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Archive pour le mot-clef ‘trésor’

Un trésor libéré

mercredi 2 août 2023

C’est inouï le nombre de choses qui nous empêchent d’être agiles,
d’être légers.
On ne s’en rend pas compte, mais
si du jour au lendemain, nous étions dépossédés,
nous nous trouverions voisiner spontanément avec tout un tas de gens qui nous paraissent habiter au bout du monde. (…)

À qui veut rencontrer à l’aise ces frères disparates
dont le monde est peuplé,
il faut une royale indifférence pour tout ce qui n’est pas
cette foi dénudée, essentielle,
qui lui fait perdre la mémoire et les goûts,
et sa propre originalité.
Cette foi qui nous rend banals
de cette grande banalité que tous les saints ont acceptée,
et qui les a conduits jusqu’au bout de la terre.

Car c’est un prix exorbitant le prix de la pauvreté.
Elle s’achète du sacrifice de tout ce qui n’est pas
le Royaume des cieux.

Alors, nous trouverons intéressant tout ce qui intéresse les autres,
et vertueux des héroïsmes qui ne nous ont pas attirés,
et fraternels des gens qui ne nous ont jamais ressemblé.

Alors, ceux qui nous rencontrerons sur le chemin
tendront des mains avides d’un trésor qui jaillira de nous ;
d’un trésor libéré de nos vases de terre,
de nos paniers bariolés, de nos malles, de nos bagages,
d’un trésor simplement divin, qui sera à la mode de tous,
car il aura cessé d’être habillé à notre mode.

Alors nous serons agiles et devenus à notre tour
des paraboles,
parabole de la perle unique,
minuscule, ronde et précieuse,
pour laquelle on a tout vendu.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6,21)

vendredi 23 juin 2023

Cherchant un jour à comprendre dans quel dessein il se faisait que d’aucuns reçoivent à l’Office une abondante nourriture spirituelle alors que d’autres demeurent dans l’aridité, Gertrude reçut de Dieu cette lumière : « Le cœur a été créé par Dieu pour contenir la joie spirituelle comme un vase contient l’eau. Mais si, dans ce vase, d’imperceptibles trous laissent échapper l’eau, à la fin, il peut totalement la perdre et être complètement à sec. Il en est de même de la joie spirituelle renfermée dans le cœur humain, si elle s’écoule par les sens corporels, la vue, l’ouïe et les autres sens laissés libres d’agir à leur gré, elle finit par se perdre et le cœur reste vide de toute joie en Dieu.

Chacun peut en faire l’expérience. Si l’envie lui vient d’un regard ou d’une parole inutile ou de peu de profit et qu’il y cède sur-le-champ, la joie spirituelle tenue pour rien s’écoule comme l’eau. Au contraire, s’il s’efforce de se contenir pour l’amour de Dieu, elle croît en son cœur au point qu’à peine peut-il en supporter l’excès. Ainsi, quand l’homme a appris à se dominer en semblables occasions, la joie divine lui devient familière et plus grand aura été l’effort de sa discipline, plus savoureuses seront les délices qu’il découvrira en Dieu. »

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

 

Les paraboles du trésor et de la perle

mercredi 27 juillet 2022

Les deux paraboles du trésor et de la perle enseignent la même chose : qu’il faut préférer l’Évangile à tous les trésors du monde… Mais il y a quelque chose de plus méritoire encore : il faut le préférer avec plaisir, avec joie et sans hésiter. Ne l’oublions jamais : renoncer à tout pour suivre Dieu, c’est gagner plutôt que perdre. La prédication de l’Évangile est cachée dans ce monde comme un trésor caché, un trésor inestimable.

Pour se procurer ce trésor…, deux conditions sont nécessaires : le renoncement aux biens de ce monde et un courage solide. Il s’agit, en effet, « d’un négociant en recherche de perles fines qui, en ayant trouvé une de grand prix, s’en va vendre tout ce qu’il possède pour l’acheter ». Cette perle unique, c’est la vérité, et la vérité est une, elle ne se divise pas. Possèdes-tu une perle ? Toi, tu connais ta richesse : elle est renfermée dans le creux de ta main ; tout le monde ignore ta fortune. Il en est de même avec l’Évangile : si tu l’embrasses avec foi, s’il reste enfermé dans ton cœur, quel trésor ! Toi seul en as la connaissance : les incroyants, qui ignorent sa nature et sa valeur, n’ont aucune idée de ta richesse incomparable.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Ne vous faites pas de trésors sur la terre

vendredi 17 juin 2022

On a souvent parlé, en vérité, du Christ qui vient, mais les formules se sont usées et ne sont plus compréhensibles pour nous. Il est important qu’il y ait des théologiens pour traduire le trésor conservé dans leur foi, pour que ce trésor devienne une parole pour ce monde, y compris dans le monde séculier. Le processus de traduction des grandes paroles en images et en concepts de notre temps est certes en cours de réalisation, mais n’a pas encore vraiment abouti. Cela ne peut se faire que si les hommes vivent le christianisme à partir du Christ à venir. Alors seulement ils pourront aussi l’exprimer. L’expression, la traduction intellectuelle, présuppose la traduction existentielle; dans cette mesure, ce sont les saints qui vivent le fait d’être chrétien dans le présent et dans l’avenir, et à partir de l’existence desquels le Christ à venir est aussi traduisible. Le Christ peut alors intégrer l’horizon de compréhension du monde séculier. C’est la grande mission devant laquelle nous nous trouvons.

Benoît XVI

in La Lumière du Monde, édit. Bayard
(entretiens avec Peter Seewald)

Amassons des trésors éternels

vendredi 5 novembre 2021

Le monde passe ; nous passons avec lui. Les rois, les empereurs, tout s’en va. On s’engouffre dans l’éternité d’où l’on ne revient plus. Il ne s’agit que d’une seule chose : sauver sa pauvre âme. Les saints n’étaient pas attachés aux biens de la terre ; ils ne songeaient qu’à ceux du ciel. Les gens du monde, au contraire, ne songent qu’au temps présent.

Il faut faire comme les rois. Quand ils vont être détrônés, ils envoient leurs trésors en avant ; ces trésors les attendent. De même un bon chrétien envoie toutes ses bonnes œuvres à la porte du ciel. […]

La terre est un pont pour passer l’eau ; elle ne sert qu’à soutenir nos pieds… Nous sommes en ce monde mais nous ne sommes pas de ce monde, puisque nous disons tous les jours : « Notre Père qui êtes aux cieux… » Il faut donc attendre notre récompense quand nous serons « chez nous » dans la maison paternelle.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

« Tu auras un trésor dans le ciel. »

lundi 16 août 2021

Après la mort de ses parents, alors qu’Antoine avait entre dix-huit et vingt ans (…), un jour, il entre dans l’église au moment de la lecture de l’Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux ». Antoine a eu l’impression que cette lecture avait été faite pour lui. Il est sorti aussitôt et a donné aux gens du village ses propriétés familiales. Après avoir vendu tous ses biens mobiliers, il a distribué aux pauvres tout l’argent qu’il en avait retiré, en ne mettant de côté qu’une petite part pour sa sœur.

Une autre fois qu’il était entré à l’église, il a entendu le Seigneur dire dans l’Évangile : « Ne vous faites pas de souci pour demain » (Mt 6,34). Ne supportant plus d’avoir gardé quelque chose, il a distribué cela aussi aux plus pauvres. Il a confié sa sœur à des vierges connues et fidèles, qui vivaient ensemble dans une maison, pour y être éduquée. Et il s’est désormais consacré, près de sa maison, au labeur de la vie ascétique. Vigilant sur soi-même, il persévérait dans une vie austère. (…)

Il travaillait de ses mains, car il avait entendu cette parole : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2Th 3,10). Il achetait son pain avec une part de ce qu’il gagnait et il distribuait le reste aux indigents. Il priait sans cesse, parce qu’il avait appris qu’il faut « prier sans relâche » (Lc 21,36) en privé. Il était si attentif à la lecture qu’il ne laissait rien perdre des Écritures mais en retenait tout ; dans la suite, sa mémoire pouvait remplacer les livres. Tous les habitants du village et les gens de bien qui le fréquentaient habituellement, en le voyant vivre ainsi, l’appelaient ami de Dieu. Les uns l’aimaient comme leur fils, et les autres comme leur frère.

Saint Athanase (295-373)

 

 

Notre seul bien, c’est Dieu !

lundi 19 octobre 2020

Peut-être dira-t-on : « Dans tant d’années, je ferai et mènerai à terme ceci ou cela » ? Alors toi qui parles ainsi, sans même savoir comment tu passeras le jour d’aujourd’hui, ne songes-tu pas en toi-même que tu n’écoutes pas la parole : « Insensé, insensé, cette nuit même on te redemandera ton âme, et ce que tu auras amassé pour la perdition de ton âme, qui l’aura ? » (Lc 12,20 ; cf. Ac 8,20) Imitons donc l’union indissoluble des apôtres avec le maître de tous et notre Dieu.

C’est pourquoi, comme si vous étiez sous les yeux du Seigneur, hâtez-vous vers votre salut ! Aimons à souffrir quelques afflictions, afin de nous réjouir éternellement ! Bien qu’il soit pénible, acceptons le songe éphémère de la vie présente afin de jouir du jour sans fin du royaume des cieux ! Voici que Dieu vous appelle, voici qu’il vous tend la main, voici que le Saint-Esprit travaille avec vous, que par sa main, sa droite, le Seigneur Jésus Christ, vous soutient. N’ayons pas peur ! Le diable a été terrassé, sur lui nous avons remporté la victoire, Christ est ressuscité, la mort ne domine plus (cf. Rm 6,9), les forces de Béliar sont brisées.

Vous êtes des fils précieux et délicats, vous tirez votre très grand prix de la douceur de la vertu, vous êtes plus purs que l’or (cf. Lm 4,2 ; Ap 21,18.21), vous brillez d’un plus vif éclat que les diamants, vous êtes pareils à de jeunes épousées, désirés de Dieu, fils du ciel, bien dignes d’admiration ! Votre seul bien, votre seule patrie, la seule vie conforme à votre naissance, c’est Dieu, le Seigneur de tous, l’auteur de la création. Encore un peu de temps et nous aurons vaincu, encore un peu de temps et la mort sera là. Soyez tous sauvés, prenez courage dans le Seigneur

Saint Théodore le Studite (759-826)

 

 

 

« Il va vendre tout ce qu’il possède. »

dimanche 26 juillet 2020

Notre Seigneur Jésus Christ a vivement et souvent insisté : « Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24). (…) Et ailleurs : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres », après quoi il ajoute : « puis viens et suis-moi » (Mt 19,21).

Pour celui qui sait comprendre, la parabole du marchand veut dire la même chose : « Le Royaume des cieux est semblable à un marchand qui recherche des pierres précieuses ; lorsqu’il en a trouvé une d’un grand prix, il court vendre tout ce qu’il a, afin de pouvoir l’acheter. » La pierre précieuse désigne certainement ici le Royaume des cieux, et le Seigneur nous montre qu’il est impossible de l’obtenir, si nous n’abandonnons pas tout ce que nous possédons : richesse, gloire, noblesse de naissance et tout ce que tant d’autres recherchent avidement.

Le Seigneur a aussi déclaré qu’il est impossible de s’occuper convenablement de ce que l’on fait quand l’esprit est sollicité par diverses choses : « Personne ne peut servir deux maîtres », a-t-il dit (Mt 6,24). C’est pourquoi « le trésor qui est dans le ciel » est le seul que nous puissions choisir pour y attacher notre cœur : « Car où est votre trésor, là est votre cœur » (Mt 6,20s). (…) Pour tout dire, il s’agit de transporter notre cœur dans la vie du ciel, en sorte qu’on puisse dire : « Notre patrie est dans les cieux » (Ph 3,20). Surtout c’est commencer à devenir semblable au Christ, « qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous » (2Co 8,9)

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

Offrir à Dieu notre vrai trésor

dimanche 8 septembre 2019

Plusieurs, qui pour suivre le Christ avaient méprisé des fortunes considérables, sommes énormes d’or et d’argent et domaines magnifiques, par la suite se sont laissés émouvoir pour un grattoir, pour un poinçon, pour une aiguille, pour un roseau à écrire. (…) Après avoir distribué toutes leurs richesses pour l’amour du Christ, ils retiennent leur ancienne passion et la mettent à des futilités, prompts à la colère pour les défendre. N’ayant pas la charité dont parle saint Paul, leur vie est frappée de stérilité. Le bienheureux apôtre prévoyait ce malheur : « Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres et livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien », disait-il (1Co 13,3). Preuve évidente que l’on ne touche pas tout d’un coup à la perfection par le seul renoncement à toute richesse et le mépris des honneurs, si l’on n’y joint pas cette charité dont l’apôtre décrit les divers aspects.

Or elle n’est que dans la pureté du cœur. Car rejeter l’envie, l’enflure, la colère et la frivolité, ne pas chercher son propre intérêt, ne pas prendre plaisir à l’injustice, ne pas tenir compte du mal, et le reste (1Co 13,4-5) : qu’est-ce d’autre que d’offrir continuellement à Dieu un cœur parfait et très pur, et le garder indemne de tout mouvement de passion ? La pureté de cœur sera donc le terme unique de nos actions et de nos désirs.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

 

Là où est ton trésor…

mercredi 31 juillet 2019

Le Christ est le trésor de toute grâce ; car « Il est rempli de grâce et de vérité » (Jn 1, 14), et les Anges et les hommes reçoivent de sa plénitude. Il possède la source même de la plénitude, et « ouvrant sa main, remplit de bénédiction tout animal » raisonnable. Mais ce trésor de grâces est caché sous le voile du Sacrement de l’autel. « Le Royaume des cieux n’est-il pas semblable à un trésor caché dans un champ ? » (Mt 13, 44). Et ce champ, n’est-ce pas ici le Sacrement du corps du Christ, qui est recueilli dans les champs ? Dans ce champ nous possédons un trésor caché, parce que là sont cachés tous les genres de grâces. « Celui qui l’a découvert, s’en va dans sa joie, vend tout ce qu’il possède et l’achète » (Mt 13, 44). Celui qui connaît la richesse de ce Sacrement, renonce très volontiers à toute autre activité, pour se donner en toute liberté à l’action et à la dévotion envers ce Sacrement ; il sait qu’il y gagnera la possession de la vie éternelle, selon cette parole du Seigneur : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle » (Jn 6, 55).

Et le trésor de toute gloire est dans le Christ. Toute la gloire que possèdent les anges et les hommes qui se sauveront jusqu’au jour du jugement, qu’elle soit la gloire du corps ou la gloire de l’âme, ils la tirent de ce trésor. C’est Lui, en effet, dont les trésors sont des abîmes, et qui a fixé les limites incompréhensibles de sa gloire. Aussi nous ordonne-t-il de courir à ce trésor en disant : « Amassez-vous des trésors dans le ciel » (Mt 6, 20). Ce trésor est caché sous le voile du pain et du vin pour que tu aies le mérite de la foi.

Que le Seigneur soit donc loué pour ses miséricordes parce qu’il nous a représenté son Corps par avance sous la figure du trésor céleste !

Saint Bonaventure (1221-1274)