ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘Ste Hildegarde de Bingen’

L’homme relié à Dieu pénètre le monde entier

dimanche 6 juillet 2025

L’homme, dans la structure du monde, est pour ainsi dire en son centre. Il a plus de puissance que les autres créatures qui demeurent cependant dans la même structure. Car s’il est petit par sa stature il est grand par les énergies de son âme.

La tête levée et les pieds bien calés, il est capable de mouvoir les éléments d’en haut comme ceux d’en bas. Les œuvres de ses mains pénètrent tout parce qu’il a, par l’énergie de l’homme intérieur, la possibilité de mettre ce pouvoir en œuvre. Le corps est plus grand que le cœur, mais les énergies de l’âme dépassent en puissance celles du corps. Le cœur est caché au fond du corps, mais le corps est entouré des énergies de l’âme qui s’étendent au monde entier. Ainsi, c’est par la science de Dieu, la conscience reliée à Dieu, que le fidèle existe, il tend vers Dieu dans les contraintes de l’esprit du siècle. Dans toutes ses entreprises, prospères ou adverses, c’est vers Dieu qu’il aspire. En elles, il ne cesse de manifester à Dieu tout le respect amoureux qui l’anime.

L’homme intérieur contemple de ses yeux de chair les créatures qui l’entourent, mais par la foi, c’est Dieu qu’il voit. L’homme le reconnaît en toute créature, car il perçoit leur Créateur.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

Que le croyant s’occupe de la terre sans négliger le ciel !

samedi 21 juin 2025

[Sainte Hildegarde présente une vision où vice et vertu se répondent :]

– Souci du monde : « Quel souci vaut mieux que celui du monde ? Si je pliais les genoux, cela ne me donnerait ni nourriture ni vêtement… Je me procurerai donc tout ce que je pourrai acquérir en pensant, en parlant et en travaillant, tant que je pourrai vivre sur la terre. »

– Aspiration aux choses du ciel : « Dieu fournit ce qui est nécessaire… aucun produit ne pousse sans sa grâce. Toi, tu ne cherches pas Dieu dans ton cœur. Moi, je suis la vie et la verdeur de toutes les bonnes œuvres et le collier de toutes les vertus… Je ne cherche, je ne désire, je ne veux rien d’autre que ce qui est saint, je suis la cithare de la joie. Je suis du ciel en toute chose. »

Le souci du monde est un esprit errant dans l’insignifiance et discourant partout à grand bruit ; les hommes qui souffrent de ce vice subissent une grande agitation du corps et de l’âme, mais s’y plaisent comme dans un grand calme. Car ce qui est agitation pour les autres leur est repos ; et ce qui est repos pour les autres les agite. Ils sont plongés dans les soins et les soucis comme s’ils étaient assis dans une baignoire. Toutes leurs visées et tous leurs désirs tendent aux biens de ce monde et ils ne s’occupent que d’avantages temporaires et passagers. Que le croyant prenne sa charrue et ses bœufs en pensant tout de même à Dieu, qu’il suive les préceptes du Maître en s’occupant de la terre sans négliger le ciel.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

L’amour du cœur de notre Père

lundi 17 mars 2025

Quelle que soit la diversité des membres des hommes, que ceux-ci soient noirs, souillés, lépreux, hydropiques et pleins d’infirmités, ou même rougis par le maléfice sous l’effet des conseils de la malice du diable, qu’ils soient stupides et entêtés à ne pas voir les biens du Seigneur, méritant accusations et reproches à cause de leurs nombreux oublis, parce qu’ils auraient dû pratiquer la justice et qu’ils pratiquent le mal en rejetant le bien et en méprisant la croix et le martyre du Seigneur, malgré tout cela Dieu le Père jette un regard empreint de bonté sur son œuvre faite de limon, tout comme un Père regarde ses fils et les élève jusqu’à sa poitrine. Parce qu’il est Dieu, il a pour ses fils l’amour d’un Père plein d’affection. À l’intérieur de son cœur, l’amour pour les hommes est tel qu’il a envoyé son Fils à la Croix, comme un doux Agneau… mais il y a aussi, parmi les hommes, beaucoup qui sont décorés d’ornements par le précieux trésor des vertus…

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

 

Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie

lundi 9 décembre 2024

Ô Gemme éclatante, qui resplendis du clair éclat du soleil !
Source jaillissante du cœur du Père !
Son Fils unique par qui il a créé la matière du monde qu’un jour Ève souilla,
Ce Verbe éternel, le Père en a fait, par toi, un homme.
Tu es donc la matière cristalline en laquelle le Verbe fait jaillir toutes ses vertus,
Comme il a fait surgir de la matière originelle toutes ses créatures.

Très suave rameau issu de la racine de Jessé, qu’elle est grande ta puissance !
Oui, la Divinité même l’a contemplée dans sa splendide enfant,
Et comme l’aigle plonge son regard jusque dans le soleil,
Le Père céleste a remarqué de loin l’éclat de la Vierge.
Il a désiré que son Fils s’incarnât en elle.
Alors mystiquement, l’esprit de la Vierge fut éclairé du divin mystère,
Et une Fleur resplendissante, ô merveille, s’est épanouie en elle.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Le vêtement de l’âme

jeudi 22 août 2024

Lorsque les énergies de l’âme arrachent de l’esprit de l’homme les envies charnelles, le désir de Dieu soupire en lui. L’âme entrelace alors ces soupirs – la prière intérieure– comme l’abeille construit dans sa ruche un rayon de miel, ainsi se construit le palais intérieur de Dieu en l’âme. (…) Les énergies de l’âme sont d’une force immense, parce que l’homme sait et sent Dieu par leur intermédiaire, quelle que soit sa dépendance des désirs de la chair.

Le Créateur de la terre a fait de l’âme un véritable atelier, elle est pour l’homme l’instrument de toutes ses œuvres. Dieu l’a créée en conformité avec lui-même. Cette âme, œuvre de Dieu en personne, lui qui agit jusqu’au dernier jour du monde, est pour chaque homme comme une présence sacrée, divine, invisible. Après le dernier jour du monde, lorsque l’homme se sera totalement transformé en esprit, il aura une vision parfaite de la sainte divinité, de tous les esprits et de toutes les âmes.

L’âme est une énergie fructifiante, elle communique à l’homme entier son mouvement et sa vie. Comme l’homme porte un vêtement de tissus, de même l’âme se revêt de toutes les œuvres qu’elle réalise. Elle s’en sert de couverture, les bonnes comme les mauvaises. Les œuvres bonnes, lorsqu’elle aura quitté ce corps, resplendiront en elle comme un vêtement entièrement décoré avec l’éclat de l’or le plus pur, mais les mauvaises sentiront mauvais comme un habit souillé d’immondices !

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

L’Esprit conduira nos pas

mercredi 8 mai 2024

La puissance divine contient l’intégralité de la sainteté. Elle conforte de tous côtés l’esprit intérieur de l’homme qui s’unit à Dieu. C’est elle qui fait goûter les dons mystiques de l’Esprit Saint à celui qui est sur le point de sombrer dans la torpeur. L’homme s’arrache alors à cette torpeur, se réveille et tend de toutes ses forces vers la justice. Souvent cette opération est un combat pénible pour l’esprit car le corps, même contraint à l’obéissance par la volonté divine, est à peine capable de mener le bien. Trop souvent, il cède aux désirs de la chair, cette chair qui est sa demeure : ainsi l’exhalaison des dons de Dieu se heurte à la résistance de la volonté humaine.

Dieu qui m’a créé, qui est Seigneur et qui a tout pouvoir sur moi, est ma force. Sans lui, je suis incapable de quelque bien que ce soit, car c’est lui qui me communique l’esprit de vie, source de ma propre vie, du mouvement qui m’anime, et c’est lui qui m’oriente sur les chemins que je prends : lorsque je l’invoque en vérité, tel un cerf qui désire l’eau vive, lui, Dieu et Seigneur, conduit mes pas avec hâte dans ses commandements. Il me conduira vers les sommets que ses préceptes m’enseignent, il soumettra mes désirs terrestres par sa force victorieuse et, dans la béatitude céleste, je chanterai sans fin ses louanges.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

 

« C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. » (Jn 6, 63)

samedi 20 avril 2024

L’âme, du commencement à la fin de toute action, doit vénérer avec un zèle égal les sept dons de l’Esprit Saint. Au commencement de son action, elle accueille la sagesse, qu’elle possède au terme de la crainte et conserve au milieu du courage –force du cœur–, elle se garde dans les choses célestes par l’intelligence et le conseil et s’entoure dans les choses terrestres de science et de piété : celles-ci doivent être accueillies avec grand respect, car elles sont son soutien. Que l’âme veille donc d’abord à s’ouvrir à la Sagesse pour se refermer, au terme de son action, avec la timidité et la pudeur ; que, dans l’intervalle, elle s’arme de fermeté grâce à la parure de l’intelligence et du conseil, qu’elle se fortifie également par la science et la pitié.

Le mouvement de l’âme raisonnable et l’action du corps, selon ses cinq sens, suivent un seul et même chemin, parce que l’âme ne meut pas le corps plus qu’il ne peut accomplir, et que le corps n’œuvre que selon ce que l’âme met en mouvement. Les différents sens, eux, ne se séparent pas l’un de l’autre, ils se soutiennent entre eux avec une grande fermeté et éclairent l’homme tout entier, afin de le conduire soit vers le haut, soit vers le bas, suivant les choix de son âme.

La science de l’âme provoque les larmes de repentir alors que les péchés la refroidissent. Car la constance dans la droiture lui apporte, en sus des bonnes œuvres, la chaleur des désirs supérieurs. Les autres vertus viennent en aide à la fermeté pour communiquer à chaque croyant l’humeur de la sainteté –la grâce sanctifiante– : l’âme se trouve pénétrée de la rosée et de la chaleur de l’Esprit Saint, elle maîtrise la chair et elle l’entraîne à servir Dieu avec elle… Alors tous les organes intérieurs apportent leur énergie à l’âme humaine afin de la servir. Ainsi quand l’âme délaisse les péchés pour accomplir la justice, elle s’élève tout en suivant la raison.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Ô Dieu, toi qui défends ceux qui croient en toi, délivre-moi !

lundi 22 janvier 2024

Ô Dieu, toi qui défends ceux qui croient en toi,
Tiens-moi en sécurité sous la protection de ta toute-puissance
Pour qu’à l’abri de tes ailes, je te prie et je t’adore dans l’action de grâce.
Jamais je ne lèverai les yeux vers une divinité qui me trahit et m’ignore.
Délivre-moi donc de toute rébellion des esprits mauvais
Qui me tourmentent dans la convoitise de la chair.
Procure-moi la victoire définitive,
Afin que mon âme exulte en mon corps et que j’obtienne la vie éternelle.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Quand l’âme se transfigurera en éternité…

samedi 25 novembre 2023

L’homme qui suit la voie de la folie et méprise la sagesse créatrice se condamne lui-même : n’ayant plus aucune limite dans le mal, il ignore la vie future. Il ne veut pas même savoir s’il existe une autre vie, et il refuse de scruter attentivement les causes de sa propre nature changeante. Cet homme peut encore comprendre son enfance, son adolescence, sa jeunesse et sa maturité, mais il est incapable de comprendre ce qu’il devient dans sa décrépitude et le sens de cette transformation de son être. La raison lui montre qu’il a un commencement, mais il est incapable de savoir, de comprendre comment il est possible que l’âme soit immortelle et qu’elle n’ait pas de fin… (…)

Tant qu’il est dans son corps, les pensées de l’homme se multiplient, comme se multiplient sans qu’on puisse les dénombrer les échos de la louange angélique. La pensée anime déjà la jeunesse, on la formule ensuite par la voix de sa raison et on agit en la suivant. Mais son action ne tient pas sa vie d’elle-même : elle a un commencement. L’éternité seule tire d’elle-même la vie et jamais ne faiblit : avant que le temps n’existe, elle était déjà éternelle vie. Quand l’âme se transfigurera en éternité, elle changera de nom : elle n’agira plus dans l’homme par la mode de la pensée, mais aura pour séjour les louanges des anges qui sont esprit. Si elle s’appellera alors esprit, c’est qu’elle ne peinera plus avec le corps, avec la chair. L’homme portera le nom de vie, car il est déjà vie en ce monde tant qu’il vit par le souffle de l’esprit, mais il se transfigurera en immortalité par la mort charnelle, il sera pleinement dans la vie. Après le jugement dernier, c’est par son corps et son âme qu’il sera éternellement vie.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

« Quand quelqu’un t’invite, ne va pas t’installer à la première place… » (Lc 14,8)

samedi 4 novembre 2023

Dieu, selon son projet originel, a établi tous les biens en plénitude et arrangé l’édifice des vertus, de telle sorte qu’on n’y trouve aucune lacune. Il combat jusqu’au bout ses ennemis dont le cœur n’est qu’orgueil, qui essayent de monter avant d’avoir une échelle, qui s’asseyent avant qu’on place un siège et dont l’œuvre est une opinion : quand elle est mise en défaut, elle disparaît.

C’est de lui que procèdent tous les êtres vivants, mais lui n’a pas de commencement, lui seul est permanent. Il vit en lui-même, il peut par lui-même, il sait de lui-même. Celui qui seul vit, peut et sait, est Dieu : en ces trois pouvoirs, toutes les œuvres de Dieu sont distinctes et accomplies, et c’est en lui que ses œuvres ont pouvoir d’agir. (…)

Quand l’homme, dans ses projets, se donne sa propre loi, c’est comme s’il était son propre Dieu. Alors, Seigneur, tu te montres à lui par tes justes jugements pour qu’il sache qu’il ne peut rien contre toi. Mais quand un homme en arrive à mépriser tes enseignements au point d’adorer des images à ta place, alors, par une juste décision, tu combats ton ennemi…

Dieu est la vie qui n’est obscurcie par aucun commencement et qui n’a pas de fin. Il est notre Dieu qui, étant la Vie, donne la vie éternelle aux siens. (…) Qui peut faire cela, sinon Dieu ? Tout ce que Dieu a rangé selon son propre ordre, il l’a parachevé et ce n’est pas vain comme les pensées des hommes. Car les hommes font dans leurs pensées beaucoup d’entreprises qu’ils ne peuvent mener à bien.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)