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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

Solennité du Christ, Roi de l’Univers

dimanche 26 novembre 2017

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Tous les hommes sont appelés à former en Jésus Christ le nouveau peuple de Dieu. En conséquence, ce peuple doit, sans cesser d’être un et unique, s’étendre au monde entier et à tous les siècles afin que s’accomplisse le dessein de Dieu…, qui a voulu rassembler en un seul corps ses enfants dispersés (Jn 11,52). À cette fin, Dieu a envoyé son Fils qu’il a constitué héritier de toutes choses (He 1,2) pour être Maître, Roi et Prêtre de l’univers, chef du peuple nouveau et universel des fils de Dieu. À cette fin aussi, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils, qui est Seigneur et qui donne la vie (Credo) et qui est, pour toute l’Église et pour chacun des croyants, principe de rassemblement et d’unité dans « l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et les prières » (Ac 2,42).

En toutes les nations de la terre subsiste l’unique Peuple de Dieu, puisque c’est de toutes les nations qu’il tire ses membres, citoyens d’un royaume dont le caractère n’est pas terrestre mais bien céleste. Car tous les fidèles dispersés à travers le monde sont en communion les uns avec les autres dans l’Esprit Saint… Mais comme « le Royaume du Christ n’est pas de ce monde » (Jn 18,36), l’Église, peuple de Dieu, en introduisant ce royaume, n’enlève rien au bien temporel des peuples, quels qu’ils soient. Au contraire, elle favorise et assume, dans la mesure où ces choses sont bonnes, les talents, les richesses, les coutumes des peuples, et en les assumant, les purifie, les renforce et les élève.

L’Église sait en effet qu’il lui faut resserrer ses rangs autour de ce Roi, car c’est à lui que les nations ont été données en héritage (Ps 2,8), c’est vers son royaume qu’afflueront richesses et présents (Ps 71,10 ; Is 60,4 ; Ap 21,24). Ce caractère d’universalité qui distingue le peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-même qui porte l’Église catholique à s’employer sans arrêt à rassembler toute l’humanité et la totalité de ses biens sous le Christ Chef, en l’unité de son Esprit.

Concile Vatican II
Constitution sur l’Église « Lumen gentium », § 13

 

 

Présentation de la Vierge Marie – Mémoire

mardi 21 novembre 2017

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Les parents qui aiment Dieu lui ont, de tout temps, consacré leurs enfants, avant et après leur naissance. Parmi les Juifs, existait de plus l’usage de consacrer quelques fois à Dieu les enfants en bas âge ; on les amenait au Temple, où avait lieu la cérémonie de la consécration, puis ils habitaient dans les dépendances du Temple et servaient les prêtres et les lévites dans leurs fonctions. Nous avons des exemples de cette consécration spéciale dans la personne de Samuel et de quelques autres saints personnages. Il y avait aussi des appartements pour les femmes dévouées au service divin.

 

L’évangile ne nous apprend rien de l’enfance de Marie ; son titre de Mère de Dieu efface tout le reste. Mais la tradition est plus explicite ; elle nous apprend que la Sainte Vierge, dans son enfance, fut solennellement offerte à Dieu dans son temple. Cette présentation est le sujet de la fête qu’on célèbre aujourd’hui. Où mieux que loin du monde, dans l’enceinte du temple, Marie se fût-elle préparée à sa mission ? Douze années de recueillement, de prière, de contemplation, telle fut la préparation de l’élue de Dieu.

 

Voici, d’après saint Jérôme, comment se divisait la journée de Marie au temple : depuis l’aurore jusqu’à 9 heures du matin, elle priait ; de 9 heures à 3 heures elle s’appliquait au travail des mains ; ensuite elle se remettait à la prière, jusqu’au moment où arrivait sa nourriture. Marie, au jour de sa présentation, nous apparaît comme le porte-étendard de la virginité chrétienne. Après elles, viendront des légions innombrables de vierges consacrées au Seigneur, dans le monde ou à l’ombre des autels ; Marie sera leur éternel modèle, leur patronne dévouée, leur guide sûr dans les voies de la perfection.

 

 

 

 

 

Lectures propres à cette mémoire 

Livre de Zacharie 2, 14-17

Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens,
j’habiterai au milieu de toi, déclare le Seigneur.
En ce jour-là, des nations nombreuses s’attacheront au Seigneur, elles seront pour moi un peuple,
et j’habiterai au milieu de toi. Tu sauras que le Seigneur de l’univers m’a envoyé vers toi.
Le Seigneur prendra possession de Juda, son domaine sur la terre sainte ;
il choisira de nouveau Jérusalem.
Que toute créature fasse silence devant le Seigneur, car il se réveille et sort de sa Demeure sainte.

Psaume 44, 11-12a.14-17.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

A la place de tes pères se lèveront tes fils ;
sur toute la terre
tu feras d’eux des princes.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 15-19

Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux :
« Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. »
Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.

©Evangelizo.org

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »

lundi 20 novembre 2017

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Regardons ces aveugles de Jéricho dans l’évangile de Matthieu : ils valent mieux que beaucoup de ceux qui y voient clair. Ils n’avaient personne pour les guider, ils ne pouvaient voir Jésus s’approcher ; et pourtant ils s’efforçaient d’arriver jusqu’à lui. Ils se mirent à crier à haute voix ; on cherchait à les faire taire : ils criaient plus fort. Ainsi en est-il de l’âme énergique ; ceux qui veulent l’arrêter redoublent son élan.

Le Christ permet qu’on cherche à les faire taire, pour que leur ferveur se montre mieux et pour t’apprendre qu’ils étaient bien dignes d’être guéris. C’est pourquoi il ne leur demande pas s’ils ont la foi, comme il le faisait souvent : leurs cris et leurs efforts pour s’approcher de lui suffisaient pour montrer leur foi. Apprends par là, mon cher ami, que, malgré notre bassesse et notre misère, si nous allons à Dieu de tout cœur, nous pourrons obtenir par nous-mêmes ce que nous demandons. En tout cas, regarde ces deux aveugles ; ils n’avaient qu’un disciple pour les protéger, beaucoup leur imposaient silence ; et pourtant ils ont réussi à triompher des empêchements et à parvenir jusqu’à Jésus. L’évangéliste ne signale en eux aucune qualité exceptionnelle de vie : leur ferveur a tout remplacé.

Imitons-les, nous aussi. Même si Dieu ne nous accorde pas tout de suite ce que nous demandons, même si bien des gens cherchent à nous détourner de la prière, ne cessons pas de l’implorer. Car c’est ainsi que nous attirerons le mieux les faveurs de Dieu.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°66,1 (trad. Véricel, Les Pères commentent, p. 277)

 

 

 

 

Le Règne de Dieu au milieu de nous et au-dedans de nous

jeudi 16 novembre 2017

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À mon avis, ce serait indigne de nous éloigner de la contemplation du Christ ne serait-ce qu’un moment. Lorsque notre vue a commencé à dévier de ce but divin, tournons vers lui les yeux de notre cœur et ramenons-y comme une ligne droite le regard de notre esprit. Tout repose dans le sanctuaire profond de l’âme ; lorsque le diable en a été chassé et que le mal n’y règne plus, alors le règne de Dieu s’établit en nous. Mais « le Règne de Dieu, écrit l’évangéliste, ne viendra pas d’une manière visible… En vérité, le règne de Dieu est au-dedans de vous ».

Or en nous, il ne peut y avoir que la connaissance ou l’ignorance de la vérité, l’amour du vice ou de la vertu, par quoi nous donnons la royauté de notre cœur, soit au diable, soit au Christ.

L’apôtre Paul à son tour décrit ainsi la nature de ce règne : « Le règne de Dieu n’est pas dans le boire et le manger ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Si donc le règne de Dieu est au-dedans de nous, et qu’il consiste en la justice, la paix et la joie, quiconque demeure en ces vertus est sans aucun doute dans le royaume de Dieu… Élevons le regard de notre âme vers ce royaume, qui est joie sans fin.

Saint Jean Cassien (v. 360-435), fondateur de monastère à Marseille
Conférences, n°1 (trad. SC 42, p. 90 rev.)

 

 

 

Rendre gloire à Dieu

mercredi 15 novembre 2017

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Deux ans avant sa mort, le bienheureux François était déjà bien malade, souffrant surtout des yeux… Il a été cinquante jours et plus sans pouvoir supporter pendant la journée la lumière du soleil, ni pendant la nuit la clarté du feu. Il demeurait constamment dans l’obscurité à l’intérieur de la maison, dans sa cellule… Une nuit, comme il réfléchissait à toutes les tribulations qu’il endurait, il a eu pitié de lui-même et a dit intérieurement : « Seigneur, secours-moi dans mes infirmités, pour que j’aie la force de les supporter patiemment ! » Et soudain il a entendu en esprit une voix : « Dis-moi, frère : si, en compensation de tes souffrances et tribulations, on te donnait un immense et précieux trésor…, ne te réjouirais-tu pas ? … Réjouis-toi et sois dans l’allégresse au milieu de tes infirmités et tribulations : dès maintenant vis en paix comme si tu partageais déjà mon Royaume. »

Le lendemain il a dit à ses compagnons… : « Dieu m’a donné une telle grâce et bénédiction que, dans sa miséricorde, il a daigné m’assurer, à moi son pauvre et indigne serviteur vivant encore ici-bas, que je partagerais son Royaume. C’est pourquoi, pour sa gloire, pour ma consolation et l’édification du prochain, je veux composer une nouvelle « Louange du Seigneur » pour ses créatures. Chaque jour, celles-ci servent à nos besoins, sans elles nous ne pourrions pas vivre, et par elles le genre humain offense beaucoup le Créateur. Chaque jour aussi nous méconnaissons un si grand bienfait en ne louant pas comme nous le devrions le Créateur et Dispensateur de tous ces dons »…

Ces « Louanges du Seigneur » qui commencent par : « Très haut, tout puissant et bon Seigneur », il les appela « Cantique de frère Soleil ». C’est, en effet, la plus belle de toutes les créatures, celle que l’on peut, mieux que toute autre, comparer à Dieu. Et il disait : « Au lever du soleil, tout homme devrait louer Dieu d’avoir créé cet astre qui pendant le jour donne aux yeux leur lumière ; le soir, quand vient la nuit, tout homme devrait louer Dieu pour cette autre créature, notre frère le feu qui, dans les ténèbres, permet à nos yeux de voir clair. Nous sommes tous comme des aveugles, et c’est par ces deux créatures que Dieu nous donne la lumière. C’est pourquoi, pour ces créatures et pour les autres qui nous servent chaque jour, nous devons louer tout particulièrement leur glorieux Créateur. »

Lui-même le faisait de tout son cœur, qu’il soit malade ou bien portant, et volontiers il conviait les autres à chanter la gloire du Seigneur. Quand il a été terrassé par la maladie, il entonnait souvent ce cantique et le faisait continuer par ses compagnons ; il oubliait ainsi, en considérant la gloire du Seigneur, la violence de ses douleurs et de ses maux. Il a agi ainsi jusqu’au jour de sa mort.

Vie de saint François d’Assise dite « Compilation de Pérouse » (v. 1311)
§ 43 (trad. Debonnets et Vorreux, Documents, 1968, p. 924)

 

 

 

« Nous sommes des serviteurs quelconques. »

mardi 14 novembre 2017

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Ne vous souciez pas de chercher la cause des grands problèmes de l’humanité ; contentez-vous de faire ce que vous pouvez faire pour les résoudre en apportant votre aide à ceux qui en ont besoin. Certains me disent qu’en faisant la charité aux autres, nous dédouanons les États de leurs responsabilités envers les nécessiteux et les pauvres. Je ne me tracasse pas pour autant, car ce n’est généralement pas l’amour qu’offrent les États. Je fais simplement tout ce que je peux faire, le reste n’est pas de mon ressort.

Dieu a été si bon avec nous ! Travailler dans l’amour est toujours un moyen de se rapprocher de lui. Regardez ce que le Christ a fait durant sa vie sur terre ! Il l’a passée à faire le bien (Ac 10,38). Je rappelle à mes sœurs qu’il a passé les trois ans de sa vie publique à soigner les malades, les lépreux, les enfants et d’autres encore. C’est exactement ce que nous faisons en prêchant l’Évangile par nos actions.

Nous considérons que servir les autres est un privilège et nous essayons à chaque instant de le faire de tout notre cœur. Nous savons bien que notre action n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, mais sans notre action cette goutte manquerait.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
A Simple Path (trad. Un Chemin tout simple, Plon Mame 1995, p. 106)

 

 

 

« Pardonne-lui ! »

lundi 13 novembre 2017

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L’amour consiste non à sentir qu’on aime, mais à vouloir aimer. Quand on veut aimer, on aime ; quand on veut aimer par-dessus tout, on aime par-dessus tout. S’il arrive qu’on succombe à une tentation, c’est que l’amour est trop faible, ce n’est pas qu’il n’existe pas. Il faut pleurer, comme saint Pierre, se repentir comme saint Pierre…, mais comme lui aussi, dire par trois fois : « Je vous aime, je vous aime, vous savez que malgré mes faiblesses et mes péchés, je vous aime » (Jn 21,15s).

Quant à l’amour que Jésus a pour nous, il nous l’a assez prouvé pour que nous y croyions sans le sentir. Sentir que nous l’aimons et qu’il nous aime, ce serait le ciel ; le ciel n’est, sauf rares moments et rares exceptions, pas pour ici-bas.

Racontons-nous souvent la double histoire des grâces que Dieu nous a faites personnellement depuis notre naissance et celle de nos infidélités ; nous y trouverons…de quoi nous perdre dans une confiance sans bornes en son amour. Il nous aime parce qu’il est bon, non parce que nous sommes bons ; les mères n’aiment-elles pas leurs enfants dévoyés ? Et nous trouverons de quoi nous enfoncer dans l’humilité et la défiance de nous. Cherchons à racheter un peu nos péchés par l’amour du prochain, par le bien fait au prochain. La charité envers le prochain, les efforts pour faire du bien aux autres sont un excellent remède à opposer aux tentations : c’est passer de la simple défense à la contre-attaque.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara
Lettre du 15/07/1916 (Œuvres Spirituelles, Seuil 1958, p. 777)

 

 

« Au milieu de la nuit … »

dimanche 12 novembre 2017

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Les dix vierges ont toutes voulu aller au-devant de l’époux. Que signifie aller au-devant de l’époux ? C’est y aller de cœur, c’est vivre dans l’attente de son arrivée. Mais il tardait de venir, et « toutes elles s’endormirent »… Que signifient ces paroles : « Elles sommeillèrent toutes » ? Il y a un sommeil auquel personne ne peut échapper. Souvenez-vous de ces paroles de l’apôtre Paul : « Nous ne voulons pas, mes frères, que vous ignoriez ce qui regarde ceux qui dorment » (1Th 4,12), c’est-à-dire ceux qui sont morts… Elles se sont donc toutes endormies. Croyez-vous que la vierge prudente puisse échapper à la mort ? Non, qu’elles soient prudentes ou folles, toutes doivent passer par le sommeil de la mort…

« Et voici qu’au milieu de la nuit un cri se fit entendre. » Qu’est-ce à dire ? C’est au moment où personne n’y pense, où personne ne s’y attend… Il viendra au moment où vous y penserez le moins. Pourquoi viendra-t-il de la sorte ? « Parce que, dit-il, ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa seule autorité. » (Ac 1,7) « Le jour du Seigneur, dit l’apôtre Paul, viendra comme un voleur en pleine nuit. » (1Th 5,2) Veillez donc pendant la nuit pour ne pas être surpris par le voleur. Car que vous le vouliez ou non, le sommeil de la mort viendra nécessairement.

Et pourtant, cela n’arrivera que lorsqu’un cri se sera fait entendre au milieu de la nuit. Quel est ce cri, sinon celui dont l’apôtre Paul dit : « En un instant, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette. Car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transformés » (1Co 15,52). Après ce cri qui retentira au milieu de la nuit : « Voilà que l’époux vient », qu’arrivera-t-il donc ? « Toutes elles se sont levées. »

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 93

 

 

 

« Aucun domestique ne peut servir deux maîtres. »

samedi 11 novembre 2017

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Vouloir mettre son espoir et sa confiance en des biens passagers, c’est vouloir poser des fondations dans une eau courante. Tout passe ; Dieu demeure. S’attacher au transitoire c’est se détacher du permanent. Qui donc, emporté par les tourbillons agités d’un rapide, peut demeurer fixe à sa place dans ce torrent bouillonnant ? Si donc on veut refuser d’être emporté par le courant, il faut fuir tout ce qui coule ; sinon l’objet de notre amour nous contraindra à en arriver à ce que l’on veut précisément éviter. Celui qui s’accroche à des biens transitoires sera sûrement entraîné là où dérivent ces choses auxquelles il s’accroche.

La première chose à faire donc est de se garder d’aimer les biens matériels ; la seconde, de ne pas mettre toute sa confiance dans ceux de ces biens qui nous sont confiés pour en user et non pour en jouir. L’âme attachée à des biens qui ne font que passer perd très vite sa propre stabilité. Le courant de la vie actuelle entraîne celui qu’il porte, et c’est une illusion folle, pour celui qu’emporte ce courant de vouloir s’y tenir debout.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Commentaire moral du livre de Job, 34 (trad. Soleil Levant 1964 rev.)

 

 

 

Amassons des trésors éternels

vendredi 10 novembre 2017

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Le monde passe ; nous passons avec lui. Les rois, les empereurs, tout s’en va. On s’engouffre dans l’éternité d’où l’on ne revient plus. Il ne s’agit que d’une seule chose : sauver sa pauvre âme. Les saints n’étaient pas attachés aux biens de la terre ; ils ne songeaient qu’à ceux du ciel. Les gens du monde, au contraire, ne songent qu’au temps présent.

Il faut faire comme les rois. Quand ils vont être détrônés, ils envoient leurs trésors en avant ; ces trésors les attendent. De même un bon chrétien envoie toutes ses bonnes œuvres à la porte du ciel. […]

La terre est un pont pour passer l’eau ; elle ne sert qu’à soutenir nos pieds… Nous sommes en ce monde mais nous ne sommes pas de ce monde, puisque nous disons tous les jours : « Notre Père qui êtes aux cieux… » Il faut donc attendre notre récompense quand nous serons « chez nous » dans la maison paternelle.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), prêtre, curé d’Ars
Pensées choisies du Saint curé d’Ars (J. Frossard, Eds Téqui ; chap. 4, p.23-24)