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Archive pour le mot-clef ‘Noël’

Le chant nouveau du Verbe

mardi 31 décembre 2024

Ce descendant de David qui existait avant David, le Verbe de Dieu, ayant méprisé la lyre et la cithare, instruments sans âme, régla par l’Esprit Saint tout l’univers et tout particulièrement cet abrégé du monde qu’est l’homme, âme et corps : il joue pour Dieu de cet instrument aux mille voix, et il chante lui-même en accord avec cet instrument humain. « Car tu es pour moi une cithare, une flûte et un temple ». Le Seigneur, envoyant son souffle dans ce bel instrument qu’est l’homme, l’a fait à sa propre image, car il est lui-même en accord avec cet instrument de Dieu, tout harmonie, accordé et saint, sagesse supraterrestre et Parole d’en haut.

Que veut-il donc cet instrument, le Verbe de Dieu, le Seigneur, et son chant nouveau ? Ouvrir les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, conduire les estropiés ou les égarés à la justice, montrer Dieu aux hommes, arrêter la corruption, vaincre la mort, réconcilier avec le Père des fils désobéissants. Il aime les hommes, cet instrument de Dieu : le Seigneur a pitié, il instruit, il exhorte, il avertit, il sauve, il protège, et, par surcroît, en récompense de notre confiance, il nous promet le royaume des cieux. Il ne veut tirer de nous qu’un avantage, notre salut.

Voici donc dans vos mains l’objet de la promesse, voici cet amour pour les hommes : prenez votre part de la grâce. Et mon chant sauveur, ne croyez pas qu’il est nouveau comme une maison est neuve, car il était « avant l’aurore » (Ps 118, 147) et « au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1). Voilà le chant nouveau, l’apparition qui vient de briller parmi nous, du Verbe qui était au commencement et préexistait. Car il vient d’apparaître, celui qui préexistait comme Sauveur ; il est apparu, celui qui sans l’être était maître, « car le Verbe était avec Dieu » (Jn 1,1) ; elle est apparue, la Parole par qui tout a été créé.

Saint Clément d’Alexandrie (150-v. 215)

 

 

 

Le chant nouveau : « Anne proclamait les louanges de Dieu. »

lundi 30 décembre 2024

Comme le Verbe, la Parole de Dieu, était d’en haut, il était et il est le divin commencement de toutes choses. Mais maintenant qu’il a reçu comme nom Celui-qui-a-été-consacré, le nom de Christ, je l’appelle « un chant nouveau » (Ps 33, 144, 149, etc). Le Verbe nous faisait exister depuis longtemps, car il était en Dieu ; par lui notre existence est bonne. Ce Verbe vient d’apparaître aux hommes, lui Dieu et homme ; il est la cause pour nous de tous les biens. Ayant appris de lui à bien vivre, nous sommes introduits par lui dans la vie éternelle. Car selon l’apôtre du Seigneur « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, en attendant la bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur » (Tt 2,11-13).

Voilà le chant nouveau : la manifestation du Verbe qui était au commencement et qui vient de briller parmi nous… Car celui qui existait comme Sauveur depuis toujours vient d’apparaître, celui qui est Dieu est apparu comme maître, le Verbe par qui tout a été fait est apparu (Jn 1,10). Comme créateur, il donnait la vie au commencement ; maintenant, étant apparu comme maître, il enseigne à bien vivre, de façon à nous procurer un jour, en tant que Dieu, la vie éternelle. Ce n’est pas aujourd’hui la première fois qu’il nous a pris en pitié à cause de notre égarement : c’est dès le commencement.

Saint Clément d’Alexandrie (150-v. 215)

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »

mardi 24 décembre 2024

Cieux, prêtez l’oreille ! Terre, écoute avec attention ! Que toute créature, que l’homme surtout soit transporté d’admiration et éclate en louanges : « Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Juda »… Quelle plus douce nouvelle pourrait-on annoncer à la terre ?… A-t-on jamais rien entendu de pareil, le monde a-t-il jamais rien appris de semblable ? « A Bethléem de Juda naît Jésus Christ, le Fils de Dieu. » Quelques petites paroles pour exprimer l’abaissement du Verbe, la Parole de Dieu devenue un tout-petit, mais quelle douceur dans ces paroles !… « Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem. » Naissance d’une sainteté incomparable : honneur du monde entier, réjouissance de tous les hommes à cause du bien immense qu’elle leur apporte, étonnement des anges à cause de la profondeur de ce mystère d’une nouveauté sans pareil (cf Ep 3,10)…

« Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Judée. » Vous qui êtes couchés dans la poussière, réveillez-vous et louez Dieu ! Voici le Seigneur qui vient avec le salut, voici la venue de l’Oint du Seigneur, son Messie, le voici qui vient dans sa gloire… Heureux celui qui se sent attiré par lui et qui « court à l’odeur de ses parfums » (Ct 1,4 LXX) : il verra « la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique » (Jn 1,14).

Vous donc qui êtes perdus, respirez ! Jésus vient sauver ce qui avait péri. Vous les malades, revenez à la santé : le Christ vient étendre le baume de sa miséricorde sur la plaie de vos cœurs. Tressaillez de joie, vous tous qui éprouvez de grands désirs : le Fils de Dieu descend vers vous pour faire de vous des cohéritiers de son Royaume (Rm 8,17). Oui, Seigneur, je t’en prie, guéris-moi et je serai guéri ; sauve-moi et je serai sauvé (Jr 7,14) ; glorifie-moi et je serai vraiment dans la gloire. Oui, « que mon âme bénisse le Seigneur, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom » (Ps 102,1)… Le Fils de Dieu se fait homme pour faire des hommes des enfants de Dieu.

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

« Sur ceux qui habitaient dans l’ombre, une lumière s’est levée. »

samedi 6 janvier 2024

Ta lumière m’environne, elle me donne la vie, ô mon Christ, car ta vue est source de vie, ta vue est résurrection. Dire les opérations de ta lumière, c’est ce que je ne saurais faire, et pourtant, ce que j’ai connu en réalité et que je connais, mon Dieu, c’est que, même dans la maladie, Maître, même dans les afflictions et les chagrins, que je sois retenu dans les liens, dans la faim, dans la prison, que je sois en proie aux mille souffrances, ô mon Christ, ta lumière, en brillant, dissipe tout cela comme les ténèbres, et c’est dans le repos, la lumière et la jouissance de la lumière que m’établit soudainement ton Esprit divin. (…)

De même en effet qu’au coucher du soleil la nuit se fait et l’obscurité, et que toutes les bêtes fauves sortent chercher leur nourriture, de même, ô mon Dieu, quand ta lumière cesse de me couvrir, aussitôt l’obscurité de cette vie et la mer des pensées m’enveloppent, les bêtes des passions me dévorent, et toutes les pensées me criblent de leur traits.

Mais lorsque de nouveau tu me prends en pitié, lorsque tu fais miséricorde, lorsque tu prêtes l’oreille à mes gémissements plaintifs, que tu écoutes mes lamentations et accueille mes larmes, que tu daignes jeter les yeux sur mon humiliation à moi, chargé de péchés inexpiables, ô mon Christ, tu te fais voir de loin, comme une étoile qui se lève, tu t’agrandis peu à peu – non que par toi-même, par là, tu te modifies, mais c’est l’esprit de ton serviteur que tu ouvres pour qu’il puisse voir.

Progressivement, tu te fais voir davantage, tel le soleil, car, à mesure que l’obscurité s’enfuit et disparaît, c’est toi que je crois voir arriver, toi le partout présent, et lorsque tu m’enveloppes tout entier, comme par le passé, Sauveur, quand tout entier tu me recouvres, tout entier tu m’entoures, je suis libéré de mes maux, affranchi de l’obscurité.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

 

Aie pitié de moi, Jésus, par l’intercession du Baptiste !

mardi 2 janvier 2024

Toi, la Voix du Verbe, accueille maintenant nos voix, ô Baptiste, et délivre ton peuple des passions, des dangers, des afflictions sans nombre et du châtiment éternel.

Tu montres toujours du doigt, Bienheureux, l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde : supplie-le d’effacer mes graves, mes longues défaillances, et rends-moi digne de la vie.

Ô mon âme, hâte-toi et crie, en dissipant l‘obscurité des folles passions : « Aie pitié de moi, Jésus, par l’intercession du Baptiste, et retire-moi du bourbier de mes actions ! »

Mère de Dieu, Celui devant qui se tiennent en tremblant les troupes célestes et qui par pure bonté s’est uni aux mortels, c’est toi, Très Pure, qui le mets au monde : supplie-le donc instamment, de prendre en pitié tes serviteurs. (…)

Tu as vu l’Esprit-Saint descendre sous la forme d’une colombe sur le Verbe, au baptême, et tu as été jugé digne, Bienheureux, d’entendre la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils qui partage mon trône » – lui à qui la création tout entière chante : « Célébrez le Seigneur, toutes ses œuvres, et exaltez-le pour les siècles ! »

Mère de Dieu, conserve mon intelligence dans l’humilité, Jeune Fille comblée de la grâce de Dieu qui par ton enfantement as écrasé la révolte des démons ; relève-moi du fumier des passions et rassasie celui qui, affamé de ta grâce, déroule ce chant : « Célébrez le Seigneur, toutes ses œuvres, et exaltez-le pour les siècles ! »

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

Reçois l’Enfant dans tes bras

jeudi 29 décembre 2022

Le Maître de la parfaite humilité ne se contenta pas, Lui, l’égal en tout de son Père, de se soumettre à la plus humble des Vierges ; il se soumit encore à la Loi, afin de racheter et de libérer de l’esclavage de la corruption « ceux qui étaient sous la Loi, et de leur donner part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Gal. 4, 5 et Rom. 8, 21). Il voulut aussi que sa Mère, bien que toute pure, observât la loi de la purification. Rédempteur de tous, il voulut être racheté lui-même comme premier-né, présenté dans le temple de Dieu et il voulut qu’une victime fût offerte pour lui en présence des justes exultant de joie.

Exulte donc toi aussi avec ce saint vieillard et avec Anne si âgée. Cours au-devant de la Mère et de l’Enfant et que l’amour triomphe de la honte, que l’affection chasse la crainte. Reçois l’Enfant dans tes bras, toi aussi, et dis avec l’épouse : « je le tiens et ne le laisserai point aller » (Cant. 3,4). Sois dans les transports avec le très saint vieillard et chante avec lui : « Maintenant, Seigneur, laissez aller en paix votre serviteur, selon votre parole ».

Saint Bonaventure (1221-1274)

 

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

mardi 27 décembre 2022

« Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, et que nos mains ont touché, c’est le Verbe de la vie » (1Jn 1,1). Y a-t-il quelqu’un qui touche de ses mains le Verbe de la vie, sinon parce que « le Verbe s’est fait chair et qu’il a établi sa demeure parmi nous » ? (Jn 1,14) Or, ce Verbe qui s’est fait chair pour être touché de nos mains a commencé d’être chair dans le sein de la Vierge Marie. Mais il n’a pas alors commencé d’être le Verbe, car il était « depuis le commencement », dit saint Jean. Voyez comme sa lettre confirme son évangile, où vous avez entendu lire : « Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était avec Dieu. »

Peut-être que certains comprennent le « Verbe de la vie » comme une formule quelconque pour désigner le Christ, et non pas précisément le corps du Christ, que les mains ont touché. Mais voyez la suite : « Oui, la vie s’est manifestée. » Le Christ est donc le Verbe de la vie. Et comment cette vie s’est-elle manifestée ? Car, même si elle était dès le commencement, elle ne s’était pas manifestée aux hommes : elle s’était manifestée aux anges, qui la voyaient et qui s’en nourrissaient comme de leur pain. C’est ce que dit l’Écriture : « L’homme a mangé le pain des anges » (Ps 77,25).

Donc, la Vie elle-même s’est manifestée dans la chair : elle a été placée en pleine manifestation afin qu’une réalité visible seulement par le cœur puisse être visible aussi aux yeux, afin de guérir les cœurs. Car seul le cœur voit le Verbe, la chair ne le voit pas. Nous étions capables de voir la chair mais pas le Verbe. Le Verbe s’est fait chair (…) pour guérir en nous ce qui nous rend capables de voir le Verbe (…) « Nous portons témoignage, dit saint Jean, nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous » (1Jn 1,2).

Saint Augustin (354-430)

 

 

Noël

samedi 24 décembre 2022

nativite« Mon enfant, écris ce que je te dicte pour tous mes fils au travers de ce monde. Le Pardon est arrivé à la naissance de mon Fils et Fils de Dieu. Mon fils, à Sa naissance, a offert à ce monde ce qu’il avait de plus cher, Sa Vie. Aujourd’hui vous allez réitérer Sa venue par une fête qui n’a plus le sens de son origine. Vous devez dans l’accueil de l’arrivée de mon Fils exhorter le monde à la conversion et à la prière. Une mère ne peut que protéger son fils de tous les dangers. Mon Fils est né pour vous préserver du danger de l’ignorance et de l’insouciance. »

Marie Mère des hommes – déc. 1998

« Une lumière s’est levée. » (Mt 4,16)

lundi 3 janvier 2022

Parce que la nature humaine, pétrifiée par le culte des idoles et figée par la glace du paganisme, avait perdu toute agilité vers le bien, à cause de cela le soleil de justice se lève sur ce rigoureux hiver et amène le printemps. En même temps que les rayons montent à l’Orient, le vent du sud fait fondre cette glace, en réchauffant toute la masse, afin que l’homme pétrifié par le froid soit pénétré de chaleur par l’Esprit et fonde sous les rayons du Verbe, et qu’il devienne à nouveau une source jaillissante pour la vie éternelle. « Il soufflera son vent et les eaux couleront » (Ps 147,7 LXX). C’est ce que le Baptiste proclamait ouvertement aux Juifs, lorsqu’il leur disait que les pierres se lèveraient pour devenir des enfants du Patriarche (cf. Mt 3,9), imitant sa vertu.

Voilà ce que l’Église apprend du Verbe, quand elle reçoit l’éclat de la vérité par les fenêtres des prophètes et le treillis de la Loi, tant que le mur de la doctrine et ses figures, je veux dire la Loi, demeure (cf. Ct 2,9) ; il montre l’ombre des choses à venir, mais non pas l’image même des réalités. Mais derrière la Loi se tient la vérité qui suit la figure. Elle fait d’abord briller le Verbe pour l’Église par des prophètes, puis la révélation de l’Évangile dissipe tout le spectacle d’ombre des figures. Par elle « le mur de séparation est détruit » (Ep 2,14), et l’air dans la maison est envahi par la lumière céleste : point n’est besoin désormais de recevoir la lumière par des fenêtres, puisque la vrai lumière elle-même éclaire tout ce qui est à l’intérieur des rayons de l’Évangile.

C’est pourquoi le Verbe qui redresse ceux qui sont brisés crie à l’Église à travers les fenêtres : Relève-toi (de ta chute, bien-sûr), toi qui avais glissé dans la boue du péché, toi qui avais été enchaînée par le serpent, qui étais tombée à terre et que la désobéissance avait entraînée dans la chute. Relève-toi !

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

Dieu désire immensément se donner à nous

vendredi 31 décembre 2021

Une des plus grandes révélations que Notre-Seigneur nous a faites par son Incarnation est celle du désir immense que Dieu éprouve de se communiquer lui-même à nos âmes pour être leur béatitude. Dieu aurait pu demeurer toute l’éternité dans la solitude féconde de sa divinité une et trine ; il n’a nul besoin de la créature, car rien ne manque à celui qui, seul, est la plénitude de l’Être et la cause première de toutes choses : « Je n’ai pas d’autre bonheur que toi » (Ps 15,2). Mais ayant décrété, dans la liberté absolue et immuable de sa volonté souveraine, de se donner à nous, le désir qu’il a de réaliser cette volonté est infini. Nous serions parfois tentés de croire que Dieu peut être « indifférent » ; que son désir de se communiquer est vague, sans efficacité ; mais ce sont là des conceptions humaines, images de la faiblesse de notre nature, trop souvent instable et impuissante. (…)

En ceci, comme en tout ce qui touche notre vie surnaturelle, nous devons nous laisser guider non par notre imagination, mais par la lumière de la Révélation. C’est Dieu lui-même que nous devons écouter quand nous voulons connaître la vie divine ; c’est vers le Christ que nous devons nous tourner, vers le Fils bien-aimé qui est toujours « dans le sein du Père » (Jn 1,18), et qui nous a révélé lui-même les secrets divins. Que nous dit-il ? Que « Dieu a tellement aimé les hommes qu’il leur a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Et pourquoi l’a-t-il donné ? Pour qu’il fût notre justice, notre rédemption, notre sainteté. (…) Parce que Dieu nous aime, il désire d’un amour sans limites et d’une volonté efficace se donner à nous.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)