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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

« Veillez, car c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

mardi 21 octobre 2014

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Ces mots signifient : vous devez être éveillés et vigilants, car vous ne savez pas le temps où le Seigneur viendra des noces… Car, dès qu’un sentiment d’orgueil, de complaisance en soi-même ou de volonté propre entre en l’homme, aussitôt l’Ennemi est là et lui coupe la bourse précieuse de toutes ses bonnes œuvres. Mes enfants ! Combien en verrez-vous de ces gens qui auront fait de grandes œuvres…et auront ainsi acquis grand renom…, mais la présomption les aura dépouillés de tout… On les rangera après les autres hommes, pauvres, simples, que personne n’apprécie en raison de leur extérieur et de leurs œuvres. Parce qu’ils s’abaissent avec humilité, ces derniers seront placés au-dessus des autres… Veillez donc avec une âme vigilante et, de vos yeux ouverts, vous verrez la vérité pure…

« Que vos reins soient ceints d’une tenue de service et vos lampes allumées. » Il y a ici trois points à noter. Premièrement : les reins doivent être ceints comme quelqu’un qu’on attache solidement avec une corde pour pouvoir le conduire contre sa volonté, ou encore comme un cheval bridé…; ces reins sont les plaisirs des sens qu’on doit lier et refréner… Deuxièmement : vous devez porter dans vos mains des lampes allumées, c’est-à-dire des œuvres d’amour. Vos mains ne doivent jamais cesser de faire l’œuvre de la charité vraie et brûlante … Troisièmement : vous devez attendre le Seigneur quand il reviendra des noces… : « Le Seigneur les établira sur tous ses biens ; il se ceindra et les servira. » Ces noces, d’où le Seigneur vient, ont lieu au plus intime de l’âme, dans son fond, là où se trouve la noble image. Quel contact intime l’âme a avec Dieu dans ce fond et Dieu avec elle, et quelle œuvre merveilleuse Dieu fait là ! Quelle jouissance et quelle joie il y trouve ! Cela dépasse tout sentiment et toute intelligence, et pourtant l’homme n’en sait rien et n’en éprouve rien.

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 77, pour la fête d’un Confesseur (trad. Cerf 1991, p. 626)

 

 

 

« Cette nuit même, on te redemande ta vie. »

lundi 20 octobre 2014

Bougie nuit

« Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment » (Mc 13,33). Considérons cette question très sérieuse, qui nous regarde tous de près : que veut dire veiller en l’attente du Christ ? « Veillez, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou au matin. Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis… Je vous le dis à tous : veillez ! » (v. 35s)…

Beaucoup d’hommes se moquent de la religion ouvertement…, mais considérons ceux qui sont plus sobres et consciencieux : ils ont de bonnes qualités et pratiquent la religion dans un certain sens et jusqu’à un certain degré, mais ils ne veillent pas… Ils ne comprennent pas qu’ils sont appelés à être « étrangers et voyageurs sur la terre » (He 11,13), et que leur lot terrestre et leurs biens terrestres sont une sorte d’accident de leur existence, et qu’en fait ils ne possèdent rien… Il n’y a aucun doute que beaucoup de membres de l’Église vivent ainsi et ne seraient pas, ne pourraient pas être, prêts à accueillir aussitôt le Seigneur à sa venue…

Quelle prise de conscience émouvante et grave pour nous que de savoir que lui-même a attiré notre attention sur ce danger précis…, le danger de laisser l’attention de ses disciples se détourner de lui, pour n’importe quelle raison. Il les prémunit contre toutes les agitations, toutes les attirances de ce monde, les prévient que le monde ne sera pas prêt quand il viendra ; il les supplie avec tendresse de ne pas lier partie avec ce monde. Il les prévient par les exemples de l’homme riche à qui on demande compte de son âme pendant la nuit, du serviteur qui mangeait et buvait (Lc 12,45), des jeunes filles insensées (Mt 25,2)… Le cortège de l’Époux passe majestueusement, les anges sont là, les justes rendus parfaits sont là, les petits enfants, les saints docteurs, les saints vêtus de blanc, les martyrs lavés de leur sang… : son Épouse s’est préparée, elle s’est faite belle (Ap 19,7), mais beaucoup d’entre nous dorment encore.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Watching », PPS, t. 4, n° 22, passim

 

 

 

« Fais lever sur nous la lumière de ta face. » (Ps 4,7)

dimanche 19 octobre 2014

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De même que la pièce d’argent porte l’image de César, ainsi notre âme est à l’image de la Sainte Trinité, selon ce qui est dit dans un psaume : « La lumière de ta face est empreinte en nous, Seigneur » (4,7 Vulg)… Seigneur, la lumière de ta face, c’est-à-dire la lumière de ta grâce qui établit en nous ton image et nous rend semblables à toi, est empreinte en nous, c’est-à-dire imprimée dans notre raison, qui est la plus haute puissance de notre âme et qui reçoit cette lumière comme la cire reçoit la marque d’un sceau. La face de Dieu, c’est notre raison ; car de même qu’on connaît quelqu’un à son visage, ainsi Dieu nous est connu par le miroir de la raison. Mais cette raison a été déformée par le péché de l’homme, car le péché rend l’homme opposé à Dieu. La grâce du Christ a réparé notre raison. C’est pourquoi l’apôtre Paul dit aux Éphésiens : « Renouvelez votre esprit » (4,23). La lumière dont il est question dans ce psaume c’est donc la grâce, qui restaure l’image de Dieu empreinte en notre nature…

Toute la Trinité a marqué l’homme à sa ressemblance. Par la mémoire, il ressemble au Père ; par l’intelligence, il ressemble au Fils ; par l’amour, il ressemble au Saint Esprit… Lors de la création, l’homme a été fait « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,26). Image dans la connaissance de la vérité ; ressemblance dans l’amour de la vertu. La lumière de la face de Dieu c’est donc la grâce qui nous justifie et qui révèle de nouveau l’image créée. Cette lumière constitue tout le bien de l’homme, son vrai bien ; elle le marque, comme l’image de l’empereur marque la pièce d’argent. C’est pourquoi le Seigneur ajoute : « Rendez à César ce qui est à César. » Comme s’il disait : De même que vous rendez à César son image, ainsi rendez à Dieu votre âme, ornée et marquée de la lumière de sa face.

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231), franciscain, docteur de l’Église
Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 249)

 

 

 

 

Saint Luc, évangéliste : « J’ai décidé…d’écrire pour toi un exposé suivi. » (1,3)

samedi 18 octobre 2014

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La lecture des saintes Écritures est un pré spirituel et un paradis de délices, bien plus agréable que le paradis d’autrefois. Ce paradis, Dieu ne l’a pas planté sur la terre, mais dans les âmes des fidèles. Il ne l’a pas placé dans l’Éden, ni en Orient dans un lieu précis (Gn 2,8), mais il l’a étendu partout sur la terre et l’a déployé jusqu’aux extrémités de la terre habitée. Et puisque tu comprends qu’il a étendu les saintes Écritures sur toute la terre habitée, écoute le prophète qui dit : « Leur voix a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde » (Ps 18,5; Rm 10,18)…

Ce paradis a aussi une source comme celui d’autrefois (Gn 2,6.10), source d’où naissent d’innombrables fleuves… Qui le dit ? Dieu lui-même qui nous a fait le don de tous ces fleuves : « Celui qui croit en moi, dit-il, selon le mot de l’Écriture, de son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,38)… Cette source est incomparable non seulement par son abondance, mais encore par sa nature. En effet ce ne sont pas des rivières d’eau, mais les dons de l’Esprit. Cette source se partage entre toutes les âmes des fidèles, mais elle n’en est pas diminuée. Elle est divisée, mais elle n’est pas épuisée… Tout entière chez tous et tout entière en chacun : tels sont en effet les dons de l’Esprit.

Veux-tu savoir quelle est l’abondance de ces rivières ? Veux-tu savoir la nature de ces eaux ? En quoi elles sont différentes des eaux d’ici-bas, parce qu’elles sont meilleures et plus magnifiques ? Écoute à nouveau le Christ parlant à la Samaritaine pour comprendre l’abondance de la source : « L’eau que je donnerai à celui qui croit, dit-il, deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jn 4,14)… Veux-tu aussi connaître sa nature ? Fais-en usage ! Elle n’est pas utile en effet pour la vie d’ici-bas, mais pour la vie éternelle. Passons donc notre temps dans ce paradis : soyons invités à boire à cette source.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
3ème Homélie sur l’inscription des Actes des Apôtres ; PG 51,87 (trad. coll. Migne, n° 66, p. 132)

 

 

 

« Même vos cheveux sont tous comptés, soyez sans crainte. »

vendredi 17 octobre 2014

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Dieu m’envoie la croix… Bénie soit-elle car, comme dit Job, « si nous accueillons joyeusement tous les bienfaits de la main de Dieu, pourquoi ne pas accueillir pareillement les épreuves ? » (2,10) Tout nous vient de lui, santé et maladie, biens temporels, malheurs et infortunes ; tout, absolument tout, est parfaitement ordonné. Si quelquefois la créature se rebelle contre le dessein de Dieu, elle commet un péché, car tout est nécessaire, tout est bien fait, et les rires sont aussi nécessaires que les larmes. Nous pouvons tirer profit de tout pour notre perfection, à condition de voir, dans un esprit de foi, l’œuvre de Dieu en tout, et de demeurer comme des petits enfants dans les mains du Père. Car nous, tout seuls, où irions-nous ?…

Je ne cherche pas à m’arracher aux sentiments [que m’inspirent mes épreuves], c’est évident ; mais ce que Dieu veut c’est les perfectionner en moi. Pour cela, il me mène par ici et par là, comme un jouet, me faisant abandonner un peu partout des morceaux de mon cœur. Dieu est grand, et il accomplit tout parfaitement ! Comme il m’aime, et comme je le lui rends mal ! Sa providence est infinie, et nous devons nous y confier sans réserve.

Saint Raphaël Arnaiz Baron (1911-1938), moine trappiste espagnol
Écrits spirituels, 11/08/1934 (trad. Cerf 2008, p. 123)

 

 

 

« Ils se mirent à lui en vouloir terriblement et ils le harcelaient. »

jeudi 16 octobre 2014

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« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Ce Fils unique « a été offert », non parce que ses ennemis ont prévalu, mais « parce que lui-même l’a voulu » (Is 53,10-11). « Il a aimé les siens ; il les a aimés jusqu’à la fin » (Jn 13,1). La fin, c’est la mort acceptée pour ceux qu’il aime ; voilà la fin de toute perfection, la fin de l’amour parfait, car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).

Cet amour du Christ a été plus puissant dans la mort du Christ que la haine de ses ennemis ; la haine a pu faire seulement ce que l’amour lui permettait. Judas, ou les ennemis du Christ, l’ont livré à la mort, par une haine méchante. Le Père a livré son Fils, et le Fils s’est livré lui-même par amour (Rm 8,32; Ga 2,20). L’amour n’est cependant pas coupable de trahison ; il est innocent, même quand le Christ en meurt. Car seul l’amour peut faire impunément ce qui lui plaît. Seul l’amour peut contraindre Dieu et comme lui commander. C’est lui qui l’a fait descendre du ciel et l’a mis en croix, lui qui a répandu le sang du Christ pour la rémission des péchés, en un acte aussi innocent que salutaire. Toute notre action de grâce pour le salut du monde est donc due à l’amour. Et il nous presse, par une logique contraignante, d’aimer le Christ autant que d’autres ont pu le haïr.

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque
Le Sacrement de l’autel, II, 1 ; SC 93 (trad. SC, p.171 rev.)

 

 

 

Ste Thérèse d’Avila, docteur de l’Église (1515-1582)

mercredi 15 octobre 2014

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hérèse (nom complet : Teresa Sánchez de Cepeda Avila Y Ahumada) naît à Avila (85 km à nord-ouest de Madrid, le 28 mars 1515, de parents nobles et chrétiens.

Dès l’âge le plus tendre, un fait révéla ce qu’elle devait être un jour. Parmi ses frères, il y en avait un qu’elle aimait plus que les autres ; ils se réunissaient pour lire ensemble la vie des saints : « Quoi ! lui dit-elle, les martyrs verront Dieu toujours, toujours ! Allons, mon frère, chez les cruels Maures, et soyons martyrs nous aussi, pour aller au ciel. » Et, joignant les actes aux paroles, elle emmenait son petit frère Rodrigue ; ils avaient fait une demi-lieue, quand on les ramena au foyer paternel.

Elle avait dès lors une grande dévotion à la Sainte Vierge. Chaque jour elle récitait le rosaire. Ayant perdu sa mère, à l’âge de douze ans, elle alla se jeter en pleurant aux pieds d’une statue de Marie et la supplia de l’accepter pour sa fille, promettant de la regarder toujours comme sa Mère.

Cependant sa ferveur eut un moment d’arrêt. De vaines lectures, la société d’une jeune parente mondaine, refroidirent son âme sans toutefois que le péché mortel la ternît jamais. Mais ce relâchement fut court, et, une vive lumière divine inondant son âme, elle résolut de quitter le monde. Elle en éprouva un grand déchirement de cœur ; mais Dieu, pour l’encourager, lui montra un jour la place qu’elle eût occupée en enfer, si elle s’était attachée au monde.

Elle devint la réformatrice de l’Ordre du Carmel et fut accompagnée de saint Jean de la Croix.

Un séraphin vint un jour la percer du dard enflammé de l’amour divin : Jésus la prit pour épouse. Ses révélations, ses écrits, ses miracles, ses œuvres, ses vertus, tout est sublime à la même hauteur.

Elle a notamment rédigé à la demande de ses supérieures : Le Château intérieurLe Chemin de la perfectionLes ExclamationsLes Fondations.

En 1582, après avoir fondé le carmel de Burgos et tandis qu’elle est en train d’effectuer son voyage de retour à Avila, elle meurt la nuit du 15 octobre à Alba de Tormes, en répétant humblement ces deux phrases : « À la fin, je meurs en fille de l’Église » et « L’heure est à présent venue, mon Époux, que nous nous voyons ». Une existence passée en Espagne, mais consacrée à l’Église tout entière.

Thérèse d’Avila a été béatifiée par le pape Paul V (Camillo Borghese, 1605-1621) en 1614 et canonisée le 12 mars 1622 par Grégoire XV (Alessandro Ludovisi, 1621-1623) ; elle est proclamée « Docteur de l’Église » par le vénérable Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) en 1970.

 

 

 

 

Un cœur vraiment tout à Dieu

mardi 14 octobre 2014

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Comprenons-le bien, notre cœur appartiendra tout entier à Dieu à partir du jour où nous lui remettrons toute notre volonté, où nous ne voudrons plus que ce qu’il veut. Ce Dieu, du reste, ne veut que notre bien et notre bonheur. « Le Christ est mort, dit l’apôtre Paul, afin d’être le Seigneur et des morts et des vivants. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous appartenons au Seigneur » (Rm 14,8-9). Jésus a voulu mourir pour nous ; que pouvait-il faire de plus pour conquérir notre amour et devenir l’unique Maître de notre cœur ? À nous donc de montrer désormais au ciel et à la terre, par notre vie et par notre mort, que nous ne nous appartenons plus, mais que nous sommes tout entiers possédés par notre Dieu et par lui seul.

Combien Dieu désire voir un cœur vraiment tout à lui ! De quel ardent amour ne l’aime-t-il pas ? Quelles marques de sa tendresse ne lui prodigue-t-il pas, dès ici-bas ! Quels biens, quel bonheur, quelle gloire ne lui prépare-t-il pas dans le ciel !…

Âmes fidèles ! Marchons à la rencontre de Jésus : s’il a le bonheur de nous posséder, nous avons, nous, celui de le posséder, lui : l’échange est beaucoup plus avantageux pour nous que pour lui. « Thérèse, dit un jour le Seigneur à cette sainte [d’Avila], jusqu’ici tu ne fus pas entièrement à moi ; maintenant que tu es tout à moi, sache que je suis tout à toi »… Dieu brûle d’un désir extrême de s’unir à nous ; mais il faut que nous aussi nous prenions soin de nous unir à Dieu.

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787), évêque et docteur de l’Église
6ème Discours pour la neuvaine de Noël (trad. Éds Saint-Paul 1993, p. 92 rev.)

 

 

 

« Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive : il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cette génération. »

lundi 13 octobre 2014

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Les fils de Ninive jeûnèrent d’un jeûne pur, lorsque Jonas leur prêcha la conversion. Ainsi est-il écrit en effet : Lorsqu’ils entendirent la prédication de Jonas, ils décrétèrent un jeûne permanent et une supplication ininterrompue, en étant assis sur des sacs et de la cendre. Ils ôtèrent leurs vêtements délicats et revêtirent des sacs à la place. Ils refusèrent aux nourrissons les seins de leurs mères, au petit et au gros bétail le pâturage (Jon 3)…

Et voici ce qu’il est écrit : « Dieu vit leurs œuvres, qu’ils se détournaient de leurs mauvais chemins. Alors il détourna d’eux la colère et il ne les anéantit pas. » Il ne dit pas : « Il vit une abstinence de pain et d’eau, avec sac et cendre », mais « qu’ils revenaient de leurs mauvais chemins et de la méchanceté de leurs œuvres »… Ce fut là un jeûne pur, et il fut accepté, le jeûne que jeûnèrent les Ninivites, quand ils se détournèrent de leurs mauvais chemins et de la rapacité de leurs mains…

Car mon ami, quand on jeûne, c’est toujours l’abstinence de méchanceté qui est la meilleure. Elle est meilleure que l’abstinence de pain et d’eau, meilleure que…« courber le cou comme un crochet et se couvrir de sacs et de cendres » comme le dit Isaïe (58,5). En effet, quand l’homme s’abstient de pain, d’eau ou de quelque nourriture que ce soit, qu’il se couvre d’un sac et de cendres et qu’il s’afflige, il est aimé, beau et agréé. Mais ce qui agrée le plus c’est qu’il s’humilie lui-même, qu’il « délie les chaînes » de l’impiété et qu’il « coupe les liens » de la tromperie. Alors « sa lumière brille comme le soleil et sa justice marche devant lui. Il est comme un verger surabondant, comme une source dont l’eau ne cesse pas » (Is 58,6s).

Aphraate (?-v. 345), moine et évêque près de Mossoul
Les Exposés, n°3 Du jeûne ; SC 349 (trad. SC, p.277)

 

 

 

Revêtir le vêtement de noce

dimanche 12 octobre 2014

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Quel est le vêtement de noce dont parle l’Évangile ? Très certainement cette robe est une chose que seuls possèdent les bons, ceux qui doivent participer au festin… Seraient-ce les sacrements ? le baptême ? Sans le baptême, personne ne parvient jusqu’à Dieu, mais certains reçoivent le baptême et n’arrivent pas jusqu’à Dieu… Peut-être est-ce l’autel ou ce que l’on reçoit à l’autel ? Mais en recevant le Corps du Seigneur certains mangent et boivent leur propre condamnation (1Co 11,29). Qu’est-ce donc ? le jeûne ? Les méchants jeûnent aussi. La fréquentation de l’église ? Les méchants vont à l’église comme les autres…

Qu’est-ce donc que ce vêtement de noce ? L’apôtre Paul nous dit : « Les préceptes n’ont d’autre fin que l’amour, la charité qui naît d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère » (1Tm 1,5). Le voilà le vêtement de noce. Il ne s’agit pas de n’importe quel amour, car souvent on voit des hommes malhonnêtes en aimer d’autres…, mais on ne voit pas chez eux cette charité « qui naît d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère » ; or, c’est cette charité-là qui est le vêtement de noce.

« J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, dit l’apôtre Paul, s’il me manque l’amour, je ne suis que de l’airain qui résonne, une cymbale retentissante… J’aurais beau être prophète, avoir la science de tous les mystères et toute la connaissance, et avoir la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien » (1Co 13,1-2)… J’aurais beau avoir tout cela, dit-il, sans le Christ « Je ne suis rien »… Combien de biens sont inutiles, si un seul bien vient à manquer ! Si je n’ai pas l’amour, j’aurais beau distribuer tous mes biens, confesser le nom du Christ jusqu’à verser mon sang (v. 3), cela ne servirait à rien, puisque je peux agir ainsi par amour de la gloire… « S’il me manque l’amour, cela ne sert à rien ». Voilà le vêtement de noce. Examinez-vous : si vous l’avez, approchez avec confiance du banquet du Seigneur.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 90 ; PL 38, 559s