« Dieu mit Abraham à l’épreuve et lui dit : ‘Prends ton fils bien-aimé, celui que tu chéris, Isaac, et offre-le en sacrifice sur la montagne que je t’indiquerai’ » (Gn 22,2). Ce fils sur qui reposent de grandes et merveilleuses promesses (…), voilà qu’Abraham reçoit l’ordre de l’offrir en holocauste au Seigneur sur une montagne !
Que ressens-tu à cet ordre, Abraham ? (…) L’apôtre Paul à qui l’Esprit avait révélé, je crois, les pensées et les sentiments d’Abraham, a déclaré : « Grâce à sa foi, Abraham n’hésita pas lorsqu’il offrit son fils unique sur qui reposaient les promesses, car il pensait que Dieu était assez puissant pour le ressusciter des morts » (Rm 4,20; He 11,17.19). (…) Voilà donc la première occasion où la foi en la résurrection s’est manifestée. Oui, Abraham espérait qu’Isaac ressusciterait, il croyait à la réalisation de ce qui n’était jamais encore arrivé. (…) Abraham savait qu’en lui se formait déjà la préfiguration de la réalité à venir ; il savait que le Christ naîtrait de sa descendance, la vraie victime offerte pour le monde entier, celui qui triompherait de la mort par sa résurrection.
« Abraham se leva donc de bon matin (…), et le troisième jour il parvint au lieu que le Seigneur lui avait indiqué. » Le troisième jour est toujours lié avec le mystère (…); la résurrection du Seigneur surtout a eu lieu le troisième jour. (…) « Levant les yeux, Abraham vit l’endroit de loin. Il dit à ses serviteurs : ‘Restez ici avec l’âne. Moi et l’enfant, nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous’ ». (…) Dis-moi donc, Abraham, déclares-tu la vérité à tes serviteurs quand tu affirmes aller adorer puis revenir avec l’enfant, ou bien veux-tu les tromper ? (…) « Je dis la vérité, répond Abraham ; j’offre l’enfant en holocauste, et c’est pourquoi j’emporte le bois avec moi. Puis je reviens vers vous avec l’enfant. Je crois en effet de toute mon âme que ‘Dieu est assez puissant pour le ressusciter des morts.’ »
Origène (v. 185-253)