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Archive pour le mot-clef ‘guérison’

« Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi ! »

mardi 19 septembre 2023

Nous trouvons dans l’Évangile trois morts ressuscités visiblement par le Seigneur, mais des milliers invisiblement… La fille du chef de la synagogue (Mc 5,22s), le fils de la veuve de Naïm et Lazare (Jn 11)…sont le symbole des trois sortes de pécheurs que le Christ ressuscite aujourd’hui encore. La jeune fille était encore dans la maison de son père…; le fils de la veuve de Naïm n’était plus dans la maison de sa mère, mais pas encore dans le tombeau…; Lazare était enseveli…

Il y a donc des gens dont le péché reste dans le cœur, mais qui ne l’ont pas commis en acte… Ils ont consenti au péché, le mort est à l’intérieur de l’âme, il n’est pas encore transporté au-dehors. Or, il arrive souvent…que des hommes fassent cette expérience en eux-mêmes : après avoir entendu la parole de Dieu, le Seigneur semble leur dire : « Lève-toi. » Ils condamnent le consentement qu’ils ont donné au mal, et ils reprennent souffle pour vivre dans le salut et la justice… D’autres, après le consentement, vont jusqu’à l’acte ; ils transportent le mort qui était caché dans le secret de leur demeure et l’exposent devant tous. Faut-il désespérer d’eux ? Le Sauveur n’a-t-il pas dit à ce jeune homme : « Je te l’ordonne, lève-toi » ? Ne l’a-t-il pas rendu à sa mère ? Il en est ainsi de celui qui a agi de la sorte : s’il est touché et remué par la parole de vérité, il ressuscite à la voix du Christ, il est rendu à la vie. Il a pu faire un pas de plus dans la voie du péché, mais il n’a pas pu périr pour toujours.

Quant à ceux qui s’enchaînent dans des habitudes mauvaises au point de leur ôter même la vue du mal qu’ils commettent, ils entreprennent de défendre leurs actes mauvais, ils s’irritent quand on les leur reproche… Ceux-là, écrasés sous le poids de l’habitude du péché, sont comme ensevelis dans le tombeau… Cette pierre placée sur le sépulcre, c’est la force tyrannique de l’habitude qui accable l’âme et ne lui permet ni de se lever ni de respirer…

Écoutons donc, frères très chers, et faisons en sorte que ceux qui vivent, vivent, et que ceux qui sont morts, revivent… Que tous ces morts fassent pénitence… Que ceux qui vivent, conservent cette vie, et que ceux qui sont morts se hâtent de ressusciter.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Dis seulement une parole… »

lundi 18 septembre 2023

« Seigneur, mon serviteur est couché, paralysé, et il souffre beaucoup. Même s’il est esclave, celui que ce mal étreint n’en est pas moins homme. Ne regarde pas la bassesse de l’esclave, mais plutôt la grandeur du mal ». Ainsi parlait le centurion ; et que dit la Bonté suprême ? : « Je viens et je le guérirai. Moi qui, par souci des hommes, me suis fait homme, qui suis venu pour tous, je n’en mépriserai aucun. Je le guérirai. » Par la rapidité de sa promesse, le Christ aiguillonne la foi : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres dans ma maison. » Tu vois comment le Seigneur, comme un chasseur, a fait sortir la foi cachée dans le secret ? « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri de son mal, libéré de la servitude de sa maladie. Car moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres, je dis à l’un : ‘Va’, et il va, à l’autre : ‘Viens’, et il vient. J’ai ainsi connu la force de ton pouvoir. À partir de celui que j’ai, j’ai reconnu celui qui me dépasse. Je vois les armées des guérisons, je vois les miracles en troupe attendre tes ordres. Envoie-les contre la maladie, envoie-les comme j’envoie un soldat. »

Jésus a été dans l’admiration et a dit : « Je n’ai pas trouvé une si grande foi en Israël. Celui qui était étranger à la vocation, qui ne faisait pas partie du peuple de l’alliance, qui n’avait pas eu part aux miracles de Moïse, qui n’avait pas été initié à ses lois, qui n’avait pas connu les paroles prophétiques, a devancé les autres par sa foi. »

Basile de Séleucie (?-v. 468)

 

 

 

« Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »

lundi 10 juillet 2023

Comme la femme souffrant d’hémorragie je me prosterne devant toi, Seigneur, pour que tu me délivres de la souffrance, ami des hommes, et que tu m’accordes le pardon de mes fautes, afin qu’avec componction de cœur je te crie : « Sauveur, sauve-moi ». (…)

En se cachant, Sauveur, elle allait à toi, car elle te prenait pour un simple humain ; mais sa guérison lui enseigna que tu étais Dieu et homme tout ensemble. Secrètement elle toucha ta frange, (…), craignant dans son âme (…). Elle se disait en elle-même : « Comment me ferai-je voir de celui qui observe tout, moi qui porte la honte de mes fautes ? Si le Tout-Pur voit le flux de sang, il s’écartera de moi comme impure, et ce sera pour moi plus terrible que ma plaie, s’il se détourne de moi malgré mon cri : Sauveur, sauve-moi.

« En me voyant, tout le monde me bouscule : ‘Où vas-tu ? Prends conscience de ta honte, femme, sache qui tu es, et de qui tu voudrais t’approcher maintenant ! Toi, l’impure, approcher le Tout-Pur ! Va-t’en te purifier, et quand tu auras essuyé la tache que tu portes, alors tu iras vers lui en criant : Sauveur, sauve-moi.’

« — Vous cherchez à me causer plus de peine que mon propre mal ? Je sais que lui il est pur, et c’est bien pour cela que j’irai à lui, pour être délivrée de l’opprobre et de l’infamie. Ne m’empêchez donc pas (…) de crier : Sauveur, sauve-moi.

« La source épanche ses flots pour tous : de quel droit la bouchez-vous ? (…) Vous êtes témoins de ses guérisons. (…) Tous les jours il nous encourage en disant : ‘Venez à moi, vous que les maux accablent ; moi, je pourrai vous soulager’ (Mt 11,28). Il aime faire le don de la santé à tous. Et vous, pourquoi me rudoyez-vous en m’empêchant de lui crier (…) : Sauveur, sauve-moi ? » (…)

Celui qui sait toutes choses (…) se retourne et dit à ses disciples : « Qui vient de toucher ma frange ? (Mc 5,30) (…) Pourquoi me dis-tu, Pierre, qu’une grande foule me presse ? Ils ne touchent pas ma divinité, mais cette femme, en touchant mon vêtement visible, a saisi ma nature divine, et elle a acquis la santé en me criant : Seigneur, sauve-moi. (…)

« Prends courage à présent, femme. (…) Sois donc désormais en bonne santé (…) Ceci n’est pas l’ouvrage de ma main, mais l’œuvre de ta foi. Car beaucoup ont touché ma frange, mais sans obtenir la force, parce qu’ils n’apportaient pas de foi. Toi, tu m’as touché avec beaucoup de foi, tu as reçu la santé, c’est pourquoi je t’ai amenée maintenant devant tous, pour que tu dises : Sauveur, sauve-moi. »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

Jésus le toucha et lui dit :  » Je le veux ; sois purifié ! « 

vendredi 30 juin 2023

Avant que brille la lumière divine,
je ne me connaissais pas moi-même.
Me voyant alors dans les ténèbres et en prison,
enfermé dans un bourbier,
couvert de saleté, blessé, ma chair enflée (…),
je suis tombé aux pieds de celui qui m’avait illuminé.
Et celui qui m’avait illuminé touche de ses mains
mes liens et mes blessures ;
là où touche sa main et où son doigt s’approche,
aussitôt tombent mes liens,
les blessures disparaissent, et toute saleté.
La souillure de ma chair disparaît (…)
si bien qu’il la rend semblable à sa main divine.
Merveille étrange : ma chair, mon âme et mon corps
participent à la gloire divine.

Dès que j’ai été purifié et débarrassé de mes liens,
le voici qui me tend une main divine,
il me retire du bourbier entièrement,
il m’embrasse, il se jette à mon cou,
il me couvre de baisers (Lc 15,20).
Et moi qui étais totalement épuisé
et qui avais perdu mes forces,
il me prend sur ses épaules (Lc 15,5),
et il m’emmène hors de mon enfer. (…)

C’est la lumière qui m’emporte et me soutient ;
elle m’entraîne vers une grande lumière. (…)
Il me donne à contempler par quel étrange remodelage
lui-même m’a repétri (Gn 2,7) et m’a arraché notre nature périssable.
Il m’a fait don d’une vie immortelle
et m’a revêtu d’une robe immatérielle et lumineuse
et m’a donné des sandales, un anneau et une couronne
impérissables et éternels (Lc 15,22; 1Co 9,25).

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

 

« Veux-tu être guéri ? » (Jn 5,6)

mardi 21 mars 2023

L’homme a besoin sans cesse du secours divin : on le montrerait sans peine. L’humaine fragilité ne peut rien accomplir de ce qui regarde le salut, par soi seule et sans l’aide de Dieu. (…) Maintes fois, il arrive que nous souhaitons d’exécuter quelque utile dessein ; rien ne manque à l’ardeur de nos désirs, et la parfaite bonne volonté non plus ne nous fait pas défaut. N’est-il pas vrai pourtant qu’une faiblesse quelconque venant à la traverse, rend inutiles les vœux que nous avons formés et empêche le bon effet de nos résolutions, si le Seigneur, en sa miséricorde, ne nous donne la force de les accomplir ? La multitude est innombrable de ceux qui désirent loyalement se consacrer à la poursuite de la vertu ; mais, si vous comptez ceux qui réussissent à réaliser leur rêve et à persévérer dans leurs efforts, que vous en trouverez peu ! (…)

La protection divine nous suit donc inséparablement. Si grande est la tendresse du Créateur pour sa créature, que sa providence ne serait point satisfaite de nous accompagner ; elle nous précède toujours. Le prophète, qui en avait fait l’expérience, le témoigne ouvertement : « La miséricorde de mon Dieu me préviendra. » (Ps 58,11 Vg) Aperçoit-il en nous quelque commencement de bonne volonté, aussitôt il épanche sur nous sa lumière et sa force, il nous excite au salut, donnant la croissance au germe qu’il a semé lui-même ou qu’il voit sortir de terre par nos efforts. « Avant qu’ils crient vers moi, dit-il, je les entendrai ; ils parleront encore, que je les exaucerai. » (Is 65,24) Il est dit encore : « Au son de tes cris, aussitôt qu’il t’aura entendu, il te répondra. » (Is 30,19) Et non seulement il nous inspire de saints désirs ; mais il nous prépare les occasions de revenir à la vie, les circonstances favorables pour faire de bons fruits ; il montre aux égarés le droit au chemin du salut.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

Le Christ guérit la paralysie de nos membres et de nos cœurs

mercredi 18 janvier 2023

L’incarnation du Christ n’est pas normale, c’est miraculeux ; ce n’est pas conforme à la raison, mais à la puissance divine ; cela vient du Créateur, non de la nature ; ce n’est pas commun, c’est unique ; c’est divin, non pas humain. Elle ne s’est pas faite par nécessité, mais par puissance. (…) Elle a été mystère de foi, renouvellement et salut pour l’homme. Celui qui, sans être né, a formé l’homme avec de la glaise intacte (Gn 2,7), en naissant a fait un homme à partir d’un corps intact ; la main qui a daigné saisir de l’argile pour nous créer a daigné saisir aussi notre chair pour nous recréer. (…)

Homme, pourquoi te méprises-tu tellement, alors que tu es si précieux pour Dieu ? Pourquoi, lorsque Dieu t’honore ainsi, te déshonores-tu à ce point ? Pourquoi cherches-tu comment tu as été fait et ne recherches-tu pas en vue de quoi tu es fait ? Est-ce que toute cette demeure du monde que tu vois n’a pas été faite pour toi ? (…)

Le Christ prend chair pour rendre toute son intégrité à la nature corrompue ; il assume la condition d’enfant, il accepte d’être nourri, il traverse des âges successifs afin de restaurer l’âge unique, parfait et durable qu’il avait lui-même créé. Il porte l’homme, pour que l’homme ne puisse plus tomber. Celui qu’il avait créé terrestre, il le rend céleste ; celui qui était animé par un esprit humain, il lui donne la vie d’un esprit divin. Et c’est ainsi qu’il l’élève tout entier jusqu’à Dieu, afin de ne rien laisser en lui de ce qui appartient au péché, à la mort, au labeur, à la douleur, à la terre. Voilà ce que nous apporte notre Seigneur Jésus Christ qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père, dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

 

Voyant leur foi, il lui pardonne

vendredi 13 janvier 2023

« Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : ‘Tes péchés sont pardonnés’. » Le Seigneur est grand : à cause des uns, il pardonne aux autres ; il accueille la prière des premiers et il pardonne aux seconds leurs péchés. Hommes, pourquoi donc croire aujourd’hui que votre compagnon d’existence ne pourrait rien faire pour vous, quand le serviteur a le droit d’intervenir auprès de son Seigneur et d’être exaucé ?

Vous qui jugez, apprenez donc à pardonner ; et vous qui êtes malades, apprenez donc à supplier. Si vous n’espérez pas le pardon direct des fautes graves, recourez alors à des intercesseurs, recourez à l’Église qui priera pour vous. Alors, par égard pour elle, le Seigneur vous accordera le pardon qu’il aurait pu vous refuser. Nous ne négligeons pas la réalité historique de la guérison du paralytique, mais nous reconnaissons avant tout la guérison en lui de l’homme intérieur, à qui ses péchés sont pardonnés. (…)

Le Seigneur veut sauver les pécheurs ; il montre sa divinité par sa connaissance des secrets et par les merveilles de ce qu’il fait. « Qu’est-ce qui est le plus facile à dire, demande-t-il donc, de dire : ‘Tes péchés te sont remis’ ou bien : ‘Lève-toi et marche’ ? » Ici il fait voir une image complète de la résurrection, puisque, guérissant la blessure de l’âme et du corps (…), l’homme tout entier est guéri.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. »

mardi 13 septembre 2022

Même si les symptômes de la mort ont enlevé tout espoir de vie, même si les corps des défunts gisent près du tombeau, cependant, à la voix de Dieu, les cadavres déjà prêts à se décomposer se relèvent, retrouvent la parole ; le fils est rendu à sa mère, il est rappelé du tombeau, il en est arraché. Quel est ce tombeau, le tien ? Tes mauvaises habitudes, ton manque de foi. C’est de ce tombeau que le Christ te délivre, de ce tombeau que tu ressusciteras, si tu écoutes la Parole de Dieu. Même si ton péché est si grave que tu ne peux le laver toi-même par les larmes de ton repentir, l’Église, ta mère, pleurera pour toi, elle qui intervient pour chacun de ses fils comme une mère veuve pour son fils unique. Car elle compatit par une sorte de souffrance spirituelle qui lui est naturelle, lorsqu’elle voit que ses enfants sont entraînés vers la mort par des vices funestes…

Qu’elle pleure donc, cette pieuse mère ; que la foule l’accompagne ; que non seulement une foule, mais une foule considérable compatisse à cette tendre mère. Alors tu ressusciteras dans ton tombeau, tu en seras délivré ; les porteurs s’arrêteront, tu te mettras à dire des paroles de vivant, tous seront stupéfaits. L’exemple d’un seul en corrigera beaucoup et ils loueront Dieu de nous avoir accordé de tels remèdes pour éviter la mort.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« La foule rendit gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes. »

jeudi 30 juin 2022

Citation MMDH juin 2000

Le paralysé, incurable, était étendu sur son lit. Après avoir épuisé l’art des médecins, il est venu, porté par les siens, vers le seul vrai médecin, le médecin qui vient du ciel. Mais quand il a été placé devant celui qui pouvait le guérir, c’est sa foi qui a attiré le regard du Seigneur. Pour bien montrer que cette foi détruisait le péché, Jésus a déclaré aussitôt : « Tes péchés sont pardonnés. » On me dira peut-être : « Cet homme voulait être guéri de sa maladie, pourquoi le Christ lui annonce-t-il la rémission de ses péchés ? » C’était pour que tu apprennes que Dieu voit le cœur de l’homme dans le silence et sans bruit, qu’il contemple les chemins de tous les vivants. L’Écriture dit en effet : « Les yeux du Seigneur observent les chemins de l’homme, ils surveillent tous ses sentiers » (Pr 5,21)…

Pourtant quand le Christ disait : « Tes péchés sont pardonnés », il laissait le champ libre à l’incrédulité de l’assistance ; le pardon des péchés ne se voit pas avec nos yeux de chair. Alors quand le paralysé se lève et marche, il manifeste avec évidence que le Christ possède la puissance de Dieu…

Qui possède ce pouvoir ? Lui seul ou nous aussi ? Nous aussi avec lui. Lui, il pardonne les péchés parce qu’il est l’homme-Dieu, le Seigneur de la Loi. Quant à nous, nous avons reçu de lui cette grâce admirable et merveilleuse, car il a voulu donner à l’homme ce pouvoir. Il a dit en effet aux apôtres : « Je vous le dis, en vérité : tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel » (Mt 18,18). Et encore : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis » (Jn 20,23).

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire de l’évangile de Luc, 5 ; PG 72, 565

 

 

 

« Veux-tu être guéri ? »

mardi 29 mars 2022

Les miracles du Christ sont des symboles des différentes circonstances de notre salut éternel (…) ; cette piscine est le symbole du don précieux que nous fait le Verbe du Seigneur. En peu de mots, cette eau, c’est le peuple juif ; les cinq portiques, c’est la Loi écrite par Moïse en cinq livres. Cette eau était donc entourée par cinq portiques, comme le peuple par la Loi qui le contenait. L’eau qui s’agitait et se troublait, c’est la Passion du Sauveur au milieu de ce peuple. Celui qui descendait dans cette eau était guéri, mais un seul, pour figurer l’unité. Ceux qui ne peuvent pas supporter qu’on leur parle de la Passion du Christ sont des orgueilleux ; ils ne veulent pas descendre et ne sont pas guéris. « Quoi, dit cet homme hautain, croire qu’un Dieu s’est incarné, qu’un Dieu est né d’une femme, qu’un Dieu a été crucifié, flagellé, qu’il a été couvert de plaies, qu’il est mort et a été enseveli ? Non, jamais je ne croirais à ces humiliations d’un Dieu, elles sont indignes de lui ».

Laissez parler ici votre cœur plutôt que votre tête. Les humiliations d’un Dieu paraissent indignes aux arrogants, c’est pourquoi ils sont bien éloignés de la guérison. Gardez-vous donc de cet orgueil ; si vous désirez votre guérison, acceptez de descendre. Il y aurait de quoi s’alarmer, si on vous disait que le Christ a subi quelque changement en s’incarnant. Mais non (…) votre Dieu reste ce qu’il était, n’ayez aucune crainte ; il ne périt pas et il vous empêche vous-même de périr. Oui, il demeure ce qu’il est ; il naît d’une femme, mais c’est selon la chair. (…) C’est comme homme qu’il a été saisi, garrotté, flagellé, couvert d’outrages, enfin crucifié et mis à mort. Pourquoi vous effrayer ? Le Verbe du Seigneur demeure éternellement. Celui qui repousse ces humiliations d’un Dieu ne veut pas être guéri de l’enflure mortelle de son orgueil.

Par son incarnation, notre Seigneur Jésus Christ a donc rendu l’espérance à notre chair. Il a pris les fruits trop connus et si communs de cette terre, la naissance et la mort. La naissance et la mort, voilà, en effet, des biens que la terre possédait en abondance ; mais on n’y trouvait ni la résurrection, ni la vie éternelle. Il a trouvé ici les fruits malheureux de cette terre ingrate, et il nous a donné en échange les biens de son royaume céleste.

Saint Augustin (354-430)