. À un seul arbre il lui a interdit de goûter (Gn 2,17). Et si l’homme avait observé ce jeûne, il aurait habité avec les anges. Mais il l’a rejeté et a trouvé les peines et la mort, l’âpreté des épines et des ronces, et l’angoisse d’une vie douloureuse (Gn 3,17s). Or, si dans le Paradis le jeûne se révèle profitable, combien plus l’est-il ici-bas, pour nous procurer la vie éternelle !

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

« Tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

dimanche 16 janvier 2022

Alors que le Christ assistait aux noces et que la foule des convives se régalait, le vin leur manqua, et leur joie se changea en chagrin. (…) Voyant cela, la très pure Marie vint aussitôt dire à son fils : « Ils n’ont plus de vin ; alors, je t’en prie, mon enfant, montre que tu peux tout, toi qui as tout créé avec sagesse. »

S’il te plaît, Vierge vénérable, d’après quels miracles de lui as-tu su que ton fils, sans avoir vendangé de raisin, pouvait accorder le vin, alors qu’il n’avait pas encore fait de miracles auparavant ? Apprends-nous (…) comment tu as dit à ton fils : « Donne-leur du vin, toi qui as tout créé avec sagesse. »

« — J’ai vu moi-même Élisabeth m’appeler Mère de Dieu avant l’enfantement ; après l’enfantement Syméon m’a chantée, Anne m’a célébrée ; les mages sont accourus de la Perse à la crèche, car une étoile annonçait d’avance cet enfantement ; les bergers avec les anges se faisaient hérauts de la joie, et la création se réjouissait avec eux. Que pourrais-je aller chercher de plus grand que ces miracles, pour croire sur leur foi que mon fils est celui qui a tout créé avec sagesse ? » (…)

Quand le Christ changea manifestement l’eau en vin par sa puissance, toute la foule se réjouit, trouvant admirable le goût de ce vin. Aujourd’hui, c’est au banquet de l’Église que nous nous asseyons tous, car le vin est changé en sang du Christ, et nous le buvons tous avec une allégresse sainte, glorifiant le grand Époux. Car l’Époux véritable, c’est le fils de Marie, le Verbe qui est de toute éternité, qui a pris la forme d’un esclave, et qui a tout créé avec sagesse.

Très-Haut, saint, sauveur de tous, garde sans altération le vin qui est en nous puisque tu présides à tout. Chasse en nous toute perversité, toutes les pensées mauvaises qui mouillent ton vin très saint. (…) Par les prières de la sainte Vierge Mère de Dieu, délivre-nous, de l’angoisse des péchés qui nous oppressent, Dieu miséricordieux, toi qui as tout créé avec sagesse.

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

Solennité de la Nativité du Seigneur (messe du jour)

samedi 25 décembre 2021

Écoutez, bergers, le son des trompettes ; (…) Le Verbe est enfanté, Dieu est manifesté au monde ! Et vous, filles de rois, entrez dans la joie de la Mère de Dieu (cf Ps 44,10). Peuples, disons : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! »

La Vierge, qui ne connaît pas d’homme (Lc 1,34), a mis au monde la joie, la tristesse ancestrale a cessé. Aujourd’hui l’Incréé est enfanté, celui que le monde ne peut contenir entre dans le monde. Aujourd’hui, la joie s’est manifestée aux hommes ; aujourd’hui l’erreur est jetée dans l’abîme. Peuples, disons : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! »

Bergers (…), chantez le Maître qui est né à Bethléem (…), celui qui rachète le monde. Voici que la malédiction d’Ève est rompue, grâce à celui qui est né de la Vierge. (…) « Battons des mains avec des acclamations » (Ps 46,2) ; formons un chœur avec les anges. Le Seigneur est né de la Vierge Marie pour « relever ceux qui sont tombés et redresser ceux qui sont abattus » (Ps 144,14), ceux qui crient avec foi : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! » (…)

L’auteur de la Loi s’est incarné sous la Loi (Ga 4,4), le Fils intemporel est né de la Vierge, le Créateur de l’univers est couché dans la crèche. Celui que le Père engendre éternellement, sans mère dans les cieux, est né de la Vierge, sans père sur la terre. Peuples, disons : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! »

En vérité, la joie vient de naître dans l’étable. Aujourd’hui les chœurs angéliques se réjouissent ; toutes les nations célèbrent la Vierge immaculée ; notre ancêtre Adam danse de joie, car aujourd’hui est né le Sauveur. Peuples, disons : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

« Ils se sont convertis. »

lundi 19 juillet 2021

Méditons sur les Ninivites (…), écoutons ce qu’ils ont fait. Après la proclamation effrayante que Jonas a faite devant ce peuple glouton et ivrogne (…), comme des ouvriers habiles, ils se sont empressés de consolider la cité, que leurs mauvaises actions avaient ébranlée, en prenant pour fondation un rocher sûr (…) : le repentir.

Ayant lavé sa souillure dans des flots de larmes, ils ont orné leur ville de leur prière, et Ninive convertie a plu au Miséricordieux. Car elle a présenté aussitôt la beauté de son cœur à « celui qui sonde les cœurs » (Ps 7,10), (…) ; frottée de l’huile des bonnes œuvres, parfumée de jeûne, elle est retournée à Celui qui l’aime (…), et il a embrassé son repentir.

Son roi, un homme sage (…), a préparé les bêtes et les troupeaux comme pour les apporter en dot, disant : « Je t’offre tout, mon Dieu, mon Sauveur : réconcilie seulement, fais rentrer en grâce celle qui s’est prostituée, qui a trahi (…) ta pureté : car voici que, dans son amour, elle t’offre comme un présent son repentir. (…)

« Si moi, le roi souverain, j’ai péché, frappe-moi seul et prends en pitié tous les autres. Mais si nous avons tous failli, écoute la voix de tous. (…) Que ton secours vienne sur nous, et toute crainte sera dissipée. Rien ne nous effrayera, si tu reçois ce que nous t’offrons : notre repentir. (…)

« Ninive, la rebelle, se jette à tes pieds, et moi, roi misérable et ton misérable serviteur, puisque je suis indigne du trône, je m’assieds sur de la cendre (Jon 3,6). Puisque j’ai insulté la couronne, je répands la poussière sur ma tête. Puisque je ne mérite pas la pourpre, j’ai revêtu un sac et j’ai éclaté en lamentations. Ne me méprise donc pas, jette un regard sur nous, mon Sauveur, et accueille notre repentir » (…)

Fils de l’Unique, ô Dieu unique, toi qui fais la volonté de ceux qui t’aiment, protège-les dans ta miséricorde. (…) Comme jadis tu as eu pitié des Ninivites (…), aujourd’hui affranchis du jugement ceux qui te chantent ; et accorde-moi le pardon en récompense de ma confession. (…) Puisque je n’ai pas d’œuvres dignes de ta gloire, mon Sauveur, sauve-moi au moins pour mes paroles de contrition, toi qui aimes le repentir.

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

« Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée. »

lundi 4 janvier 2021

Tu t’es manifesté aujourd’hui à l’univers, et ta lumière, Seigneur, nous est apparue. C’est pourquoi, devant cette révélation, nous te chantons : Tu es venu, tu t’es manifesté, toi la lumière inaccessible ! (1Tm 6,16). (…)

Dans la Galilée des nations, dans le pays de Zabulon, dans la terre de Nephtali, comme dit le prophète, le Christ, grande lumière, a resplendi (Is 8,23-9,1) ; pour ceux qui étaient dans les ténèbres une grande clarté a brillé, jaillissant de Bethléem. Le Seigneur né de Marie, le Soleil de justice, répand ses rayons sur l’univers entier (Ml 3,20). Nous, les fils d’Adam qui sommes nus, venons, revêtons-le pour nous réchauffer. C’est pour vêtir ceux qui sont nus, illuminer ceux qui sont dans les ténèbres, que tu t’es manifesté, toi la lumière inaccessible.

Dieu n’a pas méprisé celui qui, par ruse, a été dépouillé de ses vêtements dans le Paradis et a perdu la robe tissée des mains de Dieu. Il revient vers lui et de sa voix sainte appelle celui qui lui a désobéi : « Adam, où es-tu ? (Gn 3,9) Cesse de te cacher de moi. Si nu, si pauvre que tu sois, je veux te voir. N’aie pas peur, je me suis fait semblable à toi. Tu désirais devenir dieu (Gn 3,5) et tu n’as pas pu. Maintenant, parce que je l’ai voulu, je me suis fait chair. Avance donc, reconnais-moi et dis : Tu es venu, tu t’es manifesté, toi la lumière inaccessible. » (…)

Chante, chante, Adam ; adore celui qui vient à toi. Alors que tu t’éloignais, il s’est manifesté à toi pour se faire voir, toucher, accueillir. Celui que tu avais craint quand tu as été trompé par le démon, pour toi s’est fait semblable à toi. Il est descendu sur la terre pour te prendre aux cieux ; il est devenu mortel pour que toi tu deviennes Dieu et que tu recouvres ta première beauté. Voulant t’ouvrir les portes de l’Éden, il a habité Nazareth. Pour tout cela, chante, homme, chante et loue celui qui s’est manifesté et qui a illuminé tout univers.

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

« Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller. »

samedi 14 mars 2020

Nombreux sont ceux qui, par la pénitence, ont mérité l’amour que tu as pour l’homme. Tu as rendu justes le publicain gémissant et la pécheresse pleurante (Lc 18,14; 7,50), car, par un dessein préétabli, tu prévois et tu accordes le pardon. Avec ceux-là convertis-moi aussi, puisque tu es riche d’une multitude de miséricordes, toi qui veux que tous les hommes soient sauvés.

Mon âme s’est souillée en revêtant la tunique de mes fautes (Gn 3,21). Mais toi, accorde-moi de faire couler de mes yeux des fontaines, afin que je la purifie par la contrition. Revêts-moi de la robe éclatante, digne de tes noces (Mt 22,12), toi qui veux que tous les hommes soient sauvés…

Aie compassion de mon cri comme tu l’as fait pour le fils prodigue, Père céleste, car moi aussi je me jette à tes pieds, et je crie comme il a crié : « Père, j’ai péché ! » Ne me repousse pas, mon Sauveur, moi ton enfant indigne, mais fais que tes anges se réjouissent aussi pour moi, Dieu bon qui veux que tous les hommes soient sauvés.

Car tu as fait de moi ton fils et ton propre héritier par la grâce (Rm 8,17). Mais moi, pour t’avoir offensé, me voici prisonnier, esclave vendu au péché, et malheureux ! Prends en pitié ton image (Gn 1,26) et rappelle-la de l’exil, Sauveur, toi qui veux que tous les hommes soient sauvés…

C’est maintenant le temps du repentir… La parole de Paul me pousse à persévérer dans la prière (Col 4,2) et à t’attendre. C’est donc avec confiance que je te prie, car je connais bien ta miséricorde, je sais que tu viens à moi le premier, et j’appelle au secours. Si tu tardes, c’est pour me donner le salaire de la persévérance, toi qui veux que tous les hommes soient sauvés.

Saint Romanos le Mélode

 

 

 

« Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée. »

vendredi 3 janvier 2020

Sur Adam aveuglé dans l’Éden un soleil est apparu, surgissant de Bethléem, et lui a ouvert les yeux en les lavant dans les eaux du Jourdain. Sur celui que couvraient l’ombre et les ténèbres, s’est levée la lumière qui ne s’éteindra jamais. Plus de nuit pour lui, tout est jour ; le moment de l’aube est né pour lui, car c’est au crépuscule qu’il s’était caché, comme dit l’Écriture (Gn 3,8). Celui qui était tombé le soir a trouvé l’aurore qui l’illumine, il a échappé à l’obscurité, il s’est avancé vers le matin qui s’est manifesté et a tout illuminé. (…)

Chante, chante, Adam, adore celui qui vient à toi ; alors que tu t’éloignais, il s’est manifesté à toi pour que tu puisses le voir, le toucher et l’accueillir. Celui que tu avais craint quand tu as été trompé, pour toi s’est fait semblable à toi. Il est descendu sur la terre pour te prendre aux cieux, il est devenu mortel pour que toi tu deviennes Dieu et que tu revêtes ta beauté première. Voulant te rouvrir les portes de l’Éden, il a habité Nazareth. Pour tout cela, chante-le, homme, et glorifie par un psaume celui qui s’est manifesté et a tout illuminé. (…)

Les yeux des enfants de la terre ont reçu la force de contempler le visage céleste ; les regards des êtres de glaise (Gn 2,7) ont perçu le rayonnement sans ombre de la lumière immatérielle, que les prophètes et les rois n’ont pas vu, mais qu’ils avaient désiré voir (Mt 13,17). Le grand Daniel a été appelé un homme de désirs, parce qu’il désirait contempler celui que nous contemplons. David aussi a espéré ce décret ; ce qui était caché, maintenant on peut le comprendre : c’est celui qui s’est manifesté et a tout illuminé.

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)