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Archive pour le mot-clef ‘St Claude la Colombière’

« Venez à moi, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,28-29)

mercredi 11 décembre 2024

Dieu est parfait en tout sens. Il est impossible de trouver en lui quelque chose qui ne soit pas infiniment bon. Il est sage, prudent, fidèle, bon, libéral, beau, doux, ne méprisant rien de tout ce qu’il a créé, faisant cas de nous, nous gouvernant avec douceur, et même avec respect, patient, exempt de tous les mouvements déréglés des passions ; il a tout ce que nous aimons dans les créatures ; tout est réuni en lui, et pour toujours, et d’une manière infiniment plus parfaite. Il n’a aucun des défauts qui nous choquent, qui nous rebutent, qui nous dégoûtent des objets créés. D’où vient donc que nous ne l’aimons pas uniquement ? (…)

Dieu est non seulement parfait, mais encore il est la source de toute perfection. Ce n’est qu’en lui qu’on la peut puiser ; et cela se fait en l’étudiant, en la considérant : « Nous lui serons semblable, parce que nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3,2). Ce sera dans le ciel, et, en cette vie, nous approcherons d’autant de cette ressemblance que nous le considérerons davantage. (…) Jésus, autant que je pourrai, je veux me régler par vos exemples et par vos maximes, qui seules peuvent me conduire à vous et me tirer des embarras de l’ignorance, et des erreurs où mes passions pourraient me précipiter.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

Quel soin prenons-nous de purifier notre âme ?

dimanche 1 septembre 2024

Pourquoi une si grande pureté dans Marie ? Parce qu’elle devait loger le Fils de Dieu en ses entrailles. Si elle n’eût pas été plus pure que les anges, le Verbe n’aurait pu venir en elle avec bienséance. Il n’y serait pas venu avec plaisir ; il n’y aurait pu apporter ces dons précieux dont il la remplit au moment qu’il fut conçu en elle. Nous recevons dans le Saint Sacrement de l’autel le même Jésus-Christ que Marie a porté neuf mois dans son sein. Quelle est notre pureté ?

Quel soin prenons-nous de préparer notre âme ? Que d’ordures ! Nous faisons des fautes la veille, le jour, dans l’action même. Il vient toutefois ! Quelle bonté ! Nous allons à lui ! Quelle témérité ! Mais ce Dieu de bonté vient-il avec plaisir ? Examinons quel doivent être ses sentiments. N’est-il pas rebuté par la vue d’une si grande corruption ? Et nous allons hardiment, impudemment à lui, sans confusion, sans contrition, sans pénitence.

Je veux tâcher de préparer mon cœur de telle sorte que vous y preniez plaisir, que vous y trouviez vos délices, ô mon Dieu, pour ne point m’opposer aux grâces immenses que je recevrais, si j’avais soin de me purifier, si je savais ce que je perds. Mais, mon Dieu, que mon ignorance justifie peu ma négligence ! (…) Je me mettrai, par mes soins à me purifier, en état de profiter de vos visites et de vous engager à venir à moi avec plaisir. Venez-y, mon Dieu, et vous trouverez, avec votre sainte grâce, mon cœur plus pur et plus net.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie

vendredi 8 décembre 2023

Le jour de la conception Immaculée de la Sainte Vierge, j’ai résolu de m’abandonner tellement à Dieu, qui est toujours en moi et en qui je suis et je vis, que je ne me mette nullement en peine de ma conduite, non seulement extérieure, mais même intérieure, reposant doucement entre ses bras sans craindre ni tentation, ni illusion, ni prospérité, ni adversité, ni mes mauvaises inclinations, ni mes fautes mêmes, espérant qu’il conduira tout par sa bonté et sa sagesse infinie, de telle sorte que tout réussira à sa gloire ; de ne vouloir ni être aimé, ni être soutenue de personne ; voulant avoir en lui et mon père, et ma mère, et mes frères, et mes amis, et tout ce qui pourrait avoir pour moi quelque sentiment de tendresse.

Il me semble qu’on est bien à son aise en un asile si sûr et si doux, et que je n’y dois craindre ni les hommes, ni les démons, ni moi-même, ni la vie, ni la mort. Pourvu que Dieu m’y souffre, je suis trop heureux. Il me semble qu’en cela j’ai trouvé le secret de vivre content, et que désormais tout ce que je craignais dans la vie spirituelle ne me doit plus faire de peur.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

Le grand bonheur d’être tout à Dieu

mardi 24 octobre 2023

J’ai compris que c’est un grand bonheur d’être tout à Dieu, vu sa grandeur infinie. Dieu nous honore bien de nous appeler à la sainteté. J’ai compris cela par la comparaison d’un roi qui choisit un de ses sujets pour être uniquement à lui, et qui ne veut pas qu’il rende aucun service à qui que ce soit, si ce n’est à sa propre personne, qui veut avoir toute son amitié ; surtout si le prince est d’un grand mérite.

On aime le roi, quoiqu’on ne l’ait jamais vu, qu’on ne le doive jamais voir, quoiqu’il ne nous aime point, qu’il ignore nos sentiments, qu’il ne nous connaisse pas et que, quand il nous connaîtrait, il ne dût faire nul état de nous. Et Dieu, que nous ne voyons pas, à la vérité, mais que nous verrons éternellement, qui nous voit, qui nous aime, qui nous fait du bien, qui est témoin de toutes nos pensées, nous ne pouvons pas l’aimer ! ‒ C’est que le roi est notre maître. ‒ Et Dieu ne l’est-il pas, et, de plus, notre Créateur, et notre Père, etc. ?

Si Dieu règne en nous, tout lui obéira, tout s’y fera au moindre de ses commandements, rien ne s’y fera que par ses ordres. De plus, on tâchera de lui plaire en toutes choses, on étudiera ses inclinations, on ira au-devant de ses désirs, on fera, toujours et en tout, ce qu’on croira devoir lui plaire davantage ; car ce sont les deux choses qu’on a à l’égard des rois : une soumission aveugle et une extrême complaisance, faire ce qui plaît à Dieu et ce qui lui plaît davantage.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé. » (Jn 14,1)

dimanche 7 mai 2023

Je suis assuré que je serai éternellement heureux, parce que j’espère fermement de l’être et que c’est de vous, ô mon Dieu, que je l’espère : « En toi, Seigneur, j’ai mis mon espoir ; je ne serai jamais confondu » (Ps 31,2 Vg).

Je connais, hélas ! je ne le connais que trop, que je suis fragile et changeant ; je sais ce que peuvent les tentations contre les vertus les mieux affermies ; j’ai vu tomber les astres du ciel et les colonnes du firmament. Mais tout cela ne peut m’effrayer tandis que j’espérerai ; je me tiens à couvert de tous les malheurs et je suis assuré d’espérer toujours, parce que j’espère encore cette invariable espérance. Enfin, je suis sûre que je ne puis trop espérer en vous et que je ne puis avoir moins que ce que j’aurais espéré de vous. Ainsi j’espère que vous me tiendrez dans les penchants les plus impétueux, que vous me soutiendrez contre les plus furieux assauts et que vous ferez triompher ma faiblesse de mes plus redoutables ennemis.

J’espère que vous m’aimerez toujours et que je vous aimerai ainsi sans relâche ; et, pour porter tout d’un coup mon espérance aussi loin qu’elle peut aller, je vous espère vous-même de vous-même, ô mon Créateur, et pour le temps, et pour l’éternité ! Amen

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

La félicité et les désirs de l’âme

jeudi 17 mars 2022

La félicité de l’autre vie est l’accomplissement de tous les désirs. La félicité de cette vie est l’anéantissement de tous les désirs. (…)

Les désirs croissent à mesure que nous obtenons ce que nous avons désiré : la possession de ce que nous avons souhaité ne fait que nourrir nos désirs, sans rassasier l’âme. L’âme ne désire que cette charge, parce qu’elle se persuade, séduite par les sens et par les fausses opinions des hommes, que cette charge la satisfera. Mais voyant que ce n’est que comme une goutte d’eau dans un abîme, elle se porte à d’autres objets que les sens lui représentent encore comme des biens capables de la remplir. Le mauvais riche ne demandait qu’une goutte d’eau ; c’était là tous ses désirs. Je vous laisse à penser si cela aurait étanché sa soif. Il ne l’aura pas. Mais quand il l’aurait, etc. Si nous avions l’accomplissement de tous nos désirs en cette vie, nous ne penserions plus à l’autre, et ainsi Dieu qui nous aime ménage la chose autrement. (…)

Est-ce en ce monde que nous parvenons à cette véritable félicité ? Les plaisirs du monde qui rassasient d’abord, ses honneurs, sa gloire et ses richesses qui ne rassasient jamais, tous ses faux biens dont les uns dégoûtent et les autres affament, qui passent tous comme une fumée, et dont l’usage est toujours troublé par un mélange de maux infinis et par l’image terrible de la mort, où ils vont tous enfin se terminer, peuvent-ils produire cette félicité ?

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

La voix de la grâce

dimanche 12 décembre 2021

La conscience est la voix de Dieu. Dans la plupart des hommes, cette voix est ou méprisée, ou mal entendue, ou entièrement éteinte. Elle est méprisée en ceux qui ne veulent rien faire de ce qu’elle dit ; mal entendue en ceux qui lui font dire tout ce qu’ils veulent ; éteinte en ceux qui la méprisent sans en recevoir de reproche. Le dernier de ces états est sans doute le pire, puisqu’il est malaisé d’en sortir et que c’est un état désespéré. Mais les autres conduisent à celui-ci, et, à cela près qu’on en sort plus aisément que du dernier, on peut dire qu’ils sont pires. Le dernier est la peine des autres.

On méprise cette voix, c’est le premier pas. Elle nous avertit du mal que nous avons fait, de celui que nous devons éviter, du bien que nous pouvons faire. Pour une fois que nous obéissons, combien de fois méprisons-nous cette voix ? Cependant c’est la voix de la raison, c’est la voix de l’homme, c’est notre propre jugement, c’est ce que nous estimons le plus raisonnable. Voilà pourquoi Dieu ne nous condamnera que sur le jugement que nous avons fait nous-mêmes de nous-mêmes. C’est la voix de la grâce. Cet avis, ce bon conseil que vous recevez dans le fond de votre cœur, c’est le prix du sang de Jésus Christ, c’est le germe de l’éternité, c’est la voix du Saint Esprit.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

Le Fils de Dieu vient à notre recherche

mardi 7 décembre 2021

Représentez-vous la désolation d’un pauvre berger dont la brebis s’est égarée. On n’entend dans toutes les campagnes voisines que la voix de ce malheureux qui, ayant abandonné le gros du troupeau, court dans les bois et sur les collines, passe à travers les fourrés et les buissons, en se lamentant et criant de toute sa force et ne pouvant se résoudre à rentrer qu’il n’ait retrouvé sa brebis et qu’il ne l’ait ramené à la bergerie.

Voilà ce qu’a fait le Fils de Dieu lorsque les hommes s’étaient soustraits par leur désobéissance à la conduite de leur Créateur ; il est descendu sur la terre et n’a épargné ni soins ni fatigues pour nous rétablir dans l’état duquel nous étions déchus. C’est ce qu’il fait encore tous les jours pour ceux qui s’éloignent de lui par le péché ; il les suit, pour ainsi dire, à la trace, ne cessant de les rappeler jusqu’à ce qu’il les ait remis en voie de salut. Et certes, s’il n’en usait pas de la sorte, vous savez que c’en serait fait de nous après le premier péché mortel ; il nous serait impossible d’en revenir. Il faut que ce soit lui qui fasse toutes les avances, qu’il nous présente sa grâce, qu’il nous poursuive, qu’il nous invite à avoir pitié de nous-mêmes, sans quoi nous ne songerions jamais à lui demander miséricorde. (…)

L’ardeur avec laquelle Dieu nous poursuit est sans doute un effet d’une très grande miséricorde. Mais la douceur dont ce zèle est accompagné marque une bonté encore plus admirable. Nonobstant le désir extrême qu’il a de nous faire revenir, il n’use jamais de violence, il n’emploie pour cela que les voies de la douceur. Je ne vois nul pécheur, en toute l’histoire de l’Évangile, qui ait été invité à la pénitence autrement que par des caresses et par des bienfaits.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

S’attacher à l’Éternel, notre rocher

jeudi 2 décembre 2021

Pensant à l’éternité de Dieu, je me la suis représentée comme un rocher immobile sur le bord d’un fleuve, d’où le Seigneur voit passer toutes les créatures sans se remuer et sans qu’il passe jamais lui-même. Tous les hommes qui s’attachent aux choses créées m’ont paru comme des gens qui, étant entraînés par le courant de l’eau, s’attacheraient les uns à une planche, les autres à un tronc d’arbre, les autres à des amas d’écume qu’ils prendraient pour quelque chose de solide. Tout cela est emporté par le torrent ; les amis meurent, la santé se consume, la vie passe, on arrive jusqu’à l’éternité porté sur ces appuis passagers comme à une grande mer, où vous ne pouvez pas vous empêcher d’entrer et de vous perdre.

On s’aperçoit combien on a été imprudent de ne s’attacher pas au rocher, à l’Éternel ; on voudrait revenir, mais les flots nous ont emporté trop loin au-delà, on ne peut plus revenir, il faut nécessairement périr avec les choses périssables. Au lieu qu’un homme qui s’attache à Dieu voit sans crainte le péril et la perte de tous les autres ; quoi qu’il arrive, quelque révolution qu’il se fasse, il se trouve toujours sur son rocher ; Dieu ne lui saurait échapper ; il n’a embrassé que lui, il s’en trouve toujours saisi ; l’adversité ne fait que lui donner lieu de se réjouir du bon choix qu’il a fait. Il possède toujours son Dieu ; la mort des ses amis, de ses parents, de ceux qui l’estiment et le favorisent, l’éloignement, le changement d’emplois ou de lieu, l’âge, la maladie, la mort ne lui ôtent rien de son Dieu. Il est toujours également content, disant en la paix et en la joie de son âme : « Pour moi, approcher Dieu est mon bien, j’ai placé dans le Seigneur mon refuge » (Ps 73,28 Vg).

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

Dieu seul ne passera pas

vendredi 26 novembre 2021

Il n’y a que Dieu seul qui soit immortel (cf. 1 Tm 6,16). Tout le reste meurt, les rois, les parents, les amis ; ceux qui nous estiment ou que nous avons obligés se séparent de nous, ou par la mort, ou par l’absence ; nous nous séparons d’eux ; le souvenir de nos bienfaits, l’estime, l’amitié, leur reconnaissance meurent en eux. Les personnes que nous aimons meurent ou du moins la beauté, l’innocence, la jeunesse, la prudence, la voix, la vue, etc., tout cela meurt en eux. Les plaisirs des sens n’ont, pour ainsi parler, qu’un moment de vie. Dieu seul est immortel en toutes manières.

Comme il est très simple, il ne peut mourir par la séparation des parties qui le composent ; comme il est très indépendant, il ne peut défaillir par la soustraction d’un concours étranger qui le conserve. De plus, il ne peut ni s’éloigner, ni changer ; non seulement il sera toujours, mais il sera toujours bon, toujours fidèle, toujours raisonnable, toujours beau, libéral, aimable, puissant, sage et parfait en toutes manières. Le plaisir qu’on goûte à le posséder est un plaisir qui ne passe jamais, il est inaltérable, il ne dépend ni du temps, ni des lieux ; il ne cause jamais du dégoût ; au contraire, il devient toujours plus charmant, à mesure qu’on en jouit.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)